ML f\ %A31 Att/f A,m ^eoiyti / .. . non$ Se/frmrj cltn PIERROT LUNAIRE H.O'SL'nELS *B E 1,4 3C S Q U E S PARIS ALPHONSE LEMERRE, ÉDITEUR 27-31, passage choiseul, 27-3i M D CCC LXXXIV A 1WAN G1LKIN Je te dédie mes rondels — poète que tu es! Tu as assisté à leur éclosion, et plus d'un devrait être signé de ton nom, puisque tu les as « parlés » en nos heures exquises de dilettantisme, alors que les cheveux ne se coupaient pas en quatre — ce qui est élémentaire — mais en mille, et nous semblaient encore aussi gros que des câbles. Tels quels, les voici, ces poèmes de Lune. Je n'y ai point, comme disent les auteurs modestes, « analysé mon siècle », ni moralisé à la protestante, me contentant d'affirmer, au milieu de la plaie moderne des photographes littéraires, un droit que tous les deux nous revendiquons avec insolence — le droit du poète a la Fantaisie lyrique. Albert Giraud. Pierrot Lunaire Pierrot Lunaire Théâtre J e rêve un théâtre de chambre, Dont Breughel peindrait les volets, Shakspear, les féeriques palais, Et Watteau, les fonds couleur d'ambre. Par les frileux soirs de décembre, En chauffant mes doigts violets, Je rêve un théâtre de chambre, Dont Breughel peindrait les volets. Émoustillés par le gingembre, On y verrait les Crispins laids Ouater leurs décharnés mollets Pour Colombine qui se cambre Je rêve un théâtre de chambre. Décor Les grands oiseaux de pourpre et d'or, Ces voletantes pierreries, Breughel les pose, en ses féeries, Sur les arbres bleus du décor. Ils vibrent, et leur large essor Jette une ombre au ras des prairies, Les grands oiseaux de pourpre et d'or, Ces voletantes pierreries. Tierrot Dandy D 'un rayon de lune fantasque Luisent les flacons de cristal Sur le lavabo de santal Du pâle dandy bergamasque. La fontaine rit dans sa vasque Avec un son clair de métal. D'un rayon de Lune fantasque Luisent les flacons de cristal. Déco n venue Les convives, fourchette au poing, Ont vu subtiliser les litres, Les rôtis, les tourtes, les huîtres, Et les confitures de coing. Des Gilles, cachés dans un coin, Tirent des grimaces de pitres. Les convives, fourchette au poing, Ont vu subtiliser les litres. Pour souligner le désappoint, Des insectes aux bleus élytres Viennent cogner les roses vitres, Et leur bourdon nargue de loin Les convives, fourchette au poing. Lune au Lavoir Comme une pâle lavandière, Elle lave ses failles blanches, Ses bras d'argent hors de leurs manches, Au fil chantant de la rivière. Les vents à travers la clairière Soufflent dans leurs flûtes sans anches. Comme une pâle lavandière Elle lave ses failles blanches. La céleste et douce ouvrière Nouant sa jupe sur ses hanches. Sous le baiser frôlant des branches, Étend son linge de lumière, Comme une pâle lavandière. La Sérénade de Tierrol d 'un grotesque archet dissonant Agaçant sa viole plate, A la héron, sur une patte, Il pince un air inconvenant. Soudain Cassandre, intervenant, Blâme ce nocturne acrobate, D'un grotesque archet dissonant Agaçant sa viole plate. Pierrot la rejette, et prenant D'une poigne très délicate Le vieux par sa roide cravate, Zèbre le bedon du gênant D'un grotesque archet dissonant. Cuisine Lyrique La Lune, la jaune omelette, Battue avec de grands œufs d'or, Au fond de l'azur noir s'endort, Et dans les vitres se reflète. Pierrot, dans sa blanche toilette, Guigne, sur le toit, près du bord, La lune, la jaune omelette, Battue avec de grands œufs d'or. Ridé comme une pomme blette, Le Pierrot agite très fort Un poêlon, et, d'un brusque effort, Croit lancer au ciel qui paillette La Lune, la jaune omelette. oArlequ i nci de A rlf.auin porte un arc-en-ciel De rouges et vertes soieries, Et semble, dans l'or des féeries, Un serpent artificiel. Ayant pour but essentiel Le mensonge et les fourberies, Arlequin porte un arc-en-ciel De rouges et vertes soieries. A Cassandre jaune de fiel Il dénombre ses seigneuries En Espagne, et ses armoiries: Car sur fond d'azur et de miel, Arlequin porte un arc-en-ciel. Tierrot Tolaire Un miroitant glaçon polaire, De froide lumière aiguisé, Arrête Pierrot épuisé Qui sent couler bas sa galère. Il fixe d'un œil qui's'éclaire Son sauveteur improvisé : Un miroitant glaçon polaire, De froide lumière aiguisé. Et le mime patibulaire Croit voir un Pierrot déguisé, Et d'un blanc geste éternisé Interpelle dans la nuit claire Un miroitant glaçon polaire. A Colombinc Les fleurs pâles du clair de Lune, Comme des roses de clarté, Fleurissent dans les nuits d'été : Si je pouvais en cueillir une! Pour soulager mon infortune, Je cherche, le long du Léthé, Les fleurs pâles du clair de Lune, Comme des roses de clarté. Et j'apaiserai ma rancune, Si j'obtiens du ciel irrité La chimérique volupté D'effeuiller sur ta toison brune Les fleurs pâles du clair de Lune! La vieille, empochant son salaire, Livre Colombine au faquin, Qui sur un grand ciel bleu turquin Se dessine, et chante lanlaire, Brillant comme un spectre solaire. 24 pierrot lunaire Mais la Nuit, sur ses barques noires, Lance des pêcheurs affligeants Qui, dans leurs filets émergeants, Prennent les ondoyantes moires Comme de splendides nageoires. Papillons noirs....... .... 37 Coucher de soleil......................39 Lune malade..........................41 Absinthe............................43 Mendiante de têtes......................45 Décollation..........................47 Rouge et blanc........................49 Valse de Chopin......................51 L'Église ...........................S 3 Évocation............................S> Messe rouge..........................s 7 Les croix............................59 Supplique..... ................61 Violon de lune........................63 Les cigognes..........................6> Nostalgie............................67 Pages. Parfums de Bergamc.......... 69 Départ de Pierrot......................7r Pantomime..........................73 Brosseur de lune......................75 L'Alphabet..........................77 Blancheurs sacrées......................79 Poussière rose........................81 Parodie............................83 Lune moqueuse........................8> La Lanterne..........................87 Pierrot cruel..........................89 Décor..............................91 Le miroir............................93 Souper sur l'eau......................95 L'Escalier............................97 Cristal de Bohème......................99 fi Si Achevé d'imprimer ^ Le trente juin mil huit cent quatre-vingt-quatre PAR CH. UNSINGEK pour ALPHONSE LEMERRE, ÉDITEUR A T^i'R.1 S LIBRAIRIE ALPHONSE LEMERRE 27-3i, passage choiseul / mm POÈTES CONTEMPORAINS format petit 1n-i2 couronne Xavier Aubryet. Le Poème des mois républicains. 1 vol. . . 2 » Théodore de Banville. Ode d Théophile Gautier. 1 vol... 1 » F. Barré. Poésies pour Alceste. 1 vol...........2 » H. Bazouge. Les Victimes. 1 vol............2 » — — Les Destinées. 1 vol...........2 » Charles Canivet. Croquis et Paysages. Sonnets......2 » — — Le Long de la Côte. 1 vol.......2 » Antoine Carteret. Fables. 1 vol............5 n Delthil. Les Rustiques. 1 vol.............2 » — Les Martyrs de l'Idéal, poème. 1 vol.......2 » — Les Lambrusqties. 1 vol.............2 » Paul Démeny. Le Lied de la Cloche. 1 vol........2 » Albert Glatigny. La Presse nouvelle. 1 vol.......» 50 De Grammont. Sextines. 1 volume ............2 » Ernest d'Hervilly. Les Baisers. 1 vol..........2 » — — JePh Affagard............1 » Albert Mérat. L'Idole. 1 vol. (épuisé).........2 » — — Souvenirs. 1 vol......... . 2 » — — L'Adieu 1 vol.............2 » Émile Predl. Les Murmures. 1 vol. . . ........2 » Armand Silvestre. La Gloire du souvenir. 1 vol.....2 >> Paul Verlaine. Fêtes galantes. 1 vol..........2 » — — La bonne Chanson. 1 vol........2 » * ♦ * * ♦ les Tyrtéennes. 1 vol..............5 » Paris. — Typ Ch. Unsinger, 83, rue du Bac.