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Bruxelles, 1896, in-8''. La Hanse flamande de Londres. Bruxelles, 1899, in-8°. Le soulèvement de la Flandre maritime en 1323-1328. Bruxelles, 1900, in-8". La nation belge. 4' édition. Bruxelles, 1917, in-8°. Chronique rimée des troubles de Flandre en 1379-1380, publiée avec une introduction et des notes. Gand, 1902, in-8''. Bibliographie de l'histoire de Belgique. 3® édition, avec la collaboration de MM. H. Nowé et H. Obreen. Bruxelles, 1931, in-8°. Recueil de documents relatifs à l'histoire de l'industrie drapière en Flandre (en collaboration avec M. Georges Espinas). Bruxelles, 1906-1924, 4 vol. in-4°. Les anciennes démocraties des Pays-Bas. Paris, 1910, in-8''. (Bibliothèque de philosophie scientifique.) Les périodes de l'histoire sociale du capitalisme. Bruxelles, 1914, in-8''. Le pangermanisme et la Belgique. Bruxelles, 1919, in-8''. Souvenirs de captivité en Allemagne. Bruxelles, 1920, in-8''. Les villes du Moyen Age. Essai d'histoire économique et sociale. Bruxelles, 1927, in-8''. Histoire de l'Europe, des invasions au XVI' siècle. Bruxelles et Paris, 1936, in-8''. Mahomet et Charlemagne. Bruxelles, 1937, in-S". Les villes et les institutions urbaines. 3' édition. Bruxelles, 1939, 2 vol. in-8°. HENRI PIRENNE PROFE55EUR A L'UNIVERSITÉ DE GAND HISTOIRE DE BELGIQUE DE3 ORIGINEL A NOS JOUR3 L'iconograpliie de l'ouvrage a été rassemtlée et commentée par FRANZ 5CHAUWER5 Conservateur à la Bibliothèque Royale de Belgique et JACQUES PAQUET Licencié en Pkilosopkie et Lettres (Histoire) LA RENAI55ANCE DU LIVRE 12, PLACE DU PETIT SABLON - BRUXELLES NOTE 5UR L'ILLUSTRATION L'iconographie de ce quatrième et dernier tome, comme celle des précédents, s'efforce d'illustrer le texte de l'Histoire de Belgique tout en respectant l'esprit de l'œuvre. Ce volume traitant de l'histoire interne de la Belgique et, surtout dans la première partie, de la vie politique, j'ai utilisé en premier lieu des sources nationales et locales. En général, les autres collections et dépôts n'ont été sollicités qu'aux endroits où Pirenne lui-même a rappelé la solidarité de l'histoire nationale et de l'histoire européenne. Une méthode de travail identique justifie le choix de l'iconographie du livre intitulé La Belgique et la guerre mondiale, quoique, ici, la documentation plus dispersée, soit d'accès difficile. Quant aux chapitres annexes embrassant la période 1918-1940, ils ont fait l'objet d'une illustration et d'un commentaire beaucoup plus sobres. Ceci à dessein, car je n'ai pu — et, d'autres fois, je n'ai pas voulu — utiliser certaines sources mettant en cause des événements et des hommes à peine entrés dans l'histoire, ou dont l'interprétation et la valeur historique pourraient être sujettes à caution. Beaucoup de ces documents ne sont d'ailleurs pas encore accessibles aux chercheurs. J'ai cru utile de faire suivre le texte de Pirenne d'une nouvelle liste d'errata commune aux quatre tomes, et d'y joindre, avec le concours de ma femme, trois tables des illustrations : la première onomastique (noms de personnes et de lieux cités dans les notices), la deuxième systématique (par matières ou catégories d'objets reproduits), la troisième énumérant, références à l'appui comme les précédentes, d'une part les dépôts publics et les institutions, de l'autre les noms des collectionneurs privés, dont les fonds ont été exploités dans le présent ouvrage. Sa Majesté le Roi des Belges et Sa Majesté la Reine Elisabeth ont bien voulu tenir à ma disposition quelques portraits et souvenirs de la Famille Royale. Qu'ils daignent trouver ici l'expression de ma respectueuse gratitude. Je remercie également les très nombreuses personnes, belges et étrangères — archivistes, bibliothécaires, conservateurs de musées, collectionneurs, Belges résidant à l'étranger — et les organismes officiels, sociétés locales, administrations communales, groupements politiques et culturels, congrégations religieuses, etc., qui m'ont aidé depuis le début de cette entreprise, avec une courtoisie et un empressement sans défaut. L'illustration de l'Histoire de Belgique est aussi leur œuvre. Jacques PAQUET. DE LA REVOLUTION DE 1Ô50 A LA FIN DE LA PREMIERE GUERRE MONDIALE AVANT--PR0P03 Ce septième et dernier volume de l'Histoire de Belgique s'ouvre à la proclamation de l'indépendance nationale par le Congrès, le 18 novembre 1830, et s'achève au moment où la vio ation de la neutralité du pays par les armées de l'Allemagne impériale l'entraîne, malgré lui, dans la guerre de 1914. Je n'ai pas cru pouvoir aller au delà. La catastrophe qui a bouleversé l'équilibre du monde, remis au premier plan la question belge et anéanti ces traités de 1839 par lesquels les Puissances s'étaient flattées de l'avoir résolue, a fait surgir en même temps, au sein de la nation, des problèmes sans précédents. D'où qu'on l'envisage, cette crise apparaît donc comme un tournant brusque de la perspective historique, comme un nouveau point de départ vers des horizons indistincts, devant lesquels le voyageur a le droit de se reposer. En suivant le cours des choses jusqu'en 1914, j'ai vu se dérouler les diverses périodes d'une évolution révolue. Il n'eût été ni de bonne méthode ni compatible avec l'économie et l'harmonie de mon ouvrage de le prolonger jusque dans les débuts confus et obscurs d'une époque dont personne ne peut prévoir encore ce qu'elle deviendra. Il faut laisser aux historiens à venir la tâche de raccorder le présent au futur. Quant à la méthode, ce volume ne diffère en rien des précédents. Mon unique but a été de chercher à comprendre et à expliquer. Cela revient à dire que j'ai fait effort en exposant les luttes de partis qui tiennent tant dfe place dans ce livre, pour les considérer en simple observateur, soucieux seulement de se rendre compte des idées, des tendances et des intérêts qu'elles mirent aux prises. Il est sans doute inutile d'ajouter que l'histoire politique ne se présente ici que dans l'ambiance morale, économique et sociale dont elle est inséparable. Au fond, les partis ne sont que la projection sur l'écran parlementaire des grands mouvements qui agitent une nation. Les sources d'énergie auxquelles ils s'alimentent coulent d'ailleurs trop largement pour qu'ils puissent les épuiser. Que de problèmes qui les dépassent ou les dominent ! Les questions débattues dans les Chambres, c'est le pays qui les pose, et c'est donc lui qu'il convient d'étudier si l'on veut en apprécier la portée. Au surplus, le développement de la vie sociale dans un pays aussi « congestionné » que la Belgique fournit un spectacle tel qu'il en est peu d'aussi instructifs et, par moments, d'aussi passionnants. Il faut remonter jusqu'au XVI" siècle pour retrouver une activité comparable à celle dont il a donné l'exemple de 1830 à 1914. Comme à toutes les époques de son passé, la paix, au lieu de l'engourdir, a exalté sa force de travail et de même qu'il n'avait jamais joui d'une sécurité aussi longue, jamais non plus il n'a déployé une vitalité plus exubérante. A tout prendre, l'histoire de cette période est une belle histoire. Elle l'est par Je nombre et l'importance des problèmes qui l'ont agitée, par l'énergie qui l'a soutenue, par la pratique de la constitution la plus libérale du monde, par l'application loyale de la politique de neutralité, par l'action de souverains de valeur exceptionnelle. Sans doute, il y a des ombres au tableau. Les uns me reprocheront peut-être de les avoir fait trop crûment ressortir, les autres m'accuseront d'avoir embelli la réalité. Et j'avoue que j'ai écrit avec sympathie. Aussi bien est-il possible de ne pas s'éprendre de son sujet dès lors qu'on l'a étudié sans autre intention que celle de comprendre ? C'est du moins ce que j'ai éprouvé tout le long du chemin de notre histoire. Du haut Moyen Age jusqu à nos jours, j'en ai admiré tous les paysages, même les plus tristes. Le spectacle de la vie, quelle qu'elle soit, dégage toujours un élément de beauté, comme celui de l'effort un élément de bonté. Optimisme, dira-t-on, et - qu'importe ? Optimisme et pessimisme ne sont que des attitudes de l'esprit, ce ne sont pas des attitudes scientifiques. Je suis convaincu, pour ma part, qu'aimer son sujet aide à le mieux connaître. L'ai-je mieux aimé dans cette ultime période ? Je préfère croire que si je l'ai décrit en beau, c'est qu'il le méritait. Je ne me flatte pas, d'ailleurs, de l'avoir bien décrit. Mais il faut recormaître aussi qu'il était impossible de le bien faire. Plus l'historien se rapproche du présent, plus sa tâche devient malaisée. Etant plongé, en quelque sorte, dans le courant des événements, il n'en peut ressentir que l'action, mais non en mesurer la portée et les conséquences comme s'il les envisageait de la rive. Le recul nécessaire lui manque. Il juge sur des apparences ainsi que le médecin devant un corps vivant. Pour pouvoir scientifiquement se rendre compte d'une époque, il faut qu'elle soit morte et que l'on en puisse fouiller les entrailles comme l'anatomiste qui dissèque un cadavre. Je sais trop bien, d'autre part, tout ce qui manque à ma documentation. Mais il fallait renoncer, sous peine de ne pas écrire ce dernier volume, à me documenter mieux. Trop d'archives sont encore inexplorées, trop de questions attendent encore les travailleurs. J'ai dû m'en tenir à ce qui a été publié et, si c'est beaucoup relativement, c'est peu en comparaison de ce que l'on possédera plus tard. C'est le sort commun de tout travail de synthèse que d'être dépassé par la production scientifique. Il en marque un moment et s'il demeure, c'est comme « témoin » de l'état des connaissances à son époque. En fait de sources inédites, je n'ai guère consulté que la correspondance des ministres de France à Bruxelles jusqu'en 1870, aux Archives du ministère des Affaires étrangères à Paris; elle m'a fourni d'utiles renseignements sur nos rapports avec le pays qui a eu avec le nôtre le plus de relations de toutes sortes. En dehors de cela, j'ai pu consulter quelques papiers de famille mis aimablement à ma disposition. Faut-il ajouter tout ce que je dois, entre autres, aux ouvrages récents de MM. A. De Ridder, Fl. De Lannoy, L. de Lichtervelde, F. Van Kalken, Ch. 'Terlinden, J. Garsou et à la si utile Histoire contemporaine de la Belgique, suscitée par l'abbé J. Deharveng ? C'est inutile sans doute. Le lecteur averti le reconnaîtra au premier coup d'œil. Peut-être prendra-t-on, néanmoins, quelque intérêt à parcourir un livre où l'histoire de la Belgique contemporaine est présentée dans la perspective générale de l'histoire nationale. J'ai essayé de la traiter comme un moment de l'évolution des destinées du pays, de marquer les traits qui y font ressortir la continuité de la tradition, d'indiquer les répercussions du passé qui s'y accusent. Cela allait de soi de la part d'un homme qui, avant de l'aborder, avait parcouru depuis le haut Moyen Age, les diverses périodes dont elle est le prolongement ou, pour mieux dire, qui se continuent en elle et par elle. C'est une fortune bien rare que d'avoir pu écrire une histoire aussi longue. Et aux yeux de beaucoup, c'est sans doute une grande outrecuidance que d'en avoir conçu et réalisé le dessein. A notre époque de spécialisation, il semble indispensable pour l'exécution d'une œuvre de synthèse du genre de celle-ci, de mobiliser toute une équipe de travailleurs « qualifiés ». Méthode excellente, sans doute, en ce qui touche l'abondance de la documentation, l'exactitude et la richesse des faits, la précision du détail. Pourtant, à répartir ainsi le cours de l'histoire en compartiments étanches, ne risque-t-on pas de perdre de vue sa continuité ? Est-il possible de comprendre un moment de la durée en dehors de ceux qui le précèdent et de ceux qui le suivent 7 II en est de la masse fluide de l'histoire comme des eaux fuyantes d'un fleuve : chaque époque charrie des éléments qui viennent de plus haut et qui iront plus bas. Il est donc souhaitable que, de temps en temps, quelqu'un fasse effort pour unir en un livre ce que la vie elle-même a uni. S'il est vrai que tout essai de synthèse est nécessairement provisoire, il est vrai aussi que par les hypothèses qu'il suggère, les rapprochements qu'il établit, les problèmes qu'il pose, il peut aider pour sa part au progrès scientifique. Il n'y a de science que du général et cela est vrai de l'histoire comme du reste. Sommer un historien d'attendre, avant de ' construire, que tous les matériaux de son sujet soient rassemblés et toutes les questions qu'il soulève élucidées, c'est le condamner à l'attente perpétuelle, car les premiers ne seront jamais tous réunis, pour la simple raison qujils ne seront jamais tous connus, ni les secondes définitivement résolues, la science y découvrant continuellement, à mesure qu'elle se développe, de nouveaux aspects. Ce que l'on doit exiger d'un auteur, c'est qu'il utilise toutes les données dont on dispose au moment où il écrit. Dans la mesure de mes forces, c'est ce que je me suis attaché à faire. Et maintenant, je dis adieu à ce travail qui a occupé une grande partie de ma vie et qui en a fait la joie. Durant les trente-cinq ans qu'il a duré, la santé a soutenu mes forces et la chère compagne de mon foyer a veillé sur mon temps. Sans le tendre concours qu'elle m'a apporté, jamais je ne serais arrivé au but. Y serais-je arrivé d'ailleurs si en Belgique comme à l'étranger je n'avais été soutenu par la sympathie que mon ouvrage a rencontrée tant chez les historiens qu'auprès du public ? L'accueil qu'il a reçu dès son apparition a été une des conditions de son achèvement. Et c'est avec une profonde gratitude qu'en le terminant je remercie ses lecteurs d'avoir été en même temps ses animateurs. Sart-lez-Spa, 28 août 193L LIVRE PREMIER JUSQU'A LA CRI3E DE 1Ô4Ô "itV-a' sa- M ............ w .....ïiïyii M....- ........ -Jff) flflr m ....... P 1 t-TOif* ,5?,: »• A m V '^^iï Si?!- " vi,^ , ^ /X. AS ..... «If "^'êr^tf — sf ^^ A- -vv ■ . ■ • (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes.) La Conférence de Londres. Affublés de têtes d'animaux, les plénipotentiaires des grandes Puissances sont réunis autour du tapis vert : le lièvre (Talleyrand = France), tenant une bougie, le renard (Paimerston = Angleterre), le singe (Esterhazy = Autriche), le cheval (de Biilow = Prusse) et l'ours (Matuszewic = Russie) piétinant la Pologne. Le chien (la Hollande) et quelque oiseau (la Belgique) sont enchaînés à deux poteaux. — Lithographie anonyme contemporaine dont 11 existe des exemplaires coloriés et d'autres noir sur blanc. CHAPITRE PREMIER LA BELGIQUE ET L'EUROPE JUSQU'AUX TRAITES DE 1839 < ) A BELGIQUE ET LA CONFERENCE DE LONDRES. — La Révolution belge signifiait bien plus pour l'Europe que le déchirement du royaume des Pays-Bas. Elle était un coup de bélier porté dans l'œuvre du Congrès de Vienne. Elle l'ébranlait en même temps par son principe et par ses résultats. Par son principe, puisqu'elle opposait à la souveraineté monarchique, la souveraineté nationale; par ses résultats, puisqu'elle renversait la barrière dressée en 1815 contre la France. Odieuse dans son esprit et funeste dans ses conséquences, nul doute qu'elle n'eût été écrasée tout de suite si les Puissances l'avaient pu... mais elles ne le pouvaient pas. Il eût suffi de quelques régiments pour mettre les insurgés à la raison. Personne ne s'illusionnait sur leur faiblesse et personne pourtant n'osait prendre sur soi de leur infliger le châtiment qu'ils méritaient. C'est qu'il eût fallu à l'Europe, pour balayer ces Belges IV-2 (Broadlands, collection comtesse Mountbatten of Burma.) Henry-John-Temple, troisième vicomte de Palmerston (Broadlands, 1784-Brocket Hall, 1865). Ministre des Affaires étrangères du Royaume-Uni de Grande-Bretagne depuis 1830 et pendant vingt années consécutivement, premier ministre depuis 1855 jusqu'à sa mort, à part une brève éclipse, Palmerston déploya tous ses efforts et son talent à faire triompher la thèse d'une Belgique indépendante. — Détail du portrait peint par Sir Thomas Lawrence (Bristol, 1759- Londres, 1830). qui la bravaient, l'union qui avait fait leur succès. Divisée par ses intérêts et ses tendances, elle se trouvait paralysée en face d'eux, chacun tremblant d'affronter la responsabilité d'une intervention qui eût déchaîné aussitôt la guerre générale. Mais si l'on devait renoncer à éteindre l'incendie, du moins pouvait-on le circonscrire. Au heu de recourir aux armes, on mit en mouvement la diplomatie. Dès avant l'ouverture de la Conférence de Londres, le 4 novembre 1830, son programme lui était imposé par la situation internationale : résoudre la question belge en évitant la guerre. Pourtant, se résigner à procéder de la sorte, c'était, quoiqu'on en eût, reconnaître le fait accomph. Les trois Puissances absolutistes, la Russie, l'Autriche et la Prusse espéraient bien d'ailleurs que tout cela finirait par une restauration. Le tsar n'acceptait même la Conférence qu'à contre-cœur, et sans l'explosion de la révolution polonaise (29 novembre 1830), peut-être eût-il envoyé malgré tout une armée à la rescousse de Guillaume. Seules la France, encore frémissante des journées de juillet, et l'Angleterre, où les élections venaient d'amener au pouvoir le Cabinet libéral de lord Grey (20 novembre), reconnaissaient, au moins en paroles, le droit des Belges de se donner un gouvernement de leur choix. Elles étaient loin cependant d'une entente que les conjonctures politiques ne permettaient pas. Avant l'avènement du ministère Casimir Périer (13 mars 1831), Louis-Philippe ne cesse d'être tiraillé entre son désir de conserver la paix et sa crainte de l'agitation bonapartiste et républicaine qui exigeait bruyamment l'annexion de la Belgique. Ne cherchant qu'à se maintenir sur son trône encore chancelant, il s'ingénie tout à la fois à se conciher la confiance des souverains en affichant son désintéressement et à ne pas s'aliéner les démocrates parisiens férus d'une guerre de propagande qui eût été en même temps une guerre de revanche contre l'Europe. De là les contradictions, l'ambiguïté et le manque de franchise de sa conduite. Il voudrait avoir une satisfaction à offrir à l'opinion. Pendant qu'il laisse Talleyrand affirmer à la Conférence la complète communauté de ses vues avec celles du cabinet de Londres, il intrigue en secret, tantôt d'accord avec lui, tantôt par des agents comme Flahaut, pour obtenir soit le Luxembourg, soit Mariembourg et Philippeville. Il feint de ne pouvoir se dérober aux supplications des Belges, prêts, fait-il dire, à se jeter dans les bras de la France. Ce sont des avances et des retraites perpétuelles, des repentirs suivis de nouvelles tentatives; bref, la politique d'expédients d'un roi tâchant vainement à contenter tout le monde et dont les intrigues ne parviennent pas à fléchir l'orgueilleuse obstination de l'Angleterre. Car en face des Puissances absolutistes, Louis-Philippe avait trop grand besoin de l'Angleterre pour pouvoir songer à rompre avec elle. C'est là ce qui a permis à Palmerston de diriger à sa guise les travaux de la Conférence. Il a su jouer admirablement, dans l'intérêt de la pohtique britannique, tantôt de la France contre la Prusse, l'Autriche et la Russie, tantôt de celles-ci contre la France. Avec la première, il ne voulait pas contraindre les Belges au profit de Guillaume, mais avec les secondes il était inébranlable-ment résolu à empêcher la France de mettre la main sur la Belgique. Il misait à coup sûr et devait gagner en tout cas. Le rôle que lord Castlereagh avait joué en 1814-1815, il le joua en 1830-1831, si bien que la création et la dissolution du royaume des Pays-Bas furent avant tout l'œuvre de l'Angleterre. La guerre générale, que la grande affaire des Puissances était et fut jusqu'au bout d'éviter, eût éclaté inévitablement, s'il n'eût tenu qu'aux Belges et à Guillaume. La réunion de la Conférence de Londres les avait également exaspérés. Pour celui-ci, elle constituait la violation de ses droits de souverain, pour ceux-là la violation de leurs droits de peuple. Eux comme lui, s'indignaient d'être passés « sous le joug de la diplomatie ». Ils se défiaient avec raison des marchandages dont à l'avance ils se voyaient les victimes, et auxquels ils eussent préféré la solution nette et franche d'un conflit armé que, de part et d'autre, ils comptaient bien exploiter à leur profit. Guillaume, chef d'un gouvernement régulier et certain de la bienveillance des Puissances absolutistes, ne pouvait cependant risquer de se brouiller avec elles en mettant le feu à l'Europe. Il était d'autant plus incapable d'agir que son peuple ne le soutenait pas. Sauf de très rares exceptions, les Hollandais en avaient assez de r« amalgame » avec les Belges. On voulait bien donner une leçon à ces « émeutiers » et venger l'honneur militaire si compromis depuis les journées de septembre, mais c'en était fait de toute velléité de rétablir le royaume. Lui-même d'ailleurs, Guillaume se rendait bien compte qu'il était trop tard pour en revenir au passé. Il ne se préoccupait que de l'avenir de sa dynastie. Il se fût contenté de la séparation administrative des deux parties de l'Etat, voire même de l'au- tonomie de la Belgique, à condition qu'il eût continué de régner sur elle (2). L'ATTITUDE DU CONGRES. - Du côté des Belges, la question était si compliquée, qu'à première vue elle paraissait insoluble. Sans se préoccuper des convenances de l'Europe, ils avaient marché de l'avant en enfants terribles. Dès le 18 novembre 1830, alors que la Conférence délibérait déjà depuis quinze jours, ils avaient proclamé leur indépendance, puis imperturbablement fixé et introduit dans leur constitution les limites de leur Etat révolutionnaire et exclu du trône la maison d'Orange-Nassau. Ils avaient agi, dans leur faiblesse, comme l'avait fait dans sa puissance, à la fin du XVIII® siècle, la Convention Nationale de France. Leur Congrès semblait se croire « investi de la dictature européenne » (3). Avec une outrecuidance naïve il s'imaginait que tous les peuples confondaient leurs applaudissements avec ceux que lui donnaient les républicains de Paris. Tout à fait ignorant des réalités de la politique étrangère, il se tenait pour assuré en tout cas de l'appui de la France; il comptait sur elle comme si elle avait été gouvernée par le général Lamarque au lieu de l'être par Louis-Philippe. Pour les diplomates qui les voyaient faire, ces Belges n'étaient que des brouillons, des novices, des ignorants dangereux. A Londres, les allures bourgeoises de leurs délégués détonnaient dans les salons des grandes dames, égéries de la Conférence. La duchesse de Dino raillait « leur petite éloquence républicaine », et la grande idée qu'ils se faisaient de leur importance (4). Ce qui a sauvé la révolution belge de la catastrophe oii a sombré la révolution brabançonne, c'est qu'elle s'est appuyée jusqu'au bout sur cette union des partis qui l'avait rendue possible. En dépit des imprudences, des intempérances et des bravades, elle a permis à la nation de tenir tête à l'Europe qui la méprisait, et de lui imposer finalement la reconnaissance de son indépendance qu'elle avait proclamée sans en demander l'autorisation. Sans doute, au cours des péripéties par lesquelles le pays devait passer avant la conclusion des traités de 1839, l'opinion tiraillée en sens divers fut presque constamment en état de crise. Si grande et si grave qu'elle ait été pourtant, la divergence des tendances ne se manifesta que parmi les individus; elle n'alla jamais jusqu'à opposer au sein du Congrès, le bloc catholique et le bloc libéral. A aucun moment ils ne luttèrent l'un contre l'autre comme l'avaient fait jadis les Vander Nootistes et les Vonckistes (5). Aussi longtemps que les destinées de la Belgique furent en question, ils restèrent fidèles à l'entente conclue en 1828. Leurs votes contradictoires ne provinrent que de la différence des convictions personnelles; ils ne s'expliquent en rien par des considérations de partis. Dès le 20 décembre 1830, la Conférence en constatant que r« amalgame parfait et complet que les Puissances avaient voulu opérer entre la Belgique et la Hollande n'avait pas été obtenu », et en se déclarant disposée à reconnaître « l'indépendance future » de la Belgique, avait en somme consacré l'existence et le succès de la révolution. Mais elle y ajoutait tout de suite une restriction essentielle, en affirmant sa volonté de « combiner » cette indépendance « avec les stipulations des traités, avec les intérêts et la sécurité des autres Puissances et avec la conservation de l'équilibre européen ». Elle ajoutait que ces arrangements « ne pourraient affecter en rien les droits que le roi des Pays-Bas et la Confédération germanique exercent sur le grand-duché de Luxembourg ». Ainsi l'Europe, tout en consentant à l'indépendance de la Belgique, se réservait d'en tracer les bornes. Du même coup, elle froissait à la fois les Belges et Guillaume. Celui-ci protesta aussitôt contre la reconnaissance de l'indépendance, ceux-là protestèrent contre sa limitation. Non seulement le Congrès repoussait, le 3 janvier 1831, les réserves émises à propos du Luxembourg, dont les habitants avaient pris part à la révolution, mais il revendiquait de plus la Flandre Zélandaise, qui n'y avait pas participé, en considération de la nécessité d'appuyer à l'Escaut la frontière de l'Etat. La Conférence lui renvoya sa note, en l'accusant d'invoquer le droit de conquête. Il était évident que si elle renonçait à intervenir contre les Belges, elle ne leur permettrait pas de lui dicter leurs volontés. Les intérêts européens dont elle avait la garde ne seraient évidemment pas sacrifiés à ceux du petit peuple qui prétendait n'en faire qu'à sa guise. Tant pis pour lui s'il avait inscrit dans sa constitution que le Luxembourg formait une de ses provinces. LA NEUTRALITE BELGE. ^ C'est à ce moment que l'idée de neutraliser la Belgique se fait jour au sein de la Conférence. Qui en a parlé le premier ? Bulow ? Matuszewic ? Talleyrand ? Au fond celui qui l'a formulée , L É Q E N ôic/ores ie/ffes O^et de negoao/ions spêcia/es enfre /e /^ofdes Pays-ffos. /e Souverain de/aBefgiçaee//a Confédêrottongermonigue. La Belgique après le Trailé des XVIII Articles (26 Juin 1831). L'article III du traité spécifiait que les cinq. Puissances emploieraient leurs bons offices à maintenir le statu quo dans le grand-duché de Luxembourg (c'est-à-dire à y assurer le régime belge sauf à l'intérieur de la forteresse de Luxembourg), la Belgique et les Pays-Bas entamant des négociations séparées sur les questions territoriales pendantes. Le Limbourg hollandais actuel fait partie du territoire belge; le sort du Luxembourg germanique et wallon n'est pas encore fixé. Les enclaves belges figurent en blanc sur la carte, les enclaves néerlandaises en stries. — Carte dressée d'après VAtlas de géographie historique de ta Betgique, publié sous la direction de L. Van der Essen, carte XIII. BruxelIes-Parls, 1920. tout d'abord n'a dit que ce que tout le monde devait penser. Elle était évidemment le corollaire de la dissolution du royaume des Pays-Bas. Dès que l'on renonçait à rétablir contre la France la barrière qui venait de se rompre, il n'y avait plus d'autre alternative que de mettre la Belgique à l'abri des convoitises tant de la France que des autres Puissances. La conservation de la paix générale était à ce prix. Pour que l'Europe se résignât à l'indépendance que les Belges s'étaient arrogée sans la consulter, il fallait qu'elle se fît elle-même le garant de cette indépendance intempestive afin d'en empêcher la confiscation au profit de quelque puissant voisin. Cette clef de voûte de l'équilibre européen que formait la Belgique depuis les grandes guerres du XVII° siècle, devait être définitivement scellée par l'effort collectif des Puissances. Neutre, elle ne tenterait plus personne et serait une protection pour tous (6). Et le régime qu'on lui réservait lui serait une protection contre elle-même en lui interdisant toute velléité d'attaquer la Hollande. Dès le 15 novembre, Matuszewic écrivait à Nesselrode que le vrai moyen de sauvegarder le repos de l'Europe serait que les Puissances « garantissent en commun l'existence du royaume belge et déclarent qu'aucune d'elles ne pourra en aucun cas l'envahir ou l'annexer sans le consentement des quatre autres (7) ». Il faut convenir que, dans les circonstances où l'on se trouvait, c'était la seule solution possible, solution vraiment européenne, solution de paix et que la Conférence fût si heureuse d'avoir trouvée qu'elle la qualifia de « bienfait ». On ne pouvait se dissimuler d'ailleurs que c'était au fond une précaution prise contre la France. En 1815, on avait voulu lui opposer un Etat assez fort pour pouvoir lui tenir tête; en 1831, on se proposa de ne la contenir que par un Etat dont la faiblesse pourrait d'autant moins l'inquiéter qu'elle serait appelée elle-même à le défendre en cas d'agression. Le principe de la neutralité perpétuelle et garantie fut inséré dans le texte fixant les « bases de séparation » entre la Belgique et la Hollande que la Conférence promulgua les 20-27 janvier 1831. Le nouvel Etat devait comprendre tous les territoires qui avaient formé le royaume des Pays-Bas, à l'exception de ceux qui, avant 1790, appartenaient à la République des Provinces-Unies. Exception cependant était faite pour le grand-duché de Luxembourg « qui, possédé à titre différent par les princes de la maison d'Orange-Nassau, fait et continuera à faire partie de la Confédération germanique ». Quant à la Flandre Zélandaise, ancienne possession des Provinces-Unies, elle était naturellement refusée aux Belges. La liquidation des dettes du ci-devant royaume était étabhe sur le pied de 15/31 pour la Hollande et de 16/31 pour la Belgique. En revanche, les Belges jouiraient de la navigation et du commerce dans les colonies hollandaises, avec les mêmes droits et les mêmes avantages que les habitants de la Hollande. Contrairement à ce que l'on aurait pu croire après sa protestation contre le protocole du 20 décembre, Guillaume fit savoir à la Conférence (18 février), qu'il donnait « une adhésion pleine et entière à tous les articles des bases destinées à établir la séparation de la Belgique d'avec la Hollande ». Ce n'était pas malhabile. Il pouvait espérer, en effet, être appelé à régner sur les deux Etats taillés dans son royaume et à ses yeux, on l'a déjà dit, c'était là le point essentiel. Peut-être d'ailleurs escomptait- il aussi les avantages que lui procurerait sa déférence, contrastant avec l'intransigeance des Belges. Car, dès le 1®'' février, le Congrès avait solennellement revendiqué pour lui seul le droit de résoudre toutes les questions touchant l'indépendance et la configuration du pays. Se liant les mains à l'avance, il déclarait « qu'il n'abdiquerait dans aucun cas en faveur de cabinets étrangers l'exercice de la souveraineté que la nation belge lui a confiée; qu'il ne se soumettrait jamais à une décision qui détruirait l'intégrité du territoire et mutilait la représentation nationale; qu'il réclamerait toujours, de la part des Puissances étrangères, le principe de non-intervention ». Il n'hésitait donc pas à braver l'Europe. Sa confiance en lui-même s'augmentait de son espoir d'être, en cas de confht, soutenu par la France qui, conformément à sa pohtique ondoyante, s'abstenait provisoirement d'adhérer aux bases de séparation, sans pourtant les rejeter. L'indignation du Congrès s'explique encore par les exigences ultérieures que le protocole du 20 janvier laissait entrevoir. LA QUESTION DU ROI. - On y lisait que «le souverain de ce pays (la Belgique) doit nécessairement répondre au principe d'existence du pays lui-même, satisfaire par sa position personnelle à la sûreté des Etats voisins, accepter à cet effet les arrangements consignés au présent protocole et se trouver à même d'en assurer aux Belges la paisible jouissance ». On ne pouvait dire en termes plus clairs que la Conférence se réservait d'intervenir dans le choix du prince que les Belges se donneraient et subordonner plus nettement leur souveraineté nationale aux convenances de l'Europe. Cette question du souverain était sans contredit la plus épineuse de toutes celles que la Révolution avait fait surgir. Le Congrès l'avait encore compliquée en excluant du trône la maison d'Orange-Nassau. Il avait voulu ainsi rendre impossible toute combinaison qui eût donné la couronne de Belgique soit à Guillaume, soit à son fils le prince d'Orange. Et c'était là une nouvelle provocation aux Puissances. Car on n'ignorait pas à Bruxelles que tous les cabinets, y compris celui de Paris, envisageaient un replâtrage de cette sorte comme le meilleur moyen de se tirer d'affaire (8). Le 22 novembre 1830, Louis-Philippe était intervenu auprès du Congrès pour le détourner de voter la déchéance de la dynastie. On avait passé outre sans hésiter. Mais si l'on s'était trouvé d'accord pour repousser l'ancien souverain, il était beaucoup plus malaisé de s'entendre sur le nouveau. Choisir un Belge, solution qui eût peut-être contenté les Puissances, il n'y fallait pas songer. Seul le comte de Mérode eût été possible et il ne voulait pas entendre parler de sa candidature. Le prince Frédéric de Salm, dont la famille descendait par les femmes des maisons de Hornes et de Lalaing, essaya de se mettre en avant et fit pétitionner en sa faveur des paysans de la province d'Anvers sans parvenir à se faire prendre au sérieux (9). Il fallait évidemment offrir le trône à un étranger et c'était courir droit au conflit avec l'Europe. Quelques catholiques avaient pensé tout de suite à l'archiduc Charles d'Autriche, revenant ainsi, par delà le royaume des Pays-Bas et la période française, à la dynastie qui avait régné sur le pays depuis le traité d'Utrecht. Mais la cour de Vienne se désintéressait de cette combinaison contre laquelle d'ailleurs la France n'eût pas manqué de protester si elle avait présenté quelques chances de succès. Le nom du prince Léopold de Saxe-Cobourg, prononcé un instant avec faveur, fut écarté devant la répugnance du cabinet de Paris. Aux yeux de la grande majorité des Belges, qui depuis l'origine de la révolution se sentaient ou croyaient se sentir soutenus par la France, un candidat français était seul possible. Un petit nombre de démocrates eussent volontiers proposé l'intérêt même de la Belgique, ceux qui les avaient mis en avant ne se souciaient pas le moins du monde. C'était proprement une dérision que de proposer à ce pays en pleine crise deux adolescents dont le premier, Leuchten-berg, avait à peine vingt ans, et dont l'autre, Nemours, en avait seize. En réalité, les candidats au trône que l'on suggérait aux Belges, n'étaient que des symboles politiques. Il ne s'agissait point de leurs personnes, mais de la signification qu'on leur donnait. Voter pour Leuchtenberg, ce serait adhérer à la politique que l'opposition bonapartiste Ml^BA^lilRIÎlE lacDXAi:!. le CfaavCou. Ejf^cf df Dindcn ^anJ f/ia**jmr centiu var-ft JiupiâUit ■ W ISccOuU - £iU JOiiMa^i, qut' la Tranfoir jont fxuvtnu* à ixpj>rv • yaistr. 'VCltlC . Ânwiai (îtértprt'TtcUî^, maij vrtnani la- ïuiU-à î'aiprûcht ij- èCênatr Ce. Clou du llou*. ùtU up^ ut îtipku CamcuiUT* m l'a ru mtiuaer^rjt^ enfant •pouraijàirt *rancurriÔtr<. wtt/une /'r/^ffuVr r/f ((iyfjJ(r-H/yi'iyiaUùJ^ir//t tccefctl (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes.) Ménagerie royale, ou la Belgique à la recherche d'un roi. Charlier dit Jambe de bois exhibe quelques candidats au trône de Belgique. De gauche à droite : Le Chariot (Charles X), Espèce de Dindon, grand Chasseur connu par sa stupidité. — Le Dérouté (Ben Hoseln, dey d'Alger), Bête sauvage, que les Français sont parvenus à apprivoiser. — Le Bronzé (Frédéric, duc de Brunswick), Animal entreprenant, mais prenant la fuite à l'approche du danger. — Le Lion du Nord (Guillaume !"■), Cette espèce est la plus Carnassière; on l'a vu massacrer ses enfants pour en faire sa nourriture. Cette caricature porte, en outre, la légende suivante : On prévient qu'une infinité de Cages sont préparées pour recevoir plusieurs Animaux qui doivent nous arriver des 4 parties du monde. — Lithographie contemporaine. anonyme Lafayette, si Lafayette s'y était prêté. Mais bientôt ce fut entre le fils d'Eugène de Beauharnais, Auguste de Leuchtenberg et le duc de Nemours, second fils de Louis-Philippe, que se répartirent les préférences et les intrigues. LEUCHTENBERG ET NEMOURS. - Personne cependant ne les connaissait. Bien plus même, ni l'un ni l'autre n'avaient fait la moindre démarche pour se recommander aux votes du Congrès. Manifestement leurs candidatures n'étaient que le résultat de machinations élaborées à Paris au sein des groupes politiques qui s'efforçaient d'utihser la révolution belge au profit de la France. De menait à Paris contre le gouvernement de Louis-Philippe. Voter pour Nemours, au contraire, ce serait affermir la monarchie de juillet en la parant d'un prestige dont elle manquait déplorablement. On comptait sur l'inexpérience et la naïveté du Congrès pour l'empêcher de voir qu'il était manoeuvré et qu'en élisant un roi des Belges, ce serait à vrai dire pour ou contre le roi des Français qu'il voterait. Il est pourtant assez compréhensible que l'opinion ait accepté les noms que les intrigues parisiennes lui suggérèrent. La constitution élaborée par le Congrès réduisait à ce point le pouvoir royal que les qualités personnelles du souverain à élire semblaient chose tout à fait négli- . ...... ' ■ —- «"'i'------—■ — - • îi—----- ,-i,- . __________------'t^:..^:,'-. --r ' c; (Bruxelles, collection B. Dujardin.) Pétition adressée par les habitants de Spa au Congrès National en faveur de la candidature du prince de Saxe-Cobourg au trône de Belgique. Les signataires condamnent la prolongation injustifiée du régime provisoire : Les espérances des vrais Belges ont été déçues, et, malgré tes qualités qui assurent toute notre vénération au Régent, que nous avons juré de défendre, le provisoire continue a (sic): miner les fondemens (sic) de notre régénération sociale. Seul le prince de Saxe-Cobourg peut garantir les avantages que nous cherchons vainement depuis plusieurs mois... nous voulons an roi qui consacre notre indépendance, un roi avec lequel nous puissions rester Belges et qui s'unisse a (sic) nous pour déjouer les projets de ceux qui chercheraient à nous ravir ce nom. Vingt-cinq signatures sont apposées au bas de la pétition. évident que la Belgique ne pourrait s'appuyer que sur la France. Or, la France, croyait-on, était invincible. Combattre avec elle, ce serait remporter à ses côtés une victoire qui consacrerait définitivement l'existence du pays. geable. Qu'importait-il que le roi fiît incapable de gouverner puisqu'on ne lui demandait que de régner ? Le jeune âge des candidats ne pouvait déplaire à des gens qui concevaient la monarchie constitutionnelle dont ils avaient fait le régime de l'Etat, comme une sorte de république. Leur origine française les recommandait plus fortement encore. Si bizarre que cela puisse paraître, on y voyait une garantie pour l'indépendance du pays. Il y avait bien parmi les révolutionnaires un groupe d'hommes qui eussent envisagé avec faveur l'annexion de la Belgique à la France. Il est même probable que c'est leur groupe, en relations constantes avec les cercles politiques de Paris, qui prononça tout d'abord les noms de Nemours et de Leuchtenberg (10). Mais l'immense majorité des Belges ignora complètement ces arrière-pensées. Pour eux, seul un prince français pourrait les protéger contre le péril d'une restauration. On se défiait de l'Europe; on s'attendait à une guerre générale et si elle éclatait, il était trop Mais si les patriotes s'accordaient en ceci, ils cessaient de s'entendre sur le choix à faire entre les deux princes qu'on leur proposait. Leuchtenberg, en vertu de sa naissance, plaisait davantage aux anciens soldats de Napoléon et à tous ceux qu'enthousiasmaient les principes démocratiques dont se réclamait en ce moment la propagande bonapartiste (11). Les industriels, en revanche, préféraient Nemours, espérant que son élection faciliterait l'établissement d'un régime douanier qui rouvrirait à leurs produits l'énorme marché de la France. Les uns et les autres prônaient au surplus leur candidat comme le meilleur bouclier de l'indépendance. Nemours, disaient ceux-ci, fournira trop facilement à Louis-Philippe l'occasion de mettre la main sur la Belgique (12). Leuchtenberg, répliquaient ceux-là, ce sera la rupture avec le cabinet de Paris et la perte du seul allié qui puisse sauver le pays d'une intervention de l'Europe. La divergence des tendances s'exaspérait peu à peu sous la pression étrangère. Unanimement, les Puissances s'opposaient à ce que les Belges se donnassent pour roi un des princes qu'ils se préparaient à élire. Suggérés par les intrigues de Paris, ils étaient rejetés par tous les gouvernements. La Conférence n'entendait voir régner à Bruxelles ni un bonapartiste, ni moins encore un fils du roi des Français. Elle ne voulait ni d'un renouveau des ambitions napoléoniennes, ni d'un protectorat de Louis-Philippe sur la Belgique. Par nécessité, celui-ci s'associait à ces desseins. Il envisageait avec horreur l'élection possible de Leuchtenberg. Ne sachant que trop qu'elle était une manœuvre des bonapartistes contre son trône, il était résolu à s'y opposer par tous les moyens. Tiraillé d'autre part, entre son désir de voir Nemours régner sur la Belgique et sa conviction qu'il n'y pourrait régner sans provoquer la guerre, la prudence le faisait pencher à lui refuser son appui. LE PRINCE D'ORANGE ET LES ORANGISTES. ^ Faute de mieux, il s'unissait aux autres Puissances pour souhaiter que la couronne de Belgique échût au prince d'Orange qui, au mois de janvier, s'abouchait avec la Conférence et le 11 lançait de Londres une proclamation aux Belges (13). Malgré l'exclusive que le Congrès avait proclamée le 25 novembre contre sa maison, il se croyait de grandes chances de l'emporter. Non seulement il avait pour lui le consentement de l'Europe, mais un parti, sinon très nombreux, du moins très actif, travaillait depuis quelque temps en sa faveur. Les Orangistes, atterrés tout d'abord par le succès de la Révolution au point qu'aucun d'eux n'avait osé se présenter au vote des électeurs du Congrès, avaient bientôt repris courage. La crise économique que les événements avaient provoquée, leur faisait croire qu'ils JUSQU'A LA CRISE DE 1848 ILiElDfirC AYEMUTO^^ (Paris, Bibliothèque Nationale, Cabinet des Estampes.) Louis-Charles-Philippe-Raphaël d'Orléans, duc de Nemours, deuxième fils de Louis-Philippe et de la reine Marie-Amélie (Paris, 1814-Versailles, 1896). Lithographie de circonstance, portant la légende suivante : « S.A.R. le duc de Nemours, élu roi des Belges ». — Œuvre de J. Ligny, éditée à Paris chez Coron. pourraient l'exploiter à leur profit. Les industriels et les grands propriétaires parmi lesquels ils se recrutaient subventionnaient une propagande audacieuse. Ils se trouvaient en rapports suivis avec le roi et le gouvernement de La Haye (14). Beaucoup d'officiers passés au service de la Belgique après les journées de septembre, commençaient à se dégoûter d'un régime qui favorisait les volontaires à leur détriment et ils se laissaient facilement séduire par les promesses dorées dont on les tentait. Il n'était pas jusqu'aux républicains, déçus par leur échec au Congrès, qui ne se montrassent favorables au mouvement, espérant que le désordre qui en résulterait leur fournirait peut-être l'occasion d'une revanche. Les Orangistes comptaient aussi sur plusieurs membres des Conseils provinciaux qui, élus avant 1830, demeuraient secrètement fidèles à l'ancienne dynastie (15). Dans le courant de janvier, un complot était en pleine organisation. Pendant que les journaux subventionnés par La Haye : Le Messager, à Gand, Le Journal du Commerce, à Anvers, Le Lynx, à Bruxelles, L'Industrie et L'Echo, à Liège, faisaient rage contre le Congrès et le Gouvernement provisoire, pendant que le pays et l'étranger étaient inondés de brochures, pendant que des agents secrets, pour gagner les masses, semaient de l'argent et dégageaient les dépôts des ouvriers aux monts-de-piété (16), on prépa- rait presque ouvertement un coup de force en faveur de la restauration. Il s'agissait de s'emparer de Gand, de provoquer des mouvements à Louvain et à Anvers, d'envahir la salle des séances du Congrès, de le dissoudre et de proclamer le prince d'Orange lieutenant général du royaume. Une Commission du gouvernement oii se trouvaient Dotrenge, le marquis de Trazegnies et quelques autres était prête à prendre le pouvoir. Déjà les discours à prononcer à cette occasion étaient rédigés (17). Ce beau plan devait lamentablement échouer. Le parti orangiste s'était figuré, comme il arrive si souvent aux conservateurs, qu'il suffisait d'acheter quelques comparses pour réussir. Il ne se rendait aucun compte de la vigueur du sentiment national. Le 2 février 1831, si les bandes d'Ernest Grégoire (18) purent entrer à Gand sans coup férir, grâce à la complicité des chefs de la garnison, il suffit de l'intervention des pompiers courant spontanément aux armes pour les disperser. L'entreprise si soigneusement montée sombrait dans le ridicule (19). ATTITUDE DE LOUIS-PHILIPPE. - Cet échec n'interrompit cependant pas les menées des Orangistes. Impuissants par eux-mêmes, ils recevaient de l'appui que leur accordait manifestement lord Ponsonby, l'agent à Bruxelles du gouvernement anglais, une importance politique considérable (20). Soutenir l'orangisme était à ses yeux le seul moyen efficace de ruiner aussi bien la cause de Leuchtenberg que celle de Nemours. Son but n'était pas d'amener le rétabhssement du royaume des Pays-Bas. Conformément aux vues de la Conférence, il voulait l'indépendance de la Belgique, mais il la voulait sous le prince d'Orange, ne voyant pas d'autre moyen de la garantir contre les convoitises françaises. (Tallahassee [Floride], David S. Walker Library.) (Cliché L'Avant Studios.) Achille Murât, candidat des Bonapartistes au trône de Belgique. Né en 1801 et décédé en 1847, l'aîné des neveux de Napoléon gagna les Etats-Unis en 1823 et acquit la nationalité américaine. La révolution de juillet le ramena en Europe, mais d'Angleterre il ne put rentrer en France d'où sa famille était bannie. Il essaya de mettre sur pied une légion étrangère à Ath et retourna aux Etats-Unis (Louisiane et Floride) après quelques voyages en Angleterre et en Italie. Les Bonapartistes profitèrent de son séjour en Europe pour lui suggérer de poser sa candidature au trône de Belgique. Murât refusa. — Portrait non signé. HISTOIRE DE BELGIQUE Cependant le gouvernement de Paris retirait au même moment son appui à ce prince dont les Belges refusaient d'entendre parler. Sa grande affaire était d'empêcher l'élection de Leuchtenberg qui, devenu roi des Belges, eût été immédiatement salué par les bonapartistes français comme un nouveau roi de Rome. Il savait que ceux-ci n'épargnaient rien pour promouvoir le succès du mélancolique jeune homme, si peu mêlé lui-même à l'agitation déchaînée autour de son nom, que, dans sa lointaine garnison bavaroise d'Eichstàdt, il ne recevait même pas les journaux de Bruxelles (21). Mais les efforts de ses partisans, dirigés de Paris par les Exelmans, les Fabvier, les Lalle-mand, lui gagnaient rapidement la faveur des masses. La Belgique était inondée de ses portraits qui excitaient l'émo- ouverte au Congrès. Le 19, Lebeau avait proposé la candidature de Leuchtenberg; le 25, celle de Nemours lui avait été opposée. La lutte était donc circonscrite entre ces deux noms. Le malheureux Louis-Philippe allait-il être contraint de soutenir la cause de son propre fils au mépris de sa parole donnée à l'Europe et au risque qui lui faisait horreur, de provoquer une nouvelle guerre de la succession d'Espagne ? Dans son angoisse, il se résigna à jouer les Belges. L'ELECTION DE NEMOURS. ^ Rien n'était plus facile. L'exaspération que la communication des bases de séparation venait de soulever au Congrès, ne permettait plus ni retenue ni prudence. Se croyant trahis par la Conférence, beaucoup de ses membres ne songeaient plus qu'à se jeter dans les bras de la France et à combattre avec elle. L'élection de Nemours assurerait certainement son alliance. L'agent français à Bruxelles, Bresson, prit sur lui de hâter la solution. Le 28 janvier, il partait « à toute bride » pour Paris, y exposait le lendemain « au point du jour » la situation à Louis-Philippe et recevait la permission d'agir à sa guise, quitte à être désavoué après l'événement. De retour à Bruxelles, il faisait semer le bruit que le roi accepterait la couronne pour son fils. Le matin même de l'élection, le 3 février, l'annonce que la France avait refusé son adhésion aux bases de séparation, fit pencher la balance en faveur de Nemours (22). Quatre-vingt-dix-sept voix se prononcèrent pour lui contre soixante-quatorze à Leuchtenberg. Vingt et une s'égarèrent sur le nom de l'archiduc Charles. ''è^i-M.tv (Bruxelles, collection A. Verbouwe.) « Dans le courant de janvier, un complot était en pleine organisation... Il s'agissait de s'emparer de Gand... Le 2 février 1831, si les bandes d'Ernest Grégoire purent entrer à Gand sans coup férir, grâce à la complicité des chefs de la garnison, il suffit de l'intervention des pompiers courant spontanément aux armes pour les disperser... » (Voyez le texte, p. 15.) Le Journal de la Belgique du 4 février, reprenant la version du Journal des Flandres, signale : « Gand. Des rassemblements se forment sur tous les points de la ville. On dit qu'un Français, chef des volontaires, est à la porte de Bruges, à la tête d'un bataillon, et proclame le prince d'Orange. Les pompiers et les chasseurs se rassemblent à l'hôtel du gouvernement... » De son côté, le Messager de Gand du 3 février relate : « ... un vif engagement a eu Heu près de l'hôtel du gouvernement entre un corps de la garnison et un détachement qui, vers midi, est entré dans la ville, par la porte de Bruges, aux cris de vive le prince d'Orange. » Le Journal de la Belgique du 5, citant le Journal des Flandres, fournit de nombreux détails. L'engagement devant l'hôtel du gouvernement a fait l'objet d'une lithographie repro-..... ......- - - - .... gj pinxit. duite ci-dessus. Elle est signée O.J.R. Boon deljineavit. tion des femmes et ravivaient l'enthousiasme des anciens soldats de Napoléon; il paraissait glorieux de se donner comme souverain le fils de ce prince Eugène dont le souvenir s'auréolait d'une légende d'héroïsme et de loyauté; déjà le bruit se répandait que quatre jours après son élection le jeune duc entrerait dans la capitale. N'osant soutenir contre lui la candidature de Nemours, Louis-Philippe suggérait vainement tantôt le nom du prince Charles de Naples, neveu de sa femme, tantôt celui d'Otton de Bavière, un enfant de quinze ans, auquel il aurait donné en mariage une de ses filles. Personne ne se laissait détourner par ces pis-aller. Cependant, le temps passait. Le 11 janvier, la discussion sur le choix d'un roi s'était En se donnant ainsi « un roi au scrutin » (23), le Congrès ne se doutait pas qu'il votait dans le vide et qu'à l'avance sa décision était frappée de nullité. Le 1®"" février, la Conférence avait arrêté « qu'au cas que la souveraineté de la Belgique fiit offerte à des princes des familles qui régnent en Autriche, en France, dans la Grande-Bretagne, en Prusse et en Russie, cette offre serait invariablement rejetée ». Communiqué quelques jours plus tard par lord Ponsonby au Comité diplomatique, ce protocole fut pour le Congrès « comme un coup de foudre ». Il était seulement le châtiment de son imprudence et celui de la duplicité de Louis-Philippe. La députation qui partit pour Paris le 18 février s'abandonnait encore pourtant à un dernier espoir. Le roi la reçut sans doute avec une honte secrète qu'il dissimula sous des effusions sentimentales. La dure nécessité de conserver la paix l'obligeait, dit-il, à refuser la couronne destinée à son fils. Le repos de l'Europe était à ce prix. Il aurait pu ajouter qu'il en était de même de la solidité de son trône. En somme, il avait atteint son but : Leuchtenberg était écarté et le bonapartisme dépité. Il n'avait jamais sérieusement voulu autre chose. Son refus plaçait la Belgique dans une situation tout à (Musée de Versailles.) (Cliché Archives Photographiques.) Les délégués du Congrès National proposant à Louis-Philippe la couronne du royaume de Belgique pour son fils, le duc de Nemours (février 1831). Cette scène historique se déroule au château de Versailles. Louis-Philippe est entouré de ses deux fils aînés, les ducs d'Orléans (à sa droite) et de Nemours (à sa gauche). La délégation belge, conduite par le régent Surlet de Chokier, que l'on voit ici au centre, une adresse entre les mains, comprend en outre Félix de Mérode, le comte d'Arschot, Barthélémy Gendebien père. Le Hon, de Brouckère, Marlet, de Rodes et Bouquéau, groupés derrière le régent. — Tableau peint par Nicolas Gosse (Paris, 1787-Soncourt, 1878). On ne peut garantir la fidélité absolue de la scène fixée par Gosse. la fois ridicule et terrible : ridicule, parce qu'après avoir passé outre avec tant de désinvolture aux remontrances de la Conférence, on se voyait sacrifié à elle par cette France dont on avait tout attendu; terrible, parce que ce cuisant échec enlevait au Congrès, démoralisé et discrédité, la force de continuer plus longtemps à diriger les destinées du pays. Déjà les Orangistes relevaient la tête et les républicains s'agitaient. Dès le H janvier, avant même la dérobade de Louis-Philippe, de Robaulx avait proposé de modifier la constitution et d'établir la république ! LE REGENT. — Que faire ? Personne ne se dissimulait l'urgence d'en finir avec le provisoire dans lequel on vivait et de se donner enfin un gouvernement. Aussi bien, la constitution étant achevée, il était temps d'inaugurer le régime qu'elle instaurait. Faute de roi, on se contenterait d'un régent. L'agitation des dernières semaines n'avait heureusement pas ébranlé l'union des partis. Dans tous deux, il s'était rencontré des partisans de Nemours et des partisans de Leuchtenberg. Le 24 février, catholiques et libéraux se trouvèrent d'accord pour confier la régence C-H - M (Musée de Mariemont, collection des autographes.) Première page de la minute autographe du discours prononcé par Louis-Philippe devant les délégués du Congrès National venus proposer la couronne de roi des Belges à son fils, le duc de Nemours. Le texte complet comporte quatre pages. Le roi se déclare prêt à accepter l'offre s'il n'écoutait « que le penchant de son cœur », mais 11 doit la décliner, avec « amertume », dans l'Intérêt de la paix. Il assure le jeune Etat de sa sympathie et l'Invite à se garder « du fléau de l'anarchie et des agitations Intestines... par l'organisation d'un gouvernement constitutionnel... ». Guizot a publié dans ses Mémoires le texte intégral du discours. L'Intérêt de la minute réside, entre autres, dans les corrections apportées à la rédaction primitive. Celles-ci ne concernent que la forme au président du Congrès, le baron Erasme-Louis Surlet de Chokier. Le lendemain, il était inauguré sans pompe et prêtait serment à la constitution. Un vote unanime déclarait que le Gouvernement provisoire avait bien mérité de la patrie. Il allait être remplacé par des ministres responsables devant le Congrès qui, en attendant l'élection future du Sénat et de la Chambre des Représentants, continuait à exercer le pouvoir législatif. Une phase nouvelle commençait dans la Révolution. Et c'est à ce moment que l'anarchie faillit tout emporter. Rien n'atteste mieux l'impéritie politique du Congrès que l'élection du Régent. Dans les circonstances que l'on traversait, il eût fallu à la tête du pays un homme énergique à idées claires, connaissant l'Europe, capable de représenter la nation devant elle et de lui faire entendre sa voix. Or, ce qui manquait le plus à Surlet de Chokier, ce sont précisément ces qualités-là. C'était un petit gentilhomme liégeois, familier, bon enfant, ayant autant horreur du luxe et de la représentation que du travail, une sorte de Charles de Lorraine de village que l'on n'avait élu que parce que sympathique à tout le monde, il ne portait ombrage à personne. Agé de soixante ans, il avait une « noble figure, mélange de bonhomie et de finesse, avec une longue chevelure à la Boissy d'Anglas » (24). La simplicité de ses allures, qui n'était pas exempte de quelque affectation, lui avait valu tout de suite cette sorte de popularité que le peuple accorde si facilement à ceux qui ne lui en imposent pas. Un journal faisait son éloge en disant qu'on l'avait vu se promener en sarrau bleu à la foire de Beaucaire. Il n'avait d'autre titre politique que d'avoir siégé vers la fin de l'Empire au Corps Législatif et aux Etats-Généraux sous le roi Guillaume, qui lui avait octroyé son titre de baron. Les électeurs ne l'avaient envoyé au Congrès que par affection. Ses collègues lui en avaient, pour le même motif, confié la présidence. On se rappelait surtout les bons mots qu'il y avait prononcés. Comment cet homme si simple et complètement dénué de vanité, se résigna-t-il à accepter les responsabilités écrasantes qu'il assumait avec la régence ? Il n'avait pas même foi dans l'avenir du pays. Lebeau lui reproche « d'être tiède en matière de révolution » et de n'avoir confiance que dans la France. Il semble bien, en effet, s'être laissé guider par les conseils du général Belliard, le remplaçant de Bres-son à Bruxelles, qui ne l'appelle dans ses lettres, avec un dédain affectueux, que « le bon régent », le « brave régent », « le bon et brave régent ». Du moins, conscient de son insuffisance, prit-il le parti de faire parler de lui aussi peu que possible. Il s'installa modestement dans un petit hôtel de la rue Latérale (aujourd'hui rue Lam-bermont), avec sa gouvernante, n'ouvrant sa porte qu'à quelques intimes. Les dix mille florins de liste civile qu'il recevait ï par mois suffirent plus qu'amplement à sa dépense. À défaut d'autre mérite, son gouvernement eut celui du bon marché. Personnellement, Surlet de Chokier appartenait à l'opinion libérale. Les catholiques dominant par le nombre dans le Congrès eussent voté pour Félix de Mé-rode, si celui-ci l'avait voulu. Pas plus que Surlet il ne posa sa candidature : quarante-trois voix seulement se portèrent sur son nom. Surlet en obtint cent huit. Si fâcheuse qu'elle fût, son élection eut du moins cet avantage de ne pouvoir passer pour un coup de parti et d'affirmer une fois de plus l'unionisme de l'assemblée. Le lendemain de son inauguration, le Régent constitua le premier des ministères de la Belgique indépendante. A vrai dire, il semble bien qu'il se soit contenté de le bâcler. Pour s'épargner l'embarras du choix, il le composa des administrateurs généraux des divers comités que le Congrès avait chargés du pouvoir exécutif. Par hasard, ils étaient tous libéraux. On leur adjoignit dans la personne de de Ger-lache, qui d'ailleurs résigna tout de suite ses fonctions, un catholique hors cadre et sans portefeuille. Ainsi fait, le ministère était « un méli-mélo » si divisé de tendances, qu'il ne se trouvait pas même d'accord sur la constitution. A côté de modérés comme van de Weyer, Tielemans, Goblet et Charles de Brouckère, le fougueux Gendebien y affirmait bruyamment ses convictions républicaines et cherchait à profiter de l'occasion pour les faire triompher. Appuyé au dehors par de Potter et ses partisans, il aspirait visiblement à une entente avec les révolutionnaires de Paris (25). La guerre immédiate qu'il prêchait contre la Hollande devait, pensait-il, leur permettre de pousser le faible gouvernement de Louis-Philippe à une intervention qui eût tourné en guerre de propagande et instauré la république en France et en Belgique. Ses excitations étaient d'autant plus dangereuses que, dans le désarroi général et au sein de la crise économique qui sévissait de plus en plus, le découragement ou l'intérêt poussaient bien des esprits à ne voir le salut que dans une réunion à la France. Un journal publié à Mons par une société de négociants et de charbonniers, L'Eclakeur, la réclamait ouvertement (26) et ce qu'il disait tout haut, nombreux étaient ceux qui le murmuraient en conversation et jusque, pensait-on, dans le conseil des ministres et dans l'hôtel du Régent (27). C'est sans doute pour décider la France à la guerre que Gendebien fit lancer par celui-ci l'incroyable proclamation du 10 mars. Sous l'apparence d'une exhortation aux Luxembourgeois, elle n'était rien moins qu'une provocation directe à l'Europe. « Nous avons commencé, disait-elle, notre révolution malgré les traités de 1815. Nous la finirons malgré les protocoles de Londres... Vos frères ne vous abandonneront jamais. » Ce manifeste si visiblement destiné, par le rappel des traités de 1815, à exalter l'opi- (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes.) « Surlet de eerste, Koning der Belgen. » — Surlet Premier, roi des Belges. Cheveux flottant sur le dos, la pipe à la bouche, la bourse accrochée à la chaise, le régent déguste quelque boisson. Il est censé tenir en mains un exemplaire du Courrier des Pays-Bas qui publie un de ses arrêtés lançant un emprunt de douze millions de florins. A l'arrière-plan, un berger garde le troupeau, allusion à l'occupation favorite de Surlet de Chokier, « le plus grand propriétaire de mérinos de la ci-devant sénatorerie de Liège ». A l'exception de l'historiographe officiel du jeune royaume, Th. Juste, les historiens s'accordent à juger très sévèrement l'attitude du régent qui avait accepté la première charge de l'Etat sans avoir fol dans ses destinées. Les caricaturistes de l'époque n'étaient pas plus tendres. — Lithographie anonyme extraite d'un recueil factice Intitulé Album de la Révolution de 1830, vol. 6, p. 96. nion des répubhcains de Paris, devait d'ailleurs faire long feu. Le 13 mars, le ministère Casimir Périer mettait fin aux fluctuations et aux indécisions de la politique française. Désormais, il n'était plus possible d'escompter le renversement de Louis-Philippe ni d'opposer le gouvernement des Tuileries à la Conférence de Londres. En s'associant décidément aux autres Puissances, la France monarchique ruinait l'espoir des républicains de Bruxelles de l'entraîner dans la guerre dont ils attendaient leur victoire. MACHINATIONS ORANGISTES. - Au surplus, ces républicains n'étaient qu'une minorité dont la hardiesse s'explique surtout par la timidité de leurs adversaires. Ce n'est pas d'eux, mais des Orangistes que venait le péril. Tout de suite après l'échec de l'élection de Nemours, ils n'avaient pas manqué d'exploiter la situation à leur profit. Ouvertement appuyés par lord Ponsonby qui les encourageait à provoquer un mouvement populaire, ils se croyaient certains du succès. De La Haye, le roi Guillaume entretenait leur confiance, ne doutant pas que l'anarchie pousserait bientôt les Belges à une restauration. Dans l'armée, le général van der Smissen provoquait sans peine la défection de quantités d'officiers ulcérés du peu d'inté- partisans prétendaient lui rendre (32). Sans doute, le manifeste qu'elle publia le 27 trahit encore l'espoir, à peine dissimulé, de combattre pour la république en combattant contre Guillaume. « Avec un chef imposé ou seulement indiqué par l'étranger, notre indépendance ne serait qu'une chimère et notre révolution que du temps et du sang perdus. Soyons Belges et finissons notre révolution comme nous l'avons commencée : par nous-mêmes. » C'était là tout à la fois un langage de têtes chaudes et d'hommes de cœur. S'il poussait à une lutte impossible contre l'Europe, il raffermit du moins les courages chancelants et ranima la confiance. Le lendemain, le Régent renvoyait son ministère. Un nouveau cabinet arrivait au pouvoir, sous la présidence effective de Joseph Lebeau. JOSEPH LEBEAU. — Ce jeune avocat hbéral et franc-maçon, envoyé au Congrès par ses compatriotes de Huy, s'était laissé tout d'abord griser par l'enthousiasme révolutionnaire de ses collègues. Mais l'ardeur patriotique (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Médailles.) Médailles frappées en l'honneur du Régent. 1 : Profil du régent. Légende : BARON E.L. SURLET DE CHOKIER, REGENT DE BELGIQUE. Médaille d'argent signée J(ulien) Leclercq (Gand, 1805-Bruxelies, 1882). Diamètre : 40 mm. — 2 : LA BELGIQUE INDEPENDANTE. AU REGENT. DECRET DU CONGRES NATIONAL DU XX JUILLET MDCCCXXXl. Revers du n" 1. — 3 et 4 : Médaille satirique. 3 : Surlet de Choivier sous les traits du bon pasteur. Légende : EGO SVAI PASTOR BONVS. Texte : E. B»° SURLET DE CHOKIER REGENT DE LA BELGIQUE. Médaille de bronze anonyme. Diamètre : 41 mm. — 4 : Le mouton tondu. Légende : SIC VOS NON VOBIS VELLERA FERTIS OVES (Virgile). Texte : VOTEE AU REGENT AVEC FL(ORINS) 10.000 DE PENSION PAR LA PATRIE RECONNAISSANTE. Revers du n« 3. — Le bon pasteur (n» 3) a tondu les brebis de son troupeau (n« 4)... Le ciiolx de cette allégorie se justifie : avant de siéger au Congrès National Surlet de Choitier élevait des troupeaux de moutons. La satire vise le dénuement dans lequel, d'après l'auteur anonyme, le « bon pasteur » aurait laissé ses brebis, c'est-à-dire les Belges, après s'être approprié leur laine. rêt que leur montrait le Régent. On soupçonnait le général Daine de s'être laissé acheter pour dix mille florins. Les conspirateurs comptaient à Bruxelles sur les frères d'Hoogvorst et sur le colonel de la garde civique. Ils poussaient l'impudence jusqu'à faire des ouvertures au Régent (28). Mais pour réussir, il leur fallait l'adhésion du peuple et, une fois de plus, c'est contre son opposition que devaient échouer leurs intrigues et leur or. Leur cause lui était si odieuse qu'à Bruxelles, ils ne parvenaient pas même à recruter des harangueurs flamands pour l'exciter (29). Les riches et les industriels qui menaient le mouvement cherchaient vainement à exploiter le chômage et le marasme des affaires. On se riait des fabricants menaçant de fermer leurs usines si Guillaume n'était pas rappelé; à Anvers, les salaires ayant été diminués de 50 pour cent, les ouvriers accusèrent les Orangistes d'avoir inventé ce moyen de provoquer une contre-révolution (30). Partout l'exaspération des masses se soulevait contre eux. Des émeutes éclataient dans les villes manufacturières (31). Les hôtels Orban et de Macar étaient pillés à Liège; à Gand, on « martyrisait » sur le marché du Vendredi un industriel connu pour son attachement à Guillaume. En face des machinations orangistes, d'ailleurs, la résistance du peuple fut secondée par la partie la plus énergique de la bourgeoisie. L'Association nationale fondée à Bruxelles le 23 mars, appela les Belges aux armes contre la dynastie exclue par le Congrès de ce trône que ses voW \ Ta * . " " ,1 > ___i..-'^ . ........... (Mons, Bibliothèque Publique.) (Cliché Lefrancq.) « ... une réunion à la France. Un journal publié à Mons par une société de négociants et de charbonniers, « L'Eclaireur », la réclamait ouvertement... » (Voyez le texte, p. 19.) — Première page de « L'Eclaireur politique, commercial et littéraire» du mercredi 26 janvier 1831 (n" 2). Les premières lignes sont une profession de Foi : « La Belgique constituée en état particulier ne peut avoir une existence réelle et durable; Son salut dépend de sa réunion à la France; Cette réunion, qui seule fera son bonheur et sa force, est certaine, inévitable et peu éloignée... » —• L'Eclaireur parut du 23 janvier à la mi-mai 1831 environ. Son tirage ne dépassa jamais 375 numéros, nombre limite atteint une seule fois (n» 3). Le dernier numéro connu (n» 29) fut tiré à 160 exemplaires. Le tirage moyen des grands journaux nationaux en 1831 était de beaucoup supérieur : Le Courrier = 4820 exemplaires, Den Vaderlander = 1372, Le Courrier de la Meuse = 1351, Le Politique = 1226, Le Journal des Flandres = 1162, la Gazette van Gend = 1082, etc. La collection de L'Eclaireur de la Bibliothèque Publique de Mons est celle de l'éditeur, A. Deschamps. (Aubel, collection du notaire Lebeau-Hustinx.) Joseph Lebeau (Huy, 1794-1865), « l'homme d'Etat de la Révolution ». Portrait attribué à Fassin (s'agit-il de Ciiarles Fassin, Liège, 1826-1906 ?). s'alliait chez lui à une intelligence lucide. Il n'avait pas tardé à comprendre que l'indépendance de la Belgique était irréalisable sans le consentement de l'Europe. Avec un tact politique qui fait de lui l'homme d'Etat de la Révolution, il avait reconnu que ce n'était pas à Paris, mais à Londres que reposait le sort du pays, et qu'un souverain ne pouvait être reconnu sans l'assentiment de l'Angleterre. Le rapprochement du cabinet de Casimir Périer avec celui de lord Grey facilitait l'exécution de ses projets, et il en était de même du revirement de lord Pon-sonby qui, désabusé de ses chimères par l'échec du complot orangiste, se montrait maintenant disposé à agir de concert avec Belhard. Peut-être le nom du prince Léo-pold de Saxe-Cobourg lui fut-il suggéré par eux. En tout cas, il n'hésita pas à voir que là était le salut. Adopter ce nom, c'était en effet rassurer les puissances sur les velléités d'union avec la France qu'elles attribuaient à la Belgique, c'était gagner leur confiance en leur montrant que « la révolution n'était ni française, ni anglaise, ni allemande, mais belge, et qu'elle n'avait pas secoué la suprématie de la Hollande pour accepter celle d'un autre peuple ». Dès ses débuts, Lebeau déclarait nettement que le pays ne voulait que son autonomie et qu'il ne songeait à s'unir à la France que s'il était réduit à choisir entre la France et la Hollande. Il allait jusqu'à dire que son ministère était antifrançais. non sans doute qu'il fîit hostile à la France « que nous aimons tous », mais parce que « voué au principe de l'indépendance nationale» (33). Or, celle-ci paraissait gravement compromise. L'obstination des Belges à résister aux décisions de la Conférence et leur incapacité à sortir de l'anarchie, faisaient revenir sur l'eau les projets de partage auxquels on avait déjà songé à Paris quelques mois plus tôt. Sans doute, le gouvernement français ne les soutenait pas, mais il ne les combattait pas non plus. Il semble bien que, sans l'opposition de l'Angleterre, il se fût entendu avec la Prusse et la Hollande. Talleyrand se laissait aller à confesser « qu'il était impossible que les Belges constituent une nation et qu'en travaillant à leur indépendance, il faisait une œuvre de circonstances destinée à disparaître avec elles» (34). LA CANDIDATURE DE LEOPOLD. - Il était donc grand temps de se presser si l'on voulait enfin avoir un roi. Mais l'humihante expérience de l'élection de Nemours imposait la prudence. Il n'était plus question de donner la couronne sans savoir si elle serait acceptée. Le 22 avril, une députation arrivait à Marlborough House pour pressentir Léopold sur ses intentions. Lebeau se flattait d'obtenir sans peine son assentiment. Mais on avait affaire, cette fois, à un esprit réahste, à un politique plein de prudence, à un prince, enfin, qui venait de refuser le trône de Grèce. Comment espérer qu'il acceptât celui de Belgique sans être assuré du consentement de l'Europe et surtout de celui de l'Angleterre à laquelle il devait tout ? Il savait que le 17 avril, la Conférence venait de déclarer de nouveau que les bases de séparation rejetées par les Belges étaient des « arrangements fondamentaux et irrévocables ». C'était dire qu'elle ne tolérerait qu'un roi qui les admît. Dans ces conditions, les pourparlers ne pouvaient aboutir. Léopold et la députation se trouvaient, comme disait Palmerston, at a dead lock. Cependant, le Congrès demeurait buté dans la résistance. (Cliché Jacobs.) Immeuble mis à la disposition du Régent par le Congrès National. Occupé pendant les premières années de la Révolution française par la comtesse de Narbonne, amie de Marie-Christine, sous le régime hollandais par le gouverneur de la Société Générale, (lAtal (iif rtor Ciiflaf- Ho Vitr ■ a f rtanHont Ha eo rAfranfa CSttiA À Dnivollao cet hôtel fut habité par Surlet de Chokier pendant l'exercice de sa régence. Situé à Bruxelles, au coin des rues Ducale et Lambermont, il abrite aujourd'hui le ministère du Travail. Ponsonby n'osait lui communiquer l'ultimatum du 10 mai par lequel la Conférence sommait les Belges d'accepter les bases de séparation sous peine de la voir bloquer l'Escaut et accorder son appui au roi de Hollande. Complètement revenu de ses sympathies orangistes, il travaillait maintenant pour Léopold et s'associait à la politique de Lebeau. Il suggérait à Palmerston de consentir à une transaction. Pour en finir, celui-ci obtint, le 21 mai, l'envoi à Bruxelles d'un nouveau protocole « promettant d'entamer avec le roi des Pays-Bas une négociation dont le but sera d'assurer, s'il est possible à la Belgique, moyennant de justes compensations, la possession du Luxembourg ». Ainsi la Conférence revenait sur ses arrangements irrévocables, comme Joseph II, en 1787, était revenu sur ses « préalables indispensables » (35). C'était un succès pour le Congrès. Il ne l'accueillit que par une explosion de fureur. Plutôt la guerre que consentir à capituler devant la Hol- - r I < y ^ "V / liit^'mJf /^-v^Jitii^ f û^ (Bruxelles, Archives Générales du Royaume de Belgique, Musée.) Signatures des membres du Congrès National proposant l'élection du prince de Saxe-Cobourg. La «proposition» est datée du 25 mai 1831. On y reconnaît, entre autres, les signatures des deux de Sécus, Vilain Xilil, Werner de Mérode, Nothomb, van de Weyer, Emile d'Oultremont, de Gerlache, Baugniez, de Rodes... L'acte a été acheté à un particulier par les Archives Générales du Royaume de Belgique au lendemain de l'incendie du Palais de la Nation (1883) où il était conservé. Ramassé dans la rue parmi d'autres papiers, il s'en fallut de peu qu'il n'échappât à la destruction. — L'acte portant les signatures des congressistes favorables à l'élection du duc de Nemours est conservé dans la collection des autographes du musée de Mariemont (fonds Famille royale de Belgique, n» 1). lande. Acheter le Luxembourg et renoncer au Limbourg dont les habitants avaient participé avec enthousiasme à la Révolution, c'était accepter de vendre des frères et fouler aux pieds les droits sacrés du peuple. Voilà donc la condition mise à l'obtention d'un roi ! A ce prix, la monarchie était trop chère. Les républicains triomphaient et, appuyés par l'indignation générale, entraînaient derrière eux l'opinion publique. Les Orangistes, enchantés de ce déchaînement de fureur, faisaient chorus en vue de prolonger l'anarchie avec le dessein d'en profiter. De Paris, les ennemis de Louis-Philippe et de Casimir Périer applaudissaient et excitaient le mouvement. De Potter, Lafayette, Mauguin, Lamarque poussaient les Belges à la république. Les francophiles s'affichaient ouvertement. A Liège, à Verviers, à Namur, des drapeaux français étaient arborés (36). Au Congrès, cependant, les modérés s'évertuaient à trouver une solution. J.-B. Nothomb parvint à obtenir de ses collègues l'élection provisoire de Léopold et leur adhésion à des arrangements financiers avec Guillaume. Il était entendu que l'élection serait nulle au cas où le roi consentirait à des sacrifices territoriaux. On gagnait donc du temps, mais on ne gagnait que cela. Rien n'était tranché. La situation paraissait inextricable et désespérée. Le roi de Hollande insistait à Londres pour l'exécution de l'ultimatum du 10 mai, et la Conférence poussée à bout, rappelait de Bruxelles Belliard et Ponsonby. Nulle illusion à se faire sur un nouveau désaccord de la France et de l'Angleterre. Palmerston et Casimir Périer marchaient la main dans la main. Néanmoins, les diplomates avaient peur de ces Belges qui n'avaient peur de rien. Ne parlaient-ils pas de recevoir à coups de fusil les troupes de la Confédération germanique si elles entraient dans le Luxembourg ? Et s'ils tiraient, ne provoqueraient-ils pas aussitôt une révolution à Paris et cette guerre générale que l'on avait déjà tant fait pour éviter. On avait beau les considérer comme le scandale de l'Europe, railler l'ignorance et l'incapacité des délégués qu'ils venaient d'envoyer pour la seconde fois à Londres, force était bien de leur faire l'honneur de parlementer avec eux. Palmerston avait éclaté de rire tout d'abord en entendant leurs propositions. Leur ténacité n'en laissa pas moins de triompher. Sur un point d'ailleurs ils entendaient raison. Ces démocrates consentaient à renoncer à la Flandre Zé-landaise qu'en contradiction avec leurs principes ils avaient revendiquée par raison d'Etat. Ils ne se montraient inébranlables que dans leur résolution de ne pas abandonner les Limbourgeois et les Luxembourgeois qui s'étaient soulevés avec eux. Ils se résignèrent pourtant à admettre le 26 juin, après des discussions infinies, l'accommodement qui fut mis en forme dans le projet de traité dit des XVIII articles. Il stipulait qu'une négociation spéciale entre la Belgique, la Hollande et la Confédération germanique réglerait la question du Luxembourg. Pour le Limbourg, il serait fait un arrangement convenable, grâce à l'échange des enclaves que les Provinces-Unies et les Pays-Bas autrichiens possédaient à la fin du XVIIP siècle sur leurs territoires respectifs (37). Quant à la liquidation des dettes de l'ancien royaume, chacune des parties prendrait à sa charge celles qu'elle supportait avant 1815; le reste serait réparti selon une juste proportion. Le même jour, à neuf heures du soir, Léopold acceptait la couronne de Belgique devant la députation du Congrès (Cliché Davis.) Mariborough House, à Londres, près de St James Palace, résidence du prince Léopold entre 1817 et 1831. Vue partielle. Construite en briques rouges par Ciiristophe Wren en 1709-1710 pour le duc de Mariborough, cette maison a été habitée par le prince Léopold (1817-1831), la reine Adélaïde, veuve de Guillaume IV (depuis 1837), les princes de Galles Edouard (VII), Georges (V) et Edouard (VIII) et la reine-mère Alexandre. Elle est actuellement occupée par la reine Mary, veuve de Georges V. à condition que celui-ci ratifiât la convention élaborée après tant d'efforts. LE TRAITE DES XVIII ARTICLES. - A Bruxelles, les concessions des délégués soulevèrent une dernière tempête. Il put sembler un instant que tout allait être remis en question. Sur le point d'aboutir, le Congrès ne pouvait se résigner à « vendre ses frères ». Les tribunes bondées applaudissaient à tout rompre les orateurs qui exigeaient la guerre plutôt qu'une telle honte. On sifflait les partisans de la résignation. De Paris, une fois de plus, la presse républicaine soufflait sur le feu. Enfin, le 5 juillet, Lebeau prit la parole. Avec une éloquence faite de sa conviction, il montra le sort des XVIII articles liés au sort même de l'indépendance nationale. Sans doute si l'on courait aux armes plutôt que de se résigner à leur adoption, on pouvait espérer le secours de la France. Ce secours provoquerait un conflit européen et la Belgique qui l'aurait déchaîné en serait la victime, car elle n'aurait à attendre, en cas de victoire, qu'une annexion, en cas de défaite, qu'une restauration. Sur cette assemblée que l'union des partis affranchissait de la discipline tyrannique que leur désaccord eût peut-être imposée aux votes, cet émouvant appel au bon sens et au patriotisme fit merveille. L'orateur épuisé se rassit dans le bruit des acclamations. La lumière de la raison dissipait les fumées du sentiment. La cause était gagnée. La discussion se prolongea encore quatre jours à travers des redites. Le 9 juillet, le Congrès ratifiait le texte des XVIII articles par 126 voix contre 70. Une semaine plus tard, le 17, Léopold arrivant de Calais, mettait le pied sur le sol belge à La Panne par un temps splendide. Jusqu'à Bruxelles, il voyagea au milieu de l'enthousiasme populaire, accueilli aux sons de la Brabançonne, passant sous les arcs de triomphe et sous le déploiement des drapeaux tricolores. Seuls, dans les villes qu'il traversa, les hôtels de l'aristocratie et ceux des industriels orangistes témoignaient, par leurs fenêtres closes, de la bouderie de leurs habitants. L'inauguration du roi eut lieu le 21 juillet, sur cette même place Royale qui avait vu se dérouler, quinze ans auparavant, au milieu d'une pompe officielle et glacée, celle de Guillaume I®''. La cérémonie, toute populaire et démocratique, répondit bien au caractère de la « monarchie républicaine » qui y débutait. Au centre de la place se dressait le jeune arbre de la liberté. En face, sur les degrés de l'église Saint-Jacques, on avait élevé un dais au front duquel se détachaient les noms des combats victorieux de la révolution. La blouse bleue des volontaires remplaçait au-dessus du trône les armoiries héraldiques. Reçu par les membres du Congrès, Léopold, revêtu de l'uniforme de lieutenant général de l'armée belge, fut conduit tout d'abord à un fauteuil d'où il assista à la déposition des pouvoirs du Régent. On lui lut ensuite la constitution. Il y prêta serment : une salve de cent un coups de canon annonça au peuple qu'il avait un roi. Il monta ensuite au trône avec une distinction de manières et un calme qui soulignaient la souveraineté que la nation venait de lui HISTOIRE DE BELGIQUE confier. « Belge par votre adoption, dit-il, de sa voix lente et grave, je me ferai aussi une loi de l'être toujours par ma politique. » Il venait de prononcer les paroles auxquelles son long règne devait être fidèle jusqu'au bout. Pendant qu'il se rendait à pied à travers les flots des gardes civiques et du peuple au Palais royal, les membres du Congrès gagnaient le Palais de la nation pour y déposer leur souveraineté avec la même simplicité qu'ils l'avaient prise (38). Leur tâche était accomplie. La constitution élaborée par eux entrait en vigueur. Trois jours après, le roi constituait son premier ministère et convoquait le corps électoral pour la nomination du Sénat et de la Chambre des Représentants. LA CAMPAGNE DES DIX JOURS. - Le 22 juin, Guillaume I®"" avait solennellement déclaré « qu'il considérerait comme son ennemi le personnage qui accepterait la Belgique sans avoir souscrit les bases de séparation ». La Conférence n'avait attaché aucune importance à cette menace. Il ne lui paraissait pas possible que le roi de Hollande s'insurgeât contre la volonté unanime des Puissances. En supposant d'ailleurs qu'il le fît, ce ne serait qu'une incartade sans lendemain. Il était trop tard pour troubler la paix générale puisqu'enfin l'Europe était d'accord sur la reconnaissance de la Belgique. Mais Guillaume savait, d'autre part, qu'il ne risquerait rien en prenant les armes. Vainqueur, / / / ,. ^ j j( g^ Z'*' ci- ' À ir y/- T^tt'/I /c^^Ki ^ Ai. /fer ' (Broadlands, collection comtesse Mountbatten of Burma.) Copie autographe du discours prononcé par le prince Léopold devant les délégués du Congrès National venus lui offrir la couronne du royaume de Belgique (26 juin 1831). Deuxième page. Le texte complet comporte trois pages. Au bas du discours (p. 3) le lieu et la date : « Marlborough House, le 26 juin 1831 ». Le même jour, le prince avertit Palmerston par écrit qu'il lui envoie par même courrier une copie de son discours. Il ajoute : / have. desired the Belgians to keep ail the communications made to them secret till they have been laid before the Congress. Will you try, if you can, induce the Conférence to do the same; it will not be easy. La lettre et la copie du discours sont conservées dans les papiers de Palmerston. Il y a donc eu deux exemplaires manuscrits du discours : le premier rédigé avant l'arrivée des délégués belges, le second après leur départ et à l'intention de Palmerston. (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes.) Léopold-Georges-Chrétien-Frédéric de Saxe-Cobourg-Saaifeld (Cobourg, 1790-Bruxelles, 1865). Le prince est revêtu de l'uniforme de maréchal de l'armée anglaise et porte, entre autres, les insignes des ordres de la Jarretière, de saint André, de Malte et du Mérite. — Portrait gravé en juillet 1817 par Henri Dawe (Kentish Town, 1790-Windsor, 1848) d'après le portrait peint par Georges Dawe (Londres, 1781-Kentlsh Town, 1829). il pouvait espérer replonger dans l'anarchie cette Belgique qu'il voyait avec fureur lui échapper; vaincu, il en serait quitte pour accepter au pis-aller ces XVIII articles qu'il considérait comme une perfidie de la Conférence à son égard. Il se sentait d'ailleurs en mesure de venger sur les Belges ses humiliations de l'année précédente. Il avait reconstitué avec soin son armée et il n'avait pas en vain fait appel à son peuple. La nation hollandaise souhaitait ardemment châtier les « émeutiers » du Sud. Les étudiants des universités avaient formé des bataillons de volontaires. L'ensemble des troupes rassemblées dans le Brabant septentrional sous couleur de protéger la frontière, se montait à cinquante mille hommes, sous le commandement du prince d'Orange assisté de chefs tels que Constant de Rebecque et Bernard de Saxe-Weimar. A ces forces, les Belges ne pouvaient opposer qu'un amas de régiments aussi mal équipés que mal commandés, quelques corps de volontaires indisciplinés, et une garde civique à peine armée. Le Congrès si belliqueux en paroles, n'avait rien fait pour se préparer à la guerre dont il agaçait constamment l'Europe. Les faciles succès remportés en septembre lui faisaient croire que l'enthousiasme révolutionnaire suffirait à mettre l'ennemi à la raison. Se défiant d'ailleurs des officiers de carrière passés à son service, il avait laissé naître et se développer parmi eux un mécontentement dont les Orangistes, on l'a vu, avaient su profiter. Telle était pourtant l'imprévoyance générale, que les conspirations militaires avaient à peine inquiété l'opinion. Rien n'avait été fait, ni pour le moral, ni pour le matériel de l'armée. De plus en plus elle se dissolvait (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes.) Inauguration de Léopold I" sur la Place Royale à Bruxelles, le 21 juillet 1831. La cérémonie est décrite Dar Pirenne (voyez le texte, p. 23). — Selon toute vraisemblance les artistes représentent ici non pas la prestation de serment, mais a dTpositfon des pouvoirs ^ de'chokier. Le prince Léopold n'est pas encore monté au trône. Le personnage aux longs cheveux bouclés un papier à la main, ne peut être que le régent. Aux côtés du prince et dans les tribunes, les membres du Gouvernement et du Congrès National. -Sg^kphie de Jean-Baptiste Mado^ (Bruxelles, 1796-1877) et Paul Lauters (Bruxelles, 1806-1875). Ceux-ci, travaillant d'après leurs souvenirs, ont ^ peut-être interprêté librement certains détails. IV-3 HISTOIRE DE BELGIQUE m f / ffm i We" cette Belgique qu'il était appelé à défendre avant même de la connaître. Il ne savait que trop dans quel désarroi elle se trouvait. Sans hésiter, il demanda aussitôt l'appui de la France et de l'Angleterre en dépit de l'article de la constitution subordonnant l'entrée d'une armée étrangère au vote d'une loi. Les illusions de ses ministres étaient si grandes qu'ils s'opposèrent aussitôt à cette mesure de salut public. L'armée du maréchal Gérard, que Louis-Philippe, trop ravi de l'occasion de se mêler des affaires de la Belgique pour ne pas faire diligence, venait de pousser en toute hâte dans le Hainaut, s'y vit accueillir par les protestations des autorités. Cependant si les Hollandais avançaient sans hâte, ils avançaient à coup sûr. Daine n'avait pas exécuté l'ordre de manœuvrer pour rejoindre Tieken de Terhove. Attaqué le 7, il était le 8 mis en déroute à Hasselt et ses troupes débandées faisaient sur Liège une retraite qui ressemblait à une fuite. Isolée en face d'un ennemi supérieur en nombre, en discipline et en armement, l'armée de l'Escaut était perdue. Le combat qu'elle livra à Bautersem le 11 août n'améliora pas sa situation. Un mouvement tournant de Saxe-Weimar la contraignit le lendemain à se replier sur Louvain. L'ennemi était maître de son sort. Elle le sentait et s'agitait sous son étreinte en mouvements impuissants (Bruxelles, Musée Royal de l'Armée.) (Cliché Bljtebier.) « La réorganisation militaire du jeune royaume... Ce furent des officiers français qui l'accomplirent... » (Voyez le texte, p. 28.) — Portrait de l'adjudant-général Anne-François Mellinet. Après avoir servi dans les armées de la République et de l'Empire, Anne-François Mellinet (Corbeil, 1768-Salnt-Josse [Bruxelles], 1852), rescapé bonapartiste de la bataille de Waterloo, vit en exil à Bruxelles où il collabore à divers journaux. Il participe aux journées de septembre 1830 et commande l'aile droite (la Place Royale) des défenseurs avant de prendre la tête de l'offensive qui libère Malines, Waelhem, Berchem et Anvers. Ce brillant exploit lui vaut une nomination de général commandant la première brigade. Alellinet demeurera au service de l'armée belge après 1830. Alais son idéal mi-républicain mi-anarchiste, son caractère indiscipliné, ses outrances, ses démêlés avec la Justice, ses sympathies pro-communistes ruineront son influence sinon son crédit. A l'âge de quatre-vingts ans, il sera condamné à mort pour avoir comploté contre l'Etat belge en 1848. Gracié, Mellinet mourra dans la misère. — Portrait peint par Jacques-Louis David (Paris, 1748-Bruxelles, 1825), compagnon d'exil de Mellinet. dans le sentiment de son abandon et sous l'influence de la corruption semée dans ses cadres par l'or hollandais. Le ministre de la guerre, le général de Failly, nommé par le Régent et conservé par Léopold, ne se distinguait que par son inertie et son incapacité. Quant à la disposition des troupes, elle était comme faite à dessein pour favoriser l'ennemi. Leur faible effectif de vingt-quatre mille hommes était réparti entre deux armées trop éloignées pour pouvoir se donner la main, la première, dite armée de la Meuse, sous Daine, occupait le Limbourg, la seconde, dite armée de l'Escaut, sous Tieken de Terhove, se groupait autour d'Anvers, dont la citadelle était toujours occupée par le général Chassé. Le 2 août, celui-ci dénonçait brusquement l'armistice conclu au mois de septembre; deux jours plus tard, l'armée hollandaise envahissait la Campine. Elle eut vite fait de repousser les avant-postes de la frontière et, sans doute, si elle avait marché plus rapidement pour séparer les deux armées belges, elle les eût enfoncées sans peine au premier choc. Mais ses recrues manquaient d'endurance et d'élan. C'étaient, disait le prince d'Orange, « des bourgeois fort raisonneurs, habillés en militaires» (39). INTERVENTION FRANÇAISE. ^ Léopold s'attendait si peu à une attaque, qu'il avait commencé tout de suite après son inauguration, à visiter les principales villes du pays. C'est à Liège qu'il apprit le péril qui fondait sur V//V--, (Londres, Public Record Office, Foreign Office, Protocols of Treaties (F.O. 93) n- 14/1.) Signatures des plénipotentiaires au bas du traité définitif des XXIV Articles conclu à Londres le 15 novembre 1831. Le protocole des XXIV Articles avait été signé à Londres le 14 octobre 1831 par les représentants des grandes Puissances. La Belgique y ayant accédé par vote de la Chambre (!«■■ novembre) et du Sénat (3 novembre), Sylvain van de Weyer apposa sa signature au bas du traité le 15 novembre en compagnie de Palmerston (Angleterre), d'Esterhazy et Wessenberg (Autriche), Talleyrand (France), de Biilow (Prusse), LIeven et Matuszewlc (Russie). et confus. La vaillance du roi qui comme un sous-lieutenant s'exposait au feu, plaçait lui-même des pièces en batterie et faillit se faire enlever par la cavalerie hollandaise, élec-trisait les combattants qui le voyaient faire. Mais sur les derrières, la débandade commençait et les routes s'encombraient de fuyards. Sans l'arrivée du maréchal Gérard, les Belges, coupés de Bruxelles, étaient inévitablement forcés de se rendre. Au commencement de l'après-midi, l'apparition de l'avant-garde française faisait cesser le feu. Les Hollandais avaient pour instructions de se retirer devant elle. Des pourparlers courtois réglèrent la fin d'une aventure qui, poussée plus avant, eût pu finir plus mal. L'occupation de Louvain donna une satisfaction d'amour-propre au prince d'Orange. Le jour suivant, ses troupes, suivies à petite distance par les Français, regagnèrent la frontière. Telle fut «la campagne des dix jours» (40). Succès incontestable, et d'ailleurs certain d'avance, pour la Hollande, elle s'achevait pour la Belgique en une déroute honteuse. Le « défaitisme », pour ne pas dire plus, d'une grande partie des officiers (41), l'inexpérience de leurs chefs, l'incroyable insouciance du Congrès et du Régent exphquent ce pitoyable échec sans l'excuser. S'il y eut de nombreux actes de bravoure individuelle, la faiblesse de la résistance fut telle que la marche des vainqueurs ressembla presque à une promenade militaire. Le nombre des tués et des blessés, respectivement 112 et 457 du côté hollandais, 91 et 453 du côté belge, reste bien'au-dessous de celui des journées de septembre. Du moins, la campagne fournit-elle la preuve que le pays ne voulait ni d'une restauration orangiste, ni d'une annexion française. Le prince d'Orange s'attendait à voir les populations acclamer ses troupes : elles les virent passer en silence (42). Les complicités achetées sur lesquelles (Bruxelles, Musée Royal de l'Armée.) (Cliché Bljtebier.) La campagne des Dix Jours (2-12 août 1831). Les Hollandais rejettent l'armée de Daine sur Liège puis se dirigent en direction de Louvain. La présence sur le sol national des soldats français commandés par le maréchal Gérard oblige les envahisseurs à se retirer. — Carte dessinée d'après celle reproduite par A. de A\eeus : Histoire de Belgique illustrée, p. 169. Paris-Bruxelles, 1930, grand in-8». Lit de campagne de Léopold 1®"". Dans le fond, portraits et souvenirs d'officiers polonais en service dans l'armée belge (cf. plus bas, l'illustration de la p. 50). il comptait ne parvinrent à provoquer aucun mouvement. Il n'y en eut pas davantage sur le passage du maréchal Gérard. Et cette persistance du sentiment national au milieu de la défaite, n'en est que plus caractéristique. En arrêtant les troupes hollandaises, la France n'avait agi qu'en mandataire de l'Europe. Mais si Louis-Phihppe ne pouvait songer et ne songeait pas à conserver la Belgique, il était ravi d'autre part du facile succès que ses armes venaient de remporter. Palmerston enrageait de voir Léopold, à peine débarqué de Londres, faire figure devant l'Europe de protégé du roi des Français. Dans sa malveillance, il allait jusqu'à soupçonner le cabinet de Paris d'avoir provoqué l'attaque de Guillaume (43). Il était prêt à tout pour l'empêcher de tirer parti d'une intervention que les circonstances l'avaient obligé à tolérer. Soutenu par l'opinion britannique, il déclarait le 15 août, au Parlement que la guerre éclaterait, si les Français n'évacuaient pas promptement la Belgique. L'armistice conclu par Gérard le 29 avec la Hollande, HISTOIRE DE BELGIQUE ne laissait plus de prétextes pour prolonger l'occupation. Louis-Philippe le rappela en septembre. Il dut renoncer à l'espoir de faire démohr une partie au moins de la barrière des forteresses construites en 1815, sur l'ordre de l'Europe, par le roi des Pays-Bas. Il fallut se contenter là-dessus, d'une promesse de Léopold. Mais il restait à la France le prestige d'avoir victorieusement défendu la neutralité belge, qui cessait d'apparaître ainsi comme tournée contre elle. La réorganisation militaire du jeune royaume se fit aussi à son avantage. Ce furent des officiers français qui l'accomplirent et dont beaucoup, au grand dépit de Palmerston, restèrent au service de la Belgique. Si les événements du mois d'août avaient profité à la France, ils avaient, en revanche, discrédité la Belgique aux yeux du monde. A la Conférence de Londres, on ne y compris les environs d'Arlon, la partie allemande devant revenir au roi de Hollande qui la posséderait à titre de grand-duc et de membre de la Confédération germanique. En compensation des territoires luxembourgeois qu'il perdait, il recevait Maestricht plus toute la portion du Limbourg située sur la rive droite de la Meuse, ainsi que Ruremonde et Venloo. Des stipulations réglaient l'écoulement des eaux belges à travers la Flandre Zélandaise, la libre circulation sur les rivières, la construction d'une route vers l'Allemagne à travers le Limbourg. A titre d'intervention dans la liquidation des dettes des Pays-Bas, la Belgique était astreinte au paiement d'une rente de 8 millions 800,000 florins. Les Puissances la soumettaient enfin au régime de la neutralité perpétuelle sous leur garantie. (Amsterdam, Rijksmuseum.) La citadelle d'Anvers après le siège de novembre-décembre 1832. Tableau peint par Ferdinand de Braekeleer (Anvers, 1792-1883). se faisait pas faute de traiter les Belges de couards et Léopold d'incapable (44). Palmerston s'inquiétait du danger de laisser au pouvoir de ces vaincus, au cas d'une guerre contre la France, des forteresses aussi importantes que Maestricht et Luxembourg. Ainsi l'Angleterre elle-même ne voulait plus des XVIII articles qu'elle avait tant contribué à faire adopter. « Ils ont péri, disait Lebeau, dans les plaines de Louvain » (45). Le roi de Prusse, l'empereur d'Autriche et surtout le tsar à qui l'écrasement de la révolution polonaise laissait les mains libres, travaillaient ouvertement en faveur de Guillaume. Seul Louis-Philippe soutenait encore la cause des Belges. On en arriva à se mettre d'accord le 14 octobre, sur vingt-quatre articles que la Conférence, une fois de plus, et cette fois pour s'y tenir, déclara « décisions finales et irrévocables ». LE TRAITE DES XXIV ARTICLES. - Ils accordaient à la Belgique la partie wallonne du Luxembourg Pour les Belges, c'était tomber de haut. Fallait-il donc se résigner à abandonner ces « frères » des régions hm-bourgeoises et luxembourgeoises que le traité des XVIII articles donnait la possibilité de conserver à la patrie commune ? Mais que faire sinon courber la tête ? Comment oser encore parler de guerre sans se couvrir de honte ? Sur qui compter d'ailleurs en cas de refus ? En France, les républicains se taisaient et le gouvernement se ralhait aux décisions de l'Europe. On se voyait acculé à l'inévitable. Les Chambres, à peine réunies, allaient débuter dans la vie politique en expiant les fautes du Congrès. Elles se résignèrent à sanctionner les résultats de la défaite dont elles n'étaient pas plus responsables que le roi. Le 1°"" novembre, la Chambre des Représentants ratifiait le traité des XXIV articles; le Sénat faisait de même deux jours plus tard. Le 15, Sylvain van de Weyer en signait le texte à Londres avec les plénipotentiaires des cinq cours représentées à la Conférence. I V > (Bruxelles, Musée Royal d'Art Ancien.) (Cliché A.C.L.) Guillaume I" (La Haye, 1772-Berlin. 1843), roi des Pays-Bas de 1815 à 1840 (année de son abdication). Buste de marbre. Œuvre de Christian-Daniel Rauch (Arolsen, 1777-Dresden, 1857). Hauteur : 58 cm. ATTITUDE DE GUILLAUME. ^ Elles avaient compté sur l'adhésion de Guillaume. Mais conséquent avec lui-même, il repoussa un arrangement si différent des bases de séparation acceptées par lui au mois de février et auxquelles il avait résolu de se tenir. L'idée de reconnaître l'indépendance des Belges qu'il venait de battre, était insupportable à l'orgueil de cet entêté. Il ne parlait de leur roi qu'en l'appelant « le Léopold » ou « Monsieur Léo-pold », et il avouait que son gosier se refusait à prononcer le nom de Belgique (46). Au reste, il se sentait encouragé par la sympathie des trois cours du Nord. Devant le résultat « final et irrévocable » de la Conférence, elles éprouvaient maintenant le remords d'avoir pactisé avec le libéralisme et de la « protection qu'elles avaient accordées à une révolution ». Le tsar reprochait à ses plénipotentiaires d'avoir outrepassé leurs instructions en sacrifiant un souverain « étroitement uni à sa maison par des liens de parenté et d'affection ». On oubliait, depuis qu'elles étaient passées, les terreurs provoquées par l'imminence de la guerre générale. Metternich rejetait tous les torts sur la Prusse, qui n'avait pas osé prendre dès le début une attitude assez énergique; « si elle l'eiît fait, cette révolution se serait terminée d'une manière aussi honteuse que les mouvements insurrectionnels qui avaient éclaté à la même époque en Italie ». Mais il était trop tard. On s'était lié les mains. A tout prendre, on avait obtenu l'essentiel en empêchant la France de s'emparer de la Belgique. Sans doute, il était regrettable d'avoir dû consacrer une indépendance révolutionnaire sur les instances des deux Puissances libérales. Guillaume ne pouvait exiger cependant de ses protecteurs qu'ils missent leur épée à son service : ils l'entouraient de bons pro- cédés, empêchaient qu'il ne lui fût fait violence, cherchaient par une insistance touchante et comique à lui faire signer l'odieux traité. Ils n'obtenaient que des rebuffades. Il fallut bien se résigner enfin à abandonner un roi qui se targuait vraiment trop d'une légitimité fallacieuse et parlait de la Belgique comme s'il l'avait recueillie dans l'héritage de ses ancêtres au heu de la tenir de la complaisance de l'Europe (47). Ce qui lui avait été donné pouvait lui être repris. Il en fit l'amère expérience. Lassées de son obstination, l'Autriche et la Prusse se décidaient, le 18 avril 1832, à ratifier le traité des XXIV articles; le 4 mai, la Russie les imitait, tout en formulant quelques réserves. Il ne restait plus qu'à amener la Belgique et la Hollande à s'arranger. La première continuait à occuper le Limbourg et le Luxembourg, la seconde, à maintenir ses troupes dans la citadelle d'Anvers et dans les forts de Lillo et de Liefkenshoek. Ni l'une ni l'autre ne se montraient disposées à traiter. Lord Palmerston intervint, peut-être à la sollicitation de Léopold, pour ouvrir la voie à des négociations. Le « thème » qu'il suggéra fut accepté comme base de pourparlers par le gouvernement de Bruxelles. Pour la première fois, il faisait preuve d'habileté politique. Se doutant bien que Guillaume se déroberait, il tenait à se donner le beau rôle en affirmant son esprit de conciliation. Le général Goblet, chargé le 18 septembre du portefeuille des Affaires étrangères, eut la satisfaction de faire prendre acte par la Conférence, le 1®'' octobre, du refus de négocier du cabinet de La Haye. Il appartenait dès lors à la Belgique de réclamer la garantie des Puissances quant à l'exécution des XXIV articles. Le bon droit était de son côté et l'on ne pouvait plus taxer d'outrecuidance la décision des Chambres de prendre les mesures nécessaires si le statu quo se prolongeait au delà du (Bruxelles, Musée I^oyal de l'Armée.) (Cliché Jacobs.) Bombe de mortier employée au siège d'Anvers (1832). Diamètre : 60 cm.; circonférence : 188 cm., calibre inusité à l'époque. (Château de Complègne.) (Cliché Archives Photographiques.) Mariage de Léopold I®'' et de Louise-Marie d'Orléans célébré dans la salle des fêles du château de Compiègne, le 9 août 1832. L'évêque de Meaux officie. Dans l'assemblée, on reconnaît, entre autres, le roi Louis-Philippe, la reine Marie-Amélie, la princesse Adélaïde, sœur de Louis-Philippe, les ducs d'Orléans, de Nemours et d'Aumale, le prince de Joinville, fils du roi des Français, les princesses Clémentine et Marie, le chancelier Pasquier, le maréchal Souit, etc. Les témoins de Léopold le' étaient les comtes de Mérode et d'Arschot. — La galerie du château de Compiègne possède deux toiles représentant la cérémonie du mariage de Léopold I»"- et de Louise-Marie : l'une de Joseph-Désiré Court (Rouen, 1797-Paris, 1865), exécutée en 1837 et reproduite ci-dessus (dimensions 2,60 m. x 3,94 m.), l'autre de Mathieu Lambert (dimensions : 0,91 m. x 0,44 m.), acquise de M. Coutzen par les musées de France le 26 juillet 1932. La scène représentée par Court a été prise à droite de l'autel, c'est-à-dire l'officiant à gauche de la toile; celle de Lambert, à gauche de l'autel, à l'inverse de la précédente. l.p:' 3 novembre. La réorganisation de l'armée, à laquelle le roi avait poussé de toutes ses forces, leur permettait de parler ainsi. Pour couper court à ce nouveau danger de guerre, la France et l'Angleterre résolurent d'agir sans retard. Dans leur impuissance d'empêcher l'exécution d'un traité qu'elles venaient de ratifier, les trois cours du Nord se confinèrent dans une abstention boudeuse. Le 22 octobre, les cabinets de Londres et de Paris requéraient le roi des Belges et le roi des Pays-Bas de faire évacuer par leurs troupes avant le 12 novembre, les territoires occupés par elles au mépris des stipulations du traité des XXIV articles. En cas de refus du roi des Pays-Bas, l'embargo serait mis en France et en Angleterre sur les vaisseaux hollandais, des croisières arrêteraient tous ceux qui seraient rencontrés en mer et une escadre franco-anglaise bloquerait les côtes de la Hollande. De plus, « si le 15 novembre il se trouvait encore des troupes hollandaises sur le territoire belge, un corps français entrerait en Belgique dans le but de forcer les troupes hollandaises à évacuer le dit territoire » moyennant le désir exprimé par le roi des Belges. SECONDE INTERVENTION FRANÇAISE. - Le 2 novembre, le gouvernement belge donnait l'engagement qu'on lui demandait. Nul n'ignorait que Guillaume refuserait le sien. Il ne restait qu'à sacrifier à son entêtement le commerce hollandais et la garnison d'Anvers. Les représailles maritimes entrèrent en vigueur le 5 novembre. Le 15, un corps français aux ordres du maréchal Gérard franchissait la frontière belge. Le siège d'Anvers commença le 19. Pour bien souligner le caractère européen de l'intervention de la France, il avait été décidé que les troupes belges n'agiraient pas si les Hollandais s'abstenaient de les attaquer. Elles assistèrent en spectateurs aux opérations. Décidé à s'épargner jusqu'aux apparences d'un conflit avec la France, Guillaume avait imposé la même attitude à ses forces massées dans le Brabant septentrional. Le vieux général Chassé était donc condamné à une lutte sans espoir pour le prestige du roi. Le siège d'Anvers ne fut en réalité qu'une cruelle parade d'amour-propre. De commun accord on s'entendit pour épargner la ville. Les Français n'attaquèrent la citadelle que par l'extérieur, et Chassé s'abstint dès lors d'infliger à la population un nouveau bombardement. Le 23 décembre, après une très vigoureuse défense, il signait une capitulation permettant à ses troupes, qui furent internées en France, de sortir de la forteresse avec les honneurs de la guerre. Quelques jours après, Gérard évacuait la Belgique, laissant en possession de Guillaume les forts de Lillo et de Liefkenshoek qui, ne se I ! . r ; trouvant pas sous le commandement de Chassé, n'avaient pu être compris dans la capitulation (48). L'irritation provoquée en Hollande par les mesures maritimes auxquelles l'obstination du roi avait contraint la France et l'Angleterre de recourir, obligea bientôt celui-ci à faire un pas en arrière. Le 21 mai 1833, il se résignait à signer une convention avec les plénipotentiaires des Puissances, par laquelle, moyennant la cessation de l'embargo sur ses navires et la remise en liberté de la garnison d'Anvers, il s'engageait à ne point rouvrir les hostilités contre la Belgique et à laisser l'Escaut entièrement libre « aussi longtemps que les relations entre la Hollande et la Belgique ne seront pas réglées par un traité définitif ». Cet arrangement ne mettait pas le gouvernement belge en possession des forts de Lillo et de Liefkenshoek. Mais par cela même, il lui permettait de continuer à occuper le Luxembourg et le Limbourg. La compensation était trop belle pour n'être pas saisie avec empressement. La situation provisoire qu'elle établissait donnait aux Belges toutes les satisfactions auxquelles l'application des XXIV articles les eût obligés de renoncer. On ne peut supposer que Guillaume ait consenti de tels avantages à ses adversaires pour le vain plaisir de ne pas leur rendre deux petits forts inutiles. Mais buté à sa résolution de ne pas traiter avec eux, il ne pouvait en outre se résigner à croire qu'ils parviendraient à durer. Il les voyait destinés à l'anarchie et à revenir tôt ou tard sous sa couronne. En attendant, il était bien résolu à soutenir plus que jamais les manœuvres des Orangistes. Et qui sait d'ailleurs si une guerre générale ne finirait pas par éclater et par justifier son attitude ? Entre la France et l'Angleterre qui l'avaient si efficacement soutenue, la Belgique se trouvait dans une position très délicate. Il fallait se garder de donner prise au soupçon de pencher vers l'une au détriment de l'autre, et les susceptibilités contradictoires de Londres et de Paris rendaient la tâche assez malaisée. La promesse faite par Léopold à Louis-Philippe de démolir un certain nombre des forteresses bâties en 1815 avait irrité Palmerston aussi bien que les cabinets de Berlin, de Vienne et de Pétersbourg. Le 15 novembre, le jour même de la signature des XXIV articles, une convention, d'où la France était exclue, était présentée à van de Weyer. (New-York, collection Pierpont Morgan.) Louise-Marie-Thérèse-Caroline-Isabelle d'Orléans, fille aînée de Louis-Philippe et première reine des Belges (Palerme, 1812-Ostende, 1850). Le Moniteur universel du 4 août 1832 communiquait : « Le 9 août verra s'accomplir le mariage de S.AI. le roi des Belges avec S.A.R. la princesse Loulse-Alarle-Tliérèse-Carollne-lsabelle d'Orléans... La reine vient de faire demander à Salnt-Cloud notre célèbre peintre Isabey; S.M. a bien voulu le charger de faire le portrait de S.A.R. la princesse Louise. s> Ce portrait exécuté par Jean-Baptiste Isabey (Nancy, 1767-Paris, 1855) représente la princesse vue de profil. Elle porte une robe violette, un fichu de mousseline blanche et, sur ses cheveux, une coiffe de mousseline à rubans violets. Dimensions : 7 1/2x9 inches. Elle limitait la démohtion aux ouvrages de Menin, d'Ath, de Mons, de Philippeville et de Mariembourg. Un article secret substituait le roi des Belges au roi des Pays-Bas dans l'obligation de laisser, en cas de guerre, les troupes des Puissances contractantes occuper les forteresses conservées. Quoique la neutralité et la souveraineté de la Belgique fussent déclarées intactes, il n'en paraissait pas moins qu'on entendait restreindre l'une et l'autre par défiance de la France. Pour Léopold, c'était une humiliation. Il se résigna à y consentir (14 décembre 1831). Au reste, tout cela resta lettre morte. Le pays ne devait plus connaître de guerre avant 1914, et les progrès de l'art militaire rendirent bientôt les vieilles forteresses complètement inutiles. Personne ne protesta quand, en 1860, le gouvernement les fit jeter bas, lors de l'exécution d'un nouveau système de défense nationale appuyé sur Anvers (49). LA BELGIQUE ET LES PUISSANCES ABSOLUTISTES. — Pour enlever à Léopold son caractère exclusivement anglais, il avait été entendu entre les cabinets de Londres et de Paris, qu'il épouserait une princesse française. Son mariage avec la fille aînée de Louis-Phihppe, Louise-Marie d'Orléans, fut célébré en grande pompe à Compiè-gne le 9 août 1832, dernière et suprême affirmation de l'entente franco-anglaise qui avait imposé aux Puissances absolutistes l'indépendance de la Belgique. Elle n'était pas de nature à diminuer leur mauvaise humeur et elles ne se firent pas faute de la manifester. L'occupation de la citadelle de Luxembourg par des troupes prussiennes, au nom de la Confédération germanique, fit naître, entre le général commandant la place et les autorités belges qui occupaient le reste du territoire, des incidents assez vifs. Le drapeau belge fut abattu dans plusieurs communes; en 1832, le gouverneur de la province fut enlevé par des bandes à l'instigation de Saxe-Weimar. En 1835, un conflit plus grave surgit de la prétention émise par le gouvernement de Berlin d'empêcher la construction d'une ligne de défense contre la Hollande, entre Anvers et Has-selt. Grâce à l'intervention de la France et de l'Angleterre, toutes ces brimades firent plus de bruit que de mal (50). La malveillance prussienne trouvait d'autre part des occasions ou des prétextes de se manifester dans l'intérêt passionné avec lequel les catholiques belges suivaient les péripéties qui mettaient aux prises, dans les provinces rhénanes, le cabinet de Berlin avec l'Eglise. Leur presse applaudissait bruyamment aux revendications de leur coreligionnaires demandant la « liberté comme en Belgique ». Des paroles imprudentes étaient reprochées aux autorités ecclésiastiques. Von Arnim, le ministre prussien à Bruxelles, accusait le clergé belge de vouloir fomenter une révolution en Allemagne. Les rêveries de Bartels, de de Potter et de ses amis sur la constitution d'une fédération républicaine de la Belgique et de la Rhénanie lui semblaient l'indice d'un complot démagogique, et il dénonçait Bruxelles comme « le point de réunion des révolutionnaires et des réfugiés politiques de tous les pays ». La violente campagne des journaux catholiques, lors de la l'arrestation, en 1837, de l'archevêque de Cologne, Mgr Droste von Vischering, contre l'absolutisme prussien, déchaînait par contre-coup la presse protestante contre la Belgique. Le ministère était assailli de remontrances et, pour la première fois, obligé de répondre par un non possumus constitutionnel aux demandes de refréner la liberté de la presse et de la parole (51). Et à cela s'ajoutaient les déclamations de Maurice Arndt et des patriotes germaniques contre l'abominable révolution qui avait arraché à l'Allemagne, grâce aux intrigues de la France, un pays sur lequel elle possédait des droits historiques et que le caractère teutonique de la langue flamande l'obligeait à revendiquer comme sien (52). L'Autriche n'était guère mieux disposée que la Prusse. En 1832, elle n'avait pas encore daigné envoyer un ministre à Bruxelles et Léo-pold se plaignait à Metter-nich de «l'interdit que l'on a mis sur la Belgique» (53). Il n'eut pas à se féliciter du représentant qui lui arriva de Vienne, le comte de Dîe-trichstein, fougueux conservateur, aristocrate insolent, qui se permettait de faire des scènes aux ministres et au roi lui-même, s'abstenait avec ostentation de paraître à la célébration des fêtes nationales et pactisait publiquement avec les Oran-gistes (54). Si gênant qu'il fût, ce mauvais vouloir n'était pas dangereux. Sauf le roi de Hollande, tout le monde redoutait trop la guerre pour qu'il en pût être question autrement qu'en paroles. Et (Marbaix-Ia-Tour, château de La Pasture, collection baron P. Oendeblen.) (Cliché Bljtebler.) Portrait de circonstance d'Alexandre Gendebien (Mons, 1789-Bru-xelles, 1869) dessiné peu après sa «mort politique», provoquée par les traités de 1839. En mars 1839, Alexandre Gendebien prononça un Important discours i la tribune de la Chambre des Représentants. 11 y justifiait son hostilité au projet de traités avec la Hollande et les Puissances (380.000 fols non au nom des 380.000 Belges sacrifiés à la peur) et faisait part à ses collègues de son intention d'abandonner la vie politique si la Chambre votait le projet. Voici les derniers mots de la péroraison : «... et si un jour mes enfants viennent vous demander asile et protection, vos enfants les recevront en frères, et leur serrant la main, ils se diront : « Ce sont les fils de celui qui a, des premiers, travaillé à notre Indépendance et qui s'est condamné à une mort politique plutôt que de consentir à notre déshonneur. » — Un admirateur de Gendebien, A. Duhamel, a dessiné à la plume le portrait de l'homme d'Etat et retranscrit le texte intégral du discours en caractères minuscules. Ce texte recouvre entièrement la feuille, tout son encadrement et l'ovale bordant le portrait. Tous les motifs décoratifs sont également constitués par les mots du discours. il n'y avait pas plus de chances de la voir éclater à l'intérieur que sur les frontières. Les subventions versées aux Orangistes l'étaient en pure perte. Leur impopularité s'attestait en 1834 par la brutale réaction que le peuple de Bruxelles opposait à leurs menées. GUILLAUME ACCEPTE LES XXIV ARTICLES. — Guillaume finit par comprendre qu'il se leurrait en comptant sur l'anarchie ou sur une conflagration européenne pour lui rendre la Belgique. Les dépenses militaires que son expectative obstinée imposait à la Hollande lui valaient une impopularité croissante. La menace des Etats-Généraux de refuser le budget l'eût couvert d'une telle confusion qu'il se décida brusquement à franchir le pas. Le 11 mars 1838, il faisait connaître à Londres son intention de signer le traité des XXIV articles. Cette déclaration inattendue et à laquelle pourtant ils auraient dû s'attendre, plongea les Belges dans une stupeur qui tourna tout de suite à l'indignation. En cédant à l'Europe, Guillaume faisait de nouveau de l'Europe l'arbitre de leur sort. Ce qui était pour lui une cruelle humiliation était pour eux un déchirement bien plus cruel encore. Ils s'étaient si bien accoutumés au provisoire qu'ils le considéraient comme définitif. La perspective de se séparer des Luxembourgeois et des Lim-bourgeois, qui s'étaient soulevés comme eux, avaient siégé comme eux au Congrès, avaient fait avec eux la constitution, étaient représentés au même titre qu'eux dans les Chambres, dans l'administration et jusque dans le ministère, leur apparaissait monstrueuse et inique. Monstrueuse, puisqu'elle foulait aux pieds le droit sacré des citoyens de disposer d'eux-mêmes; inique puisqu'elle allait con-condamner quatre cent mille catholiques à repasser sous le joug d'un souverain ou, pour employer le langage d'alors d'un despote protestant (55). Comme aux premiers jours de la révolution, la passion patriotique ranimait la passion républicaine et la passion religieuse. Les républicains s'efforçaient de soulever le peuple des villes, le clergé, celui des campagnes. Le duc de Beau fort s'emportait jusqu'à dire qu'on lâcherait la foule contre les ministres s'ils cédaient (56). Le journal Le Belge excitait l'armée à désobéir à ses chefs (57). La fureur poussait les uns à exiger l'invasion de la Hollande; les autres assuraient que les soldats catholiques de la Confédération germanique refuseraient de tirer sur les Belges. Soit pour contenter l'opinion, soit pour influencer la Conférence, le gouvernement mettait l'armée sur pied de guerre, faisait acheter des chevaux, prenait des officiers polonais à son service. Les protestations des Limbourgeois et des Luxembourgeois, les pétitions dont ils inondaient le Parlement surchauffaient encore une exaspération d'autant plus contagieuse qu'elle s'inspirait de sentiments plus généreux et plus sincères. Au milieu de la confusion générale, les Orangistes faisaient chorus avec les républicains (58), si bien que l'on pouvait se demander si le trône lui-même n'allait pas sombrer dans la crise. Deux ministres épouvantés, démissionnaient. Pour profonde et générale qu'elle fût, cette agitation n'en était pas moins sans issue. L'Europe opposait cette fois un front unique aux objurgations des Belges. Louis-Phihppe avait fait vainement à La Haye une démarche officieuse pour amener Guillaume à se désister du Lim-bourg et du Luxembourg. La défiance qu'il avait réveillée chez Palmerston l'avait tout de suite amené à récipiscence. On ne pouvait donc compter sur le roi des Français, et de la France elle-même, oii leur impuissance contraignait maintenant les républicains au silence, pas un appui à attendre. Inutilement Léopold suppliait sa nièce, la reine Victoria, d'intervenir. Il n'en recevait que des conseils de soumission et dans son dépit il parlait d'abdiquer. L'unique concession de la Conférence, celle de réduire à 5 millions de florins le montant de la rente prévue par le traité des XXIV articles, faisait mieux ressortir sa résolution de ne pas céder sur tout le reste et apparaissait à bien des gens comme un outrage. L'outrance des discours prononcés aux Chambres irritait les Puissances. Le roi de Prusse et l'empereur d'Autriche rappelaient leurs ministres de Bruxelles. Palmerston lui-même perdait patience et menaçait de laisser occuper le Limbourg et le Luxembourg par les troupes de la Confédération germanique. LA CRISE DE 1838. — Le discours du trône en affirmant, le 13 novembre 1838, que les droits du pays seraient défendus « avec persévérance et courage », fit croire ou laissa affecter de croire que le roi irait jusqu'à tirer l'épée. Quelques jours plus tard, la Conférence lui répondait par son protocole du 6 décembre, déclarant pour la dernière fois que ses décisions étaient irrévocables. Le 1°'' février 1839, Guillaume y donnait son adhésion, passant ainsi du côté des Puissances dont il avait si longtemps repoussé les avances. Dès lors, la situation de la Belgique devenait bien plus mauvaise qu'elle ne l'avait été sept ans auparavant lorsqu'elle avait rejeté les bases de séparation admises par Guillaume. Aujourd'hui, en effet, c'était un traité accepté par elle qu'elle refusait d'accomplir parce que, contre son attente, la partie adverse s'y ralliait. L'acquiescement de Guillaume la plaçait en face de cette alternative : ou céder, ou se préparer à tenir seule tête à toute l'Europe. Le 19 février, le comte de Theux déposait sur le bureau de la Chambre un projet de loi ratifiant l'odieux traité. Durant quinze séances, un débat furieux mit aux prises le ministère et une opposition exaspérée. Gendebien, au milieu des acclamations, déposait son mandat de député, plutôt que de consentir à l'abandon de tant de compatriotes « sacrifiés à la peur ». Un de ses collègues fut frappé d'apoplexie au moment où il se déclarait pour l'inévitable. Mais les industriels, les gens d'affaires et les gens d'ordre aspiraient à la fin d'une crise qu'ils accusaient de ruiner le pays. Quantité de conseils communaux pétitionnaient pour l'acceptation. La décision de la Chambre était certaine d'avance. Le 19 mars, un vote de résignation adoptait le projet du gouvernement par 58 voix contre 42. Les traités définitifs de la Belgique avec les Puissances et la Hollande furent signés à Londres, le 19 avril suivant (1839); c'en était fait. L'Europe sanctionnait la dissolution de ce royaume des Pays-Bas qu'elle avait créé en 1815 et l'existence du nouvel Etat qui prenait place sur la carte. Il devait rester jusqu'à la paix de Versailles, dans sa neutralité et dans son territoire, tel qu'elle venait de le reconnaître, sinon tout à fait tel qu'il avait prétendu s'imposer à elle. On aboutissait en somme à une transaction. Guillaume n'obtenait pas les bases de séparation; la Belgique renonçait à la moitié du Luxembourg et à toutes les terres hmbourgeoises de la rive droite de la Meuse. IJI HISTOIRE DE BELGIQUE NOTES Joseph II de constituer la Belgique en Etat indépendant au profit du duc de Deux-Ponts, voy. Histoire de Belgique, t. (1) Ce chapitre ne donne qu'un croquis sommaire des faits dont il me suffit de rappeler que l'on trouvera l'exposé détaillé d'après les sources dans les ouvrages excellents de F. De Lannoy, Histoire diplomatique de l'indépendance belge (Bruxelles, 1930) et de A. De Ridder, Histoire diplomatique du traité du 19 avril 1839 (Bruxelles, 1920). (2) Voy. dans Colenbrander, Gedenkstukken der algemeene geschiedenis van Nederland, van 1795 tôt 1840, 10" partie, t. III, p. 451, ses curieuses confidences à Gourieff. Il voudrait établir entre la Hollande et la Belgique des relations analogues à celles de la Russie et de la Pologne, ou de la Suède et de la Norvège. Il accorderait alors au prince d'Orange la vice-royauté de la Belgique « qui prendrait le titre de royaume de Bourgogne ». JVlais il repousse toute idée d'un Etat belge séparé, même sous un prince de la maison de Nassau. (3) J. Lebeau, Souvenirs personnels, p. 201 (Bruxelles, 1883). (4) Revue des Deux-Mondes, 1910, t. LVI, p. 336. (5) Voy. Histoire de Belgique, t. V, 2« édit., pp. 472 et suiv. (6) C'est ce que Kaunitz^avait fort bien compris en 1787 lors du projet de at indépendan V, 2' édit., p. 232. (7) Gedenkstukken, loc. cit., t. III, p. 423. (8) Ibid., t. II, p. 69. (9) Huyttens, Discussions du Congrès national, t. I, p. 645, t. II, pp. 20, 195. Il fut encore question dans le public des candidatures d'Achille Murât, fils de l'ex-roi de Naples, du duc de Lucques, de Gustave de Suède et du roi de Saxe. (10) D'après Stuart, l'ambassadeur anglais à Paris, Gendebien aurait suscité la candidature de Leuchtenberg dès avant le 1®"' novembre 1830. Gedenkstukken, loc. cit., t. Il, p. 92. (11) Il était le fils aîné d'Eugène de Beauharnais et d'Amélie, fille du roi de Bavière, qui, à la mort de Napoléon I»', l'avait fait duc de Leuchtenberg. Il servait dans l'armée bavaroise. D'après Thureau-Dangin, Histoire de la monarchie de juillet, t. I, p. 175, son nom aurait été mis en avant par le duc de Bassano. Il mourut en 1835, quelques jours après avoir épousé la reine de Portugal. (12) Une lettre de Wallez à de Celles (de Guichen, La Révolution de 1830, p. 302) exprime bien les sentiments de ceux que l'on appelait les Nemouriens : « Tout autre arrangement nous ramène les Nassau, et ceux qui spéculent sur nos divisions intestines pour nous jeter dans les bras de la France moyennant une réunion sans aucun pacte, seront déçus dans leur espoir. La nation ne veut pas de cette fusion qui, entre autres fléaux, nous ferait tomber des nues de sauterelles d'Egvpte sous forme de fonctionnaires et d'employés, le rebut des tribunaux de Paris, plus un système intolérable de centralisation, d'entraves politiques et religieuses, en un mot les vexations et les avanies hollandaises par une nation plus puissante. » il faut remarquer cependant qu'en deux points du pays, autour de Verviers et de Mons, des industriels, par espoir de se procurer le marché français, firent pétitionner en janvier pour une réunion à la France. Voy. Huyttens, Discussions, t. 11, pp. 27, 66, 70, 80, 102, 131, 145, 182. (13) D'après Tallevrand, Mémoires, t. IV. p. 486, lord Grey en aurait été le véritable auteur. Palmerston fit auprès de Guillaume des démarches pour l'amener à abandonner à Orange la souveraineté de la Belgique, mais il ne put vaincre l'obstination du vieux roi, que la proclamation de son fils ne fit qu'exaspérer. Gedenkstukken, loc. cit., t. 111, pp. 451 et suiv. Cf. Ibid., p. 38. La proclamation était assez habile. Orange venait, disait-il, se placer devant la nation belge, et assurait l'Eglise de son appui, mais il insistait trop sur les Puissances et ne disait pas un mot de la constitution. Son effet fut seulement d'attirer l'attention du Congrès sur le péril orangiste et de hâter l'élection d'un roi. Le lendemain du jour où elle avait paru, le congressiste Alac Lagan était rappelé à l'ordre pour avoir proposé la candidature d'Orange. Le 7, son collègue, P. de Ryckere, qui avait jadis voté l'exclusion des Nassau, donnait sa démission, convaincu qu'il était, disait-il, que la seule solution pour sortir du gâchis était le choix du prince d'Orange. Huyttens, Discussions, t. 11, pp. 147, 196. (14) Gedenkstukken, loc. cit., t. IV, pp. 416, 419, 423. Le gouvernement de La Haye envoya 40,000 florins à un agent. (15) Huyttens, Discussions, t. III, p. 115. (16) Gedenkstukken, loc. cit., t. IV, p. 424. (17) Voyez les très intéressants détails fournis par les Gedenkstukken, loc. cit., t. IV, pp. 423 et suiv., 434, 474. Cf. C. Buffin, Documents inédits sur la Révolution belge (Bruxelles, 1910), t. I, p. 316, t. II, p. 372. (18) Sur cet aventurier originaire de Charleville et établi à Liège comme médecin au moment de la révolution de 1830, voy. une curieuse notice d'Ad. Djubois], dans la Flandre judiciaire du 15 décembre 1897. (19) La grande prospérité industrielle de Gand sous le régime hollandais v avait, par les fabricants, généralisé l'orangisme dans la bourgeoisie. En décembre 1830, la Société industrielle y avait organisé un pétitionnement contre le « morcellement » du pays. P. Claeys, Histoire du théâtre à Gand, t. II, p. 365. (20) D'après Gendebien, il aurait entrepris plus de cinquante membres du Congrès. Huyttens, Discussions, t. III, p. 208. Sur son attitude voy. les curieux détails publiés par A, De Ridder dans la Revue Catholique des idées et des faits, 29 novembre et 6 décembre 1929, où il se disculpe du reproche d'avoir travaillé pour Leuchtenberg. (21) Voy. l'article du comte H. d'Ursel sur la candidature du duc de Leuchtenberg, dans la Revue Catholique des idées et des faits, 1929, pp. 7 et suiv. (22) Sur les intrigues de Bresson voy. Gedenkstukken, loc. cit., t. II, pp. 156, 166, et surtout, dans les Mémoires de Guizot, t. VIII, p. 206, la lettre qu'il lui écrivit en 1844 pour expliquer sa conduite. « J'ai pris sur moi, dit-il, une immense responsabilité : j'ai fait élire M. le duc de Nemours, et je n'hésite pas à reconnaître que je l'ai fait sans l'assentiment du roi et de son ministre. » (23) Expression de Lebeau, Souvenirs, p. 120. (24) Lebeau, Souvenirs, p. 126. (25) Belllard, Mémoires, t. Il, p. 225. (26) A. Warzée, Essai historique et critique sur les journaux belges (Gand, 1845), p. 203. (27) Gedenkstukken, loc. cit., t. III, p. 671. (28) Sur ce mouvement, voir surtout une curieuse lettre de l'Oranglste Charles Morel, l'un des directeurs de la Société Générale, dans Gedenkstukken, loc. cit., t. IV, pp. 47 et suiv. Add. Ibid., pp. 423, 432, 434, 469. 11 semble (p. 481) que Ponsonby était d'accord avec ses organisateurs. Le but était de ramener le pays au roi sous le régime de la séparation administrative. (29) Gedenkstukken, loc. cit., t. IV, p. 479. (30) Ibid., p. 439. (31) Huyttens, Discussion, t. III, pp. 6, V, 172; Gedenkstukken, loc. cit., t. III, p. 472. Sur la participation de Gendebien à sa formation, voy. Jules Gar-sou, Alexandre Gendebien, sa vie, ses mémoires (Bruxelles, 1930). (32) Elle avait pris pour modèle l'Association nationale créée à Paris dans les derniers jours du ministère Laffitte par les « patriotes », pour combattre à outrance l'étranger et les Bourbons. Thureau-Dangin, Monarchie de juillet, 2« édit., t. I, p. 415. (33) E. de Guichen, La révolution de 1830, p. 373. (34) Sur ces projets de partage, dont aucun ne prit naturellement une forme officielle, voy. Delannoy, op. cit., pp. 162 et suiv. Cf. Gedenkstukken, loc. cit., t. II, p. 462. Voy aussi H. L. Buiwer, Life of Palmerston, t. II, 2» édit. (Londres, 1870), p. 69. (35) Histoire de Belgique, t. V, 2" édit., p. 438. (36) Lebeau, Souvenirs, p. 280, dit qu'à ce moment le parti républicain et le parti français se confondent. Cf. Ibid., pp. 299, 302, 309. (37) Les bases de séparation assignant à la Hollande son statut national de 1790 n'avaient pu lui attribuer ces enclaves qu'elle ne possédait pas alors. Elle ne les obtint que par un traité avec la France, le 5 janvier 1800. C'est ].-B. Nothomb, qui s'avisa de cette particularité qui avait évidemment échappé à l'attention de la Conférence. En Interprétant le texte des bases dans sa lettre sinon dans son esprit, il fournissait l'échappatoire que tout le monde désirait. (38) Le Congrès ne fut d'ailleurs dissous, comme assemblée législative, que le jour de la réunion des Chambres. (39) Gedenkstukken, loc. cit., t. III, p. 480. (40) Sur cette campagne, voy. surtout : P.-A. Huybrecht, Histoire politique et militaire de la Belgique, 1830-1831 (Bruxelles, 1856); J. den Beer Portu-gael. De tiendaagschi veldtocht (La Haye, 1906); A. Martinet, Léopold I" et l'intervention française en 1831 (Bruxelles, 1905). (41) Le 9 août, le prince d'Orange écrit qu'on a trouvé des écharpes oranges dans les coffres de Daine, den Beer Portugael, op. cit., p. 437. (42) Le 4 août, il croyait que 13,000 hommes armés allaient se déclarer pour lui entre Liège et Verviers, Ibid., p. 435. (43) Buiwer, loc. cit., p. 97. (44) Buiwer, loc. cit., p. 101. D'après la lettre de Palmerston qu'il publie, Talleyrand aurait profité de la déroute des Belges pour les déclarer Incapables de maintenir leur indépendance et indiquer que la meilleure solution serait le partage de leur pays entre la France, la Prusse et la Hollande et l'érection d'Anvers en port franc. (45) L. Hymans, Histoire parlementaire de la Belgique, t. I, p. 487. (46) Gedenkstukken, loc. cit., t. III, pp. 494, 539, 405. Au mois d'avril 1832, Léopold ayant fait envoyer en Hollande des tableaux appartenant à Guillaume qui se trouvaient au château de Lael ' des Flamands sous l'exploitation de la France et de l'Angleterre (25). L'Eglise n'était pas mieux traitée. A Gand, le journaliste Lebrocquy appelait la population aux armes contre « les prêtres hypocrites et vindicatifs » qui la dominaient : « il ne s'agit pas d'une lutte de parti à parti; vous avez à défendre la civilisation contre la barbarie » (26). Il faut sans doute expliquer ces outrances par l'exaspération de folliculaires enragés de leur fiasco. Comme l'argent qui les payait, tous leurs efforts se dépensaient en pure perte. A la distance oii l'on est aujourd'hui de ces fureurs, on se rend clairement compte de leur échec. En attaquant à la fois les cathohques et les libéraux, les Orangistes se condamnaient à ne parler que pour eux-mêmes. Au Parlement, ils renforçaient contre eux l'union des partis qu'ils injuriaient l'un et l'autre. Parmi le peuple, soumis à l'influence du clergé, leur propagande et leurs complots ne pouvaient aboutir qu'à des réactions brutales. Au mois d'août 1831, à Tournai, les ouvriers et les petits bourgeois menaçaient de les pendre à la lanterne (27). La manifestation assez innocente organisée en 1834 pour racheter les chevaux du prince d'Orange mis en vente lors de la hquidation du séquestre du domaine de Ter-vueren, provoqua en mars un sursaut de fureur à Bruxelles. Le peuple saccagea plusieurs hôtels de nobles compromis par leur souscription, sous le regard des troupes qui les laissèrent faire (28). Il put sembler un moment que les masses, excitées par des agitateurs étrangers, allaient tourner leur rage contre les industriels et les capitalistes qui, aux yeux de beaucoup, se confondaient avec les Orangistes. La colère des ouvriers, que ceux-ci avaient imprudemment déchaînée, se reportait sur eux. Dans leur espoir de fomenter l'anarchie, il leur était arrivé de prôner la répubhque, et voilà que les républicains descendaient dans la rue et les débordaient (29). A la suite de cette alerte, on surprend parmi eux les traces significatives d'un découragement auquel contribua sans doute la loi que les Chambres se décidèrent enfin à voter le 25 juillet 1834 contre les menées orangistes. L'année suivante, des chefs du mouvement avouaient à Loebell qu'ils ne comptaient plus que sur une guerre générale pour réussir (30). La société orangiste Le Lyncx d'Anvers, qui comptait cent soixante-dix membres en 1833, n'en conservait qu'une vingtaine en 1837. A cette date, le plus important des journaux du parti. Le Messager de Gand, n'avait pas plus de six cents abonnés, et son rédacteur en chef Lebrocquy reconnaissait que décidément « nous avions contre nous le peuple, cet élément indispensable des révolutions et des contre-révolutions modernes» (31). L'assaut suprême que les Orangistes, alliés aux républicains, risquèrent à la faveur de la crise de 1839, devait échouer comme toutes les tentatives des partis qui ne comptent plus pour se sauver que sur l'anarchie. Vainement, ils essayèrent de pousser la garnison de Bruxelles contre les Chambres, vainement ils secondèrent la propagande de Bartels parmi les restes de la démocratie catholique, vainement ils soutinrent les efforts de Jacob Kats au sein des meetings ouvriers réunis par lui à Gand et à Bruxelles. Tout cela n'aboutit qu'à la condamnation des deux agitateurs, délaissés dans la défaite par ceux qui les avaient poussés en avant (32). Désormais, si l'orangisme végète encore pendant quelques années, il cesse de compter comme facteur politique. Ses derniers adhérents ne lui restent plus fidèles que par point d'honneur. A partir du règne de Guillaume II, le gouvernement de La Haye, convaincu enfin de leur impuissance leur retire son appui (33). L'Angleterre d'ailleurs poussait le roi à les abandonner. Le dernier de leurs complots, qu'ils machinèrent en 1841, l'affaire des paniers percés, sombra dans le ridicule (34). Ils reçurent encore de La Haye, en 1842, une somme de 13,800 florins qui furent répartis entre les agents nécessiteux du parti (35), mais il semble bien que ces secours ne durèrent plus longtemps. L'heure de la liquidation avait sonné. Au fond, c'est le peuple qui, par son indifférence, avait amené l'échec des républicains, qui provoqua aussi, par sa résistance, celui des Orangistes. Il fit la sourde oreille aux excitations des uns et s'insurgea contre les machinations des autres, si bien qu'en définitive il affermit et stabilisa le régime né de la révolution. La bourgeoisie libérale et le clergé avaient triomphé grâce à lui en 1830 : (Paris, Bibliothèque Nationale, Cabinet des Estampes.) Léopold en 1832. Lithographie d'Antoine Maurin (Perpignan, 1793-Parls, 1860) imprimée à Paris chez Lemercier, signée et portant la date 1832. aura une armée qui, s'il le fallait de nouveau, ralliée autour de son roi, saurait défendre avec honneur, avec succès, l'indépendance et les droits de la patrie. » Le Parlement était exhorté à ne point refuser au gouvernement les ressources nécessaires à la sécurité du territoire, à prendre des mesures en vue de combattre la crise « que le pays a dii traverser pour arriver à sa régénération politique », et à voter les projets de loi qui, développant les principes posés dans la constitution, feront jouir les Belges « d'une plus grande somme de liberté qu'aucun autre peuple d'Europe ». Quant à la situation internationale, il était impossible d'en parler sans exprimer à la France la reconnaissance d'un peuple qu'elle venait de défendre. On ne peut s'empêcher pourtant de croire que Louis-Philippe n'avait pas été étranger à la rédaction un peu sibylline d'une phrase où son futur gendre émettait l'espoir que les Puissances, par leur consentement à la démolition de quelques-unes des forteresses bâties en 1815, donneraient un gage éclatant de leur juste confiance dans la loyauté du roi des Français. Peut-être ce langage n'était-il pas tout à fait celui du souverain d'un Etat neutre. Mais peut-être aussi était-ce une habileté que d'affirmer des sympathies qu'il ne tenait qu'à l'Europe de rendre moins exclusives. Par leur pouvoir comme par leur composition, les deux Chambres qui débutaient dans la vie pohtique étaient bien différentes du Congrès. Celui-ci avait été l'organe de la souveraineté nationale : elles n'étaient que des assemblées législatives. Le pouvoir exécutif, que le Congrès avait délégué à ses comités, appartenait désormais au roi, représenté en face d'elles par ses ministres. Enfin, la divi- c'est grâce à lui aussi qu'ils purent édifier la Belgique moderne. LE PARLEMENT ET LES PARTIS. — Le 26 juillet 1831, cinq jours après son inauguration. Léopold I" convoquait le corps électoral pour le 29 août. L'invasion du pays ne fit rien changer à ces dispositions. Les élections eurent lieu à la date fixée, et le 8 septembre s'ouvrait à Bruxelles la première session du Parlement belge. Le Sénat et la Chambre des Représentants s'étaient réunis en séance plénière pour entendre le discours du Trône. La simplicité voulue de ses termes, sans cacher la gravité des circonstances, affirmait la confiance du roi dans l'avenir. Une sobre allusion à la malheureuse campagne des dix jours — événement récent dont on s'est trop exagéré les conséquences — y faisait mieux ressortir la netteté de cette déclaration destinée, moins peut-être à rassurer la nation qu'à l'édifier sur l'énergie et l'activité de son chef : « Dans peu de jours, la Belgique (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes.) Caricature de Léopold I®'' et de ses ministres (vers 1831-1832). (Règne animal) n' 2. Théodoric I" devant sa plate-bande. Léopold I", agenouillé au centre, est affublé d'oreilles d'âne; ses ministres, de têtes de chat, de porc, de loup, de homard... Le porc est revêtu de la soutane, le veau porte un collet d'ecclésiastique. Devant le roi, étalés sur la « plate-bande », une série de dossiers : Camp Diest, Louvain 12 août (allusions à la Campagne des Dix Jours), Constitution violée, officiers français, manufactures et industries anéanties, 60000 pétitions sans réponse, Enfants trouvés sans nourrice, mendicité, pillages impunis, 48 mi-lions (sic) Rotschild, etc. Sous l'image, le texte : Conseil des Ministres. — Gouvernement à bon marché. — Caricature anonyme et non datée extraite d'un recueil factice intitulé Album de la Révolution de 1830, vol. 6, p. 115. (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Médailles.) « Dans les loges maçonniques... on ne conçoit l'Eglise que comme une Institution acharnée à rétablir l'Ancien Régime...» (Voyez le texte, p. 41.) - Portrait en médaille d'Eugène Defacqz, grand-maître de la franc-maçonnerie. Au droit (à gauche), buste d'E. Defacqz. Légende : EUGENE DEFACQZ QR[AND] .-. MAIT[RE] . -------------------------- —--------- ■ symboles ma MAÇONNIQl (Anvers, 1810-Bruxelles, 1860). Diamètre signé 30 mm. -Joseph sion du Parlement en deux assemblées distinctes, le Sénat et la Chambre des Représentants, lui enlevait ce caractère de convention nationale qui avait été si frappant dans le Congrès. Quant à ses membres, si deux tiers d'entre eux environ avaient déjà siégé au Congrès, ce n'était plus tout à fait des mêmes électeurs qu'ils tenaient leurs mandats. Au mois de novembre 1830, le Gouvernement provisoire avait donné le droit de vote à tous les citoyens payant un cens de vingt à cent florins et, indépendamment du cens, aux adeptes des professions libérales dont l'exercice lui avait semblé une garantie de capacité politique. Le Congrès, cependant, que ces « capacitaires » avaient contribué à nommer, s'était défié d'eux. L'indépendance des votes ne lui avait paru assurée que par l'indépendance économique, et comme le cens seul pouvait attester cette dernière, c'est donc du cens qu'il fit dépendre exclusivement le droit électoral (36). Au reste, en l'abaissant au profit des campagnes, il le rendit plus facilement accessible. De quarante-six mille qu'il avait été en 1830, le nombre des électeurs était passé à cinquante-cinq mille au mois de septembre 1831. Comme pour le Congrès, aucune condition de fortune n'était exigée des membres de la Chambre des Représentants, qui recevaient une indemnité de deux cents florins pendant les sessions. En revanche, l'obligation imposée à ceux du Sénat de payer mille florins d'impôts directs, réduisait le nombre des éligibles à six ou sept cents personnes, pour la plupart grands propriétaires fonciers appartenant à la noblesse. Ainsi, les deux Chambres du Parlement différaient uniquement par le degré de fortune de leurs membres. La moyenne dominait dans la première, la grande dans la seconde. Si la noblesse fournissait presque exclusivement le Sénat, ce n'était là qu'une conséquence de sa richesse. Jamais Parlement n'avait été et ne fut plus strictement censitaire que le Parlement belge. Le grand nombre des fonctionnaires qui siégeaient dans la Chambre des Représentants n'y siégeaient point en vertu de leurs fonctions. Elles n'avaient fait que les recommander au choix des électeurs. L'originalité du Congrès avait consisté dans l'absence des partis. Ce fut aussi celle des Chambres de 1831. Non point sans doute qu'il ait existé au sein du corps électoral une impossible communauté d'opinions. Le contraste de celles -ci était au contraire très tranché. Ce n'est pas l'unanimité, c'est l'union des citoyens qui les empêcha d'entrer en conflit. Il arriva très souvent que les choix des électeurs furent déterminés par les convictions catholiques ou libérales des candidats. Mais ce fut là simple affaire de propension individuelle. On ne voit pas ni que les élus se soient réclamés d'un programme de parti, ni que les électeurs leur aient donné mandat d'en défendre un. Tout ce qu'on leur demandait, c'était une adhésion sans réserves à la constitution et à l'indépendance nationale. A Gand, un groupe d'Orangistes qui risqua de se présenter n'obtint qu'un nombre ridiculement bas de suffrages. Nulle part les républicains n'osèrent affronter la lutte. Si les élections ne furent pas des élections de parti, c'est qu'elles furent des élections nationales. A la date où elles se firent, tout le monde sentait que la seule question posée devant le pays était celle d'être ou de ne pas être. Il eût suffi d'envoyer au Parlement un certain nombre d'ennemis du régime pour en compromettre gravement l'existence. Rien ne prouve mieux la volonté de le maintenir que l'attitude du corps électoral. La gravité de l'heure FROSPECTIJS tMtm^Ar éLudlM,^^. », ^ÏNTA-ST-SBXT/V^ AFRIliS A'- JWDCCCXXXIV^ LEOPOLDO-.BBGÏÏAHTK-KT-'' PBREla,VTOR]KS-\ -ÇVE • L AVDANT JB- KODÏIVBACHO-CivÏTATiS • MAGISTRO • MILÏ-^-TARi •LECiOMBVS -ADSTANTi--BVS • DOM VS -ET- PALAT i A • PRO-TVEW»0-NOV©-iREE JSOEXPiliATA- (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Recueil coté II, 4742, 4", vol. 13 n" 16.) « La manifestation... organisée en 1834 pour racheter les chevaux du prince d'Orange... provoqua, en mars, un sursaut de fureur à Bruxelles. Le peuple saccagea plusieurs hôtels de nobles compromis par leur souscription... » (Voyez le texte, p. 42.) - Projet de médaille dessiné puis imprimé à l'occasion de cet incident. Prospectus d'une médaille pour perpétuer la mémoire des fameuses saturnales de Bruxelles au (sic) 5 et 6 avril 1834. Au droit, scène de pillage avec, dans le fond, la tour de l'hôtel de ville. Sous le motif central, le texte : Vivat I Vivat / C'est pour vous sire ? C'est pien I c'est pien I Mais ne prulez pas. Légende : INFANDVM. IVSTITIA. IVBET. RENOVARE. DOLOREM. (paraphrase de l'Enéide, il, 3). Au revers, légende satirique commémorant les scènes de désordre auxquelles Léopold I®"' est dit avoir assisté à cheval (PEREQVITANTE) en encourageant les pillards (POPVLATORESQVE LAVDANTE) sous le regard de la troupe. Ces désordres, à en croire le commentaire, n'avalent d'autre but que d'asseoir, de protéger le nouveau règne (PRO TVENDO NOVO REQNO). Ce texte suffit à attester les sympathies « orangistes » de l'auteur du projet. Ce dernier ne parait pas avoir été mis à exécution. imposait impérieusement la concorde. Le bon sens de la bourgeoisie lui fit comprendre qu'il ne suffisait pas d'écarter des Chambres les adversaires de la révolution, mais qu'il importait encore, afin d'éviter que la rivalité des opinions n'affaiblît la force de ses défenseurs, de ne donner aux députés d'autre mandat que celui de collaborer tous, dans le même esprit, à la même œuvre de salut public. L'attitude du roi Guillaume contribua largement à imposer et à entretenir cette politique de cohésion et d'unité. Son refus d'acquiescer aux XXIV articles, en laissant la Belgique jusqu'en 1839 en état de guerre latente avec la Hollande et la Confédération germanique, la contraignit à faire bloc en face du péril et à subordonner l'intérêt de parti à l'intérêt national. Ce fut un bonheur pour elle que l'obstination de son adversaire. Au lieu de la pousser à l'anarchie comme il l'espérait, elle eut pour résultat de lui épargner les dissensions intestines qui, avec un roi étranger et encore sans prestige et une constitution toute neuve à mettre en (Musée de Mariemont. ) Arrivée de Léopold I®'' en Belgique : représenlalion satirique (1831). Au centre, « Bonheur de Léopold en Belgique » : le roi, tourné vers la Belgique, séparée de lui par la mer, crie Haal Ove...r (faites-moi traverser). En bordure, quatre scènes satiriques répétées deux fois : Entrée de Léopold à Bruxelles dans une brouette; le roi, les yeux bandés, découpe des soldats de carton sur une lettre de (Louis-) Philippe annonçant à son «cousin» l'envoi de « 18 généraux avec 300 officiers pour commander les soldats que vous faites », à la condition qu'ils puissent conserver leurs cocardes et uniformes, « ne voulant pas compromettre ces braves en leur faisant porter l'uniforme des vôtres » — légende : En six semaines j'aurai 65000 soldats; les héros de Louvain se faisant tondre chez François Scie, barbier (allusion probable à la campagne des Dix Jours); un prêtre chevauchant un lion, tirant par le bout du nez un Garde National, un Paysan, un Colonel de la Garde Civique, et tenant un drapeau à la légende Courier (sic) des Flandres. Patriotes, voilà votre destin 1 La Belgique en 1831. — Mouchoir de soie, de couleur rouge- grenat aux motifs imprimés en noir sur fond blanc. Dimensions 80 x 72 cm. [!| 'l : I': I / pratique, auraient eu sans doute les conséquences les plus déplorables. Que fût-il arrivé s'il avait signé dès 1831 ? Peut-être, débarrassés de toute crainte, catholiques et libéraux n'eussent-ils pas tardé à en venir aux prises et à tomber dans la confusion où avait péri la Révolution Brabançonne. Mais, menaçant les uns et les autres, il cimenta leur union par la communauté du danger et les contraignit à respecter l'alliance qu'ils avaient conclue en 1828. Grâce à sa rancune, la Belgique jouit de huit années de concorde civique dont elle profita pour faire l'épreuve du régime qu'elle s'était donné. Quand Guillaume se reprit, il était trop tard. La période de croissance était passée et l'arbre trop solidement enraciné pour pouvoir être abattu. La vénération générale et presque superstitieuse dont était entourée la constitution garantit plus efficacement encore l'union morale dont découla l'union politique. C'était une chose presque sacrée, une sorte de révélation, les tables de la loi. On la révérait comme une œuvre essentiellement nationale, une émanation de la souveraineté du peuple, antérieure et supérieure au roi lui-même. Sauf quelques pamphlétaires orangistes, personne n'ose élever la voix contre elle. De Potter lui-même et les républicains se gardent de l'attaquer; tout au plus reprochent-ils à leurs adversaires d'en fausser l'esprit. Les libertés qu'elle prodigue lui confèrent une beauté sans rivale, aux yeux de cette génération de 1830, dont la Liberté est le généreux idéal. Catholiques et libéraux, tous communient en elle, parce que, à vrai dire, dans le sens profond du mot, tous sont libéraux. En cette première heure d'enthousiasme, bien rares sont les hommes assez réfléchis ou assez sceptiques pour prévoir les conflits qu'implique la formule, l'Eglise libre dans l'Etat libre. Presque tous pensent, avec No-thomb, qu'il n'y a pas plus de rapports entre l'Etat et la religion, qu'entre l'Etat et la géométrie. Que les libertés garanties par la Constitution soient d'origine divine ou qu'elles soient un droit naturel, tout le monde est d'accord pour n'en refuser le bénéfice à personne. En 1831, quand des bandes de fanatiques prétendent empêcher, à Bruxelles, les réunions des Saint-Simoniens, ce sont des catholiques comme Vilain XIIII et l'abbé de Haerne qui à la Chambre prennent la parole pour défendre le droit de (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Médailles.) Médaille de récompense pour services extraordinaires dans la garde civique (1830). Droit. Le lion belge porte la hampe coiffée du bonnet de la liberté. Droit de la médaille d'or signé [JOSEPH] BRAEAIT (Gand, 1796-BruxeIIes, 1864) F[EC1T]. Diamètre : 21 mm. La médaille est encore attachée à un ruban aux couleurs nationales. Elle provient de la collection Surmont de Volsberghe. réunion violé à leur préjudice (37). Et la même année, le hbéral Devaux n'hésite pas à reconnaître « que nous avons un clergé qui aime la liberté» (38). Sans doute, la réahté donne souvent le démenti des faits aux illusions de la bonne volonté, et, dès qu'on arrive à l'appHcation des principes, on voit ces libéraux se séparer en camps hostiles. Les Chambres retentissent chaque année de disputes de plus en plus passionnées entre défenseurs de l'Eglise et défenseurs du pouvoir civil. Mais ce ne sont là que les prodromes vite dissipés d'un orage encore lointain. En réalité, la constitution unanimement admise plane au-dessus de toutes les atteintes. Personne non seulement ne souhaite, mais n'ose même croire que l'esprit de parti puisse jamais prétendre à l'interpréter. Quel contraste, si l'on compare l'adhésion sans réserve qu'elle rencontre chez les catholiques à leurs attaques de 1815 contre la loi fondamentale ! (39). «J'affirme, dira De-champs en 1837, et ma position me met à même de le faire de source certaine, j'affirme que si demain les catholiques avaient de la part des principales fractions du libéralisme, la garantie formelle et assurée, que jamais, elles ne porteraient atteinte aux hbertés religieuses, ils abandonneraient la lutte électorale à qui voudrait s'y jeter» (40). Et Dumortier, de son côté, proteste qu'il n'entend appartenir à aucun parti « si ce n'est, ce qui n'est rien dire, au parti qui veut la liberté de la rehgion » (41). (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Médailles.) Médaillon aux couleurs néerlandaises. Deux oriflammes croisés et surmontés d'une couronne, l'un bleu-blanc-rouge, l'autre orange. Médaillon de soie uniface. Date exacte inconnue. L'UNIONISME. - L'«unio-nisme » du Parlement, bien loin de n'être qu'une tactique imposée par les périls qui menacent le pays de l'extérieur, provient donc aussi, s'il ne provient davantage, du respect et de l'amour dont la constitution est l'objet. Ils sont si profonds et si généreux qu'on peut se demander s'ils ne constituent pas la meilleure garantie de l'indépendance qui, chez la plupart des Belges, se justifie plus encore par le sentiment civique que par le sentiment national. Pour le gouvernement, cet « unionisme » que le pays a imposé aux Chambres fut à la fois une force et une faiblesse. Il fut une force parce que, aucune majorité n'existant dans ce Parlement sans parti, le roi put longtemps appeler au ministère les hommes de son choix et exercer ainsi durant les premières années du régime, une influence salutaire (Oand, Musée archéologique.) Joseph Van Crombrugghe (Gand, 1770-1842), bourgmestre orangiste de Gand. Serviteur dévoué de Guillaume I", bourgmestre de Gand depuis 1826, Van Crombrugghe accorda toute sa sollicitude à l'enseignement et à l'urbanisation de sa ville natale. Après la Révolution, il ne cacha pas ses sympathies pour son ancien maître. La liste orangiste ayant triomphé aux élections communales de 1836, Léopold I®' refusa de reconnaître Van Crombrugghe pour bourgmestre de Gand. Celui-ci ne reprit l'exercice de ses fonctions que le 26 janvier 1840 après que Guillaume I"' eut relevé ses anciens sujets de leur serment de fidélité. — Portrait peint par Joseph Paelinck (Oostakker, 1781-Bruxelles, 1839). et jouir pleinement d'une liberté d'action sans laquelle l'organisation du pouvoir exécutif, si négligé par la Constitution, eût sans doute été bien difficile. Mais il fut une faiblesse parce que, ne pouvant compter sur l'appui d'aucun groupe politique se solidarisant avec eux, les ministres se trouvèrent constamment en butte aux défiances de la représentation nationale. Leur situation fut d'autant plus pénible que les Chambres législatives ne se résignèrent qu'assez lentement à admettre qu'elles n'étaient pas revêtues de la souveraineté qui avait appartenu au Congrès (42). Toute initiative du gouvernement leur était suspecte, comme une atteinte à leurs droits, ou comme une tentative d'arbitraire. En dehors des fonctionnaires qui, en général, le soutiennent, ne fût-ce que de leur silence, le Cabinet ne rencontre guère qu'une opposition malveillante et soupçonneuse quand elle n'est pas violente. Entaché d'un vice rédhibitoire en tant que dépositaire du pouvoir exécutif, il se voit accusé à tout propos de violer la constitution. Ses actes les plus simples, la nomination d'un agent administratif, l'octroi d'une subvention, soulèvent à tout bout de champ des discussions passionnées. Derrière lui, à vrai dire, ce qui est visé, c'est la monarchie qu'il couvre. L'esprit républicain du Congrès qui se survit chez ses successeurs ne leur permet d'envisager le souverain que comme une sorte de fonctionnaire supérieur que son irresponsabilité doit priver de toute espèce d'ini- tiative et qui, payé par la nation, n'a d'autre devoir que celui d'enregistrer ses volontés. Parmi eux, comme au dehors, toute déférence à l'égard de la couronne passe pour une marque de courtisanerie et de servilisme. Dans les cérémonies publiques, on ne se donne pas même la peine de communiquer au roi les discours auxquels il doit répondre (43). En 1832, la proposition de créer l'ordre de Léopold soulève une tempête au sein de la Chambre des Représentants. C'est un moyen de corruption, un abus d'un autre âge que l'on veut imposer au peuple. Gendebien s'écrie : « que jamais un ruban ne salira sa boutonnière », et la loi n'est adoptée enfin que par une majorité de deux voix : trente-sept contre trente-cinq (44). LE ROLE DU ROL — Heureusement, la nécessité du pouvoir royal s'impose plus encore que le désir de sa faiblesse. Inscrit dans la constitution, il participe à son inviolabilité et du moment que personne ne songe à le contester, il ne depend plus que de l'adresse, de la patience et de l'énergie de son détenteur de lui faire la place qui lui revient. Et cette place, malgré toutes les précautions prises, peut être grande encore, puisqu'elle s'étend au domaine entier de l'exécutif. C'est à le retenir et à le concentrer autant que possible dans ses mains que Léopold I®'' s'est consacré dès l'origine. A l'interprétation républicaine que le Parlement donnait à la constitution, il est arrivé à substituer son interprétation monarchique et, tout en respectant scrupuleusement le pacte fondamental qu'il avait juré (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes.) Jean-Godefroid-Huberl Scheyven (Heylhuysen [Limbourg hollandais], 1804-lxelles [Bruxelles], 1862). Elu député catholique de Ruremonde en 1835, il représenta les arrondissements de Maaseyck et de Malines de 1839 à 1848 après avoir vainement combattu le traité de 1839 qui arrachait sa province natale à la Belgique. — Lithographie de Charles Baugniet (Bruxelles, 1814-Sèvres, 1886). ■ - > ■; ! Ufti.- • / » .'•-s A? ■<- / v" , , ■ Or,.._ (Bruxelles, Bibliothèque Royale, ms. II, 2307.) Extraits d'une lettre autographe adressée à Louis-Philippe par Léopold I®'' (château d'Ardenne, 29 et 30 octobre 1841). Le roi des Belges fait connaître à son beau-père les machinations des orangistes qui, pour brouiller les cartes, vont jusqu'à appuyer les partisans de l'annexion de la Belgique par la France. Il lui annonce également l'arrestation de Van der Mheere (sic). Van der Smissen et « pareils honorables individus » dont le coup d'Etat était prévu pour le 31. «Le Belge» écrit Léopold I»', «quelque désagréable qu'il soit, a un certain bon sens auquel on peut se fier; lui faire tout à fait courir l'aventure n'est pas si facile, mais les intérêts matériels lui tiennent beaucoup à cœur et il serait impossible de lui faire supporter une position, comme celle dans laquelle se trouve le pays, plus longtemps. » Léopold appelle son beau-père « mon bien aimé Père » et se dit « Votre tendrement dévoué gendre et ami ». tiques dont le passé et les services'rehausseraient le prestige de la couronne à laquelle ils apportaient leur collaboration. Au mois d'avril 1833, il donnait une preuve plus significative d'assurance en soi-même en prononçant la dissolution des Chambres, fondée sur leur refus des subsides demandés pour l'armée. C'en fut une autre encore, que la démission donnée au Cabinet, au mois d'août 1834, à cause de son dissentiment avec le ministre de la Guerre, le général Evain, que le roi considérait comme indispensable. L'opinion surprise apprit ainsi que Léopold voyait dans ses prérogatives constitutionnelles autre chose qu'un vain mot. Et le calme dont elle fit preuve atteste la consolidation du régime. Il n'y eut pas la moindre crise lors de la dissolution de 1833, et les ministres, en sortant de charge, s'abstinrent, avec un d'observer, a réussi à doter le gouvernement des préroga- sens politique qui leur fait honneur, de toutes récriminations tives indispensables au maintien de l'Etat. En 1835, le qui eussent pu affaiblir le principe de l'irresponsabilité de chargé d'affaires anglais à Bruxelles, Bulwer, constate la couronne, déjà avec surprise le bon fonctionnement d'un régime « qui n'aurait probablement pas réussi ailleurs », et cinq ans plus tard, le roi voyant son œuvre désormais assurée, se plaindra de ce que son rôle soit trop facile (45). Que de désillusions pourtant il avait éprouvées ! Devant l'opposition des Chambres, ses ministres n'étaient que trop disposés à capituler, et il avait fallu une lutte incessante pour raffermir leur indécision et les dresser pour ainsi dire à leur rôle. Novice en matière de gouvernement, plus novice encore en matière de diplomatie, le Cabinet appelé aux affaires en juillet 1831, sous la présidence de Muelenaere, avait dû être remanié en octobre 1832. L'appel fait alors à Rogier et à Lebeau, montre que déjà le roi, renonçant à s'entourer de personnalités de second plan, se sent assez fort pour faire entrer dans son Conseil des hommes poli- (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes.) Façade de l'ancien Palais de Justice de Bruxelles. L'édifice, construit en 1816 sur l'emplacement de l'ancienne église des Jésuites, démolie en 1812 (actuelle place de la Justice), devint Palais de Justice en 1823. La façade est de style néo-classique, et le péristyle, semblable à celui de l'église Saint-Jacques-sur-Coudenberg. Sur le fronton, l'inscription : WILHEMUS PRIMUS BELGARUM REX THEMIDI CONSECRAVIT MDCCCXXIII. Le Palais fut démoli en 1892. — Lithographie anonyme. La décision du roi durant ces années de début s'explique certainement par sa volonté bien arrêtée de doter le pays d'une force militaire capable d'impressionner l'étranger. De son point de vue d'homme d'Etat, il lui apparaissait clairement que c'était là le premier des besoins pour le jeune royaume qui venait d'inaugurer son indépendance par une humiliante défaite. L'honneur national dont il avait la garde, autant que son honneur personnel lui imposaient sa conduite. « Qu'on se mette bien en tête, écrivait-il à Talleyrand en 1832, qu'on ne me renversera plus sans que je me défende à outrance et sans que j'en fasse tomber bien d'autres. J'ai pris là-dessus mes résolutions avec le plus grand sang-froid» (46). De 1831 à 1839, sa préoccupation dominante fut celle d'organiser une solide armée. C'est elle qui le poussa, on vient de le voir, à dissoudre les Chambres et à se séparer de son ministère. C'est elle encore qui lui fit supporter (Bruxelles, Musée de la Porte de Hal.) (Cliché Jacobs.) (Bruxelles, Musée Royal d'Art moderne.) (Cliché A.C.L.) «En 1832, la proposition de créer l'ordre de Léopold soulève une tempête au sein de la Chambre des Représentants. » (Voyez le texte, p. 47.) - Décorations de l'Ordre de Léopold [I®'']. L'Ordre de Léopold [1»'] fut créé par la loi du 11 juillet 1832 pour récompenser les services rendus au pays. Les insignes furent fixés par arrêté royal du 3 août de la même année. A l'origine, l'Ordre comprenait quatre classes. Il en compte cinq aujourd'hui : Grand Cordon, Grand Officier (créé par la loi du 17 décembre 1838), Commandeur, Officier et Chevalier. Le bijou consiste en une croix blanche émaillée avec une guirlande de feuilles de laurier et de chêne. Au centre, un cercle noir émaillé entouré d'un autre, rouge, entre deux cercles d'or, avec le lion d'or sur fond noir; devise : L'UNION FAIT LA FORCE. Au revers, le chiffre du roi. Le bijou est en or, sauf pour les Chevaliers (argent); le ruban, ponceau et moiré. — Sur la planche sont reproduits : au centre, ruban et croix de Grand Cordon (militaire) entourés du collier et de la croix de Grand Cordon (civil); à gauche, la plaque de Grand Officier (militaire); à droite, la plaque de Grand Cordon (civil). Aux termes de l'article 4 de l'arrêté royal du 16 mai 1839, dans les cérémonies, les Grands Cordons portent le collier de l'Ordre, d'or et partagé en trois parties ; couronne, lion, chiffre. Le comte Barthélémy Du Mortier (Tournai, 1797-1878), ministre d'Etat et membre catholique de la Chambre des Représentants. 11 siégea à la Chambre de 1831 à 1847 comme député de Tournai, puis de 1848 à sa mort comme député de Roulers. Du Mortier fut un des principaux artisans du dégrèvement de 300 millions, dus aux Pays-Bas, que les Puissances consentirent à la Belgique malgré les stipulations du traité des XXIV Articles. — Portrait peint par Louis Gallait (Tournai, 1810-BruxeIles, 1887). le mécontentement de l'Angleterre, en prenant à son service des instructeurs français, et braver le courroux de l'Autriche et du tsar, en appelant des officiers polonais sous les drapeaux (47). Durant quatre ans, de 1832 à 1836, il laissa le général Evain, en dépit de son impopularité, épurer les régiments corrompus par l'orangisme et les doter d'un personnel et d'un matériel nouveaux. Lui-même, pour rehausser le prestige de cette armée qui fut vraiment son œuvre, prit alors l'habitude qu'il légua à ses successeurs, de ne se montrer en public que sous l'uniforme de lieutenant général. Dès 1833, l'effectif des troupes sous les armes atteignait 80.000 hommes. L'arrangement conclu cette année avec la Hollande, permit de le réduire à 45,000. Mais 130,000 hommes étaient mobilisables, et, malgré les grogneries de l'opinion, le budget de la guerre resta fixé à une somme totale d'environ 45 millions. LES LOIS ORGANIQUES. — Les grandes lois organiques prévues par la constitution avaient été laissées par le Congrès à la décision des Chambres. Tâche redoutable, puisque le fonctionnement de la vie administrative du pays devait en dépendre, mais relativement aisée toutefois, puisque les principes en étaient fixés d'avance. Ici d'ailleurs, le besoin d'innover ne se faisait pas impérieusement sentir. L'organisation du royaume des Pays-Bas, calquée qu'elle était sur l'organisation de l'empire napoléonien. avait assuré les services publics à la satisfaction générale. Il suffirait de l'approprier à l'esprit de la constitution. Le système des impôts, tel qu'il existait en 1830, ne subit, et ne devait subir durant très longtemps que des retouches insignifiantes. Quant à l'organisation judiciaire, la loi du 4 août 1832, tout en laissant subsister dans ses traits essentiels la composition et la hiérarchie des cours et des tribunaux, établit inébranlablement l'inamovibilité des magistrats et fit une place très large au jury dans la juridiction criminelle, afin de garantir les prévenus contre toute intervention gouvernementale. Par elle, la justice a reçu en Belgique le caractère qu'elle y a conservé jusqu'à nos jours, d'un « pouvoir » entièrement affranchi de l'administration générale et de l'ingérence de l'Etat. La conviction que la liberté individuelle des citoyens était à ce prix, a fait repousser par la Chambre des Représentants, l'institution d'un Conseil d'Etat proposée par le Sénat. Les dernières traces des entraves imposées à l'indépendance des juges par le régime napoléonien, et conservées après lui par le régime hollandais, ont disparu à ce point qu'on a pu dire que « la balance des pouvoirs qui, en France, penche du côté de l'administration, penche en Belgique du côté de la justice » (48). Le problème des rapports de l'Etat avec les communes occupa le Parlement durant trois ans, avant de recevoir enfin, par la loi communale du 30 mars 1836, une solution transactionnelle. De tous les souvenirs du passé, le seul vivant parmi les (Bruxelles, Musée Royal de l'Armée.) l'esprit de la constitution, la loi leur substitua des Conseils communaux nommés par l'élection directe des citoyens payant, suivant la localité, un cens de cinq à cent francs; le contrôle du corps électoral sur ses mandataires fut garanti par la publicité imposée aux séances des Conseils. Chaque commune, quelle que fût son étendue ou sa population, fut organisée suivant les mêmes principes : il n'exista plus rien de la différence entre villes et campagnes qu'avait instituée le système hollandais. Vis-à-vis de l'Etat, les autorités locales se trouvèrent placées dans la situation de pouvoirs considérés tout ensemble comme autonomes et comme délégués de l'autorité centrale. Le gouvernement eût souhaité l'accentuation de ce second caractère. Il aurait voulu posséder le droit de nommer les bourgmestres et les échevins en dehors des Conseils communaux, de dissoudre ces derniers et d'annuler leurs actes. Il fut impossible d'arracher aux Chambres de si larges concessions. Elles n'accordèrent que la désignation du bourgmestre et des échevins dans le sein du Conseil et la faculté de les suspendre ou de les révoquer sur avis de la Députation permanente de la province. L'autonomie communale, moyennant ces réserves, fut mesurée si largement qu'on a pu la qualifier sinon d'illimitée, au moins d'indéfinie (50). (Cliché Jacobs.) «De 1831 à 1839, sa préoccupation dominante (ut celle d'organiser une solide armée. C'est elle... qui lui fit... braver le courroux de l'Autriche et du tsar, en appelant des officiers polonais sous les drapeaux. » (Voyez le texte, p. 49.) — Portrait équestre du général Kruszewski. En novembre 1832, trente-quatre officiers polonais avaient été admis au service de l'armée belge. Ignace Kruszewski y connut une brillante carrière. Après s'être distingué lors des campagnes de 1830 et 1831 contre les Russes, Il exerça de 1832 à 1839 les fonctions de chef de corps du 2« chasseurs à cheval de l'armée belge. Il fut nommé chef d'une brigade de la division de cavalerie légère en 1848. Le 29 juillet 1852, Kruszewski fut mis à la pension. Dans l'entretemps, les treize officiers polonais qui restaient au service de notre armée en 1849 étalent tous devenus Belges par naturalisation. — Peinture à l'hulIe signée J.K. Belges était celui de l'autonomie dont leurs villes avaient donné jadis des manifestations si nombreuses et souvent si héroïques. La Révolution en avait encore ravivé la force et fait apparaître leurs insurrections particularistes comme autant de luttes sacrées entre le despotisme et la liberté. Durant les années de l'annexion française, ce que l'on avait supporté avec plus de répugnance peut-être que la conscription, ç'avait été la centralisation administrative imposée aux autorités locales. Le régime hollandais avait marqué, en quelque mesure, un retour à la tradition nationale et accordé, tout au moins aux villes, le droit de s'administrer sous la tutelle de l'Etat. Leurs « régences » cependant, élues par un système compliqué de vote à degrés multiples, recrutées exclusivement dans la haute bourgeoisie et obligées de délibérer à huis clos (49). appelaient une réforme fondamentale. Conformément à LES COMMUNES ET LES PROVINCES. -En fait, dans les grandes villes, les Conseils urbains furent des parlements locaux avec lesquels le gouvernement évita toujours d'entrer en conflit. Le droit conféré aux bourgmestres de convoquer la garde civique mit, en cas de besoin, une force armée à leur disposition. La vie politique de la commune fournit ainsi une image réduite de celle de l'Etat. C'est elle qui entretint parmi la bourgeoisie un sentiment civique aussi remarquable par sa vigueur qu'il fut souvent étonnant par son étroitesse. L'insignifiance du rôle des provinces dans la loi organique du 30 avril 1836, frappe davantage si on le compare à la liberté si largement dispensée aux communes. C'est que, depuis la conquête française, l'antique autonomie provinciale, restée jusqu'alors tellement robuste qu'elle faisait en réalité de la Belgique un Etat fédératif, avait disparu sans retour. La division du pays en neuf départements administratifs, établie en 1795, avait survécu à la chute de l'Empire. Car le gouvernement hollandais se garda bien de modifier une situation si favorable à son Sans doute, les avantages du nouveau moyen de locomotion inauguré en Angleterre dès 1825 avaient de bonne heure attiré l'attention des industriels et des hommes politiques. Il avait été question déjà en 1829 parmi les métallurgistes liégeois, de l'établissement d'une ligne ferrée unissant la Meuse à l'Escaut, et Lebeau, dans son fameux discours sur les XVIII articles, avait fait allusion à la possibilité de suppléer par des chemins de fer à la rupture des communications avec la Hollande (51). On savait au surplus qu'un chemin de fer fonctionnait en France entre Roanne et Saint-Etienne et un autre en Allemagne entre Sco^uûÀ-C JvemuC^ciiu: La locomotive « Le Belge » construite par les usines Cockerill, à Seraing, en 1835. « Le Belge » fut affectée en 1835 à la remorque des trains de voyageurs entre Bruxelles et Malines. Principales caractéristiques : poids : 8.700 kg. (douze mille d'après certains); vitesse maxima : 40 km./heure; puissance : 50 H.P. Les châssis étaient en bois; la locomotive avait trois essieux, dont un seul moteur, un levier pour frein et le coke pour combustible de la chaudière; le machiniste n'était pas protégé contre le vent et la pluie. — On Ignore la date précise à laquelle la machine fut retirée de la circulation. Après sa désaffection, elle a disparu dans des circonstances difficiles à établir. Vers 1900, une réplique en bois était conservée dans le hall des ateliers de locomotives à Malines. Endommagée pendant la seconde guerre mondiale, elle a été partiellement restaurée en 1950-1951. Sa destination future n'était pas encore fixée à ce moment. — Le musée des chemins de fer (Bruxelles) possède une maquette au I/IO de la locomotive « Le Belge ». — Photo extraite de l'Album publié à l'occasion du IIO» anniversaire des usines Cockerill (1817-1927), p. 17. autorité; il se borna à décorer les départements du nom traditionnel de provinces et ainsi continua de faire, après lui, le royaume né de la révolution de 1830. En dépit de leur nom, les provinces belges ne sont donc que des circonscriptions ne correspondant plus à aucune réalité historique. Simples cadres créés en vue du fonctionnement de l'Etat, elles ne répondent qu'à des nécessités administratives. Le gouverneur placé au chef-lieu de chacune d'elles est une sorte de préfet, et le Conseil provincial aussi bien que la Députation permanente qui gère les intérêts provinciaux en dehors des sessions, ne possède que des attributions restreintes et un droit de contrôle sur les administrations communales, lequel, en fait, ne s'exerce guère qu'à l'égard des communes rurales. Dans ce domaine, la tradition nationale, qui se perpétue dans le domaine communal, s'est complètement évanouie. La conception de l'Etat unitaire l'avait si complètement emporté lors de la Révolution que, ni au sein du Congrès, ni au sein des Chambres, aucune voix ne s'éleva en faveur du retour à un passé aboli. A tout prendre, les institutions provinciales créées par la loi de 1836, ne sont guère autre chose que les intermédiaires par lesquels les deux mille cinq cents communes du pays se rattachent au pouvoir central. ETABLISSEMENT DES CHEMINS DE FER. -A l'envisager d'un coup d'œil d'ensemble, l'activité législative des Chambres de 1833 à 1839, telle qu'elle se manifeste par les lois organiques, n'est que la continuation et pour ainsi dire le complément de celle du Congrès. En un point essentiel cependant, elle a fait preuve d'une initiative aussi hardie en son genre que la constitution l'avait été dans le sien. Rien n'a plus efficacement déterminé l'avenir économique du pays que le vote de la loi de 1834 ordonnant la construction d'un réseau de chemins de fer appartenant à l'Etat et exploité par lui. (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes.) Un des premiers guides de chemins de fer (1838?). Les noms des gares sont orientés d'est (en bas) en ouest (en haut) et du sud (à gauche) au nord (à droite). A cOté de chaque nom. Indication des heures de départ ou de passage des trains. Par exemple, un train quitte Bruxelles à 5 h. et arrive à Louvain à 6 h. 10; un autre quitte Anvers à 7 h. 20 et, via Malines et Gand, arrive à Bruges à II h. 25, etc. Malines est le nœud de tout le système ferroviaire : la carte reproduite p. 52 et le guide le prouvent explicitement. — Ce guide «fait et déposé par VansynokeU?) » se vendait 25 centimes au n» 55 du Vieux Marché aux Grains à Bruxelles. 11 a probablement été rédigé en 1838 puisqu'il ne mentionne que les lignes achevées cette année-là. Hauteur de la feuille imprimée : 12 cm. ' "" taà^^Cmt, „.rmtujii '"•HP" 'MKtmt . • O • IIMUR SuvtIM « 1840 (31 Déi emijpe ) ie triué M£V iruù'tfttt tu Uyttfj e^ffleitèej par i'Ktat ■ Longueur: iSi. SOi mèirtd. Le Irait ROVGS reprètente Ud cheminé de Jer MpiciUe /rar de* Campa^nùt. Lon^aeur-32.MO iwirri enaimn. (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Album coté i' cl. chem. fol.) Situation du réseau des chemins de fer le 31 décembre 1840. La loi du 1" mai 1834 avait décidé l'établissement d'un système continu de voies ferroviaires reliant Ostende à la frontière prussienne via Bruges, Gand, Malines, Louvain, Liège, Verviers; et Anvers à Quiévrain via Malines, Bruxelles, JMons, Thuin. Celle du 26 mai 1837 y avait joint les lignes Tournai-Oand via Mouscron, Courtral, Tliielt, et Braine-le-Comte-Namur via Luttre, Charleroi, Châteiineau, Tamines. A la fin de décembre 1840, ces projets n'ont été que partiellement exécutés. A la section JHaiines-Bruxelles (1835) ont succédé le tronçon Malines-Anvers (1836) et les lignes Maiines-Louvain-Tirlemont (1837), Tirlemont-Ans (1838), Gand-Bruges-Ostende (1838), Oand-Courtrai (1839), Landen-Saint-Trond (1839). La voie Bruxelles-Mons est achevée jusqu'à Tubize. La frontière française sera atteinte en 1842; les lignes Courtrai-Mouscron et Mouscron-Tournai seront achevées la même année, ainsi que les plans Inclinés d'Ans à Liège. La frontière prussienne sera atteinte en 1843. Seule la « haute Belgique » n'est pas encore desservie. Les lignes exploitées par l'Etat couvrent 333 km. 803 m. contre 32 i ( ' Fûrth et Nuremberg. Mais la Belgique, en 1834, fit tout autre chose que suivre l'exemple de l'étranger. La première, elle comprit l'avenir réservé à une invention dont personne encore ne prévoyait le rôle futur et, avec une audace étonnante, elle résolut de l'appliquer suivant un plan d'ensemble et d'en faire l'instrument essentiel de sa renaissance économique (52). Les souvenirs du passé contribuèrent en ceci avec la claire intelligence des possibilités du progrès. On se rappelait que sous Albert et Isabelle, la fermeture de l'Escaut avait fait naître l'idée de ranimer le transit éteint par le creusement d'un système de canaux orientés vers l'Allemagne, et que ce projet avait reparu sous le gouvernement de Maximilien-Emmanuel (53). C'est à lui encore que le salut public contraignit le pays à revenir après la Révolution, mais sous une forme modernisée remplaçant les voies d'eau par des voies de fer. Comme jadis, le but essentiel de l'entreprise était d'attirer vers la Belgique le trafic de ses voisins. De Malines, choisi comme centre du réseau, une ligne devait filer vers l'Allemagne, une autre vers Ostende, une troisième vers Anvers, une quatrième, enfin, vers la France. L'œuvre était trop considérable pour l'initiative privée. Seul l'Etat pouvait en venir à bout, et le bon sens l'emportant sur les répugnances qu'inspirait son ingérence, on se résigna à lui abandonner une tâche, dont personne n'eût osé affronter les responsabilités et qu'on se réservait de lui reprocher si elle échouait. La Belgique censitaire et libérale fut donc la première en Europe, non seulement à posséder un rail-way national, mais en même temps un railway d'Etat. Peut-être les tendances saint-simoniennes assez répandues à cette époque dans une partie de la bourgeoisie et auxquelles adhérait Rogier (54) qui eut, avec Lebeau, l'honneur de présenter et de défendre la loi de 1834 devant les Chambres, contribuèrent-elles, en quelque manière, à un fait en apparence si paradoxal. Si l'on songe aux événements qui venaient de bouleverser le pays, à l'incertitude de son avenir, à la crise économique qu'il traversait, l'énergie dont il fit preuve en abordant une œuvre aussi ample qu'elle devait être coûteuse et difficile, paraîtra plus étonnante et le succès dont elle fut couronnée plus merveilleux. Le gouvernement fit appel à des experts anglais, mais ce sont des ingénieurs belges, Pierre Simons et Gustave de Ridder, qui conçurent le plan du réseau et en dirigèrent l'exécution, et des métallurgistes belges qui fournirent les rails et les locomotives. Grâce au grand nombre d'ouvriers dont le chômage de l'industrie permit de disposer, les travaux marchèrent avec une rapidité extrême. Un sursaut d'orgueil national secoua l'opinion. Rogier disait que le chemin de fer « qui a donné des ailes à la Belgique, la dotera aussi d'une constitution matérielle comme le Congrès l'a dotée d'une constitution pohtique (55) », et Briavoinne écrira cette parole profonde : « sans la Révolution, le chemin de fer ne pouvait exister, et sans le chemin de fer, la Révolution pouvait être compromise» (56). REPRISE DE L'ACTIVITE ECONOMIQUE. -A peine commencée, la grande entreprise fit sentir ses résultats bienfaisants en tirant le pays de la paralysie industrielle qui l'accablait. Des commandes ininterrompues assurèrent l'avenir compromis de la métallurgie, et le renouveau de son activité provoqua celui des mines de fer et de charbon. La confiance renaissante suscite les initiatives du capitahsme. La Société Générale, sortant de la réserve qu'elle avait conservée depuis la Révolution, commence à prendre le caractère inconnu jusque-là d'une banque industrielle (57). Elle s'intéresse à la création d'usines, favorise le mouvement de concentration qui, dans le Hainaut, fait passer rapidement les petites houillères de famille sous la direction de sociétés puissantes, pousse à la formation de sociétés anonymes qu'elle dirige ou qu'elle « contrôle ». La Banque de Belgique et la Banque Liégeoise, fondées en 1835 en partie grâce à des capitaux français qu'attire l'essor du pays, imitent son activité et ses méthodes. D'année en année, le nombre des sociétés anonymes, favorisées par la liberté presque complète que la loi leur abandonne, grandit avec une rapidité surprenante. De quinze en 1830, il monte à cent cinquante et une de 1833 à 1839 (58). Le traité de 1833, en dissipant la crainte d'une reprise d'hostilités immédiate avec la Hollande, a été certainement pour beaucoup dans cette pullulation d'affaires nouvelles. Elle présente au surplus un caractère fébrile qui la rend plus brillante qu'elle n'est solide. La plupart du temps, les titres mis en circulation ne se placent pas dans le public et se concentrent aux mains de professionnels de la spéculation, dont beaucoup ne se soutiennent que par le crédit. Il faut reconnaître cependant qu'une impulsion salutaire s'est emparée du pays. En 1815, c'est grâce à l'appui du gouvernement qu'il s'était relevé de la crise consécutive à l'effondrement de l'Empire. Cette fois, son réveil n'eut d'autres causes que sa propre énergie se développant dans la liberté. Si l'Etat construit des chemins de fer, il n'apporte aucun concours aux affaires. La même liberté imprègne la vie économique et la vie pubhque et son succès augmente la foi en sa bienfaisance. En 1837, le ministre de France prédit que la « Belgique se placera bientôt au premier rang des nations industrielles» (59). Partout on constate la hausse des prix et des salaires. Le port d'Anvers reçoit plus de bateaux qu'en 1829, l'année pour lui la plus favorable du régime hollandais. En 1835, une exposition industrielle révèle au public surpris les progrès de l'activité nationale. La réussite d'un emprunt de 30 millions, contracté en 1836, affermit encore la confiance. En 1837, le Ministère des Travaux pubhcs est institué. Et à côté des voies ferrées, l'ouverture de quantité de routes nouvelles annonce que la Belgique est destinée à devenir l'un des pays les plus riches du monde en voies de communication. Au miheu de cette efflorescence de travail, s'évanouissent les derniers restes de la dépression morale produite par l'humiliation de 1831. Le régime nouveau se consolide de la déconvenue des républicains et des Orangistes. De Potter avoue avec un dépit un peu comique, en 1836, que la nation est « heureuse et prospère, mais qu'il n'y a là aucunement de sa faute» (60). Ff: 1 NOTES ' 1 1;!. ■ji! •i ■ ■ r li I (1) Lettre inédite de Stanislas Fleussu, dont je dois la communication à l'obligeance de M. Henri Heuse. (2) Le 17 avril 1846, il le dit en propres termes à l'archiduc Jean : « Die iiiesige Konstitution Ist eine VerrUcl i l i- mi (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes.) La Place des Palais après la Révolution de 1830. Vers 1820, Guillaume l" confia à Van der Straeten et à Tielman-François Suys, architectes de l'hôtel du prince d'Orange, le soin de réunir par une colonnade centrale l'ancien hôtel du ministre plénipotentiaire Belgiojoso et l'ancien hôtel Bender jusque-là séparés par la rue Héraldique. Suys mena le projet à bien en 1827-1829. Les façades des deux hôtels furent uniformisées et l'ensemble relié par un mur aux hôtels situés aux angles de la Place. Devant la façade, au centre, se dresse l'arbre de la Liberté; au fond, l'ancien hôtel du prince d'Orange (voyez t. III, pp. 453 et 497). Le palais royal fut modifié en 1904-1905. — Lithographie coloriée, œuvre d'Henri Borremans. CHAPITRE m DES TRAITÉS DE 1839 A LA CRISE DE 1848 ES FRONTIERES DU PAYS. - La Belgique, on l'a vu à suffisance, n'avait signé que contrainte et forcée les traités du 19 avril 1839. Lorsque neuf ans auparavant, le Congrès avait proclamé à la face, ou pour mieux dire, au mépris de l'Europe, l'indépendance nationale, il entendait bien se réserver le droit et de définir cette indépendance et de déterminer l'étendue des territoires qui en jouiraient. Grisé par le facile succès de la Révolution, il avait parlé comme s'il ne s'adressait qu'au roi de Hollande. De là sa double prétention, non seulement de conserver à la Belgique le Limbourg et le Luxembourg qui s'étaient soulevés avec elle, mais encore, d'y annexer la Flandre Zélandaise. En revendiquant cette dernière, dont les habitants calvinistes faisaient partie depuis le XVII® siècle de la République des Provinces-Unies et étaient demeurés unanimement fidèles à Guillaume, il ne pouvait lui échapper cependant qu'il se mettait en contradiction avec lui-même. Il ne s'agissait plus ici d'invoquer le droit du peuple à disposer de son sort. La revendication de la Flandre Zélandaise ne pouvait se justifier que par cette raison d'Etat contre laquelle précisément s'était faite la Révolution. En cette occurrence, le Congrès sacrifiait aux convenances de la Belgique une population étrangère et, comme la Conférence de Londres le faisait justement observer, se fondait uniquement sur le droit de conquête. La guerre seule eût pu trancher la question, puisqu'elle n'était qu'une question de force, et il n'était pas au pouvoir des Belges de faire la guerre contre la volonté de l'Europe. L'intervention des grandes puissances dans le conflit hollando-belge en avait dès lors déterminé le cours et imposé la solution. Au fond, les traités de 1839 étaient une sentence dictée aux deux parties après d'innombrables incidents de procédure et, à tout prendre, elle donnait gain de cause à la Belgique, puisqu'elle consacrait irrévocablement l'existence de cet Etat révolutionnaire. Sans doute, par considération d'équilibre, elle le soumettait à une double limitation : limitation politique tout d'abord en contraignant ce pays, éternel objet de dispute entre ses voisins, à une neutralité perpétuelle et garantie; limitation territoriale ensuite, en lui refusant non seulement la Flandre Zélandaise, mais encore les parties orientales du Limbourg et du Luxembourg. En ce qui concerne ces I , ,1 dernières, on avait tenu compte plus encore que des droits du roi de Hollande, de ceux de la Confédération germanique. Il avait fallu, pour amener celle-ci à renoncer au Luxembourg wallon attribué à la Belgique, lui fournir une compensation en lui rattachant le Limbourg, placé d'ailleurs sous la souveraineté de Guillaume. L'Europe avait, en somme, mesuré largement sa place à la Révolution. Personne n'eût pu croire en 1830 que les « émeutiers » belges seraient, neuf ans plus tard, à l'exception de trois cent mille Limbourgeois et Luxembourgeois, accueillis à titre de peuple indépendant dans le concert européen. L'Etat Belge est donc le produit d'une révolution qui s'est imposée à l'Europe, mais à laquelle, en revanche, l'Europe a imposé ses limites. Il en résulte une configuration à première vue tout à fait anormale. Un coup d'œil jeté sur la carte suffit à prouver que ce n'est pas la nature mais la pohtique qui a fixé ici les frontières. Il apparaît absurde et humiliant que la Belgique moderne soit séparée du cours de l'Escaut, fleuve nourricier d'Anvers, par l'interposition de l'étroite bande de terre de la Flandre Zélandaise, laquelle n'est au surplus que le prolongement naturel des Flandres. Cette situation se justifie pourtant par l'histoire. Elle s'explique par la déplorable faiblesse qui a contraint les rois d'Espagne au XVII® siècle, de céder à la République des Provinces-Unies ce territoire dont elle assimila la population après l'avoir conquis. Si nécessaire qu'elle soit à la Belgique, si naturellement qu'elle se rattache à son sol, la Flandre Zélandaise n'en était pas moins, en 1839, une possession séculaire et légitime qu'il était impossible d'enlever à la Hollande, héritière de la République. Le passé a pesé ici de tout son poids sur le présent, et le droit historique l'a emporté, si l'on peut ainsi dire, sur le droit naturel. La Hollande a continué de bénéficier des victoires de Maurice et de Frédéric-Henri de Nassau, comme la Belgique de pâtir des défaites de Philippe IV (1). Tout au rebours, les frontières du côté de l'Est ont reçu I., 1 . ! ' i ) A ; La Belgique en 1839. Les territoires cédés aux Pays-Bas figurent en noir sur la carte : partie germanique du Luxembourg, Limbourg dit « hollandais » et Flandre zélandaise. Pour le commentaire, voyez le texte de Pirenne, ci-dessus. leur dessin des traités de 1839. L'ancien Limbourg a été coupé en deux suivant une ligne partant du point le plus méridional du Brabant hollandais, pour atteindre la Meuse, en avant de Wessem, suivre ensuite le fleuve jusqu'à Maestricht, puis, s'en écarter en contournant cette ville de manière à la laisser à la Hollande. Dans le Luxembourg, c'est la langue des habitants qui a été prise comme principe de séparation. Sauf quelques villages allemands des environs d'Arlon, la région wallonne a été cédée à la Belgique à l'Ouest de la ligne Athus, Tintange, Gouvy. La région allemande de l'Est constitue depuis lors le Grand-Duché de Luxembourg. Du côté de la France seulement, la configuration a conservé exactement le tracé qu'elle avait reçu lors de la formation, en 1815, du royaume des Pays-Bas (2). Si l'on tient compte des droits de la Hollande et de ceux de la Confédération germanique qu'il était impossible de violer au profit des Belges, on conviendra sans doute que les traités de 1839 ne pouvaient guère être autre chose que ce qu'ils furent. Rien ne prouve que l'arrangement plus avantageux prévu par les XVIII articles eût été réahsable. Il faut tenir compte, au surplus, des craintes que la France continuait d'inspirer, non seulement aux trois Puissances absolutistes, mais aussi à l'Angleterre. Laisser à la Belgique des forteresses de premier ordre comme l'étaient Maestricht et Luxembourg, c'était risquer de les faire tomber au pouvoir de la France en cas de guerre. La neutralité garantie au pays ne paraissait pas, à une Europe toujours hantée des souvenirs de la République et de Napoléon, une sauvegarde suffisante. On soupçonnait d'ailleurs les Belges de tendances francophiles et de n'être point très enthousiastes de cette neutralité qu'on leur avait imposée. On ne voulait pas remarquer qu'il y avait quelque contradiction entre le fait de les proclamer neutres et celui de leur donner des frontières qui, le cas échéant, ne leur eussent pas permis de résister efficacement à une agression de la Hollande ou de l'Allemagne. C'est qu'au fond, leur neutralité n'était qu'une précaution prise contre la France. Il était donc pratique et ingénieux de laisser la Belgique ouverte au nord et à l'est : il suffisait qu'elle fût solidement rem-parée au sud, et elle l'était. La convention des forteresses, à laquelle Léopold avait dû consentir le 14 décembre 1831, donnait de ce côté tous les apaisements désirables, puisqu'elle autorisait, dans l'éventualité d'une guerre, les troupes de l'Angleterre et des Puissances du Nord à occuper ceux des ouvrages conservés de la barrière élevée en 1815 contre la France. Les traités de 1839 laissaient à la Belgique le soin de s'entendre avec la Hollande sur les détails de leur exécution. Plein de rancœur contre son peuple et contre les Puissances qu'il accusait de l'avoir abandonné, le vieux roi Guillaume s'épargna le dégoût de traiter d'égal à égal avec ses anciens sujets. Le 7 octobre 1840, I i TABLIER « ORANGISTE » BRODÉ A GAND ENTRE 1830 ET 1840. Cet objet n'a qu'accidentellement la forme d'un tablier. Le musée archéologique de Gand possède également un châle ou napperon « orangiste » (84 x 84 cm), forme sous laquelle le tablier avait d'abord été mis en circulation selon toute vraisemblance. Peut-être une dame de la société gantoise a-t-elle voulu témoigner son attachement à la dynastie d'Orange-Nassau en transformant le napperon en tablier. Celui-ci porte au centre les armes du royaume des Pays-Bas et, aux quatre coins, le chiffre de Guillaume I'"'. — Hauteur : 84 cm ; largeur en haut : 35 cm ; largeur à la base : 55 cm. (Gand, Musée Archéologique). Il t; S' 11-' [i'Il ! i'- Iî:; f I i:- jii II m ; KI f' Klil 1 I- li'î eîi 1 f\: : ; i ! .1 îi:! ii i ii ; ■ •il'-' t ■( ■ ; ' ' ! j li' K': il abdiquait inopinément pour épouser quelque temps après une dame d'honneur de sa première femme, la comtesse Adrienne d'Oultremont. C'est avec cette compagne qui, par une singulière ironie du sort, était d'origine belge et de religion catholique, qu'il passa ses derniers jours dans une retraite maussade à Berlin, uniquement occupé de lucratives opérations financières (3). FIN DE L'ORANGISME. -Son successeur, Guillaume II, était ce prince d'Orange qui après avoir vainement sollicité deux fois les Belges de lui donner la couronne, les avait battus dans la campagne des dix jours. Vis-à-vis de Léopold, sa position était doublement fausse, et l'on ne pouvait s'attendre à ce qu'il lui témoignât des dispositions très cordiales. Le manque de sens poh-tique et l'esprit d'intrigue dont il avait auparavant donné tant de preuves l'inclinaient encore à s'illusionner sur les chances d'un retour en sa faveur. Salué à son avènement par une députation des survivants de l'orangisme (4), il s'obstinait à compter sur ce parti moribond. Il se figurait d'ailleurs avoir conservé des sympathies en Belgique et se flattait naïvement de pouvoir les augmenter en affectant des tendances cathohques, en favorisant dans son armée les officiers belges, en modifiant l'uniforme de ses troupes à l'imitation de l'uniforme belge. Il n'est pas impossible qu'il ait pris au sérieux en 1840-1841 de vagues ouvertures dont il semble que le ministère Thiers l'ait tenté sur la possibilité d'un partage de la Belgique entre la France et la Hollande (5). Peut-être aussi crut-il pouvoir faire tourner à son profit les rêveries de De Potter en 1839, sur la constitution d'une fédération hollando-belge (6). Il se compromit en tout cas dans le complot insensé des généraux van der Smissen et van der Meere (septembre 1841) qui furent condamnés en Cour d'assises pour avoir voulu enlever la famille royale (7). Force lui fut bien cependant de suivre officiellement une conduite que les traités de 1839 aussi bien que l'opinion hollandaise lui imposaient. Ses velléités et ses machinations personnelles ne trouvaient aucun appui ni parmi sa nation ni parmi les membres de son gouvernement. Le ministre qu'il chargea de le représenter à Bruxelles, Falck, réprouvait nettement toute collusion avec l'orangisme, et la parfaite loyauté de son attitude contribua grandement à l'apaisement du conflit que les rancunes de la maison d'Orange avaient si inutilement prolongé entre les deux royaumes. Le 5 novembre 1842, un traité, complété le 8 août 1843 par une convention définitive, régla les questions encore pendantes en matière de navigation et de finances et fixa dans le détail le tracé des frontières. L'humeur du roi Guillaume ne devait plus empêcher désormais l'Etat belge et l'Etat hollandais d'entretenir l'un avec l'autre des relations correctes. i'^Oa n . (Bruxelles, collection A. Verbouwe.) « Hommage des Pays-Bas à Leurs Majestés le Roi et la Reine » lithographié et édité à Gand. Portraits du roi Guillaume 11 et de la reine Anna (sœur du czar Alexandre 1<") dans des médaillons surmontés de la couronne royale. Au-dessous, écu et devise de la maison d'Orange-Nassau : « Je maintiendrai. » Aux deux extrémités, dix-huit écus des provinces du Nord et du Sud. Les vers de circonstance proclament : En VQÎTi lës discordGS civilcs — Ont de leur souffle destructeur — De nos compagnes, de nos villes — Eloigné l'astre protecteur... La vieille amitié fraternelle — Sous le sceptre de l'équité — Scelle d'une chaîne éternelle — Deux débris de félicité... Au nouveau roi l'auteur déclare : Pour toi régne une ardeur discrète — Sous les dix-sept deux différents. Selon lui, les arts, l'industrie et le commerce Unissent encor deux climats. Cette lithographie, imprimée en or et en couleurs est signée P. Van de Steene fecit, avec adresse des lithographes à Gand. L'éditeur est Aimé Vandenbranden fils, de Gand également. L' « hommage » date vraisemblablement de 1840, année de l'accession de Guillaume II au trône. L'ATTITUDE DES GRANDES PUISSANCES. -Depuis la ratification de son indépendance par les cinq grandes Puissances, ce n'est pas l'attitude de la Hollande, mais bien celle de ces Puissances mêmes qui pouvait inquiéter la Belgique. Et, en effet, jusqu'en 1848, elle trahit à l'égard du jeune royaume tout autre chose que de la bienveillance. La Russie, l'Autriche et la Prusse se résignaient mal à admettre la légitimité du roi révolutionnaire que la France et l'Angleterre les avaient forcées de tolérer plus encore que de reconnaître. Le tsar avait pris prétexte de l'entrée d'officiers polonais dans l'armée belge en 1839, pour échapper au désagrément d'envoyer un ministre à la cour de Bruxelles. Il fallut attendre jusqu'en 1852 pour qu'il daignât nouer avec elle des rapports diplomatiques (8). Pour désagréable qu'elle fût, cette bouderie hautaine venant de si loin, n'était pas bien dangereuse. Les dispositions du tout-puissant Metternich avaient un bien autre poids, et Léopold s'ingéniait d'autant plus à se les concilier qu'il professait pour ce parangon de la Sainte-Alliance une admiration sincère. Depuis le début de son règne il n'avait cessé de correspondre avec lui, cherchant à l'amadouer en le rassurant sur les progrès du pouvoir monarchique et • sur la disparition de l'esprit répubhcain et des tendances francophiles parmi ses sujets, réclamant même son appui auprès de Rome pour obtenir la nomination à Bruxelles d'un nonce capable de modérer les allures démocratiques du clergé (9). Le grand homme se laissait courtiser avec une complaisance qui ne l'empêchait pas de faire sentir la férule. Lors de la crise de 1839, la nomination des officiers polonais lui avait fait rappeler, de même que la Prusse, son ministre en Belgique, et il l'avait pris de si haut que IV-5 j.' i Ivi' 1 (Oand, Musée archéologique.) Objets oHerts à l'avocat orangitle Metdepenningen par la loge du Septentrion, de Gand. Hippolyte Metdepenningen (Gand, 1799-1881) est une des figures les plus connues de la franc-maçonnerie et de l'crangisme gantois. Depuis 1830 il ne cessa de combattre le régime belge et siégea au conseil communal en qualité de défenseur des sujets fidèles à Guillaume I»', ce qui lui valut pas mal de mécomptes avec la garde civique, les tribunaux et ses adversaires politiques. En 1830, il s'affilia à la loge du Septentrion, celle-là même qui refusait de reconnaître la légitimité du Grand Orient de Belgique au profit du Grand Orient des Pays-Bas et qui, en 1855 encore, adopta les couleurs orange et bleu Nassau. Une statue a été édifiée à Metde-p^ennlngen en 1886. Œuvre du « maçon » Dillens, elle a été érigée par souscription dans le jardin du Palais de Justice, avec le concours des loges françaises, néerlandaises et belges. — Ci-dessus est reproduit le maillet du F.-. Metdepenningen et, ci-contre, le plat en argent, gravé par le F.-. Charles Onghena, que le Septentrion lui offrit le jour de son mariage (21 mai 1842). le roi avait été jusqu'à parler d'abdication. Bref, si le cabinet de Vienne pouvait avoir quelque complaisance pour la personne de Léopold, il était évident qu'à l'égard du peuple et de la constitution belge son antipathie restait insurmontable. Celle de la Prusse ne l'était pas moins. En 1842, Frédéric-Guillaume IV affirmait à Stockmar que le royaume de Belgique durerait à peine deux générations, qu'à moins d'entrer dans la Confédération germanique, il serait absorbé par la France, que le roi n'était qu'un instrument de Louis-Philippe, qu'au surplus l'armée belge n'avait aucune valeur militaire et que la nation turbulente, grossière, capricieuse et rebelle était ingouvernable (10). Sans doute exhalait-il, en parlant ainsi, la rancune que lui inspiraient les soupçons de Léopold à l'égard de la Prusse. Il ne pouvait ignorer sa répugnance pour la politique agressive de cette Puissance et pour ses visées d'unifier la nation allemande au nom du germanisme. Entre les deux souverains, la mésentente s'aggravait de l'antagonisme de leurs principes et de cette brutalité prussienne dont Léopold se plaignait plaisamment de ne recevoir que des coups de pied. Au reste, il ne rencontrait pas plus d'aménité chez les princes allemands, qui ne pardonnaient pas à un Cobourg de s'être rendu complice d'une révolution, et qui affectaient de ne prononcer jamais le nom de la famille qu'il avait compromise (11). Mais s'il l'avait compromise à leurs yeux, il l'avait en revanche relevée aux yeux de l'Europe en devenant roi, et il était bien décidé, tant par intérêt dynastique que par intérêt personnel, à la pousser plus avant dans le chemin de la fortune. Déjà en 1836, son neveu Ferdinand avait été porté au trône de Portugal par son union avec Dona Maria. Au mois de février 1840, le mariage d'Albert, autre neveu, avec la jeune reine d'Angleterre, auquel Léopold s'employa de toutes ses forces, le faisait participer au prestige que cette illustre alhance apportait à sa maison, en même temps qu'elle resserrait les liens de famille qui l'attachaient déjà lui-même à Victoria. La même année, une de ses nièces épousait le duc de Nemours, et trois ans plus tard, son neveu Auguste s'alliait à la princesse Clémentine d'Orléans. S'il n'avait tenu qu'à lui enfin, un autre Cobourg eût obtenu en 1841 la main de la reine d'Espagne. Il fallait bien convenir, après tout cela, que le petit roi répubhcain que l'on avait traité de si haut était devenu l'un des monarques les mieux apparentés de son temps, et sa couronne, apparaissant plus brillante, apparut en même temps plus respectable. Cette heureuse fortune de son souverain venait à point nommé pour la Belgique. Autant elle avait profité de l'entente cordiale de la France et de l'Angleterre, autant la rupture de celle-ci en 1840, lors de la crise provoquée par les événements d'Orient, semblait devoir lui être fatale. Jusqu'alors le gouvernement de Louis-Philippe avait cherché à exercer sur le nouveau royaume, à l'existence duquel il avait si activement contribué, une sorte de protectorat qui, tout en préoccupant le cabinet de Londres, n'avait pourtant provoqué de sa part aucune réaction inquiétante. En 1834, lorsque Léopold, après le décès de son premier fils, avait songé à prendre des mesures pour assurer, au cas où il mourrait sans enfants, la régence de l'Etat à un prince de la maison de Cobourg, le roi des Français avait prétendu s'opposer à ce projet, que la naissance du futur Léopold II, le 9 avril 1835 avait d'ailleurs bientôt dissipé (12). Plus tard, en 1836, sous le ministère Molé, il avait été question d'une union douanière entre la Belgique et la France, dont on s'était encore entretenu en 1837 et en 1839 (13). La crise économique qui s'ouvrit cette même année donna aux pourparlers une signification plus précise et des chances sérieuses de réussite. PROJET D'UNION DOUANIERE AVEC LA FRANCE. ^ L'élan industriel qui avait débuté en 1835 avec une fougue trop hâtive, n'avait pas tardé à s'épuiser au milieu des abus de la spéculation. Le marasme des affaires avait contribué, on l'a vu, à pousser les Chambres à l'acceptation des traités d'avril 1839, mais, ceux-ci votés, la situation était apparue plus menaçante. Le marché intérieur s'était rétréci par la perte du Limbourg et du Luxembourg. Sur toutes les frontières, des lignes de douanes s'opposaient aux besoins d'exportation d'une industrie trop développée pour pouvoir se maintenir sans débouchés extérieurs. Les capitaux commençaient à se cacher. La Banque de Bruxelles suspendait ses paiements en 1839, et John Cockerill était obligé de demander un concordat à ses créanciers. Les salaires, après une hausse momentanée, retombaient. La dépression prenait à tel point les allures d'une catastrophe que le roi de Hollande s'attendait à voir sombrer le pays dans une ruine qui le lui ramènerait, et que Guizot se persuadait de l'impossibilité pour la Belgique de conserver son indépendance dans des conditions aussi désastreuses. Au milieu de ce désarroi, l'idée de ranimer l'industrie en lui ouvrant le marché français grâce à une union douanière était trop tentante pour que le gouvernement pût y résister. De nouvelles négociations s'ouvrirent en 1840, puis en septembre 1841. Elles ne pouvaient d'ailleurs aboutir. D'une part, les usiniers du Nord faisaient front contre le péril auquel les aurait exposés la concurrence belge; d'autre part, il était évident que l'union douanière telle que la concevait le Cabinet de Paris ne visait qu'à préparer l'absorption pohtique. L'Angleterre, qui venait de rompre avec la France et de reconstituer contre elle, par le traité du 15 juillet 1840, l'union des Puissances, faisait d'ailleurs entendre des remontrances menaçantes. Le ministère comprit que, dans la crise européenne qui venait de s'ouvrir, le moment était venu d'affirmer la neutralité belge et, pour ainsi dire, de lui donner corps en la faisant passer de la théorie à la pratique. La conduite qu'il adopta alors devait faire précédent et inaugurer la politique à laquelle le pays resta inébranlablement fidèle jusqu'à la grande guerre de 1914. La tâche était malaisée et périlleuse. Le roi y donna une preuve éclatante de son tact et de sa claire conscience du double devoir que lui imposaient ses obligations, tant à l'égard de la Belgique qu'à l'égard de l'Europe. En cet instant décisif, rien n'était plus confus que la notion même de cette neutralité que la Conférence de Londres avait imposée et garantie sans la définir. Tandis que la France ne la concevait que comme un expédient grâce auquel la Belgique la couvrait sur ses frontières du Nord, les autres Puissances, au contraire, la considéraient comme une bar- (Bruxelles, collection duc d'Ursel.) (Cliché A.C.L.) Clémenl-Lothaire-Wenceslas, prince de Metternich (Coblence, 1773-Vienne, 1859). statuette de plâtre teinté, œuvre de Charles Cauer (Bonn, 1828-Kreuznach, 1885) datée de 1857. Hauteur : 52 cm. rière élevée à leur profit contre la France. Bref, celles-ci comme celle-là ne l'envisageaient qu'en fonction de l'Europe, que comme une question d'équilibre international. Ce fut l'originalité et l'honneur de Léopold I"' que de l'avoir fait, en même temps, apparaître comme une question belge. Il se saisit de l'occasion de prouver que la Belgique n'était ni un satellite de la France, ni une tête de pont contre la France, et qu'elle interprétait sa neutralité comme une sauvegarde tout à la fois de son indépendance et de la paix générale. Dès les premiers symptômes du refroidissement de l'Angleterre à l'égard de la France, il avait, en appelant Joseph Lebeau au ministère des Affaires étrangères, le 18 avril 1840, indiqué qu'il n'entendait point se subordonner à la politique du Cabinet de Paris (14). Le confht devenant plus aigu, il n'avait pas hésité à prendre des mesures de défense. Le 10 novembre, son discours du trône affirmait au Parlement que la neutralité serait maintenue « sincère, loyale et forte ». Insensible aux reproches de Thiers et aux déclamations des Chambres françaises qui l'accusaient de pactiser avec l'Angleterre et la Prusse, il ne se laissait pas ébranler davantage par les exhortations de Frédéric-Guillaume et de Victoria, à solliciter son admission dans la Confédération germanique. Cependant, il se prodiguait pour amener entre les cours de Londres et de Paris un rapprochement auquel sa parenté avec chacune d'elles lui permettait de travailler (15), et ces tentatives de pacification faisaient mieux ressortir l'impartialité de son attitude. Neutre et pacifique, sa politique .1 H' I: ; ( ■ ■)' ) ■ MINISTÈRE DK £a 3u0tict. ©aSiuet. ^iS'2/ --^ eu,.- i ) .y.' y... ...... cA ....... ,'/ .........7- •/-/••- «■•i-^--- . N. 11.0a al prii lia nnirlcr •U» L. d.ukur..irii.dici»./,/,/,., ... ^./î... , l l". Iv..' /.....^ f/. !/ l' n/1 .......... ) C D - , • <:■;.•. 'A- ï.-ut t..«.«..•• ... ......... (Musée de Mariemont, collection des autographes, n» 1048.) Lettre autographe de Joseph Lebeau (30 janvier 1832). En janvier 1832, Lebeau est ministre de la Justice. La lettre reproduite ci-dessus est adressée au ministre de la Guerre. Elle a trait à l'agitation qui règne à Liège. fut celle qui convenait au rôle et aux intérêts de son peuple. Elle accentuait et elle imposa le caractère sous lequel il voulait apparaître aux Belges et à l'Europe, celui d'un roi national. Cette politique devait évidemment le détourner de ses anciens projets d'union douanière. S'ils furent repris en novembre 1842, c'est que le ministère Guizot crut y trouver un moyen de donner à l'amour-propre français, par l'annexion économique de la Belgique, une compensation de ses récentes déconvenues en Orient (16). Le gouvernement de Bruxelles mena les pourparlers dans l'espoir irréalisable d'obtenir des avantages pour l'industrie sans compromettre l'autonomie nationale. Disposé à supprimer les droits de douane entre les deux pays et à établir un tarif unique pour les autres frontières, il se refusait obstinément à admettre les douaniers français sur son territoire. Les Puissances suivaient les négociations d'un œil soupçonneux et n'épargnaient pas les remontrances (17). En présence de cette attitude, le Cabinet de Paris, craignant de courir au devant d'un nouvel échec, laissa peu à peu tomber les conversations. Il se contenta d'une convention qui, en retour de concessions à l'industrie linière des Flandres, gravement atteinte par les progrès du machinisme, accordait à la France d'importants dégrèvements de tarifs sur les vins et les tissus de soie (16 juillet 1842). De longs et difficiles pourparlers conduisirent enfin, le 13 décembre 1845, à la conclusion d'un traité de commerce plus général qui devait expirer en 1852. Pendant qu'il discutait avec la France, le gouvernement cherchait à réaliser un accord commercial avec l'Allemagne. Il ne pouvait sans doute être question pour la Belgique d'entrer dans le Zollverein, et de consentir ainsi à la Prusse une vassalité qu'elle refusait à la France. Il ne faut même pas considérer le traité qu'elle conclut le 1" septembre 1844 avec cette Puissance et la Confédération germanique comme l'indice d'une orientation politique nouvelle. En réahté, il n'était que la conséquence nécessaire du plan formé en 1834 en vue de l'extension du trafic par l'éta-bhssement du chemin de fer vers Cologne. La ligne de Verviers à Aix-la-Chapelle avait été inaugurée en 1843. Elle devait conduire au traité. L'intérêt de l'Allemagne et l'intérêt de la Belgique étaient d'accord pour relier la région rhénane à Anvers, son débouché naturel. Des stipulations très avantageuses ne permettaient pas seulement au grand port de recouvrer son importance internationale, elles aidaient en même temps l'industrie métallurgique à sortir du marasme. C'est à bon droit que des fêtes brillantes saluèrent un événement qui mit fin à la crise économique ouverte depuis 1839. On se méprit d'ailleurs à l'étranger sinon sur la portée, du moins sur la nature de la convention. Louis-Philippe en ressentit un violent dépit (18), tandis que les Puissances continentales la considérèrent comme une manifestation contre la France (19). Elle n'était en vérité que l'aboutissement d'une grande voie ferrée, ou si l'on veut, le premier fruit de l'initiative de 1834. Dans la situation qu'elle occupait en Europe, la Belgique était appelée à consolider son indépendance à mesure qu'elle s'ouvrirait davantage à ses voisins et qu'accueillante à tous, elle échapperait par cela même à l'influence exclusive de l'un d'entre eux. TRAITE AVEC LE ZOLLVEREIN. - Le traité de 1844 avec le Zollverein peut être considéré comme le point de départ non seulement de celui de 1845 avec la France, mais de la convention du 29 juillet 1846 avec la Hollande. La guerre de tarifs entre les deux pays devenait sans but, du moment qu'il était évident que la Belgique ne succomberait pas aux périls qui un moment avaient semblé menacer son existence. En somme, elle avait victorieusement traversé la crise politique et la crise économique dont elle avait souffert en même temps. Elle avait affirmé sa neutrahté, grâce aux mesures mihtaires qu'elle avait su prendre au bon moment, et rétabli son industrie en poursuivant, malgré les difficultés de l'heure, la construction de ses chemins de fer. Le roi, qui lui avait con- M ; 60 (Bruxelles, collection baron Francis Houtart.) (Cliché Malvaux.) La reine Victoria et le roi Léopold à cheval, quittant le château de Windsor. La légende figurant au bas de la gravure originale porte le texte suivant : Her Majesty the Qaeen, The King of the Belgians, Lord Hill, the Duke of Wellington, etc. etc. (sic) proceeding to the Royal review at Windsor, passing from the Castle under George the Fourth's Gateway. Gravure de Samuel William Reynolds d'après un dessin de Frédéric Tayler (Boreham Wood, 1802-West Hampstead, 1889), éditée à Londres le 21 mai 1839. Reynolds, graveur et auteur des portraits, a rajeuni d'une vingtaine d années le roi des Belges. Après l'élection de l'ancien prince-consort au trône de Belgique, les graveurs anglais ont continué à se servir des modèles fournis par les portraits des années 1818-1820 pour représenter le souverain, sans se soucier de l'anachronisme évident de cette iconographie de circonstance. stitué une armée, et le Parlement, qui l'avait dotée de son réseau ferré, avaient également bien mérité d'elle. Si elle pouvait désormais compter sur l'avenir, elle ne pouvait cependant l'envisager sans inquiétude. La crise alimentaire de 1845 à 1846 donnait à la crise linière des Flandres les allures d'une épouvantable catastrophe. Les progrès du capitalisme et du machinisme bouleversaient l'ordre social d'un pays où, en 1846, 2,220,000 personnes vivaient de l'agriculture et seulement 1,280,000 de l'industrie. Entre les réclamations discordantes des manufacturiers et des propriétaires fonciers, le gouvernement se confinait dans un protectionnisme timide et incohérent. DEVELOPPEMENT DE L'INDUSTRIE. — L'échelle mobile adoptée en 1834 au profit des producteurs de blé maintenait le haut prix des céréales. Des droits protecteurs avaient été frappés en 1841, 1843, 1844, 1845 et 1846 sur divers produits à la demande des industriels. Le libre échange que faisait présager la construction des chemins de fer et le traité de 1844, bien que prôné déjà par un groupe de novateurs à l'imitation de l'Angleterre, soulevait encore la défiance des Chambres législatives. Vainement de timides efforts avaient été tentés pour créer des comptoirs au dehors. Sans y participer, le gouvernement s'était montré favorable, espérant que la colonisation fournirait un exutoire au paupérisme. Il avait laissé une société anonyme, la Compagnie belge de Colonisation, transporter en 1843 quelques malheureux à Santo Thomas de Guatemala. L'année suivante, huit cent soixante et onze émi-grants avaient été débarqués. Mais le manque de ressources de ces pauvres gens, l'insalubrité du climat, les conditions déplorables de l'hygiène et de l'organisation n'avaient pas tardé à prouver l'inanité de l'entreprise. Du 6 mars 1844 au I®'' novembre 1845, deux cent onze colons étaient morts de maladie et de misère et il fallut envoyer un bateau de l'Etat pour rapatrier les survivants. Quelques-uns seulement persistèrent, maintenant un semblant de vie à ce pauvre établissement. En 1859, sur le point de disparaître, il comptait encore une quarantaine d'émigrants. Le pays d'ailleurs s'était montré complètement indifférent aux projets de la Compagnie. Trois communes seulement avaient participé à la souscription ouverte pour constituer son capital. Une autre tentative en 1847 à l'embouchure du Rio-Nunez, sur la côte occidentale d'Afrique, ne réussit pas mieux. De toute évidence, l'idée « d'appliquer l'expatriation comme remède au paupérisme » était irréalisable. Les usines du Nord de la France suffisaient comme refuge aux travailleurs inoccupés. En 1848, elles employaient environ quatre-vingt-dix mille Belges (20). (Bruges, musée Gruuthuse.) (Cliché Pichonnier.) Léopold I®''. Faïence de Saint-Amand. Auteur inconnu. Hauteur : 0,90 m. Pour confuse qu'elle soit encore, la situation du pays vers cette époque, laisse pourtant percevoir qu'elle tend à évoluer dans le sens de l'industrie. La métallurgie des provinces wallonnes prélude dès lors à cette orientation nouvelle. En 1846, le ministre de France écrit que celle de Liège n'a jamais été aussi florissante et que « les ateliers ne suffisent pas à l'établissement de Seraing, qui vient de recevoir la commande de cent locomotives pour l'Autriche» (21). La même année, le 14 juin, le chemin de fer de Bruxelles à Paris était inauguré. Et au réseau construit aux frais de l'Etat commençaient à se relier des hgnes secondaires établies par des compagnies. Rassurés sur l'avenir de la Belgique, les capitalistes anglais sollicitaient des concessions. Dès 1845, ils obtenaient celle du chemin de fer de l'Entre-Sambre-et-Meuse. La même année, les Chambres approuvaient la création des embranchements de Tournai à Jurbise, d'Ans à Hasselt, de Louvain à la Sambre, de Liège à Na-mur, de Mons à Manage, d'Ath à Termonde, de Courtrai à Ypres, ainsi que la hgne du Luxembourg. Le trafic grandissait au point qu'en 1844 on réclamait l'établissement de doubles voies sur toutes les grandes lignes. Le pays maintenait énergiquement l'avance qu'il avait prise sur ses voisins du continent, qui lui faisaient l'honneur d'appeler ses ingénieurs à les faire profiter de leur expérience. LES CATHOLIQUES ET LES LIBERAUX. — L'union des catholiques et des libéraux de 1828 à 1830 avait été une alliance révolutionnaire; elle était maintenue de 1830 à 1839 comme une nécessité de salut public. L'accord des partis était complet quant au régime constitutionnel qui était leur œuvre commune et qui, par une fortune extraordinaire, se trouvait répondre également à l'idéal particulier de chacun d'eux. Ce qu'ils avaient voulu avec la même énergie, c'était la création d'un Etat qui, leur prodiguant toutes les libertés et leur en garantissant l'exercice, leur permît de part et d'autre de travailler à la réalisation de leurs desseins dans des conditions d'égahté parfaite et de concurrence loyale. Ni l'un ni l'autre n'avaient cherché à s'assurer l'avantage sur son adversaire. Au Congrès, malgré leurs répugnances réciproques, les libéraux avaient concédé aux catholiques la liberté de l'enseignement, et les catholiques, la liberté de la presse aux libéraux. En somme, la constitution était un pacte contracté entre des tendances rivales, dans un esprit si large et l'on pourrait presque dire si sportif, qu'il accordait à chacune d'elles une complète égalité de chances lorsque sonnerait l'heure de la lutte. Aussi longtemps que la préoccupation dominante avait été de sauvegarder l'existence même de la nation, l'intérêt (Bruxelles, Bibliothèque Royale, livre coté II, 19408, gr. fol.) Fabrique de produits chimiques à FloreHe, près de Namur. Lithographie d'A. Canelle extraite de La Belgique industrielle. Vues des établissements industriels de la Belgique, t. I, n» 69. Bruxelles, J. Géruzet, s.d. (2 vol. fol.). Ce recueil renferme deux cents vues d'usines et de fabriques belges vers 1850, dessinées d'après nature et lithographiées : complément par l'image, précieux pour l'histoire économique de la Belgique au milieu du XX» siècle. commun avait imposé aux Chambres, comme au pays, l'attitude d'entente patriotique que l'on désigne sous le nom d'unionisme. Mais il était fatal que du jour où les traités de 1839 auraient garanti définitivement l'avenir, les forces antagonistes délivrées du poids qui les avait comprimées jusqu'alors en arriveraient, par le fait même de leur expansion si longtemps contenue, à entrer en conflit. Déjà des symptômes significatifs avaient révélé plus d'une fois au sein du Parlement, une tension dangereuse. A chaque session, le budget des cultes et celui de l'enseignement donnaient lieu à des discussions passionnées. Au reproche « d'obscurantisme », les catholiques répondaient en stigmatisant « l'athéisme des écoles publiques ». Par prudence, le roi empêchait Rogier de présenter aux Chambres un projet de loi sur l'instruction, et ___ _ Lebeau, en 1833, refusait d'aborder la question tant « que la dernière sanction de notre nationahté dépendra de notre union et peut-être d'événements en dehors de toute prévision humaine» (22). Ainsi, le feu couvait sous la cendre. Il ne pouvait manquer de se ranimer aussitôt que, la question nationale résolue, le grand vent de l'opinion se mettrait à souffler. Si l'on veut apprécier exactement le cours que devait prendre la vie politique, il faut se demander en quoi consistait l'opposition des catholiques et des libéraux. En matière constitutionnelle, il importe de le répéter encore, il n'existait pas entre eux la moindre divergence. Par un bonheur extraordinaire, l'histoire avait épargné à la Belgique ces survivances du passé qui, en France, depuis la grande Révolution, avaient traversé tous les régimes sans s'y résorber. Sans doute, quelques républicains et quelques Orangistes conser- -- valent encore l'espoir, ceux-ci d'une restauration des Pays-Bas, ceux-là de l'abolition de la monarchie. Mais de moins en moins nombreux depuis l'avènement de Léopold I", ils avaient perdu toute influence après 1839, et, pour s'en convaincre, il suffit de comparer leur rôle à celui que jouèrent en France, sous la Restauration, sous Louis-Philippe et bien plus tard encore, les légitimistes, les bonapartistes et les républicains. A part ces petits groupes négligeables, l'opinion nationale ne s'exprimait donc que par deux partis, lesquels, non seulement admettaient, mais vénéraient également la constitution qu'ils avaient faite ensemble et dont chacun s'attribuait l'honneur. D'accord sur le terrain politique, ils ne l'étaient pas moins sur le terrain social, L'un et l'autre, en effet, se recrutaient au sein de cette bourgeoisie ou, pour parler plus exactement, au sein de ces classes moyennes qui, dans les idées du temps, apparaissaient comme seules capables de conduire la société dans les voies nouvelles ouvertes par la Révolution française. En adoptant le cens comme base du droit électoral, à l'imitation de l'Angleterre et de la France, le Congrès y avait vu beaucoup plus encore qu'une garantie d'ordre, une garantie d'indépendance et une protection contre une offensive possible de !'« aristocratie » et du « despotisme ». Car dans l'état d'ignorance et de dépendance économique oii se trouvait le peuple, il était clair que toute extension du droit de suffrage eût tourné au profit de la réaction. « Plus on abaissera le cens, avait dit Lebeau au Congrès, plus on aura des élections aristocratiques. » (23) On avait cru sincèrement faire preuve de saine démocratie en adoptant un cens moins élevé que celui de la France et en le graduant de 20 à 30 florins dans les campagnes et de 50 à 80 dans les villes. Tandis que d'après (Bruxelles, Bibliothèque Royale, recueil coté II, 59358, 4".) La gare de Louvain en 1843. Lithographie de Gérard d'après un dessin d'A. Canelle, extraite des Vues perspectives des stations et travaux d'art des chemins de fer de la Belgique. Bruxelles, Gérard, 1843. la charte de Louis-Philippe il n'y avait qu'un électeur sur cent soixante habitants, il y en avait un sur quatre-vingt-quinze d'après la constitution belge. A partir de 1839, le corps électoral comprit environ cinquante mille personnes formant à elles seules le « pays légal ». Les constituants étaient persuadés que la fortune, théoriquement accessible à tous, ne pouvaient passer pour un privilège. L'Ancien Régime ayant disparu, ils se figuraient qu'il n'y avait plus de classes parce qu'il n'y avait plus d'aristocratie, ou plutôt qu'il n'existait plus qu'une classe, la classe moyenne « représentant tous les intérêts, disait Leclercq, parce que tous en sortent ou y rentrent » (24). Mais s'il est vrai que la bourgeoisie seule pouvait fonder des institutions libres, il ne l'est pas moins qu'il était impossible qu'elle ne s'identifiât pas à la nation et ne la confondît pas avec elle-même. De même qu'au XII° et au XIII® siècle les villes naissantes avaient naturellement passé sous l'administration d'une ploutocratie patricienne contraste cruellement avec la mesquinerie et l'étroitesse trop souvent répugnantes des luttes dont seul néanmoins il peut expliquer le furieux déchaînement. Entre catho-hques et libéraux belges, le conflit se manifesta en réalité au XIX® siècle pour des causes et sous des formes parfois analogues à celles qui avaient déchaîné et entretenu au XVI® siècle le conflit entre gueux et papistes. C'est une guerre de religion ou tout au moins une guerre confessionnelle. Comme alors, en effet, tout le débat se concentre sur l'Eghse. Instrument nécessaire du salut éternel pour les catholiques, et dès lors divinement revêtue du droit d'accomplir sans entraves sa mission supra-terrestre, elle n'est pour les libéraux qu'une institution humaine qu'il importe, sinon de soumettre au contrôle de l'Etat, du moins d'empêcher d'envahir le domaine réservé au pouvoir civil. Car lui aussi, ce pouvoir a sa mission qui consiste à garantir à tous les citoyens croyants ou incroyants, l'égale faculté (Bruxelles, Bibliothèque Royale, livre coté II, 19408, gr. fol.) «En 1846, le minisire de France écrit que celle (= la métallurgie) de Liège n'a jamais été aussi florissante et que «les ateliers ne suffisent pas à l'établissement de Seraing... » (Voyez le texte, p. 62.) — Vue générale des usines Cockerill à Seraing vers le milieu du XIX® siècle. Elles occupent l'emplacement de l'ancien château des princes-évêques de Liège (voyez t. III, p. 380). La Meuse coule au pied de l'entrée principale. — Lithographie coloriée, œuvre d'A. Canelle, extraite de La Belgique industrielle. Vues des établissements Industriels de la Belgique, t. II, n"» 198-199. qui, peu à peu, les avait exploitées à son profit (25), de même l'Etat constitutionnel du XIX® siècle, irréahsable et inconcevable sans le caractère censitaire qu'il revêtit partout à ses débuts, devait forcément en arriver à se subordonner aux intérêts du seul groupe social qui y détenait le pouvoir. Comme celui des patriciens du Moyen Age, son gouvernement devait avoir tous les mérites, mais aussi tous les défauts d'un gouvernement de classe. Y participant côte à côte, catholiques et libéraux, également censitaires, étaient aussi également intéressés à le maintenir, si bien que, loin de les opposer, la question, ou si l'on préfère les questions sociales, leur étaient un nouveau motif d'entente. Entre ces hommes que rassemblaient la communauté des conceptions politiques et la communauté des intérêts, si pourtant une rupture s'est accomphe si complète, si violente, si décisive, qu'elle a semblé parfois mettre en péril l'existence même de la nation, c'est que l'idée que les uns et les autres se faisaient de la destinée humaine était incompatible. J'emploie à dessein ce grand mot qui non seulement de manifester, mais de réaliser leurs idées. En vertu de leur foi, les catholiques professent que la société religieuse est supérieure à la société laïque; en vertu de leurs principes, les libéraux la considèrent comme une communauté particulière englobée dans cette société. Ainsi posé, le différend est insoluble suivant la constitution, puisque la constitution au lieu de définir les rapports entre l'Eghse et l'Etat s'est bornée à leur reconnaître à chacun la même liberté. Or, l'Eglise ne peut être libre que si l'Etat renonce à intervenir dans son domaine propre, et s'il y renonce, il lui sacrifie donc une partie de sa liberté. A l'époque oii nous sommes, la question n'apparaît pas encore, il est vrai, dans toute sa gravité. La très grande majorité des libéraux belges, « vont à la messe » (26) et distinguent soigneusement l'Eglise du clergé qu'ils accusent de la compromettre par son intolérance. La tradition, l'habitude, les convenances de famille ou de société les retiennent dans la religion. Ils ne sont pas anticatholiques : ils ne sont encore qu'anticléricaux. Cette attitude se comprend d'autant mieux, que le catholicisme libéral de leurs adversaires ne prête à aucun soupçon de confes-sionnalisme. Ils admettent pleinement toutes les libertés constitutionnelles, c'est-à-dire toutes les libertés modernes. En 1832, n'ont-ils pas considéré la fameuse encyclique lancée contre elles par Grégoire XVI comme une simple affirmation théorique, comme une « thèse » indépendante de la pratique, et leur représentant le plus considérable, le comte de Mérode, n'a-t-il pas déclaré en plein Parlement, qu'elle ne le liait pas? (27). Mais les deux partis ont beau se réclamer l'un et l'autre de la constitution, ils ne l'interprètent pas de la même manière. Tandis que les libéraux ne voient dans la liberté qu'elle confère à l'Eghse qu'une liberté dont l'exercice a pour limite l'indépendance du pouvoir civil, aux yeux des catholiques, au contraire, elle constitue la liberté primordiale devant laquelle le pouvoir civil, s'il ne veut lui apporter son concours, doit au moins s'effacer. PROGRES DE L'INFLUENCE DU CLERGE. -A prendre le pays dans son ensemble, il est évident que les cathohques y possèdent une majorité écrasante. A bien peu près, l'ascendant de la religion et avec lui l'ascendant du clergé sont restés à la campagne ce qu'ils étaient à la fin du XVIII® siècle. Dans la partie rurale des provinces flamandes surtout, que sa langue a préservée de l'in- UNIVERSITÉ DE LOUVAIN. REPRISE DKS lllude^ Académiques. Lundi 14 Octobre 1833, le son des cloches et du carillon annoncera la solemnilé du léndciiiaiii. Mardi 15 à 10 V^ lieui-es du matin, le Collèj^e des Curateurs et les membres du Si'-nat Académifjiie se réuniront aux Halles; ils se rendront à 11 heures à rKglisc de St Pierre pour y assister à la messe du Saint Esprit. Après le service divin, les Membres de rUniversité retourneront aux Halles pour procéder à la remise du Rectorat Les autorités civiles et militaires, MM. les Rtudians et les ha-bitans de cette Ville sont invités à assister à ces solennités qui seront annoncées par le son des cloches et du carillon. Le présent programme transmis aux fonctionnaires civils et militaires tiendra lieu de lettre d'invitation. LouvaiD, le la Ociobre i855. Poiii le ("allège des Curateurs. Secrétaire-Iuspecteur de ITJniversiW, D. ARNOULD. lODVAllI, CH«Z rHAKÇOlS MHMIl.. IMPMKHiB.UMlAini DK LOmVEBSITt. (Bruxelles, Archives Générales du Royaume de Belgique, Réserve.) Affiche annonçant la « reprise des Etudes Académiques n à l'université de Louvain pour le 15 octobre 1833. L'université catholique fondée à Malines par les évêques belges en 1834 ne put se fixer à Louvain dès le premier jour parce que l'université d'Etat, instituée par Guillaume I»"- dans cette dernière ville, subsistait. Une loi votée par le Parlement en 1835 mit fin à son existence. Celle de Malines fut transférée à Louvain à la suite d'une convention passée avec l'administration communale le 13 octobre 1835. L'ouverture solennelle des cours eut lieu le l"- décembre de la même année. — L'affiche reproduite ci-dessus intéresse donc l'institution concurrente qui vivotait depuis 1830. (Bruxelles, collection baron Pecsteen.) (Cliché Bureau d'Iconographie de l'Association de la Noblesse de Belgique.) Bartfiélemy-Théodore de Theux, comte de Meyiandt (Schaebroek, 1794-Heusden, 1874). Elu par le district de Hasselt au Congrès National, député catholique du même district pendant plus de quarante ans, il présida d'août 1834 à avril 1840 un cabinet unioniste, et un cabinet catholique homogène de fin mars 1846 à août 1847. Jusqu'à sa mort il fit figure de chef de la droite. — Portrait peint par Louis Gallait (Tournai, 1810-Bruxelles, 1887). fluence française, ils pénètrent le peuple jusqu'au fond. Il n'existe guère de libéraux qu'au sein de la bourgeoisie, c'est-à-dire dans les villes ou dans les districts industriels. Mais cette disproportion numérique n'affecte pas la représentation des partis au Parlement, puisque celle-ci est fondée sur le cens. Or, parmi les censitaires, les fabricants, les adeptes des professions supérieures, les gens d'affaires et les gens instruits appartiennent pour la plupart à l'opinion libérale. A travers tout le pays, dans la région flamande comme dans la région wallonne, la bourgeoisie urbaine sera donc le soutien du libéralisme et lui conférera une remarquable unité. Les cathohques, de leur côté, trouvent leur appui principal parmi les électeurs des campagnes, et s'ils sont plus nombreux dans les Flandres, c'est que le nombre des paysans y surpasse le nombre des citadins. Aussi longtemps que durera le régime censitaire, ce n'est pas suivant la langue, mais suivant l'habitat que se répartiront les partis, si bien que l'un et l'autre s'éten-dant à tout le territoire l'imprégneront d'une activité poh-tique remarquablement homogène. En restreignant le pays légal à une cinquantaine de milliers d'électeurs, le Congrès national, sans l'avoir voulu, a donc largement contribué à unifier le pays lui-même. Le clergé avait apporté l'appui des masses catholiques à la révolution. La chute du gouvernement hollandais devait aussitôt le lancer dans une activité presque aussi intense que celle qu'il avait déployée lors de la restauration Vl ' II-'. i ; » y religieuse contemporaine d'Albert et Isabelle. De toutes parts et dans tous les domaines, l'Eglise met à profit les libertés que la constitution lui prodigue pour rétablir, avec son organisation, son emprise sur les âmes (28). Les évêques s'empressent de rouvrir les séminaires fermés par les arrêtés de 1825, et d'installer à côté d'eux quantité de petits séminaires; des missions intérieures, sur le modèle de celles qui avaient été prê-chées en France durant la Restauration, sont organisées dans tous les diocèses. Les congrégations se développent à l'envi, soit qu'elles existassent déjà dans le pays, comme celles des Sœurs de Notre-Dame et des Joséphites, soit qu'elles s'y réinstallent après en avoir été expulsées par le roi Guillaume, comme celles des Frères des Ecoles Chrétiennes et des Jésuites. Par elles, à tous les degrés, l'enseignement désorganisé par la Révolution se reconstitue avec une telle rapidité et prend une telle extension qu'il semble destiné à constituer bientôt le monopole de l'Eglise. Dès 1840, plus de la moitié des écoles primaires lui appartiennent; presque toute l'instruction secondaire est dispensée par ses collèges épisco-paux, par ses petits séminaires et, mieux encore, par les sept collèges ouverts à cette date par les Jésuites. LA QUESTION DE L'ENSEIGNEMENT. - Au sommet de toute cette organisation trône l'Université catholique installée le 4 novembre 1834 à Malines d'abord auprès de l'archevêché, puis transportée à Louvain en 1835, où elle bénéficiera de l'éclat jeté par son illustre devancière du XV® siècle (29). Quant aux progrès de la ferveur rehgieuse, il suffit de dire que, de 1829 à 1846, la popu- (Oand, Ottogracht.) (Cliché A.C.L.) « ... imiter l'exemple de la ville de Gand, et (d') ouvrir, comme elle l'a (ait en 1832, des athénées d'où l'instruction religieuse est absente comme ne relevant que de la volonté des pères de (amille... » (Voyez le texte, p. 67.) — Façade de l'athénée de Gand. L'ancien refuge de l'abbaye de Baudeloo fut converti successivement en école centrale (1797), lycée (1804), collège municipal (1814), avant de devenir athénée communal (1832). Les fondateurs de ce dernier se proposaient deux buts : développement des facultés intellectuelles de l'enfant et accroissement progressif des connaissances. Le règlement d'ordre intérieur déclare ; « Tout ce qui concerne l'enseignement de la religion et l'accomplissement des devoirs religieux reste étranger à l'athénée, et est laissé aux soins et à la surveillance des parents... » L'établissement devint athénée royal en 1850. de 4,791 à 11,968 personnes. Elles fournissent leur personnel à tous les établissements charitables sans exception, orphelinats, hospices de malades ou de vieillards, asiles, dispensaires, refuges de quelque ordre ou de quelque nature que ce soit, et, en 1842, l'institution des Conférences de Saint-Vincent de Paul, établies à l'imitation de la France, fait collaborer les laïques avec les moines dans cette grande œuvre de bienfaisance. Disposant des âmes par l'enseignement et des corps par la charité, il semble donc que l'Eglise soit sur le point d'imprégner de son esprit la société tout entière. Le régime moderne de la liberté lui permet de se développer avec une vigueur et lation des communautés d'hommes et de femmes passe une énergie qu'elle n'a jamais connues aux époques où ______________________________________________________________________________________________l'Etat confessionnel lui accordait sa protection, mais la soumettait en revanche à sa tutelle. En face d'elle, le pouvoir civil non seulement est aujourd'hui désarmé, mais par surcroît s'est chargé de l'obligation constitutionnelle de remplacer par des traitements les revenus que les biens ecclésiastiques confisqués par la Révolution française fournissaient jadis au clergé. (Alost, Pontstraat.) (Cliché A.C.L.) « ... l'enseignement... semble destiné à constituer bientôt le monopole de l'Eglise... presque toute l'instruction secondaire est dispensée par ses collèges épiscopaux, par ses petits séminaires et, mieux encore, par les sept collèges ouverts à celte date par les Jésuites. » (Voyez le texte, ci-dessus.) — Façades de l'église et du collège Saint-Joseph à Alost. Cinq ans après leur Installation à Alost, les Jésuites ouvrirent un collège (1625). Ils en furent chassés en 1773. En 1831, Ils réoccupèrent l'établissement qui avait servi de collège épiscopal entre 1814 et 1825. Ils y enseignent aujourd'hui encore. La façade de l'église date de 1729-1730; la façade des locaux, de 1625 ou environ : celle-ci a été restaurée en 1937. PLAN DK MONS l'OtH LE:; ÎLECTIOK3 DE IÔ4J. /i?)tii0E M mm». - J- «tt». «m DIS POTT^oim». nui DIS P«m»4Ml«». - 1~ i«m«. KOHTAGire MS OOITO-Tnm. — ■ — Rm M U KtCEJKK. f ■ II.rteT^ft.. «itMi». «Il DI U ttCDKI. - 7- • tas. ■UI MS MmilES. tir,. SSÛ, rr^' GRAIID4A1L0N. (Bruxelles, Bibliothèque Royale, recueil coté II, 4742, 4", volume 21, n" 20.) Liste d'électeurs bruxellois par sections et par rues (élections législatives de 1845). Rues de Namur, des Petits Carmes et de la Régence appartiennent à la septième section. Les électeurs sont énumérés par rues et par ordre alphabétique. Dans la deuxième colonne, indication de la profession (dix rentiers et cinq «propriétaires» sur cinquante-huit noms recensés Ici); dans la dernière, indication du numéro de la rue. — Extrait de l'Indicateur des noms de MM. les électeurs appelés à élire les membres du Sénat et de la Chambre des Représentants... pp. 4 et 5, s.l., 1845, in-8». l'unionisme n'était point une tactique parlementaire, mais une politique imposée par l'intérêt même du pays. Grâce à son prestige personnel et à son habileté, il parvint à retarder de quelques années le moment oii les Chambres se diviseraient en deux partis comme se divisait déjà le corps électoral dont elles étaient issues. Les votes qu'il réussit à obtenir ne correspondaient certainement pas aux programmes sur lesquels avaient été élus les représentants et les sénateurs qui les émirent. La majorité qui l'appuya dans le Parlement n'existait pas dans la nation, et l'on assista au spectacle paradoxal de lois adoptées par les mandataires de partis qui, dans leur ensemble, les réprouvaient. Tel fut le cas pour les lois de 1842, dont l'une autorisait le roi à nommer les bourgmestres en dehors des conseils communaux, et dont l'autre fractionnait en sections de quartier le corps électoral des grandes communes. Stigmatisées du nom de « lois réactionnaires » par la presse libérale qui n'y voulut voir qu'un moyen de favoriser les catholiques arraché au gouvernement par r« influence occulte du clergé », elles n'en furent pas moins votées par de nombreux libéraux. Et il est plus étonnant encore de constater qu'il ne se trouva que quatre opposants dans les Chambres à la loi du 24 mars 1842 sur l'enseignement primaire, et qu'elle fut adoptée par le Sénat à l'unanimité. LA LOI DE 1842 SUR L'ENSEIGNEMENT. -Transaction opportuniste entre les principes incompatibles des deux partis, elle accordait quelque chose à chacun d'eux sans les contenter ni l'un ni l'autre. Aux libéraux, elle donnait la satisfaction de voir l'Etat, revendiquant le droit d'organiser l'instruction publique, imposer à chaque commune l'entretien d'une ou de plusieurs écoles. Aux catholiques, elle accordait non seulement la garantie de reconnaître au clergé la surveillance de l'enseignement au point de vue rehgieux, mais encore la faculté laissée aux communes d'adopter une école privée, c'est-à-dire en fait une école catholique. Il est incontestable qu'ainsi faite la loi répondait à la situation d'un peuple oii, sauf d'infimes minorités, la population restait profondément attachée à la rehgion et à l'Eghse. Mais ce sont les minorités qui mènent les partis, et le régime censitaire leur conférait iwJ'j-jxDiyj'ii, (Paris, Bibliothèque Nationale, Cabinet des Médailles.) «Le «Juif errant» est publié en {euilleton par les journaux de gauche et, en 1845, une médaille d'or est offerte à son auteur en signe d'admiration et de reconnaissance. » (Voyez le texte, p. 68.) Au droit (à gauche sur la planche), portrait à mi-corps d'Eugène Sue. Légende : LES LIBERAUX ■ jES A EUGENE SUE. Au revers, plume foudroyant une h..... lions _________ __________ ----- à la suppression de l'ordre des Jésuites par le pape et à leur expulsion de France et des Pays-Bas). — Le Juif errant. Légende : SA PLUME FOUDROIE L^HYDRE QUI BRAVA ROME ET LES BELGES A EUGENE SUE. "Au revers, plume foudroyant une hydre; le motif est entouré des men-Bulle de Clément XIV 1773 — Edit de Louis XV 1764 — Edit de Marie-Thérèse 1773 (allusions — - 0. -ROIS — Exemplaire d'argent signé au droit Hart (Lau-................' mm. (allusion aux attaques de Sue contre les Jésuites). — Exemplaire d'argent signé au droi rent-Joseph Hart : Anvers, 1810-BruxelIes, 1860) ]anv(ier) 1845. Diamètre : 53 (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes.) Jean-Baptiste Nothomb (Messancy, 1805-Berlin, 1881). Elu au Congrès National, puis à la Chambre des Représentants, par la circonscription d'Arlon, qu'il représenta pendant dix-huit ans, Nothomb appartenait à l'opinion libérale modérée et unioniste. Ministre des Travaux publics de 1837 à 1840, formateur du cabinet et ministre de l'Intérieur de 1841 à 1845, il fit voter, entre autres, la loi scolaire de 1842. Après 1845, il représenta la Belgique auprès de diverses cours germaniques. — Lithographie de Charles Baugniet (Bruxelles, 1814-Sèvres, 1886). d'ailleurs une importance qu'elles n'avaient pas dans la nation. On ne trouvait que dans la bourgeoisie des catholiques férus du dogme de l'incompétence de l'Etat en matière d'enseignement, et des hbéraux n'admettant qu'une instruction exclusivement civile et neutre. De part et d'autre, la presse se déchaîna contre un système qui, pour les uns, violait la liberté de l'enseignement et pour les autres, mettait en péril la liberté de conscience. Evidemment, la question scolaire n'était pas résolue. Elle n'était que momentanément écartée. La politique unioniste de Nothomb, malgré ses succès au Parlement, ne pouvait durer très longtemps en présence de l'opposition qu'elle soulevait de plus en plus au sein des partis. Ce gouvernement de transaction devait forcément céder à la pression de l'opinion, et c'est miracle qu'il se soit maintenu pendant plus de quatre ans. Lorsqu'il se retira après les élections de 1845, dont l'ac- ostxrz sa tokvttkb. RcconDsiMct-aoui pour VM UMltro. — La Belgique : Jamais. A mort donc! — La Belsiquo ; à nioi, libéraux et cte«teun du 9 iuia! (Caricaliiredal'^TKi.l (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes.) « Scène de torture ». Caricature anticléricale (1847). Les maîtres du jour (le cardinal Sterckx et ses coreligionnaires laïques) foulant aux pieds la Loi et la Constitution, torturent la Belgique. « Reconnaissez-nous pour vos maîtres. — La Belgique : Jamais. — A mort donc 1 — La Belgique : à moi, libéraux et électeurs du 8 juin ! » (allusion aux élections législatives du 8 juin 1847 qui consacrèrent la fin de l'unionisme et le triomphe de VAssociation libérale et constitutionnelle). Sur le chapeau du cardinal, le nombre 45000 rappelle le montant du traitement annuel versé à Sterckx par l'Etat. — Caricature signée P.J.D. 1847 et extraite de VArgus. Chambres, ne parvenait pas à s'imposer. L'impossibilité de se mettre d'accord avec ses collègues sur un projet de loi organisant l'enseignement moyen, poussa van de Weyer, après une pénible administration de huit mois, à renoncer à la tâche dont il avait été chargé malgré lui. Une fois de plus, le roi se tourna vers les libéraux. Mais Rogier ne voulait accepter la mission de former un gouvernement qu'en prenant pour programme l'indépendance du pouvoir civil et en recevant l'assurance d'une dissolution des Chambres en cas « d'opposition journalière et combinée de leur part ». Devant cette décision bien arrêtée de n'administrer qu'avec l'appui du libéralisme, il ne restait au roi qu'à s'adresser aux catholiques, qui seuls demeuraient fidèles à la politique unioniste à laquelle il ne se résolvait pas à renoncer (35). Le Cabinet formé par le comte de Theux (31 mars 1846-12 août 1847) fut recruté tout entier à droite. C'était cependant, sinon un « défi », tout au moins un « anachronisme » et en tout cas une contradiction que de confier le salut de l'unionisme, à un seul parti. Fait comme il était, le ministère ne pouvait prétendre qu'à occuper le pouvoir sans posséder les moyens de l'exercer. La majorité dont il disposait était infime et tout indiquait que le moment était proche oiî elle s'effondrerait sous lui. centuation, tant à droite qu'à gauche, ne lui permettait plus de compter sur une majorité, le roi ne se résigna cependant pas à reconnaître que le temps était venu de livrer le pouvoir aux compétitions des partis. Devant le refus des libéraux de recommencer l'essai malheureux du Cabinet Lebeau, il fit appel au dévouement de Sylvain van de Weyer qui depuis la Conférence de Londres gérait la légation de Belgique en Angleterre (30 juillet 1845-31 mars 1846). C'était la première fois que le chef du Cabinet était désigné en dehors des Chambres. Les services éminents qu'il avait rendus au pays pourraient-ils compenser cette cause de faiblesse ? Mais l'ingratitude s'impose nécessairement aux partis et le roi put s'en convaincre aussitôt. Peut-être avait-il espéré satisfaire tout le monde en engageant van de Weyer, rationaliste notoire, à s'entourer surtout de collaborateurs catholiques. Il ne réussit qu'à le discréditer à la fois auprès des libéraux qui ne virent en lui qu'un transfuge, et des catholiques qui le considéraient comme un adversaire de leur foi. « Pourquoi est-on allé vous chercher au delà de la mer ? » s'écria Paul Devaux, et ces paroles indiquaient suffisamment que le temps était passé où la couronne pourrait imposer au Parlement un ministère de son choix. Au sein même du Cabinet d'ailleurs, l'unionisme, désormais condamné dans les PROGRES DU LIBERALISME ANTICLERICAL. — Depuis 1839, le libéralisme n'avait cessé de grandir au sein du corps électoral. Le régime censitaire favorisait ses progrès. Car si le cens était plus bas dans les campagnes que dans les villes, le développement de l'indus- (Bruxelles, Bibliothèque Royale, recueil coté II, 4742, 4», vol. 29, n° 11.) « ... un Congrès libéral (...) s'ouvrit le 14 juin 1846 à l'hôtel de ville de Bruxelles. C'était la première fois que la liberté de réunion servait à organiser une manifestation politique antigouvernementale. » (Voyez le texte, p. 71.) Trois cent vingt-six délégués, sur trois cent quatre-vingt-quatre inscrits, se réunirent à i'hfttel de ville de Bruxelles. Les résolutions adoptées (voyez le texte de Pirenne) marquèrent la fin de l'unionisme : principe de la réforme électorale, abaissement du cens électoral, organisation d'un enseignement public laïque à tous les degrés, amélioration des conditions de vie de la classe ouvrière. De plus, le Congrès « fait des vœux pour l'affranchissement, par tous les moyens légaux, du clergé inférieur... ». — Le Congrès a fait éditer le texte de ses résolutions, la liste des participants et une gravure de circonstance, reproduite ci-dessus, le tout sur une seule feuille. trie avait d'autre part pour conséquence l'augmentation rapide de la population urbaine avec laquelle croissait le nombre des censitaires libéraux. Ajoutez à cela que les catholiques n'avaient pas, à proprement parler, de programme politique. Satisfaits de la liberté que la constitution garantissait à l'Eglise, ils ne demandaient rien d'autre que la continuation d'un régime qui permettait à celle-ci de soumettre peu à peu la vie sociale à son influence. Ils ne contestaient pas l'indépendance du pouvoir civil pourvu qu'elle se confinât dans « le cercle de ses attributions réelles ». S'ils étaient attachés à l'unionisme, c'est qu'ils le considéraient comme un moyen d'empêcher leurs adversaires de sortir de ce cercle. Ainsi compris, l'unionisme conduisait fatalement à une politique d'abstention et d'immobihté incompatible avec les principes dont les libéraux se réclamaient. Pour eux, la liberté devait être l'instrument du progrès dans tous les domaines. Se considérant comme les héritiers et les continuateurs des révolutionnaires de 1789, ils se proposaient de pousser plus loin dans la voie qu'ils avaient ouverte. Leur idéal était l'affranchissement complet de l'individu tant à l'égard de l'Etat qu'à celui de l'Eglise. Et comme cette dernière seule était dangereuse, c'est à elle qu'ils s'en prenaient nécessairement. Leur anticléricalisme n'était en réalité qu'une face de leur libéralisme, mais dans les conditions actuelles c'en était la seule visible en même temps que le seul principe d'action. La « politique nouvelle » dont ils parlaient se confondait avec une politique dirigée non sans doute contre la religion, mais contre r« influence occulte » qui, d'après eux, corrompait l'unionisme gouvernemental. Décidés à en secouer le joug, ils faisaient preuve d'une activité combative qui manquait totalement aux catholiques et qui les déconcertait. Ils avaient le prestige et les avantages de l'offensive. Leur presse, à laquelle réphquaient pauvrement les rares journaux de la partie adverse, dénonçait les périls, que la politique cléricale faisait courir à la liberté. Les lois « réactionnaires » de 1842 n'avaient - elles pas pour but d'énerver la résistance des grandes communes aux empiétements de l'Eglise ? La loi scolaire ne devait-elle pas livrer l'école à l'inquisition du prêtre ? Et le prêtre n'avait-il pas toujours été le soutien du despotisme et de l'aristocratie ? N'avait-on pas vu en 1841, le catéchisme du diocèse de Namur faire du payement de la dîme un devoir des fidèles ? Le projet des évêques de donner à l'Université de Louvain la personnification civile, ne trahissait-il pas visiblement l'intention de reconstituer la main morte ? Le pape d'ailleurs n'avait-il pas condamné les libertés modernes ? Sans doute les catholiques n'attaquaient (Oand, Musée archéologique.) Drapeau remis à la ville de Gand en reconnaissance des services rendus à la cause de l'indépendance nationale en 1830. A la commune de Oand, la Patrie reconnaissante. — Si Oand fut le foyer le plus actif de l'orangisme pendant les premières années d'existence du royaume de Belgique, il n'est pas moins vrai d'affirmer que les « patriotes » réagirent vigoureusement contre les menées des partisans de Guillaume I". pas encore la constitution, mais qu'on les laissât faire, et elle serait bientôt en danger. L'arrogance épiscopale ne tenait aucun compte de la liberté des citoyens. N'avait-elle pas dénoncé les loges maçonniques à la réprobation publique ? Sur qui s'appuyait d'ailleurs le parti qu'elle inspirait si ce n'est sur les électeurs ignorants et fanatiques des campagnes, si bien que son triomphe serait fatalement celui du fanatisme et de l'ignorance ? Dans l'ardeur de la lutte, on s'emportait jusqu'à mettre en doute l'infaillibilité du Congrès et à se demander si un excès de générosité ne lui avait pas fait mesurer trop largement la part de liberté donnée à cette Eglise qui menaçait toutes les libertés. En se ralliant au libéralisme aux environs de 1840, les Orangistes avaient encore renforcé ses tendances anticléricales en même temps qu'ils avaient augmenté son influence sur la grande industrie, Rogier constatant en 1845 que les plus riches des électeurs censitaires appartenaient à l'opinion libérale, qui apparaissait ainsi comme la plus solide garantie de l'ordre (36). LE CONGRES LIBERAL DE 1846. - Mais les éléments les plus jeunes du parti supportaient impatiemment l'hégémonie de la clique « aristocratico-métallique » (37) à laquelle ils reprochaient de trop sacrifier aux intérêts matériels. Comme en France, ils demandaient une réforme électorale que la plupart d'entre eux limitaient d'ailleurs à l'abaissement progressif du cens. Leurs tendances démocratiques se confondaient ainsi avec l'intérêt même du parti. Car toute réduction du cens devant nécessairement aboutir à augmenter le nombre des électeurs urbains tournerait sans nul doute au profit du libéralisme. De bonne heure, l'orientation nouvelle s'était fait jour au sein de la Société L'Alliance fondée en 1841 à l'initiative des loges. Son développement menaçait d'amener à la longue une scission entre modérés et radicaux et c'est probablement pour parer à ce péril que les chefs du parti saisirent l'occasion de l'avènement au pouvoir du ministère de Theux pour convoquer un Congrès libéral qui s'ouvrit le 14 juin 1846 à l'hôtel de ville de Bruxelles. C'était la première fois que la liberté de,réunion servait à organiser une manifestation politique antigouvernementale. Malgré les appréhensions des conservateurs, malgré une lettre de Louis-Phihppe exhortant Léopold à empêcher cette assemblée, d'autant plus dangereuse à ses yeux qu'Odilon Barot devait y prendre part, malgré les alarmes du roi lui-même, personne ne songea ni à contester ni même à restreindre l'exercice du droit constitutionnel dont les congressistes faisaient usage. En se laissant attaquer par eux, le pouvoir leur enleva précisément la Ji : Il ■ i Ir; pr ! M . possibilité de provoquer une crise analogue à celle qui devait un peu plus tard renverser en France la monarchie de juillet. Par cela même qu'elle autorisait leur assemblée, ia constitution se plaçait en dehors de ses atteintes. Les trois cent quatre-vingt-quatre délégués de toutes les parties du pays qui déhbérèrent sous la présidence de Defacqz, appartenaient pour la plupart à cette fraction du libérahsme qui n'envisageait qu'avec répugnance la réforme électorale. La minorité de l'assemblée énergi-quement combattue par Frère-Orban, qui prit dès lors l'attitude d'un chef de parti, demandait l'abaissement immédiat du cens et tout au moins l'octroi du droit de vote aux citoyens inscrits sur la liste des jurés. Elle dut se contenter d'une résolution qui, tout en ne repoussant pas le principe de la réforme, n'en admettait l'apphcation que d'une façon graduelle et prudente. L'accord fut complet en revanche pour revendiquer l'indépendance « réelle » du pouvoir civil, l'organisation de l'enseignement à tous les degrés sous la direction exclusive de l'autorité laïque, sur le retrait des « lois réactionnaires » de 1842. Pour prouver qu'on n'en voulait pas à la religion, on vota un vœu en faveur de la soustraction du bas clergé à l'arbitraire épis-copal. Un article du programme donnait enfin satisfaction aux démocrates en promettant de s'occuper des améliorations que réclament impérieusement les classes ouvrière et indigente. En même temps, une solide armature était donnée au parti par la décision de créer dans chaque arrondissement une association et dans chaque canton un comité auxquels incomberait le soin de préparer d'une manière permanente la propagande électorale. LE CABINET LIBERAL DE 1847. — Le Congrès cependant ne parvint pas à empêcher la scission définitive du parti en deux groupes. En 1847, les modérés désignés dès lors par ce nom de doctrinaires que les partisans de la réforme appliquaient en France aux amis de Guizot, abandonnaient l'Alliance aux radicaux pour fonder en face d'elle ÏAssociation libérale et constitutionnelle. Loin de nuire au libéralisme, cette rupture de la majorité avec un groupe dont les revendications démocratiques effrayaient le corps électoral, lui valut une victoire éclatante aux élections du mois de juin. Le ministère de Theux démissionna, et le roi chargea Rogier de constituer le Cabinet (12 août 1847) où il n'entra naturellement que des libéraux. La politique unioniste avait vécu. Désormais, les partis se succéderont alternativement au pouvoir conformément aux règles du système parlementaire, auquel Léopold se résignait à sacrifier le système constitutionnel tel qu'il l'avait pratiqué jusqu'alors. Plus sage que Louis-Philippe, il comprit qu'il était impossible de gouverner en pays libre contre la direction de l'opinion. Un pilote habile n'emploie-t-il pas le vent, d'oii qu'il souffle, à conduire le navire au port ? Et une marche louvoyante ne vaut-elle pas mieux que la stagnation de l'unionisme ou la révolution ? En prenant possession du pouvoir, le ministère annonçait cette «politique nouvelle» préconisée par Devaux dès 1839. Appuyé sur une majorité homogène, il allait, pour la première fois, orienter le gouvernement suivant le programme d'un parti. lit ' NOTES ''ÎM' JSu ; 1 . ■ i ■ Y ri (1) Histoire de Belgique, t. IV, 2« édit., pp. 282, 287. (2) Pour le détail voy. la carte et le commentaire explicatif de VAtlas historique de la Belgique publié par L. Vander Essen, F. Oanshof, P. Bonenfant. (3) 11 mourut le 12 décembre 1843. (4) Gedenkstukken, lac. cit., t. 11, p. 578. (5) G. F. von Stockmar, VenkwUrdigkeiten, pp. 369 et suiv. (Brunswicit, 1872). Le ministre sarde à Bruxelles dit, en 1844, « qu'il s'est tourné du côté de la France, avec laquelle il espère pouvoir s'entendre pour partager avec elle à la première occasion les dépouilles de la Belgique, dont il reprendrait la partie flamande, en lui abandonnant les provinces wallonnes >. Buraggl etc., op. cit., p. 121. (6) De Potter, Souvenirs personnels, t. 11, p. 272. (7) Voy. plus haut, p. 63. (8) Ch. Terlinden, L'établissement des relations diplomatiques entre la Belgique et la Russie, 1852-1853 (.Revue d'histoire diplomatique, 1923). (9) Sur les relations de Léopold avec Metternlch, voy. surtout Cortl, op. cit., particulièrement pp. 50, 56, 65, 95. (10) Stockmar, op. cit., p. 378. (11) Ernst von Sachsen-Coburg, Aus meinem Leben, t. I, p. 33. Le prince d'Aitenberg se refusait à fréquenter la cour de Cobourg « weil man doch immer gewartigen mOsse das dort dass Wort Belglen ausgesprochen werde ». (12) Louis-Phlllppe déclarait qu'il ne laisserait pas « germaniser » la Belgique. Voy. De Rldder, Bulletin de la Commission royale d'histoire, 1928, p. 210. (13) F. De Lannoy, Les projets d'union douanière franco-belge en 1841-1842 (Revue catholique des idées et des faits, déc. 1922). (14) Par scrupule de neutralité, Lebeau déconseillait de donner au ministre belge à Paris, le caractère d'un ambassadeur de famille. Voy. M. Hulsman, dans Mélanges Pirenne, t. 1, pp. 231 et suiv. (15) De Guichen, La Crise d'Orient et l'Europe, p. 350. Cf. A. De Rldder, Léopold I" et la question d'Orient (Revue catholique des idées et des faits, 1928, N»' 20-23). (16) Guizot, Mémoires, t. VI, pp. 276 et suiv.; Stockmar, DenkwUrdigkeiten, pp. 365 et suiv.; Ad. Dechamps, Une page d'histoire (Revue Générale, mal 1869). (17) Le prince de Ligne écrivait de Paris que l'Angleterre considérerait l'union douanière comme un casus belli. Princesse de Ligne, Souvenirs, p. 227. (18) La princesse de Ligne raconte qu'il aurait dit à son mari, dans un accès de colère, que si la Belgique veut évoluer vers l'Allemagne « nous l'écraserons ». Souvenirs, p. 231. (19) A la Chambre même, des membres furent choqués par les « ovations » de U^presse allemande à ce sujet. L. Hymans, Histoire parlementaire, t. II, (20) Sur ces premières tentatives de colonisation, voy. l'Exposé de la Situation du Royaume de 1841-1850, pp. 44 et suiv.; De Lannoy, La question coloniale en Belgique de 1830 à 1840 (Mélanges Moeller, t. II, pp. 556 et suiv.); L. Hymans, Histoire Parlementaire, t. II, pp. 244, 371, 815; t. III, p. 470; 0. Petitjean, Les tentatives de colonisation faites sous le règne de Léopold l" dans La Belgique en 1830; Ch. Maroy, La colonie de Santo-Thomas de Guatemala et La Colonie belge du Rio Nunez (Bulletin d'Etudes de l'Ecole supérieure de Commerce Saint-Ignace d'Anvers, 1926 et 1930). (21) Archives du Ministère des Affaires Etrangères à Paris. Correspondance politique : Belgique, t. XXIV, p. 126. (22) L. de Lichtervelde, Léopold I", p. 128. (23). Huyttens, Discussions, t. II, p. 535. (24) Huyttens, op. cit., t. II, p. 477. (25) Histoire de Belgique, t. I, 5» édit., pp. 377 et suiv. (26) F. Van Kalken, Théodore Verhaegen (Revue de l'Université de Bruxelles, 1927). (27) L. Hymans, Histoire Parlementaire, t. II, p. 201. En 1846, le chanoine de Haerne affirme encore qu'elle ne peut lier les Belges en matière politique. Ibid., p. 478. (28) E. de Moreau, Histoire de l'Eglise catholique en Belgique, dans Histoire de la Belgique contemporaine, t. H, pp. 491 et suiv. (Bruxelles, 1929). (29) Dietrichstein, le ministre autrichien à Bruxelles, dit que la fondation de cette université « mettra la dernière main à l'édifice de la domination du clergé, l'enseignement primaire, moyen et supérieur lui étant désormais presque exclusivement assuré ». Bulletin de la Commission royale d'Histoire, 1928, p. 287. (30) Règlements communaux de la ville de Gand, t. III, p. 471 : « Tout ce qui concerne l'enseignement de la religion reste étranger à l'Athénée et regarde les parents ». (31) Ed. Ducpétlaux, De l'état de l'instruction primaire et populaire en Belgique (Bruxelles, 2 vol., 1838). Il montre qu'en fait la liberté, dans ce domaine, a conduit à l'anarchie. Beaucoup de communes, par économie, ont renoncé à leur école. Le plus souvent les instituteurs nommés par les pères de famille « ont à peine les premières notions des connaissances dont ils se font les professeurs ». On n'exige d'eux aucune preuve de capacité; toute inspection fait défaut. Le gouvernement se borne à accorder ça et là sans méthode quelques subsides. (32) Archives du Ministère des Affaires Etrangères à Paris, loc. cit., t. XXIV, p. 301. (33) Cortl, op. cit., p. 139. (34) F. Van Kalken, La fin de l'unionisme en Belgique (Mélanges Pirenne, pp. 611 et suiv.). (35) C'est bien certainement pour cela qu'il considère à cette époque les catholiques comme « unsere nationalsten Leute »; les libéraux, ou comme il dit les anticathollques, « reprâsentieren etwas das System des verstorbenen Kônigs Wilhelm » (Lettre à l'archiduc Jean). Corti, op. cit., p. 139. En 1841, 11 dit au ministre du Piémont que « le parti catholique est le plus ferme soutien de mon gouvernement ». C. Buraggl, etc., Belgio e Piemonte, p. 54. (36) L. Hymans, Histoire parlementaire, t. 11, p. 434. (37) P. Hymans, Frère-Orban, t. I, p. 87 (Bruxelles, 1905). ■'f 1 (Paris, Musée Carnavalet.) (Cliché Bulloz.) « Les rois absolus forcés d'avaler la pilule de la Constitution. » De droite à gauche, Frédéric-Guillaume IV, roi de Prusse, JWetternich, un souverain dont l'identification n'est pas certaine, et peut-être Charles-Albert, roi de Sardaigne. — Lithographie anonyme contemporaine faisant allusion aux événements de 1848. CHAPITRE IV LA CRISE DE 1848 REPONDERANCE NECESSAIRE DE LA BOURGEOISIE. — C'est une banalité, de nos jours, de dire que la Révolution de 1830 faite par le peuple a été confisquée par la bourgeoisie ( 1 ). Pour courante qu'elle soit, cette affirmation n'en est pas moins erronée si elle signifie que la bourgeoisie aurait, à la suite d'un complot machiné d'a\ance fait tourner la victoire commune à son profit exclusif. Elle est exacte, au contraire, si elle se borne à constater le fait évident que la bourgeoisie s'est mise, grâce à la Révolution, en possession du pouvoir politique. Mais on reconnaît tout de suite qu'il ne pouvait pas en être autrement. L'insurrection des Belges contre le régime hollandais avait été complètement étrangère à tout mobile d'ordre économique. Jamais l'agriculture et l'industrie n'avaient été aussi prospères que durant les années qui la précédèrent. Il suffit de rappeler que le parti orangiste se recruta précisément dans le monde des affaires, pour montrer que les capitalistes, loin de désirer la révolution, la considérèrent au contraire comme une stupidité criminelle. La bourgeoisie d'ailleurs, la bourgeoisie riche surtout, ne jouissait-elle pas, en vertu de la loi fondamentale, de prérogatives bien plus étendues que celle dont elle jouit en faveur de la constitution belge {2)1 S'il est une vérité bien établie, c'est que l'opposition contre Guillaunie ne fut que le résultat de causes morales : mécontentement rehgieux chez les catholiques, mécontentement poUtique chez les libéraux, mécontentement national chez les uns comme chez les autres. Les griefs que la bourgeoisie fut seule au début à ressentir et à formuler, elle les communiqua au peuple par la propagande du clergé dans les campagnes, par celle des clubs et de la presse dans les villes. Privée de l'appui des masses qu'elle avait gagnées à sa cause, la Révolution eût été évidemment impossible. Sans doute durant les troubles d'aoiit et de septembre, à Bruxelles et dans quelques grandes villes, des bandes d'ouvriers industriels, sous l'aiguillon de la misère, se laissèrent entraîner à piller des fabriques et à briser des machines, et il fallut que la garde civique réprimât des IV-6 désordres qui menaçaient plus encore le succès de la Révolution, qu'ils n'inquiétaient les propriétaires. Mais il n'y a là que les mouvements confus d'un prolétariat misérable, excité par des agitateurs étrangers et complètement incapable non seulement de formuler un programme de revendications sociales, mais surtout de fonder un gouvernement ou même de coopérer à sa fondation (3). De Potter lui-même reconnaît que le suffrage universel était irréalisable (4). On ne voit pas au surplus qu'il ait été revendiqué par personne. Les républicains du Congrès admirent sans protester l'inscription du cens électoral dans la constitution. Il est donc vrai de dire que si la victoire de la Révolution fut nécessairement l'œuvre du peuple, l'organisation de cette victoire devait être nécessairement celle de la bourgeoisie. À distinguer d'ailleurs à cette époque peuple et bourgeoisie, ne nous laissons pas tromper par le mirage décevant qui nous les ferait apparaître dans le passé tels qu'ils s'opposent aujourd'hui. La seconde seule était consciente d'elle-même, le premier ne l'était pas. S'il sentait sa misère, il n'en distinguait pas -les causes et s'y résignait. En outre, l'agriculture l'emportait encore de beaucoup sur l'industrie. Le peuple, c'était alors avant tout le peuple rural obéissant à l'Eglise et respectueux de la tradition. Entre lui et la minorité des prolétaires qu'épuisaient les fabriques, nulle entente n'était possible, ni même concevable. (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes.) « ... au sein du Congrès... à côté des propriétaires terriens, on y trouvait surtout des adeptes des professions libérales, des magistrats, des avocats et des prêtres. » (Voyez le texte ci-contre.) - Pierre-Joseph De Ryckere, professeur à la Faculté de Droit de l'Université de Gand, membre du Congrès National. Pierre De Ryckere (Gand, 1793-1863) siégea au Congrès National du 10 novembre 1830 au 17 janvier 1831. Auparavant il avait professé, depuis 1817, le cours d'institutes et de Pandectes à l'université de Gand fondée par Guillaume 1". Du 16 octobre au 31 décembre 1830, Il remplit les fonctions de gouverneur de la Flandre orientale. Par la suite, Il représenta la Belgique à Stockholm (de 1838 à 1841). — Portrait dessiné et lithographié par Lemonnier d'après Hess. (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes.) Jules Van Praet (Bruges, 1806-Bruxelles, 1887), secrétaire de Léopold 1®"' et conseiller de nos deux premiers rois. Attiré d'abord par les recherches historiques, auxquelles il ne renonça pas dans la suite, Van Praet joua un rôle actif dans les négociations engagées à Londres par le gouvernement belge et le prince Léopold. Elu roi, celui-ci le nomma secrétaire de son cabinet (12 juillet 1831). Van Praet, conseiller et confident de Léopold I®"-, entretint des relations suivies avec le monde politique belge et les cours étrangères. Léopold 11 lui confia la mission de notifier son accession au trône à Napoléon 111, et, comme son père, il mit à profit les conseils et l'expérience de l'homme d'Etat. — Photographie non datée et retouchée. Minorité au sein du peuple, la classe industrielle l'était aussi au sein du Congrès. Ce ne sont ni des usiniers, ni des financiers qui lui ont imposé ses décisions. A côté des propriétaires terriens, on y trouvait surtout des adeptes des professions libérales, des magistrats, des avocats et des prêtres. Presque tous les libéraux qui y exercèrent l'influence prépondérante appartenaient au barreau ou sortaient des universités. L'individualisme dont ils s'inspiraient dans l'ordre politique, leur apparaissait aussi comme la vérité dans l'ordre économique. A leurs yeux, la liberté donnée également à tous, permettait à tous d'arriver à tout. L'idée de distinguer des groupes sociaux parmi les hommes leur semblait monstrueuse et rétrograde. Un projet de représentation des intérêts dans les assemblées délibérantes fut repoussé comme s'inspirant de l'Ancien Régime, mais l'on repoussa de même la motion d'un maître de houillères de refuser aux ouvriers le droit de réunion. Si quelque chose ressort nettement de la lecture des délibérations du Congrès, c'est qu'il ne se laissa guider ni par l'intérêt du capitalisme, ni même par le simple intérêt de la bourgeoisie. Il légiféra pour la classe moyenne, c'est-à-dire pour cette partie de la nation à laquelle son idéalisme libéral lui faisait croire que tout citoyen était appelé à s'élever. TENDANCES DE LA BOURGEOISIE. - Sans doute, la classe moyenne reposait sur la propriété. Mais, depuis la disparition des privilèges, la propriété n'était-elle pas accessible à tous ? Pour cette génération grandie dans le culte des principes de 1789, ce n'est pas le peuple, c'est l'aristocratie qui était à craindre. Tout privilège était abominable de quelque nature qu'il fût. L'instruction n'avait pas plus de droits que la naissance, et le même motif qui fit rejeter la constitution d'une chambre des pairs, empêcha également de reconnaître aux « capacitaires » le droit de suffrage. Dès lors le cens, considéré comme la récompense du travail et de la vertu, devenait la condition essentielle des institutions libres parce qu'il garantissait la moralité et l'indépendance de l'électeur. Il n'est guère douteux que le Congrès envisagea les censitaires avec une sincérité complète comme l'élite de la nation et la seule protection qui lui fût offerte contre un retour possible du « despotisme ». Mais l'esprit qui avait présidé à l'élaboration de la constitution ne présida plus à son application. En d'autres termes, le Parlement qui, à partir de 1831, succéda au Congrès, n'ayant plus à formuler des principes mais à organiser des réalités, se trouva tout de suite soumis à l'influence des contingences de la pohtique et au conflit des intérêts. C'est à partir de ce moment que l'inévitable s'accomplit et que la bourgeoisie commence à confondre sa propre cause avec la cause de la nation. L'industrialisation croissante du pays et l'extraordinaire élan du capitalisme entre 1834 et 1839 la pousse nécessairement à se cantonner de plus en plus dans le domaine des intérêts matériels (5). D'ans les campagnes l'ascendant des grands propriétaires, dans les villes celui des grands industriels s'impose bientôt au corps électoral et cela d'autant plus facilement que ce corps est plus restreint et plus porté à se laisser conduire par ceux dont la richesse lui paraît une garantie d'ordre social et qui excitent chez lui des tendances auxquelles il n'est que trop porté à s'abandonner. JOURIVAL DES FLAIVDRES^ Il est très caractéristique que l'on se mette à parler dès lors d'un « parti industriel », d'une clique « aristocratico-métallique ». Il faut reconnaître cependant que la bourgeoisie est bien loin de se laisser entraîner tout entière par cette orientation nouvelle et de confondre le progrès industriel avec le progrès social. En 1831, les missionnaires saint-simoniens trouvent parmi elle à Bruxelles et dans les principales villes du pays, des auditeurs enthousiastes (6). Quantité de jeunes libéraux se laissent séduire par la grandeur et la générosité d'idées incompatibles cependant avec l'individualisme dont ils se réclament. Rogier, van Praet, Ducpétiaux, les frères Delhasse, Chazal, Quételet, etc., en reçoivent une empreinte dont tous, à des degrés divers, demeureront marqués parfois jusqu'au bout de l'existence. Elles inspirent, en 1832, à Weustenraed ses Chants du Réveil où Saint-Simon est salué comme « un Christ complété par Moïse et Platon », et où s'expriment avec une maladresse touchante une pitié profonde pour les misères du peuple et le rêve messianique d'un avenir transformé par les merveilles d'une industrie obéissant à la justice. Les conférences de Victor Considérant en 1839 et à partir de 1845 attirèrent aussi vers les doctrines phalansté-riennes l'attention de ceux que leur humanité ou leur esprit critique n'aveuglaient pas sur le sort lamentable d'un prolétariat croissant à mesure que le développement industriel s'affirmait davantage (7). En 1840, Briavoinne se demande si la situation des travailleurs n'est pas en somme plus mauvaise qu'à la fin du XVIII® siècle (8), et à la même date Masui, écrivant à Rogier, constate que « par suite des révolutions tout le monde a gagné; l'ouvrier seul est resté isolé; on n'a rien fait pour lui qui a tout fait. Les deux tiers de sa vie sont pénibles; le dernier est misérable » (9). De leur côté, beaucoup de catholiques reprochent à l'industrie de démorahser le peuple par la misère et la rupture ï LE PATRIOTE 3 m îîaîlerlttnïitn (Bruxelles, Bibliothèque Royale, J.B. 156, 231 et 311.) «... et le «Journal des Flandres», le «Patriote Belge» (1835), le « Vaderlander » placent leur démagogie réactionnaire sous le patronage de l'Eglise. (Voyez le texte, p. 76.) De gauche à droite : le Journal des Flandres (ancien Catholique des Pays-Bas), à la devise « Dieu, Liberté, Patrie » (numéro du 21 novembre 1840), le Patriote Belge, à la devise « Liberté I Patrie I (numéro du 24 novembre 1840), et Den Vaderlander, à la devise rappelant les paroles de Charles-Quint : «Les Belges sont des sujets fidèles, mais ils ne supportent aucune tyrannie» (numéro du 7 février 1841). Ces trois journaux étaient édités respectivement à Gand, Bruxelles et Gand. f: i li' ■ 1 M ■ rl > y (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes.) « Parmi les catholiques, Bartels s'obstine à continuer la propagande démocratique. » (Voyez le texte ci-dessous.) — Jules-Théodore Bartels (Bruxelles, 1815-1855). Brillant avocat du barreau de Bruxelles, fondateur de La Belgique communale et de La Belgique judiciaire, conseiller communal de Bruxelles depuis 1847, Bartels représente, au sein de l'opinion catholique, la fraction « démocratique ». — Lithographie de Joseph Schubert (Bruxelles, 1816-1885). de la tradition sociale, et les classes dirigeantes par la prépondérance des intérêts matériels. Religieux et conservateurs, ils s'élèvent avec une telle véhémence contre les méfaits du capital et des machines que le ministre d'Autriche leur reproche dès 1834 « d'offrir à l'Europe le triste spectacle de l'union monstrueuse du catholicisme avec le jacobinisme» (10). Beaucoup d'entre eux se grisent de la lecture des Paroles d'un Croyant, du moins avant leur condamnation par Rome, et le Journal des Flandres, le Patriote Belge (1835), le Vaderlander placent leur démagogie réactionnaire sous le patronage de l'Eglise. DEMOCRATES ET SOCIALISANTS. - Chez la plupart des bourgeois pourtant et des grands seigneurs qu'effrayent ou qu'indignent les conséquences de l'essor capitahste, l'acceptation des faits s'est bientôt substituée à la velléité de les combattre. Après 1840, tant chez les catholiques que chez les libéraux, la majorité se laisse entraîner par le courant qui emporte la société. Un petit groupe néanmoins subsiste de part et d'autre, qui, refusant de considérer ce qui est comme ce qui doit être, continue à mener la lutte contre les défauts d'un ordre social dont il lui paraît de plus en plus évident que la bourgeoisie est responsable. Parmi les catholiques, Bartels s'obstine à continuer la propagande démocratique. Mais désavoué par les évêques qui, dès 1838, interdisent la lecture du Journal des Flandres et du Vaderlander, et refu- sant d'autre part, par conviction religieuse, de s'associer aux disciples de Saint-Simon et de Considérant, il s'épuise vainement en un combat stérile. Dans le camp libéral, la minorité des partisans d'une réforme sociale forme un groupe dont l'activité peut faire parfois illusion sur le petit nombre. Tous sont des bourgeois, mais des bourgeois radicaux pour qui l'œuvre de la Révolution demeure incomplète aussi longtemps qu'elle n'aura pas ajouté l'affranchissement économique des masses à leur affranchissement politique. La plupart d'entre eux, comme Castiau, ne voient de remèdes que dans l'adoption de réformes démocratiques : extension du droit de suffrage par l'abaissement du cens jusqu'au minimum admis par la constitution, abolition du remplacement militaire, remaniement du système des impôts et adoption d'un impôt direct sur le revenu, suppression des droits d'entrée sur les denrées ahmentaires, exclusion des fonctionnaires du Parlement, etc. (11). Chez quelques-uns, ces revendications, évidemment inspirées de celles que formulent en France les adversaires du gouvernement, se mêlent à des tendances répubhcaines d'ailleurs assez vagues et théoriques. Au fond, ces démocrates demeurent strictement constitutionnels et n'attendent l'amélioration du sort des classes ouvrières que de la légalité. Plus hardis enfin, un petit nombre vont jusqu'à mettre en question les bases mêmes de l'organisation capitaliste. S'ils ne se disent pas et si probablement dans leur ensemble, ils ne se croient pas socialistes, tout au moins sont-ils socialisants. Gagnés aux théories saint-simoniennes ou phalanstériennes, leurs idées se sont renforcées de leur fréquentation avec les révolutionnaires de tous pays qui ont cherché refuge à Bruxelles, Itahens, comme Arconati et Arrivabene, Polonais comme Lelewel, Allemands surtout comme Karl Marx, qui expulsé de France par Guizot en 1845, a été rejoint dans son exil par Engels et par quelques adeptes (12). Le Deutscher Arbeiter-Verein, fondé par ces Allemands en 1847, au cabaret du Cygne sur la Grand'Place, s'il ne semble avoir exercé aucune action sur le peuple, a certainement influencé les bourgeois radicaux admis à ses séances, les Lucien Jottrand, les Charles-Louis Speelthoorn, les Alexandre et Félix Del-hasse, les Melhnet, les Defré et quelques autres. Associés au début avec les catholiques-démocrates, amis de Bartels et qui collaborent avec eux au Radical (1837-1838) et au Débat Social (1844), leur adhésion de plus en plus nette à la libre pensée les a fait rompre en 1846 avec ces alliés de la première heure. Car c'est en dehors de l'Eghse, si ce n'est contre elle, qu'ils conçoivent l'organisation sociale. Avec Marx, Jottrand considère les misères de la classe ouvrière comme une phase nécessaire de la concentration capitahste dont sortira fatalement un avenir meilleur (13). De son côté, Defré prône dans l'Organisa' tion Sociale les doctrines phalanstériennes de Fourier. A l'Université de Gand, le professeur Huet expose, à partir de 1846, devant un petit groupe de disciples choisis, parmi lesquels figure Emile de Laveleye, une sorte de socialisme chrétien s'inspirant de la philosophie de Bordas Dumouhn. Des aspirations humanitaires pacifistes et internationales dominent tout ce mouvement d'idées. En 1847, l'Association démocratique, fondée par Jottrand, se donne pour programme de travailler à la fraternité des peuples. Mais ses membres sont si éloignés de l'action révolutionnaire qu'il ne semble pas qu'ils aient connu le manifeste communiste publié par Marx au cours de cette année. Et s'ils l'avaient connu, la plupart d'entre eux bien certainement en auraient été épouvantés. Leur socialisme, si l'on peut l'appeler ainsi, encore tout imprégné d'individualisme libéral, ne provenait que de leur pitié pour les souffrances des travailleurs et de l'indignation généreuse qu'elles leur inspiraient. Les progrès de l'industrialisation du pays allaient de pair, en effet, avec ceux de la misère et de la démoralisation. Si, durant la période de 1834 à 1839, la prospérité économique avait eu pour conséquence une hausse rapide des salaires, leur baisse à partir de la dépression qui avait succédé à cet élan trop fougueux, faisait apparaître plus nettement la détresse du prolétariat dont les villes et les régions minières se trouvaient encombrées. Une enquête sur la condition des ouvriers industriels, décidée par les Chambres en 1843, avait dévoilé une situation lamentable, et l'insuffisance des moyens d'investigation dont elle avait été pourvue permet de croire que la réalité était bien pire encore (14). MISERE DE LA CLASSE OUVRIERE. - Partout ou presque partout s'était révélée la disproportion du coût de l'existence, qui n'avait cessé de s'accroître depuis 1840, et de la rémunération du travail demeurée stationnaire, si même les patrons, pour pouvoir résister à la concurrence de l'étranger, n'avaient pas cru devoir la réduire. A Char-leroi, on constatait que les salaires en étaient revenus aux taux de 1830, et l'on estimait qu'à Saint-Nicolas ils avaient diminué d'un quart au moins depuis la Révolution « à cause du malaise des fabriques ». De là, naturellement, l'insuffisance extrême de l'ahmentation, du vêtement et du logement. En général, l'ouvrier ne vit que de pommes de terre, de pain noir et de café à la chicorée, auxquels s'ajoute parfois le dimanche un peu de viande ou de charcuterie. La chambre qu'il occupe dans une « caserne » ou la misérable maison qu'il loue à la semaine dans une « cité » ou dans un « bataillon carré » est un défi porté aux exigences les plus élémentaires de l'hygiène. La description du quartier de Batavia à Gand, amas de taudis serrés le long de ruelles immondes dans une atmosphère de fosses d'aisances, fait songer à un enfer. Aujourd'hui encore, ce qui subsiste dans les villes manufacturières des bâtisses construites à cette époque pour loger et pour exploiter la misère du prolétariat peut donner l'idée d'un état de choses qui a fait des mots ouvrier et indigent des termes synonymes. Dans le Borinage, pour économiser le combustible et le savon, les femmes lavent les vêtements de leurs maris et de leurs enfants aux eaux chaudes qui s'écoulent des machines d'épuisement des houillères. L'impossibilité de faire des économies pousse la plupart des ouvriers à un point d'imprévoyance qui dépasse tout. La trop grande détresse en arrive au point d'être dégradante. Partout l'ivrognerie, non seulement des hommes, mais des femmes, en est le résultat. A Verviers, on suppute que la consommation d'alcool a augmenté de 46 p. c. de 1833 à 1844 (15). Le seul remède contre l'alcoolisme est l'excès de la misère qui empêche souvent l'ouvrier d'acheter du genièvre (16). Parmi les femmes et parmi les filles la prostitution est chose courante. Toutes d'ailleurs sont mariées ou se marieront, car « c'est un principe reçu de la classe ouvrière d'avoir le plus grand nombre d'enfants possible, parce que chacun représente un salaire futur» (17). Dès qu'ils peuvent aller à l'atelier, les parents les y amènent. Dans les filatures de Gand, ils entrent généralement à l'âge de neuf ans, mais beaucoup y arrivent plus tôt. Petits garçons ou petites filles ont la même journée de travail que les adultes : de cinq heures du matin à midi et de une heure à huit heures du soir, en été; de la pointe du jour à midi et de une heure à dix heures du soir en hiver. Quant aux femmes, à part quelques jours où leurs couches annuelles les retiennent au logis, elles passent leur vie comme leurs maris et leurs enfants, à la fabrique ou à la mine. Il n'est pas d'occupation qu'elles n'acceptent; on va jusqu'à les employer dans les houillères aux travaux du fond. Dès lors, on comprend l'abjection intellectuelle des prolétaires. Obligés de gagner leur vie dès l'âge où l'on apprend à lire, presque toujours ils n'ont reçu aucune instruction. On leur permet seulement, quand arrive l'époque de la première communion, de s'absenter de l'usine pour fréquenter le catéchisme. « La grande majorité d'entre eux ne reçoit pas d'autre éducation» (18). Il y a bien çà et là des écoles du soir, mais comment les enfants épuisés par quinze heures de travail pourraient-ils les fréquenter ? Les plus studieux se bornent à passer une partie du dimanche à quelque école dominicale du clergé, et l'on estime que c'est bien suffisant. Leur misère physique va de pair avec leur misère morale. Insuffisamment alimentés, privés de toute vie de famille, il faudrait que du moins pendant leurs premières années, on pût les confier à des écoles gardiennes. Or, dans le plus grand nombre des villes, il n'y en a pas. Il Le cabaret du Cygne, sur la Grand'Place de Bruxelles, où Karl Marx et quelques-uns de ses compatriotes fondèrent en 1847 le Deutscher Arbeiter-Verein. (Voyez le texte, p. 76.) Le Cygne (de Zwane) est mentionné dès le XV siècle. Rebâti une première fois en 1523, il dut être reconstruit en 1698 par le co-fondateur de l'Académie de Atusique, Pierre Fariseau, et restauré en 1904. Le nom de l'architecte est inconnu. Le Cygne s'inspire directement du style Louis XIV, à la différence des autres maisons de la Grand'Place. A droite, sur la photo, l'Etoile (de Sterre). ! l il Vi ' l ■Jl r ' ^ lin." f.V;, i _ ■ ' -- > i' ■ 1 • : NOM DU PORTEUR. m>e!>. KIRIZAE8. OilialSKES. VBlMtS MiniRALVAGIQUtB, PROTinCC DE AR^OUDÎSSEUEST Dt non DU nUTHB CBEZ lequel IL TR&VA.iLLI LIVRET D'OUVRIER anlenaw feuillets blancs, coté et paraphé par Hout, expédié, sous le IV • d)i registre d'ordre, à demeurant i province de iHr l'aUesiation de " demeuraiti « poriatU qu'il est libre de tout tngagement à raison de ton travail. Délivré i !• Mtiioa Conmuoe <1' , 184 roin LI couiok Di» iMUium ir cchcvik» du Coniùa. SIGNALEMENT. M le à profession d taille de mètre cheveux yeux bouche front Marque pat^ulière ■ Signature^ province de sourcils nez menton risage (Bruxelles, Bibliothèque Royale, recueil coté II, 4742, 4», vol. 19 n° 15.) Type de livret d'ouvrier des « mines, minières, carrières, usines minéralurgiques » (entre 1841 et 1850). Le « livret » est reproduit ici à gauche, et le « signalement » à droite. En fait, le « livret » occupe la première page et le « signalement » la deuxième (verso de la première). Celui-ci est suivi de l'arrêté royal du 30 décembre 1840 et de l'arrêté du 9 Frimaire an XII relatifs aux livrets d'ouvriers, puis de six feuillets blancs. faudrait plus encore, qu'on les protégeât contre l'usure prématurée de leurs forces, et personne n'y songe. Dans les mines de charbon, des enfants de douze ans, garçons et filles, s'épuisent comme « hiercheurs » au fond de la bure; d'autres, occupés toute la journée à l'ouverture et à la fermeture des portes d'aérage, au sein de l'obscurité des galeries, y contractent des déformations du squelette, ou y deviennent imbéciles. Le nombre des miliciens refusés pour cause de faiblesse, d'insuffisance de taille ou de maladies constitutionnelles, témoigne cruellement de la déchéance physique des populations industrielles. A Liège, de 1836 à 1841, il est de 26 p. c., tandis qu'il ne dépasse pas 15 p. c. dans le district agricole voisin de Waremme. En 1841, sur cent bouilleurs, quarante-trois, sur cent cloutiers, trente-six sont réformés. Inutile d'ajouter que parmi ces êtres chétifs, la mortalité est effrayante. Sans doute, quelques patrons, tout au moins dans la grande industrie, cherchent à améhorer une situation si déplorable. A Verviers, Raymond Biolley, près de Liège, la Société des Hauts Fourneaux de Sclessin font construire des habitations ouvrières hygiéniques. Ailleurs, des caisses d'épargne sont organisées, auxquelles l'insuffisance des salaires permet à bien peu de monde de s'affilier. Mais, en général, pour parler comme les enquêteurs de 1843, « les patrons manquent de charité » (19) et ne considèrent les travailleurs que comme des machines. Dans les ateliers mal éclairés et mal ventilés, les courroies et les engrenages que l'on ne prend pas la précaution d'engainer sont un danger permanent. Ajoutez à cela tous les abus provenant des amendes, des fraudes sur le salaire et de la rapacité des contremaîtres, qui forcent les ouvriers, sous peine de renvoi, à se fournir aux boutiques ou de fréquenter les cabarets que leurs femmes tiennent aux environs des usines. Les bureaux de bienfaisance, les hôpitaux, la charité privée ne suffisent pas à combattre des misères trop nombreuses pour les ressources dont ils disposent. Le suprême refuge est le mont-de-piété. Plus encore qu'il n'est abandonné, le prolétariat s'abandonne lui-même. Il n'a ni la possibilité ni l'idée de se révolter contre le sort trop lourd qui l'oppresse. Si çà et là une grève éclate, son insuccès, en l'absence de toute organisation et de toute caisse de résistance, est certain d'avance. Ce qui domine parmi ces êtres incultes et débiles, c'est une morne acceptation de l'inévitable. Un ingénieur admire « le caractère paisible et la résignation de l'ouvrier mineur, surtout au Borinage oii il est souvent privé de travail durant des mois par l'interruption de la navigation » (20). La piété rend cette résignation plus facile par les espoirs qu'elle entretient. A Gand, en 1846, des ouvriers se cotisent pour faire célébrer une messe en l'honneur de la Sainte Vierge afin qu'elle mette un terme aux trop nombreux accidents dont ils sont victimes dans la fabrique qui les emploie (21). Pourtant, la vague conscience d'une déchéance imméritée aigrit les cœurs de ces pauvres gens : « la grande misère les abrutit et leur fait prendre la société en haine; ils finissent par considérer leurs maîtres comme des tyrans et ils se persuadent bien vite que la possession est une injustice à laquelle ils attribuent leurs souffrances et leurs privations » (22). A tout le moins sont-ils méfiants et ombrageux « parce qu'ils ont je ne sais quel sentiment intérieur qui leur retrace leur position comme humiliante» (23). Et en présence de tout cela, le docteur Fossion se demande « quand on arrive à des résultats aussi affligeants, y a-t-il lieu de s'enthousiasmer sur les bienfaits de l'industrie? (24) L'INDIGENCE DANS LA FLANDRE OCCIDENTALE 160.000 \ 150.000 / t \ \ 14- 0.000 t / \ \ 1 J 0.0 0 0 / / \ 1 ao.ooo / / \ \ 1 1 0.0 0 0 / \ 1 0 0.0 0 0 / / ____9 0J3 0 0___ ô 0.0 0 0 t / ---- no 0 0 s 0.0 0 0 / 5 0.0 0 0 y oO co tn -d-CO eo f*- .r uobENRLiK te \r:niiiKijrtiet ES irt KÏT VCAVOL« TE VOORKOUKI. 18.<7, April, N" I. Prys : 10 Ccnlinicn. Deze boelskftns, tyn le Lekomen by den dnikkcr deter, en bf aile de voornaemtlcD bockbandelaers va» nel{jcnbnEs Mm^s "•c -......,. "e/t. ■'lei)* ni "tH, LE HETOUR PROSPÈRE L'INDUSTRIE I.IMf.HE FLANDRE IST-IL POSSIBLB • OUL PRIX 1 as CE?iT»IES firuntlcs, lamiiiEiiii m i, i.>LncE»tEii lEvnt, ISTTBS >nTw. IMI'dlMEHIK lin J. HESOEn. MWUIRE. ■Miautt t* i.-r, ■ii/il-trt-»'»n» IMS (Bruxelles, Bibliothèque Royale, recueil coté II, 4742, 4", vol. 32 n« 7, vol. 35 n<>' 6, 7 et 25, vol. 36 n«' 12 et 39, vol. 40 n" 47; 111, 59992, A, n° 2.) Quelques brochures éditées entre 1846 et 1848, relatives au paupérisme et à la crise de l'industrie linière en Flandre. De nombreuses publications, signées ou anonymes, ont été consacrées à ces deux problèmes par des techniciens et par des amateurs. Des exemplaires reproduits ci-dessus, quelques-uns abordent la cause du mal et les moyens de le vaincre, un autre traite de « l'issue de la lutte engagée entre l'industrie linière à la mécanique et l'industrie linière à la main », un autre encore apporte quelques « réflexions » anonymes. — A l'exception de la brochure « Le retour prospère de l'industrie linière en Flandre est-il possible ? oui », ces publications sont toutes conservées dans les volumes de la c Collection Stevens » à la Bibliothèque Royale de Bruxelles (les cotes sont indiquées ci-dessus). [j'i 1 1' h: . li^ II'; ] ' I KK ' i ' : : ' ; Liv; FLANDRE OCC. Population des comm. rurales Arrondiss. liniers FLANDRE OR. Population de 1845 à 1850 SSW inSTOMiÇ UK U IHISP. F.i:OJ(l.).ea» \ \ JJVftOO nr.ooo ULOOO 1 tlt.000 1*1900 \ liUOO iirseo i iJo.aao 1 12100 0 t :«.o»o t11380 \ 1 V Vj / î t Mloook Mf 0 00 000 \ tnooo \ MAOM \ M» 000 000 oeo )|( Ott ISS OOo fl».000 Uvoeo )ltoee \ \ / tloofle \ / 00» \ f— / ïlt^tt __ / luflÉt / V f litaoo / 2 S 9 Arr. Hniers FLANDRE OR. Population des comm. rurales Arr. NON liniers \ \ i>t.floo ))e.ooe > do \ .U&.9 0Û \ 5(^000 \ 3fr.ooo iooe \ J«1000 \ 3fi.ooe \ ilO.OOS i 55.0 0 0 JJ>.0 00 J5(.00Ci 3î5.00e Mouvement démographique dans les deux Flandres entre 1845 et 1850. De gauciie à droite : population des communes rurales de la Flandre occidentale (arrondissements liniers) et population totale de la Flandre orientale; dans la troisième colonne, au-dessus, population des villes de la Flandre orientale, au-dessous, population des communes rurales (arrondissements non liniers); à droite, population des communes rurales de la Flandre orientale (arrondissements liniers). — Tableaux extraits de 0. Jacqmyns : Histoire de la crise économique des Flandres, pp. 397 et 398. LA REVOLUTION DE FEVRIER ET LA BELGIQUE. ^ A la veille de la révolution parisienne de 1848, on relève pourtant dans les grandes villes des symptômes de la fermentation qui se propage en France au sein de la classe ouvrière. Les quelques tentatives d'agitation populaire auxquelles les Orangistes avaient été mêlés de 1830 à 1839, avaient toutes fait long feu au milieu de l'indifférence des masses. Le moment semblait venu de reprendre une propagande qui pouvait compter sur l'appui ou du moins sur la sympathie de la bourgeoisie « avancée », dont les représentants les plus convaincus étaient en rapport avec un énergique démocrate, l'An-versois Jacob Kats. Au mois de décembre 1843, un groupe d'ouvriers saisissaient les Chambres d'une pétition réclamant des moyens d'existence, l'exemption de tous les impôts de consommation, l'abaissement du cens électoral et l'organisation du travail (28). En 1845, les typographes bruxellois demandaient les mêmes réformes (29). L'almanach populaire publié par Kats en 1844, en français et en flamand, allait jusqu'à prôner le suffrage universel et l'administration de l'industrie par l'Etat. L'année suivante, un pamphlet exhortait le peuple de Gand à remontrer sa misère au roi et engageait les troupes à ne pas tirer sur les manifestants (30). A Bruxelles, des orateurs de meetings cherchaient à intéresser les ouvriers aux doctrines sociahstes qu'ils ne pouvaient comprendre. C'étaient là semences tombant sur la pierre. Le peuple, engourdi dans sa misère et son ignorance, ne répondait que par l'inertie aux défenseurs de sa propre cause. Seuls quelques bourgeois s'enthousiasmaient pour les réformes sociales. Des avocats républicains comme Spilthoorn à Gand, comme Tedesco à Liège n'auraient pas hésité à provoquer un mouvement révolutionnaire, mais leur qualité même de bourgeois les faisait prendre en défiance par le prolétariat. Quant aux radicaux, même les plus avancés eussent reculé devant la violence. Manifestement, l'agitation que l'on s'efforçait de soulever ne pouvait inquiéter et d'ailleurs n'inquiétait pas le gouvernement. En prenant le pouvoir, le Cabinet libéral avait jugé suffisant, pour contenter les partisans de la réforme, d'un projet de loi introduisant dans le corps électoral les personnes inscrites sur les listes du jury (14 février). Quelques jours plus tard tombait à Bruxelles la nouvelle de l'insurrection de Paris et de la fuite de Louis-Philippe. Ce fut tout d'abord un moment de stupeur et de désarroi. La proclamation de la République allait-elle déchaîner de nouveau la France sur l'Europe ? L'ordre politique et l'ordre social, que la bourgeoisie croyait définitivement établis sur les « immortels principes » de 1789, étaient-ils destinés à subir une fois de plus l'assaut du jacobinisme ? Et que deviendraient dans la tourmente l'indépendance nationale et cette constitution dont on était si fier ? L'absence de nouvelles précises augmentait encore la panique. Le bruit se répandait que le roi songeait à abdiquer, que les Français étaient en marche pour instaurer la république à Bruxelles. Dans toutes les villes, la foule se ruait sur les banques, réclamant la restitution de ses dépôts et le remboursement de ses billets en argent comptant. En quelques jours, le cours des fonds publics baissait de 50 p. c. Au milieu de cet affolement, le gouvernement ne perdit pas la tête. Il savait bien que la foi, la tradition et la mystique révolutionnaires qui s'étaient conservées en IT ^ S r (Bruxelles, Palais Royal, coll. de S.M. le roi des Belges.) Léopold I" en petite tenue d'officier général de l'armée belge. Portrait peint en 1838 par Ary Sciieffer (Dordrecht, 1795-Argenteuil, 1858). (Paris, Musée Carnavalet.) Proclamation de la deuxième République française à Paris, sur la Place de la Bastille, le 27 février 1848. Le 27 février, le gouvernement, les gardes nationaux, les élèves des grandes écoles, des fonctionnaires, des officiers et des combattants des barricades se rendent à la Place de la Bastille. Arago, Dupont de l'Eure et Crémieux prononcent des discours, puis la foule chante « La Alarseil-laise ». — Lithographie signée (Hermann) Raunheim (Francfort-a-M., 1817-Vanves, 1895) et (Jean) Naissant (exposa au Salon de Paris entre 1838 et 1864) del(ineaverunt). France sous tous les régimes et venaient de s'y affirmer si soudainement, n'existaient en Belgique que chez un petit nombre d'idéalistes généreux mais sans influence et sans audace; que si quelques têtes chaudes pouvaient risquer un mouvement, l'absence de préparation et l'hostilité certaine de l'opinion les condamnaient d'avance à un échec; que le peuple, malgré ses souffrances, ne se laisserait pas entraîner; qu'au surplus, le respect général dont la constitution était entourée, garantissait le régime qu'elle avait fondé; qu'aucun péril n'était donc à craindre si la bourgeoisie, au lieu de se diviser comme elle venait de le faire à Paris, opposait un front unique tant aux désordres possibles du dedans qu'à une intervention probable du dehors. Rogier avait dû sourire en recevant de son vieil ami Victor Considérant, alors en mission phalan-stérienne en Belgique, deux lettres écrites dans la nuit du 25 au 26 février sous l'impression d'un « enthousiasme lumineux et limpide », qui lui faisait « voir l'avenir comme s'il était déjà de l'histoire ». Le monde était changé. La France allait donner le signal de l'émancipation universelle des peuples. « Demain, avant deux heures de l'après-midi, il y aura dans les rues de Bruxelles cent mille hommes enivrés d'enthousiasme électrique, criant vive la République ! C'est à la Chambre et au château que marchera spontanément ce cortège immense. Vous n'avez qu'un moyen d'apaiser tout par enchantement : c'est de prévenir le mouvement en allant au devant et d'annoncer au peuple que le roi demande lui-même à ce que la na- tion soit immédiatement consultée... Vous n'avez besoin de consulter personne; il y a dans la vie des hommes et des peuples, des moments décisifs... Si vous songez à opposer une force physique, matérielle, armée à cette force morale, vous êtes perdu et vous perdez tout » (31). Le roi et ses ministres songeaient aussi peu à recourir à la force qu'à prendre l'initiative de changer le monde. La seule question pour eux était de sauvegarder l'ordre et l'existence de la nation. Le 26 février, en sortant du Conseil pour se rendre à la Chambre au milieu du calme des rues, les prophéties de Considérant en poche, Rogier ne songeait qu'aux mesures de salut public dont il allait saisir le Parlement et à l'accueil que leur ferait l'opposition. L'esprit de parti pousserait-il la minorité catholique à profiter des circonstances pour faire échec au gouvernement ? S'il le craignit, il dut être rassuré au premier coup d'oeil. Visiblement, la représentation nationale faisait trêve à ses querelles. L'unionisme ressuscitait sous le souffle du péril commun. Un projet de loi autorisant la perception anticipée des huit douzièmes de la contribution foncière fut voté d'enthousiasme. Cette unanimité garantissait l'avenir. Le même jour, une circulaire adressée aux gouverneurs des provinces attestait la confiance et le calme. Pas la moindre allusion à la nécessité de recourir à des mesures extraordinaires. Le régime constitutionnel ne devait pas subir la plus légère atteinte. Il suffisait de surveiller avec soin les étrangers et de vérifier rigoureusement leurs passeports pour sauvegarder la tranquillité publique. Le gouvernement comptait sur le zèle des autorités commu- (Cliché Bulloz.) (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Médailles.) « Le 28 février, il (Rogier) proposait au Parlement d'abaisser indistinctement pour tous, dans les villes et dans les campagnes, le cens au minimum constitutionnel de 20 florins (42 fr. 32), tant pour les élections législatives que pour les élections provinciales. » (Voyez le texte, pp. 84-85.) — Médaille commémorant l'abaissement du cens électoral en 1848. Au droit (à gauche sur la planche), buste de Léopold Première légende : LEOPOLD ROI CONSTITUTIONNEL. Seconde légende : JE JURE FIDELITE A LA CONSTITUTION ET AUX LOIS DU PEUPLE BELGE. — 21 JUILLET 1831. — Au revers (à droite), inscriptions ABAISSEMENT DU CENS ELECTORAL — REFORAAE PARLEMENTAIRE — FONDS VOTES POUR L'AMELIORATION DU SORT DES OUVRIERS. — Première légende : CH. ROGIER. DE HAUSSY. C. D'HOFFSCHMIDT. L. VEYDT. B"" CHAZAL. FRERE ORBAN. MINISTRES. Seconde légende : LE ROI GARDE SES SERMENTS — LA NATION GARDERA LES SIENS — 1848. — Médaille de bronze, œuvre d'Adolphe Jouvenel (Lille, 1798-Bruxelles, 1867). Diamètre : 50 mm. f^/'u/n/^- t/é' f/// Ailé. ; I ' 'l'i. 1 ; ; ■ y î /i/^'rr/i^^ '^rru^ A J^iini/. (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes.) L'affaire de « Risquons-Tout ». Le hameau de « Risquons-Tout », situé sur le territoire des communes de Mouscron et de Rekl ■p 'ml i r 11 % /m a (i MA-W «i» >».2.t «-t . (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes.) La Famille Royale de Belgique vers 1850. Le roi Léopold I®', la reine Louise-Marie et leurs trois enfants : Léopold, duc de Brabant (né en 1835), Philippe, comte de Flandre (né en 1837) et la princesse Charlotte (née en 1840). — Lithographie d'A. Canelle, d'après le tableau de Romain-Eugène Van Maldeghem (Denterghem, 1813-lxelles (Bruxelles], 1867). CHAPITRE PREMIER LE PRESTIGE BELGE LA NEUTRALITE ET LE LIBRE-ECHANGE RESTIGE DE LA BELGIQUE EN 1848. --Le mois de mars 1848 constitue une date essentielle dans l'histoire de Belgique. Jusqu'alors, le jeune royaume avait plus ou moins déçu les Puissances qui, à vrai dire, ne s'étaient résignées à le reconnaître que comme un pis-aller. Grâce aux circonstances, il s'était imposé à l'Europe oîi il faisait un peu figure d'intrus. Le tsar lui gardait une telle rancune qu'il avait refusé jusqu'alors de nouer avec lui des relations diplomatiques; son origine révolutionnaire restait odieuse à la Prusse et à l'Autriche; l'Angleterre lui reprochait des complaisances excessives pour la France, tandis que la France supportait avec dépit de le voir prendre au sérieux son indépendance. Personne ne croyait à la durée de ce petit Etat bilingue, enserré dans des frontières aussi détestables au point de vue économique qu'au point de vue militaire et qui, depuis 1839, semblait n'avoir usé de son droit à l'existence que pour s'abîmer bientôt dans la lutte des partis. Bref, pour ceux de ses voisins auxquels la Belgique n'était pas antipathique, elle était pour le moins désagréable ou sus- IV-7 ' I ■i : ! . ; ' " t ( ■ > I " ■■ l i i : liî-S!' i ■ . ir'. )\t A; (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Médailles.) La Belgique en 1848. Au droit (à gauche), buste de Léopold 1". Légende : LEOPOLD PREMIER ROI DES BELGES. Au revers (à droite), écussons des neuf provinces entourant un faisceau sur lequel est incrite la date 1830. Légende : LA BELGIQUE GARDERA SON INDEPENDANCE ET SA NATIONALITE. 1848. — Médaille de bronze signée au droit A[dolphe] JOUVENEL (Lille, 1798-Bruxelles, 1867) F[EC1T]. Diamètre : 28 mm. pecte. Elle n'avait pas un ami, et les grands Etats, qui avaient, en rechignant, accordé leur garantie à sa neutralité se demandaient si, le moment venu, elle n'abuserait pas de leur confiance. La personnalité du roi et ses alliances de famille avaient quelque peu amélioré la situation et, en 1840, l'attitude du gouvernement vis-à-vis de la France, puis, en 1844, le traité de commerce avec le Zollverein avaient momentanément rassuré l'Angleterre et la Prusse. Néanmoins, quand éclata à Paris la révolution de février 1848, nul ne douta que la Belgique ne dût être entraînée dans la tourmente ou qu'elle ne s'y précipitât d'elle-même. Avoir pu y résister, avoir pu surtout, au milieu d'une Europe bouleversée, conserver un calme imperturbable dans le fonctionnement régulier de ses institutions et le maintien rigoureux de sa neutralité, la para d'un prestige universel. Elle s'imposa tout ensemble à l'admiration des souverains aux abois et des peuples en révolte. Sa constitution parut tout à coup un miracle de sagesse, puisqu'elle conciliait les nécessités de l'ordre avec les aspirations de la liberté. La concorde civique de la nation attestait l'excellence du régime qu'elle s'était donné. Ce peuple, considéré hier encore comme incapable de vivre, échappait seul à la révolution. Ce petit Etat, si faible et si véhémentement soupçonné de n'être qu'une mauvaise contrefaçon de la France, veillait loyalement sur son indépendance et faisait de sa neutralité le rempart de l'Europe. En Angleterre, plus vives avaient été les craintes du public et du gouvernement sur une coopération possible de la Belgique avec la France, plus vif et plus complet fut le revirement. « Notre nationalité, écrit van de Weyer le 5 avril, n'est plus aux yeux de tout le monde une chose factice reposant sur de simples actes diplomatiques, mais une réalité basée sur l'inébranlable volonté d'un peuple qui comprend et pratique ses devoirs envers lui-même et envers les autres. Toutes les préventions qui existaient à cet égard ont complètement disparu. Nous avons, en moins de six semaines, converti les plus incrédules et acquis plus de défenseurs de notre indépendance que ne nous en eussent procuré cinquante années de paisible jouissance des avantages qu'elle nous assure » ( 1 ). En Prusse, l'éloge des institutions belges est dans toutes les bouches; on parle de les adopter comme modèle pour la future constitution de l'Etat, et les membres de la Diète se procurent partout où ils peuvent les trouver, les ouvrages publiés sur la révolution et le droit pubhc de la Belgique (2). Le projet se fait jour à l'Assemblée de Francfort de proposer à Léopold I" le sceptre de l'Allemagne, qui s'unirait à la Belgique dans une Confédération pangermanique et constitutionnelle (3). Pour le libéral Me-vissen, le principe de la constitution belge : tous les pouvoirs émanent de la Nation, « est aujourd'hui le principe de l'Allemagne » (4). Le ministre autrichien, Woyna, chantant la palinodie, constate qu'il est incontestable que la Belgique a acquis dans ces derniers temps une très grande importance morale par sa résistance aux dangereuses influences qui menaçaient sa nationahté, et qu'elle est devenue pour les autres pays constitutionnels de l'Europe une source féconde des plus utiles enseignements » (5). De son côté, Ernest de Cobourg écrit au Roi que son peuple a donné la preuve que la monarchie peut subsister avec des institutions libérales (6). Il n'est pas jusqu'au ministre russe Nesselrode qui ne joigne sa voix à ce concert de louanges et ne reconnaisse que le pays « au miheu d'une crise qui menaçait l'ordre social, s'est montré digne de l'admiration de l'Europe » (7). Quant aux représentants de la France à Bruxelles, il est curieux de les entendre affirmer que la Belgique « jouit de toutes les libertés d'une république, de toutes celles pour la conquête desquelles la France s'est armée le 24 février... (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes.) « ... Delfosse... s'était écrié à la Chambre, au milieu d'acclamations délirantes, que « la liberté, pour faire le tour du monde, n'avait pas besoin de passer par la Belgique». (Voyez le texte, p. 91.) — Portrait du député Delfosse. Noël Delfosse (Liège, 1801-1858) avait siégé au conseil de régence de Liège dès le l"' octobre 1830 avant de devenir conseiller provincial et membre de la députation permanente (de 1836 à 1839). De 1840 à sa mort, il siégea à la Chambre des Représentants en qualité de député libéral. Vice-président (1847-1852) puis président (1852-1855) de cette assemblée, il fut nommé ministre d'Etat par Léopold l'i^ le 12 novembre 1857. — Voici, d'après les Annales Parlementaires (Chambre des Représentants, séance du 1" mars 1848), les paroles prononcées par Delfosse : « L'honorable M. Castiau a dit tantôt que les idées de la révolution française feraient le tour du monde. Je dirai que, pour faire le tour du monde, elles n'ont plus besoin de passer par la Belgique.» Après quoi, Delfosse, vivement acclamé, prononça encore une phrase, puis, d'après les Annales... « la Chambre, en proie à une vive émotion, se sépare sans aborder son ordre du jour. » Cet incident a fait l'objet d'un tableau de F. Vincl< conservé dans un salon de la Chambre des Représentants. — Le portrait reproduit ci-dessus est une lithographie de Charles Baugniet (Bruxelles, 1815-Sèvres, 1886), signée et datée (1840). Le peuple belge contemple avec admiration mais sans enthousiasme, sans entraînement, le spectacle grandiose de la révolution française. Fier de nous avoir précédé dans la conquête pacifique des libertés dont il est en possession et qui sont assises sur des bases larges et une expérience pratique, il n'envie rien à ses voisins et croit devoir plutôt servir de modèle que se plier à être imitateur » (8). Etait-il possible de mieux justifier le mot de Delfosse lorsque, le mars, il s'était écrié à la Chambre, au milieu d'acclamations délirantes, que « la liberté, pour faire le tour du monde, n'avait pas besoin de passer par la .Belgique ! » (9). L'éclat avec lequel les fêtes nationales furent célébrées au mois de septembre augmenta encore la considération dont jouissait un pays « assez sûr de lui-même pour se livrer à la joie tandis qu'ailleurs les inquiétudes et les incertitudes de l'avenir préoccupent tous les esprits » (10). Bref, la nation jusqu'alors dédaignée s'impose tout à coup à l'estime et à la reconnaissance de l'Europe, et l'on peut comparer le prestige qui l'entoure à celui qu'elle devait recevoir en 1914 de sa réponse à l'ultimatum allemand. Comme alors, sa nationalité, oii l'étranger ne voulait voir que l'éphémère résultat d'une révolution de hasard tolérée par les Puissances en vertu de considérations internationales, atteste la force inconsciente qu'elle devait à la tradition d'un long passé historique, à la communauté séculaire des souvenirs, des souffrances, des institutions et des intérêts qui, d'une agrégation de provinces, avait fini par former une patrie. Le même sentiment d'indépendance qui, au XVP siècle avait uni les Belges dans leur révolution contre Philippe II, à la fin du XVIIP dans leur révolution contre Joseph II, en 1830 dans leur révolution contre Guillaume I", les unit en 1848, dans une même volonté de sauvegarder leur autonomie à peine reconquise. Devant le péril qui les menaçait également, les partis conclurent une trêve de salut pubhc et leur union fit leur force aussi longtemps que dura la crise. « Politiquement, écrit le ministre de France, dès le 17 mars, la Belgique offre le spectacle le plus rassurant et le plus noble. Tout le monde oublie ses préoccupations et ses vœux personnels pour ne songer qu'au bien de la patrie. Catholiques et libéraux votent ensemble avec sincérité et sans arrière-pensée » (11). VIGUEUR DU SENTIMENT NATIONAL. - Ce serait une naïveté de ne point tenir compte des considérations d'intérêt pohtique qui furent pour beaucoup dans le patriotisme de la bourgeoisie, mais ce serait à la fois une injustice et une sottise de ne l'exphquer que par là. Aux heures décisives, l'intérêt ne peut rien s'il n'est soutenu et ennobli par un idéal. Nul doute que les catholiques et les libéraux de 1848 fu- rent décidés plus encore à défendre les libertés de la nation contre l'étranger que leurs privilèges de censitaires contre la démocratie. Ce serait les ravaler et se ravaler soi-même de n'attribuer leur conduite qu'à l'égoïsme de classe. L'enthousiasme dont ils firent preuve serait incompréhensible s'il n'avait jailli spontanément de leur attachement commun à cette constitution dans laquelle ils voyaient, avec une égale sincérité, le seul régime digne d'un peuple libre et la plus haute raison d'être de l'indépendance nationale. Les républicains eux-mêmes ne songeaient pas à l'attaquer et le respect qu'ils avaient pour elle est une des causes de leur impuissance. En se bornant à revendiquer le suffrage universel que le peuple ne demandait pas, et la substitution de la république à une monarchie que leurs adversaires concevaient comme une « monarchie républicaine », ils en étaient réduits à un programme vraiment trop étroit pour s'imposer. Les Français eux-mêmes ne constataient-ils pas que la Belgique possédait toutes les libertés que leur révolution venait de proclamer? Et, dès lors, à quoi bon parler de son affranchissement si ce n'était pour dissimuler l'envie de la conquête ? Or, de cette conquête personne ne voulait, ni les bourgeois ni le peuple, si bien que l'attitude de la bourgeoisie, résultant tout ensemble de son intérêt et de sa conviction, correspondait parfaitement à la volonté même de la nation. De cette volonté d'indépendance, le Roi, et avec lui la royauté reçurent une confirmation nouvelle. Le bruit qui avait couru un moment de l'offre d'abdication faite par Léopold à ses ministres, l'avait grandi aux yeux du peuple comme une preuve de son respect pour la souveraineté nationale. La couronne s'imposait davantage par cela même que l'on avait cru le souverain prêt à y renoncer. En la conservant, il obéissait donc au vœu général et en recevait comme une seconde investiture. Il apparaissait comme l'incarnation de la patrie et sa dynastie comme la garantie de l'avenir. Partout où il se montrait, et il eut soin durant toute la crise de se montrer le plus souvent possible, il recueillait les preuves les plus significatives de loyalisme et d'attachement. Pour la première (Bruxelles, collection comte R. de RIbaucourt.) (Cliché Bijtebier.) Défilé des grenadiers (vers 1850). A cheval, dominant la troupe, le major Siersack. L'artiste a procédé par portraits et les contemporains pouvaient mettre un nom sur chacun d'eux. Ce dessin original est signé Camille Payen (1823-1901), professeur à l'athénée de Bruxelles et colonel de la garde civique de Saint-Josse-ten-Noode. Il a laissé des dessins et des esquisses. HISTOIRE DE BELGIQUE ; M fois, ce roi « fait au scrutin » devenait un roi national, envié, sur leurs trônes chancelants, par les monarques de droit divin. Les institutions libérales qui permirent à la Belgique de traverser sans encombre la crise de 1848 lui épargnèrent aussi la période de réaction qui lui succéda dans presque toute l'Europe. N'ayant été entraînée ni par la république ni par le suffrage universel, elle ne connut non plus ni coup d'Etat comme en France, ni restauration de l'absolutisme comme en Prusse et en Autriche. Elle se montra aussi inaccessible à la contre-révolution qu'elle l'avait été à la révolution. Mais le péril passé, l'admiration qu'elle avait provoquée passa avec lui. A peine rassurés, les gouvernements qui avaient prôné sa sagesse, ne virent plus en elle qu'un ferment d'anarchie. Son libéralisme devint un danger pour l'ordre européen. On la honnit comme un réceptacle de conspirateurs, comme le refuge de tous les ennemis de l'autorité, comme la propagatrice de l'abominable liberté de la presse. Napoléon m devait être pour son indépendance plus dangereux que ne l'avait été l'éphémère république de 48, et sa constitution qu'elle avait défendue contre celle-ci allait l'exposer aux tentatives de celui-là. LA BELGIQUE ET LA REPUBLIQUE FRANÇAISE. — Il apparaît aujourd'hui que la terreur provoquée en Belgique par la Révolution de février était fort exagérée. Absorbé par les difficultés intérieures, le gouvernement de Paris ne pouvait songer à envahir ses voisins. Tout au plus favorisait-il chez eux des menées républicaines. Mais ces menées ne pouvaient réussir que par l'assentiment du peuple, et l'on a vu que les Belges ne se laissèrent pas entraîner par elles. On ne peut vrai- (Washington, Duncan Phllipps Mémorial.) (Cliché Amato.) Scène d'émeute à Paris en juin 1848. Tableau d'Honoré Daumier (Marseille, 1808-Valniondois, 1879). — Les événements de février et de juin 1848 ont inspiré à Daumier plusieurs tableaux et esquisses dont 11 n'est pas toujours possible de préciser l'objet. La scène ci-dessus représenterait peut-être la manifestation des mille cinq cents ouvriers devant le Panthéon aux cris de « Du pain ou du plomb » : agitation provoquée par la décision du gouvernement (21 juin) d'enrôler les plus jeunes ouvriers des ateliers nationaux dans l'armée et d'envoyer les autres en province pour exécuter des travaux de terrassement. ment se figurer que les échauffourées de Quiévrain et de Risquons-Tout aient mis l'Etat en péril. Il est certain, d'autre part, qu'il eût été bien difficile de résister à une invasion militaire, car le pays n'aurait pu lui opposer que ses seules forces. Travaillées par la révolution, ni la Prusse ni l'Autriche ne fussent venues à notre aide; c'est, tout au plus, si l'Angleterre, surprise et déconcertée par les événements, eût envoyé quelques navires dans l'Escaut; et l'on ne pouvait sérieusement compter sur l'appui dont le gouvernement hollandais, dans son affolement, laissait entrevoir l'éventualité (12). La prudence imposait donc de s'envelopper dans la neutrahté la plus scrupuleuse, d'écarter de soi tout soupçon non seulement d'hostilité mais de parti-pris, d'affecter la plus grande confiance dans les déclarations rassurantes du Gouvernement provisoire de Paris. La première en Europe, la Cour de Bruxelles avait reconnu officiellement, dès le 28 mai, la nouvelle répubhque française. Pour se concilier ses bonnes grâces, elle observait vis-à-vis des autres Puissances une réserve confinant à la pusillanimité. Elle se gardait d'encourager les dispositions bienveillantes que lui montrait le Parlement de Francfort, faisait dissuader le prince de Prusse, écarté de Berhn par la révolution, de traverser le territoire belge, refusait d'écouter les propositions de la Russie de remettre en vigueur les stipulations du traité des forteresses, n'osait enfin, plus encore sans doute par crainte de froisser la France que la Confédération germanique et le roi de Hollande, soutenir dans le Grand-Duché de Luxembourg le mouvement qui s'y prononçait pour un retour à la Belgique (13). Avec une naïveté touchante, le ministre des Affaires étrangères croyait habile d'affirmer à toute occasion qu'au fond la constitution belge n'était guère moins républicaine que la constitution française. Pourtant la situation restait délicate. Le Gouvernement provisoire, dépité de l'attitude des Belges, ne leur témoignait qu'une froideur suspecte. Il laissait leurs nationaux fixés à Paris continuer sous ses yeux leur propagande antimonarchique. Il prenait des mesures douanières désastreuses pour l'industrie belge. A la veille de disparaître, il réclamait à Bruxelles une somme de quinze milhons comme remboursement des frais causés en 1831 et en 1832 par les expéditions du maréchal Gérard (14). L'écrasement de l'insurrection parisienne de juin et la substitution, qui en fut la conséquence, de la république bourgeoise à la république démocratique fit espérer un instant la reprise de relations cordiales avec la France. Le général Cavaignac, devenu chef du pouvoir exécutif, montrait des dispositions bienveillantes et n'hésitait pas à féliciter le gouvernement de la condamnation prononcée contre les aventuriers de Risquons-Tout (15). Mais ce ne fut là qu'une courte ac- calmie. Dès le 10 décembre 1848, le parti bonapartiste qui, durant les premières années du règne de Louis-Philippe, avait si ouvertement aspiré à la conquête de la Belgique, poussait Louis-Napoléon à la présidence de la république. Quel avenir un tel nom présageait-il ? Etait-il possible de croire que le nouveau Bonaparte se contenterait de restaurer l'ordre à l'intérieur ? Les visées de despotisme plébiscitaire qu'il faisait paraître étaient déjà un inquiétant symptôme pour la monarchie constitutionnelle dont les principes étaient incompatibles avec les siens. Et si, comme il fallait s'y attendre, il rouvrait l'ère des invasions et des victoires, le pays n'était-il pas menacé d'un nouveau Jemappes ? Le coup d'Etat du 2 décembre 1851, la proclamation de la présidence décennale (14 janvier 1852), puis, quelques mois plus tard, le rétablissement de l'Empire (1" décembre 1852), si attendus qu'ils fussent, ne manquèrent pas de pousser l'inquiétude au plus haut point. LA BELGIQUE ET NAPOLEON IIL — Les rodomontades de la presse bonapartiste augmentaient encore les alarmes. Le bruit courait qu'après le coup d'Etat, un décret d'annexion de la Belgique avait été sur le point de paraître au Moniteur (16). On parlait d'une lettre autographe de Napoléon III à Léo-pold pour lui exprimer le désir que les institutions de la Belgique soient mises en harmonie avec celles de la France et que tous les abus de la presse et du régime parlementaire soient supprimés. C'étaient là sans doute des exagérations manifestes, mais on se demandait pourquoi les journaux de l'Elysée se fussent donné la peine de les démentir si elles avaient été dépourvues de toute réalité. Par surcroît, les décrets des 22-23 janvier 1852 confisquant les biens de la famille d'Orléans, avaient gravement lésé les intérêts de Léopold, et l'insuccès de ses réclamations le laissait plein de rancune. Entre ce politique conservateur et réaliste et le rêveur travaillé de confuses aspirations sociales et nationales, insaisissable, changeant et dangereux, qui régnait maintenant à Paris, l'opposition des idées était d'ailleurs trop flagrante pour qu'elle ne dût pas lui faire apparaître ce dernier comme une menace permanente contre l'équilibre de l'Europe et contre son propre trône. Dans des circonstances aussi déhcates, il s'imposait pour assurer la neutralité belge, d'adopter une politique qui en fait cessât, dans le plein sens du mot, d'être une pohtique de neutralité. Puisqu'il devenait évident que des Puissances garantes du statut international de la Belgique, (Oand, Musée des Beaux-Arts.) (Cliché Barbaix.) Léopold I". Grisaille exécutée en 1860-1861. Etude de Liévin De Winne (Oand, 1821-Bruxenes, 1880) pour le portrait peint par le même artiste et conservé à l'hfltel de ville de Oand. Hauteur : 0,65 m.; largeur : 0,51 m. la plus redoutable se dérobait et semblait même conspirer contre lui, force était bien de se retourner vers les autres, non sans doute pour menacer la France, mais pour se protéger contre elle. Ainsi le roi des Belges était contraint d'en revenir à cette conception antifrançaise de la neutralité qui avait été dès l'origine celle de l'Angleterre, de l'Autriche, de la Prusse et de la Russie. Il est certainement inexact, comme on l'en a soupçonné ou accusé, qu'il ait voulu susciter une coalition européenne contre Napoléon. S'il s'exagérait volontiers son habileté, son influence et le poids de ses relations de famille, il connaissait trop bien les souverains et les gouvernements pour s'être illusionné au point de se croire l'arbitre de l'Europe. Profondément pacifique d'ailleurs, tant par aspirations personnelles que par considération des intérêts du royaume, il tremblait devant la perspective d'une nouvelle guerre générale. S'il songea à une coalition, ce fut à une coalition de paix (17). Il imposa silence à ses rancunes et à son antipathie pour prendre à l'égard de Napoléon î'. i g: I; s , I : ÏW h ■ ^ I ' < !i ! ; I ' A- i . l il ; i ; . ^lliil i, . i-lKi' m HISTOIRE DE BELGIQUE une attitude d'une correction absolue et pour éviter scrupuleusement tout conflit. Sa prudence fut un égal bienfait pour l'Europe et pour la Belgique, car on ne peut guère se dissimuler qu'il eût pu faire surgir la guerre s'il l'avait souhaitée, et qu'à la place qu'il occupait, un brouillon ou un maladroit eussent aisément provoqué une catastrophe. LA BELGIQUE ET LES GRANDES PUISSANCES. — Des Puissances qui l'entouraient, une seule lui inspirait une confiance sans réserve, c'était l'Angleterre. Ses sympathies personnelles pour ce pays et ses étroites relations de famille avec la reine Victoria facilitaient encore un rapprochement que les nécessités historiques rendaient inévitable. Dans ses innombrables guerres avec la France, depuis le XIII® siècle, l'Angleterre n'avait-elle pas toujours pris le parti des comtes de Flandre contre les Capétiens et les Valois ? N'avait-elle pas été au XV' siècle l'alliée de la Bourgogne ? N'avait-elle pas soutenu au XVI® siècle la révolution des Pays-Bas contre l'Espagne ? La longueur et l'obstination de ses guerres contre Louis XIV et contre Napoléon ne s'expliquaient-elles pas par son inaltérable résolution de leur arracher la Belgique ? Après 1830, n'avait-elle pas jalousement reproché à celle-ci d'affecter trop de complaisance pour le Cabinet de Paris ? Le plaisir et la surprise qui l'avaient fait applaudir si chaleureusement à la conduite du pays en 1848, montraient qu'elle ne manquerait pas de lui assurer son recours contre le nouveau Bonaparte. Et à ces raisons permanentes d'en revenir à la tradition séculaire, s'ajoutait encore son désir de défendre chez les Belges ce parlementarisme et ces libertés constitutionnelles dont elle se considérait comme la protectrice et qu'ils étaient seuls à maintenir aujourd'hui au milieu de la réaction générale qui s'imposait à l'Europe. Jusqu'alors elle avait un peu considéré Léo-pold comme un enfant prodigue. Palmer-ston n'avait pas toujours trouvé en lui le « bon roi belge », c'est-à-dire le roi systématiquement ami de l'Angleterre, auquel il s'était attendu. Mais ses infidélités lui étaient pardonnées dans la joie d'une réconciliation qui devait être définitive. A partir de 1852, la neutralité belge ne cessa plus d'être considérée comme un principe fondamental de la politique anglaise. Du côté de la Russie et de l'Autriche, le roi obtint aussi des assurances encourageantes. Le tsar rétablissait enfin, en 1853, les relations diplomatiques avec la Cour de Bruxelles qu'il avait si obstinément boudée depuis 1831 (18). Quant à l'Autriche « die herrliche alte Monarchie », comme disait Léopold (19), les fiançailles de l'archiduchesse Marie-Henriette avec le duc de Brabant (mai 1853) donnaient une marque éclatante de son bon vouloir (20). L'enthousiasme populaire qui éclata lors du mariage, que le roi voulut faire coïncider avec les fêtes de septembre. (Bruxelles, Musée de la Porte de Haï.) (Cliché Plchonnier.) Truelle d'argent aux armes du royaume à l'aide de laquelle Léopold I®'' posa la première pierre de la Colonne du Congrès à Bruxelles, le 25 septembre 1850. fut peut-être de toutes les manifestations patriotiques, celle qui toucha le plus profondément le cœur du vieux souverain, fier de voir la Maison de Habsbourg s'allier à sa dynastie et lui donner ainsi un brevet de légitimité. Il constata sans doute avec quelque secrète satisfaction d'amour-propre l'abstention du ministre français aux cérémonies. Ne soulignait-elle pas le dépit ressenti par Napoléon III de cette illustre alliance, à laquelle de récentes déconvenues n'attestaient que trop qu'il n'eût pu ambitionner lui-même ? Du côté de la Prusse, une entente était plus difficile. Depuis 1830, cette Puissance s'était toujours montrée une voisine assez hargneuse pour la Belgique, qu'elle accusait d'infecter les provinces rhénanes du virus parlementaire et de leur donner le spectacle dangereux d'une Eglise indépendante de l'Etat. Le roi Frédéric-Guillaume qui, à la veille de 1848, avait si catégoriquement affirmé l'incompatibilité du régime constitutionnel avec le génie allemand, avait été trop dépité de voir non seulement le Parlement de Francfort, mais ses propres sujets adopter la constitution belge, pour ne pas conserver de rancune au petit pays d'où venait un si mauvais exemple. Comme membre de cette Maison de Cobourg dont la situation européenne offusquait à la fois en lui l'Allemand et le Hohenzollern, Léopold lui était peut-être plus désagréable que comme roi des Belges. Enfin, tout meurtri encore de l'humiliation d'Olmûtz (15 novembre 1850), il ne lui pardonnait ni ses sympathies autrichiennes, ni ses craintes et sa répugnance à l'idée d'une Allemagne unie sous la direction et sous l'influence de la Prusse. Dans le conflit latent et désormais inévitable entre Vienne et Berlin, il était trop évident que la conviction personnelle et l'intérêt de l'Etat devaient faire pencher vers la première le souverain de la Belgique. Contre une agression française cependant nul doute que la Prusse ne défendît la neutralité belge. Mais, qu'arriverait-il si les conjonctures politiques l'amenaient quelque jour à une entente avec ce Napoléon III qui proclamait si bruyamment son adhésion à la politique des nationalités ? S'il était permis à la Belgique d'espérer l'appui de l'Europe dans la crise que faisait présager le rétabhssement de l'Empire en France, il n'était malheureusement pas en son pouvoir de s'abstenir de froisser continuellement son redoutable voisin. Entre le régime né du coup d'Etat et le régime né de la Révolution de 1830, l'opposition était trop flagrante pour que le plus puissant des deux s'abstînt de faire violence au plus faible. Pour un gouvernement qui venait d'anéantir la liberté politique, l'existence à ses flancs d'un gouvernement dont cette même liberté constituait le principe fondamental apparaissait non seulement une provocation, mais un danger. (Rome, Musée Napoléon.) Napoléon III (Paris, 1808-Chlselhurst, 1873), empereur des Français de 1852 à 1870. Portrait peint par François-Xavier Winterhalter (Menzenschwand, 1805-Francfort a.Main, 1873). LES REFUGIES FRANÇAIS EN BELGIQUE. - De même qu'en 1815 la Restauration avait fait de la Belgique le refuge des bonapartistes français (21), de même le pays avait vu affluer, après les journées de juin 1848, quantité de socialistes et de révolutionnaires, qu'avaient bientôt suivis les libéraux, les parlementaires, les orléanistes et les républicains bannis après le 2 décembre ou volontairement exilés en haine du despotisme. Ouvriers inconnus, orateurs, penseurs ou écrivains y avaient cherché un asile qui leur permît de vivre en attendant la revanche. On avait vu passer par Bruxelles ou s'y étabhr à demeure, Thiers, Changarnier, de Haussonville, Lamorinière, Duvergier de Hauranne, Madier-Monjau, Rémusat, Paul Deschanel et quantité d'autres. Victor Hugo et Proudhon s'y installaient un peu plus tard, et dans toutes les grandes villes leurs compatriotes étaient nombreux. La plupart sans doute menaient une existence ignorée et paisible. Les plus instruits faisaient des conférences ou donnaient aux journaux une collaboration littéraire dont le succès leur attirait et faisait rejaillir sur leur cause les sympathies du public. D'autres enfin alimentaient une campagne de presse contre l'Empire. UEtoile Belge devenait l'organe des rancunes de la bourgeoisie orléaniste. Plus fougueux et plus violents, les républicains et quelques sociahstes déversaient l'injure sur l'usurpateur des Tuileries dans de petites gazettes éphémères : Le Messager des Chambres, Le Bulletin Français, La Nation, Le Méphisto, Le Sancho, Le Prolétaire, Le Crocodile, La Rive Gauche, avant-coureurs obscurs que devait éclipser quelques années après la fameuse Lanterne de Rochefort. DEFENSE DE LA LIBERTE DE LA PRESSE. -Si peu lus que fussent ces journaux, leur publication causait à Paris un énervement extraordinaire. Dès le mois de janvier 1852, avant même la restauration de l'Empire, Napoléon exigeait que le gouvernement belge les déférât d'office aux tribunaux. Quelques poursuites entreprises pour le satisfaire n'aboutirent qu'à des « acquittements scandaleux » (22) et augmentèrent encore son irritation. Une cavalcade de carnaval où il avait paru, disait-on, en posture ridicule, provoquait de sa part une demande officielle d'explications (23), et son indignation fut si grande lorsqu'en juillet 1852 Victor Hugo publia à Bruxelles Napoléon le Petit, qu'il fallut, dans l'espoir de le calmer, suspendre un professeur du collège de Tirlemont qui en avait lu des passages en classe (24). Il accusait le Cabinet libéral de Rogier de lui être systématiquement hostile par crainte que « l'exemple de la France ne soit fatal aux principes qu'il s'efforce de glorifier, et que les populations désabusées des prétendus bienfaits du régime parlementaire ne lui retirent leurs sympathies » (25). Et la conduite de certains catholiques qui, pour faire pièce au ministère, avaient l'imprudence d'applaudir à la campagne antibelge menée à Paris par Granier de Cassagnac et allaient jusqu'à faire traduire en flamand ses diatribes, était bien de nature à entretenir en cela ses illusions (26). (Potsdam, Château Sans-Souci.) Le roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV dans son cabinet de travail. Tableau peint par Franz KrUger (Grossbadegast, 1797-Berlln, 1857). I ' " : , 1 1 1 - (Bruxelles, collection des Admirateurs de Léopold II et de la Dynastie.) (Cliché Bijtebier.) « L'enthousiasme populaire qui éclata lors du mariage [du duc de Bra-bant et de l'archiduchesse Marie-Henriette] ... fut peut-être de toutes les manifestations patriotiques, celle qui toucha le plus profondément le cœur du vieux souverain. » (Voyez le texte, p. 94.) — Le duc et la duchesse de Brabant à l'époque de leur mariage. La cérémonie religieuse du mariage de Léopold, duc de Brabant, et de Marie-Henriette, arrière petite-fille de IMmpératrice Marie-Thérèse et fille du prince palatin de Hongrie, fut célébrée au château de Schfinbrunn le 10 août 1853. Le mariage civil se déroula au Palais royal de Bruxelles le 22 août suivant. — Tapisserie au point de croix provenant d'un couvent. Pièce folltlorique unique. La loi réprimant les attaques des publicistes contre les souverains et les gouvernements étrangers, que le Cabinet de Brouckère se décida à faire voter en 1852, apaisa momentanément la colère impériale. Pour sauver la liberté de la presse contre laquelle s'élevaient à la suite de la France, le Saint-Siège, l'Autriche, la Prusse et la Hollande, il était prudent de jeter du lest. Mais de sacrifier cette liberté elle-même et de consentir, comme Napoléon faisait plus que le suggérer, à la rayer de la constitution, il n'était pas, et quoi qu'il pût arriver, il ne devait jamais être question. La nationalité belge était si intimement liée au maintien de son régime politique, qu'elle le considérait non seulement comme son honneur et sa force, mais comme la condition même de son existence. Charles de Brouckère le constatait en termes excellents dans un mémoire destiné à se concilier l'appui du Cabinet de Londres contre les prétentions menaçantes de l'absolutisme. « Ce qui donne à la Belgique actuelle, disait-il, une physionomie propre, un caractère distinct, c'est principalement ce régime de libre discussion, ce self-government dont elle use en définitive avec intelligence et sagesse. Enlevez ce régime à la Belgique, énervez-la seulement et ce jeune Etat perd toute sa virilité, toute sa confiance en lui-même. Vous le détachez de cette indépendance qui est pour vous un boulevard, vous détruisez la popularité et le prestige de la royauté; vous lui ôtez sa vie morale, sa raison d'être Il devient dès ce moment un corps sans âme, une agrégation sans vigueur et sans avenir, la proie du premier venu qui offrira satisfaction et sécurité à ses intérêts matériels. La Belgique « matérialisée » deviendrait bientôt, quoi qu'on dise et quoi qu'on fasse, une « Belgique française ». Et il concluait avec émotion : « Notre constitution de 1831 est aujourd'hui la plus vieille du continent, elle est antérieure à la royauté belge, et le roi Léopold serait le premier à la défendre si elle était jamais menacée. Je ne connais pas du reste dans le pays un seul homme qui pût en concevoir la pensée. J'ai eu l'honneur de signer l'acte constitutionnel comme secrétaire du Congrès, et ma main se sécherait plutôt que d'y porter la moindre atteinte » (27). Les circonstances paraissaient si graves qu'il fallut bien prendre des mesures de précaution. Le 8 juin 1853, une loi faisait passer l'effectif de l'armée de quatre-vingt mille à cent mille hommes, et le roi écrivait à son premier ministre que, depuis 1848, la Belgique n'avait rien fait qui l'honorât davantage. Le rapprochement anglo-français de 1854,qui devait aboutir à la campagne de Crimée, intervint à point pour diminuer la tension. Les relations de Léopold I"' avec la Cour de Londres faisaient de lui un agent de liaison qu'il ne fallait pas négliger. Lui-même se considérait, ainsi qu'il le déclarait un jour au ministre de France « avec une manséatude un peu triste », comme « une sorte d'intermédiaire naturel entre les différents Cabinets de l'Europe pour concilier, pour rapprocher, pour éclaircir et jamais pour aigrir ou pour troubler » (28). Un échange de politesses et de bons procédés attesta que la situation s'améliorait. Au mois de janvier 1854, le prince Jérôme-Napoléon était reçu à Bruxelles avec une amabilité très remarquée, et, au mois de septembre, le roi allait saluer l'empereur à Calais. Le 27 février un traité de commerce, valable pour cinq ans, était conclu avec la France. Pour se concilier les bonnes grâces du Cabinet de Paris, le gouvernement se résignait à expulser Kos- (Paris, Maison Victor Hugo.) (Cliché Agence Belga.) Manteau et casquette portés par Victor Hugo au moment où II franchit clandestinement la frontière franco-belge. Le coup d'Etat du 12 décembre 1851 décida Victor Hugo à s'exiler en Belgique. 11 franchit la frontière muni d'un faux passeport au nom de « Jacques-Flrmln Lanvin... compositeur d'imprimerie à livres ». Il s'installa à Bruxelles, au numéro 16 de la Grand'Place (du 5 janvier au 1" février 1852), puis au numéro 27 du février au 31 juillet). Son séjour en Angleterre fut entrecoupé de retours en Belgique (1861, 1864, 1867, 1869, 1870), à Bruxelles notamment, d'où II fut expulsé le 30 mal 1871 par arrêté royal. Depuis la fin de l'année 1865 la famille Hugo avait loué l'Immeuble du numéro 4 de la Place des Barricades. suth, le général Leflo, le colonel Charras, et s'ingéniait à lénifier l'ardeur de la presse. « Je sais, écrivait Barrot, que la presque totalité des fonds secrets alloués au ministère des Affaires étrangères est employée à calmer l'irritation de quelques mauvais journaux de la capitale, et que le roi dépense de sa cassette particulière une somme considérable pour le même objet » (29). Le ministère et les Chambres saisissaient toutes les occasions d'affirmer et de prouver leur résolution de maintenir la neutralité la plus scrupuleuse. Durant la guerre de Crimée, il fut interdit à Cré-tineau-Joly de faire paraître à Bruxelles un journal pro-russe (30). On aurait pu espérer que l'avènement au pouvoir du ministre catholique De Decker aurait encore amélioré les rapports avec le gouvernement impérial, dont les sympathies pour l'Eglise étaient si marquées. La loi du 25 février 1856 sur l'extradition des personnes coupables d'attentat contre la vie des souverains étrangers était évidemment une avance à Napoléon IIL Ce fut une avance stérile. Sans doute l'empereur, enorgueilli par sa victoire sur le tsar, trouva-t-il le moment venu d'en finir avec « cette plaie infecte, ce serpent venimeux qu'on appelle la presse belge» (31). Barrot conseillait depuis longtemps de pousser les Puissances à exiger de la Belgique la revision constitutionnelle à quoi elle refusait obstinément d'entendre (32). Instigué par lui, Walewski profita de la réunion à Paris du Congrès de la Paix pour faire une violente sortie contre le gouvernement belge et proposer de l'amener à résipiscence par une action commune de tous les Etats garants de son indépendance (8 avril 1856). C'était presque une déclaration de guerre. Dans cette crise, ni l'Angleterre d'ailleurs n'abandonna la Belgique, ni la Belgique ne s'abandonna elle-même. Le retentissant « jamais » prononcé à la tribune de la Chambre par Vilain XIIII au milieu d'applaudissements enthousiastes fut vraiment la réponse de la nation. Elle se montra aussi respectueuse du « chiffon de papier » qu'elle avait reçu du Congrès, qu'elle devait l'être en 1914 de cet autre « chiffon de papier » qu'elle tenait de l'Europe. En refusant de capituler en face des menaces de Walewski, elle l'obligeait à capituler devant elle. Car même, les souverains auxquels sa constitution était odieuse, se trouvaient tenus de défendre cette constitution du jour où il devenait évident que la conquête de la Belgique par la France était le seul moyen d'en finir avec elle. Ainsi, par la plus inattendue des rencontres, les traités de 1839 devenaient la garantie de la liberté politique. Plus l'incartade de Walewski avait été retentissante, plus son échec laissa de ressentiment à Paris. Vilain XIIO, écrivait Barrot, s'était permis de défier l'empereur pour flatter une population « naturellement hargneuse et sus- (Exemplaire de la Bibliothèque Royale de Bruxelles, coté II, 30084, gr. fol.) Réception de Léopold I®'' à la Porte de Laeken (Bruxelles), le 21 juillet 1856, à l'occasion du vingt-cinquième anniversaire de son accession au trône. Lithographie de Gustave Simonau (Bruges, 1810-Bruxelles, 1870) et de Gerlier (né à Paris en 1826), extraite des Cérémonies et fêtes gai ont eu lieu à Bruxelles du 21 au 23 juillet 1856 à l'occasion du XXV' anniversaire de l'inauguration de Sa Majesté le Roi Léopold I". Bruxelles, J. Géruzet, 1856, fol. ceptible » (33). Mais la presse anglaise et le Parlement prenaient parti pour la Belgique avec tant de chaleur qu'il fallut bien se résigner à subir l'affront. Les manifestations politiques qui, le 21 juillet, marquèrent dans tout le pays le vingt-cinquième anniversaire de l'avènement de Léopold, ajoutèrent encore au dépit de Napoléon IIL Son ministre à Bruxelles avouait que le règne avait été « beau et heureux » et que les fêtes s'étaient déroulées au milieu d'un « enthousiasme universel ». Il voyait très bien que les Belges confondaient dans un même amour leur roi et leurs institutions, qu'ils comparaient, avec orgueil, disait-il, à celles des autres nations (34). L'année suivante le mariage de la princesse Charlotte avec l'archiduc Maximi-lien (juillet 1857), ajoutait une fois de plus la consécration des Cours à cette couronne de Belgique que venait de consacrer à nouveau l'adhésion du peuple. Les « atrocités » publiées par la presse belge lors de l'attentat d'Orsini (14 janvier 1858) provoquèrent aux HISTOIRE DE BELGIQUE l'Mi l'un ' ; ■ . t.. (Exemplaire de la Bibliothèque Royale de Bruxelles, journal coté VI, 133, C.) « ... les républicains et quelques socialistes déversaient l'injure sur l'usurpateur des Tuileries dans de petites gazettes éphémères : ... « Le Crocodile »... Si peu lus que fussent ces journaux, leur publication causait à Paris un énervement extraordinaire. » (Voyez le texte, p. 95.) Dessin publié dans «Le Crocodile» du 4 septembre 1853 (l" année, n" 21). Apparition de la comète Le Crocodile en l'an de grâce 1853. Elle fonce droit sur Napoléon III. Le caricaturiste profite de la circonstance pour faire foudroyer par « Le Crocodile », l'Eglise (personnifiée par le cardinal Sterckx, dont on rappelle les 45.000 francs de dotation), « L'Emancipation » (quotidien bruxellois paraissant depuis 1830), l'historien en vogue Théodore Juste, et la monarchie (symbolisée par une couronne sur laquelle un chien s'exécute). — Edité à Bruxelles, Le Crocodile portait le sous-titre suivant : « Cet animal est très méchant. Quand on l'attaque il se défend. » Le frontispice de chaque numéro représente deux crocodiles alimentant un foyer où brûlent les œuvres de Th. Juste et de saint Ignace de Loyola, l'Univers, le Père Loriquet, Louis Veuillot, un évêque, un ecclésiastique et des personnages à bicorne. Tuileries un accès de fureur. Walewski se laissait aller jusqu'à envisager l'éventualité d'une intervention armée pour forcer le gouvernement belge « à nous défendre contre nos ennemis » (35): Le ministère, épouvanté, se montrait pourtant prêt à tout, sauf à violer la constitution. Il faisait voter en hâte une nouvelle loi réprimant les attaques de la presse contre les souverains étrangers ( 12 mars 1858 ), traduisit devant les tribunaux le Crocodile, le Drapeau, le Prolétaire, offrait au ministre de France d'expulser immédiatement tous les réfugiés qui lui seraient signalés par l'ambassade (36). ATTITUDE MENAÇANTE DE NAPOLEON III. — Mais le péril se faisait trop pressant pour que l'on pût se contenter de ces palliatifs. L'imminence de la guerre entre la France et l'Autriche laissait craindre d'ailleurs un embrasement universel. L'Angleterre et la Prusse excitaient la Belgique à prendre des mesures énergiques. Celle-ci eût voulu l'établissement d'un camp retranché à Namur, celle-là poussait à faire d'Anvers le centre de défense du pays. Dès 1852, d'importants travaux y avaient été exécutés. Cette fois, il importait de faire de la place une forteresse de premier ordre. Le roi angoissé y travailla de toutes ses forces, chapitrant lui-même les chefs des partis et jetant sans hésiter son influence personnelle dans la balance (37). Sans se décourager d'un premier échec devant le Parlement effrayé par la dépense, il réussit, le 8 septembre 1859, à faire voter le projet conçu par Brial-mont pour transformer Anvers en un réduit militaire protégé par une ceinture de forts avancés. L'exécution de ce plan, qui passa de son temps pour un chef-d'œuvre, fut ressentie par Napoléon III comme une provocation. De plus en plus hostile à Léopold dont les sympathies pour l'Autriche n'étaient un secret pour personne, il le considérait presque en ennemi et l'accusait d'intrigues pour unir les Etats allemands en une coalition antifrançaise. Il laissait se déchaîner contre lui une campagne de presse. Des journaux le représentaient comme une « sentinelle de la (Bruxelles, Musée Royal d'Art moderne.) (Cliché A.C.L.) Léopold l®''. Portrait peint par Liévin De Winne (Oand, 1821-Bruxclles, 1880). Le plus connu et peut-être le plus beau portrait du roi. Sainte-Alliance », comme le « souverain provisoire d'un pays artificiel, d'une contrefaçon de nation» (38). Une pétition des fabricants de sucre, que l'égoïsme industriel poussait jusqu'à envisager l'éventualité d'une annexion à la France, était exploitée comme la preuve du désir des Belges « de faire retour à la mère-patrie ». On affirmait qu'il s'en était fallu de peu que la Belgique, en 1848, ne se donnât à la France. On prêtait aux Flamands, prétendument exploités par les autorités wallonnes, le désir de trouver plus d'équité sous le gouvernement impérial. « La France, écrivait l'Espérance, ne se sentira relevée de Waterloo que quand Waterloo sera redevenu français, et qu'au lieu du lion de la défaite, l'aigle vainqueur planera sur le Mont Saint-Jean » (39). Et quelle portée les victoires de Montebello, de Magenta et de Solférino ne donnaient-elles pas à ces attaques ! Tout était à redouter d'un souverain alors à l'apogée de sa puissance et à qui le mystère dont il enveloppait ses desseins permettait d'attribuer toutes les ambitions et toutes les audaces. L'annexion de Nice et de la Savoie ne faisait-elle pas présager délai celle de la Belgique ? Sans doute l'opinion publique réagissait vigoureusement. En 1860, tous les Conseils provinciaux et les deux Chambres du Parlement profitaient des fêtes nationales pour remettre au roi des adresses patriotiques. La presse répondait avec énergie aux journaux parisiens et réfutait la théorie des frontières naturelles. Une phrase malheureuse échappée à Proudhon soulevait une tempête de protestations (40). Le gouvernement, de son côté, faisait renou- (Bruxelles, collection des Admirateurs de Léopold II et de la Dynastie.) (Cliché Bijtebier.) Assiettes de faTence de Nimy (Hainaut) aux médaillons de Léopold et de Louise-Marie. Louise-Marie est appelée « reine-mère ». — Les portraits sont en grisaille et les armoiries, coloriées. Diamètre : 22 cm. bref «... le mariage de la princesse Charlotte avec l'archiduc Maximilien (juillet 1857) ajoutait une fois de plus la consécration des Cours à cette couronne de Belgique... » (Voyez le texte, p. 97.) — Mariage religieux de Maximilien et de Charlotte célébré à Bruxelles le 27 juillet 1857. Aquarelle de Cesare Dell'Acqua (Pirano, 1821-Bruxelles, 1904), extraite de G. Corti : Maximilien et Charlotte du Mexique, traduction française, t. II, hors-texte des pp. 32-33. Paris, 1927, in-S». Au début du XX® siècle un grand nombre d'aquarelles de Dell'Acqua appartenaient à la comtesse Duval de Beaulieu. La collection a été dispersée par la suite. MM. Anatole et François de Meester de Heyndonck ont acquis un certain nombre de ces aquarelles, mais on n'a pu retrouver, à ce jour, celle qui représente le mariage de Charlotte et de Maximilien. veler en 1861 le matériel d'artillerie et, malgré les clameurs des Anversois, hâtait l'exécution des ouvrages dé-fensifs conçus par Brialmont. Rogier poussait à un rapprochement cordial avec la Hollande, remaniait lui-même, avec plus de bonne volonté que d'inspiration, le texte de la Brabançonne, supprimait de la formule du serment des conseillers provinciaux et communaux le rappel de l'exclusion perpétuelle de la Maison d'Orange au trône de Belgique. Pour la première fois depuis la Révolution, une entrevue à Liège (octobre 1861) mettait en présence le roi des Belges et le roi des Pays-Bas. Les circonstances étaient d'autant plus troublantes que l'intérêt national commandait à la fois vis-à-vis de la France la défiance politique et l'entente économique. Le traité de commerce libre-échangiste conclu avec elle le 1®'' mai 1861 avait été salué comme un bienfait par les industriels. Quelques semaines plus tard, malgré l'op-_ position de Frère-Orban, le bimétallisme français fj était adopté par la Belgique qui, en décem-" a bre 1865, adhérait, sur la proposition du Cabinet de Paris, à l'union monétaire latine. Et il était aussi impossible de ne pas signer des accords si avantageux que de les signer sans appréhension, car l'état de l'Europe devenait de plus en plus grave et les projets de Napoléon III de plus en plus inquiétants. L'autorisation donnée en 1864 à une légion belge de participer à l'expédition du Mexique ne semblait pas avoir amadoué l'énigmatique empereur. Quelle attitude adopterait-il vis-à-vis de la Prusse enorgueillie de ses récents succès contre le Danemark, espoir des patriotes allemands et qui se préparait visiblement à une guerre avec l'Autriche ? Qu'il tirât l'épée contre cette ambitieuse puissance ou qu'il s'entendît avec elle, tout était également à craindre. Au mois de novembre 1864, Paul Devaux rapportait de Paris les bruits les plus inquiétants. Il donnait pour certain que Bismarck avait pro- ■ I ■ ; i : îii^: ï: m r f-: (Bruxelles, Musée Royal de l'Armée.) Canon de campagne WahrendoH utilisé par l'armée belge. Modèle 1862-1863; 8 cm., rayé. posé à la France, comme prix de sa collaboration contre l'Autriche, l'annexion de la Belgique (41). L'AVENEMENT DU LIBRE-ECHANGE. ^ A partir des environs de 1850, le développement politique et le développement économique de l'Europe semblent, à première vue incompatibles. La liberté qui disparaît des institutions s'empare, au contraire, de l'économie : partout le libre-échange se substitue au protectionnisme. Cette apparente contradiction découle pourtant de la même cause : l'intérêt de l'Etat. Les gouvernements qui, après la crise de 1848, réagissent si énergiquement contre le libéralisme, parce qu'ils le considèrent comme un principe de faiblesse et d'anarchie, l'appliquent ou l'imposent au commerce et à l'industrie en vertu de la nécessité. Il apparaît comme lié aux progrès de l'exportation, au développement des manufactures, à l'accroissement de la population et, dès lors, comme une condition indispensable de puissance nationale et de prestige. Les économistes ne démontrent-ils pas d'ailleurs qu'il est une vérité scientifique, et l'exemple de la prospérité dont il fait jouir l'Angleterre ne prouve-t-il pas sa bienfaisance ? Loin de nuire à l'absolutisme, il ne pourra donc que le renforcer puisqu'il augmentera les ressources de l'Etat et lui vaudra, par surcroît, le mérite d'avoir accompli une réforme si utile au bien général. Les questions de tarifs sont indépendantes des conceptions politiques, et il est caractéristique que ce soit un souverain aussi foncièrement antilibéral que Napoléon III qui ait ouvert sur le continent, par une sorte de coup d'Etat économique, l'ère du libre-échange. En Belgique, le libéralisme économique devait trouver un accueil d'autant plus empressé que, par bonne fortune, il s'harmonisait, comme en Angleterre, avec le libéralisme, de la constitution. Si, en 1815, les industriels, privés brusquement du marché de l'Empire français, avaient réclamé et obtenu du roi Guillaume des mesures de protection douanière; si, en 1821, l'adoption d'un tarif plus modéré leur avait fait pousser des clameurs d'indignation, ils n'avaient pas tardé à se rendre compte que le développement de leurs affaires en était arrivé au point où, la concurrence de l'étranger n'étant plus à craindre, les progrès de l'exportation s'accommodaient fort bien de la diminution des droits d'entrée qui tournerait maintenant à leur avantage (42). Le perfectionnement de l'outillage se révélait comme beaucoup plus efficace que la prohibition. Les mesures excellentes prises par le gouvernement avaient fait du pays, au moment où éclata la révolution de 1830, le centre industriel probablement le plus actif du continent. Mais la Révolution, on l'a vu plus haut, compromit brusquement une situation si avantageuse. Née d'une opposition purement politique et nationale, elle avait abouti, sans que ses promoteurs l'eussent voulu, à une rupture complète avec la Hollande. Aucune mesure n'avait été prise en vue de cette éventualité. On se trouvait jeté en pleine aventure et le roi Guillaume s'attendait à voir la Belgique, incapable de subsister par elle-même, venir à résipiscence et se replacer sous son pouvoir. Tout semblait, en effet, conspirer contre elle : l'exiguïté de son territoire, les barrières douanières qui l'entouraient maintenant de toutes parts, la densité de la population, l'existence d'une industrie beaucoup trop développée pour que le marché national pût lui suffire, l'absence d'une flotte de commerce et de colonies, et par surcroît un gouvernement sans expérience, sans ressources, et surtout sans prestige au dehors. Rien d'étonnant si le monde des affaires n'avait aucune confiance dans l'avenir. A ses yeux, l'indépendance devait conduire le pays à la ruine. La propagande orangiste et la propagande francophile ne durèrent si longtemps que grâce (Cliché Jacobs.) (Bruxelles, Musée Royal de l'Armée, fonds Chazal.) (Cliché Jacobs.) « Le gouvernement..., malgré les clameurs des Anversois, hâtait l'exécution des ouvrages défensifs conçus par Brialmont. » (Voyez le texte, p. 99.) — Vue partielle des constructions du camp retranché d'Anvers en 1864. De 1851 à 1853, sept fortins et une lunette de peu de valeur, distants de 1.000 à 2.200 mètres, avalent été construits à Anvers. La nécessité d'élargir l'enceinte fit naître deux projets : celui de la « petite » enceinte et celui de la « grande », au tracé polygonal d'après les plans du capitaine Brialmont. Ce dernier projet rencontra l'approbation du général Todleben, le défenseur de Sébastopol, et fut finalement voté par la Chambre. Entrepris en mars 1860, les travaux étaient achevés en 1864. Pour la première fois en Europe, Brialmont introduisit dans ces fortifications l'emploi des cuirassements métalliques et, pour le fort n» 3, une coupole d'acier. La réalisation de cette nouvelle enceinte se heurta à l'hostilité des Anversois (voyez le chapitre suivant). J r i ■■ l-lr ; à l'appui des capitalistes, dont les uns ne voyaient de salut que dans un retour plus ou moins complet à la Hollande, les autres, dans une annexion plus ou moins déguisée à la France. LA SITUATION ECONOMIQUE APRES 1839. -En décidant et en prenant à sa charge l'étabhssement des chemins de fer, l'Etat trouva le vrai moyen de surmonter la crise. L'amplitude de l'œuvre stimula à point nommé l'activité languissante de la métallurgie et des mines, occupa les chômeurs, éveilla l'esprit d'entreprise et fournit un emploi aux capitaux. Si elle favorisa dangereusement la spéculation, elle rétabht la confiance et, grâce à elle, le pays traversa sans encombre les années critiques qui précédèrent la signature des traités de 1839. La nouvelle période de dépression dont ceux-ci marquèrent le début soulevait pourtant des problèmes presque aussi redoutables que ceux en face desquels on s'était trouvé lors de la Révolution. Sans doute, l'indépendance nationale étant désormais un fait acquis et définitif, le gouvernement se trouvait en meilleure posture non seulement pour négocier avec l'étranger, mais pour légiférer à l'intérieur. Mais s'il avait plus de stabihté, il n'avait pas plus de puissance. On a vu qu'il chercha vainement à conclure avec la France une union douanière qui fût autre chose qu'une absorption politique. Du moins parvint-il à rétablir des relations normales avec la Hollande et à signer, en 1844, un traité de commerce avec le Zollverein (43). La prolongation des chemins de fer vers la France et surtout vers l'Allemagne commençait à ranimer le trafic d'Anvers, et la construction de hgnes nouvelles, en facilitant la circulation intérieure, permettait à l'industrie de travailler à des conditions de bon marché qui favorisaient l'exportation. Mais, par une contradiction qu'exphquent à la fois les exigences intéressées des fabricants et la nécessité de répondre par le protectionnisme au protectionnisme de l'étranger on prenait, en même temps, des mesures doua- (Anvers, Musée national de la Marine.) Maquette d'un navire de commerce (brick) battant pavillon belge. Brick de fabrication belge, construit dans la première moitié du XIX» siècle. Le modèle de la maquette n'a pu être déterminé i ce jour, mais on peut tenir pour assuré qu'elle a été exécutée d'après un navire en service au XIX» siècle. H 1 ■■ ■ '■i [ ' • » 11 i-j': É-i m. I ■ ; 1 fi. ^ M/ ---- < (Anvers, Archives de la ville, charte R. 454.) Signatures du roi, des membres de la famille royale et de diverses personnalités au bas du procès-verbal rédigé à l'occasion de la pose de la première pierre du bassin Kattendijk au port d'Anvers (19 août 1856). A droite, de haut en bas, signatures du roi, de la duchesse de Brabant (Marie-Henriette), de la princesse Marie-Charlotte, du duc de Brabant, du comte de Flandre, du Grand Maréchal de la Cour, des ministres de l'Intérieur et des Travaux Publics, du gouverneur de la province, d'un député et d'un sénateur. Le reste de la feuille est couvert des signatures de notabilités locales et des responsables des travaux. La truelle et le marteau utilisés par Léopold I" en cette circonstance sont conservés avec le procès-verbal. nières qui avaient pour résultat le renchérissement de l'existence. A la demande des propriétaires fonciers, une loi de 1838 adoptait le système de l'échelle mobile pour maintenir le haut prix des céréales. Toutes sortes d'industries obtenaient du Parlement des relèvements de taxes. En 1844, on édictait, dans le vain espoir de provoquer la création d'une marine nationale, des droits différentiels suivant que les marchandises seraient exportées directement on non du pays producteur, et suivant le pavillon des navires. Dans ces conditions, le protectionnisme faisait perdre, d'une part, à l'industrie les avantages que l'avance prise sur l'étranger, grâce aux progrès de la circulation, lui assurait de l'autre. Dès lors, ce n'était que moyennant la réduction des salaires qu'elle pouvait conserver ses débouchés à l'extérieur. Elle en était réduite pour vivre à affamer la classe ouvrière et, malgré tout, elle vivait dans le malaise. Un tel état de choses n'était évidemment pas durable. Déjà, en 1843, l'enquête sur la condition des travailleurs avait indiqué les droits frappant l'importation du bétail et des céréales comme une des causes principales de la misère du peuple. Quoi qu'on en eût, il avait bien fallu les suspendre ou les atténuer pour remédier à la catastrophe déchaînée sur les Flandres par la crise linière et pour parer à la disette de 1845. Ainsi, la force même des faits condamnait le système protecteur qui avait été incapable d'empêcher la ruine de la toilerie flamande et qui entravait le ravitaillement d'une nation trop nombreuse pour trouver sur son propre territoire les aliments indispensables à sa subsistance. Il apparaissait d'ailleurs aux libéraux comme une survivance de l'Ancien Régime, comme un problème antidémocratique, comme une atteinte portée au droit naturel. Et, en cela, les socialistes pensaient comme eux. Les industriels les plus entreprenants et les mieux outillés souhaitaient aussi une réforme que redoutaient seuls les grands propriétaires fonciers et les fabricants les plus timides ou les plus routiniers. A tous les novateurs, l'Angleterre montrait la voie à suivre. Ils applaudissaient la propagande libre-échan-giste de Cobden et les lois récentes du ministère Peel sur le commerce des blés. Dès avant les événements de 1848, la question douanière enfiévrait l'opinion. On la débattait avec passion dans des meetings. Verviers devenait un foyer ardent d'agitation antiprotectionniste. L'échelle mobile, les droits différentiels étaient combattus au nom de la science économique et de la fraternité des nations. En 1846, une association pour la liberté commerciale se constituait à Bruxelles et y convoquait, l'année suivante, un congrès d'économistes. LE CABINET DE 1847 ET LE LIBRE-ECHANGE. — En arrivant au pouvoir le 12 août 1847, le ministère libéral se trouvait appelé à inaugurer une politique commerciale qui correspondait à la fois à ses principes et à l'orientation de plus en plus marquée de l'esprit public. Son programme le déclarait hostile à de nouvelles aggravations de tarifs et attaché « à faire prévaloir un régime libéral quant aux denrées ahmentaires » (44). La crise de 1848 le poussa à agir sans retard en même temps qu'elle facilita son action, car la réforme électorale qui en fut la conséquence immédiate, en dispensant beaucoup plus largement le droit de suffrage à la population urbaine qu'à la population des campagnes, tourna par là même en faveur des adversaires du protectionnisme qui se recrutaient surtout dans la bourgeoisie des villes. De plus, à un moment où l'on ne parlait que de réformes sociales, le caractère démocratique du libre-échange l'imposait au gouvernement comme une mesure de prudence et une condition de popularité. Enfin, le jeune ministre des Finances, Frère-Orban, en était l'un des adeptes les plus enthousiastes. Pour lui, comme pour les Frédéric Bastiat, les Michel Chevaher, les J.-B. Say, il est tout ensemble la vérité scientifique et l'aboutissement nécessaire du libéralisme. Il le considère comme un dogme inaccessible seulement à l'ignorance ou à la mauvaise foi et qu'il confesse avec éloquence, la conviction et l'ironie hautaine d'un homme aussi persuadé de l'excellence de sa cause que du talent qu'il apporte à la défendre. Sa puissante volonté triomphe des vieilles tendances saint-simoniennes de Rogier et s'impose à tous ses collègues du Cabinet. Dès ce moment il (Liège, Hôte! de vilie.) (Cliché Daniel.) Vase oHert à Frère-Orban par souscription nationale en souvenir de l'abolition des octrois. Le vase repose sur un socle de marbre. Au-dessus du socle, l'Industrie sur son char, entourée de quatre médaillons (dont deux visibles sur la photo) représentant des personnages enchaînés. Le portrait de Frère-Orban est accompagné de l'inscription : A FRERE ORBAN LA BELGIQUE RECONNAISSANTE 1860. A sa droite (sur la photo) des femmes déroulent un parchemin : « Loi du 21 juillet 1860. » A sa gauche, d'autres en déroulent un second : « Ministre des finances. » Le vase est également décoré des armoiries des huit provinces — celles de Liège se trouvant sous l'Inscription qui accompagne ère-Orban — et surmonté de saint Michel terrassant le dragon. L'autre face, non visible sur la photo, représente la démolition des barrières. l'effigie de Frère-'______ ___________________________________________ - , ... Ce vase porte également la mention : « Inventé et réalisé par Charle (sic) Albert. » Bronze. Hauteur : 1,50 m.; largeur à la base 0,68 m. HISTOIRE DE BELGIQUE : > ! ■ . '!■' - wi:' (Bruxelles, square Frère-Orban.) (Cliché A.C.L.) « La liberté économique. » Détail de la statue de Frère-Orban, œuvre de Charles Samuel (né à Bruxelles en 1862), érigée en 1900. L'Economie, qui jouit désormais des avantages du libre-échange et de l'abolition des octrois, brise ses chaînes. L'inscription... ------- „---------------- ----------. ------------------ ------ripti-..... JE COAIÏATTRAI POUR LA LIBERTE JUSQU'A MON DERNIER SOUFFLE... rappelle-, de façon Inexacte, la fin de la péroraison du dernier grand discour: prononcé par Frère-Orban à la Chambre des Représentants le 24 mars 1893 < Je combattrai jusqu'à mon dernier souffle en faveur de la liberté individuelle dans toutes les sphères de l'activité humaine. » se pose comme leur chef et ses discours resteront pendant trente ans la doctrine du libéralisme belge. LA SUPPRESSION DES OCTROIS. - LA BANQUE NATIONALE. -- Les mesures qu'il fait adopter par les Chambres à partir de 1849 attestent clairement l'orientation nouvelle. Le 16 juillet de cette année, une loi autorisant le gouvernement à supprimer les droits d'exportation, est votée à l'unanimité. Une autre loi du 6 août dote le transit d'un tarif plus libéral que celui d'aucun des pays voisins. Le 22 février 1850, l'échelle mobile appliquée au commerce des grains est abolie, et le 31 décembre 1853, on décrète la libre entrée de ceux-ci. A l'intérieur même du pays, une initiative plus hardie et plus bienfaisante encore aboutit, en 1860, à la suppression des octrois. Depuis 1844 on protestait contre l'exagération de leurs taux et, en 1845, Castiau en avait demandé la disparition. L'enquête sur le travail avait conclu dans le même sens : elle faisait observer qu'à Liège, par exemple, l'octroi prélevait, au profit de la ville, le dixième des revenus des chefs de famille de la classe ouvrière. Le ministère de Theux avait appelé sur ce point, en 1846, l'attention des gouverneurs de provinces. Mais comment trouver le moyen de compenser les pertes financières que la suppression des octrois ferait supporter aux soixante-dix-huit communes qui en possédaient ? La création d'un fonds communal ser- vant à les indemniser, permit à Frère-Orban de réaliser la réforme depuis si longtemps attendue. Elle ne débarrassait pas seulement les grandes villes de la ceinture de péages dans laquelle elles étouffaient, elle n'y diminuait pas seulement le prix des denrées, elle facilitait encore dans tout le pays les échanges et la circulation. Elle était, à vrai dire, une innovation digne de l'Etat qui, le premier sur le continent, avait eu foi dans les chemins de fer. A la rapidité des communications elle ajoutait leur liberté complète. En la réalisant Frère-Orban rendait à l'économie nationale de la Belgique un service analogue à celui que Colbert avait rendu au XVII" siècle à l'économie nationale de la France par la suppression des douanes intérieures. Ce libre-échangiste était en même temps un homme d'Etat. La concurrence universelle des nations qu'il appelait de tous ses vœux, il sentait bien qu'un pays comme le sien ne pouvait la supporter avec succès qu'en compensant par les avantages de son organisation interne ce qui lui manquait en puissance militaire, en flotte de commerce et en territoires d'exportation. Produire à bon marché pour pouvoir vendre au dehors était ici la nécessité primordiale. Mais la production à bon marché dépendant elle-même de la constitution économique de l'Etat, il fallait donc que celle-ci pût la garantir. La solidité financière en était une condition indispensable. La crise de 1848 avait prouvé l'insuffisance des institutions de crédit en mettant à deux doigts de leur perte et la Société Générale et la Banque de Belgique. La création de la Banque Nationale, le 5 mai 1850, para au retour de ce danger. « Chargée exclusivement d'opérations utiles au pays », elle a pour but de régulariser le crédit et d'aider aux opérations de trésorerie de l'Etat sans pouvoir elle-même ni emprunter ni se livrer au commerce et à l'industrie. Dotée du monopole d'émettre des billets de banque et pourvue des attributions de caissier de l'Etat, qui contrôle son activité sans la soumettre à son ingérence, elle complète l'organisation financière qu'avait si heureusement inaugurée, en 1822, la fondation de la Société Générale. Ainsi, en dépit de l'opposition de leurs principes, Frère-Orban continuait l'œuvre de Guillaume I", tant il est vrai que le libre-échange ne peut, en somme, se développer que sous la direction de l'Etat. Et c'est là sans doute ce qui explique les accusations de socialisme lancées contre le ministre par ses adver- (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Médailles.) Médaille commémorant l'abolition des octrois. Au droit (à gauche), buste de Frère-Orban. Légende : FRERE-ORBAN MINISTRE DES FINANCES. Au revers (à droite), POLYMNIE déroulant le texte de la LOI DU 18 JUILLET 1860. — Médaille de bronze portant au droit D'APRES NATURE ALEX [ANDRE]. GEEFS (Anvers, 1829-Schaerbeek [Bruxelles], 1866). F[ECIT]. 1860; au revers ALEX[ANDRE]. OEEFS INV[ENIT] ET FECIT. Diamètre : 55 mm. LÉOPOLD I" (COBOURG, 1790-BRUXELLES, 1865.) Le roi porte le bijou de la Toison d'Or et la plaque de chevalier de l'Ordre de la Jarretière. — Portrait peint sur Ivoire, vers 1840, par Sir William Ross (Londres, 1794-1860), peintre de la reine Victoria, probablement au cours d'un séjour du roi en Angleterre. Ce portrait a été donné en 1866 au prince Eugène de Ligne par les fils de Léopold I®"", Léopold II et Philippe, comte de Flandre. — Hauteur : 25,5 cm ; largeur : 18,5 cm. (Château de Belœil) .î- i i . I' IH'i: m ni MM: DE 184 8 A LA MORT DE LEO POLD l' saires (45). Ils voyaient très bien que ce libéral était au fond un autoritaire. Homme de gouvernement avant tout, il n'était si attaché à la liberté que parce qu'à ses yeux elle se confondait avec l'intérêt de la nation et plus encore avec celui de l'Etat et il l'eût volontiers imposée à coups de décrets. Sa proposition, en 1848, d'imposer les successions en ligne directe parut une atteinte insupportable à la propriété et un impôt hideux « frappé sur le deuil des familles ». Plus grandissait la prospérité du pays, plus le Parlement, par égoïsme bourgeois et étroitesse de vues, se rebiffait devant le moindre sacrifice. Il en résulta que, jusque vers la fin du XIX® siècle, les gouvernements qui se succédèrent au pouvoir n'eurent guère recours qu'à l'emprunt pour parer aux dépenses de l'Etat. L'intérêt électoral les détournait d'ailleurs de demander des impôts que l'opposition eût exploités contre eux comme une preuve de mauvaise gestion ou de gaspillage. Le système financier continua donc, sans modifications essentielles, à reposer sur les bases qui lui avaient été données au temps du roi Guil- (Bruxelles, rue du Bols Sauvage.) (Cliché Jacobs.) Détail de la façade de la Banque Nationale à Bruxelles. La Banque Nationale a été construite vers 1860 par l'architecte Henri Beyaert (Courtrai, 1823-Bruxelles, 1894). Quatre colonnes ioniques supportant un entablement et un fronton triangulaire constituent les deux avant-corps. Chaque fronton est couronné d'une statue allégorique : le Commerce et l'Industrie, œuvres de Fiers. Les cariatides ont pour auteurs respectifs Egide Mélot et Léopold Wiener. (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Médailles.) Monnaies frappées sous le règne de Léopold 1®"". 1 : 40 francs or. Droit à l'effigie du roi et à la légende LEOPOLD PREMIER ROI DES BELGES. - 2 : revers du précédent, au millésime 1835. - 3 : 20 francs or. Même droit que 1. - 4 : revers du précédent, 1835. - 5 : 5 francs argent. Même droit. - 6 : revers du précédent, 1832. - 7 : I franc argent. Droit. -8 ; revers du précédent, 1833. - 9 : 25 francs or. Droit. - 10 : revers du précédent, au millésime 1848 et à la légende L'UNION FAIT LA FORCE au-dessus des armoiries du royaume. - 11 : 10 francs or. Droit. - 12 : revers du précédent, 1850, aux mêmes motifs que le n» 10. - 13 : 2 1/2 francs argent. -14 : revers du précédent, 1848, à la même légende que le n» 10 et à l'écu portant un lion sommé de la couronne royale. - 15 : 20 centimes, nickel. Droit. Millésime 1861. - 16 : revers du précédent, au chiffre 20 C», au lion et à la même légende que le n» 10. — Les monnaies n»» 1-8 ont été frappées en vertu de la loi du 5 janvier 1832; les n»' 9-14, en vertu de la loi du 31 mars 1847; les n»« 15 et 16, en vertu de la loi du 20 décembre 1860. Les n<" 9 et 13 portent le nom du graveur Léopold Wiener (Venlo, 1823-Bruxelles, 1891). laume. On préféra le laisser subsister tel quel plutôt que de tenter une réforme qui, peut-être, eût tout compromis. Si la dette publique alla croissant sans cesse, l'épargne du pays était assez forte pour la supporter sans faiblir. La victoire définitive du libre-échange à partir de 1861, inaugura, en effet, une période de prospérité jusqu'alors sans exemple. Sans doute, à partir de cette date, le progrès économique est commun à toute l'Europe. Mais nulle part il n'apparaît aussi frappant qu'il le fut en Belgique. La liberté commerciale lui permit alors de tirer parti, IV-8 comme elle n'avait plus pu le faire depuis le XVI® siècle, de sa position centrale, des ressources de son sol, des aptitudes travailleuses de son peuple et de la supériorité de ses moyens de communication. Jusqu'alors, on l'a vu, sa politique n'avait cessé de tendre à l'extension de sa production et de son commerce. Mais les barrières douanières qui l'enserraient continuaient, malgré les traités de commerce conclus avec les Pays-Bas, avec le Zollverein et avec l'Angleterre, à opposer leurs obstacles à son expansion. La France, le principal de ses débouchés, restait malveillante. En 1852, il avait fallu, pour obtenir d'elle quelques avantages commerciaux sans importance, lui sacrifier la florissante industrie qu'alimentait à Bruxelles et dans les grandes villes la contrefaçon des livres français. La brusque volte-face de Napoléon III concluant, en 1860, avec l'Angleterre le fameux traité qui substituait le libre-échange au protectionnisme, marqua le début d'une ère nouvelle. Dès le 1®"' mai 1861, profitant du coup d'Etat économique de l'empereur, la Belgique obtenait le bénéfice des réductions de tarifs accordées à la Grande-Bretagne. Puis ce furent, durant les années suivantes, des traités analogues avec celle- (Anvers, Place Marnix.) (Cliché Lammens.) Monument élevé à Anvers pour commémorer le rachat du péage de l'Escaut. Inauguré le 14 août 1883, le monument, œuvre de plusieurs artistes, rappelle sous forme allégorique les grandes pages de l'histoire du fleuve. ci (1862), avec le Zollverein (1863), avec l'Espagne, avec l'Italie. En 1865, une loi consacrant le nouveau régime déclarait de droit commun les conventions en vigueur. RACHAT DU PEAGE DE L'ESCAUT. ^ Le rachat du péage de l'Escaut, accompli au mois de juillet 1863, fut le corollaire de cette bienfaisante victoire du libre-échange. Le traité négocié par Lambermont avec la Hollande et les Puissances, affranchissait le fleuve des dernières survivances de sa longue servitude. Anvers allait redevenir ce qu'il n'avait plus été depuis le XVI® siècle, un port commun à toutes les nations, en même temps que la Belgique elle-même s'ouvrait sur le monde par toutes ses frontières. Désormais, son avenir de pays essentiellement industriel et urbain était décidé. Elle se retrouvait ce qu'elle avait été durant le Moyen Age et la Renaissance, une usine et un entrepôt ouverts au carrefour des nations et capables, enfin, de mettre de nouveau à profit la situation exceptionnelle dont la nature les avait pourvus mais dont, depuis trois siècles, les conjonctures politiques leur avaient presque continuellement refusé le bénéfice. NOTES (1) A. De Ridder, op. cit., t. I, p. 345. (2) A. De Ridder, op. cit., t. I, p. 353. (3) Ibid., t. II, p. 90. (4) J. Hansen, Gustav von Mevissen, t. II, p. 391 (Berlin, 1906). (5) A. De Ridder, Un diplomate autrichien à Bruxelles (Bulletin de la Commission royale d'Histoire, t. LXXXIX, 1925, p. 205). (6) Ernst von Sachsen-Coburg, op. cit., t. I, p. 251 : « Unser einziger mora-lischer Hait ist Beigien, indem es den Beweis iiefert dass die Monarchie auch mit iiberaien Institutionen bestehen ijann ». (7) De Lichtervelde, Léopold p. 253. (8) Archives du Ministère des Affaires Etrangères à Paris, loc. cit., n» 219 (Lettres du 17 mars et du 22 avril 1848). (9) L'enthousiasme provoqué par ces paroles fut tel que, dit le Moniteur, « la Chambre en proie à une vive émotion se sépare sans aborder son ordre du jour ». (10) A. De Ridder, La crise de 1848, t. II, p. 273. (11) Archives du Ministère des Affaires Etrangères à Paris, loc. cit., n" 219 (Lettre du 17 mars 1848). Cf. le jugement du ministre du Piémont dans C. Buraggi, etc., Belgio e Piemonte, p. 73. (12) Al. Huisman, L'incidence de la crise révolutionnaire de 1848-49 sur les rapports hollando-belges (Revue de l'Université de Bruxelles, 1925). (13) A. De Ridder, La crise de 1848, t. I, p. 317. Cf. E. Discailles, Trois dates de l'histoire du Luxembourg (Bulletin de l'Académie royale de Belgique. Classe des Lettres, 1927). (14) A. De Ridder, Une dette de guerre belge en 1831-1832 (Bulletin de la Commission royale d'Histoire, t. XCI, 1927). (15) A. De Ridder, La crise de 1848, t. II, p. 255. (16) Il semble bien que Frère-Orban y ait cru. P. Hymans, op. cit., t. I, p. 401. J. Garsou, Les relations extérieures de la Belgique de 1839 à 1914^ (17) Ernst von Sachsen-Coburg, op. cit., t. II, p. 458, dit que Napoléon III était persuadé par ses agents « dass mein Onkel und unser ganzes Haus tâtig waren um eine Coalition gegen ihn hervorzurufen ». II parle d'une lettre de Léopold où celui-ci lui exprime son désir d'une telle coalition mais a condition qu'elle soit « une coalition de la paix ». Ibid., p. 438. (18) Ch. Terlinden, L'établissement des relations diplomatiques entre la Belgique et la Russie, 1852-1855 (Revue d'histoire diplomatique, 1923). (19) Ernst von Sachsen-Coburg, op. cit., t. II, pp. 83, 84. (20) A. De Ridder, Le mariage du roi Léopold II (Bruxelles, 1925). (21) Histoire de Belgique, t. VI, pp. 281 et sulv. (22) Archives du Ministère des Affaires Etrangères, à Paris, loc. cit., n° 221 (Lettre du 23 mars 1852). (23) Ibid., n» 220 (Lettre du 27 février 1852). (24) Ibid., n» 221 (Lettre du 30 août 1852). (25) Ibid. (Lettre du 15 octobre 1852). (26) Ibid. (Lettre du 7 juin 1852). (27) A. De Ridder, Le mariage de Léopold II, p. 186. (28) Archives du Ministère des Affaires Etrangères à Paris, loc. cit., n° 222 (Lettre du 12 mars 1853). (29) Ibid., n» 227 (Lettre du 13 janvier 1855). (30) Ibid. (Lettre d'avril 1855). (31) Ibid., n- 230 (Lettre du 19 mars 1856). (32) Archives du Ministère des Affaires Etrangères à Paris. Puisque la Belgique ne veut pas renoncer à être « l'arsenal où se forgent en grande partie les poignards dirigés contre la poitrine des souverains », il faut faire agir l'Europe contre elle. Les Puissances lui diront • « Vous nous devez tout. Changez votre constitution. » (33) Ibid., n» 236 (Lettre du 9 février 1858). (34) Archives du Ministère des Affaires Etrangères à Paris, loc. cit., n" 236 (Lettre du 23 juillet 1858). (35) Ibid., n» 236 (Lettre du 9 février 1858). (36) Ibid. (même lettre). (37) Ibid., n" 238 (Lettre du 4 avril 1858), n° 239 (Lettre du 20 août 18,59). (38) E. Discailles, Charles Rogier, t. IV, p. 132; P. Hymans, Frère-Orban, t. II, p. 86. (39) P. Hymans, op. cit., t. II, pp. 95-97. (40) En réalité Proudhon avait voulu dire que l'unité de l'Italie aurait pour conséquence l'annexion de la Belgique. Voy. sa brochure La fédération et l'unité en Italie, p. 62 (Paris, 1862).Parlant des attaques des Belges contre lui, il écrit, p. 70 : « Je suis peut-être le seul Français que de sérieuses réflexions aient conduit à ne pas vouloir de l'incorporation de leur patrie dans la mienne. » (41) Mémoires d'A. Van den Peereboom (Bibliothèque de l'Université de Gand), t. II, l® partie, fol. 34. M. Jules Garsou a publié de longs extraits de ces mémoires dans le journal L'Eventail de 1929-1930, et dans le Flambeau de 1929. (42) Histoire de Belgique, t. VI, pp. 303, 432. (43) Voy. plus haut, p. 92. (44) P. Hymans, Frère-Orban, t. I, p. 359. (45) Ibid., t. I, pp. 259 et suiv. (Bruxelles, Musée de la Porte de Haï.) (Cliché A.C.L.) Masque mortuaire de Léopold I®''. Œuvre de Charles Fraikin (Herenthals, 1817-Schaerbeek [Bruxelles], 1893) qui a travaillé au lit de mort du roi. Moulage en bronze galvànoplastique. CHAPITRE II LA VIE POLITIQUE E ROI ET LES PARTIS. — L'avènement du Cabinet libéral du 12 août 1847 ouvre, en Belgique, l'ère du gouvernement parlementaire pur, je veux dire du gouvernement des partis. Elle s'y prolongera jusqu'à la grande guerre. Désormais, c'est de la lutte entre catholiques et libéraux que dépendra non seulement la composition des Chambres, mais la composition des ministères. Ils se succèdent au pouvoir suivant les majorités que les fluctuations du corps électoral envoyent siéger au Palais de la Nation. Si, dans la fiction constitutionnelle, les ministres sont les ministres du roi, dans la réalité des choses, ils sont les ministres de leur parti. Ils le sont d'autant plus que depuis 1848 la loi, sous prétexte de démocratie et de correction parlementaire, a déclaré inéligibles tous les fonctionnaires de l'Etat dont le gouvernement pouvait jadis influencer les votes. La représentation nationale est donc, autant qu'il est possible, l'organe de deux opinions qui divisent les quatre-vingt mille électeurs en quoi consiste le « pays légal ». Sauf de très rares exceptions, les Cabinets se recrutent au sein du groupe qui l'emporte sur l'autre. Et comme, à mesure qu'on avance, l'opposition entre ces groupes se fait de plus en plus radicale, les Cabinets seront donc obligés, de plus en plus, pour conserver la confiance et compter sur la discipline de la majorité dont ils sortent, de se solidariser davantage avec elle. Jusqu'en 1857, les frontières de la droite catholique et de la gauche libérale restent encore assez flottantes pour qu'entre elles puisse s'intercaler un centre « modérateur » (1). C'est lui qui, de 1852 à 1855, permettra à de Brouckère d'en revenir à une politique de tendances unionistes. Mais la chute du ministère De Decker sépare d'une cassure définitive les deux côtés du Parlement. Nul recollage ne sera plus possible. La majorité qui détient le gouvernement traite en ennemie la minorité qui veut s'en emparer à son tour. La passion politique se mêle à toutes M;:, (Exemplaire de la collection Bodeux [Bruxelles].) Uniformes de l'armée belge (1855). Groupe de gauche : artillerie de campagne et de forteresse; au centre : génie; groupe de droite : école militaire, école d'application et école des enfants de troupe; au fond, à droite : marine royale. — L'une des quatre planches des Uniformes de l'Armée belge publiés d'après les dessins originaux exécutés par ordre de S.A.R. le Duc de Brabant et sur les Documents fournis par le Département de la Guerre. H. Hendrickx del.-inv. Lithographie de Simonau et Toovey, éditée par Ch. Muquardt à Bruxelles-Gand-Leipzig, in-plano oblong. Les exemplaires de cette suite sont assez nombreux. les questions et détermine tous les votes, en même temps que l'intérêt électoral devient Yultima ratio du parti au pouvoir. Seules l'évidence et l'imminence d'un péril commun rapprocheront, de loin en loin, en une accalmie momentanée, les groupes hostiles qui s'affrontent. L'attitude de Léopold I" en face de cette prépondérance des partis dans l'organisation de l'Etat s'explique par son tact, son sang-froid et sa sagesse. Par tradition, par éducation, par goût personnel, il était aussi loin que possible d'adhérer au dogme parlementaire « le roi règne et ne gouverne pas ». Il avait d'ailleurs une idée trop haute de sa valeur, de son expérience et de ses responsabilités pour se ravaler à ce rôle de souverain soliveau, de roi fainéant entretenu par une liste civile et se bornant à signer les décisions de ses ministres, à quoi ses sujets s'imaginaient bonnement que se réduisaient les attributions de la Couronne. En fait il ne s'y résigna pas du tout et son intervention dans les affaires, ce « pouvoir personnel » dont le nom seul horrifiait l'opinion, fut, durant tout son règne, d'autant plus effective qu'elle se déroba davantage. Le sens politique, aussi bien sans doute que le déplorable exemple de Louis-Phihppe, le détournèrent de toute tentative de se mettre en opposition, non pas même avec le Parlement, mais avec les dispositions du « pays légal ». Si absurdes, si déplorables, si mesquines qu'elles lui parussent, les querelles des partis étaient un fait qu'il fallait admettre et accepter. Les préférences du roi pour l'unio-nisme ne le poussèrent pas à prétendre l'imposer aux Chambres. Il se soumit lui-même au régime majoritaire avec une correction qui ne laissa jamais rien paraître de ses répugnances. En fait, il se laissa imposer ses ministres par les chefs des partis, beaucoup plus qu'il ne les choisit lui-même. S'il s'abstenait d'intervenir dans la politique courante, s'il n'éprouvait guère d'intérêt pour les questions économiques, si la lutte des catholiques et des libéraux lui répugnait, il se réservait, en revanche, le domaine de la politique extérieure. Ses goûts personnels, ses aptitudes, ses relations de famille s'accordaient en cela. Au fond, il envisagea toujours son rôle de roi des Belges, plus encore comme une mission européenne, que comme une mission nationale. Veiller par considération d'équilibre sur la neutralité du pays, dont les Puissances lui avaient reconnu la souveraineté, lui apparaissait comme le premier de ses devoirs et d'ailleurs comme la suprême garantie de sa couronne. Faire de la Belgique un Etat capable de défendre son indépendance, fut son principal et l'on pourrait presque dire son unique souci. A y regarder de près, on aperçoit très bien que, quels que soient les ministres que lui impose la majorité parlementaire, ses rapports avec eux sont dominés par cette préoccupation essentielle. Pourvu qu'ils le soutiennent en ce point, il est prêt à leur abandonner tout le reste. « Je laisse aux Chambres, disait-il à W. Senior, en 1852, le soin de gérer les affaires intérieures, mais une question que je tiens à régler personnellement, c'est celle de la défense du pays» (2). Le vote des fortifications d'Anvers et le renforcement de l'armée furent, en effet, son œuvre personnelle et ceux de ses succès qui lui furent les plus chers. Au reste, la rançon dont il les paya en s'effaçant devant le Parlement ne fut pas sans lui peser et c'est à contre-cœur qu'il remplit si parfaitement son rôle de roi constitutionnel. Il lui arrivait parfois de le laisser entendre. « Nous sommes d'un mauvais exemple » avouait-il en 1859 au ministre de France à propos de l'adoption par l'Itahe du régime parlementaire. Et comme celui-ci répliquait : « Ici il y a le roi ». « Oui, faisait vivement Léopold, il n'y a même que cela »(3). Au fond, il supportait avec impatience les concessions qu'il devait faire à ses ministres. Il se plaignait devant eux d'avoir une influence immense en Europe et aucune en Belgique. Etait-il admissible qu'on allât jusqu'à refuser de nommer commissaire de l'arrondissement de Dînant, « son arrondissement », le candidat qu'il recommandait (4) ? Il se faisait violence cependant et jamais il ne se laissa emporter à un éclat. Il lui arrivait bien de faire attendre si longtemps sa signature que, pour l'obtenir, le Cabinet devait le menacer de démissionner. Ou bien encore, pour marquer son mécontentement aux ministres, il oubliait de les inviter à un dîner diplomatique. En 1864, au moment de signer malgré lui la loi sur les bourses d'études, si odieuse aux catholiques, il se venge en envoyant 1.000 francs au curé de Sainte-Gudule (5). Ces mouvements d'humeur répondaient d'ailleurs à ceux du Cabinet. « Montrons au roi, s'écriait un jour Frère-Orban, que nous ne sommes pas ses ministres, mais ceux de la nation » (6)! Autant en emportait le vent. Au fond, tout se passait le mieux du monde. Le roi subissait ses mi- nistres avec une correction aussi parfaite que ceux-ci respectaient l'obligation constitutionnelle de ne pas découvrir la couronne. L'arrivée au pouvoir du Cabinet libéral au mois d'août 1847 ne marquait pas seulement la victoire d'un parti; elle était encore une nécessité politique. Depuis 1839, les gouvernements unionistes avaient vécu dans une situation ambiguë qui ne pouvait subsister plus longtemps sans fausser les ressorts du régime parlementaire. Car si l'unionisme existait au sein des Chambres, il n'existait pas au sein du corps électoral, si bien que les députés, en soutenant des ministères sans programme, en étaient amenés à sacrifier le programme dont ils s'étaient réclamés eux-mêmes en se proposant aux suffrages. Dans ces conditions, les gouvernements ne duraient qu'en se confinant dans l'équivoque. Les questions irritantes le devenaient davantage par cela même qu'ils n'osaient les aborder. Tous se déclaraient partisans de l'indépendance du pouvoir civil, mais pas un ne se risquait à la définir. S'il avait été possible, en 1842, d'obtenir le vote de la loi sur l'enseignement primaire, il est fort douteux qu'il en eût été de même quatre ans plus tard. En tout cas, il apparaissait évident qu'il ne fallait plus compter à l'avenir sur de nouvelles transactions. En 1843, l'opposition des cathohques avait fait échouer une loi pourtant bien innocente sur la nomination des jurys chargés des examens universitaires, et elle avait contraint van de Weyer à retirer son projet d'organisation de l'enseignement moyen. L'unionisme en arrivait donc à bloquer, pour ainsi dire, l'activité législative. Vis-à-vis du problème qui passionnait l'opinion, celui des rapports de l'Eglise et de l'Etat, il en était réduit à se réfugier dans l'abstention ou plutôt à reconnaître son impuissance. Et cette pauvre attitude, aux yeux des libéraux, n'était qu'une manœuvre imposée aux ministres par « l'influence occulte » du clergé, puisqu'en réalité, n'oser revendiquer en face de l'Eglise les droits de l'Etat, c'était abdiquer devant elle. Le danger de la situation n'avait pas échappé à la clairvoyance du roi. Par cela même qu'il redoutait le gouvernement des partis, il voyait bien que le seul moyen de prolonger la durée de l'unionisme était de le soustraire à l'accusation de n'exister qu'en faveur de l'Eglise. Pour lui rendre la confiance des libéraux, il avait, par deux fois, vainement offert à Rogier la mission de constituer le ministère. Mais Rogier avait refusé de se compromettre en faveur d'un régime dont la chute prochaine était aussi évidente que la faiblesse, dont l'opinion était manifestement lassée, et que les libéraux répudiaient de plus en plus. Leurs succès croissants aux élections, le retentissement du Congrès libéral de 1846 et la solide organisation qu'il avait donnée au parti, leur faisaient envisager comme inévitable une victoire qui leur permettrait enfin de prendre le-pouvoir sans partage, sans compromissions, dans la pleine affirmation de leurs principes. En votant pour eux, au mois de juin 1847, les électeurs votèrent surtout contre l'unionisme. Cogels reconnaissait très exactement à la Chambre que la formation du nouveau ministère était « une nécessité politique amenée par les circonstances» (7). LE CABINET DE 1847. — Ce premier ministère de parti devait être le ministère de l'indépendance du pouvoir civil; le hasard des événements voulut qu'il fût le ministère de l'indépendance nationale. Six mois après son arrivée aux affaires, l'explosion de la révolution française de février lui imposait inopinément la tâche redoutable de piloter l'Etat à travers la tempête qui allait secouer l'Europe. On a vu plus haut comment sa décision, son énergie et son habileté répondirent à l'élan patriotique qui fit se grouper autour de lui, au moment suprême, les Chambres et le pays (8). Aussi longtemps que dura la crise, il ne voulut être et ne fut, en effet, qu'un gouvernement de salut public. L'élargissement du droit de suffrage jusqu'à la limite extrême fixée par la constitution ne répondait ni à ses idées, ni à celles de ses électeurs. En 1846, Frère-Orban s'y était violemment opposé au sein du Congrès libéral, et seule la nécessité de satisfaire l'opinion démocratique poussa le Cabinet à faire voter une mesure dont l'adoption quelques semaines auparavant eût été impossible et inconcevable. Le 14 février encore, Rogier ne se bornait-il pas à proposer l'octroi de la franchise électorale aux personnes inscrites sur les listes du jury ? Mais ne venait-on pas « de traverser un siècle en un jour » ? (9). Et au moment où il semblait à tous que la nationalité et la société même étaient en jeu, l'intérêt ne commandait-il pas d'accorder au gouvernement la mesure qu'il déclarait indispensable au maintien de l'ordre public ? Les conservateurs ne furent pas les moins empressés à composer avec la démocratie. Et sans doute lui eût-on accordé davantage encore s'il eût été possible de le faire sans reviser la constitution (10). L'unanimité même du vote qui consacra la réforme atteste bien qu'il fut imposé par la pression des circonstances. Pour presque toute la gauche et certainement pour toute la droite, c'était un saut dans l'inconnu, une (Cliché Bijtebier.) (Bruxelles, Collection comte R. de Ribaucourt.) La famille royale de Belgique. Image d'Epinal. De gauche à droite, le comte de Flandre, la princesse Charlotte, le roi Léopold I", la duchesse et le duc de Brabant. La reine Louise-Marie, décédée en 1850, n'est pas représentée. — Image lithographiée par Olivier Pinot et éditée à Epinal entre 1857 et 1865. . I ' I. ■ I \ ■ ; : ■ l;!r J) M f'i'i' b ' ■ = s concession faite à l'imminence du péril présent au prix d'un péril futur. Quelques catholiques avaient très bien prévu que l'abaissement général du cens électoral aux vingt florins du minimum constitutionnel, avantagerait les électeurs des villes sur ceux des campagnes. L'opinion libérale devait donc profiter de la réforme, mais n'était-il pas à craindre qu'elle tournât surtout au profit des radicaux et au détriment des doctrinaires qui, en 1846, s'étaient si énergiquement prononcés contre elle? Les élections du 13 juin 1848 furent, au contraire, un éclatant triomphe pour ces derniers. Ils obtenaient quatre-vingt-cinq représentants au sein des Chambres nouvelles; la droite en était réduite à vingt-trois membres. Les répubhcains, les démocrates et les radicaux étaient écrasés et, durant longtemps, ne devaient pas se relever de leur défaite. L'expansion du droit de suffrage renforçait donc la domination de la bourgeoisie en la fondant sur une base plus large, et elle la renforçait sous la forme libérale. LA DOCTRINE LIBERALE. - Nul doute que ce résultat n'ait eu pour causes essentielles, d'une part, les appréhensions suscitées par les mouvements socialistes qui allaient aboutir, en France, à l'insurrection de juin, et, d'autre part, la confiance générale qui avait répondu à la conduite du gouvernement. On avait incontestablement voté beaucoup moins pour le parti qu'il représentait que pour l'attitude politique qu'il avait prise. Les catholiques eux-mêmes qui s'étaient si unanimement ralliés autour de lui, s'étaient abstenus de le combattre. En somme, il béné- COMPOSITION DE LA CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS EN JUIN IÔ47 6 JUIN 164Ô LIBERAUX CATHOLIQUES «Les élections du 13 juin 1848 furent, au contraire, un éclatant succès pour ces derniers (les doctrinaires). Ils obtenaient quatre-vingt-cinq représentants au sein des Cfiambres nouvelles; la droite en était réduite à vingt-trois membres. » (Voyez le texte ci-dessus.) - Essai de tableau comparatif de la Chambre des Représentants en 1847 et 1848. Les renseignements concernant l'appartenance d'un député à un parti sont de caractère officieux. Au XIX= siècle surtout, les députés et les sénateurs se caractérisent plus par leurs tendances que par leur affiliation officielle 1 ".f® convient-i de se montrer prudent dans l'appréciation des effectifs « catholiques » et « libé-rnmnf^r ® ^'""ons du 13 Juin f Indépendance, journal libéral, déclare que les libéraux pourront r/n,rc L f- 1,"atre-vingt-ç.nq représentants, ce qui ne signifie pas que ceux-ci militent officiellement dans les rangs du parti. Le tableau établi par le greffe de la Chambre diffère quelque peu de celui-ci et pour les mêmes raisons : il dénombre quatre-vingt-trois libéraux et vingt-cinq catholiques. ficiait des conjonctures encore très délicates au milieu desquelles on se trouvait. Personne n'eût osé affronter la responsabilité de raviver, en un moment aussi critique, une opposition de parti. L'essentiel pour la bourgeoisie était de conserver au pouvoir un Cabinet qui lui avait donné des gages certains de son attachement à la constitution et à l'ordre établi. Le libéralisme, en effet, qu'il professait en matière économique, ne le professait-elle pas elle-même? La réaction générale qui se manifestait partout contre le socialisme démocratique avait certainement été pour beaucoup dans le succès du ministère. Plus on le savait attaché à la liberté économique et au libre-échange, plus il rassurait l'opinion des classes moyennes, invinciblement hostiles à toute intervention de l'Etat dans leurs affaires. A voir le fond des choses, on aperçoit que les élections de 1848 marquent le point de départ de la politique économique qui, jusqu'en 1886, restera invariablement celle de tous les gouvernements qui se succéderont au pouvoir et dont le représentant par excellence a été Frère-Orban. La qualifier de politique de classe, c'est méconnaître qu'elle fut, avant tout, une doctrine. Sans doute, la liberté dont elle se réclamait devait tourner à l'avantage de la bourgeoisie, Mais c'est avec une sincérité complète que cette bourgeoisie y voyait en même temps la garantie du progrès. Et en cela elle ne faisait que suivre le courant d'une époque éblouie par les révélations de la science et les conquêtes de l'industrie. Le libre développement de l'individu lui apparaissait comme la condition même du développement de la civilisation dans le domaine spirituel et dans le domaine matériel. Toute restriction de la liberté était donc, à la fois, un mal et un outrage, le seul devoir de l'Etat consistant à garantir à chacun la possibilité de prendre part à la compétition générale de toutes les énergies. Son rôle est d'affranchir, non de protéger. Limiter le travail des femmes et des enfants, déclarer l'instruction obligatoire, intervenir dans les relations entre employeur et employé, autant d'atteintes injustifiables à la dignité et à la responsabilité des citoyens. Pour améliorer le sort du pauvre et relever sa condition, il suffit de lui procurer, par le libre-échange, la faculté de vivre à bon compte, et de mettre à sa portée les bienfaits de l'enseignement. S'il le veut, la science lui fournira les moyens de participer à l'affranchissement général et de se hausser, par la liberté, jusqu'à cette bourgeoisie dont l'ascendant n'est que la récompense de la volonté et de l'instruction. Et en cela, dans un pays comme la Belgique, le libéra-hsme des libéraux s'associe et CATHOLIQUES A6Q s'amalgame avec leur anticléricalisme, le seul point, mais cardinal, par lequel leurs convictions s'opposent à celles des catholiques. Car sur tout le reste ils sont d'accord. Ici seulement apparaît entre ces bourgeois une opposition irréductible parce que, dépassant la sphère des intérêts matériels, elle met aux prises les croyances. Et, sans doute, il importe de le redire, les libéraux s'abstiennent, les uns, par tolérance de principe, les autres, et ce sont encore les plus nombreux, par tradition de famille ou sentiment personnel, de tout sectarisme antireligieux (11). Mais il n'importe. Dans cette redoutable question de l'enseignement, dont dépend, d'après eux, le progrès social, il n'est pas possible que l'Egh-se ne se mette pas en travers de leur route et que n'éclate, enfin, l'inévitable combat dont la crise de 1848 n'a fait que retarder l'explosion. LA LOI DE 1850 SUR L'ENSEIGNEMENT. ~ Le congrès libéral de 1846 avait inscrit à son programme la revision de la loi transactionnelle de 1842 sur l'enseignement primaire. Mais tout en se déclarant, en principe, d'accord avec lui, le Cabinet crut prudent d'ajourner cette réforme et de résoudre tout d'abord la question, depuis longtemps pendante, de l'enseignement moyen. En fait, il appartenait presque tout entier à l'Eglise. Quelques grandes villes avaient bien institué des collèges communaux, mais partout ailleurs, il n'existait que des établissements ecclésiastiques : petits séminaires ou collèges de congrégations religieuses, parmi lesquels ceux des Jésuites occupaient le premier rang. Le projet de loi déposé par le ministère le 14 février 1850 organisait, pour affranchir la formation intellectuelle de la bourgeoisie de l'emprise confessionnelle, dix athénées et cinquante écoles moyennes dépendant de l'Etat. Les ministres du culte étaient « invités à donner et à surveiller l'enseignement religieux », mais seul le pouvoir laïque nommait les professeurs, imposait le programme des études et inspectait les écoles. En face de l'enseignement confessionnel du clergé, l'Etat instituait donc un enseignement séculier ne relevant que de lui et où le prêtre ne pouvait plus, à aucun égard, intervenir à titre d'autorité. Au système de la collaboration confiante de l'Eglise et de l'État qui avait inspiré la loi de 1842, se substituait celui de la séparation et de leur concurrence. Le gouvernement ne prétendait pas s'imposer, en reprenant les traditions de Guillaume I", à l'enseignement catholique; il se bornait à ouvrir des écoles où, conformément à son (Bruxelles, exemplaire de la Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes.) Léopold Photographie des frères Ohémar. Date approximative 1860. principe de l'indépendance du pouvoir civil, il se proclamait le seul maître. Et c'est en cela précisément que résidait, aux yeux des catholiques, la portée et le danger de la loi. Elle accom-phssait enfin la rupture imminente du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel dont la grande affaire de l'unionisme avait été de sauvegarder l'alliance. Pour les croyants, un enseignement que l'Eglise, seule dépositaire de la vérité religieuse et de la vérité morale, ne contrôlerait plus, apparaissait nécessairement anticonstitutionnel, antinational, et antisocial (12). Dans la presse comme dans le Parlement, on l'accusait de préparer le triomphe des doctrines « atroces » du socialisme. L'invitation même adressée au clergé de dispenser l'instruction religieuse était interprétée comme une hypocrisie et une dérision. Le prêtre ne pouvait entrer dans l'école qu'à titre d'autorité et c'était : . i ■ m' l'insulter que de l'y ravaler au rôle d'un simple professeur de religion, comme si la religion, qui eût dû imprégner tout le programme scolaire, n'y était qu'une branche parmi d'autres. Ainsi, du terrain politique, le débat glissait fatalement sur le terrain religieux. Dès le 14 mai, l'Eglise prenait ouvertement parti. Les évêques adressaient au Sénat une requête le priant de rejeter la loi votée par la Chambre. Quelques jours plus tard, le 20 mai, le pape lui-même exprimait « sa douleur à la vue des périls qui menaçaient en Belgique la religion catholique ». La promulgation de la loi, le r' juin 1850, ne mit pas fin à une agitation dans laquelle l'attitude adoptée par les autorités ecclésiastiques les obligeait à persévérer sous peine de paraître capituler en face de l'Etat. Les évêques défendirent au clergé de se charger de l'enseignement reh-gieux dans les nouvelles écoles. Ainsi l'Eglise mettait l'enseignement de l'Etat en interdit. Entre elle et le pouvoir civil, l'opposition reparaissait aussi tranchée qu'elle l'avait été sous le gouvernement de Guillaume I". Et, par un curieux retour des choses, comme sous Guillaume I" encore, la résistance catholique était encouragée par le cours que les événements prenaient en France. Le vote récent de la loi Falloux (16 mars 1850) attestait clairement l'évolution nouvelle qui y ramenait l'Etat à l'Eglise. Dans le même moment où la Belgique fermait les écoles à l'influence religieuse, la France les lui rouvrait. Toutes les sympathies du clergé allaient à Napoléon III, et le coup d'Etat du 2 décembre 1851 lui parut le gage certain d'un avenir meilleur. Il applaudissait aux déclamations furibondes de Granier de Cassagnac contre le gouverne- M' m- y/r. , ' . ^ r/ /^f /^y/'^/'^f' (Bruxelles, Bibliothèque Royale, recueil coté 11, 4742, 4», vol. 47 n» 20.) Composition de la Chambre des Représentants pendant la session de 1850-1851. Représentation par arrondissements. Au total, les libéraux détiennent septante et un sièges contre trente-deux aux catholiques et cinq aux députés neutres, Ostende, Eekloo, Fumes, Gand, Dixmude, Audenarde, Alost, Ath, Liège, Verviers, Mons, Huy, Alarche, Philippe-ville, Neufchateau, Bastogne, Virton et Arlon envolent à la Chambre des élus « libéraux », Fumes, Turnhout, Roulers, Thielt, Termonde, Maeseyck, Louvain et Dînant élisent des mandataires « catholiques ». Les cinq députés « neutres » sont choisis par les arrondissements de Saint-Nicolas (plus un catholique), Tongres (plus un libéral), Tournai (plus un libéral), Waremme et Charleroi (plus un libéral et un catholique), A Anvers, Courtrai, Malines, Hasselt, Ypres, Soignies, Nivelles, Namur et Thuin, certains élus sont catholiques, d'autres libéraux. Les trois députés de Charleroi représentent les trois tendances — Carte dessinée par J, Tisset, lithographiée par Vanthielen, rue Saint-Laurent, Montagne de la Cour, Bruxelles. ment libéral, sans prendre garde qu'elles étaient dirigées bien davantage contre le gouvernement parlementaire (13). Les journaux catholiques représentaient le ministère comme un danger social. Peu à peu, l'opinion conservatrice s'inquiétait. La proposition de Frère-Orban de taxer les successions en ligne directe était représentée comme une atteinte au droit sacré de propriété (H). Parmi les libéraux eux-mêmes, beaucoup n'étaient pas sans s'effaroucher d'une telle hardiesse. Mis en minorité sur cette question, le gouvernement démissionna et ne reprit le pouvoir qu'en tempérant ses premières dispositions. Il fallut d'ailleurs dissoudre le Sénat pour vaincre la résistance. Manifestement, le prestige du Cabinet était compromis. Chaque élection renforçait l'opposition catholique au Parlement. L'exaspération des partis était telle que Frère-Orban se laissait aller jusqu'à lancer à la droite l'accusation de n'avoir obéi qu'à la peur en se ralliant autour du gouvernement le 24 février 1848 et jusqu'à revendiquer pour le libéralisme seul l'honneur d'avoir sauvé le pays. De son côté, le roi s'inquiétait des attaques, de plus en plus violentes, lancées en France contre son ministère, et plus encore de l'évidente répugnance de celui-ci à demander aux Chambres les mesures militaires que l'attitude de Napoléon III rendait indispensables (15). Il s'empressa d'accepter la démission que Rogier, sentant la majorité se dérober, lui offrit le 29 septembre 1852. LE CABINET DE BROUCKERE. ^ La droite, n'étant pas assez forte pour prendre le pouvoir, le roi résolut de former un cabinet qui échapperait à la domination des partis en s'appuyant sur les éléments les plus modérés de chacun d'eux. Ce n'était pas un retour à l'unionisme : c'était un essai de gouverner au moyen du centre. Pour ménager la susceptibilité des groupes, presque tous les ministres furent choisis en dehors du Parlement. La présidence du Conseil échut à Henri de Brouckère, un de ces hommes de plus en plus rares dont le libéralisme demeurait celui qui avait régné vingt ans auparavant au sein du Congrès national. En constituant ce nouveau gouvernement, Léopold I'"' s'était incontestablement inspiré de considérations de politique extérieure. Il était grand temps et de calmer le mauvais vouloir de Napoléon III envers la Belgique et de pourvoir à la défense nationale. L'apaisement des passions permit au ministère d'obtenir pour cette double tâche le concours du Parlement. Des lois furent votées, on l'a vu plus haut, en vue de réprimer les attaques contre les souverains étrangers, en même temps que l'effectif de l'armée était porté à cent mille hommes. Le gouvernement parvint aussi à trouver un biais pour sortir du conflit politico-religieux provoqué par l'opposition épiscopale à l'enseignement de l'Etat. Un accord, connu sous le nom de « convention d'Anvers », reconnut la nécessité de mettre l'instruction en harmonie avec les principes de la morale chrétienne. Les évêques se contentèrent de cette assurance. Ils n'insistèrent pas sur leur prétention de contrôler le choix des professeurs, confiants dans l'attitude conciliante du ministère qui permettait d'espérer un retour prochain à la collaboration des deux pouvoirs. Les élections de 1854 qui donnèrent aux catholiques quelques voix de majorité dans les Chambres, semblèrent marquer l'adhésion du pays à la politique nouvelle. Le roi les interpréta du moins dans ce sens, sans prendre garde à l'effritement de ce parti du centre sur lequel s'appuyait le cabinet de Brouckère. (Cliché A.C.L.) (Tournai, rue Duquesnoy.) Détail de la cour d'entrée de l'Athénée de Tournai. Le noviciat occupé par les Jésuites depuis 1607 fut transformé en collège en 1643. Après l'expulsion de ses occupants (1773), le chapitre cathédral transféra dans ses bâtiments le collège Saint-Paul. Successivement converti en collège national par le Directoire (1796), en école secondaire communale sous le Consulat (1802), en collège municipal par le maire de Rasse qui le réorganisa sous l'Empire (1810), en collège royal en 1815, l'ancien établissement des Jésuites reçut de Guillaume I®"- le titre d'athénée communal (1819). Enfin, la loi du 1" juin 1850 lui octroya le titre d'athénée royal. En réalité, entre la droite désireuse de prendre le pouvoir et la gauche irritée de la modération croissante du gouvernement, les Chambres se classaient de nouveau en partis hostiles. Le libérahsme attardé de de Brouckère ne répondait plus au sentiment de personne. Il le comprit et se retira le 2 mars 1855, pour permettre au roi de tenter une dernière expérience unioniste. LE CABINET DE DECKER. - Pierre De Decker, à qui fut confiée la mission de constituer le Cabinet, était comme catholique l'exact pendant de ce qu'avait été de Brouckère comme libéral. Demeuré fidèle aux doctrines de Lamennais, sa conception des rapports de l'Eghse et de l'Etat allait à les accorder l'un avec l'autre dans la liberté. S'il réprouvait l'encyclique de Grégoire XVI contre les libertés modernes, il n'admettait pas non plus que, sous prétexte d'indépendance, le pouvoir civil se refusât à coopérer avec le pouvoir ecclésiastique et lui enlevât les moyens de garantir par la religion, les bases de l'ordre social. Prenant ainsi position entre les partis, il rêva de gouverner en les conciliant et de ramener le Parlement à l'état d'esprit du Congrès et des Chambres unionistes d'avant 1839. La plupart de ses collaborateurs furent recrutés parmi les quelques députés du centre droit et du centre gauche. Dès son arrivée au pouvoir, il déclara qu'il gouvernerait en dehors des partis. Le roi, enchanté, possédait enfin « le ministère de son cœur ». Pourtant la tâche que s'assignait De Decker était irréalisable. Dès le premier jour, il fut en butte à l'hostilité déclarée de la gauche et, quoi qu'il en eût, ne pouvant gouverner avec elle, il se vit réduit à gouverner contre elle. Cet unioniste fut, si l'on peut ainsi dire, catholique malgré lui. Et il faut reconnaître que les tendances nouvelles qui, de jour en jour, se manifestaient plus nettement au sein du parti catholique devaient inévitable- ment susciter, plus ardente que jamais, l'opposition libérale. « La Belgique, écrivait Guizot en 1853, est le seul pays cathohque jusqu'ici qui ait su accepter et pratiquer les principes de la société moderne sans cesser d'être chrétien et catholique» (16). Au moment où il les écrivait cependant, ces paroles, sans cesser d'être vraies, ne l'étaient plus entièrement. A partir des environs de 1850, sous l'influence de la propagande ultramon-taine menée en France par Veuillot et ses amis de l'Univers, l'attitude des catholiques belges se transformait visiblement. Seuls, quelques attardés se réclamaient encore de ces principes menaisiens qui avaient si puissamment contribué en 1830 à déterminer les rapports constitutionnels de l'Eghse et de l'Etat. Ils avaient été alors un idéal, ils n'étaient plus qu'un fait. On les admettait sans doute, mais, de jour en jour, le nombre allait croissant de ceux qui ne les considéraient plus que comme un expédient imposé par les circonstances, quoique condamné par le Saint-Siège. Dès 1853, le Bien public, s'inspirant de l'Univers, entamait contre la liberté de conscience une campagne à laquelle il n'était que trop visible qu'allaient les sympathies du clergé. Comme parti, les catholiques de la Chambre avaient beau proclamer leur fidéhté à la constitution, l'attitude de leurs chefs spirituels les compromettait et les mettait en mauvaise posture en face de l'opposition libérale. Si, en 1856, De Decker refusait de destituer un professeur de l'Université de Gand accusé d'avoir nié, dans son cours, la divinité du Christ, les évêques de Gand et de Bruges le désavouaient aussitôt en lançant un mandement contre cette Université. Comment espérer, dès lors, conclure l'alliance de la liberté et des influences religieuses rêvée par les cathohques parlementaires et sans laquelle, comme Malou l'affirmait en 1857, « la séparation des pouvoirs. (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Médailles.) Médaille commémorant la loi sur l'enseignement moyen, du 1"' juin 1850. Au droit (à gauche sur la planche), buste de Léopold 1". Légende : LEOPOLD PREMIER à droite) composition allégorique de circonstance et le texte . MOYEN. 1 MAI (sic) 1850. Médaille de bronze, œuvre (Lille, 1798-Bruxelles, 1867). Diamètre : 50 mm. ROI DES BELGES. Au revers LOI SUR L'ENSE1GNEM[ENT d'Adolphe Jouvenel 1 . Vi- ■ I ; I ■'' I ' , ; ; k" . ■ : il' ^ ; w -, r. u; ' établie pour le progrès et le bien, pourrait devenir pire que le despotisme ou la théocratie? » (17). Un projet de loi sur la bienfaisance, proposé cette même année par le ministère, allait dissiper les dernières illusions des modérés. Depuis 1847, la question des fondations charitables n'avait cessé de mettre aux prises catholiques et libéraux. Ceux-ci, en conformité de la législation introduite dans le pays par la République et l'Empire français, revendiquaient pour les Bureaux de bienfaisance, l'administration exclusive du patrimoine des pauvres; ceux-là, au contraire, prétendaient que seule la volonté des fondateurs devait faire loi en ce domaine. En fait, dans la pratique et nonobstant le texte des lois, leur thèse avait été généralement admise depuis 1830. Sans abohr la législation, les autorités avaient toléré qu'on y dérogeât. Et cette tolérance avantageait singulièrement l'Eglise, la très grande majorité des donateurs ou des testateurs remettant presque toujours aux curés ou aux congrégations religieuses le soin d'exécuter leurs volontés. On ne pouvait demeurer plus longtemps dans une équivoque aussi déplorable par l'agitation qu'elle entretenait dans les esprits que par le désordre qu'elle provoquait dans l'organisation de la charité. Le projet du ministère tentait de concilier (Bruxelles, Palais de Justice.) « ... Henri de Brouckère, un de ces hommes de plus en plus rares dont le libéralisme demeurait celui qui avait régné vingt ans auparavant au sein du Congrès national.» (Voyez le texte, p. 112.) - Henri de Brouckère (Bruges, 1801-Bruxelles 1891). Entré dans la magistrature sous le régime hollandais, Henri de Brouckère siégea au Congrès National, puis à la Chambre des Représentants en qualité de député libéral de Ruremonde, puis de Bruxelles, puis de Mons. En 1849, il remplit diverses missions diplomatiques en Italie et devint ministre des Affaires étrangères et chef du cabinet de 1852 à 1855. Il exerça également les fonctions de gouverneur des provinces d'Anvers (1840-1844), puis de Liège (1844-1846). Après I87I, de Brouckère se retira de la vie politique. — Buste de marbre sculpté par Guillaume Geefs (Anvers, 1805-Schaerbeek [Bruxelles], 1883). Hauteur : 56 cm. (Liège, Evêché.) (Cliché Daniel.) Corneille-Richard-Antoine Van Bommel (Leyde, 1790-Liège, 1852), quatre-vingt-septième évêque de Liège, de 1829 à 1852. C. Van Bommel fut ordonné prêtre en 1816. Fondateur d'un collège catholique à Hageveld, près de Harlem, il déclina la direction du Collège philosophique de Louvain que Guillaume !""• voulait lui confier. A la suite du concordat conclu entre le roi des Pays-Bas et le pape Léon XII (voyez le tome III, pp. 451-452), le siège épiscopal de Liège fut confié à l'abbé Van Bommel. Celui-ci prit une part active à la fondation de l'université catholique de Louvain et ne cessa de s'intéresser à la question de l'enseignement. — Portrait non signé. les deux opinions en conflit. S'il réservait aux fondateurs le droit de désigner les administrateurs de leurs fondations, il subordonnait l'acceptation de celles-ci à l'approbation du gouvernement sur l'avis du Bureau de bienfaisance, du Conseil communal et de la Députation permanente, obligeait les administrateurs à rendre compte de leur gestion et prenait des mesures pour empêcher l'accumulation entre leurs mains d'un trop grand nombre d'immeubles. LA « LOI DES COUVENTS ». -- En s'écartant des principes posés par la Révolution française, cette réforme se prêtait trop aisément à l'accusation de viser au retour de l'Ancien Régime pour que l'opposition libérale ne s'emparât pas aussitôt de ce grief. On comprendrait mal cependant les colères qu'elle provoqua si elle n'avait coïncidé avec l'évolution anticonstitutionnelle qui se manifestait, on vient de le voir, dans une partie de l'opinion catholique. L'augmentation constante des congrégations religieuses attisait encore le soupçon d'une conspiration gouvernementale en faveur de la « main-morte », mot horrifique et sinistre bien fait pour exciter la colère et la crainte. Abandonner d'ailleurs la bienfaisance à l'Eglise n'était-ce pas la doter d'un instrument formidable d'influence et de pression ? N'était-ce pas augmenter encore sa richesse déjà trop grande ? Une brochure retentissante stigmatisait la loi du nom de « loi des couvents », et le ministre de France écrivait à Paris qu'elle allait permettre au clergé de « tout écraser » sous sa puissance (18). (Bruxelles, Galerie de la Chambre des Représentants.) (Cliché A.C.L.) Pierre De Decker (Zele, 1812-Bruxelles, 1891). Ancien élève des Jésuites de Saint-Acheul (voyez t. 111, pp. 447 et 472), De Decker entra au Parlement en 1839 en qualité de député catholique de Termonde. Deux ans plus tôt, il avait fondé avec Adolphe Dechamps la Revue de Bruxelles. De 1855 à 1857, il dirigea un ministère « mixte » qui dut affronter la « Loi des Couvents » (voyez le texte pp. 114-115) et l'affaire Brasseur (voyez l'illustration de la p. 116). En 1866, il abandonna la vie politique. — Buste de marbre sculpté en 1887 par Charles Frail-Illtp»>nrKMl« m -w. ; «l. 4<1( Mil k il.nMi e—« W H. "1 »"* i.«Mlk.* « ............................... I. MMWtWteH rMMMtMiMMH.MiaMilHali rrwMM M.nlln U (Minticai MlUtiU.. MU WMn. il cM .M M ( Ifr-tlftldt IMriW. miMMI rMM 1 Mm b tfMKI «'«A. M MM. MM M* M. Dnk*»M "iU."»! . - B « t Mr t.. n M rtarlwn 1 « M.M.IM M 4MMCIMIMIMI .M ,« 4. IV « 4M » M MU» , r>Mn lin Mil ■ I. — CMI tnu MMM. (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes.) Adolphe Dechamps (Melle, 1807-château de Scailmont, près de de Manage, 1875). Caricature de r« Argus ». Adolphe Dechamps était le frère de Victor, futur cardinal-archevêque ài Malines. Elu député par l'arrondissement d'Ath en 1834, il siégea à la Chambre jusqu'en 1864, à part une brève éclipse (1857-1859). Il prit une part importante à l'élaboration de la loi communale (1836) et de la loi de 1842 sur l'enseignement primaire avant de devenir ministre des Travaux publics (1843) dans le cabinet Nothomb, puis des Affaires étrangères (1845) dans les cabinets van de Weyer et des « six Malou ». De 1847 à 1864, son parti fut repoussé dans l'opposition. N'ayant pu Imposer son programme de gouvernement après la démission du ministère Frère-Orban, il se retira de la vie politique (1864). — Le caricaturiste de VArgus représente Dechamps en costume d'Arlecmin sur lequel sont résumées en quelques mots les étapes de sa vie politique : Républicain, Catholique, Mixte, Vallée de la Dendre, Protêts, Pots de vin et 21.000 francs. La légende explique que Ce n'est point parce que nous sommes dans la saison des bats masqués et travestis que nous avons représenté M. Dechamps habillé en arlequin. Ce costume n'est point un travestissement. M. Dechamps est arlequin depuis le janvier jusqu'au 31 décembre de chaque année inclusivement. Elle raconte à sa manière la carrière politique du député d'Ath. — Caricature anonyme. retentissant, il y stigmatisa les catholiques qui s'obstinent à ne pas comprendre les principes de la société moderne. Et son succès rendit courage aux modérés qui se disaient « fervents catholiques et libéraux impénitents » (25). Le pape cependant blâma sévèrement cette compromission. Le Bien Public continua de fulminer. Le parti demeura malgré tout divisé entre deux tendances. Mais les ultras ne par- vinrent pas à s'imposer. En 1864, Monseigneur Sterckx, l'archevêque de Malines, publiait deux lettres sur les libertés promulguées « par notre immortel Congrès » et niait qu'elles ne fussent que des « concessions transitoires ». Il est certain que, dans sa très grande majorité, le parti catholique, comme le parti libéral, restait attaché à la modération. Mais de même que les loges compromettaient le premier, le clergé et la papauté compromettaient le second. Ses adversaires lui reprochaient de ne pas oser avouer ses principes. Ils exploitaient ses protestations contre l'unité ita-henne (26), ses manifestations en faveur de la souveraineté du pape, sa prétention de donner le pas dans les cérémonies au drapeau pontifical sur le drapeau national. Et, sans doute, pris entre la thèse et l'hypothèse, entre leur obéissance au Saint-Siège et leur fidélité à la constitution, les catholiques se trouvaient en posture embarrassante. En 1864, à Gand, à la veille des élections, ils en étaient réduits à suppher les évêques de ne pas publier de mandement et de garder le silence (27). Néanmoins, ils avaient alors largement regagné le terrain perdu. Partout leurs associations s'opposaient à celles de leurs adversaires. Leurs journaux se multipliaient. Leur front de parti était reconstitué sur toute la ligne. Cependant, le ministère s'usait au pouvoir. « Le gouvernement, disait Frère-Orban, a le devoir d'être impopulaire » et sa majorité avait beau fondre à chaque élection, il n'en restait ni moins dédaigneux pour ses adversaires, ni moins autoritaire pour ses amis. En véritable homme d'Etat, il ne pouvait se résigner à une politique de marchandages et d'expédients. Au commencement de janvier 1864, ne possédant plus à la Chambre des Représentants que deux voix de majorité, il remettait au roi la démission du Cabinet. Le désir du roi eût été d'en revenir encore à une combinaison « centriste ». Mais le centre n'existant plus, force Ù^saî!.!^'^! i ■ muM/- —........... ..... (Bruxelles, Musée Royal de l'Armée.) (Cliché Jacobs.) Le baron Félix ChazaI (Tarbes, 1808-Uzos-lez-Pau, 1892), ministre de la Guerre de 1847 à 1850 el de 1859 à 1866. Intendant général de l'armée belge le 13 novembre 1830, puis successivement colonel de cavalerie, adjoint au gouverneur militaire de la province de Liège, commandant du 9» régiment d'infanterie caserné à Namur, commandant de la 1» brigade de la IV" division d'infanterie à Mons, Chazal, né Français, avait obtenu la grande naturalisation en 1844. 11 devint ministre de la Guerre pour la première fois en 1847 avec le grade de lieutenant général, et démissionna en 1850. Son second passage au même ministère dura sept ans (1859-1856). Nommé ministre d'Etat en 1866, il étudia l'organisation militaire des pays étrangers. En 1870, Chazal commanda l'armée d'observation. 11 passa les dernières années de sa vie dans son domaine d'Uzos où 11 rédigea ses Mémoires. — Portrait non signé provenant du ministère de la Défense Nationale. lui fut de se rejeter sur la droite. C'était la première fois qu'elle était appelée à formuler un programme de gouvernement. Celui qu'Adolphe Dechamps rédigea répudiait nettement toute apparence confessionnelle. Dans l'intérêt même de la religion, il voulait que le ministère fût constitutionnel plus encore que cathohque. On reprochait à son parti d'être hostile à la liberté, c'est d'elle qu'il se réclama. Il proposa non seulement d'augmenter l'autonomie communale en donnant aux Conseils communaux le droit de nommer les échevins, mais encore d'étendre le droit de suffrage pour les élections communales et provinciales. Ainsi, la commune et la province échapperaient en même temps à IV - 9 (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Médailles.) Engleberl Sterckx (Ophem, 1792-Malines, 1867), quinzième archevêque de Malines, de 1832 à 1867. Le cardinal Stercl> <>urr«-% parlirU aui rierliutis |>rutiorUli-v Ir» rirrtrain rrtrtrnl ■uJtiiruM-mcal !■ iHr H ra^ftlfrol !• iultr daii« la rapilalr m^Mr. Il-, nr disMNiulrnt (Miinl li-ar r^poir dr taiiM-ri If librralUoi.. Sii« allricliairiil Irur but. rr uc piturrail ^In- <|u<- ■ '■<>1'^' di-Miaitia ri a rakrufflvmrHl dr fi-rlains t(«( ra iliMriniiianl f«ir«'». l.atrnc-nidit dr» c-Irriraux au pOUToir serait UD défMtre D»tiOBalt O serait uti inimvitM- n-4-ul; Oe lerait la roin* de tooi les progrès moraux et matériels réalisés depuis six ans; Oe serait sortoot l'abrogation de la loi de 1870 sur l'enseignement primaire et le retour au régime de la loi nAfaste de 1848; (jc Kfrail l'alMiMlon de» in»liJU«c'ur% olllcii-is. li»r«*H ;iu\ t<-i-% «•Irric-alc-». i-l Ir Irïitnipbr do Felil^.Frére». O «rrail le déti-lii|>)>rtneni «au» liinilt- de la maitciiiortr ri le triiiia<-inent eaioœs dicter'iaine». Ilouiaies du OrntVr dn Krofr» et ilc- UEunrr, dr ! rlrmrttU. dr la U^nr dr I l'utrigiiriHrKl. du II ilIrmff-iuU. de-JrMnri Umrdrt lihfralrt. «oa» tous aitii dcpuio lUTÏ litllr san- Jre\e p«rHl. ee»l à tuu* que ni>u« faiM>a% a|>{»rl. LditM-m-tuuN défaire *«lre inure? • rCMiliat de ee travail eulb«UMa%lr «ir doute onne»-», qui ■ serti de\eiii|»lr H de stimulanl au parti libéral cRiier? \0.\! Oiurr; au» urtie\ pour le defiiii jwrier à ^a" " > reu« que des disMittimrnls passajfers puueraienl L'UNION FAIT LA FORCE ! i le trioniplH- le M) j.iiii. PAS D'ABSTIiliTIOlllS ! Atnrrr In. diHM-nlimriil» s.-ci.itil«;rp% n lf> pi^fM-iH-n prr«iiiiirllr>. Votez tous, sans distinction, pour toute la liste de l'Association Libérale. Létrairmciii dt-. rlc-rifaux rsi « rr |iri\. Lrur^ tMlailliiiiK «uni iii.nilin-iu rl M-rn^! Ir. fiiïn^. (tlii. ti. «. MtULLE. B €i>L»li. te. 4*007. r BOItRLT. HASI.XC. tmuif* «afcTCI H. MM T. ot;ca. . • • • EULtXOT, f MM-MAUn» mmtui,. : 1. MLMkaSt: k- UASTS*. C StlTUL t'tÊ.i.m H «uBptnTin. wrtUr.i Hntt%:t. iwiiii II. L. FlK.^fcSU.Vl. sa* » Mé(W. L. sut. it. ■■wllif» U BtWCBl.'ISlLr. r. iàroM. ytmrt-. «. MLEMXI-M:. mmH»u A. CS<»UC«UT. •MtM». (Bruxelles, Bibliothèque Royale, recueil coté VI, 17240, C.) Affiche électorale de la Fédération des Cercles libéraux (élections de iuin 1884). Elle se fait l'écho de la rupture des doctrinaires et des radicaux, et centre sa propagande sur la question scolaire. j r d'état de maintenir l'ordre» (1®"" décembre). Comme en 1857, le Cabinet s'effondrait devant les troubles de la rue. Mais en 1857, il s'était abandonné lui-même malgré la Couronne; cette fois c'était la Couronne qui semblait pactiser avec l'émeute, en le renvoyant. En agissant ainsi le roi savait bien qu'il risquait cette popularité dont il faisait si peu de cas. Les catholiques l'accusèrent de les avoir sacrifiés aux libéraux et leur rancune devait le poursuivre désormais pendant des longues années. Quant aux hbéraux, ils ne lui surent aucun gré d'une démission qu'ils se vantaient d'avoir imposée et dont, au surplus, ils ne profitèrent pas. Il suffisait au roi de s'être affranchi de ce « porteur de contrainte », comme il disait (19), qu'était Jacobs. C'est à l'antimilitarisme, ce n'est pas au catholicisme politique, qu'il en avait. Le nouveau ministère, constitué le 7 décembre sous la présidence nominale de de Theux et la présidence effective de Jules Malou, fut recruté parmi les éléments les plus pondérés de la droite. Il devait « vivre » jusqu'en 1878. (Bruxelles, Palais Royal, coll. de S.M. le roi des Belges.) Léopold II en tenue de général à pied de l'armée belge. Le souverain porte le Grand Cordon de l'Ordre de Léopold, le bijou de l'Ordre de la Toison d'Or, les plaques de Grand Cordon de l'Ordre de Léopold et de la Couronne de Saxe. — Portrait peint par Liévin De Winne (Gand, 1821-Bruxelles, 1880) qui représente le roi portant non pas l'épée mais le sabre, l'arme de la cavalerie. NOTES l'tU'. ' ! ; t ■ 1 K-':: M ■ (1) Tous les témoignages s'accordent sur ce point. Le ministre de France lui-même parle d'€ enthousiasme indescriptible ». Archives du Ministère des Affaires Etrangères à Paris, toc. cit., n» 244 (Lettre du 17 décembre 1865). (2) Archives du Ministère des Affaires Etrangères, à Paris, toc. cit., n" 239 (Lettre du 20 novembre 1859). (3) L. de Lichtervelde, Léopold II, p. 58. (4) Mémoires d'A. Van den Peereboom, t. II, 1» partie, fol. 202, 209, 224, 334. (5) Ch. Woeste, Mémoires, p. 259. (6) L. Hymans, Histoire parlementaire, t. V, p. 399. (7) Mémoires d'A. Van den Peereboom, t. II, 1« partie, fol. 214. (8) Sur la clairvoyance et la décision de Léopold II et ses efforts pour vaincre les scrupules électoraux de ses ministres, dont un seul, le ministre de la Guerre Chazal, le soutient et le comprend, voyez les intéressants détails empruntés par M. Jules Garsou aux Mémoires inédits d'A. Van den Peereboom dans ses articles intitulés : Les débuts d'un grand règne (L'Eventail, n»" du 25 août et suivants de 1929). (9) Sur l'affaire du Luxembourg, voy. G. Rothan, Souvenirs diplomatiques (Paris, 1882); G. Pagès, L'Affaire du Luxembourg (Revue d'Histoire moderne, 1926); E. Discailles, Trois dates de l'histoire du Qrand-Duché de Luxembourg (Bulletin de l'Académie royale de Belgique. Classe des Lettres, 1907); G. H. Oncken, Die Rheinpolitik Kaisers Napoléon IH von 1863 bis 1870, und der Ursprung des Krieges von 1870-71 (Stuttgart-Berlin, 3 vol., 1926). (10) Le 7 juin 1892, il écrivait à Beernaert : « En général nous sommes trop craintifs et nous laissons échapper les bons morceaux. C'est par peur qu'en 1867 nous n'avons pas su avoir le Luxembourg. » E. Van der Smissen, Léopold 11 et Beernaert, t. II, p. 231. (11) Archives du Ministère des Affaires Etrangères à Paris, loc. cit., n« 247 (Lettre du 24 février 1869). (12) P. Hymans, Frère-Orban, t. II. Cf. E. Beyens, Le second Empire vu par un diplomate belge, t. II, pp. 326 et suiv. On trouvera les documents relatifs à la question dans les t. XXIII, XXIV et XXV des Origines diplomatiques de la guerre de 1870, publiés par le gouvernement français (Paris, 1929-1930). (13) P. Hymans, loc. cit., p. 212. (14) Telles étaient la Vindobona, la Banque Hypothécaire Belge et Néerlandaise, la Banque de Crédit Foncier et Industriel, le Crédit Foncier International, l'Emprunt Romain, le Chemin de fer austro-hongrois, la Société Générale allemande, la Banque de Crédit Agricole. II. semble bien que Langrand fut avant tout victime de la hardiesse d'affaires en avance sur les possiblltés du crédit à cette époque. Acculé à la ruine, il n'hésita plus sur le choix des moyens pour se sauver. Sa condamnation par contumace à dix ans de réclusion, le 2 avril 1872, fut prononcée du chef de vol, d'escroquerie et de banqueroute frauduleuse. Son histoire serait sans doute un curieux épisode du développement du capitalisme vers le milieu du XIX» siècle. Voy. E. de Moreau, Adolphe Dechamps, pp. 491 et suiv. En 1872, Emile de Laveleye le comparait à Law (Revue des Deux Mondes, du 15 janvier). (15) Ch. Woeste, Mémoires, pp. 88 et suiv. Dès 1866, des doctrinaires accusaient la droite de pousser au suffrage universel. En 1867, le catholique Nothomb déclare qu'il veut y arriver progressivement. L. Hymans, Histoire parlementaire, t. IV, pp. 332, 398. (16) On sait que ce projet accordait à Napoléon III le concours de la Prusse pour la conquête éventuelle de la Belgique. (17) A. Bellemans, Victor facobs, p. 219 (Bruxelles, 1904). (18) L. de Lichtervelde, Léopold II, pp. 120, 124, 126. (19) Ch. Woeste, Mémoires, p. 112. ô3Bô4»5i1ÔÔ6 Tendance générale de l'évolution de la population des écoles primaires communales soumises à l'inspection de l'Etat, entre 1875 et 1886. Les chiffres ont été fournis par VAnnuaire statistique de la Belgique (années 1876-1887) publié par le ministère de l'Intérieur d'après les Rapports triennaux sur l'état de l'enseignement primaire (jusqu'en 1882) puis d'après les archives du ministère de l'Intérieur et de l'Instruction publique (depuis 1883). Ces rapports établissent la situation au 31 décembre de chaque année scolaire, sauf celui de 1884 dont le relevé porte la date du 30 juin. Jusqu'en 1878 les Rapports... proposent le nombre des élèves Inscrits; depuis 1878, celui des élèves suivant les cours à l'époque du recensement. Depuis la même année, les élèves hébergés dans les pensionnats ont été joints à ceux des écoles primaires, des statistiques trop confuses n'autorisant pas pareil dénombrement avant cette année scolaire. Le graphique ne tient pas compte des classes et sections préparatoires des établissements communaux d instruction moyenne du premier et du second degré, leurs statistiques présentant trop de lacunes. Si elles étaient complètes, elles modifieraient quelque peu, toutefois sans les contredire, les données fournies ci-dessus. Dans le Brabant, par exemple, en 1883, 1407 élèves étaient inscrits dans ces sections, 1426 en 1884. Ces divers éléments d'appréciation assouplissent la rigidité apparente des' chiffres, mais le diagramme rend compte d'une évolution générale. —■ L'affaissement des trois courbes, en Wallonie, en Flandre et dans le Brabant, entre 1878 et 1885, s'explique par la campagne que les catholiques dirigèrent contre les écoles communales asservies à la « loi de malheur » (voyez le texte, pp. 148-150 et l'illustration de la p. 148). Elles se relèvent après le vote de la loi scolaire de 1884 (voyez livre IV, chapitre 1). L' Annuaire... ne donne aucune Indication pour les années 1876, 1877, 1879, 1880 et 1882; Il n'est donc pas prouvé que le mouvement de hausse puis de baisse fut uniforme. Enfin, le gouvernement n'ayant plus reçu de renseignement sur la population des écoles libres correspondantes après 1878, il serait difficile de comparer l'évolution du recrutement dans les établissements libres et officiels. CHAPITRE II LA FIN DU REGIME CENSITAIRE lOLENCE DES LUTTES DE PARTI. -En prenant le pouvoir, le nouveau ministère assumait une tâche singulièrement épineuse. Ce n'est pas que la situation internationale fût de nature à lui inspirer de graves soucis. Jamais, au contraire, la sécurité du pays ne parut mieux assurée que durant les années qui suivirent la guerre de 1870. De la France affaiblie et où une république encore bien fragile venait de se substituer à l'inquiétant empire de Napoléon III, plus rien, visiblement, n'était à craindre. L'intérêt le plus évident lui commandait, au contraire, de respecter scrupuleusement cette neutralité belge qui, jadis érigée contre elle, la protégeait désormais contre l'Allemagne. Les tendances protectionnistes du gouvernement de Thiers provoquèrent bien, en 1872, quelques difficultés. Elles se dissipèrent l'année suivante par le retour au traité de commerce de 1861. L'attitude de l'Allemagne, il est vrai, était moins rassurante. A aucune époque elle ne s'était montrée pour le pays une voisine très cordiale. Enorgueillie par sa victoire, consciente de la force que lui donnait son unité, haussée au rang d'empire et impatiente de prendre en Europe la seule place qui lui parût digne d'elle, c'est-à-dire la première, on pouvait s'attendre de sa part à ces désagréables surprises que les accès de mauvaise humeur de Bismarck, n'épargnaient pas aux faibles. Déjà, il avait protesté avec acrimonie contre les sympathies ouvertement manifestées par la presse pour les malheurs de la France. L'attitude des évêques et des journaux catholiques pendant le Kul-tmkampf, l'avait exaspéré. Il avait feint de prendre au sérieux une proposition de l'assassiner adressée par un Liégeois déséquilibré à l'archevêque de Paris, et le 8 février 1876, il faisait remettre au cabinet de Bruxelles une note écrite réclamant la modification de la législation existante en vue de garantir la sûreté des personnes dans les Etats voisins. Mais ce que Napoléon III n'avait pas obtenu jadis des ministres libéraux, les ministres catholiques le refusèrent avec la même résolution au chancelier allemand. « La Belgique indépendante et neutre, répondirent-ils, n'a jamais perdu de vue ses obligations internationales et elle continuera de les remplir dans toute leur étendue. Pour s'acquitter de cette tâche, elle trouve l'appui le plus sûr dans ses institutions. » Ils savaient d'ailleurs qu'elle le trouvait aussi dans l'opinion anglaise toujours prompte à La Belgique implorant un discours du Trône. Caricature dirigée contre le ministère Malou. La Belgique demande au roi : « Comment, Sire, pas le plus petit discours du Trône, rien de rien ?» — Léopold II : « Que diable voulez-vous que je dise 7 Que mon ministère emb... le pays ? Vous le savez aussi bien que moi, parbleu ! » — Caricature de V. Lemaître publiée dans Le Rasoir, journal liégeois le 17 novembre 1872. Otto-Edouard-Léopold, prince de Bismarck (Schônhausen, 1815-Friedrichsruh, 1898). Photographie datant de 1862 et extraite de la Propytùen Weltgeschichte, t. VIII, p. 152. Berlin, 1930, gr. in-8». s'émouvoir des atteintes portées à la liberté de la presse, dont la Belgique, une fois de plus, s'instituait le défenseur. Bismarck le savait aussi bien qu'eux et, par prudence, il n'insista pas (1). Il paraît bien d'ailleurs que son intervention se rattache à la tension des rapports franco-allemands qui préoccupait alors si vivement les chancelleries. L'accalmie qui lui succéda au printemps rasséréna l'atmosphère. Il put paraître dès lors qu'aucun danger n'était à redouter du côté de l'Est. On n'était pas encore entré dans la période des grandes alliances. Le calme de la politique extérieure rendait plus frappante l'agitation du pays. Si la prospérité nationale n'avait jamais été aussi grande que durant la dizaine d'années qui s'écoulèrent à partir de 1870, jamais non plus les querelles politiques n'avaient atteint un tel degré de violence. Catholiques et libéraux, dressés les uns contre les autres, vivent dans un état de lutte permanente, aussi irréconciliables, aussi intolérants que les Guelfes et les Gibelins du moyen âge ou les Gueux et les Papistes du XVI® siècle. Au drapeau bleu et au bleuet des libéraux, s'opposent le drapeau rose et le coquelicot des catholiques; le chant des Gueux répond au Lion de Flandre: à la Pendant que les loges maçonniques pourvoient la propagande libérale, le clergé prêche en faveur des candidats catholiques et fait prier les fidèles pour leur succès. Le jour du scrutin, tout le pays est en fièvre, et le soir, les vainqueurs célèbrent leur triomphe par des sérénades, des cortèges et des illuminations pendant que les vaincus déchargent leur colère en brisant des vitres. Poussée à ce point d'exaspération, la passion pohtique eût infailhblement abouti à la guerre civile si la restriction du droit de suffrage ne l'avait circonscrite aux limites de la bourgeoisie censitaire. Sur cinq millions de Belges, un peu plus de 100.000 étaient électeurs généraux, 200.000 à peu près, électeurs provinciaux et environ 350.000, électeurs communaux. Ainsi le « pays légal » ne comprenait qu'une petite minorité de la nation et ses fureurs ne rencontraient que le calme ou l'indifférence de la masse. Pourquoi se serait-elle intéressée aux affaires publiques dont elle était tenue à l'écart ? Il en eût été autrement, sans doute, si la question du suffrage avait continué de poser devant le Parlement. Mais l'explosion de la se (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes.) Emile de Laveleye (Bruges, 1822-Château de Doyon [prov. de Namur], 1892). Ancien élève des universités de Louvain et de Gand, E. de Laveleye professa le cours d'économie politique à l'université de Liège depuis 1864 jusqu'à sa mort. Son activité fut féconde, et longue la liste de ses travaux dans les domaines les plus divers : histoire, philosophie, religion, économie politique, problèmes Internationaux, institutions politiques, critique artistique et littéraire. L'Académie Royale de Belgique et plusieurs sociétés savantes étrangères l'accueillirent dans leur sein. En 1878, E. de Laveleye fut admis dans l'Eglise évangélique de Liège. — Portrait gravé par Joseph Demannez (Anvers, 1826-Salnt-Josse [Bruxelles], 1902). campagne on insulte les enterrements civils; dans les grandes villes on siffle les processions et l'on disperse les pèlerinages à coups de canne. De part et d'autre, la presse déverse l'injure ou la calomnie. La division est partout, au sein des familles, dans la vie sociale, jusque dans le choix des fournisseurs. La clientèle des médecins, des pharmaciens et des épiciers dépend de l'opinion qu'ils affichent ou qu'ils professent. C'est une honte que de ne pas se réclamer d'un parti et un danger de n'appartenir point à une société politique. Chaque élection pour la province, pour la commune ou pour le Parlement est une bataille où tous les moyens sont bons pour l'emporter et pour laquelle les deux partis mobilisent leur presse, leurs ressources et leurs agents. Comme des états-majors les associations politiques dirigent les opérations; elles organisent les meetings, lancent les « tracts », rédigent les affiches et les « professions de foi », pointent sur les listes électorales les « bons », les « mauvais » et surtout les « douteux », préparent et confectionnent les bulletins de vote marqués d'un signe qui permettra de les reconnaître au moment du dépouillement des suffrages et d'acquitter le prix convenu pour leur introduction dans l'urne. Commune de Paris avait discrédité trop complètement la LES LOIS SOCIÉTÉ CHRÉTIENNE CHARLES PÉRIN Trofcsscur tie liroit public cl d'ëcononiic politique à l'Université caUiolMjHc de Louvain Correspondant dn l'Instilul de Francn TOME PREMIER DEUUÈie ÉDITION, RETIIE ET COERIGÉE LIBRAIRIE JACQUES LECOFFRE LECOFFRE FILS ET SUCCESSEURS PARIS 90, ROE BOSAPAIITE LYON BCE BELLECOCn, S 1876 (Exemplaire de la Bibliothèque Royale de Belgique, coté III, 5330, A.) « A l'Université de Louvain, le professeur Périn attaquait fougueusement le catholicisme libéral... et... s'élevait, dans ses « Lois véritables de la Société cfirétienne » contre l'anarchie d'un système économique abandonnant la société à tous les abus de la concurrence et à l'appétit des richesses.» (Voyez le texte, p. 144.) — Page de titre du tome premier des « Lois... ». (2° édit.) La deuxième édition de cet ouvrage fut publiée à Paris et à Lyon en 1876 (deux volumes); la première l'avait été aux mêmes endroits, l'année précédente. Il (Cliché A.C.L.) Nef de l'église de Sart-Dame-Avellne(s) (province de Brabant, arrondiss. de Nivelles), village dont les habitants firent mine de passer au protestantisme en 1875. En appelant un pasteur protestant, les habitants entendaient d'abord protester contre le déplacement d'un vicaire très populaire (voyez le texte de Pirenne, p. 145). Cet incident, exploité à l'époque par les anticléricaux, n'a laissé aucune trace. démocratie, dans laquelle la bourgeoisie ne voyait plus qu'un acheminement vers le socialisme, pour que la moindre chance existât encore de voir réussir la réforme constitutionnelle indispensable à l'extension de l'électorat général. Le 15 novembre 1870, une proposition dans ce sens avait été rejetée par la Chambre des représentants par 73 voix contre 23. Qu'eût-ce été en 1871 ? L'instinct de la conservation sociale avait pour longtemps détourné les partis de leurs velléités démocratiques de jadis, et les 42 fr. 32 du cens électoral parurent, à ceux qui les payaient, la plus sohde garantie de l'ordre public. Durant environ un quart de siècle toute l'activité du Parlement et du gouvernement devait graviter autour du problème politico-religieux ou, pour mieux dire, s'absorber en lui. Pour peu qu'on y réfléchisse, on se rend compte de l'importance extraordinaire et presque exclusive qu'il présenta. Les deux partis bourgeois qui se disputaient le pouvoir étant d'accord sur le terrain social devaient consacrer toutes leurs forces au seul différend qui les mettait en opposition non sans doute d'intérêts, mais de principes. Et cette opposition devint plus acharnée à mesure que l'un et l'autre se laissèrent entraîner davantage par l'évolution des idées qu'ils représentaient. Le catholicisme libéral, auquel les catholiques belges étaient si longtemps demeurés fidèles, n'était plus en 1870 qu'une cause perdue. La bulle Quanta cura et le Syllabus l'avaient formellement condamné dès 1864, et la proclamation de l'infaillibilité du pape par le concile du Vatican ajoutait encore au poids de cette condamnation. Sans doute, Rome n'avait condamné que du point de vue doctrinal les libertés de la société moderne, et c'était dénaturer sa pensée et ses intentions que de considérer ses anathèmes comme dirigés contre les institutions en vigueur. Mais s'ils ne poussaient pas les fidèles à les renverser, il n'en reste pas moins qu'ils les discréditaient et qu'ils donnaient beau jeu aux ennemis de l'Eglise pour la discréditer elle-même. Il était impossible qu'elle ne fût pas accusée de conspirer contre l'ordre social. Elle apparaissait aux libres-penseurs comme un danger public et comme une menace permanente de révolution puisqu'elle rejetait les principes mêmes sur lesquels étaient fondés les Etats. L'ULTRAMONTANISME. - En Belgique, où rien ne hmitait la liberté de l'Eglise et oii la constitution renfermait toutes les libertés réprouvées par Pie IX, le conflit se préparait avec une netteté singulière. Pour les libéraux, combattre !'« ultramontanisme » devint le premier des devoirs et l'obligation de tout bon citoyen. Ne voyaient-ils pas autour d'eux, la presse catholique presque tout entière prendre de plus en plus ouvertement parti contre la constitution ? A Gand, le Bien Public, à Bruxelles, le Courrier et la Croix réprouvaient ce pacte détestable où, comme dans un tombereau, le bon voisine avec r« ordure ». A l'Université de Louvain, le professeur Périn attaquait fougueusement le cathohcisme libéral, enseignait que l'erreur n'a pas de droit, prônait l'intolérance en matière religieuse et, poussant à fond ses principes, s'élevait, dans ses Lois véritables de la Société chrétienne, contre l'anarchie d'un système économique abandonnant la société à tous les abus de la concurrence et à l'appétit des richesses. Partout d'ailleurs les catholiques ne s'en prenaient-ils pas aux gouvernements ? En France, n'intriguaient-ils pas contre la république ? Ne soutenaient-ils pas en Allemagne la désobéissance du clergé à l'Etat ? En Itahe, leur prétention de revendiquer pour le pape la souveraineté de Rome n'était-elle pas une arrogance insupportable pour la maison de Savoie, une injure au peuple italien et un dangereux défi lancé à une puissance amie ? Une religion qui autorisait de tels excès ne pouvait paraître aux non- m (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Médailles.) Médaille commémorant la victoire électorale des libéraux en juin 1878. Au droit (à gauche), armoiries du royaume et la devise nationale. Au revers (à droite), TRIOMPHE DES LIBERAUX — SOUVENIR DES 11 & 30 JUIN 1878. Médaille anonyme, de bronze. Diamètre : 17 mm. croyants qu'un obstacle au progrès, qu'une théocratie orgueilleuse et rétrograde. S'obstiner à la ménager plus longtemps était une duperie. Le moment était venu de la combattre en face et d'affranchir l'esprit humain de ses dogmes, que condamnaient d'ailleurs, d'après eux, la science et la raison. Beaucoup pensaient, avec Emile de Laveleye, que pour un libéral prétendre respecter la foi catholique, c'était se mettre en contradiction avec soi-même. « Depuis le Syllabus, disait-il, la question politique est devenue une question religieuse » (2). Rester dans l'Eglise, c'était prendre parti contre les droits de l'homme et, par conséquent, contre le monde moderne. L'ultramontanisme poussait, d'après lui, à la théocratie. « Tout est à craindre du parti purement clérical qui s'élève, car il n'est pas un parti conservateur quoiqu'il en prenne le nom » (3). Comme François Laurent l'affirmait dans son Histoire de l'Humanité, l'Eglise n'avait cessé de résister aux desseins de Dieu. Pour sauver le christianisme il ne restait donc aux esprits sincèrement religieux qu'à rompre avec elle et à adhérer à ce protestantisme libéral qui commençait alors à s'affirmer comme la conciliation de la libre-pensée avec les préceptes de l'Evangile. En fait, il y eut chez quelques intellectuels, aux environs de 1875, un curieux mouvement de conversion à ce néo-calvinisme. Les habitants d'un petit village du Brabant wallon, Sart-Dame-Avelines, furieux du déplacement d'un vicaire très populaire, venaient, par représailles contre l'autorité épiscopale, de s'adresser à la Société évangélique belge et d'en obtenir un pasteur. L'incident fut aussitôt exploité par l'anticléricalisme. Dès l'année suivante, un article de la Revue de Belgique exhortait les grands propriétaires libéraux à favoriser parmi les paysans la propagande protestante (4) et, prêchant d'exemple, un certain nombre de personnalités en vue s'affiliaient à l'Eglise réformée. LE LIBERALISME ANTICATHOLIQUE. - Ces conversions ne furent naturellement ni bien nombreuses ni bien durables. Le temps n'était plus où l'on ne sort d'une Eglise que pour entrer dans une autre, et c'était beaucoup moins par besoin religieux que par conviction politique qu'avaient agi les néophytes. Le protestantisme ne servit, en somme, que d'arme contre les ultramontains. La Flandre Libérale, récemment fondée (1874), l'opposait à leur fanatisme et à leur intolérance. On ravivait les glorieux souvenirs du XVP siècle, comme si les guerres de religion eussent été des guerres pour la libre-pensée! En 1876, le cortège historique, organisé à Gand pour commémorer le trois centième anniversaire de la Pacification, provoquait une sensation profonde. On ne parlait plus que du duc d'Albe, de Philippe II, des comtes d'Egmont et de Hornes, de Christine de Lalaing, des horreurs et des bûchers de l'Inquisition, et pour mieux marquer leur rupture avec l'Eghse, tout à la fois, sur le terrain pohtique et sur le terrain religieux, ses adversaires reprenaient ce surnom de Gueux qu'avaient porté jadis les patriotes calvinistes. Toute cette agitation était soutenue et ahmentée par les loges maçonniques. Acquises pour la plupart au positivisme, elles étaient hostiles à toute foi rehgieuse, et si elles se montrèrent favorables à la propagande protestante, ce ne fut que pour mieux combattre le catholicisme et affranchir la raison. Car tout recul de l'Eglise est une conquête pour le rationalisme; toute manifestation antireligieuse contribue à la libération de l'esprit. Et l'on comprend dès lors l'âpreté que revêt la question des cimetières et les précautions des libres-penseurs pour éviter la présence du prêtre à leurs funérailles. Ainsi, à l'extrême-droite ultramontaine correspond l'ex-trême-gauche antireligieuse. L'une et l'autre se placent également en dehors de la constitution, celle-là, en rejetant les « libertés de perdition », celle-ci, en refusant à l'Eglise le droit de critiquer la société moderne. L'une et l'autre aussi compromettent le parti dont elles se réclament. Pour les parlementaires catholiques comme pour les parlementaires libéraux, leur intransigeance est un embarras et une nuisance, parce qu'elle effraie cette opinion modérée qui décide du sort des élections. Sans doute, il est de bonne guerre d'invoquer contre l'adversaire les théories de ses adhérents d'avant-garde, mais il est insupportable de devoir soi-même se défendre contre les exagérations des siens. L'opportunisme des hommes politiques responsables réprouve tout excès, et la sincérité de Frère-Orban quand il affirme son respect pour la religion est aussi entière que celle de Malou professant son attachement à la constitution. Autour de lui, les catholiques modérés réprouvent unanimement l'ultramontanisme. Leurs organes. Le Jour' nal de Bruxelles et La Revue Générale, fondée en 1865, prétendent rester aussi fidèles à l'Eglise qu'au pacte natio- P^i*' TRIBUNAL oc SANG (Oand, Archives de la ville, atlas Goetgebuer, boîte n» 8.) (Cliché De Wilde.) « En 1876, le cortège historique, organisé à Gand pour commémorer le trois centième anniversaire de la « Pacification », provoquait une sensation profonde.» (Voyez le texte ci-contre.) — « Char du Tribunal de Sang » figurant dans le cortège. Aquarelle d'Armand Helns (Gand, 1856-1938) exécutée en 1876 d'après nature. nal de 1830. Ils s'indignent de s'entendre taxer de révolutionnaires. Mais comment l'enseignement de Périn et le langage de presque toute la presse catholique permettraient-ils de croire aux sentiments conservateurs qu'ils affichent ? D'élection en élection ils sentent le corps électoral leur échapper. Par prudence, le Cabinet s'interdit toute loi politique. Il a réussi à calmer l'antimilitarisme agressif des meetinguistes, à faire voter des mesures garantissant le secret de vote, et il a maintenu l'équilibre du budget. C'est peu de chose, semble-t-il, si l'on compare ce bilan à celui du ministère de 1857, mais c'est beaucoup que d'avoir retardé de quelques années une victoire libérale que chacun sent prochaine. Une nouveauté pourtant est à signaler qui, au milieu des passions confessionnelles surchauffées, a passé inaperçue. En 1873, le gouvernement, pour donner une satisfaction aux élus d'Anvers et des départements flamands, soutiens de sa majorité, a fait voter les premières lois linguistiques et apporté ainsi la consécration parlementaire à la question flamande. LE MINISTERE LIBERAL DE 1878. - Le Cabinet constitué par Frère-Orban, après les élections du 11 juin 1878, fut un Cabinet d'union libérale. A la question élec- torale qui avait divisé en 1870 les doctrinaires et les radicaux, s'était substituée la question ultramontaine qui les avait regroupés. Ils avaient pris pour programme commun la défense des institutions nationales compromises par le cléricahsme. La droite modérée expiait les exagérations de l'extrême-droite, et le ministère Malou tomba victime du Syllabus, du Bien Public, du Courrier de Bruxelles et de l'enseignement de Périn. Pour rassurer les électeurs « flottants », on n'avait parlé que de politique; Frère-Orban déclarait que le libéralisme « se suiciderait en descendant sur le terrain rehgieux ». Il était pourtant impossible qu'il n'y descendît pas, car le gouvernement avait beau déclarer qu'il s'abstiendrait de combattre l'Eglise et se bornerait à l'ignorer, l'ignorer n'était-ce pas la combattre encore, puisque, sous prétexte de neutralité, c'était s'opposer à sa mission divine et, dès lors, mettre en péril la religion elle-même ? Pour échapper au danger, il eût donc fallu que le ministère se contentât, comme son prédécesseur, de vivre au jour le jour et de posséder le pouvoir sans le faire servir à l'accomplissement de ses promesses et à la réalisation de ses principes. Et il était incapable d'un tel renoncement. Le parti libéral n'avait jamais été aux affaires sans y faire preuve d'une lllmi FRÈRE ORBAN LIBÉRAL ' I mil 19 Aoul-1047- 51 Octobre 1Ô52 I847 62 MOIS 1/9 ter ^iS/S MfÀ' j-uTLiiuiud I laiiriji-'iuj. / H.deBROUCKERE ^855 1 LIBÉRAL LggnigJ 51 Oc^ob^e 1652 PHHH 30 Mars 1855 I I I I 29 MOIS DE DECKER Y CATHOLIQUE 30Mars 1855 HH^H ^ 9 Novembre 1857' 1 '^rr 51 MOIS iiii; !i ROGIER-FRÈRE ORBAN. i67o , LIBÉRAL , g ' ' j ) 9NovennbrGlô57-2 Ju.lleH870—-r 1----^ iliilll ,111^52 MOIS lilinilihi ! ,ii I u|j;i iiijjiUiiMijjiLi, Il k|4. ''"Il ; (i liMii, il, 111., . r i'r 1 i; !■ i yVo'iiVeh'wol^d'ANETHAN 1 II 1 j.; î ,1 ' ■ !■ 7Décembreie71 Pdlil i I j CATHOLIQUE : I p : i'i^' i/Mois,,. 11 ,liH; ii'iiiiiiii : i- l ; .- ..iu a | . . j^.j^ni i^iH 1I4-U.4MALOU U1076 -JJ. 'i^^lLx.l.il---------L., ; u.;-. . ------Ill-U-irATHOLIOUE.;— Ill ' I 7 Décembre 1671-19Juin 1Ô761 78 M OIS 1/2 K 'i Longévité des ministères belges de 1847 à 1878. Six ministères se sont succédé en trois cent soixante-dix mois. La longévité moyenne de ciiacun d'eux pendant cette période est cinq ans. Les libéraux gouvernent au total pendant vingt ans, les catholiques un peu plus de dix. Le cabinet Rogier-Frère-Orban, plus long que la Belgique ait connu à ce jour (douze ans et huit mois). Il a cependant été remanié à plusieurs reprises. — L la Nation et la silhouette de Frère-Orban servent de fond au présent diagramme. donc d'un peu plus de de 1857 à 1870, est le La façade du Palais de activité législative qui était à vrai dire sa raison d'être, puisqu'il se considérait comme l'instrument du progrès politique et du progrès social. Dans les conjonctures présentes, il était fatalement poussé à la lutte. Elle éclata sans tarder et ce fut plus qu'une lutte : une guerre, la guerre scolaire. Dès le début, l'organisation de l'enseignement public avait été le point essentiel du programme libéral. L'Etat avait non seulement le droit, mais le devoir primordial de faire participer la nation aux bienfaits de l'instruction, et ses écoles devant être accessibles à tous devaient donc aussi observer à l'égard des dogmes une neutralité absolue. Jusqu'ici cependant, l'Etat n'avait pu introduire cette neutralité que dans ses deux universités de Gand et de Liège. La loi de 1850 sur l'enseignement moyen et bien plus encore celle de 1842 sur l'enseignement primaire avaient dû concéder à l'Eglise une intervention qui, dans la dernière surtout, consistait en un véritable partage de l'autorité scolaire à son profit. Et l'on ne peut s'étonner que le clergé ait tenu d'autant plus à son contrôle sur les écoles populaires que, s'adressant à un plus grand nombre d'enfants, elles sollicitaient davantage sa mission religieuse. Mais par cela même, ce contrôle inquiétait et irritait les libéraux. Dès 1846, leur congrès avait réclamé la subordination de l'enseignement public à la seule autorité civile. En fait, dans toutes les grandes villes, les écoles communales avaient échappé à l'inspection ecclésiastique et la convention d'Anvers n'y était plus guère appliquée dans l'enseignement moyen. On vivait depuis longtemps dans une situation ambiguë et sans franchise. Les ministères catholiques avaient fermé les yeux sur l'inapplication des lois, mais on ne pouvait s'attendre à ce que le nouveau cabinet libéral imitât leur prudence. Pour lui la nécessité d'agir était doublement pressante. Il tenait à honneur non seulement de réformer et d'étendre, par souci de culture intellectuelle, l'organisation de l'enseignement mais encore, en en prenant la direction, de la soustraire à l'influence antinationale de l'ultramontanisme. Les radicaux d'ailleurs poussaient en avant les modérés. Une assemblée générale des loges venait d'exiger, en 1876, l'instruction laïque, obligatoire et gratuite, et la Ligue de l'enseignement menait de plus en plus ardemment campagne contre les insuffisances et les dangers des écoles libres. L'ENSEIGNEMENT NEUTRE. - Dès l'avènement du Cabinet, la création du ministère de l'Instruction publique permettait de présager de l'orientation qu'il allait prendre. Le 12 novembre, le discours du trône, au milieu du silence de la droite et des applaudissements de la gauche, affirmait que « l'enseignement donné aux frais de l'Etat doit être placé sous la direction et sous la surveillance exclusives de l'autorité civile, et qu'il aura pour mission à tous les degrés, d'inspirer aux jeunes générations l'amour et le respect des principes sur lesquels reposent nos libres institutions ». La netteté de ce langage ne pouvait plus laisser d'illusions. Il eût pu servir de préambule à la loi qui fut soumise le 21 janvier 1879 aux délibérations des Chambres. Elle instituait un enseignement primaire laïque et neutre sous le contrôle de l'Etat. Soustrayant l'école tout ensemble à l'intervention du pouvoir communal et à celle de l'autorité religieuse, elle rompait donc doublement en visière (Photographie appartenant aux « Admirateurs de Léopold II et de la Dynastie » [Bruxelles].) (Cliché Ghémar.) Hubert-Joseph-Waltère Frère-Orban (Liège, 1812-Bruxelles, 1896). Voyez la notice biographique de la p. 117. — Frère-Orban est revêtu de l'uniforme d'apparat des ministres et porte plusieurs décorations que la photographie ne permet pas d'identifier en toute certitude. avec le programme catholique de décentralisation politique et de coopération avec l'Eglise. Chaque commune devrait posséder au moins une école officielle, et il lui était interdit d'adopter ou de subventionner à sa place une école libre. Quant aux instituteurs, ils seraient tous formés dans les écoles normales de l'Etat, condition indispensable de leur aptitude pédagogique et de leur attachement aux institutions nationales. Afin d'éviter le reproche d'impiété, la loi autorisait les ministres des cultes à faire, en dehors des heures de classe, des leçons facultatives d'instruction confessionnelle. Pour réussir, une réforme aussi profonde aurait dû pouvoir compter sur l'appui de la nation, et c'est tout au plus si elle pouvait compter sur celui des libéraux. Manifestement le ministère se croyait de force à imposer à tous ce que quelques-uns seulement souhaitaient. Il ne songeait qu'au pays légal, le confondant avec l'ensemble du pays, comme si la question de l'enseignement n'intéressait que les seuls électeurs et qu'il n'y eût pas à tenir compte des scrupules de conscience de la masse. Pour la première fois le gouvernement censitaire allait soulever contre lui l'opposition du peuple et engager dans une voie « pleine d'obstacles et de périls » (5) le régime même qui lui avait donné le pouvoir. Il oubliait que la bourgeoisie anticléricale qui le soutenait ne représentait qu'une minorité au sein de la nation, qu'en dehors d'elle la foi ou du moins la tradition catholique restait puissante, que le prestige de l'Eglise demeurait intact non seulement dans une grande I. [jM ^ S ■ mi' ïp!. ; i r-' ' f Lv; ■ ; ; 0 .lit. 3. ./ y < . y. /T, /y.- y. .■/'r . ..... f * ^ f* tir rs fi* ^e^^^it^/i^ ' / ^ / y / / ✓ / ... ----- / IftJ. J. / _____................ ........... y^/^Vr /j'/J. ^ . iSixl.So. Jm êtmAM f 'U^t U/mMic/mt. ■'(i I (Bruxelles, Ministère de la Justice.) Articles 3, 4, 5, 49. 50, signatures et cachet de l'Etat au bas du texte original de la loi scolaire de juin 1879. Les dispositions essentielles de la loi sont rappelées par H. Pirenne (voyez le texte, p. 147). L'article 4 débute par ces mots : « L'enseignement religieux est laissé au soin des familles et des ministres des divers cultes. » L'article 50 abroge la loi du 23 septembre 1842 (voyez plus haut, p. 69). Signatures des présidents et secrétaires des deux Chambres, des ministres de l'Instruction Publique et de la Justice, et du roi (en bas, à droite). Au-dessus de la signature du président de la Chambre des Représentants, cachet de l'Etat. partie de la population urbaine mais presque sans exception dans les campagnes, dans les campagnes flamandes surtout, et que s'en prendre à lui, c'était « toucher à la chair qui tient aux ongles » (6). LA LUTTE SCOLAIRE. ~ Peut-être, d'ailleurs, Frère-Orban eût-il souhaité plus de prudence. Mais, prisonnier des radicaux dont il avait accepté l'alliance, il se voyait entraîné par eux plus loin qu'il n'eût voulu s'avancer. Dès le 7 décembre 1878, avant même que la loi fût introduite devant le Parlement, les évêques publiaient un mandement collectif. C'était une charge à fond contre le libéralisme et une apologie de l'Eglise, « qui est patriote et constitutionnelle ». L'encyclique et le Syllabus étaient aussi vieux qu'elle. Le danger n'était pas en eux, mais dans l'école neutre, « nécessairement antireligieuse », et dont le succès précipiterait « le courant socialiste qui s'annonce pour engloutir l'ordre et la propriété ». Le 31 janvier, ils reprenaient la parole avec plus de véhémence encore, terminant par cette prière, qu'allaient longtemps répéter les fidèles : « Des écoles sans Dieu et des maîtres sans foi, délivrez-nous Seigneur ». Enfin, le 18 juin, les Chambres ayant voté le projet, ils ordonnaient formellement la résistance, défendant aux catholiques, sous peine de refus des sacrements, de placer leurs enfants dans une école officielle ou d'y enseigner, sauf en cas de force majeure à apprécier par l'autorité épiscopale (7). Jusqu'alors l'intervention des évêques dans la vie politique avait souvent embarrassé la droite parlementaire. Cette fois, elle devait l'entraîner au combat (8). A sa suite, les cerles catholiques, les associations électorales, les comités d'œuvres, les patronages déchaînent un mouvement général de protestation. Tout le parti est galvanisé. Les journaux, en tête desquels il faut citer le Patriote (fondé en 1883), attaquent fougueusement «la loi de malheur ». Le clergé, du haut des chaires, tonne contre elle. Et, ce que l'on n'avait jamais vu, le peuple, inquiété dans sa conscience, apporte à l'agitation le concours naïf et brutal de sa masse. Comme en 1828, des pétitions affluent aux Chambres : avant le vote, plus de 317.000 signatures avaient été recueillies. Les parties flamandes du pays se distinguèrent par leur exaltation. Le chant du Vlaamsche Leeutv devient un hymne de guerre contre les corrupteurs de l'âme des enfants, associant ainsi le sentiment religieux au sentiment national. De même que l'on avait accusé jadis Guillaume I" de vouloir « protestantiser » le pays, on accusait le ministère de vouloir le déchristianiser. Et toutes les libertés constitutionnelles dont on jouit maintenant : liberté de la presse, liberté de réunion, donnent à l'opposition une ampleur et une vigueur auxquelles elle n'avait pu atteindre sous le régime hollandais. Cependant, au sein des Chambres, la droite et la gauche se lancent mutuellement le reproche de violer la constitution; les libéraux citent le Bien Public et Périn, les catholiques, la Flandre Libérale et Laurent. A l'affirmation de Frère-Orban que la loi n'est qu'une « mesure défensive contre l'ultramontanisme » s'oppose celle de Malou la déclarant une arme de guerre contre la religion, et pour alarmer les bourgeois, Woeste prophétise qu'elle fera connaître à la Belgique ce qu'on y avait toujours ignoré, « la haine de classe et les agitations socialistes ». Mais des deux côtés le siège était fait et l'on ne parlait que pour agiter le pays et pour intimider le roi. Le 6 juin, la loi passait à la Chambre des Représentants par 67 voix contre 60. Elle faillit échouer au Sénat où le prince de Ligne, président de l'assemblée, rompant avec son parti, vota contre elle. Les cathohques ne se firent pas faute de constater qu'elle n'avait été sauvée que par l'adhésion d'un sénateur de Bruges élu lui- même jadis à dix voix de majorité. Gravement malade, il s'était fait transporter à Bruxelles pour prendre part au vote et sa mort, qui survint peu après, fut considérée par les fidèles comme un châtiment du ciel. Le 1" juillet cependant, le roi, respectueux des traditions parlementaires, sanctionnait la résolution des Chambres. Le gouvernement venait de vaincre et il s'aperçut tout de suite que sa victoire était stérile. Sous le régime hollandais, le monopole de l'instruction publique appartenant à l'Etat, les catholiques ne pouvaient que réprouver ses écoles, mais non y échapper. Maintenant, au contraire, la liberté de l'enseignement qu'ils avaient fait inscrire dans la constitution allait leur fournir le moyen de s'affranchir de la loi. Dès le 18 juin, les évêques avaient annoncé que dans chaque paroisse l'établissement d'une école catholique préserverait les enfants « de la souillure des écoles offi- (Bruxelles, Galerie du Sénat.) (Cliché A.C.L.) Le prince Eugène de Ligne, président du Sénat de 1852 à 1879. C'est contre lui, Eugène-François-Charies-Lamoral de Ligne (Bruxelles, 1804-1880), que fut dirigée la manifestation d'avril 1834 provoquée par le rachat des chevaux du prince d'Orange (voyez l'illustration de la p. 44). Rallié à la cause de Léopold l'"' à la fin de la même année, il représenta le roi à Londres, Paris, Rome et en Italie avant d'être élu sénateur libéral d'Ath (1849), puis président de la Haute Assemblée, de 1852 à 1879, fonction qu'il abandonna en signe de protestation contre le vote de la loi scolaire. — Portrait peint par Alexandre Robert (Trazegnies, 1817-Saint-Josse [Bruxelles], 1890). cielles ». « La lutte s'ouvre aujourd'hui. Elle sera longue et difficile. Dieu le veut. » Ils ne s'étaient pas trompés en comptant sur le dévouement des fidèles. En un élan général tous s'unirent pour défendre les prétentions de l'Eglise contre l'offensive de l'Etat. Des collectes recueillaient l'argent des pauvres, celui des riches affluait par larges souscriptions. Dès la rentrée d'octobre, on estime que 40 millions avaient été réunis. Des écoles s'ouvraient de toutes parts dans des locaux de fortune et avec un personnel improvisé. Grâce aux ordres religieux, les maîtres ne manquaient pas. Parmi les instituteurs officiels, beaucoup, soit pour obéir à leur conscience, soit sous la pression des grands propriétaires et des châtelains, donnaient leur démission et passaient à l'enseignement libre. Au moment où se rouvrirent les classes, il semble qu'environ 30 p. c. des élèves et plus de 20 p. c. des maîtres avaient passé des écoles officielles aux HISTOIRE DE BELGIQUE lï'i ' m. I ):■" ; ' ( '1: % 3 V- I r Athénée Royal d'Anvers. / Je suis //'^^coiiteiit du-l» et des caliiers de l'élève Hduite, des leçons, des devoirs Anvers, le jt^^/ 187/'. ^ Professeur, NOTA. — Ce bulletin hebdomadaire, iMiuia lu Samedi, doit être rappoi-té U Lundi, avec le visa du pôre de famille. comme Feller avait traité, au XYIII" siècle, «l'empereur sacristain» (10). L'esprit de parti l'emporte à ce point sur le sentiment national, qu'en 1880 l'Eglise refuse de participer officiellement aux fêtes de l'indépendance. (Anvers, Collection G. Verboven.) (Cliché Bijtebier.) Bulletin hebdomadaire de l'élève De Bruyn de l'Athénée royal d'Anvers (2 mai 1874). écoles libres, et ces chiffres ne devaient cesser d'augmenter au point d'en arriver, dès 1881, à attester l'avance prise par celles-ci sur celles-là. D'un bout à l'autre du pays, la guerre scolaire se déchaîne avec la violence et souvent par les mêmes moyens qu'avaient déployés au XVI° siècle catholiques et protestants (9). Tout est mis en œuvre dans la traque aux élèves : c'est une pression générale exercée sur les consciences et sur les besoins du pauvre; du côté de l'Etat, par les menaces aux fonctionnaires et le retrait des secours des bureaux de bienfaisance, du côté de l'Eglise, par le refus des sacrements et l'intervention des innombrables institutions charitables dont elle dispose. En fait, l'ouvrier est contraint de se laisser imposer l'école de son enfant. Dans ce pays de liberté de conscience, la conscience n'est plus libre que chez les riches. Et ce déchaînement conduit à l'anarchie. La loi cesse de s'imposer comme une mesure de souveraineté nationale, elle n'apparaît plus que comme la violence d'un parti. Dans le langage courant, les écoles officielles ne sont plus que les écoles libérales. Rien d'étonnant dès lors si les communes catholiques refusent d'ériger à grands frais d'inutiles « palais scolaires » puisqu'ils resteront vides, comme au XVIIP siècle, le séminaire philosophique de Joseph IL II faut, pour venir à bout de la résistance, que le gouvernement envoie dans les villages des « commissaires spéciaux ». Souvent des bagarres éclatent, la gendarmerie doit intervenir. A Heule, près de Courtrai, trois paysans tombent sous les balles. L'enquête scolaire décrétée en mars 1880 « sur la situation morale et matérielle de l'enseignement primaire, sur les résultats de la loi et sur les moyens employés pour en entraver l'exécution » ne fit que jeter de l'huile sur le feu. Les catholiques refusèrent d'y prendre part. Qui d'ailleurs aurait-elle pu convaincre ? Les positions étaient trop bien prises. Elle ne fournit qu'un nouvel aliment aux polémiques d'une presse montée au diapason des pamphlets de la révolution brabançonne. Pendant que les journaux libéraux exploitent les rancunes maladives de l'évêque de Tournai auquel le pape vient d'enlever l'administration de son diocèse, les journaux cathohques traitent Léopold II RUPTURE AVEC LE VATICAN. — Cependant, le gouvernement n'ignorait pas que, de Rome, le pape Léon XIII faisait tenir des conseils de prudence aux évêques. Il s'inquiétait de violences oii la religion était trop directement mêlée pour ne pas y compromettre son prestige. Dans une note confidentielle, le cardinal Nina recommandait de s'abstenir d'une condamnation générale des écoles officielles, et Frère-Orban partait de là pour affirmer à la Chambre que le Saint-Siège réprouvait l'intransigeance de l'épiscopat. C'était courir à un conflit. Le pape ne pouvait, évidemment, blâmer la résistance à une loi que lui-même trouvait mauvaise, ni sembler prendre parti pour le ministère. Des discussions difficiles et ambiguës s'ouvraient entre Bruxelles et Rome, qui aboutirent finalement à une rupture. Le 5 juin 1880, le gouvernement rappelait son ministre auprès du Vatican. Par une rencontre paradoxale, au moment même où s'accomphssait cette rupture, ultime conséquence d'une loi destinée à sauvegarder la jeunesse des attaques inconstitutionnelles des catholiques, ceux-ci se détournaient de l'ultramontanisme. Léon XIII connaissait la Belgique pour y avoir longtemps exercé les fonctions de nonce, et il était impatient d'y calmer les polémiques soulevées par l'interprétation du Syllabus au seul profit des adversaires de l'Eglise. Au commencement de 1879, il avait profité d'une audience sollicitée par un groupe de journalistes pour commenter devant eux la fameuse distinction de la thèse et de l'hypothèse. Les œuvres des hommes n'étaient pas parfaites. Le mal s'y trouvait à côté du bien. Il en était ainsi de la constitution belge. « Elle consacre quelques principes que je ne saurais approuver comme pape, mais la situation du catholicisme en Belgique, après une expé- (Bruxelles, Musée de la Porte de Hal.) (Cliché Jacobs.) Pistolet de gendarmerie à double canon. Modèle belge, 1875. Système Nagant. (Château de Villers-Perwin, Collection X. Dumont de Chassart.) Edmond-Joseph-Hyacinthe Dumont, quatre-vingt-seizième évêque de Tournai (période de l'évêché Noyon-Tournai comprise), de 1872 à 1879. Ancien missionnaire aux Etats-Unis, monseigneur Dumont (Chassart, 1828-Villers-Perwin, 1892) eut à cœur de développer l'enseignement catholique à tous les degrés dans son diocèse. Adversaire acharné du « catholicisme libéral », il s'en prit à son chapitre cathédral, à la majorité catholique, à la Constitution et au roi. L'intolérance de ses vues et la fougue de son caractère « le conduisirent dans les éteules et les ronces de l'intransigeance presque absolue » (Le Courrier de l'Escaut, 23 novembre 1892), au point que le pape Léon XIII dut lui retirer l'administration du diocèse de Tournai. L'évêque se soumit après des incidents dramatiques et se retira à Villers-Perwin où il est enterré. — Portrait peint par Charles Watelet (né à Beauraing en 1867). rience d'un demi-siècle, démontre que dans l'état actuel de la société moderne, le système de la liberté établi dans ce pays est le plus favorable à l'Eglise. Les catholiques belges doivent donc non seulement s'abstenir d'attaquer la constitution, mais ils doivent la défendre » (11). Roma locuta est. C'en était fait désormais des diatribes contre les « libertés de perdition » qui avaient abouti l'année précédente à la perdition politique de la droite. Les paroles du Saint-Père la ramenaient à l'union. Les cercles catholiques s'empressèrent de s'intituler associations constitutionnelles. En 1881, Périn, sur un blâme du pape, donnait sa démission à l'Université de Louvain. C'était maintenant au tour des catholiques de se poser en défenseurs de la constitution. La loi scolaire n'était-elle pas une violation flagrante de la liberté de conscience ? Laurent, la Flandre Libérale, les orateurs des loges maçonniques ne prétendaient-ils pas replacer l'Eglise sous le joug de l'Etat ? Le gouvernement ne visait-il pas, enfin, au monopole de l'enseignement et n'était-il pas intolérable de le voir, sous prétexte constitutionnel, en revenir au despotisme rationaliste de Guillaume I" ? Et pendant que l'union se refaisait ainsi chez les catholiques, parmi les libéraux, au contraire, elle se dissolvait. Il n'avait pas suffi de la loi scolaire pour satisfaire les libres-penseurs démocrates. Les radicaux remettaient sur le tapis la déplorable question de l'extension du droit de vote, et, sur ce point, toute entente entre eux et les doctrinaires était impossible. Au lieu d'augmenter le nombre des électeurs, le Cabinet l'avait réduit ! Sans doute, l'extrême-gauche avait approuvé la loi du 25 août 1878 qui, sous prétexte de réprimer des fraudes, avait remanié les bases du cens électoral de manière à en priver un certain nombre de prêtres et de paysans. Mais tout en la votant par anticléricalisme, elle en avait considéré les clauses « comme autant de flèches lancées au régime censitaire » que son idéalisme démocratique ne pouvait supporter plus longtemps. Il n'était plus pour elle qu'une « pierre vermoulue » dans l'édifice constitutionnel. LES RADICAUX ET LA REFORME ELECTORALE. — Groupés autour du puissant et généreux orateur qu'était Paul Janson, les radicaux participaient à sa popularité. Leur presse menait inlassablement campagne contre l'injustifiable privilège qui soumettait un pays de cinq millions et demi d'âmes à la volonté de 116.00 contribuables (12). A s'obstiner plus longtemps à le défendre, la bourgeoisie ne s'exposait-elle pas à l'accusation de n'agir ainsi que par égoïsme social ? Le temps n'était plus où l'on pouvait justifier le cens comme la condition indispensable de l'indépendance du vote : il était devenu une prime à la fraude et à la corruption. Plus on élargirait le corps électoral, plus son verdict serait sincère. Quelle garantie d'intelligence et de moralité donnait, au surplus, le payement de 42 fr. 32 d'impôts directs ? La « capacité » politique ne dépendait pas de l'argent; l'instruction seule pouvait la conférer et, le 1" juillet 1881, Paul Janson proposait d'en faire dépendre le droit de suffrage pour la commune et pour la province. Cette intervention ne laissa pas que d'inquiéter les vieux libéraux pour qui la politique se confondait avec la lutte contre le cléricalisme. Frère-Orban faisait observer avec raison que le fait de savoir lire et écrire n'empêchait pas les provinces rhénanes de voter pour les cathohques. Mais (Bruxelles, rue des Sablons, n» 7.) (Cliché Jacobs.) « Léon XIII connaissait la Belgique pour y avoir longtemps exercé les (onctions de nonce...» (Voyez le texte, p. 150.) — Plaque commé-morative apposée sur la façade de l'hôtel occupé par le nonce Peccl. Elle rappelle que Joachim Pecci, le futur Léon XIII (pape de 1878 à 1903) y résida de 1843 à 1846. L'inscription a été scellée dans la façade et inaugurée le 22 février 1948. (Cliché A.C.L.) Glacis et poudrière faisant partie des fortifications d'Anvers (vers 1866). On a cru pouvoir identifier cette vue avec l'emplacement de l'ancienne poudrière située près du canal Saint-Georges (actuel Tabakvest). il était trop tard pour se refuser à une concession. La loi du 24 avril 1883 accorda la franchise électorale aux « capacitaires » reconnus par l'exercice de certaines professions ou la possession des connaissances inscrites au programme de l'enseignement primaire. La droite ne manqua pas de protester contre elle au nom de la constitution. Elle l'accusa de violer la liberté d'enseignement par la disposition qui n'admettait comme valables que les certificats délivrés par une école officielle, tandis qu'elle soumettait à un examen les anciens élèves des écoles libres. La lutte scolaire déborda sur le terrain électoral comme sur tous les autres. Seule la gauche vota le projet du gouvernement. Mais déjà, les radicaux ne s'en contentaient plus. Le 3 juillet 1883, ils soulevaient la question de la revision des articles 47 et 56 de la Constitution qui imposent le cens électoral aux électeurs des deux Chambres. Cette fois c'en était trop. Devant la perspective du suffrage universel, que faisait clairement entrevoir la proposition, les intérêts conservateurs l'emportèrent sur les passions confessionnelles. La droite apporta, en rechignant, son appui aux doctrinaires. Malou déclarait cependant que « la manière dont notre politique électorale a été conduite depuis trois ans m'a à moitié converti au suffrage universel ». Mais cette demi-conversion ne suffisait pas pour le décider au saut dans l'inconnu qu'eût été la revision de la constitution, « cette place forte qui protège toutes nos libertés » (13). Quant aux libéraux modérés, leur horreur était d'autant plus grande qu'avec le suffrage universel, « la Belgique, comme l'écrivait Emile de Laveleye, serait dominée par les évêques d'une façon absolue et définitive ». Au jour du vote, onze membres seulement se prononcèrent pour la prise en considération de la proposition de Janson et de ses amis. Ce fut le signal de la rupture des radicaux et des doctrinaires, qui se réaliserait en décembre 1884. Ceux-ci, comme en 1846, en 1859 et en 1872, firent une nouvelle scission et, abandonnant en masse l'Association libérale, fondèrent en face d'elle la Ligue libérale. LES ELECTIONS DE JUIN 1884. -Pour le ministère, cette division de la majorité était d'autant plus périlleuse qu'il se voyait aux prises avec de graves difficultés financières. La crise économique, qui avait débuté en 1876, avait eu pour conséquence un déficit budgétaire encore accru par les dépenses résultant de la loi scolaire et la création, en 1881, de douze athénées et de cent écoles moyennes. La dette publique augmentait de 105 millions par an. Il fallut, enfin, se résigner à créer de nouveaux impôts. La droite et la gauche radicale s'unirent contre eux en une opposition qui était, à la veille des élections, un symptôme redoutable pour le Cabinet. La campagne électorale se fit surtout au cri d'à bas les impôts. Très habilement, les catholiques s'abstinrent de soulever la question religieuse. Pour se gagner l'opinion flottante, ils ne parlaient que d'apaiser le pays troublé par une loi scolaire dispendieuse et dont la moitié de la nation ne voulait pas. A Bruxelles se constituait un « parti indépendant » réprouvant toute outrance confessionnelle et ressuscitant l'antique programme de l'unionisme. Cependant, les deux fractions du libéralisme se déchiraient avec fureur. Elles devaient sombrer dans la même catastrophe. Les élections du 11 juin 1884 furent un « écrasement » pour le ministère. La hste indépendante passa à Bruxelles, balayant les radicaux et les doctrinaires. Les cathohques conquéraient une majorité de 36 voix. Jamais plus le parti libéral ne devait revenir au pouvoir. Mais le corps électoral censitaire qui venait de le renverser ne devait pas non plus très longtemps survivre à sa chute. IS . , ; ^ NOTES m'' ■ 'f ' I S'il: (1) Documents diplomatiques français sur les origines de la guerre, 1» série, t. I, pp. 363, 373, 375 (Paris, 1929). (2) Revue de Belgique, 1877, t. XXV, p. 51. (3) Revue des Deux-Mondes, 1872, 2« période, t. XCVII, p. 269. (4) Qoblet d'Alvieila, Comment on élève autel contre autel (Revue de Belgique, 1876). En 1877, les habitants de Morville, dans la province de Namur, suivirent l'exemple de ceux de Sart-Dame-Avelines. Voy. La province de Namur, 1830-1930, t. 11, p. 107. (5) E. de Laveleye, dans la Revue de Belgique, 1883, p. 322. (6) Paroles de Morillon à propos du duc d'Albe, Histoire de Belgique, t. 11, p. 277. (7) Voy. ces lettres dans La Belgique et le Vatican, t. I, pp. 108 et suiv. (8) Les chefs de la droite s'effrayèrent pourtant de la violence des instructions épiscopales du l»' septembre 1879. D'après Woeste, Mémoires, p. 166, elles furent une grave faute. Le 8 décembre 1880, Malou dit à la Chambre qu'avec ses amis il avait fait parvenir au pape des observations contre elles. (9) P. Verhaegen, La lutte scolaire en Belgique (Oand, 1905). (10) Histoire de Belgique, t. III, p. 209. (11) S. Baiau, op. cit., p. 310. (12) Le chiffre exact est 116,090 sur environ 1,700,000 Belges majeurs. (13) s. Balau, op. cit., pp. 348, 349. (Bruxelles, Bibliothèque Royale, recueil coté III, 38, fol.) Vue générale de l'Exposition nationale du Cinquantenaire. L'exposition fut organisée à Bruxelles, du 16 juin au 15 octobre 1880, dans l'actuel parc du Cinquantenaire. Les deux ailes du palais ont été construites à cette occasion. L arcade centrale, œuvre de l'architecte Girault^ financée par Léopold II, ne fut inaugurée qu'en 1905. — Lithographie coloriée imprimée à Bruxelles, chez L. Martens. CHAPITRE III LE BILAN D'UN DEMI-SIECLE ( ) ROGRES ACCOMPLIS PAR LA NATION. — Il est impossible à la génération présente de comprendre l'impression produite sur ceux qui y assistèrent — et ce furent à peu près tous les Belges — par la célébration, en 1880, des fêtes du cinquantième anniversaire de l'indépendance nationale. Pour l'étranger, mais pour la nation surtout, elles furent, dans toute la force du terme, une révélation. A voir étalé sous ses yeux, dans les halls trapus de l'exposition jubilaire, tout ce qu'il avait réalisé au cours d'un demi-siècle, le peuple éprouva un étonnement qui se transforma bientôt en un sentiment d'admiration et de fierté. En contemplant le chemin parcouru depuis 1830, il se rendait compte de la solidarité historique qui rattachait le présent au passé, et les souvenirs déjà lointains de la révolution, des combats de septembre, du Congrès, de l'avènement de Léopold I" en recevaient un lustre rehaussé de gratitude. L'inoubliable séance où le Parlement tout entier acclama Charles Rogier et le chanoine de Haerne, seuls survivants des auteurs de la constitution, remua les âmes plus profondément qu'elles ne l'avaient jamais été et qu'elles ne devaient plus l'être avant 1914. En face de ces deux vieillards, on oubliait qu'ils avaient été des hommes de parti, pour ne voir en eux que des fondateurs de la patrie. Dans l'atmosphère rassérénée, au milieu de l'allégresse générale, de l'éclat des fêtes, du chatoiement des cortèges, catholiques et libéraux déposaient les armes. On ne pensait plus à la guerre scolaire. Les journaux emplis de la description des festivités et des splendeurs de l'Exposition, réduisaient la politique à la portion congrue. Les catho- IV- 11 r- En commémoration du cinquantième anniversaire de l'indépendance de la belcique ET POUR L'IULUSTRATIOH DC SBS PBOCRGS DANS LCS ARTS. LES SCIEHCC8 ET L INDUSTRIE ^STO perpétué- // ///.re//f,j /// /ïi^' //yf/f .jr/f /////■' /7 ///' r/ff///f ff/'Jffr /f Livre'd'Or ' f/é'f/fj /fj fi>r//rfj f/f f^ff r/* /t/ffjr// f /f.jr/f '//fr/ /f yf>t!u/f/ (Bruxelles, Bibliothèque Royale, recueil coté III, 38, fol.) Certificat commémoratif de l'Exposition du Cinquantenaire. liques voulaient ignorer qu'un ministère libéral était au pouvoir. Le roi, encore si impopulaire la veille, n'apparaissait plus que comme l'incarnation de l'Etat. Le Te Deum que chantèrent les évêques les associa, malgré leur abstention officielle, à la célébration du jubilé national. « Pendant les trente-cinq dernières années, avait dit Léo-pold II en montant sur le trône, la Belgique a vu s'accomplir des choses qui, dans un pays de l'étendue du nôtre, ont rarement été réalisées par une seule génération. » Et combien le progrès ne s'était-il pas accéléré depuis 1865 ! Aujourd'hui, le pays révolutionnaire, dont la situation jusqu'en 1839 avait (Bruxelles, Bibliothèque Royale, livre coté II, 19408, gr. fol.) [Les industriels]... « Habituellement, leur maison, accolée à l'usine, retentit du soir au matin du bruit des machines.» (Voyez le texte, p. 156.) — Vue des charbonnages et, dans le fond, du château de Mariemont. Isidore (1771-1848) et Nicolas (1773-1838) Warocqué (pour ce dernier, voyez l'illustration du t. 111, p. 435) sont les fondateurs des charbonnages de Mariemont (voyez l'illustration du t. III, p. 420). A partir de 1802, ils entreprirent d'exploiter la concession du « Parc de Mariemont » au milieu duquel Nicolas fit construire en 1830 le château que l'on aperçoit derrière le charbonnage au centre de la gravure et qui est converti aujourd'hui en musée. Les Warocqué exercèrent les fonctions de bourgmestres de Alorlanwelz sans interruption de 1836 à 1917. A l'avant-plan, la fosse de la «Réunion ». — Lithographie de [Guillaume] van der Hecl M t • ; I .'. ; V j " ' (Tournai, Musée des Beaux-Arts.) « ... le triomphe... des Gallait dont les toiles exposent aux yeux du public les épisodes oubliés d'un passé glorieux... la mort d'Egmont et de Homes...» (Voyez le texte, pp. 159-160.) « Les derniers honneurs rendus aux comtes d'Egmont et de Homes », tableau peint par Louis Gallait (Tournai, 1810-Bruxelles, 1887.) en si vriers saisonniers, les Franschmannen, vont chercher l'ouvrage en Beauce, en Normandie, en Picardie, Champagne et dans l'Ile-de-France. Cependant, abondante est la population qu'elle suffit encore à maintenir le haut prix des fermages et des terres. S'épuisant au travail, elle se confine dans la routine d'une technique agricole arriérée. Ni les propriétaires ni l'Etat ne s'intéressent à améliorer ses conditions de vie, qui sont souvent lamentables, ni ses procédés d'exploitation. Il faudra, pour la sortir du marasme où elle végète, l'introduction, aux environs de 1880, des sociétés coopératives et du crédit agricole. En attendant, l'institution des trains à abonnements pour ouvriers (1879) permet aux paysans de travailler dans les fabriques des r ■—< ---------- villes sans devoir se déraciner de leur village. De plus en plus, l'emprise industrielle déborde ainsi sur la campagne. De la Campine et des Flandres, des centaines de travailleurs sont amenés chaque semaine aux mines du Hainaut et du Lim-bourg, à celles du bassin de Liège. AUGMENTATION DE LA PROSPERITE NATIONALE. ^ A tout prendre, la lumière l'emporte sur les ombres dans le tableau offert par le pays à la fin du premier demi-siècle de son indépendance. Si le gouvernement de la bourgeoisie a eu les défauts d'un gouvernement de classe, il en a eu aussi les mérites. Grâce à lui, la Belgique a joué brillamment son rôle dans un siècle acharné à la production. De 1848 environ, à la grande crise économique de 1884, elle a dilaté, d'un mouvement continu, son outillage, ses ressources et ses entreprises. A ses chemins de fer d'Etat, se sont adjointes de nouvelles lignes construites par des compagnies anglaises et françaises tout d'abord, puis nationales. Les capitaux, jadis si timides, se sont enhardis et ont augmenté par leur emploi. Le prix de l'argent diminue. Des banques nouvelles se fondent à côté de la Société Générale et de la Banque Nationale. La solidité financière s'atteste par la conversion des titres de la dette publique à des taux de plus en plus bas. Les exportations, qui ne dépassaient guère 200 millions en 1850, ont atteint en 1883, 1,337 millions. Quant à la population, elle s'accroît avec une continuité significative. De 147 habitants au kilomètre carré en 1846, elle passe à 187 en 1880. Son augmentation, d'ailleurs, est fort inégale. Les villes surtout en ont profité. La démolition de leurs remparts, devenus inutiles depuis la concentration sur Anvers de la défense du de pays, et l'abolition des octrois leur permettent maintenant de se dilater et de s'embellir. Tandis que de nouveaux quartiers les entourent, elles se transforment à l'intérieur par des « alignements », des percées de boulevards, des travaux d'embellissement ou d'hygiène qui leur donnent un aspect de confort et d'aisance avec lequel contraste, il est vrai, le désolant spectacle des « cités ouvrières », allongeant dans les banlieues les interminables rangées de leurs pauvres maisons de briques. Et tout cela s'est réalisé avec le minimum possible de charges publiques. Les impôts sont deux fois moins lourds qu'en France et en Hollande et leur augmentation ne suit que de bien loin celle de la prospérité générale. De 1840 (Cliché Messiaen.) m: IW-JH» - (Bruxelles, Musée Royal d'Art Moderne.) « Au beau pays de Flandre. » Tableau peint en 1884 par Alfred Verwée (Saint-Josse [Bruxelles], (Cliché A.C.L.) 1838-Schaerbeek [Bruxelles], 1895). à 1880, pendant que les exportations deviennent neuf fois plus importantes, ils ne passent que de 19 à 28 francs par habitant. Par contre, la dette de l'Etat, qui n'était que de 281 millions à la première de ces dates, s'est élevée à 2,708 millions en 1900. Le régime censitaire, si sensible à l'intérêt électoral, a préféré demander les ressources nécessaires à l'emprunt, plutôt que de mécontenter le contribuable en s'adressant à sa bourse (4). Mais tout compte fait, la situation financière est satisfaisante. Le cours de la rente fait honneur au crédit de la nation. LA PEINTURE. — Si l'on envisage la Belgique au commencement du XIX° siècle, il apparaît que toute autonomie intellectuelle y a disparu. Elle n'est plus, dans le domaine de l'esprit, que ce qu'elle est dans le domaine de la politique, un groupe de départements français. Enseignement, livres, art, tout lui vient de Paris et en porte la marque. Des lycées se sont substitués à ses collèges, des Facultés, à l'Université de Louvain, l'école de David, à ce qui subsistait encore de l'école de Rubens. L'Académie, fondée à Bruxelles par Marie-Thérèse, est supprimée, les Bollandistes n'existent plus. Rien de ce qui est ne se rattache à ce qui a été. On s'initie comme on peut au nouveau régime sur les ruines de l'ancien. C'est une francisation aussi complète qu'elle est obligatoire (5). L'empreinte a été si forte et si profonde qu'elle a persisté durant les quinze années du Royaume des Pays-Bas. Ses universités, ses écoles, sa législation en matière linguistique n'ont pas duré assez longtemps pour porter leurs fruits. Entre les Belges et les Hollandais le contraste est d'ailleurs trop violent dans la religion, dans les mœurs, dans les intérêts, dans les conceptions politiques et les conceptions sociales pour que ceux-ci aient pu influencer ceux-là. Pas une idée nouvelle n'a passé du Nord au Midi durant les (Le Zoute, Collection M"» Nyssens-De Braekeleer.) «... De Braekeleer, d'une intimité et d'une poésie si prenantes.» (Voyez le texte, p. 160.) «Intérieur flamand» : tableau signé et peint en 1867 par Henri De Braekeleer (Anvers 1840-1888.) quinze ans où la volonté de l'Europe les a accolés l'un à l'autre (6). Bien plus, c'est de la pensée française que se nourrit l'opposition au gouvernement antifrançais du roi Guillaume. Contre lui les catholiques s'inspirent de Lamennais, comme les libéraux de Benjamin Constant. Sauf d'infimes exceptions, la nation subit aussi entièrement le prestige de la France en 1830, qu'elle le subissait en 1815. Peut-être même, n'étant plus imposé, s'impose-t-il davantage. Bref, quand éclate la Révolution, toute l'armature culturelle élevée en Belgique par Guillaume I" s'écroule au premier choc. Aux réformes si bien conçues de l'administration « éclairée » et autoritaire des Pays-Bas, n'a succédé tout d'abord que le chaos dans la liberté. On a vu quels efforts ont été nécessaires pour reconstituer à grand-peine un enseignement ballotté au gré des querelles des partis. A comparer, depuis leur séparation, la Belgique à la Hollande, l'infériorité de la première à la seconde est manifeste quant à l'organisation et au niveau de l'instruction. Et pourtant, cette Révolution qui a tant détruit n'en est pas moins le point de départ d'une véritable renaissance. En rendant l'indépendance à la Belgique, elle en a libéré du même coup les énergies spirituelles. L'art, les lettres et la science qui se traînaient depuis le XVIP siècle dans les redites ou dans l'imitation sont emportés aussitôt dans l'élan vital qui secoue le pays. 1830 s'impose également comme une date essentielle dans l'histoire politique et dans l'histoire intellectuelle de la nation. Comme à toutes les époques de renouveau, c'est par l'art, la plus spontanée, la plus instinctive et la moins rationnelle des manifestations de la civilisation, que s'atteste tout d'abord le mouvement. Et quand on parle d'art, il faut parler premièrement de cette forme de l'art qui, depuis tant de siècles, l'emportait ici sur toutes les autres, je veux dire la peinture. Expirante à la fin du XVIII® siècle, elle s'était laissé dominer durant la période française par l'influence de David. Et le séjour prolongé du grand peintre à Bruxelles, après la chute de l'Empire, avait encore augmenté, par l'action personnelle, le prestige de son style aussi frappant par la composition et le dessin que par la sobriété de la couleur. Il avait été le maître de Navez (1787-1869) dont la vogue battait son plein au moment de la Révolution. Elle ne devait guère lui survivre. Brusquement, le goût se détourne d'une peinture pour laquelle il semblait n'exister de sujets dignes d'elle que dans l'Antiquité ou en Italie. A cette époque où la peinture d'histoire paraissait seule digne du grand art, le sentiment patriotique exigeait qu'elle s'inspirât de l'histoire nationale. On a écrit avec raison que « l'art belge eut aussi ses barricades ». Tout au moins, le triomphe de la Révolution coïncide-t-il avec celui de Wappers, des de Keyser, des Gallait dont les toiles exposent (Cliché Baugnlet.) HISTOIRE DE BELGIQUE Ijl.ih , (:■; t ; i , V ' . I , i '' ■: i I 'M' . ' ■ i I I 1.1 i ; < iiilr ' J ( : 1 • ;• ■ If-^i ' ' ' I ■ 'î') I i il'::- aux yeux du public les épisodes oubliés d'un passé glorieux : la bataille des Eperons d'or, la mort d'Egmont et de Homes, Marie de Bourgogne implorant les Gantois, le meurtre de Laruelle, et combien d'autres. Mais plus encore que par leurs sujets, ils rompent avec l'académisme de Navez, par leur facture et leur coloris. Avec eux le jeune romantisme s'affirme en même temps que se renoue la tradition rubénienne. Sans doute, il y a là plus de bonne volonté que de génie et la production de ces peintres se distingue beaucoup plus par la quantité que par la qualité. Mais cette quantité même atteste une surabondance de vie qui, désormais, ne cessera plus. Le tempérament coloriste des Flamands les pousse bientôt à des recherches d'effets plus sensibles et plus sincères. On en revient au paysage, aux scènes d'intérieur, à l'émouvant spectacle de dunes et des eaux grises de la mer du Nord, des pâturages des Flandres, des landes de la Campine. Tous les jeux de la couleur, tous les chatoiements de la lumière et des ombres, la palette les exprime en exprimant en même temps autant de génies différents. La période des débuts est franchie et à ses conventions un peu naïves succède la maîtrise d'artistes conscients de leurs forces. L'originalité se donne libre carrière et chacun crée à sa guise. C'est Wierts qui, combinant David et Rubens avec les visions de Victor Hugo, aboutit à l'étrange ou au grotesque en visant le grandiose; c'est Rops, dont les eaux-fortes semblent inspirées de Baudelaire; c'est Verwée avec ses moutons, Stobbaerts avec ses fermes, Alfred Stevens avec ses femmes du monde, Leys surtout avec ses Anversois du XVI° siècle et la résurrection du passé par la magie de la couleur, et De Braekeleer d'une intimité et d'une poésie si prenantes. « Le Grisou ». Groupe de bronze. Œuvre de Constantin Meunier (Etterbeek [Bruxelles], 1831-lxelles [Bruxelles], 1901). Hauteur : 1,50 m.; largeur : 2,09 m. (Bruxelles, Musée Royal d'Art Ancien.) (Cliché A.C.L.) Tout cela participe à l'essor de la peinture française et s'oriente en partie sous ses directions. Comme au XV siècle, les peintres belges fréquentent assidûment Paris, mais sans s'y asservir. Après le romantisme de Delacroix, ils ont ressenti le contre-coup du réalisme de Corot, de Rousseau, de Millet, et avec Courbet, se sont dilatés dans le plein air. Ils parlent cependant leur langue propre et voient de leurs propres yeux. Leur individualisme, brisant avec les traditions qui continuent à régner dans les Académies, se manifeste sans entrave. Parler d'école à leur propos serait inexact; ils ont horreur de toute autorité, en quoi ils sont bien de leur pays, et leur originalité se développe avec la même variété que leurs tempéraments. LA SCULPTURE. — Les phases de l'histoire de la peinture se répètent exactement dans celle de la sculpture. Pour elle aussi 1830 est un tournant brusque. Ce n'est pas que le classicisme et l'influence de Rome et de Paris ne se maintiennent longtemps encore chez les épigones de Godecharle, Kessels, par exemple, ou Fraikin (1893). Mais le courant patriotique s'impose aux artistes et les oriente à leur tour vers la glorification du passé national. Dès 1833, Nothomb demande que van Artevelde « soit replacé sur son piédestal » (7), et le gouvernement comme les villes rivalisent dans l'érection de statues qui seront l'ornement du jeune Etat. La Belgique se hâte d'élever sur ses places publiques les effigies des grands hommes qui, comme Charlemagne, Godefroid de Bouillon ou Baudouin de Constantinople ont illustré ses origines, ou comme van Eyck, Rubens, van Dyck, Orlandus Lassus ou Grétry immortalisé son art national ou, enfin, comme van Artevelde, Egmont et Hornes, la princesse d'Epinoy, lutté contre le despotisme des princes discrédités par Guillaume I". Et cette « statuomanie » fournit bien la parure adéquate à ce peuple bourgeois, pacifique et content de lui-même. Bien peu d'ailleurs parmi ces œuvres de commande dépassent le morceau de sculpture romantique et déclamatoire du temps, et le parallélisme est complet entre elles et les grandes compositions historiques des Wappers et des Cluysenaar. Quelques-unes pourtant, comme le Léopold I" ou le Belliard de Geefs (f 1883), font présager l'affranchissement prochain dont à partir des environs de 1860, les Paul de Vigne, les Van der Stappen, les Dillens, les Vinçotte, les Mignon et les De Groote seront les principaux artisans. Puis, tout à coup, c'est, coïncidant avec le premier demi-siècle de l'existence nationale, la révélation du génie de Constantin Meunier (1831-1905). Dans ce grand peintre devenu un grand sculpteur, s'exprime ce que la Belgique contemporaine a créé de plus fort et de plus expressif à la fois, son industrie. Aucune visée sociale d'ailleurs dans cet artiste qui n'a voulu être et n'a été qu'artiste. Sa grandeur est d'avoir saisi la poésie farouche et tragique de cette industrie qu'il a rendue tout d'abord par le pinceau avant de le couler dans le bronze. Il a (Dépôt actuel indéterminé.) (Photo Braun et C".) « ... le Liégeois César Franck... s'affirmera un génie aussi puissant et aussi novateur... que Constantin Meunier. » (Voyez le texte, p. 162.) César Franck (Liège, 1822-Paris, 1890) aux orgues de Sainte-Clothilde, à Paris. Tableau peint par Jeanne Rongier (exposa à Paris entre 1869 et 1900) et exposé autrefois au Salon du Palais de l'Industrie, aux Champs-Elysées. Ce tableau n'ayant pas fait l'objet d'un achat de l'Etat français, il n'a pas encore été possible de retrouver le nom et l'adresse de son propriétaire actuel. Photographie prise dans l'atelier du peintre. I. ' ' ^ t-ni ^î : h'- 'i I bri:! ' i,')') vi ; |t' ■■ • : HISTOIRE DE BELGIQUE sculpté les puddleurs et les forgerons du Hainaut, les débardeurs des quais d'Anvers, les ouvriers agricoles de la Flandre ou de la Hesbaye comme les Grecs sculptèrent leurs athlètes, c'est-à-dire comme les expressions d'une beauté encore inaperçue. De même que les paysagistes flamands interprètent le pittoresque des fermes, il magnifie celui des laminoirs et des charbonnages, l'effort émouvant des corps nerveux et déformés autour de la coulée de l'acier, la rudesse grave des métallurgistes aux jambes bardées de fer, des bouilleurs coiffés du casque. Rien d'anecdotique dans son réalisme. Il s'impose par la simplicité, la grandeur et la puissance d'émotion. Il est à la hauteur de son sujet, et, dans la mesure même où la Belgique est le pays du travail industriel. Meunier est tout ensemble le plus grand et le plus national de ses artistes. L'ARCHITECTURE. ^ Comparée à la peinture et à la sculpture, l'architecture se caractérise par on ne sait quoi d'incomplet, de chaotique et de voulu. Après l'épuisement de la veine classique aux alentours de 1850, elle cherche vainement, sans y atteindre, une formule nouvelle ou s'évertue, sans y réussir, à raviver les traditions du Moyen Age et de la Renaissance. Le romantisme l'oriente vers un style pseudo-gothique de vignettes, dont le palais épis-copal et l'ancien campanile du beffroi à Gand représentent les réalisations jadis les plus admirées et qui n'émeuvent plus que par la naïveté de leur impuissance. Du moins, l'admiration pour le Moyen Age est-elle sincère. Elle l'est même trop par l'intempérance des « restaurations » et des « isolements » de monuments qu'elle provoque et qui ne sont bien souvent que du vandalisme archéologique. De leur côté, les tentatives de raviver, sous le nom de Renaissance flamande, les effets décoratifs de la construction du XVP siècle, n'aboutissent guère qu'à l'édification de jolies façades où se marient, non sans grâce, les tons roses de la brique à ceux des pierres bleues de l'Ourthe ou de Soignies. Le nouveau Bruxelles offre le spectacle de tous les efforts et de toutes les recherches de deux générations d'architectes engagés dans les voies les plus diverses. L'église Sainte-Marie de Schaerbeek est byzantine, la Bourse, une malheureuse application du style Napoléon III, le Palais du Cinquantenaire, un essai d'allier la charpente de fer à la colonnade. Au milieu de tout cela écrasant et imposant par sa masse, s'érige le Palais de Justice. Et l'idée était belle, sans doute, de consacrer à la justice le plus vaste monument du pays. Avec ses entassements, ses terrasses, ses statues colossales, ses escaliers gigantesques, l'immensité de sa salle des pas perdus, l'œuvre de Poelaert atteint au grandiose et parfois même à la grandeur. Elle constitue en tout cas, par ses innombrables emprunts à tous les styles, comme le symbole d'une architecture qui se cherche sans se trouver. Il n'empêche que la diversité même des tentatives donne aux villes belges un aspect original que l'on chercherait vainement ailleurs. Depuis 1860, elle a renouvelé leur physionomie. Les vieilles façades à gradins et à pignons pointus ne charment plus l'amateur de pittoresque que dans les vieux quartiers menacés par l'envahissement des magasins. Dans les maisons bourgeoises des récentes avenues, le banal et le saugrenu se mêlent à l'élégant et à l'ingénieux. On vit, en somme, dans une période de tâtonnements d'où sortira enfin, dans les dernières années du siècle, une orientation nouvelle. (Bruges, Place van Eyck.) (Cliché A.C.L.) « La Belgique se hâte d'élever sur ses places publiques les effigies des grands hommes qui... ont, comme van Eyck,... immortalisé son art national...» (Voyez le texte, p. 16(î.) — Jean van Eyck. Statue sculptée par Henri PIckery (Bruges, 1828-1894). LA MUSIQUE. ~ A cette renaissance d'énergie provoquée par la Révolution, la musique a beaucoup moins participé que les arts plastiques. La domination de l'école française et l'influence de Paris continuent longtemps à s'affirmer. Celle de l'Allemagne ne se fait guère sentir qu'à partir des environs de 1840. La Belgique possède pourtant trois conservatoires : celui de Liège, ouvert dès les premiers temps du régime hollandais, puis ceux de Bruxelles, fondé en 1832, et de Gand en 1834, et à cela s'ajoutent de nombreuses écoles de musique fondées par les villes et quantité de sociétés chorales et instrumentales. Des virtuoses comme Bériot, comme Vieux-temps acquièrent une renommée européenne. Fr. Fétis (1784-1871), puis Gevaert (1828-1908) se distinguent par une science musicale qui, chez le second surtout, s'allie à un talent incontestable. Mais il faudra attendre jusqu'à Peter Benoit (1834-1901) pour trouver l'affirmation d'une originalité dans laquelle s'exprime avec fougue la puissance coloriste du tempérament flamand, vers le moment où le liégeois César Franck (né en 1822), qui comme Grétry a abandonné pour Paris sa petite patrie, s'affirmera un génie aussi puissant et aussi novateur que Constantin Meunier le sera pour la sculpture. LA LITTERATURE FRANÇAISE. - « La Belgique politique s'est reconstituée, écrivait J.-B. Nothomb, en 1833, la Belgique intellectuelle doit renaître également. Ce n'est pas qu'il n'y ait eu à toutes les époques, qu'il n'y ait encore parmi nous des esprits élevés cultivant avec succès les sciences et les arts; mais ils agissent isolés, aucun sentiment de nationalité ne les unit, ne rattache leurs travaux à l'idée d'une patrie commune. Placée entre l'Allemagne, la France et l'Angleterre, la Belgique peut s'attribuer une mission particulière; qu'elle se garde de se faire vassal politique ou littéraire d'une de ces nations. Pourquoi puiserait-elle aux seules sources intellectuelles de la France, cette France qui, elle-même, va se retremper en Allemagne ? Qu'elle fasse des emprunts à ces trois grandes sociétés intelligentes. Si elle sait les faire avec discernement et impartialité, elle paraîtra déjà originale; elle le sera véritablement si elle veut se rappeler son passé qui ne fut ni sans éclat ni sans grandeur » (8). A ce haut idéal n'a pas répondu la réalité et disons tout de suite qu'elle n'y pouvait répondre. C'est que l'on ne fonde pas l'indépendance littéraire comme l'indépendance politique. Une longue élaboration lui est nécessaire, et elle faisait défaut totalement. Durant la longue atonie du XVII" et du XVIII' siècle, les lettres flamandes comme les lettres françaises s'étaient dégradées au point de n'être plus, celles-ci qu'un vain passe-temps d'oisifs, celles-là qu'un vulgaire amusement pour petits bourgeois et pour paysans. Plus infortunées que la sculpture et la peinture, il ne leur restait pas même le souvenir d'une gloire encore récente. Pour trouver de grands écrivains, il eût fallu remonter jusqu'à l'époque bourguignonne et aux humanistes du XVI' siècle. La lacune était trop large et le néant qui s'intercalait entre le présent et le passé trop complet. Sainte-Beuve avait raison, quand en 1849, durant son court passage à l'Université de Liège, il écrivait à Amiel : « Vous Genevois, vous êtes un vieux peuple intellectuel; ici pas ». Il eût dû ajouter que l'influence de la France était écrasante au point d'étouffer sous son poids la moindre éclosion d'une littérature nationale. Sous le régime hollandais, comme sous l'Empire, presque tout ce qui pense et qui lit en Belgique, lit et pense en français. Français le théâtre, française la presse, française surtout la formation intellectuelle des meilleurs esprits, un Gerlache, un de Potter, un van Praet, un Rogier Palais de Justice de Bruxelles. La première pierre de cet édifice fut posée le 31 octobre 1866 à l'emplacement de l'ancien Gal-genberg (mont de la potence). L'ensemble fut inauguré le 15 octobre 1883, près de quatre ans après la mort de son créateur, l'architecte Joseph Poelaert (Bruxelles, 1817-1879). La superficie totale couvre 26.000 m=, la salle des Pas-Perdus, 3.600 m^ à elle seule. Le Palais de Justice comprend vingt-sept salles d'audience et deu.x cent quarante-cinq autres pièces. Le monument s'inspire du style grec classique, sensible surtout dans la colonnade dorique qui relie le portail central aux pavillons d'angle. Les Allemands l'ont partiellement incendié le 3 septembre 1944. Il a été restauré depuis lors. et combien d'autres ! Guillaume I" lui-même, et c'est tout dire, embauche des journahstes et des pamphlétaires français du genre de Libri Bagnano, pour défendre sa pohtique contre les catholiques, lecteurs de l'Univers, et les libéraux, lecteurs du Constitutionnel. La révolution de 1830 n'a donc pas créé un état de choses qui existait avant elle. Bien plus même, elle a essayé de s'en affranchir. De même que les peintres et les sculpteurs, elle a tout de suite orienté les lettres vers l'histoire nationale. C'est elle qui emplit les romans de Saint- f # m f (Anvers, Archives de la Ville, manuscrits P. Benoit, n» 32.) «Mais il faudra attendre jusqu'à Peter Benoit (1834-1901) pour trouver l'affirmation d'une originalité dans laquelle s'exprime avec fougue la puissance coloriste du tempérament flamand... » (Voyez le texte, p. 162.) Dernière page autographe de la partition originale de la chanson « Mijn moederspraak » (ma langue maternelle) de Peter Benoit. Chanson signée et datée (24 avril 1889). Le texte est de K. Oroth-Hansen. HISTOIRE DE BELGIQUE pour l'encouragement et le développement de la littérature en Belgique, ou la Revue Nationale de Paul Devaux, jouissent durant quelques années d'une faveur qu'explique surtout la place qu'elles accordent à la politique. Au reste, la première disparaîtra en 1843, la seconde en 1847. Comment d'ailleurs les écrivains du crû résisteraient-ils à la concurrence désastreuse que, dans le pays même, leur fait la contrefaçon de tout ce qui paraît de marquant à Paris et qui, jusqu'à la convention du 22 août 1852, inonde le marché national et le marché étranger de ses reproductions à bas prix ? Et la pensée française qu'elle propage trouve, en même temps, dans les émigrés du coup d'Etat, quantité de nouveaux interprètes, parés du double prestige du courage civique et du talent. C'est Deschanel qui acclimate la conférence, Pascal Duprat et Challemel-Lacour qui font des cours publics, Bancel qui professe à l'Université de Bruxelles, Madier Montjeau qui enseigne à Bruxelles et à Anvers, Burger (Thoré) dont les « salons » ouvrent des voies nouvelles à la critique d'art. Les séjours dans la capitale de Victor Considérant, de Proudhon, de Quinet, de Girardin, de Hugo, n'ont pas été sans action sur le petit noyau d'admirateurs admis dans leur intimité. Malheureusement la bourgeoisie, de plus en plus divisée par la lutte des partis, a perdu à la fois l'esprit critique (Bruxelles, exemplaire de la Bibliothèque Royale, Réserve Précieuse, coté II, 20563, 4°.) Claes et Ulenspiegel. Eau-forte d'Alfred Hubert (Liège, 1830-Bruxelles, 1902), publiée dans l'édition originale de La légende d'Ulenspiegel. Génois, de Moke et de leurs émules, comme elle fournit leurs sujets aux « grandes machines » de Wappers et au ciseau de Geefs ou de Simonis. Mais, en dépit d'une bonne volonté évidente, ces honnêtes érudits, froids imitateurs de Walter Scott, demeurent tellement loin de leurs modèles, et de leurs chevaliers, de leurs communiers ou de leurs « gueux » se dégage un ennui si mortel qu'il faut admirer le patriotisme des éditeurs qui ont publié leurs livres et des lecteurs qui les ont achetés. Personne, au surplus, ne s'intéresse à la littérature parmi cette bourgeoisie qu'absorbent les soucis d'affaires ou les débats politiques. Quelques poètes pourtant s'essayent, non sans talent, en des tentatives qui méritent mieux que l'oubli. Van Hasselt, avec une incontestable profondeur de sentiments, s'inspire de l'Allemagne et cherche à rendre, par des innovations prosodiques, le rythme et la saveur des poèmes germaniques. A côté de lui, Edouard Wacken se tourne aussi vers le Rhin à qui il doit ses Fleurs d'Allemagne. Plus robuste, plus moderne, le saint-simonien Weustenraad chante les merveilles de la grande industrie, célèbre la locomotive, épanche, non sans éloquence, les rêveries d'un naïf messianisme social. Tout cela, sauf chez les auteurs de chrestomaties officielles, passe inaperçu. Les revues, telles que la Revue Belge, fondée à Liège en 1835 par l'Association nationale LA LtOEMK B'ULSKIPIECEL 3oi Lamaw «Jon con(id«ranl k fillette, dit : — Je te vois frakhe, «nb«u-mCe, ton épaule fortanl de u robe comme une grande feuille de rote bUnche.ie ne veux point que ceaebcHe peau, miq* Uqucile le ung coula ^^ ^^Je^^ ■ouffre sous le fouet, ni que ces Jreux dairs du feu de jcunefié " pleurent i caule de la douleur des coupa, ni que le froid de la prifim folk ^ fnObnnertoococpadeMed'anwur.Doncques.jaimemieuatecboilirquo de te savoir ba^. U fiUetM l'amena. Ainfi p^c^^a^ J, conune U tt toute sa vie, par baa« d-lme. Cependant Ulenfpie|el k une (rande belle liUe bnne aui cliCT»K cre^ c'i-^'-i. pelta ae ten^ debout l'un devant Fautre. U Igle, sans aw dire, rejar- , Arrf , jlUi^ éi ~ Tainicr, dit-dlc, fol anû qui D'en veux qu'à la beorea? ^âJlen^Mari répondit : —L'oiiWu qui polk eu FI! les bùds muleaux qui nous j: y-' ■ (Bruxelles, Bibliothèque Royale, ms.. Il 6686.) «Enfin de Coster vint...» (Voyez le texte, p. 166.) — Première épreuve d'Imprimerie de la « Légende d'Ulensplegel » (p. 301) avec corrections autographes de l'auteur. L'édition originale, illustrée de quatorze eaux-fortes, fut publiée en 1867 à Bruxelles par les éditeurs A. Lacroix, Verboeckhoven et C». L'œuvre a connu depuis lors d'incessantes rééditions. Elle a été traduite en néerlandais, en anglais, en allemand, en italien, en espagnol et en danois. La Bibliothèque Royale de Belgique possède des fragments des deux épreuves du livre, corrigées par Charles de Coster (Munich, 1827-Bruxelles, 1879.) » (Bruxelles, Propriété de M. Van der Perre.) (Cliché Bijtebier.) * ... la contrefaçon de tout ce qui paraît de marquant à Paris... qui... inonde le marché national et le marché étranger de ses reproductions à bas prix. » (Voyez le texte, p. 164.) — Quelques types de contrefaçons belges. La contrefaçon — ou réimpression d'éditions originales — fut tolérée par tous les Etats jusqu'au milieu du XiX» siècle, la propriété littéraire ne franchissant pas les frontières d'un pays. C'est entre 1830 et 1845 que se situe l'essor de « l'industrie » de la contrefaçon en Belgique, les quelques productions antérieures étant surtout écoulées sur le marché local. En 1836, des sociétés en commandite se fondent pour l'exportation; leur chiffre d'affaires maximum est atteint en 1845. Puis c'est le déclin, et bientôt l'abolition de la contrefaçon (convention franco-belge du 22 août 1852). — Les contrefaçons ne doivent pas être confondues avec les préfaçons, qui sont de véritables impressions originales. — Ci-dessus, contrefaçons d'œuvres de Victor Hugo, Georges Sand, H. de Balzac, Th. Gauthier, P. Jacob, A. de Vigny, Stendhal et I^. de Chateaubriand. I. ii.-i . • : I li'..':^ , M ' '-^r* i i nij.i: HISTOIRE DE BELGIQUE et l'indépendance spirituelle. La liberté des opinions dans le sens élevé du mot a disparu. « Le libéral et le clérical, observe Proudhon en 1862, s'excommunient réciproquement. Rien de ce que dit l'un ne peut être vérité pour l'autre. » Comment la curiosité et le goût des idées n'étoufferaient-ils pas dans une telle atmosphère ? Et combien on comprend que Baudelaire, passant par Bruxelles n'y trouve qu'une Béotie ! Boutade d'artiste dépité de l'incompréhension du pubhc, mais tout de même boutade injuste, car ces Béotiens, si fermés à la beauté littéraire, déployent cependant à défendre leurs convictions, autant d'ardeur combative que de sincérité. Ils font penser, à cet égard, aux pamphlétaires de ce XVP siècle dont le souvenir les hante. Si ce n'est pas le même accent, c'est la même sincérité et, dans la mesure oii les débats parlementaires et les campagnes électorales rappellent le drame grandiose du règne de Philippe IL les Laurent, les Altmeyer, les de Laveleye, les Goblet d'Alviella s'apparentent à Marnix de Sainte-AIdegonde. En dehors de la mêlée, solitaire et incompris, Charles de Coster pourtant écrit sa légende d'Ulenspiegel qui paraît en 1867 au milieu de l'inattention générale. Des passions du XVI" siècle, lui aussi a été touché, mais en poète et en visionnaire. Et voici qu'en son livre, pour première fois, se révèle une âme et que le passé national transfiguré par l'imagination, par le rêve, par la sympathie devient un élément de beauté. C'est un affranchissement, un coup d'aile brusque, une évasion hors du voulu, de l'utilitaire, du politique, du banal dans la sphère de l'art pur. Enfin de Coster vint... Cependant personne n'éprouvait le besoin de sa venue. Il s'était révélé trop tôt et dans une société trop mal préparée à le comprendre pour qu'il pût tout d'abord récolter autre chose que de l'indifférence. Peut-être néanmoins faut-il considérer que se manifeste dans cette apparition prématurée d'un grand écrivain, le lent travail d'affinement qui, dans toute société vivante, en arrive à libérer de l'ambiance générale les tempéraments qu'elle avait tout d'abord étouffés. Tout au moins est-il incontestable que la fin du premier demi-siècle de l'indépendance nationale voit s'épanouir presque en même temps des aspirations jusqu'alors inconnues. Le besoin littéraire, si l'on peut ainsi dire, commence à se faire sentir. C'est Octave Pirmez qui, dans ses Heures de philosophie, exprime une mélancolie qui le rapproche d'un Amiel. C'est Edmond Picard avec sa Forge Roussel et ses Scènes de la vie judiciaire. C'est Lemonnier avec son outrance, son intempérance verbale et sa volonté d'inspirer l'art d'écrire de l'art de peindre. En 1881, Octave Maus fonde VArt moderne et Max Waller, en 1882, la Jeune Belgique. Désormais la carrière est ouverte oii avec fougue vont s'engager les jeunes bourgeois qui, pour obéir à leurs pères, se sont laissé inscrire dans les facultés de droit, car tous sortent de cette bourgeoisie dont ils insultent à l'envi la platitude et les préjugés. Et sans doute, il y a entre leur révolte contre (Anvers, Archief en Muséum voor het Vlaamse Cultuurleven.) Henri Conscience (Anvers, 1812- Bruxelles, 1883). Esquisse de la silhouette de Conscience dont le dessin définitif fait partie d'un ensemble : Conscience écoutant le récit de quelque histoire en Campine. L'auteur, Edouard Du Jardin (Anvers, 1817-1889), a travaillé d'après ses souvenirs et non d'après modèle car la scène d'ensemble a été dessinée puis lithographiée en 1881, à l'occasion de la manifestation Conscience. elle et la poussée démocratique sous laquelle cédera bientôt le régime censitaire, une de ces concordances inconscientes que l'histoire constate si souvent sans pouvoir les expliquer. On se refuse à croire que le seul hasard ait fait coïncider la revision de la constitution avec les premières œuvres de Maeterlinck et de Verhaeren. A tout prendre, la littérature belge de langue française à l'époque où elle arrive enfin à la maturité, fait penser à la littérature latine qui, à la fin de l'Empire romain, se développa dans les provinces, en Gaule ou en Afrique. Comme celle-ci, elle a quelque chose de voulu, de cherché, de tendu. Dès qu'elle cesse d'imiter, elle trahit l'effort et l'outrance. Même chez son plus grand écrivain, de Coster, la langue qu'elle emploie est, au fond, une langue forgée. Elle est une littérature savante, une littérature de serre chaude, dédaigneuse des masses et absolument dépouillée de toute inspiration populaire. Ce sont des Belges qui s'expriment par elle, mais ce n'est pas le peuple belge. Entre elle et la littérature de France on observe, en outre, le même contraste qu'entre la civilisation composite de la Belgique et la civilisation de la France. Et c'est en cela qu'elle est belge, comme est belge, dans la pleine acception du mot, cette bourgeoisie mi-flamande et mi-wallonne mais également francisée par la langue, dont sortent les écrivains. Parmi eux, ceux-là même qui sont d'origine wallonne et prennent leurs sujets dans la vie populaire évitent soigneusement de se laisser influencer par le dialecte wallon. Ce vieux parler demeure pourtant la langue usuelle du peuple des campagnes et des villes dans les provinces de Liège, de Luxembourg et de Namur, encore que sous l'influence de l'école, de l'industrie et de la vie urbaine, il s'altère et perde du terrain de jour en jour. Les progrès de l'industrie le refoulent devant eux comme le mécanisme fait du travail à la main. Et ce sont justement les dangers qui la menacent qui expliquent la ferveur avec laquelle il est cultivé. Depuis la fondation, en 1856, de la Société liégeoise de littérature wallonne, le nombre de ses adeptes va croissant. Les noms de Nicolas Defrecheux, de Remouchamps, de Delchef, de Simon, de Vriendts et de bien d'autres, restent attachés à des « paskeyes », à des poésies, à des comédies pleines d'accent, de verve, de bonne humeur ou de mélancolie et dans lesquelles la veine primesautière et l'esprit du terroir ne sont pas d'ailleurs sans s'allier parfois à l'imitation des écrivains français. Jamais, on n'a autant imprimé en wallon que depuis que l'existence du wallon est compromise. Les recherches philologiques iront bientôt de pair avec le développement de cette savoureuse littérature dialectale, et tout cela assure l'avenir du romanisme dans cette Belgique qui en est le poste le plus avancé au nord de l'Europe (Bruges, Musée Ouido Oezelle.) « ... un grand poète solitaire et inconnu..., Guido Gezelle,... atteint à une hauteur et à une pureté d'inspiration qui font penser à saint François d'Assise.» (Voyez le texte, p. 169.) — Masque mortuaire de Guido Gezelle (Bruges, 1830-1899) exécuté d'après le premier moulage. (Bruxelles, Galerie du Sénat.) (Cliché A.C.L.) Marie-Henriette, deuxième reine des Belges (Budapest, 1836-Bruxelles, 1902). Buste de marbre sculpté par Thomas Vinçotte (Borgerhout, 1850-Bruxelles, 1925). Hauteur : 81 cm. LA LITTERATURE FLAMANDE. ^ Au moment où éclata la révolution de 1830 l'état de la httérature flamande était plus misérable encore que celui de la littérature française. Depuis le milieu du XVIP siècle, l'atonie dont elle souffrait n'avait cessé de s'accentuer. En dépit de la communauté de la langue, la civilisation si brillante des Provinces-Unies devenues calvinistes, n'exerçait plus sur elle la moindre influence. Repliée sur elle-même, elle s'abandonnait à l'archaïsme grossier et dévot de quelques rhétoriciens de village ou de quelques rimeurs pieux, s'exprimant dans un langage dont l'incorrection faisait mieux ressortir l'enflure ridicule. Si l'on ajoute à cela les mesures de francisation introduites par le régime napoléonien et de dédain croissant des classes dominantes pour le parler populaire, on comprendra sans peine qu'aux environs de 1815 le souvenir même qu'il eût existé une littérature flamande avait presque disparu. Chose curieuse, mais d'ailleurs très explicable, le gouvernement du royaume des Pays-Bas ne parvint pas à ranimer en Belgique la culture de la langue flamande. Tous ses efforts échouèrent contre l'hostilité de la bourgeoisie d'une part, contre celle du clergé de l'autre. Son existence fut trop courte d'ailleurs pour lui permettre d'arriver à modifier une situation trop invétérée pour qu'il fût possible d'y mettre fin à coups d'arrêtés. Quand il s'effondra sous la poussée de la Révolution, il semble bien que ses initiatives tant en matière d'enseignement qu'en matière linguistique étaient restées complètement stériles. Et pourtant, du choc provoqué par cette révolution antihollandaise et dirigée par des bourgeois « fransquillons » devait dater la renaissance des lettres flamandes. L'apathie dans laquelle elles croupissaient depuis si longtemps céda sous la surexcitation du sentiment national. Comme toujours après une grande commotion politique, l'activité spirituelle se ranima et la langue populaire devint enfin l'expression du peuple. Et ce réveil est d'autant plus remarquable qu'il est tout spontané. Tandis que les premiers littérateurs français de la Belgique indépendante sont des lettrés résolus à doter le pays d'une Httérature nationale, ici rien de voulu, ni d'artificiel, ni de savant. Ce sont des hommes du peuple qui se mettent à parler au peuple avec cette sympathie vraie qui fait le charme des récits de Henri Conscience et qui a fait son succès. Ce Flamand naïf, sans art, mais sincère, mais aimant son sol, ses habitants, leur passé et leur langue qu'il est heureux d'écrire et de venger du long dédain dont elle a souffert, fait penser involontairement à Maerlant, mais à un Maerlant petit bourgeois. Il se rattache à lui par ses tendances moralisantes, par son aversion des modes et des coutumes étrangères, par sa défiance et tout à la fois cependant par son admiration de la France. Car la seule influence littéraire qu'il ait subie est l'influence française. De la littérature hollandaise et plus encore de la littérature allemande, il ignore tout. Il ne connaît que son peuple, n'écrit que pour lui et, comme on l'a dit très justement, il lui a appris à lire. Sa verve populaire est d'ailleurs si naturelle et si humaine qu'elle a répandu ses livres bien au delà des limites de sa petite (Bruxelles, exemplaire de la Bibliothèque Royale, coté 8» cl. XIII D. Cons. 3.) Frontispice de l'édition originale du « Leeuw van Vlaenderen » (Le Lion de Flandre), roman historique d'Henri Conscience (Anvers, 1812-Bruxelles, 1883.) Le titre complet de l'œuvre est le suivant : De Leeuw van Vlaenderen of de slag der Gulden Sporen. (« Le Lion de Flandre ou la bataille des Eperons d'Or »). Anvers, édit. L.-J. De Cort, 1838, 3 vol. in-8». Cette gravure signée Brown (Ford Madg. Brown, Calais, 1821-Londres, 1893) et Wappers (Gustave Wappers, Anvers 1803-Parls, 1874), est reproduite en tête des trois volumes. — Pour composer ce roman historique, traduit en plusieurs langues étrangères et dont l'influence en Flandre fut grande. Conscience s'entoura de deux collaborateurs, tous deux historiens : F.-H. Mertens, bibliothécaire d'Anvers, et 0. Delepierre, archiviste à Bruges. patrie. Aucun auteur flamand n'a connu un succès aussi général et aussi durable. Jusqu'à nos jours les traductions françaises de ses romans ont eu presque " autant de lecteurs que les originaux. A côté de Conscience, mais avec plus de passion et moins de bonhomie, d'autres ^îtsM écrivains populaires : un Th. van Rijswijk, un Zetterman, traitent en prose ou en vers des questions politiques et sociales et sous leur plume s'expriment, avec une fougue qui ne manque pas toujours d'éloquence, des revendications et des protestations contre l'égoïsme bourgeois et son dédain pour la langue du peuple. Le dévelop- (Propriété du Musée G. Lemonnier, Maison des Ecrivains [Bruxelles].) (Cliché Bljtebier.) Camille Lemonnier (lxelles-[Bruxelles], 1845-1913) dans son bureau de travail de la rue du Lac, à Bruxelles. Photographie prise vers 1890. VIEUX COIN DE HUY VERS 1850. Lithographie de François Stroobant (Bruxelles, 1819-1916), d'après un dessin du même auteur, Imprimée par Simonau et Toovey, et reproduite dans les Monuments d'architecture et de sculpture dessinés d'après nature... par P. STROOBANT (Anvers, Liège, Namur et le Hainaut). Bruxelles-Gand-Leipzig, édit. C. Muquardt, s.d., gr. fol. — Hauteur : 30,9 cm ; largeur : 22,3 cm. (Bruxelles, exemplaire de la Bibliothèque Royale, Réserve Précieuse, II, 3818 gr, fol.) -y (Bruges, Musée Ouido Oezelle.) Autographe de Guido Gezelle. Première page des Ijslandsvaarders (Pêcheurs d'Islande), poème composé en 1896 et publié dans le recueil Rijmsnoer. Texte et corrections de la main de l'auteur. pement de la littérature flamande et le « flamingan-tisme » vont de pair, se soutenant et s'inspirant mutuellement. La bourgeoisie commence d'ailleurs à participer à ce renouveau. Un van Duyse, un Ledegang, aussi lettrés que leurs contemporains van Hasselt ou Weusten-raad et, comme eux, nourris de poésie française, cherchent à rivaliser avec elle dans la langue nationale et atteignent parfois à des accents émouvants. Déjà d'ailleurs l'influence allemande commence à se manifester sous l'action du romantisme d'une part, sous l'excitation des poètes pan-germanistes de l'autre, par suite, enfin, du rapprochement économique de la Belgique avec le Zollverein. A partir des environs de 1840, une veine germanique et résolument antifrançaise se distingue au sein de la littérature flamande qui inspirera le génie d'Albert Rodenbach, mort à la fleur de l'âge en 1881, léguant à la jeunesse de nos jours les vers enflammés de son Gudrun. Il était impossible que redevenu une langue littéraire, le flamand continuât à s'isoler du hollandais. Au début, il avait été de mode de le considérer comme une langue autonome possédant son orthographe propre et son vocabulaire spécial. Mais l'apaisement des vieilles querelles devait hâter le moment où les deux littératures prendraient conscience de leur parenté. A partir de 1867 l'orthographe néerlandaise était reconnue comme l'orthographe officielle en Belgique et depuis 1849 les écrivains du «Nord» et du « Sud » avaient commencé à fraterniser dans les Congrès néerlandais. La différence des mœurs, des traditions et surtout des religions, devait pourtant sauvegarder l'originalité des uns et des autres. Le contraste est toujours resté plus grand entre Belges et Hollandais dans le domaine de la littérature néerlandaise, qu'entre Belges et Français dans celui de la littérature française ou qu'entre Suisses et Allemands dans celui de la littérature allemande. Vis-à-vis de leurs émules hollandais, les Flamands peuvent conserver, en effet, une autonomie que la supériorité écrasante des grandes littératures auxquelles ils contribuent ne permet ni aux Belges de langue romane, ni aux Suisses de langue allemande. De plus en plus « néerlandais » par la langue, les Flamands restent pourtant bien de leur pays par le tour d'esprit, le sentiment et le tempérament. Jusque vers 1890, époque à laquelle l'apparition de la revue Van nu en sttaks, les orientera vers un idéal d'art désintéressé et exercera une action analogue à celle de la Jeune Belgique dans le domaine des lettres françaises, la plupart d'entre eux seront autant, sinon davantage encore des « flamingants » que des écrivains. Ce qu'ils ont de plus remarquable, c'est la violence de la passion et l'ardeur combative. Parmi les romanciers cependant, la vie du peuple continue à alimenter des récits qui s'apparentent, sans les faire oublier, à ceux de Conscience. Le théâtre s'essaye de son côté avec plus de bonne volonté que de succès. Mais, à l'écart et au-dessus de toute cette production, un grand poète solitaire et inconnu, un pauvre prêtre de la Flandre occidentale, Guido Gezelle (1830-1899) dans une langue nourrie du savoureux dialecte de sa province, atteint à une hauteur et à une pureté d'inspiration qui font penser à saint François d'Assise. (Marbai.\-la-Tour, Château de La Pasture, collection baronne P. Gendebien.) Pendule surmontée du buste de Pierre-Théodore Verhaegen, fondateur de l'Université Libre de Bruxelles. Député de Bruxelles depuis 1837, président de l'Associalion libérale, vice-président (1847-1848), puis président (1848-1852 et 1857-1859) de la Chambre des Représentants, Pierre-Théodore Verhaegen (Bruxelles, 1796-1862) est surtout connu par le rôle prépondérant qu'il joua dans la fondation de l'Université de Bruxelles (1834). — Pendule signée d'Apry Frères et C" et datée de 1855. La boîte contenant la pendule est en bronze; la partie supérieure (socle et buste), en bronze doré. Hauteur totale : 20 cm.; hauteur du buste : 6 cm IV- 12 iHi:, 1 i -h"' ' ; 'i 'iM ■I ; ; 1 Li ) ■ i i ;(■■; r; • ! • i . \i ■ i j Kl ¥ ^ fi'; Fi il ri',' ■ M' HISTOIRE DE BELGIQUE LES SCIENCES. — La Révolution eut tout d'abord pour l'activité scientifique du pays, les plus fâcheuses conséquences. Le gouvernement des Pays-Bas avait créé, dès 1817, à Gand, à Liège et à Louvain trois universités d'Etat qui, pourvues d'un corps professoral soigneusement recruté et dotées de ressources suffisantes eussent sans doute exercé une action salutaire si les événements de 1830 les avaient épargnées. Mais désemparées par l'émigration de leurs maîtres hollandais, elles le furent bien plus encore par le régime qui leur fut imposé après la victoire. Par raison d'économie, celle de Louvain fut supprimée et c'est seulement la nécessité d'assurer le recrutement du barreau et du corps médical qui conserva à Gand et à Liège une existence précaire à des facultés anémiées, uniquement absorbées dans le soin de préparer à leurs examens les futurs avocats et les futurs médecins. En 1835 seulement, l'Etat rétablit les universités de ces deux villes. Il avait été question, comme auparavant en 1817, de constituer à Bruxelles une école unique de haut enseignement. Mais des considérations locales prévalurent et firent repousser ce projet. L'Etat eut donc deux universités à côté desquelles deux universités libres existaient dès l'année précédente, l'une fondée par les catholiques à Louvain, l'autre, par les libéraux à Bruxelles. indifférents à Gand ou à Liège, suivant la proximité plus ou moins grande de ces villes du lieu de résidence des étudiants. A mesure que s'exaspérait la lutte des partis, le sort de l'enseignement supérieur, déjà si lamentable, le devenait davantage encore. En 1856, les évêques jetaient l'interdit sur l'université de Gand, l'accusant de professer des doctrines dangereuses pour la foi. Les professeurs n'étaient nommés qu'en vertu de considérations politiques, tantôt catholiques et tantôt libéraux suivant les ministères au pouvoir. L'alternance des gouvernements maintenait ainsi dans les universités de l'Etat une variété de principes d'oii résultait leur neutralité. Et il faut reconnaître que la liberté de la chaire fut soigneusement respectée. A la différence de la France ou de l'Allemagne, la Belgique ne vit aucun maître destitué par le pouvoir pour cause d'opinions. En vertu du dogme de la liberté de l'enseignement, l'Etat renonçait naturellement à tout contrôle sur les universités libres. Mais comme il était non moins naturellement impossible de les laisser dispenser des diplômes à leur guise, le pouvoir législatif se chargea de fixer le programme des examens tant pour elles que pour ses propres universités. Quant aux examens eux-mêmes, par souci d'impartiahté, ils se passaient devant des jurys dont les membres nommés d'abord par le roi et les Chambres, le furent, à partir de 1849, par le gouvernement seul. Il fallut attendre jusqu'en 1876 pour que le droit de conférer des grades académiques légaux fût accordé aux universités. Ce régime, conséquence de la liberté de l'enseignement, fait la liberté de la science. Obligées de se soumettre à une organisation identique, les universités se confinèrent dans le rôle de pourvoir au recrutement des carrières libérales. Elles renoncèrent à toute initiative et à toute recherche désintéressée. On ne leur en demandait d'ailleurs pas davantage. La bourgeoisie les considérait tout bonnement comme des « fabriques de diplômes ». L'uniformité obligatoire de leur enseignement supprimait entre elles toute espèce d'émulation. On ne les choisissait que pour des motifs confessionnels ou politiques, les catholiques s'inscri-vant à Louvain, les libéraux à Bruxelles, les tièdes ou les (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Médailles.) Léon Vanderkindere (Molenbeek [Bruxelles], 1842-Uccle [Bruxelles], 1906), professeur d'histoire à l'Université Libre de Bruxelles, de 1872 à 1902. Chargé de cours en 1872 et professeur ordinaire depuis 1874, membre de l'Académie, Vanderkindere concilia ses charges professorales et des travaux scientifiques de haute valeur avec une activité politique débordante : conseiller communal, échevin puis bourgmestre d'Uccle, il siégea à deux reprises sur les bancs libéraux à la Chambre des Représentants (1880-1884 et 1892). — Médaille de bronze représentant au droit (à gauche) le portrait de l'historien et la légende LEON VANDERKINDERE, professeur d'histoire à l'Université Libre de Bruxelles, 1872-1902, au revers, une composition allégorique. Signée J[ulien] Dillens (Anvers, 1849 — Saint-Gilles [Bruxelles], 1904). Diamètre : 60 mm. Mais à cette liberté de la chaire ne répondait que bien incomplètement la production scientifique. Paralysé par l'étroitesse des programmes ainsi que par l'insuffisance des ressources parcimonieusement dispensées par les pouvoirs publics, le haut enseignement ne s'élevait guère au-dessus de la préparation aux examens. Le souci de la recherche désintéressée faisait également défaut aux professeurs et aux étudiants. Les quelques savants dignes de ce nom qui, jusqu'aux environs de 1880, honorèrent les universités belges demeurèrent sans action et ne parvinrent pas à fonder des écoles. Au surplus, la prédominance de l'influence française dans le domaine scientifique comme dans tous les autres restreignait fâcheusement l'horizon et les méthodes. Les sciences morales surtout en pâtirent durant les cinquante années qui suivirent la révolution. Du prodigieux développement qu'avaient pris en Allemagne les disciplines philologiques et historiques, on ignorait tout. Il fallut que la guerre de 1870 révélât brusquement la force et la puis- à 1880 dans l'activité de l'Académie. Rétablie en 1816 par le roi de Hollande, celle-ci n'avait guère fait parler d'elle avant la Révolution, et le ministre Falck lui reprochait ironiquement sa trop grande modestie. Réorganisée en 1845 sur le modèle de l'Institut de France, elle eut le mérite de s'ouvrir à tous les travailleurs que leur valeur recommandait à son choix. Le jeune Quetelet (1796-1874), qu'elle appela en 1834 aux fonctions de secrétaire perpétuel qu'il devait conserver jusqu'à sa mort, la fit participer à l'éclat de sa renommée européenne. Autour de lui des hommes comme le géologue André Dumont, comme les chimistes Stas, Kékulé, W. Spring, comme les physiologistes Carnoy, J.-B. et Ed. van Beneden, dans la classe des sciences, comme les juristes J.-J. Thonissen et François Laurent, comme l'économiste Em. de Laveleye, comme les historiens P. Gachard, Kervyn de Lettenhove, Alph. Wauters et comme bien d'autres dans la classe des lettres, sans atteindre pourtant à son illustration et à son génie. (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes.) « ... l'Académie... Le jeune Quetelet... la fit participer à l'éclat de sa renommée européenne. » (Voyez le texte ci-dessus.) Lambert-Adolphe Quetelet (Gand, 1796-Bruxelles, 1874). Elu membre de l'Académie à l'âge de vingt-quatre ans, après avoir fait paraître un mémoire sur les propriétés de la focale, Quetelet négocia la fondation d'un Observatoire dont il fut nommé directeur en 1828. Ses nombreux travaux sur la physique, l'astronomie, les mathématiques, la météorologie et la statistique lui valurent une célébrité qui dépassa nos frontières. — Portrait gravé par Joseph Demannez (Anvers, 1826-Saint-Josse [Bruxelles], 1902). sance allemandes pour que l'on s'avisât enfin qu'elles avaient grandi de pair avec la culture intellectuelle. Dès lors, on s'orienta vers celle-ci avec une ardeur qui ne fut pas toujours exempte d'engouement. Pierre Willems, Léon Vanderkindere, Godefroid Kurth, Paul Fredericq introduisirent dans les universités, non seulement les idées et les méthodes, mais les procédés pédagogiques dont les « séminaires » d'outre-Rhin attestaient si brillamment l'efficience. Au reste, l'esprit nouveau qui vers 1880 commence à combattre la torpeur où s'était trop longtemps engourdi le haut enseignement, ne s'explique pas uniquement par l'imitation de l'étranger. Très probablement, on doit le considérer comme une conséquence du mouvement général de rénovation que l'on surprend à la même date dans la littérature et dans l'art. Ici aussi la période d'incubation est passée et la fin du premier cinquantenaire de l'indépendance marque le commencement d'un essor nouveau. Faute de pouvoir se développer dans les universités, la production scientifique se manifesta surtout de 1830 (Bruxelles, Archives Générales du Royaume de Belgique, salle de lecture.) (Cliché Bijtebier.) « Sous l'impulsion de Gachard... les recherches d'archives furent poussées avec une vigueur extraordinaire. » (Voyez le texte, p. 172.) — Louis-Prosper Gachard (Paris, 1800-Bruxelles, 1885). Nommé archiviste général du royaume en 1831, Gachard fut l'organisateur des dépôts d'archives belges. Ses rapports, inventaires et nombreuses publications de textes rendent encore d'éminents services aux historiens. Il fut également un des fondateurs de la « Commission Royale d'Histoire » (1834). — Buste de marbre sculpté par Charles Fraikin (Herenthals, 1817-Schaerbeek (Bruxelles), 1893). i: : I ! ! li I I, LI- . ! ' : mi liih I i HISTOIRE DE BELGIQUE se distinguèrent par la conscience, la solidité et souvent l'originalité de leurs travaux. L'histoire en particulier, favorisée par l'éveil du sentiment national dont nous avons noté plus haut la répercussion sur l'art et la littérature, se développa avec une vigueur exceptionnelle. Sous l'impulsion de Gachard, dont les découvertes à Simancas renouvelèrent la connaissance du XVP siècle, les recherches d'archives furent poussées avec une vigueur extraordinaire. La création de la Commission royale d'histoire. en 1834, aboutissement de projets remontant à l'époque autrichienne, dota le pays d'un corps d'érudits attachés à la publication des sources de son passé et dont l'activité depuis lors a répondu honorablement à sa mission. Sans doute on relève bien des lacunes, bien des insuffisances, bien des maladresses même dans la volumineuse « littérature » enfantée par les académiciens belges. Les défauts de l'organisation universitaire ont déplorablement retenti sur elle. En l'absence d'une préparation sérieuse et d'une tradition scientifique, elle manque, si l'on peut ainsi dire, de continuité et de cohérence. S'il y a des savants belges, il n'y a pas d'école scientifique belge. Un novateur aussi puissant que Quetelet, par exemple, n'a pas suscité d'émules et la statistique sociale dont il a été le promoteur en Europe, n'a pas eu de continuateurs dans son propre pays. D'ailleurs, la prédominance trop absolue des méthodes françaises, du moins en ce qui concerne les sciences morales, a restreint le point de vue et contrarié le progrès. Il n'en est pas moins vrai cependant que comparé à ce qu'il était avant 1830, le mouvement scientifique de la Belgique atteste vers 1880 une véritable renaissance. La Révolution a suscité les énergies et si l'on doit regretter que l'on n'ait pas fait davantage, on ne peut s'empêcher d'admirer qu'après de si longues années de torpeur, on ait tant fait. NOTES (1) Il est sans doute inutile de faire observer que ce chapitre n'est qu'un rapide croquis et qu'il n'a pas la moindre prétention de donner un aperçu historique du développement de l'organisation économique ni de celui des arts, des lettres et des sciences dans le pays, de 1830 aux environs de 1880. Ce sont là autant de sujets qui doivent être traités pour eux-mêmes. Comme dans les précédents volumes de mon ouvrage, j'ai tout simplement essayé d'en marquer, comme elles me sont apparues, les concordances avec l'évolution générale de la vie nationale, ne les envisageant, si l'on peut ainsi dire, qu'en fonction de celle-ci. (2) Histoire de Belgique, t. III, p. 39. (3) H. Pirenne, Les étapes de l'histoire du capitalisme (Bulletin de l'Académie Royale de Belgique, Classe des lettres, 1914). (4) R.-J. Lemoine, La politique d'emprunt du gouvernement belge (Revue Economique internationale, nov. 1927). (5) Histoire de Belgique, t. III, pp. 113 et suiv. (6) Ibid., p. 470. (7) Essai historique et politique sur la révolution belge, 3« édit., p. 432. (8) Ibid., 3« édit., p. 430. I ■ 1 • ■ ___ (Cliché A.C.L.) Le monument au Travail de Constantin Meunier. Vue partielle. Les quatre bas-reliefs — l'Industrie, le Port (visibles sur la photo), la Moisson et la Mine — et les cinq sculptures — le Semeur, Maternité, l'Ancêtre, Mineur accroupi (visibles sur la photo) et le Forgeron au repos — sont l'œuvre de Constantin Meunier. Depuis 1890 environ, celui-ci se proposait de les introduire dans un ensemble architectural. Divers projets furent présentés du vivant de Meunier, mais aucun ne fut mis à exécution. Ce n'est qu'après la mort de l'artiste que l'architecte Alario Knauer construisit au port de Bruxelles un monument de forme polygonale autour duquel furent disposés bas-reliefs et statues. Le monument, qui se dressait au square Jules de Trooz à Laeken, a été démonté en 1952. En juin de cette année les services compétents ignoraient où il serait réédifié, mais il paraissait acquis qu'on lui conserverait son ancienne forme architecturale. CHAPITRE IV LA QUESTION LINGUISTIQUE ET LA QUESTION SOCIALE ITUATION PRIVILEGIEE DU FRANÇAIS. — Durant le demi-siècle que l'on vient de parcourir toute l'activité politique et sociale de la Belgique semble n'exister que par et pour la classe censitaire qui détient et exerce le pouvoir. Mais sous ce que l'on voit il y a ce que l'on ne voit pas. Bilingue par sa population et de plus en plus industriel par son développement économique, il était impossible que le pays ne fût point travaillé en son fond par l'agitation sentimentale, romantique et démocratique du flamingantisme aussi bien que par les revendications et les misères du prolétariat. Des redoutables problèmes qui se préparent, la bourgeoisie dirigeante a méconnu ou dédaigné la portée et le danger. Mais il importe, en achevant le tableau du régime dont ils compromettent les assises, d'en rechercher l'origine et de noter la nuance particulière dont ces deux phénomènes essentiels de l'histoire européenne au XIX" siècle, la question linguistique et la question ouvrière, se sont imprégnés dans le milieu belge. Des deux langues parlées en Belgique, le français et le néerlandais, la Révolution devait fatalement tourner et tourna, en effet, à l'avantage de la première. Tout conspirait en sa faveur : la réaction spontanée contre le gouvernement de Guillaume, la francisation séculaire de la bourgeoisie triomphante, l'indifférence du peuple flamand pour sa propre langue et la méfiance du clergé à l'égard de la Hollande calviniste. On ne voulait plus rien avoir de commun avec le régime disparu. Dès avant 1830, d'ailleurs, les lois imposant l'usage de la « landstaal », avaient soulevé une opposition décidée parmi les catholiques des Flandres. Pour les besoins de la cause, ils considé- < 'I i vernement, l'administration et les Chambres ne se servirent que de la langue de la classe sociale au sein de laquelle ils se recrutaient, c'est-à-dire de la langue française. Dès le 27 novembre 1830, le Congrès ordonnait d'ailleurs que ses décrets seraient publiés avec une traduction flamande ou allemande pour les « communes » où l'on parle ces langues. Le français devenait ainsi la seule langue officielle. Il eût été impossible, disait le Moniteur du 16 novembre 1830, de promulguer les lois et arrêtés en flamand ou en allemand, vu la diversité des diakctes locaux. Quant aux fonctionnaires wallons ou francisés envoyés dans les parties flamandes du pays, le principe de la liberté linguistique leur permit de ne pas apprendre la langue de leurs administrés. Personne ne fit attention à une pétition de Levae adressée au Congrès le 8 janvier 1831 contre l'emploi exclusif de la langue française par les autorités en Flandre, ni des protestations d'un membre de l'assemblée contre l'exclusion des fonctions publiques dont semblaient frappés les citoyens de langue flamande (1). Il est trop évident pour qu'il faille y insister que cet état de choses ne fut que la conséquence naturelle de la (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes.) Philippe Blommaert, littérateur flamand (1809-1871). Lithographie de Charles Baugniet (Bruxelles, 1814-Sèvres, 1886), datée de 1836. raient le hollandais, c'est-à-dire le néerlandais littéraire, comme une langue étrangère, en face de laquelle ils revendiquaient l'autonomie de la langue flamande et l'orthographe arbitraire que Desroches lui avait imposée au XVIIP siècle, en dépit de la divergence de ses dialectes. Cette rupture entre le hollandais et le flamand fortifiait naturellement la prépondérance du français. Sa situation était si forte et si grand son prestige qu'il paraissait destiné à se répandre dans un avenir prochain sur toute la Belgique. Bien peu de personnes d'ailleurs, en l'absence de statistiques, se faisaient une idée exacte de l'état linguistique du pays. Il fallut attendre le recensement de 1846 pour apprendre que sur l'ensemble des citoyens belges, 2.471.248 parlaient le flamand et 1.827.141 le français. En attendant, le Congrès avait proclamé que « l'emploi des langues usitées en Belgique est facultatif et ne peut être réglé que par la loi et seulement pour les actes de l'autorité publique et pour les affaires judiciaires ». Inspirée du même libéralisme qui avait déterminé les rapports de l'Eglise et de l'Etat, cette décision ne s'embarrassait pas des conséquences que son application entraînerait dans la pratique. En théorie, tous les citoyens, comme tous les fonctionnaires, avaient le droit de se servir, en toute circonstance, dans leurs rapports ou dans lèur correspondance officielle, soit du français, soit du flamand, soit même de l'allemand qui, parlé par plusieurs milliers d'habitants à l'est de Verviers et d'Arlon, était, lui aussi, une langue nationale. C'eiàt été l'anarchie si la réalité n'avait été bien différente des stipulations constitutionnelles. En fait, le gou- (Cliché Pauwels.) Tombe de Jan-Frans Willems dans le cimetière de Mont-Saint-Amand (Sint Amandsberg, FI. Orient., arrond. Gand). Jan-Frans Willems (Bouchout, 1793-Gand, 1846), un des principaux promoteurs du mouvement flamand, ne cessa de plaider la cause de sa langue maternelle, après comme avant 1830. 11 publia de nombreux textes anciens rédigés en moyen néerl.mdais. et projeta, avec le chanoine l.-B. David, la fondation d'une Académie flamande. La Maalschappij tôt Bevorderina der Nederlandsche Taal- en Letterkunde (1836), qui n'était cependant pas une institution académique, contribua à entretenir chez les uns, à faire revivre chez les autres, l'amour du peuple flamand et de sa langue maternelle. prépondérance politique de la bourgeoisie francisée. Pas plus que des intérêts matériels du peuple, elle n'a souci de sa langue qu'elle ignore ou qu'elle dédaigne. Il lui suffit d'avoir accordé la liberté linguistique comme elle a accordé la liberté économique. Elle n'entend pas plus violenter le fonctionnaire français au profit de l'administré flamand, que l'entrepreneur capitaliste au profit de l'ouvrier. Et en ceci sa bonne foi est d'autant plus sincère qu'elle est convaincue du bienfait que la diffusion du français apportera à ceux qui ont la malchance de l'ignorer. « Les trois quarts des habitants des Flandres, constate tristement un membre du Congrès, n'ont pas encore le bonheur de posséder la langue française » (2). Partout d'ailleurs, le peuple cherche à l'apprendre. A Gand, en 1836, la classe ouvrière afflue aux cours du soir o£i il est enseigné par les soins de l'administration communale (3). Il apparaît à tous comme un instrument ou, pour mieux dire, comme l'instrument indispensable du progrès (4). Pendant l'abominable crise de 1845-1846, beaucoup de bons esprits croient que c'est à son ignorance qu'il faut attribuer le caractère archaïque de l'industrie des campagnes flamandes (5). Enfin, la cohésion pohtique du pays et le bon fonctionnement de son administration ne recommandent-ils pas l'emploi et la diffusion d'une langue unique ? A mesure que l'usage du français se répand, constate Stockmar, la nationalité belge se consolide (6). En faut-il davantage pour négliger les abus passagers qu'il entraîne ? Car on ne doute pas que, réduit au rang de patois populaire, le flamand ne soit fatalement condamné à disparaître (7), et c'est en pleine tranquillité qu'on l'abandonne à sa faiblesse dans la liberté stérile qui lui est reconnue. trielle (9). A Lierre, en 1842, un conseiller communal ayant déclaré qu'il ne comprend pas le français, on en revient à l'habitude de délibérer en flamand (10). Anvers, qui a vu débuter la littérature flamande avec Henri Conscience, commence à prendre la tête d'un mouvement de revendications qui s'étendra peu à peu. Le conseil provincial y décide, en 1840, qu'il ne conférera plus d'emploi qu'à des personnes connaissant la langue flamande (11) et, la même année, la société « Met Tijd en Vlijt » demande qu'il soit fait sa place à celle-ci dans la future loi sur 1 enseignement primaire. A la Chambre, Pierre De Decker se plaint de la francisation administrative et proteste contre l'action délétère de l'impiété française à laquelle il oppose les vertus de l'Allemagne (12). Celle-ci, en effet, prodiguait depuis longtemps déjà les témoignages d'intérêt à ses « frères de race » du bassin de l'Escaut. M. Arndt et les Pangermanistes dont il était l'organe, après avoir furieusement protesté contre la Révolution belge, qui n'apparaissait à leurs yeux que comme une machination de la France, s'abandonnaient maintenant à l'espoir de ramener les Flamands à la grande patrie teutonique. De la parenté des langues devait résulter la communauté politique. « Ostende wird Westende des deutschen Vaterlands » chantait Simrock, en 1844 (13), et Hoffmann von Fallersleben s'emportait contre les « fransquillons » et exhortait la Flandre à « lutter à mort contre les Welches ». Le rapprochement économique de la Belgique et de l'Allemagne lors du traité de commerce de 1844 donna un instant de recrudescence à ces sympathies. En 1846, des sociétés musicales flamandes pre- LES FLANDRES ET L'ALLEMAGNE. - Pourtant, aux protestations timides qui se font jour au sein du Congrès, répondent celles qui s'élèvent du petit groupe de bourgeois qui ont conservé en Flandre l'amour de la langue maternelle. J.-F. Willems, Blommaert, Vervier et bien d'autres s'irritent ou s'affligent de l'indifférence qu'on lui témoigne. Quelques catholiques s'effrayent, de leur côté, du prestige de la littérature française « qui sue le crime et la démoralisation» (8) et espèrent reconquérir les classes dirigeantes par le livre, les sociétés de littérature et les chambres de rhétorique. De tout cela cependant, aucune influence sensible ne se dégage encore ni sur l'opinion publique, ni sur le gouvernement. Mais peu à peu, la vie remet les choses au point. A Gand, en 1837, il faut rétablir les cours flamands que l'on avait supprimés à l'école indus- ' •/^fl,/ /y / I n ' / .i / c . O-fr ei^i* /aû^ é J r ( / -1 t ^ ^^^ / / .c ( A.. . • ' -s . ^_. i-'. (Gand, Bibliothèque de l'Université, ms. G 16593 (9).) Brouillon autographe des paroles du « Vlaemsche Leeuw » composées par Hippolyte van Peene (Caprijck, 1811-Gand, 1864). Le texte complet couvre trois feuillets. Le troisième est signé et porte le lieu et la date de composition : Gand, 22 juillet 1843 (ou 1845?). Charles Miry (Gand, 1823-1889) popularisa le poème en composant la partition musicale. v-: [ ■ i "1 Iri M , J' i 'i ' ■ ■ : f ' ■ i ^/U ^frnJ - M...^ /fS,, A- ......... .4, ./«/, .f/t^ifC y»- M-»- y^'/rr^tim».^ - VtJ^ . . ' r y /. . ./A . ^ f> ' . ^ J '■4. Ittn TCSf- ...... . /(',',mLI .. /J.^^J.-M.,/ SZ,^ /. - -(Gand, propriété du Willemsfonds.) Première page du premier registre aux procès- verbaux du comité directeur du « Willemsfonds » (23 février 1851). Elle énuinère les noms des quinze membres présents à la réunion tenue dans le local de la société De Tacl ;s jiansch hel Volk (la langue est tout le peuple) à Gand, et les noms des trente-huit membres de l'association fondée ce jour-là sous la dénomination de < Willemsfonds », en souvenir de J.-F. Willems (voyez l'illustration de la p. 174). A l'origine, l'association groupait indistinctement des catholiques et des libéraux. «Willemsfonds» (libéral) et « Davidsfonds » (catholique) comptent aujourd'hui encore parmi les grandes organisations culturelles flamandes. L'un et l'autre se proposaient, dès leurs origines, de favoriser remploi de la langue flamande, d'en promouvoir la littérature et de susciter dans le peuple une conscience «nationale». (Kessel-Lo, propriété de M"' E. Alberdingk Thijm.) Paul Alberdingk Thijm, professeur à l'Université de Louvain et premier président du « Davidsfonds » (1875-1878). Des divergences de vues s'étant manifestées entre membres libéraux et catholiques du « Willemsfonds », les catholiques fondèrent à Louvain. le 15 janvier 1875, une autre société, le « Davidsfonds », qui emprunta son nom à J.-B. David (Lierre, l«()l-Louvain, 1866), promoteur du mouvement flamand avec J.-F. Willems. Son premier président. P. Alberdingl< Thijm (Amsterdam. lH27-Louvain. 190-4). d'origine hollandaise, était le frère du littérateur Joseph Alberdingk Thijm. — Photographie prise vers 1895. naient part à Cologne à un festival rhénan, un Vlaamsch-Duitsch Zangerbond était fondé, et des étudiants de Bonn fraternisaient avec des étudiants de Louvain. Ces manifestations bruyantes, qui préoccupèrent un moment le gouvernement français et soulevèrent les protestations des patriotes belges, ne devaient pas avoir de lendemain (H). Si les chefs du mouvement flamand ne demandaient qu'à profiter de la collaboration des philologues d'outre-Rhin pour l'étude de leur passé littéraire, ils n'étaient pas moins résolus à s'opposer à toute tentative d'absorption et ils s'aperçurent bientôt que c'est de cela qu'en réalité il s'agissait. Hoffmann von Fallersleben ne proposait-il pas de remplacer comme langue littéraire le flamand par le haut-allemand ? Sous prétexte de parenté linguistique, l'idée de ramener à l'Allemagne les régions flamandes qui depuis le Moyen Age s'en étaient spontanément détachées pour vivre de leur vie propre, s'opposait trop naïvement au cours de l'histoire pour avoir la moindre chance de succès. On ne s'efforçait pas d'échapper au Charybde du « verfransching » pour tomber dans le Scylla du « verduitsching ». Visiblement l'Allemagne, en prétendant utiliser le mouvement flamand au profit de ses visées nationales, montrait qu'elle n'en comprenait ni la nature, ni les tendances. Pour être, acceptée, sa collaboration eût dû être exempte des arrière-pensées qui jusqu'au bout la compromirent. Interrompue momentanément par la crise de 1848, la propagande pangermaniste devait reprendre dès 1850, plus systématique, plus énergique et aussi plus ostensiblement intéressée et, par cela même, plus vaine et plus fâcheuse pour les tendances mêmes qu'elle rendit suspectes en prétendant les exploiter sous prétexte de les servir. Du côté de la Hollande, au contraire, le rapprochement retardé par les défiances réciproques consécutives à la Révolution ne pouvait manquer de se produire. Ici, rien à craindre et tout à gagner. La littérature flamande, à mesure qu'elle se développait davantage, prenait mieux conscience de n'être qu'une branche de la littérature néerlandaise. Dès 1841, le Taalcongres de Gand décidait de substituer à l'orthographe de Desroches un système plus uniforme que le gouvernement adoptait en 1844, en attendant de reconnaître, en 1867, l'orthographe hollandaise comme orthographe officielle. A partir de 1849, des congrès littéraires de plus en plus fréquentés, rassemblèrent annuellement écrivains flamands et écrivains hollandais, tantôt dans une ville du Sud, tantôt dans une ville du Nord. Leur activité se bornait d'ailleurs au domaine littéraire. En dépit des avances de leurs « frères du Sud », les Hollandais s'abstinrent soigneusement de toute immixtion dans le mouvement flamand et, pendant très longtemps du moins, ne manifestèrent que des sympathies platoniques. PREMIERS SYMPTOMES DU MOUVEMENT FLAMAND. — Les événements de 1848 amenèrent une recrudescence de la propagande en faveur de la langue maternelle et contre les abus dont elle souffrait. L'extension du corps électoral pour la province et pour la commune élargissait le nombre des citoyens intéressés à la question, beaucoup de nouveaux électeurs ne parlant que le flamand. Sous l'impulsion d'un comité central établi à Bruxelles, le nombre des pétitions adressées aux Chambres va croissant. La presse commence à intervenir et son langage se fait plus énergique. En 1849, des journaux déclarent que la situation linguistique est plus déplorable « que sous la domination de l'Espagne et de l'Autriche » (15). Quelques impatients parlent vaguement de séparation administrative. De Potter écrit en 1850 que « la langue française se pose maintenant vis-à-vis de la langue flamande comme faisait le néerlandais pour le français » sous le gouvernement de Guillaume (16). L'indifférence du gouvernement pour les réclamations qu'il reçoit ne fait qu'exciter et aigrir le mécontentement. Enfin, en 1856, le ministre De Decker nomme une commission chargée d'enquêter sur les griefs et de proposer des solutions. Elle déposa son rapport en 1858. C'était un programme de réformes si complet et si radical, si impossible d'ailleurs à appliquer tout de suite sans bouleverser dange- R o V 0 u m E (Anvers, Kipdorpbrug.) (Cliché Archives de la Ville d'Anvers, P. 10, négatif 523".) Le Théâtre flamand (Vlaamse Schouwburg) d'Anvers. Construit de 1869 à 1873 d'après les plans de l'architecte P. Dens, il fut inauguré le 16 août 1874. — Photographie. reusement l'organisation et le fonctionnement même de l'Etat, qu'il en alla de lui comme il en était allé dix ans plus tôt du rapport sur la condition des classes ouvrières. Du moins les abus étaient-ils dévoilés et le mouvement flamand ne devait-il plus cesser désormais de se fixer comme but la réalisation des réformes proposées par la commission. L'échec de celle-ci s'explique d'ailleurs par l'apathie générale de l'opinion dans les provinces flamandes à l'égard du problème linguistique. Le gouvernement n'ignorait pas que, à tout prendre, le nombre des « flamingants » était bien loin de correspondre à la virulence de leurs protestations. Peut-être cependant eussent-ils forcé le pouvoir à compter avec eux s'ils avaient réussi à s'organiser en groupe distinct (17). Mais, divisés eux-mêmes en catholiques et libéraux et plus passionnés encore pour la querelle politico-religieuse qui agitait le pays que pour leurs réclamations linguistiques, ils se combattaient au lieu de s'entendre et acceptaient la discipline des partis où ils s'absorbaient. Le Vlaamsch Ver-bond. fondé en 1861, n'avait pas tardé à se dissoudre sous l'action des différends confessionnels. En 1851, les catholiques étaient sortis de la société de propagande le Willemsfonds pour fonder en face de lui et en opposition avec lui le Davidsfonds. La prédominance des Wallons dans le parti libéral y réduisait les flamingants à une quantité négligeable. Plus nombreux dans le parti catholique, ils profitèrent de l'agitation meetinguiste qui, à Anvers, fit appel aux passions populaires et ouvrit l'entrée du Parlement aux premiers défenseurs de la cause flamande qui y siégèrent. Déjà d'ailleurs en 1861, le cabinet Rogier avait trouvé prudent de laisser insérer dans l'adresse votée en réponse au discours du trône une phrase engageant le gouvernement à faire disparaître les griefs des populations flamandes. Deux ans plus tard, au milieu de la stupéfaction de ses collègues, un député prêtait en flamand le serment constitutionnel (18). Bientôt la question linguistique se fait jour dans les débats qu'elle anime et parfois qu'elle aigrit. En 1866, des discussions s'engagent avec chaleur sur la nécessité d'administrer les Flandres en langue flamande. L'exécution, en 1865, de deux prévenus incapables de comprendre la procédure dont a résulté leur condamnation donne beau jeu aux attaques contre la francisation du pouvoir judiciaire. Quelques agités parlent d'un retour à la Hollande. Rien d'étonnant si, en 1870, le ministère d'Anethan s'engage à ne nommer à l'avenir dans la région flamande que des fonctionnaires connaissant le flamand. Enfin, en 1873, puis en 1878, deux lois votées presque à l'unanimité commencent à faire brèche dans le régime et à introduire quelques réformes dans l'organisation judiciaire et administrative (19). En 1883, le flamand prend pied comme branche obligatoire dans l'enseignement moyen des provinces flamandes. « ... le développement des affaires a rendu plus Intense le besoin de la seule langue dont elles se servent : le français. Les statistiques constatent que sa diffusion grandit sans cesse. » (Voyez le texte, p 178.) — Pourcentage (1866 = année de base) des personnes bilingues et des personnes parlant exclusivement le français ou le flamand dans le royaume et dans l'arrondissement de Bruxelles, entre 1866 et 1900. A gauche, pourcentage pour le royaume, à droite, pourcentage pour l'arrondissement de Bruxelles. Ici et là, le bilinguisme réalise les progrès les plus marquants : 159,95 pour cent dans le royaume, 164,9 pour cent dans l'arrondissement de Bru.xelles, en l'espace de trente-cinq ans. Les francophones progressent de 26 pour cent dans le royaume, de 125,55 pour cent dans l'arrondissement de Bruxelles. Quant aux Flamands unitingues, ils progressent de 17,3 pour cent dans le royaume, et de 15,2 pour cent seulement à Bruxelles après y avoir connu une diminution de 4,3 pour cent entre 1880 et 1890. Ce diagramme a été établi à l'aide des données de l'Annuaire statistique de la Belgique publié par le ministère de l'intérieur (1894, t. XXV, pp. 78-79 et 1904. t. XXXV, pp. 86-87). En 1866, les unilingues français et flamands et les bilingues sont respectivement au nombre de 2.041.784, 2.406.491 et 308.361 dans le royaume; 64.164, 295.645 et 111.338 à Bruxelles et dans l'arrondissement. En 1900, le même relevé donne : 2.574.805, 2.822.005 et 801.587 dans le royaume; 144.723, 340.653 et 294.901 à Bruxelles et dans l'arrondissement. L'augmentation proportionnelle correspondante de la population du royaume et de l'arrondissement de Bruxelles entre 1866 et 1900 est respectivement de 38.6 pour cent (6.693.548 contre 4.827.833 habitants) et de 77,4 pour cent (853.430 contre 480.991 habitants), d'après les mêmes statistiques. LE MOUVEMENT FLAMAND VERS 1880. -Mais si la brèche est ouverte, elle est encore bien étroite. Mal appliquées, au surplus, les lois nouvelles ne sont guère que le symptôme d'une transformation problématique. Depuis l'essor industriel communiqué au pays par le libre-échange, le développement des affaires a rendu plus intense le besoin de la seule langue dont elles se servent: le français. Les statistiques constatent que sa diffusion grandit sans cesse. En 1900, les habitants qui le parlent se chiffrent par 2.574.805 contre 2.822.005. Bruxelles produit sur l'étranger l'aspect d'une ville française. Si la presse flamande se développe, la presse de langue française trahit des progrès bien plus rapides et, à vrai dire, c'est par elle que se manifeste presque exclusivement la vie politique. Parmi les flamingants eux-mêmes, beaucoup doutent de l'avenir. En 1870, Vanderkindere pense que «ce n'est qu'une belle illusion de s'imaginer que la langue flamande puisse reconquérir ses positions perdues », et sous l'impression des victoires de l'Allemagne, il conseille de la laisser subsister comme dialecte populaire et de lui substituer l'allemand comme langue écrite (20). Dix ans plus tard. I ' ' ' (Londres, British Muséum, Cabinet des Estampes.) « Retrouvée » : scène de misère sociale et morale dans une grande ville. Un jeune campagnard conduisant un agneau au marché reconnaît son ancienne fiancée, misérable et égarée. Il essaye de la relever, mais elle se détourne de lui. — Dessin de Dante Gabriele Rossetti (Londres, I828-Birchington-on-Sea, 1882) signé G.R. et daté de 1853. Sous une forme discrète, l'artiste évoque un des nombreux drames de la grande ville. Vanderstraeten répondra encore aux reproches de n'avoir pas publié en flamand son Histoire du Théâtre populaire : « Trouvez-moi un éditeur dans cette langue et nous recommencerons le livre » (21). LE LIBERALISME ECONOMIQUE. ^ Toute époque d'expansion capitaliste est en même temps une époque d'économie libérale. Pour se dilater, la grande entreprise doit naturellement faire sauter les liens que la réglementation impose à l'initiative individuelle et à la concurrence. Organisée en vue de la production et du profit, rien n'y doit comprimer l'esprit d'invention et de progrès. C'est seulement lorsque le désaccord devient trop criant entre le régime de l'industrie et les abus qu'il entraîne, qu'une réaction se manifeste et que, cessant de tout sacrifier à la production, la société cherche à établir équitablement la répartition et la consommation des biens. Alors, à la liberté se substitue un système réglementaire et les mobiles sociaux l'emportent sur les mobiles économiques. De cette alternance, l'histoire fournit la preuve irrécusable. Le régime des métiers au Moyen Age comme le mercantilisme des temps modernes ont succédé à des périodes d'individualisme, et le socialisme contemporain n'est lui-même qu'une conséquence du formidable élan capitaliste qui a transformé le monde au cours du XIX' siècle (22). Les débuts de ce que l'on a appelé très justement la révolution industrielle de l'Europe sont antérieurs, on le sait, à la Révolution française. Mais celle-ci, en anéantissant toutes les survivances de la législation réglementaire de l'Ancien Régime, a puissamment contribué au succès de sa devancière. A vrai dire, elle ouvre pour le continent cet âge des machines oCi l'Angleterre était entrée dès les environs de 1750. Durant assez longtemps d'ailleurs, la liberté capitaliste ne s'imposa pas sans protestations. Les conservateurs la réprouvaient au nom de la tradition et de la morale, pendant que, poussant à l'extrême les conséquences de la proclamation des droits de l'homme, les premières écoles socialistes condamnaient, comme la pire des tyrannies, le principe de la concurrence universelle. On a vu plus haut que, jusqu'à la grande crise de 1848, la propagande saint-simonienne et la propagande fouriériste recrutèrent en Belgique un certain nombre d'adeptes pendant que les catholiques, les uns par conservatisme social, les autres par adhésion à la démocratie chrétienne de Lamennais, protestaient contre l'oppression des travailleurs et l'influence délétère des fabriques. Mais après l'écrasement de l'insur- 1 ' ■ I . (Anvers, Musée Royal des Beaux-Arts.) (Cliché A.C.L.) « Femme du peuple ». Buste sculpté en 1893 par Constantin Aleunier (Et-terbeek [Bruxelles], 1831-Ixelles [Bruxelles], I90I). Bronze. Hauteur : 68 cm. rection du prolétariat parisien (juin 1 848 ), tout le monde se réconcilia avec un ordre de choses qui apparut désormais comme identique à l'ordre social. Durant longtemps, le libéralisme économique fut accepté tout à la fois comme vérité scientifique et comme condition primordiale du progrès. A mesure que l'industrie se développait, elle imposait plus solidement, aux esprits et aux intérêts, le régime qui était la condition de sa prospérité. L'avénement du libre - échange en fut l'ultime consécration. Le discrédit du protectionnisme douanier se communiqua, si l'on peut ainsi dire, au protectionnisme social. L'un et l'autre furent considérés comme également absurdes et condamnables. Si quelques parlementaires se rappelaient encore l'enquête de 1843 sur la condition des classes ouvrières (23) et les projets de réforme qui en étaient résultés, ce n'était que pour sourire de leur folie. Toute la grande question sociale se réduisait au jeu de l'offre et de la demande. Toute intervention serait un trouble. L'harmonie ne résultait-elle pas de la concurrence ? Les crises mêmes n'étaient-elles pas des cataclysmes aussi fatals que ceux de la nature ? Si le prolétariat grandissait sans cesse et si la misère des travailleurs était trop évidente pour qu'on pût la nier, c'était là un mal aussi inévitable dans l'organisme industriel que la maladie dans l'organisme physique. La liberté, ne fournissait-elle pas d'ailleurs à l'ouvrier tous les moyens d'améliorer sa condition ? On lui avait donné des écoles; en sa faveur on avait supprimé les octrois; des caisses d'épargne étaient ouvertes; s'il ne profitait pas de ces avantages, les seuls qu'on pût lui offrir sans le dégrader, à qui pourrait-il s'en prendre, sinon à lui-même? (24). Si l'on compare, aux environs de 1860, la condition du prolétariat en Belgique avec ce qu'elle était dans les autres pays du continent, elle se révèle tout à la fois comme plus mauvaise et plus avantageuse. Elle était incontestablement pire que partout ailleurs à cause, tout d'abord, de l'extraordinaire densité de la population qui, fournissant les bras au travail en quantité surabondante, tendait à l'avilissement des salaires, et ensuite parce que la nécessité de produire à bon marché pour pouvoir soutenir la concurrence étrangère avait pour conséquence de mainte- nir ces mêmes salaires au taux le plus bas qu'ils pussent atteindre. En revanche, gratifié par la constitution des droits qu'elle prodiguait aux citoyens, l'ouvrier belge trouvait dans la liberté de la presse, de la réunion, du péti-tionnement des moyens puissants de s'affirmer dès qu'il songerait à s'en servir. Mais il n'y songeait pas. Par ignorance, mais surtout par piété, il se résignait à son sort. La propagande socialiste qui, avant 1848, n'avait pu mordre sur lui, avait cessé, et l'Eglise en lui faisant accepter sa misère, l'empêchait de protester. Son apathie semblait justifier la remarque de Proudhon sur l'affinité naturelle qui existe entre la religion et le paupérisme, là oii la plèbe n'est pas devenue socialiste ou révolutionnaire (25). LA CHARITE ET LA PHILANTHROPIE. - La charité privée et la bienfaisance adoucissaient sans doute ce paupérisme, mais en l'entretenant. Les secours qu'elles dispensaient aux misérables ne faisaient que prolonger leur ASSOCIATION FKATKKNELI.K DES OUVRIERS TilLLEllRS, par T^wi dmnt ÂV ^totlb. ItotoÎTr à OrairUf». Ir itt Hkml U« TKATAVZ »T bA TBHTS ■■ fOMT COHVTAMT. Lei «vanUge* de l'Asiocialion Miil irainentet, iacontexibln. D«puii longues «noéct la ihéorie les démontrait, iihus Tenons le* nwurer |inr la pralique. Conraiiieus de la rértlé du principe, Turts de notre cipérience. appuyé* sur iii> ratiilal rritillant de ootre travail, nous venons faire ap|»el i tons les intérèis, certains de tn satisfaire. Un simple exposé des avanlafet que nous offrons aux coasummateun suflira, nous l'espériKis. poor nous attirer (et (Tiapatbiea et 1« ounUanM de toai. LOTAOTt BAxa Lia BirroiTa. BOKra cexricne». tLMUICl. KOK MSKCHft. ctLturt. nàcrm'Di. Cet ariiiiiBgn sotil dos i l'intérêt qu'a eliaque asMtcio à satisfain* tes clients, au grand iiombrr de bras dont I*Association dis|ioso, rI surtout aux rapftorts directs entre le cuiimmianteur et Ir producteur, cnr nnu« supprimons les intermédiaires entre les mains desquels les produits ang-nieiitrnt de prix et non de valeur. Nous espérons done que tout partisan de l'éetHiomie réelle l'ndreMera à iioo» et conniurra ainsi i Tacoomplissement de l'auvre que nous ««ons ontrepriae : laaoKEt Li •iKM^m rr u rauiociLLir* TOUS m LI TKAVAII.. LE Sl£GE DE L ASSOCIATIOIt EST tCimUUNT rETITI HE DES TIOIS TETES, 2. INCESSAMMENT L'OUVERTUIK D'UN MAGASIN DANS LE CENTRE DE BRUXELLES. Hotâ., B«ui priom Im perMinne* trop ëluignén ' n CODLON, g^rtnl do l'Aiwioialion. I i|Dt ne rouilrnieiit pal ■« déranger d'ocrire /). 0iiMmt<*. inifnmrm, rur rf» ta t'hèrrr, 5 (Bruxelles, Bibliothèque Royale, recueil coté II, 4742, 4», vol. 44, n» 34.) « ... l'Association (raternelle des ouvriers tailleurs » que l'on peut considérer comme la première société coopérative de production dans le pays.» (Voyez le texte, p. 181.) — Circulaire imprimée par les membres de r« association... ». Constituée devant notaire le 15 avril 1849, elle prétend offrir les avantages suivants ; Loyauté dans tes rapports. Bonne confection. Elégance. Bon marché. Célérité. Exactitude. Elle supprime les Intermédiaires et vise à assurer le bien-être et la tranquillité de tous par le travail. — Exemplaire provenant de la Collection Stevens. LA FOIRE AUX IDEES, DESSINEE PUR BERTALL. PROFESSEUR DE PROTHESE COHIPUE. Bnlindinilm! DrtUn-im-im ! An.'! Jim.'If din-inn! Ha-Jan!!.:. pat! pat !f peut!! rntrmmi, mtmTrmt' sma^ saint llTtule! c'est imUM.c'esl lemmat.pnTiIn tt.ctsttrm te imnntpi: lotiilems ...... (Paris, Bibliothèque Nationale, Cabinet des Estampes.) « La foire aux idées, dessinée par Bertall, professeur de prothèse comique, > Bertall a groupé sous les traits de charlatans, de droite à gauche : Considérant et les fouriéristes, Proudhon, Louis Blanc, Pierre Leroux entouré de George Sand et du journaliste Thoré, Robert Macaire et Cabet. — Caricature publiée par Bertall (pseudonyme de Charles-Albert vicomte d'Arnoux [Paris, 1820-1883]), dans Le Journal pour rire d'octobre 1848. L'initiative des particuliers concourait avec Celle de l'Etat au relèvement de la classe laborieuse. Les catholiques organisaient des patronages et des « sociétés des jeunes ouvriers » fournissant chaque dimanche à leurs membres, sous l'œil du clergé, l'innocente distraction des jeux populaires, des fanfares, des répétitions de pièces moralisantes. Parmi les libéraux, on comptait avant tout sur le développement de l'instruction et de l'initiative individuelle. A Gand, sous la généreuse impulsion de François Laurent, l'administration communale multipliait les écoles et s'efforçait d'y inspirer le goût de l'épargne, le sentiment de la dignité personnelle et les vertus civiques. Toutes les grandes villes s'efforçaient de même à vulgariser l'enseignement, à installer des écoles du soir, des écoles professionnelles, à fonder des bourses d'études en faveur des enfants les mieux doués. misère. Si grand que fût leur dévouement, ni les sociétés de Saint-Vincent de Paul ni les visiteurs des pauvres ne pouvaient qu'alléger des détresses individuelles, mais non combattre la détresse collective qui leur paraissait une conséquence nécessaire de l'ordre social sinon même un décret de la providence. Quant aux institutions créées soit par l'Etat, soit par les industriels pour pousser la classe ouvrière à améliorer elle-même sa condition, leurs résultats étaient loin de répondre à leur destination. Le taux infime des salaires rendait impossible la généralisation de l'épargne. En 1850, on ne comptait que 211 sociétés de secours mutuel contre la maladie, possédant ensemble 24.367 membres. La loi du 3 avril 1851 n'avait pas réussi à améliorer cette situation. Les organismes mutualistes qu'elle avait constitués n'étaient, en 1860, qu'au nombre de 40 avec 7.000 adhérents. Des caisses de prévoyance alimentées par les versements volontaires des patrons et des ouvriers, seule celle des mineurs qui, en 1860, comptait 80.783 affiliés, répondait, quoique imparfaitement, à l'attente de ses fondateurs. L'institution d'une caisse générale d'épargne en 1865 n'avait pas eu d'effets plus heureux. Et il en avait été de même, en 1866, de l'étabUsse-ment des écoles d'adultes fondées pour « donner le pain de l'intelhgence aux ouvriers ». En 1873, la loi sur les sociétés coopératives n'avait profité, bien modestement d'ailleurs, qu'à la petite bourgeoisie. En revanche, l'obligation du « livret », incompatible avec les principes libéraux, tombait peu à peu en désuétude : elle fut rayée de la législation en 1883. Plus effective encore avait été, en 1866, l'abolition du délit de coalition, d'où découlait la reconnaissance du droit de grève. (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes.) « ... un jeune bourgeois démocrate et flamingant, Emile Moyson, entreprenait parmi les travailleurs gantois une agitation qui aboutit, en 1859, à une grève plus sérieuse encore que celle de 1857... » (Voyez le texte, p. 182.) - Emile Moyson (Gand, 1838-Haut-Pré [Liège], 1868). Dès l'âge de dix-huit ans il embrassa la cause des ouvriers, leur conseillant l'association et réclamant le suffrage universel. A son instigation, les sociétés des fileurs et des tisserands gantois (voyez l'illustration de la p. 181) s'affilièrent à l'Internationale, Ses poésies fustigent les classes dirigeantes et les adversaires du mouvement flamand. — Lithographie de Fiorimond Van Loo (né à Gand en 1823). Il est incontestable que ces efforts combattirent efficacement l'ignorance dégradante du prolétariat et que, dans les villes du moins, l'école créa peu à peu au sein de la masse une élite dont l'action ne devait pas tarder à se faire sentir. Mais la misère de sa condition sociale continuait à peser sur elle d'un poids trop lourd. Quinze ans après l'inutile enquête de 1843, Ducpétiaux constate encore que « dans le plus grand nombre des cas, les • ressources de la classe laborieuse ne sont plus en rapport avec ses besoins essentiels, que sa situation s'aggrave en raison de l'élévation continue du prix des denrées, et que si l'on ne parvient pas à rétablir l'équilibre entre son salaire et ses dépenses indispensables, il faut s'attendre à une crise sérieuse dont nul ne peut prévoir l'issue » (26). Vainement, en 1852, le congrès d'hygiène et, en 1856, le congrès de la bienfaisance avaient réclamé des mesures modérant le travail des femmes et des enfants; vainement, un groupe de maîtres de houillères (1852), des industriels gantois (1859), le conseil provincial du Hainaut (1859), puis celui du Brabant avaient suivi leur exemple. Un projet de loi que Rogier eiît voulu présenter en 1860 avait dû, en présence de l'opposition des Chambres de commerce et de la majorité des conseils provinciaux, demeurer dans les cartons. En 1869, Frère-Orban affirmait encore devant le Parlement que la « réglementation du travail est une forme de la servitude » (27). Et en cela du moins il se rencontrait avec les catholiques. Leurs congrès de 1864 et de 1867 s'étaient prononcés contre toute intervention de l'Etat (28). A Louvain, Périn ne dénonçait les abus du régime capitaliste que pour en montrer le remède dans la charité chrétienne. Il fallut attendre jusqu'en 1878 pour qu'une loi, encore bien timide, mît fin au scandale de l'emploi des enfants au fond des mines. Le dogme de la liberté économique était encore tellement enraciné qu'un des orateurs les plus écoutés de la Chambre vit dans cette innovation le premier pas qui conduisait le pays au césa-risme (29). PREMIERS ESSAIS D'ORGANISATION OUVRIERE. — Cependant, au sein de la classe ouvrière, le sentiment de l'impuissance ne faisait que renforcer le mécontentement. La seule arme qu'elle pût employer pour combattre sa misère, la grève, la laissait chaque fois plus faible et plus aigrie. Car, faute d'organisation et de ressources, les chômeurs étaient bientôt contraints d'abandonner une résistance qui n'avait pour résultat que de les (Gand, propriété de la Centrale des Ouvriers Textiles de Belgique.) (Cliché De Wilde.) « La création à Gand, en 1857, des deux sociétés fraternelles des tisserands et des fileurs, marque une date dans l'histoire de ces prennières tentatives d'organisation... la société des fileurs gantois s'entoure d'un cérémonial copié sur celui des corporations de métiers de l'Ancien Régime... elle possède un drapeau... » (Voyez le texte, pp. 181 et 182.) — Drapeaux des tisserands et des fileurs gantois (1858). A gauche celui des tisserands (Broederlyke Maetschappy der ll'i'vfrs van Gent). au lion d'or sur champ de sable et à la devise de la ville, au-dessus, au lion d'or sur champ de gueules au-dessous; à droite, celui des fileurs â la devise nationale (Eendragt maakt macht) et à l'inscription Maetschappy der Spinders van Gent. .Motifs et devises dorés s'inscrivent dans un encadrement blanc; le fond est noir et les franges sont dorées. Les deux drapeaux portent la date de 1858 et mesurent 1.50 m. de hauteur et 0.95 m. de largeur. — La devise « Ood en Wet » dont parle Pirenne aurait figuré sur le drapeau de la première société des fileurs gantois dissoute quelques mois après sa fondation (1857). -Mais certains estiment que les termes «Ood en Wet» furent inscrits en tête du règlement de l'association, et non pas sur son drapeau. endetter et de faire condamner à la prison ceux d'entre eux qui avaient dirigé le mouvement. Il existait bien quelques rares survivances des compagnonnages de l'Ancien Régime, comme par exemple à Bruxelles l'Association de secours mutuels et de prévoyance des approprieurs cha' peliers (30), mais c'étaient là des vestiges d'un passé trop différent du présent pour pouvoir s'y propager à nouveau. Si parfois un ouvrier revenant de l'étranger et s'inspirant de son exemple cherchait à fonder un groupement professionnel, l'ignorance et l'incapacité des membres en amenaient bientôt la disparition. Il en fut ainsi à Bruxelles, en 1849, de l'Association fraternelle des ouvriers tailleurs que l'on peut considérer comme la première société coopérative de production dans le pays, et des essais qui lui succédèrent durant longtemps, à l'exception de l'Alliance typographique de Bruxelles, dont le succès relatif s'explique par les aptitudes supérieures des travailleurs de l'imprimerie (31). La création à Gand, en 1857, des deux sociétés fraternelles des tisserands et des fileurs, marque une date dans l'histoire de ces premières tentatives d'organisation (32). Leur but était l'entraide mutuelle en cas d'accident et de chômage, grâce à des cotisations de cinq centimes par semaine. Sous son influence, la grande grève qui éclata la même année dans la ville en vue d'un relèvement des salaires, affecte des allures toutes nouvelles. Cette fois (Bruxelles, clinique César De Paepe [= De Paepe] et AUison du Peuple [= Volders].) Deux militants socialistes de la première heure : César De Paepe (à gauche) et Jean Volders (à droite). César De Paepe (Ostende, 18-)2-Cannes, 1890), docteur en médecine, milita très tôt dans les rangs des libres-penseurs et des marxistes. Co-fondateur du Parti ouvrier belge (1885), il défendit, par la parole et par la plume, un idéal socialiste, républicain et rationaliste. — Portrait peint par Charles De Freyn. — Jean Volders (Bruxelles. 1855-1896), ancien employé à la Banque Nationale, s'occupa de politique locale avant de devenir rédacteur du National Belge, puis de La République et du Peuple. C'est surtout comme collaborateur de ce dernier journal et comme orateur qu'il fut appelé à jouer un rôle dans l'histoire du Parti ouvrier. — Photographie. on se trouve en présence d'un plan concerté et d'une action disciplinée. Le travail cesse sur un mot d'ordre après une entrevue inefficace avec les patrons. Les chômeurs sont secourus. Des demandes de fonds sont adressées au nom de la solidarité ouvrière aux camarades de Roubaix. Les fabricants s'inquiètent de se heurter à une résistance qui les étonne et qui les indigne. Plutôt que de se « laisser faire la loi par les ouvriers », ils menacent le Conseil communal de fermer toutes les usines. Cette première escarmouche finit d'ailleurs par la condamnation des « meneurs », en vertu de la loi sur la coahtion. Mais elle ouvrait une lutte qui ne devait plus cesser. Dès l'année suivante, un jeune bourgeois démocrate et flamingant, Emile Moyson, entreprenait parmi les travailleurs gantois une agitation qui aboutit, en 1859, à une grève plus sérieuse encore que celle de 1857, et à la publication du Werkverbond, qui semble bien être l'ancêtre de la presse prolétarienne en Belgique. Ne se réclamant d'aucun parti, cette petite feuille déclare n'avoir pour but que l'amélioration du sort des classes inférieures. Sa devise « voor Vaderland en Wet en God » dénote suffisamment qu'elle réprouve toute action révolutionnaire. De lutte de classes, d'excitation des pauvres contre les riches, pas un mot dans ses colonnes. Visiblement ses rédacteurs sentent qu'il faut ménager la piété traditionnelle de la masse. Cette apparition si nouvelle qu'est la société des fileurs gantois, s'entoure encore d'un cérémonial copié sur celui des corporations de métiers de l'Ancien Régime; son président porte un costume d'apparat, elle possède un drapeau où sont brodés les mots « God en de Wet », et elle fait dire des messes auxquelles ses membres sont obligés d'assister. Pourtant, des symptômes significatifs permettent de présager l'avenir. Au sein de la classe ouvrière naît peu à peu la volonté de se relever par son propre effort. Les tisserands gantois fondent une société de lecture {Leesgezelschap) qui suffirait à elle seule à caractériser l'orientation nouvelle des esprits. Le principe libéral de l'affranchissement par l'instruction commence à s'infiltrer dans le peuple. Et il n'est pas étonnant que ce soit à Gand, la ville dont la bourgeoisie a fait le plus pour ses écoles, que le mouvement se soit développé avec le plus de hâte et de vigueur. « De républicains, écrivait Proudhon en 1862, il n'existe pas en Belgique un sur dix mille; de socialistes, néant » (33). En cherchant bien pourtant, il en aurait trouvé quelques-uns, ceux-ci, adeptes théoriques d'une réforme sociale inspirée, comme chez un G. De Greef ou un Hector Denys, des conceptions scientifiques du positivisme, ceux-là comme César De Paepe, initiés aux doctrines marxistes et résolus à les propager non seulement par la plume, L'HYDRE DU SOCIALISME EN BELGIQUE. Par Alfred Le Petij j. Vicior ArnooM. à. Guillaume De Grwf. 3. Hector D«i«. Kugeu® Robert r>. l'aul Janson. 6. Vwi Caubcrgh. 7. Nicolas Gomn. 8. César De Pupe. 9. DéÀré Brismée. 10. Eugène Steeos. It. Guillaume Brasseur. 13. Cuniille Standoeri. Nicolas CouloD. 14. Laurent Verr) cken. 15. Prosper VogleL 16. Léon ?Ionniei. 17. François Haeck. 18. A^dthon De Potier. 19. Polydore Verbaawea SU. Edouard Anseele. 21. Paul Dewacbler. e, Edmond Van Beferea 23. Fnms Uasermans. 2*. Henri Kisterotecker». 25. Michel Tbonar. 26. Verhaelebeek. 27. François GoeUchalck. 28. Louis Bertrand. 29. Félix Frenay. 30. Emile Pictle. 31. Henri Swinnen. 82. Philippo Cœnen. 33. Coaxtant (Joeliicbalck, 34. Abel MaMuil. 35. Aibert Delnarte. 36. Alfred Herman. (Bruxelles, exemplaire de la Bibliothèque Royale, J.B. 20 fol.) « L'Hydre du socialisme ». Caricature publiée dans La Bombe (sous-titre : éclatant tous les samedis) du 21 juin 1879 par Alfred Le Petit. Les numéros inscrits sous chaque tête sont reportés sur la légende du bas de la page qui identifie les personnages représentes. r-'î'" . ■ i l^ih;:'! ' . «'in liiî'.; : i. i : mt !; n I II-' ■ ■ M M l'i^ji! I r ' i H-rQ I (Cliché Alisson.) La Maison du Peuple de Joliment (Haine-Saint-Paul), la première en son genre en Wallonie (1872). Fondée le 29 juillet 1872 par Théophile Massart, ainsi que le rappelle une plaque commé-mnrative. la première Maison du Peuple de Joliment, reproduite ci-dessus, a été détruite et remplacée par un autre immeuble à la fin du XIX» siècle. Une photographie du local primitif est conservée à l'actuelle .Maison du Peuple. mais par l'action. Dès 1860, De Paepe avait fondé à Bruxelles l'association Le Peuple, dont le journal La Tribune du Peuple menait énergiquement campagne parmi un groupe d'ailleurs infime de lecteurs. INFLUENCE DE L'INTERNATIONALE. - La création, en 1864, de l'Association internationale des travailleurs devait brusquement décupler son action et pousser en même temps au socialisme le prolétariat encore incertain et hésitant. De Paepe avait assisté à Londres à la naissance de l'Internationale et jusqu'à sa dissolution en 1876 n'avait cessé de prendre part aux discussions passionnées qui y mirent aux prises les partisans de Proudhon et de Bakounine avec ceux de Marx pour aboutir enfin au triomphe de ce dernier. C'est à lui sans doute qu'est due la session à Bruxelles du Congrès de l'Association en 1868, oîi il présenta un rapport condamnant la petite propriété au nom de la science et la grande au nom de la justice. Désormais, l'idée socialiste devait dominer, directement ou indirectement, toute l'histoire ultérieure du prolétariat. Ce n'est pas qu'elle se soit tout de suite imposée à lui. Son premier résultat fut seulement de susciter une fermentation qui, dès 1866, se traduit par une active campagne en vue de l'extension du droit de suffrage. La bourgeoisie démocrate appuyé d'ailleurs ce mouvement dont les manifestes repoussent « les théories qui prêchent la haine entre les citoyens » (34). Mais dès l'année suivante, un nouveau journal, La Cigale, prêche ouvertement le socialisme et la révolution, se réclame des principes de l'internationale et multiplie les meetings qui, surtout dans les régions industrielles du Hainaut et du pays de Liège, font appel à la violence. A Anvers, en 1868, le Werker se fait l'organe des sections flamandes de l'Internationale. Le Mirabeau répand son influence dans le bassin de Verviers. En 1869, la grève qui éclate à Seraing surprend par sa violence, tourne en émeute et s'achève par une répression sanglante. En face de ce mouvement, la constitution laissait le gouvernement sans autre recours que celui de l'intervention en cas de délits. La liberté de la presse et la liberté de réunion ne permettaient pas d'enrayer la propagande et, si effrayante qu'elle apparût, personne ne songeait à lui refuser le bénéfice des droits dont jouissaient tous les Belges. Malgré les instances du procureur général, le ministre de la Justice, Jules Bara, refusa de traduire les meneurs devant la Cour d'assises sous prétexte de complot et fit remettre en liberté ceux qui se trouvaient sous les verrous. Cependant, la violence des paroles plus encore que celle des actes, épouvantait ceux-là même qui, dans les rangs de la bourgeoisie, avaient témoigné une compassion sincère aux misères du peuple. Ducpétiaux, désorienté, gémissait sur l'égarement des ouvriers corrompus par des « théories subversives » et ne voyait de salut que dans la diffusion de l'instruction et de l'épargne (35). LE PARTI SOCIALISTE BELGE. - Mais l'instruction et l'épargne étaient précisément les moyens que les ouvriers entendaient désormais appliquer eux-mêmes à la victoire de leur programme. Le sentiment que l'on décore du nom de conscience de classe, bien que sa force dérive surtout de ce qu'il a d'inconscient, était désormais soulevé, et il suffisait de le diriger pour qu'il se propageât. Dès 1877, l'idée de former un parti socialiste belge, déjà entrevue par Moyson quelques années plus tôt, s'imposait au groupe gantois agissant sous l'impulsion d'Edouard An-seele et de Victor Van Beveren. L'impossibilité de s'entendre avec les Wallons, dont l'impatience exigeait une action révolutionnaire immédiate, n'empêcha pas la fondation, à Malines, du parti socialiste ouvrier flamand (Vlaamsche socialistische arbeiderspartij). Son programme, tout de réalisation pratique, réclamait le suffrage universel, la législation directe par le peuple, la substitution des milices à l'armée, la séparation de l'Eglise et de l'Etat, bref une révolution légale. L'outrance de ces revendications d'ailleurs ne doit pas faire illusion sur le nombre de leurs partisans. En réalité l'agitation déclenchée depuis 1864 n'avait encore pénétré que la couche superficielle du prolétariat. Ses violences et les allures antireligieuses qu'elle affectait maintenant nuisaient à ses progrès. Livrés à leurs propres forces, au surplus, les socialistes flamands étaient trop faibles. L'appui des Wallons leur était indispensable. On finit par vaincre leur répugnance à l'égard du marxisme et, en 1879, un congrès réuni à Bruxelles décidait la formation du « Parti socialiste belge» (36). Contre la domination de la bourgeoisie, les travailleurs des deux régions du pays s'unissaient ainsi, comme catholiques et libéraux s'étaient unis 'S ■ 184 en 1829 contre le gouvernement de Guillaume. L'esprit révolutionnaire s'accentuait à mesure de l'extension du mouvement. En 1877, pendant une visite à Gand, le roi était accueilli à coups de sifflet. Mais l'idéal socialiste était bien loin encore de s'imposer aux esprits. Accessible seulement à une minorité d'intellectuels, presque tous ceux qui s'en réclamaient ne le concevaient que comme l'annonciation d'une ère de justice et d'égalité où le peuple, secouant enfin sa longue misère, fonderait le bonheur universel en s'emparant du pouvoir. Les chefs de l'agitation ouvrière, tous sortis du peuple, n'avaient d'autre instruction que celle de l'école primaire, complétée par la lecture d'Eugène Sue, des Misérables de Victor Hugo, de brochures de propagande et de journaux révolutionnaires (37). Très peu d'entre eux connaissaient Marx autrement que par des exposés populaires de sa doctrine. Parmi les Flamands, il semble bien que les rêveries communistes publiées en 1854 par un arpenteur de Sleydinge, Nicolas de Keyser, sous le titre de Het naturregt, aient passé inaperçues. Mais tous, les éprouvant eux-mêmes, connaissaient les besoins du prolétariat et se passionnaient pour sa cause. En attendant l'avènement d'un ordre social nouveau, ce qui leur apparaissait le plus pressant, c'était la lutte contre la misère, le relèvement matériel du pauvre d'oii sortirait son relèvement moral, condition indispensable de la victoire finale. La solidarité ouvrière, en prouvant son efficacité, s'imposerait en même temps à tous les travailleurs et, à mesure qu'elle améliorerait leur condition, propagerait parmi eux le sentiment de classe. La charité et la bienfaisance « bourgeoises » ne servaient qu'à engourdir l'énergie du peuple et à prolonger sa misère. Il fallait ne rien devoir qu'à soi-même et s'affranchir des aumônes intéressées des riches. La création à Gand, le 21 novembre 1880, de la boulangerie coopérative Vooruit, marque l'entrée du mouvement socialiste belge dans la voie des réalisations pratiques (38). Due à la scission qui venait de s'opérer parmi les membres de la coopérative neutre De Vrije Bakkers, elle s'associa, dès l'origine, la coopération et la propagande sociale. Grâce au dévouement et à l'esprit d'initiative de ses dirigeants, elle prospéra si bien qu'en 1883, elle quittait le petit cabaret où elle s'était fondée pour acheter sur le Marché-au-Fil un immeuble où se groupèrent autour d'elle les diverses sociétés socialistes de la ville, et où, dès l'année suivante, commença de paraître, sous la direction d'Ed. Anseele, le journal qui lui emprunta son nom de Vooruit. LE PARTI OUVRIER BELGE. - Ce fut la première installation du sociahsme belge. Et sans doute l'idée dont elle s'inspirait n'était pas neuve. Dès 1869, quelques fidèles de l'Internationale avaient fondé à Fayt, dans le Hainaut, une société coopérative de consommation à laquelle avait succédé, en 1871, la Maison du Peuple de JoH-mont, tout ensemble société coopérative et local de réunion pour les fédérations de l'Association internationale des travailleurs dans la région industrielle du Centre. Mais le succès n'avait guère répondu aux espoirs des fondateurs. L'exemple du Vooruit, dont les statuts furent adoptés à Jolimont en 1886, dota le pays wallon d'un établissement dont la prospérité et l'influence devaient rivaliser bientôt avec celles de son modèle. Et désormais, en dépit de l'hostilité de la petite bourgeoisie et de quelques groupes d'anarchistes, le principe coopératif s'impose comme la condition indispensable du relèvement de la classe ouvrière. A la théorie révolutionnaire se substitue une méthode soucieuse avant tout de résultats. L'essentiel est de fonder le parti sur la base solide de l'intérêt, de lui constituer des ressources, de le discipliner en vue de la conquête des réformes indispensables et de l'action politique. C'est en vue d'organiser celle-ci et d'en définir les buts qu'au mois d'août 1885, une centaine de délégués représentant cinquante-neuf associations, constituèrent à Anvers, le « Parti ouvrier belge ». Le nom qu'il se donna suffit à marquer l'évolution accomplie depuis six ans. Par opportunisme, par crainte d'effaroucher les timides, on évite de se réclamer ouvertement du socialisme, on se borne, en hommes pratiques, à formuler un programme de classe dont la réalisation, grâce aux libertés constitutionnelles, peut et doit aboutir sans l'aide de la révolution. Le point essentiel est la conquête du suffrage universel. Le reste viendra par surcroît : suppression du remplacement militaire, limitation du travail des femmes et des enfants, fixation de la durée des heures de travail, responsabilité des patrons en cas d'accident, intervention des syndicats dans les règlements d'usines, suppression des caisses d'épargne instituées par les patrons, réforme des conseils de prud'hommes, institution d'assurances ouvrières, abolition des impôts indirects, instauration de l'impôt sur le revenu, suppression de toute aliénation du domaine pubhc et retour à l'Etat ou la commune, représen- tes membres du congrès d'Anvers des 15 et 16 août 1885 où furent jetées les bases du Parti Ouvrier Belge. Photographie extraite de L. Bertrand : Histoire de la démocratie et du socialisme en Belgique depuis 1830, t. II, p. 373. (Bruxelles-Paris, 1907, gr. in-8°.) H t M ■■ I KI I I: "li: ' irnîir $ ii'H : ! I ii ifl ; i j 'P; j : HISTOIRE DE BELGIQUE tants de la collectivité, de tous les services d'intérêt général qui ont été abandonnés aux particuliers. Pour la plupart, ce sont là des réformes dont la Commission de 1843 avait déjà réclamé un grand nombre et dont beaucoup étaient réalisées depuis longtemps dans les pays voisins. Si le parti ouvrier s'affirme donc nettement comme interventionniste et démocrate, il se garde de toute tendance communiste. Ses revendications les plus hardies ne vont pas au delà d'un socialisme étatique ou municipal devant lequel certains gouvernements n'ont pas reculé. Incompatible avec le libéralisme traditionnel, il n'est point de nature à effaroucher cette partie de la bourgeoisie progressiste qui, comme lui, réclame le suffrage universel. Vis-à-vis des catholiques, il s'abstient enfin de tout anticléricalisme de principe et se borne à déclarer la religion une « affaire privée ». C'en est assez d'ailleurs pour heurter l'Eglise en face, et dès le premier jour son opposition sera l'obstacle essentiel qu'il lui faudra vaincre. NOTES (1) Huyttens, Discussions du Congrès national, t. II, p. 52, t. III, p. 95. (2) Ibid., t. I, p. 330. (3) Règlements de la ville de Gand, t. IV, p. 289. (4) Nothomb, Essai historique sur la Révolution belge, 3» édit., p. 439, croit qu'il faudrait adopter le français pour la langue de la Belgique, parce qu'il est « l'instrument le plus universel de la pensée humaine », mais sans se mettre pour cela à la remorque de la France. (5) E. Descailles, Charles Rogier, t. III, p. 219. (6) Stockmar, Denkwurdigkeiten, p. 375. Cf. Ducpétiaux, De l'état de l'instruction en Belgique, t. I, p. 164. (7) En 1844, Charles Rouveroy considère le flamand et le wallon comme deux patois dont l'extinction est fatale et d'ailleurs souhaitable. Voy. V. Chauvin dans La Nation belge, p. 289. (8) M. J. J. van der Voort, Coup d'œil sur la langue et la littérature flamandes en Belgique considérées comme langue et littérature nationales, p. 18 (Anvers, 1837). (9) Règlements de ta v.ille de Gand, t. IV, p. 351. (10) T. Bergmans, Geschiedems der stad Lier, p. 621. (11) L. Hymans, Histoire parlementaire, t. II, p. 162. (12) 0. De Decker, Du pétitionnement en faveur de la langue flamande (Bruxelles, 1840). (13) G. Fischer, Belgie a Nemecko, p. 90 (Prague, 1927). (14) Elles furent l'occasion de la fameuse chanson de Clesse : « Flamands, Wallons ne sont que des prénoms. » Belges est notre nom de famille. » (15) E. Discailles, Charles Rogier, t. 111, p. 304. (16) L. De Potter, Souvenirs intimes, p. 311. (17) Voy. sur ceci F. Oetker, Belgische Studien, pp. 587 et suiv. (Stuttgart, 1876,). Il avait travaillé durant son séjour en Belgique, de 1854 à 1859, à susciter la formation d'un parti flamand. (18) L. Hymans, Histoire parlementaire, t. IV, p. 208. (19) Voy. plus haut, p. 146. (20) Revue de Belgique, 1870. (21) E. Vanderstraeten, Le théâtre villageois en Flandre, préface. (22) H. Pirenne, Les étapes de l'histoire sociale du capitalisme (Bulletin de l'Académie royale de Belgique, Classe des lettres, 1914). (23) Voy, plus haut, pp. 76 et suiv. (24) Sur le libéralisme économique de l'époque voy. P. Michotte, Les idées économiques en Belgique de 1830 à 18S6 (Louvain, 1904) et P. Defourny, dans Histoire de la Belgique contemporaine, t. Il (Bruxelles, 1929). (25; Proudhon, La fédération et l'unité en Italie, p. 113. (26) Ducpétiaux, La question de la charité, p. 258. (27) L. Hymans, Histoire parlementaire, t. IV, p. 505. (28) En 1863, B. Dumortier déclare à la Chambre que « le principe d'après lequel l'intérêt social doit primer l'intérêt individuel est la base de tous les despotlsmes ». L. Hymans, Histoire parlementaire, t. IV, p. 156. (29) L. Hymans, Histoire parlementaire, t. V, 2« partie, p. 37. (30) G. Des Marez, Le compagnonnage des chapeliers bruxellois (Bruxelles, 1909). (31) L. Bertrand, Histoire de la coopération en Belgique, pp. 207 et suiv. (Bruxelles, 1902). (32) Pour ce qui concerne les origines du mouvement ouvrier à Gand, je suis surtout ici Avant, Een terugblik (Gand, 1908). (33) Proudhon, La fédération et l'unité en Italie, p. 113. (34) Voy. le « manifeste des ouvriers » du 18 janvier 1866 dans J. Destrée et E. Vandervelde, Le Socialisme en Belgique, pp. 77 et suiv. On n'y réclame même pas le suffrage universel, se contentant de faire dépendre le droit de vote du savoir lire et écrire. (35) Ducpétiaux, La question ouvrière en Belgique. (36) J. Destrée et E. Vandervelde, Le socialisme en Belgique (2« édit., Bruxelles, 1903). (37) Voy. dans le journal Le Peuple du 27 février 1922, ce que L. Bertrand raconte de ses premières lectures. (38) Voy. Avanti, Een terugblik. LIVRE IV DE 1ÔÔ4 A 1914 (Bruxelles, Palais de la Nation.) (Cliché A.C.L.) Salle des séances publiques de la Chambre des Représentants. Vue partielle. Elle a été reconstruite en 1886 sur l'emplacement de l'ancienne salle de la deuxième Chambre des Etats Généraux détruite par l'incendie de 1883. La salle, en forme d'hémicycle, est construite en pierres blanches et meublée d'acajou. La tribune des orateurs se trouve aux pieds du bureau du président. Au-dessus de celui-ci, statue de Léopold l"-, sculptée par Charles Fraikin (Herenthals, 1817-Schaerbeek, 1893) et reproduisant la statue primitive détruite en 1883. C'est dans cette salle que les rois des Belges ont prêté le serment constitutionnel, à l'exception de Léopold I®' (voyez p. 25), et qu'Albert I®"' et les représentants de la Nation proclamèrent la résistance à l'envahisseur allemand le 4 aoiit 1914. CHAPITRE PREMIER AVANT LA REVISION CONSTITUTIONNELLE E REGIME CENSITAIRE AU POINT MORT. ^— La chute du gouvernement libéral au mois de juin 1884 est bien plus qu'une péripétie parlementaire. Elle annonce la fin du régime sous lequel le pays avait vécu depuis la Révolution. Sa signification ressort du rapprochement de sa date avec celles de la reconnaissance de l'Etat indépendant du Congo (26 février 1885), de la fondation du parti ouvrier belge (15-16 août 1885) et des grandes émeutes de 1886. Envisagée de haut, elle n'apparaît donc que comme une des manifestations de l'évolution générale qui entraîne le pays vers un ordre de choses oîi les questions économiques, les questions sociales et les questions politiques se conditionnant mutuellement, vont retentir profondément sur la vie nationale et en modifier l'aspect et la direction. Le libéralisme censitaire qui, depuis un demi-siècle, avait dans tous les domaines déterminé les destinées de la Belgique, avait trouvé en Frère-Orban son expression la plus complète et son déclin coïncide avec le renversement de ce grand ministre. Au vrai, la bourgeoisie avait réalisé son programme. Dans l'ordre économique comme dans l'ordre social, elle en avait poussé à l'extrême toutes les conséquences. Conformément à ses principes, elle avait développé les libertés constitutionnelles dans le sens de l'individualisme le plus absolu. Sur la seule question qui la divisât, la question religieuse, le désaccord ne portait au fond que sur la conception différente que les catholiques et leurs adversaires se faisaient de la liberté individuelle dans ses rapports avec l'Eglise. Mais l'acharnement de la lutte qu'expliquent sur ce point les exigences de la foi, faisait d'autant mieux ressortir sur les autres, l'entente î. , ! i ' > > I ' • - ; : . I irV'h: t ; r^'f ri I HISTOIRE DE BELGIQUE des partis. A mesure cependant qu'elle se prolongeait, cette entente apparaissait davantage comme se maintenant beaucoup plus par l'intérêt de classe que par considération d'intérêt public. Si les progrès de l'industrie justifiaient l'idéologie libérale, les abus et les misères qui en résultaient n'exigeaient-ils pas au moins quelque tempérament dans son application ? Le gouvernement belge, qui avait jadis donné l'exemple de tant d'innovations hardies en matière économique, se laissait maintenant dépasser par tous ses voisins. L'Angleterre, l'Allemagne, la France avaient beau lui donner l'exemple, il se refusait à renoncer au dogme périmé de l'abdication de l'Etat et semblait se faire gloire de professer encore les doctrines surannées de Bastiat et de Léon Say. Et il n'était que trop facile de l'accuser de n'y recourir que pour sauvegarder la situation des 130.000 censitaires dont il tenait son pouvoir. Aux revendications de plus en plus pressantes des démocrates, il ne suffisait plus de répondre par des déclarations hautaines sur l'incapacité politique des ouvriers. Manifestement, une réforme électorale devenait indispensable dont découleraient les réformes sociales. Au sein même de la bourgeoisie libérale les progressistes ne se lassaient pas de la réclamer et les catholiques les plus clairvoyants les approuvaient. Le renversement de Frère-Orban, en 1884, n'avait-il pas eu pour cause bien plus que la lutte scolaire, son opiniâtreté à refuser l'extension du droit de vote ? Et n'était-il pas caractéristique que, dès l'année suivante, le parti ouvrier inscrivait le suffrage universel en tête de son programme ? Ainsi, la démocratisation du pays s'annonçait inéluctable. On pourrait la retarder de quelques années : il n'était plus possible d'y échapper. Défiante à l'égard de la démocratie, la bourgeoisie censitaire ne l'était pas moins à l'égard des projets d'expansion auxquels depuis quelques années le roi s'attachait de plus en plus ouvertement. Par libéralisme économique, ----------------------------Frère-Orban condamnait toute ^Ê^^ intervention de l'Etat en matière ■ ^ 1 coloniale. La plupart des indus- (Bruxelles, Musée Royal de l'Armée.) (Cliché Jacobs.) Canne de Léopold II. (Bruxelles, Musée Royal de l'Armée.) (Cliché Jacobs.) Chapeau de grande tenue de Léopold II. triels n'éprouvaient pas le besoin de changer de méthode, et ne comptaient que sur le bon marché pour maintenir la prospérité de leurs usines. Quant à l'opinion courante, elle s'effrayait de la perspective d'aventures qui pourraient compromettre la neutralité du pays, pousser à un renforcement de l'armée, peut-être à la création d'une flotte, et en tout cas à des dépenses dont profiterait seule l'ambition de Léopold IL Au milieu des problèmes redoutables qui se posaient, les deux partis traditionnels demeuraient repliés sur eux-mêmes. La politique parlementaire continuait à tourner dans le même cercle. Le pays légal ne s'apercevait pas qu'il s'isolait dangereusement de la nation. La constitution n'était plus invoquée que pour justifier la domination de la bourgeoisie. Hostile à tout partage de ses privilèges, hostile à toute réforme sociale, hostile à toute intervention au dehors, le corps électoral, sauf d'infimes exceptions, en arrivait à ne plus concevoir la vie politique que comme l'antagonisme perpétuel des catholiques et des libéraux se disputant le pouvoir pour en profiter tour à tour, si bien que la succession du cléricalisme et de l'anticléricalisme acharné chacun à la destruction de l'autre, aboutirait fatalement à mettre l'activité du pays au point mort ( 1 ). L'éclatant triomphe des cathohques en 1884 avait été pour tout le monde une surprise. Les politiciens les plus avertis ne s'attendaient qu'à une diminution de la majorité « doctrinaire » qui tout au plus eût abouti à une dissolution des Chambres. Il semble bien que « l'écrasement » du libéralisme ne puisse être interprété comme un revirement des électeurs contre la loi scolaire de 1879. Ce ne sont pas les principes, ce sont les intérêts qui ont décidé du résultat de l'élection. Les nouveaux impôts, et plus encore sans doute, la crainte inspirée par le programme démocratique des radicaux rejetèrent vers les catholiques le groupe flottant dont dépendait l'issue du scrutin. Si beaucoup de libéraux firent défection, c'est incontestablement, non que l'école neutre leur fût odieuse mais qu'elle coûtait trop cher. Au surplus, les catholiques n'avaient-ils pas répudié l'ultramontanisme et ne promettaient-ils pas une modération dont l'appui qu'ils apportaient aux « indépendants » de Bruxelles donnait la preuve ? En votant pour eux, les gens qu'effrayait le déficit budgétaire voulaient donner un avertissement au ministère plutôt que provoquer sa chute. Au-; cun d'eux bien certainement ne s'attendait à ce qui allait arriver. Car, par cela même qu'elle était plus inattendue, la victoire exalta chez les catholiques le sentiment de leur force et le désir d'une revanche sur les adversaires qui se trouvaient maintenant à leur merci. Portés brusquement au pouvoir par un revirement dont ils s'exagéraient la portée, ils ne tinrent plus compte des « modérés ». L'impatience passionnée des cercles catholiques ne leur permettait pas d'ailleurs de se confiner dans une politique d'apaisement. Ce que le clergé et les électeurs des campagnes, des campagnes flamandes surtout, en quoi consistait le meilleur de leurs forces, attendaient d'eux, c'était une réaction énergique contre la « loi de malheur » qui attentait à leurs consciences et imposait à leurs bourses des sacrifices dont le moment était venu de les libérer. La lutte scolaire ne devait donc pas finir. Elle allait seulement changer de direction. Dès la démission du Cabinet Frère-Orban, le roi avait tout de suite confié à Jules Malou la composition d'un nouveau ministère. Il comptait sur la sagesse et l'expérience de ce vieux parlementaire pour empêcher la droite de se porter aux extrêmes. Mais les passions étaient trop surexcitées pour qu'il fût possible de les contenir. Il fallut faire place dans le gouvernement aux deux hommes qui, dans les dernières années, s'étaient révélés comme les chefs du parti qu'ils venaient de conduire à la victoire : Victor Jacobs et Charles Woeste. Léo-pold ne savait que trop bien que l'un et l'autre, le premier surtout, n'avaient cessé, par considérations électorales, de combattre les réformes militaires avec une outrance et parfois une arrogance dont il avait difficilement supporté l'injure {Z) ■ H les considérait presque comme des adversaires personnels. Mais quel moyen de les éviter en présence de la volonté unanime de la majorité ? Depuis 1871, il n'ignorait pas que les catholiques le soupçonnaient de leur être hostile. La prudence lui faisait une nécessité, pour ne pas rompre avec eux, de se soumettre à leurs désirs. Peut-être espéraient-ils d'ailleurs qu'en poussant leur succès jusqu'au bout, ses nouveaux ministres soulèveraient une opposition qui lui permettait de les remplacer. Comme son père, il savait attendre. LA LOI SCOLAIRE DE 1884. — Le gouvernement, lui, n'attendit pas pour affirmer sa politique de revanche. Le 4 août, il faisait voter par la Chambre les crédits nécessaires au rétablissement de la légation près du Saint-Siège. Le ministère de l'Instruction publique était supprimé. Dès le 23 juillet, un projet de loi confiait aux communes la direction des écoles primaires. On en revenait ainsi, par delà même la loi de 1842, à la théorie de l'abdication de l'Etat en matière d'enseignement. Les communes recevaient le droit d'organiser des écoles ou d'adopter une ou plusieurs écoles libres, c'est-à-dire de subventionner les écoles catholiques ouvertes partout durant la guerre scolaire. Il dépendrait d'elles d'inscrire ou non au programme de leurs écoles l'enseignement de la religion et de la morale. Mais, si elles ne le faisaient pas, l'Etat pourrait les 4/ ^ (Photo Hersleven.) Léopold II. obliger à adopter une ou plusieurs écoles libres à la demande de vingt pères de famille. En revanche, si vingt pères de famille l'exigeaient, l'école communale neutre serait maintenue. Ainsi faite, la loi tendait ouvertement à substituer l'enseignement confessionnel à l'enseignement neutre, car il n'était pas douteux que presque toutes les communes rurales s'empresseraient, tant par conviction que par économie, d'adopter une école catholique. Sans doute le gouvernement, conséquent avec le principe de la liberté dont il se réclamait, s'abstenait d'imposer l'enseignement de la religion : il se contentait d'obliger les communes à le fournir à ceux qui le réclameraient. C'était là une concession faite aux libéraux, analogue à celle que les libéraux avaient en 1879 faite eux-mêmes aux catholiques, en autorisant les ministres des cultes à donner l'instruction dans les écoles en dehors des heures de classe. Mais comment les catholiques qui avaient repoussé cette (Exemplaire de la Bibliotlièque Royale de Bruxelles, Cabinet des Estampes.) (Cliché Ghémar.) « ... le roi... comptait sur la sagesse et l'expérience de ce vieux parlementaire (Malou) pour empêcher la droite de se porter aux extrêmes. » (Voyez le texte, p. 191.) — Jules Malou (Ypres, 1810-Woluwe-Saint-Lambert [Bruxelles], 1886). Elu d'abord (1841) par l'arrondissement d'Ypres à la Chambre des Représentants, Malou obtint le portefeuille des Finances dans les cabinets van de Weyer (1845) et de Theux (1846). Sénateur de l'arrondissement de Saint-Nicolas depuis 1862, il présida deux cabinets catholiques homogènes, l'un de 1871 à 1878, l'autre de juin à octobre 1884. Par la suite, il ne prit plus une part active aux travaux des Chambres. — Photographie. aumône pouvaient-ils s'imaginer que les libéraux se contenteraient de la satisfaction qui leur était offerte ? A leurs yeux l'obligation de subventionner des écoles catholiques était une atteinte insupportable à l'autonomie communale et une capitulation honteuse devant l'Eglise. L'Etat se réduisait donc au rôle de pourvoyeur de l'enseignement du clergé. Pour lui obéir, il anéantissait l'œuvre magnifique de culture nationale édifiée par le libéralisme ! L'instruction qui devait amener le relèvement du peuple, n'allait servir qu'à le conserver sous le joug d'une avihssante bigoterie. Et quelle garantie offraient des écoles échappant à toute inspection, n'exigeant de leurs maîtres nulles conditions d'aptitude, ni aucun attachement aux institutions du pays ? Enfin qu'allaient devenir les instituteurs sans emploi, réduits à une pension misérable et punis de s'être consacrés à la plus noble des missions ? Evidemment, la loi nouvelle votée le 10 septembre 1884 au milieu des protestations indignées de la gauche, n'était pas une loi d'apaisement mais une loi de guerre. Pour les libéraux, elle n'était qu'un scandaleux coup de parti. Dans toutes les grandes villes son résultat immédiat fut de rétablir l'unanimité anticléricale entre les doctrinaires et les progressistes démocrates, dont la scission avait tant contribué au succès des catholiques. Dès le 15 juillet, par un revirement significatif, Bruxelles faisait passer au Sénat, dont la dissolution venait d'être prononcée (3), la liste libérale tout entière. Comme en 1857, comme en 1871, l'opposition avait recours aux manifestations de la rue. Des cortèges défilaient tumultueusement au cri d'à bas la calotte. Le 7 septembre, une grande démonstration catholique organisée dans la capitale était reçue à coups de sifflet, dispersée à coups de canne et contrainte de se réfugier dans les gares avec ses grosses caisses crevées et ses drapeaux lacérés. S'inspirant des souvenirs du Compromis des nobles, les bourgmestres des quatorze villes les plus importantes avaient formé le 9 août le « Compromis des Communes » et demandé audience au roi, espérant obtenir de lui, comme les Gueux du XVI" siècle l'avaient obtenu de Marguerite de Parme, une nouvelle « modération des placards » (4). Mais le roi pouvait-il refuser sa sanction à une loi que le Parlement venait d'adopter ? Ce qu'on lui demandait, c'était, en réalité, de sortir de ce rôle de souverain constitutionnel dans lequel il s'était confiné à l'exemple de son père. Il répondit qu'il ne pouvait que se « conformer à la volonté du pays telle que l'ont exprimée la majorité des deux Chambres ». Pourtant, il attendait avec impatience l'occasion de se débarrasser d'un ministère dont il se sentait prisonnier. Par l'intermédiaire de Jacobs et de Woeste, la fédération des cercles catholiques faisait la loi au gouvernement. Rien ne comptait plus que l'intérêt du parti, ni les prérogatives de la Couronne, ni l'impossibilité de gouverner contre l'opposition unanime des grandes villes, ni la nécessité d'achever les réformes militaires, ni celle d'appuyer la politique congolaise de Léopold II qui allait entrer dans une phase décisive. Si le roi ne pouvait rompre avec les Chambres, ses pouvoirs constitutionnels lui permettaient d'intervenir dans le choix de ses conseillers. Il n'entendait, pas plus que son père, se dégrader au rôle d'un simple automate. Pour s'affranchir des politiciens (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Médailles.) « S'inspirant des souvenirs du Compromis des Nobles, les bourgmestres des quatorze villes les plus importantes avaient formé le 9 août le « Compromis des Communes » (Voyez le texte ci-dessus.) — Médaille commémorant le Compromis des Communes. Au droit (à gauche sur la photo), des conseillers communaux jurent de défendre la loi de 1879. Sur une estrade, les bourgmestres de Bruxelles et d'Anvers. Légende : COMPROMIS DES COMMUNES PROVOQUE PAR LES BOURGMESTRES DE BRUXELLES (Voyez le texte ci-contre.) — Statue de Breydel et de de Coninck. Pendant son discours, Léopold II déclara : « Jamais la Belgique n'a connu de situation comparable à celle qu'elle possède, mais le bonheur entraîne de graves responsabilités. La prospérité a ses écueils, les jouissances prolongées de la paix ont leurs périls. L'excès de sécurité qu'elles engendrent a souvent coûté cher à ceux qui s'y sont abandonnés... Les guerres sont devenues foudroyantes; ceux qu'elles surprennent sont perdus... le lion de Flandre ne doit pas sommeiller. » — D'après Brialmont, le texte de ce discours aurait été rédigé par Emile Banning. — Le groupe de bronze du monument est l'œuvre de Paul De Vigne (Oand, 1843-Evere [Bruxelles], 1901). Le piédestal, œuvre de Louis Delacenserie (Bruges, vers 1838-1909), est orné de quatre bas-reliefs (batailles des Eperons d'or et de Mons-en-Pévéle, Matines brugeoises, retour triomphal des Brugeols), des armoiries de Breydel et de de Co-ninc(k) et de figures allégoriques représentant Bruges, Oand, Ypres et Courtrai. Pour les événements historiques que commémore ce monument, voyez le t. I, pp. 245-255. Quant au projet de loi déposé par le comte d'Oul-tremont en vue d'instaurer le service personnel et d'augmenter le contingent, il fut rejeté quelques semaines plus tard par soixante-neuf voix contre soixante-deux. Dans les deux cas, la droite et la gauche avaient, sauf quelques exceptions, voté l'une contre l'autre, celle-ci pour l'armée contre les forts, celle-là pour les forts contre l'armée. Jacobs et Woeste prenaient leur revanche sur le roi. Et peut-être le dépit personnel ne fût-il pas étranger à la résolution de Léopold de s'adresser au pays et, rompant avec les susceptibilités parlementaires, de pousser « un grand cri patriotique » (11), après tant de harangues inspirées par l'intérêt électoral. Son discours de Bruges, le 15 août 1887, lors de l'inauguration de la statue de Breydel et de de Coninck, fut une évocation de l'histoire nationale à l'appui de la réforme militaire que l'état de l'Europe semblait impérieusement exiger. Dès le lendemain, il n'était plus qu'un prétexte aux polémiques des partis. Tout s'étouffait dans l'atmosphère renfermée du « pays légal ». Pendant que pour le roi la réforme sociale se confondait avec la réforme militaire, elle se confondait pour le peuple avec la conquête du suffrage universel. Le revirement du ministère vers une politique d'intervention de l'Etat en faveur des classes laborieuses venait trop tard. Il n'était trop visiblement que la conséquence des troubles de 1886, et au lieu d'apaiser les revendications qui l'avaient provoqué, il les encourageait. Le temps n'était plus oti le prolétariat pouvait encore souffrir de confier son sort à un Parlement d'où il était exclu. L'agitation déclenchée par les récentes émeutes prenait maintenant les allures d'une campagne pour la revision constitutionnelle, et le parti ouvrier allait entrer en scène pour diriger le mouvement. AGITATION EN FAVEUR DU SUFFRAGE UNIVERSEL. — Les régions industrielles des contrées wallonnes, le Borinage et le Hainaut surtout, donnent un spectacle analogue à celui de la propagande calviniste au milieu du XVI' siècle. C'est la même fougue de propagande et ce sont presque les mêmes procédés. Les « mee tactique parlementaire où il semblait que la chute ou le maintien du Cabinet importassent bien davantage que la sécurité du pays (10). Vainement le roi priait le pape de faire entendre raison aux évèques. Les cercles catholiques se déchaînaient; la gauche, de son côté, favorable au renforcement de l'armée, critiquait la construction de forteresses que l'on ne pourrait sérieusement défendre, et par son obstination à exiger l'incorporation des clercs, renforçait l'opposition de la droite à toute modification du statut militaire. On aboutit finalement (H juin 1887) à l'adoption des crédits demandés par le gouvernement pour les forts de la Meuse. (Bruxelles, Musée Royal de l'Armée, fonds Badrihaye.) Cintrage du massif central du fort de Loncin. Etat des travaux le 21 avril 1890. Photographie. îi! t;^;! I hm^i 'hîJi i ■ ii; lilî ï.ri:! ^îïj 1 i" ' I Pli t 1 ! • ■ ! ■ , ' ■ : ' 1 • ! i h I)'; M I'. ( ' li' ^'i 1 fi'! : ' ! i ' ■ ' ■ II: ; tings noirs » font penser aux prêches des pasteurs le soir au fond d'une cour ou dans quelque bois écarté (12). Les orateurs y parlent cachés par la nuit à leur auditoire invisible, car le renvoi de son usine atteint quiconque aura participé à l'assemblée (13). Mais bientôt, à mesure que le mouvement se propage, il s'enhardit. Des grèves politiques éclatent tantôt ici, tantôt là, souvent en vertu d'un mot d'ordre, dans plusieurs localités en même temps. Des démonstrations s'organisent, des cortèges défilent derrière le drapeau rouge dont, par prudence, les autorités tolèrent l'exhibition. Le 15 aoiit 1886, treize mille mineurs parcourent les rues de Bruxelles réclamant le suffrage universel et l'amnistie. Le 26 septembre Liège, le 13 octobre Charleroi assistent à des démonstrations aussi significatives. Une véritable fièvre s'empare des populations, que universel et l'urgence de reviser les articles de la constitution grâce auxquels 130.000 censitaires disposent des destinées de la nation, et qui réduisent à 700 grands propriétaires le nombre des éligibles au Sénat. Mais l'appui qu'elle apporte aux socialistes compromet sa cause au lieu de la servir, car le nombre des socialistes est infime au sein du corps électoral. A Mons, en 1890, la liste qu'ils ont présentée ne rallie que 404 voix sur près de 4000 votants. En outre, la perspective de toucher à l'arche sainte qu'est la constitution épouvante la bourgeoisie. Et que de complications à prévoir et d'agitations en perspective ! Non seulement la revision entraînera la dissolution des Chambres, mais il faudra encore qu'au sein de celles-ci les deux tiers des voix se prononcent en sa faveur. Comment supposer une telle majorité dans un pays divisé à « Le 15 août 1886, treize mille mineurs parcourent les rues de Bruxelles réclamant le suffrage universel et l'amnistie. » (Voyez le texte ci-dessus.) Dessins évoquant cette manifestation, l'un (à gauche), rue de la Loi, à hauteur du Parlement et des ministères (extrait du Patriote Illustré du 22 août 1886 et signé H.C. ou H.G.), l'autre (à droite), boulevard Anspach (extrait du Globe Illustré du 29 août 1886 et signé F. Eschbach). les républicains et les anarchistes ne manquent pas de mettre à profit. A Liège, au printemps de 1887, c'est une pétarade continuelle de bombes, de fusées, de capsules de dynamite. Dans le Hainaut, sous l'impulsion d'Alfred Defuisseaux, bourgeois demeuré fidèle aux idées de 1848, se fonde le parti républicain socialiste qui, considérant la république comme la panacée universelle, rompt avec le parti ouvrier et prône la révolution (14). On parle de recourir à la « grève noire », de marcher en masse sur Bruxelles. En 1889, la police croit enfin avoir découvert les fils d'un « grand complot ». Un procès retentissant est entamé en cour d'assises contre quantité d'agitateurs et, pour augmenter encore la confusion, les libéraux accusent Beernaert d'avoir compromis la dignité du gouvernement dans de louches entrevues avec des agents provocateurs. Les radicaux, cependant, appuient les revendications du peuple. Leur organe, La Réforme, combat pour le suffrage fond entre des partis inconciliables ? Et qui peut prévoir oii l'on s'arrêtera si l'on s'engage dans une voix si périlleuse ? Manifestement, le corps électoral, à l'exception des radicaux, nombreux seulement dans les grandes villes, et de quelques catholiques indisciplinés, ne demande que le maintien du statu quo. On en peut voir la preuve dans les élections du 10 juin 1890 qui renforcèrent la majorité ministérielle. A toute évidence, rien n'était donc à espérer de la bonne volonté du Parlement. Empêtré dans ses querelles et dominé par la timidité de la bourgeoisie censitaire, il se montrait aussi incapable de résoudre la question politique qu'il l'avait été de résoudre la question militaire. Une fois de plus il fallut que ce fût du dehors que lui vînt l'impulsion dont il ne pouvait se résigner à prendre l'initiative. L'échec de l'agitation révolutionnaire fomentée par le parti républicain socialiste avait rétabli l'unité de direc- I s • , ( : l I • ' i i (Bruxelles, Exemplaires de la Bibliothèque Royale, sauf « De Werker », provenant de la Bibliothèque de la ville d'Anvers.) Journaux socialistes édités entre 1860 et 1890. Met Werkverbond (Oand), De Werker (Anvers), Le Mirabeau (Verviers), La Tribune du Peuple (Bruxelles), Vooruit (Gand), L'Avant-Oarde (Bruxelles), La République (Wasmes), La Liberté (Wasmes), La République Belge (Bruxelles), La Sentinelle (Verviers), Le Peuple (Bruxelles). A part De Werker (1860-1914), le Vooruit et Le Peuple, ces journaux n'eurent qu'une existence éphèmère. IV- 14 'r i :l < w. |vi [H 11«: ' y ' I . t !ii ■ ■ 11.''; 1 I' ■ tion au sein du prolétariat industriel. Dès le mois d'octobre 1889, les dissidents avaient renoncé à une conduite qui ne pouvait que compromettre la cause commune. L'année suivante, à Louvain, la réconciliation était scellée entre Wallons et Flamands et le parti ouvrier sortait plus fort et plus confiant de la crise qui l'avait un instant menacé. On s'en aperçoit tout de suite à l'ampleur et au caractère méthodique de son action. Action légale d'ailleurs, mais à laquelle succédera nécessairement l'action violente si les Chambres s'obstinent à ne pas tenir compte des manifestations grandioses par lesquelles s'affirme une résolution inébranlable. Le 10 août 1890, venus de tous les points du pays, 80.000 hommes défilent par les rues de Bruxelles et le soir, assemblés au Parc de Saint-Gilles, prêtent le serment de continuer la lutte jusqu'au jour o£i « par l'établissement du suffrage universel, le peuple aura réellement conquis une patrie » (15). La veille de l'ouverture du Parlement, au mois de novembre, Liège, Namur, Anvers, le bassin du Centre sont témoins de nouvelles démonstrations, tandis que dans la capitale, un cortège escorte jusqu'à l'hôtel de ville une délégation de femmes réclamant l'amnistie, qui est reçue par le bourgmestre. VOTE DE LA REVISION CONSTITUTIONNELLE. — Personne ne peut plus douter de la gravité de l'heure. La question de la revision constitutionnelle est devenue une question de paix ou de guerre civile (16). On sait que le 14 septembre la grève générale a été décidée comme moyen suprême de contrainte. Qui oserait encourir la responsabihté de la faire éclater et de replonger le pays dans les horreurs de 1886 ? Les partis cependant, au heu de se mettre d'accord, se rephent sur eux-mêmes et s'épient. La majorité de la droite, groupée autour de Charles Woeste, accuse les libéraux modérés de vouloir provoquer une crise ministérielle en se ralliant aux radicaux. Car on n'ignore pas que Beernaert posera la question de confiance et que voter contre lui, ce sera provoquer sa chute. Or, s'il tombe, qui le remplacera ? Dans les conditions où l'on se trouve, il n'est donc que de se résigner à l'inéluctable. La procédure parlementaire pourra d'ailleurs permettre de tirer les choses en longueur. En somme, il ne s'agit que d'une prise en considération qui laisse l'avenir intact. Sans doute, il est pénible de ne pouvoir écarter cette dangereuse formalité par un simple vote, comme on l'a fait en 1870. Mais la prudence l'exige et quand, le 17 novembre 1890, Paul Janson saisit la Chambre d'une proposition de reviser les articles 47, 53 et 56 de la constitution, c'est à l'unanimité que la prise en considération est adoptée. Que ce ne fût là qu'une parade parlementaire, il devint impossible d'en douter lorsque l'on vit toutes les sections de la Chambre, sauf une seule, se prononcer contre le projet. Mais on ne joue pas avec le feu et les habiles qui avaient espéré tourner la difficulté sous prétexte de la résoudre s'aperçurent bientôt de leur erreur. En croyant gagner du temps, ils avaient perdu la liberté de se décider. Dès le 5 avril 1892, le parti ouvrier avait décrété que la grève générale commencerait le jour même où la section centrale rejetterait la revision. L'impatience et l'irritation des masses étaient telles que dès le 1" mai, sans attendre le terme fatal, la fédération des bouilleurs ordonnait la cessation du travail. Le parti ouvrier débordé fut forcé de soutenir le mouvement pour l'empêcher de tourner en une émeute dont les plus hardis de ses adversaires eussent profité avec empressement pour recourir à la force. Le calme que s'imposèrent les chômeurs rendit leur manifestation plus effrayante. L'heure était décisive et certaine la décision de la section centrale. Le 10 mai, la Chambre adoptait le principe de la revision. Le lendemain, sur le mot d'ordre du parti ouvrier, les bouilleurs se remettaient au travail. (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes.) Le « Triomphe du travail ». Manifestation internationale du 1" mai 1891. Dédié aux travailleurs de tous les pays. Composition et dessin de Walter Crâne (Liverpooi, 1845-Londres, 1915) gravés sur bois et publiés par Henri Scheu (né à Vienne en 1845). II existe, de cette gravure, des exemplaires dont la légende est rédigée en français et en anglais, peut-être aussi en d'autres langues. NOTES (1) En 1884, Eudore Pirmez constate que «le conflit scolaire a tout envahi, il a distrait des intérêts les plus importants de l'Etat... Le Parlement est devenu ainsi stérile... Sa considération diminue chaque jour ». A. Nyssens, Eudore Pirmez, p. 152 (Bruxelles, 1893). (2) Voy. plus haut, p. 138. (3) Elle s'imposait du fait que la majorité du Sénat était restée libérale. (4) Histoire de Belgique, t. Il, p. 252. (5) Ibid., t. II, p. 257. (6) 11 me paraît assez probable que le retentissement des péripéties tragiques de la grande grève qui avait débuté en France, à Decazeville, le 26 janvier, par le massacre d'un ingénieur, n'ait pas été sans influence sur la violence des événements. (7) Michotte, Op. cit., pp. 189, 175. (8) « Que les autres pays proscrivent soit la liberté religieuse, soit la liberté politique, soit la liberté du travail... je croirai que mon est au-dessus d'eux quand la Belgique conservera sâ liberté pleine, entière' et complète en tout et toujours ». A. Nyssens, Eudore Pirmez, p. 229. (9) Ch. Woeste, Mémoires, p. 326. (10) Idem, Ibid., pp. 356 et suiv. (11) E. Gossart, Emile Banning et Léopold II, p. 84. (12) Histoire de Belgique, t. il, p. 239. (13) Voy. J. Destrée dans Le socialisme en Belgique, pp. 58 et suiv. (14) J. Destrée et E. Vandervelde, Le socialisme en Belgique, pp. 85 et suiv. (15) L. Bertrand, Histoire de la Démocratie et du Socialisme en Belgique. t. il, p. 475. (16) En 1891, un esprit aussi distingué que Paul Vinogradoff croit à la possibilité d'une guerre générale dont l'occasion serait une révolution en Belgique. Fischer, Paul Vinogradoff, p. 19 (Oxford, 1929). (Bruxelles, exemplaire de la Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes.) «Ecole du plongeon alternatif» aux «Bains Léopold ». Caricature des principaux hommes politiques belges vers 1880-1890. On reconnaît, entre autres, s'apprêtant à plonger, Sara; derrière lui, Van Humbeeck; en dessous, Frère-Orban et Woeste; à l'avant-plan, Pontus Immergé; à sa Muche (sur la photo), Vandenpeereboom; en retrait, derrière celui-ci, Thonissen. Sur le promenoir, appuyés à la balustrade : Crocq (à l'extrême-droite), Charles Buis, Jacobs et Beernaert (?) (quatrième, cinquième et sixième personnages de droite à gauche), le prince de Chimay (troisième de gauche à droite). Entre Crocq et Buis, dans l'eau, Paul Janson fait « la planche ». — Photogravure d'E. Aubry d'après Amand. CHAPITRE II LA REVISION ET SES CONSEQUENCES ES PROJETS DE REVISION. - La prise en considération de la revision entraînait la dissolution des Chambres et la nomination d'une Constituante. Il était certain d'avance que le parti catholique, au pouvoir depuis huit ans et dont l'attitude nettement conservatrice au cours des derniers débats avait rassuré la bourgeoisie, y obtiendrait la majorité. Mais la majorité simple ne lui permettrait pas de faire prévaloir sa volonté, les deux tiers des voix étant requis pour le vote des modifications à introduire dans la constitution. A condition d'unir ses forces, l'opposition pouvait espérer, sinon de l'emporter, tout au moins de forcer son adversaire à compter avec elle. Libéraux modérés et radicaux conclurent donc une entente qui devait épargner au pays le péril d'une revision de parti. Telle qu'elle sortit des élections du 14 juin 1892, la composition de la Constituante ressemblait à celle de l'ancienne Chambre. Si les cathohques y dominaient, il n'y disposaient pas des deux tiers des sièges. Une formule de transaction s'imposait dès lors. Mais quelle formule ? Et aboutirait-on d'ailleurs à se mettre d'accord ? En réalité, beaucoup d'électeurs, en votant pour les catholiques, avaient voté surtout contre la revision. La rapidité avec laquelle le Parlement avait été entraîné à subir celle-ci l'avait pris au dépourvu. En présence de l'éventualité imprévue, il avait fallu se contenter d'improvisations. Le ministère penchait pour un système électoral fondé sur l'occupation, à l'imitation de celui que la repre- li?' ; ■ ' : : ■ '■■<■ : \ ■ CM V : ' ' i Vt ' ' : ■ i . ■ s ■ ! ■ ■ (Bruxelles, Collection de Heyn Woeste.) Charles Woeste vers l'âge de quarante-cinq ans. Descendant d'une famille prussienne et protestante, Charles Woeste (Bruxelles, 1837-1922) fut élu député catholique d'Alost pour la première fols en 1874. Leader de l'opposition au cabinet Frère-Orban, 11 fit bientôt figure de chef de parti et devint président de la Fédération des Associations et des Cercles catholiques. Adversaire du renforcement de l'armée, de l'extension du droit de vote et de toute réforme sociale hardie, il incarna jusqu'en 1914 la tendance « conservatrice » du parti catholique. — Photographie prise vers 1885. sentation of the people act avait mis en vigueur en Angleterre (6 décembre 1884), et dont on estimait qu'il pourrait fournir 600.000 électeurs. Les libéraux modérés préconisaient d'étendre aux élections législatives la combinaison de cens et de « capacitariat » appliquée à l'électorat communal, 400.000 citoyens devant de cette manière obtenir le droit de vote. Le groupe radical se prononçait en faveur du suffrage universel. Quant à la plus grande partie de la droite, elle se confinait dans une abstention suspecte et, obéissant à la conduite de Woeste, critiquait tous les projets sans en proposer aucun. A la différence des partis, le roi ne concevait pas la revision comme une simple réforme électorale. A la défiance que lui avait inspirée au début ce saut dans l'inconnu s'était bientôt substitué l'espoir de profiter de l'occasion pour renforcer les pouvoirs de la couronne et pour remanier le Sénat dans un sens conservateur. S'il avait dû bientôt renoncer, en présence de l'hostilité évidente de l'opinion, à ce second point, il ne s'était attaché que plus fermement à la réahsation du premier. Il consistait à investir le roi du droit de se mettre directement en rapport avec le corps électoral pour prendre son avis, soit sur une question de principe non actuellement soumise à la législation, soit à propos d'une loi « votée mais non encore promulguée ». Si incompatible que parût une telle innovation avec le régime parlementaire, Léopold se persuadait qu'elle ne pouvait manquer de plaire aux démocrates. Il en était fier comme d'une « œuvre d'architecture politique », et la faisait prôner dans le Moniteur de Rome, dans le New York Herald, dans la Revue des Deux-Mondes (1). Beernaert avait fini par se rallier, un peu à son corps défendant, à ce soi-disant referendum royal. Il lui préférait cependant une réforme dont on parlait depuis quelque temps: la représentation des minorités (2). A ses yeux, elle était le contrepoids indispensable à la poussée démocratique que préparait l'avenir; elle assurerait au sein des Chambres la représentation des éléments modérés et préviendrait le danger d'une opposition trop accentuée entre la Flandre catholique et la Wallonie libérale en empêchant, dans chacune d'elles, l'écrasement par la masse du parti le moins nombreux. De tous ces projets, il avait été déjà longuement question l'année précédente dans les interminables discussions de la Chambre et de ses sections : la Constituante y était préparée et ses membres, à l'avance, avaient pris position, divisés suivant les partis, mais tous, à l'exception de l'ex-tréme-gauche, unis dans la résolution de repousser, coûte que coûte, le suffrage universel. Et pourtant, c'est lui qui forcément devait sortir de l'impuissance à quoi leur désunion les réduisait moins encore cependant que ne le faisait au dehors l'agitation populaire. Le 8 novembre, le roi se rendant au Parlement pour ouvrir la session par le dernier discours du trône qu'il ait prononcé, avait traversé une foule houleuse semant sur son passage des proclamations menaçantes et acclamant le suffrage universel ou la révolution. Les débats de l'assemblée devaient se concentrer sur la question électorale. Seule elle intéressait l'opinion. De « l'architecture politique » rêvée par le roi, rien ne devait être édifié. Le referendum, malgré la complaisance en sa faveur de quelques radicaux, échoua devant l'accusation d'être un « acheminement au césarisme ». La composition du Sénat fut à peine modifiée : on se borna à lui adjoindre quelques membres élus par les Conseils provinciaux indépendamment de toute condition de cens et à porter à trente ans l'âge des électeurs. On écarta la représentation des minorités, mais la substitution de la province à la commune comme circonscription électorale laissait du moins la voie ouverte à la possibilité de l'organiser dans l'avenir. Par précaution conservatrice le vote fut déclaré obligatoire. En revanche, la grande bataille qui durant deux mois se livra sur la réforme du régime censitaire, ne donna que le spectacle de la confusion dans la stérilité. Pour rapprocher les partis, le ministère proposa vainement une combinaison de l'occupation et du capacitariat comme base du droit de vote. L'occupation, qui plaisait aux catholiques parce qu'elle avantageait les électeurs des campagnes fut repoussée pour cela même par les libéraux, et les catholiques ne voulaient pas du capacitariat comme trop favorable à la population des villes. Devant l'obstination des uns et des autres, toutes les tentatives de conciliation échouèrent. Le 11 avril 1893, le suffrage universel proposé par les radicaux était repoussé par le reste de l'assemblée. On en était arrivé au point mort. La machine parlementaire était calée. La pression populaire allait la remettre en mouvement. Pour le parti ouvrier il était inconcevable et inadmissible que la revision n'aboutît pas à introduire dans la constitution le suffrage universel. Les discussions sur l'occupation et le capacitariat, les systèmes plus ou moins compliqués que des experts en matière électorale exposaient à l'envi dans les colonnes des journaux ou dans des brochures et qui s'accordaient à étendre le droit de vote tout en le laissant inaccessible au prolétariat, ne lui paraissaient que d'intolérables insultes à la démocratie. Il attendait avec une impatience exaspérée l'ultimatum de la Constituante. Le lendemain même du jour où il fut connu, le 12 avril, le Conseil général du parti ouvrier déclarait « qu'il y a lieu de recourir à la grève générale immédiate ». Et aussitôt, en effet, sur tous les points du pays, des milliers de travailleurs de la grande industrie, métallurgistes, mineurs et verriers du pays de Liège, du bassin de Char-leroi, du Centre et du Borinage, tisseurs et fileurs de Gand et de Verviers, dockers d'Anvers obéissent au mot d'ordre. Des bagarres éclatent partout; la - foule énervée devient brutale et menaçante. Elle n'obéit plus aux sommations, et dans quantité d'endroits la gendarmerie débordée doit recourir à ses armes. A Mons, la garde civique tire sur des bandes de Borains qui tentent d'envahir la ville. Les grévistes gantois se préparent à assaillir les casernes. On va tout droit à un mouvement révolutionnaire et les chefs du parti ouvrier s'épouvantent de la tournure des événements qu'ils ne peuvent plus maîtriser. LE VOTE PLURAL. ^ Au Palais de la Nation, l'épouvante est plus grande encore. Sans doute quelques-uns voudraient faire tête à l'émeute. Mais qui peut garantir une résistance efficace ? Une fois de plus, les partis aveuglés par leur obstination n'ont rien su prévoir. Les voici acculés à voter, sous la menace, une formule transactionnelle qui ne peut plus être d'ailleurs qu'un expédient pour débrouiller momentanément une situation inextricable. Des pourparlers se nouent entre les radicaux et le Conseil général. La proposition Nyssens, dont quelques jours auparavant personne ne voulait, fournira le terrain d'entente. Elle accordait le suffrage universel, tout en le tempérant par l'octroi de votes supplémentaires aux pères de famille ainsi qu'aux citoyens présentant certaines conditions de cens ou un certain degré d'instruction. Le 18 avril, elle était hâtivement admise par 119 voix contre 14. Le soir même, le Conseil général prenait acte de l'inscription du suffrage universel dans la Constitution, constatait « que c'est sous la pression de la grève que la classe ouvrière a remporté cette première victoire », et décidait « qu'il y a lieu de reprendre le travail et de continuer la lutte pour l'abolition du vote plural et l'établissement de l'égalité politique ». Le régime censitaire avait vécu. Et les circonstances qui accompagnèrent sa mort montrent bien qu'il mourut de vieillesse. Il n'en faut d'autre preuve que l'incapacité de la Constituante à accomplir la mission dont elle était chargée. Paralysé par les querelles de partis et par l'intérêt ou les préjugés de classe, le « pays légal » avait perdu la force et la souplesse dont il avait jadis donné tant de preuves. Le Parlement qui aurait pu prendre l'initiative de la revision constitutionnelle se l'était laissé imposer, puis après avoir cherché vainement à y échapper, s'était plus vainement encore débattu dans l'impossibilité de la résoudre, pour adopter enfin une solution qui n'était que le résultat de son impuissance et la constatation de sa défaite. Sans doute, le vote plural comportait des garanties conservatrices qui en adoucissaient singulièrement l'amertume. L'âge électoral était fixé à vingt-cinq ans, la résidence d'un an dans la même commune était exigée de l'électeur, enfin la qualité de père de famille, celle de propriétaire, de contribuable, de possesseur d'un certificat d'enseignement moyen du degré supérieur, de titulaire d'une fonction publique ou d'adepte d'une profession requérant des connaissances équivalentes à celles de ce même degré d'enseignement, assuraient un vote supplémentaire, sans que cependant il fût possible de cumuler plus de trois votes. Il n'en était pas moins incontestable que la Belgique devenait une démocratie. De 137.772, le nombre des élec-. teurs passant à 1.370.687, était décuplé. Grâce aux votes supplémentaires il y avait, il est vrai, 2.111.217 suffrages à émettre dont la grande majorité appartenait à cette classe de la population qui, pour employer l'expression caractéristique du moyen âge «avait à perdre» (3). Mais si la puissance électorale des masses était endiguée, elle n'en avait pas moins fait brèche dans la Constitution. Le droit de vote n'était plus considéré comme une fonction sociale, mais comme un droit naturel. Un principe nouveau s'affirmait, et comme un principe tend toujours à ses dernières conséquences, il était certain que le vote plural ne marquerait qu'un palier dans la montée vers le suffrage universel pur. Les quelques conservateurs qui s'étaient abstenus, par cela même, de lui donner leur voix, avaient vu juste, et le parti ouvrier affirmait sa volonté de continuer la lutte jusqu'à la victoire définitive. « ... le 12 avril, le Conseil général du parti ouvrier déclarait... la grève générale immédiate. Et aussitôt..., sur tous les points du pays, des milliers de travailleurs... obéissent au mot d'ordre. (Voyez le texte ci-dessus.) - Types d ouvriers et d ouvrieres grévistes a Gand en avrii 18VJ. Reproduits dans L'Illustration du 22 avril 1893, p. 308, d'après un instantané Van der Haeghen. «ïl'îi -.n i'' il' lii n Ai i i ' l'J llli! i \l\\ i i i; Jiii i lîKiî'i'^ l !■■ ; ' ' ■ M ■ ! ; I . ■ :ir il' I ■ Il i .hi rM 1 i rM:'■ liMii^i Lli;-; . ! ■ : t-'-'K - 1 j ■ ' ' J .V. ■ ■ ■ i I'; t i ■ ' : i., Nombre des électeurs à la Chambre des Représentants entre 1850 et 1895. A la suite du vote par la Chambre, le 18 avril 1893, de la proposition Nyssens, qui instaurait le suffrage universel tempéré par le vote plural, le nombre des votants passa de 137.772 à 1.370.687. Ceux-ci se répartissent en 853.628 électeurs à une voix, 293.678 à deux voix (pères de famille) et 223.381 à trois voix (conditions de cens ou degré d'instruction). Avant comme après 1893, les augmentations intermédiaires du nombre d'électeurs reflètent l'augmentation correspondante de la population. — Cliiffres tournis par l'Annuaire statistique de la Belgique publié par le ministère de l'Intérieur. Après l'adoption forcée du vote plural, le rôle de la Constituante était achevé. Beernaert eût voulu lui faire adopter la représentation des minorités, mais depuis que le calme était rétabli, la droite ne considérait plus le chef du Cabinet comme l'homme indispensable. Neuf fois, pour la contraindre à le suivre au milieu des débats où lui-même avait dû évoluer au gré des circonstances, il avait posé la question de confiance. Cet épou-vantail était usé. Mis en minorité, le gouvernement remit sa démission au Roi le 16 mars 1894. vie économique et de la vie sociale. Mais circonscrits presque exclusivement dans les limites de la bourgeoisie urbaine, ils devaient nécessairement succomber du jour où celle-ci perdait définitivement la prépondérance. Ils avaient été le parti d'une élite et ils s'engloutissaient, si l'on peut dire, sous les vagues de fond des deux grands partis populaires qui déferlaient sur eux. Inaccessible aux masses, le rationalisme qui avait fait leur force au temps du suffrage restreint, faisait maintenant leur faiblesse. Les impulsions sentimentales de la foi religieuse et de l'instinct de classe soulevaient également contre eux, si opposées d'ailleurs qu'elles fussent l'une à l'autre, la démocratie catholique et la démocratie socialiste. Pour celle-ci, les élections étaient une attestation de puissance d'autant plus inattendue et significative que le vote plural refusait aux prolétaires les voix supplémentaires qu'il s'était ingénié à réserver aux classes moyennes. A part quelques jeunes intellectuels, le parti ouvrier était tellement un parti de pauvres qu'il avait dû renoncer à prendre part aux élections sénatoriales, faute de candidats payant le cens requis. Tous ses élus appartenaient aux régions wallonnes, où dominait la grande industrie : pays de Liège et Hainaut. En Flandre et à Gand même, la coalition des paysans et de la bourgeoisie l'avait emporté sur lui. Au reste, le sentiment de classe primait à ce point les tendances régio-nalistes que les socialistes wallons avaient, à Liège, réuni LE PARLEMENT DE 1894. - Le moment était venu de dissoudre le dernier Parlement censitaire qu'ait connu le paps et d'inaugurer le nouveau régime électoral. L'expérience eut lieu le 14 octobre 1894. On en attendait le résultat avec angoisse; on l'apprit avec stupeur. Le vote plural envoyait à la Chambre 104 représentants catholiques, 14 libéraux, 34 socialistes. De deux partis historiques qui s'étaient succédés au pouvoir depuis 1839, l'un remportait un éclatant triomphe, l'autre sortait du scrutin presque anéanti. Et ce vaincu était précisément celui dont les principes et l'activité avaient durant cinquante ans déterminé le plus longtemps et le plus complètement le cours du régime censitaire. De 1839 à 1884, les libéraux avaient exercé le gouvernement pendant trente ans, et c'est de leur esprit que, directement ou indirectement, s'étaient imprégnées toutes les manifestations les plus caractéristiques de la vie politique, de la Composition du Parlement après les élections de 1894. Essai de reconstitution. A gauche, composition de la Chambre (104 catholiques, 34 socialistes, 14 libéraux); à droite, composition du Sénat (71 catholiques, 29 libéraux, 2 socialistes). Le nombre des représentants socialistes et libéraux ne concorde pas avec les données du tableau dressé par le greffe de la Chambre des Représentants (27 socialistes et 21 libéraux) : divergences dues sans doute à la notion quelque peu floue de «parti» (voyez plus haut, l'illustration et la notice de la p. 110). La Réforme du 22 octobre 1894, quotidien libéral « progressiste » dénombre 104 catholiques, 25 socialistes et 23 « libéraux et progressistes ». C'est dans les rangs de ces derniers que se recrutent les sympathisants des idées socialistes, notamment du suffrage universel. leurs voix sur le Gantois Edouard Anseele et le Bruxellois Emile Vandervelde. En revanche, les Flandres avaient voté en masse pour les catholiques. Partout les libéraux y avaient subi le même sort que les socialistes. La prédominance numérique des paysans, profondément attachés à la foi ancestrale et traditionnellement soumis à l'influence du clergé, y avait été la cause essentielle de la victoire de la droite sur les deux partis qu'il avait suffi de taxer d'impies pour les discréditer. A cela d'ailleurs s'ajoutait la crainte inspirée à la bourgeoisie par les revendications ouvrières. Pour les conservateurs, l'attitude prise en face de la revision par les catholiques, les déclarations de Woeste contre le vote plural, la réprobation dont l'Eglise frappait le socialisme étaient autant de garanties de stabilité sociale. Dans tout le pays elles avaient déterminé le vote de quantité de modérés ou de timorés. Les circonscriptions wallonnes avaient fait passer bon nombre de candidats catholiques, si bien que la droite, soutenue tout ensemble par l'esprit confessionnel et l'esprit conservateur et s'appuyant à la fois sur la Flandre et sur la Wallonie apparaissait comme le seul parti vraiment national. Et sa force ne reposait pas seulement sur son écrasante majorité; elle provenait encore de la division de ses adversaires. L'incompatibilité de leurs principes empêchait les libéraux et les socialistes de s'unir contre elle en un front commun. La prépondérance catholique était si grande qu'elle faussait le régime parlementaire. Ne fallait-il pas s'attendre à une série de coups de parti auxquels répondrait au dehors la réaction de la rue ? Et le vote plural qui aboutissait à de telles conséquences n'était-il pas condamné dès la première épreuve qu'on en avait faite ? LE PARTI CATHOLIQUE APRES LA REVISION. — De la revision de 1893 à la guerre de 1914, le pays ne devait plus cesser d'évoluer dans le sens de la démocratie. Et pourtant, durant toute cette époque, il n'a pas eu un seul gouvernement démocratique. Le parti catholique, qui y détint continuellement le pouvoir, chercha tout d'abord, jusqu'à l'adoption de la représentation proportionnelle (1899), non seulement à conserver, mais à perpétuer sa prépondérance, puis à résister de commun accord avec les libéraux à la poussée socialiste. Jusqu'en 1899 surtout, c'est cette résistance qui détermine directement ou indirectement sa politique. « Le socialisme, voilà l'ennemi » semble être le mot d'ordre de la droite. Vis-à-vis de lui, tant par conviction sociale que par conviction religieuse, elle se met, sî l'on peut ainsi dire, en état de guerre. De même que les libéraux poussaient jadis jusqu'à l'extrême la conséquence des principes catholiques afin d'en pouvoir mieux effrayer l'opinion, de même les catholiques englobent le parti ouvrier dans la réprobation dont l'Eglise frappe le communisme. Ils se le représentent comme une secte abonminable, acharnée à combattre non seulement l'Etat, mais la religion, la propriété, la famille elle-même. A leurs yeux, le socialisme est chargé d'autant de crimes que le capitahsme l'est lui-même aux yeux des socialistes. Sa victoire serait celle de l'impiété, de l'immoralité, des instincts les plus bas de la bête humaine, de l'amour libre sur le mariage, du « matérialisme le plus abject » sur le spiritualisme chrétien. Pour ruiner un tel adversaire, le plus sûr est d'opposer à son action une action contraire. Il n'est que temps de (Bruxelles, Collection M"« J.-E. Vandervelde.) (Cliché Jacobs.) Emile Vandervelde (Bruxelles, 1866-1938). Crayon de Théo Van Rysselberghe (Gand, 1862-Saint-Clair [Var], 1926). Date approximative : 1895. détruire le prestige qu'il s'est acquis en se donnant au prolétariat comme le redresseur de ses griefs et le vengeur de sa misère. Aux réformes utopiques qu'il lui promet, on substituera donc une législation sociale qui, s'inspirant des principes promulgués par le Saint-Père dans ses encycliques, fera disparaître les iniquités dont sont victimes les travailleurs et adoucira leur sort. L'école catholique, de son côté, les garantira de la perversion morale dont l'école neutre a été, par la faute des libéraux, l'instrument peut-être involontaire mais en tout cas trop certain. Enfin, les classes rurales, les classes rurales flamandes surtout, que la contagion n'a pas encore atteintes, fourniront une précieuse garantie de conservation sociale. Il importe de se les concilier en leur montrant une sollicitude que les gouvernements passés leur ont trop longtemps refusée. Et pour cela quoi de plus pratique que de tenir compte de leur répugnance pour le service militaire et que de redresser les griefs linguistiques dont se plaint cette population des Flandres, en quoi consiste le plus ferme appui du parti catholique ? Ainsi s'explique, par la nécessité d'entraver les progrès du parti ouvrier, la politique de tous les gouvernements depuis 1894 : politique sociale, sans doute, mais plus encore politique antisocialiste. Lois de protection ouvrière, lois scolaires, lois militaires et lois linguistiques rentrent dans le même plan et concourent au même but. Durant long- IJ. i'î Jf .'l ,,) .if I I ; B' I l' i , , ( • ; l^; ■ ' : ' ■ ■ : l'i \ temps la majorité catholique est si puissante qu'elle peut tout se permettre. Les libéraux ne sont plus qu'une quantité négligeable et, quant à l'opposition socialiste, sa violence même donne barre sur elle en la discréditant. Car dès leur entrée à la Chambre, ses membres ont pris une attitude révolutionnaire et brutale qui fait le jeu de leurs adversaires. Ils se laissent emporter à l'envi par les excitations qu'on leur prodigue. De leurs bancs s'élèvent, à la moindre occasion, gros mots, hurlements, interruptions grossières ou cocasses. Ils paraissent une bande de forcenés ou d'énergumènes. A tout propos, ils s'abandonnent à des déclarations républicaines, à des attaques contre la personne du roi, et en quels termes ! Ces virtuoses de la violence prennent le Parlement pour un meeting. Ils affectent pour leurs collègues le mépris révolutionnaire comptant sur l'heure prochaine qui leur permettra de tout balayer. Et leurs succès électoraux renforcent encore leur audace. Aux élections de 1896, ils gagnent 100.000 voix. A l'étranger, de bons esprits, trompés par ces premières manifestations d'un parti qui jette ses gourmes, envisagent la Belgique comme l'enjeu de « la lutte des républicains laïques contre les partisans de l'Eglise et de la monarchie » (4). LE POUVOIR ROYAL APRES LA REVISION. -En réalité, ces outrances servirent la monarchie au lieu de lui nuire. Léopold II, déçu par la revision qu'il avait ressentie comme un échec, put bientôt s'apercevoir qu'il ne tenait qu'à lui de profiter de ses conséquences. La victoire des catholiques avait dissipé la rancune que depuis longtemps ils nourrissaient à son égard. N'ayant plus à craindre qu'il s'appuyât encore sur les libéraux, ils le considéraient maintenant comme une garantie de conservation sociale. En face des déclamations républicaines des socialistes, quoi de plus favorable pour leur parti que de se donner comme le soutien et le plus ferme appui de la couronne ? L'intérêt du roi lui imposait trop impérieuse- Représentation du parti catholique à la Chambre des Représentants entre 1890 et 1900. Aux élections de 1890 et de 1892 le pays vit encore sous le régime censitaire. Le système du vote plural prévaut depuis 1894, et le vote plural avec représentation proportionnelle est Instauré aux élections de 1900. La majorité absolue est de 70 sièges en 1890, de 77 depuis 1892. ment l'adhésion du Parlement à ses projets coloniaux, pour qu'il ne s'empressât pas de tirer parti de ce revirement. S'il dut provisoirement se résigner à sacrifier à la droite ses plans de réorganisation militaire, il sut admirablement mettre à profit en revanche l'avantage qu'elle trouvait à collaborer avec lui. A partir de 1896, son influence dans le gouvernement ne cesse de grandir. La fondation de l'Etat du Congo, l'expansion économique du pays, les grands travaux qui illustrèrent la fin de son règne attestent qu'à aucune époque le rôle du roi ne fut aussi prépondérant, si bien que dans l'histoire l'ère léo-poldienne et l'ère démocratique s'ouvrent à la même date. Le ministère de Burlet, qui succéda le 26 mars 1894 au ministère Beernaert, résolut de profiter de son écrasante majorité pour organiser en faveur des catholiques l'électorat provincial et l'électorat communal dont l'adoption du suffrage universel rendait la refonte indispensable. Pour la province, on se contenta de donner le droit de vote aux électeurs du Sénat. Mais l'importance politique beaucoup plus grande de la commune poussa le gouvernement à créer une nouvelle catégorie d'électeurs pluraux possédant une quatrième voix supplémentaire. Comme cette voix dépendait de certaines conditions de cens et de propriété, elle avantageait les paysans sur les citadins et bien plus encore sur les socialistes qui baptisèrent aussitôt la loi électorale du nom de « loi des quatre infamies ». En outre, la représentation proportionnelle, dont on n'avait pas voulu pour les élections législatives, fut appliquée aux élections communales, pour le cas où aucune liste n'aurait obtenu la majorité absolue, moyen infaillible d'assurer dans presque toutes Jes communes rurales la totalité des mandats aux catholiques et de leur en procurer au moins une partie dans les communes industrielles au détriment du parti ouvrier. Dans les Conseils communaux des localités les plus peuplées, on introduisait, en outre, par application du principe de la représentation des intérêts, un certain nombre de membres élus en dehors du corps électoral ordinaire, les uns par les patrons, les autres par les ouvriers. Ainsi faite, la loi électorale communale ne pouvait apparaître aux sociahstes que comme une arme de guerre forgée contre eux. Elle discréditait définitivement à leurs yeux le vote plural et surexcitait leur volonté de lui substituer à bref délai le suffrage universel « pur et simple ». Les plus impatients d'entre eux voulaient faire proclamer de nouveau la grève générale. Si elle n'éclata pas, c'est que l'attitude énergique du gouvernement, et surtout l'impossibilité pour le Conseil général du parti ouvrier de lui conserver un caractère pacifique, l'eussent évidemment condamnée à sombrer dans l'anarchie et la répression sanglante. En même temps qu'il rompait avec les socialistes, le gouvernement rompait avec les libéraux. La loi scolaire du 15 septembre 1895, en rendant obhgatoire l'enseignement religieux sauf le cas de demande de dispense des parents, et en autorisant l'Etat à subventionner directement les écoles libres, revenait sur le principe d'au- tonomie communale que le législateur de 1884 avait adopté. Dans les grandes villes, où dominait le parti libéral, les protestations et les manifestations recommencèrent. Bruxelles vit défiler un cortège de cinquante mille personnes. Mais que pouvait encore l'opposition sur la majorité formidable dont les catholiques disposaient au Parlement ? Le ministère se sentait appuyé par le pays lassé d'agitations. Les élections de 1898 renforçaient sa majorité de deux voix. Jamais il n'avait été aussi puissant. NECESSITE D'UNE REFORME ELECTORALE. — Mais cette puissance n'existait qu'au sein des Chambres et, manifestement, elle s'attestait excessive et dangereuse. Dans un pays tel que la Belgique, il n'était pas possible ment, ce genre de scrutin soulevait une invincible répugnance chez les catholiques. A répartir le pays en petites circonscriptions ne nommant chacune qu'un seul représentant, on les exposait, en effet, presque à coup sûr, à n'obtenir aucun élu ni dans les grandes villes, ni dans les districts industriels. La représentation proportionnelle, au contraire, évitait cet inconvénient puisque, laissant subsister les grands collèges électoraux, elle déterminait le nombre des élus de chaque parti par le nombre des suffrages émis en leur faveur. Pour les esprits prévoyants, elle aurait encore cet avantage d'atténuer la coïncidence entre la répartition linguistique du pays et sa répartition politique. Depuis la revision, le parti catholique s'appuyait de plus en plus sur (Bruxelles, Collection comte R. de RIbaucourt.) Léopold 11. Trois esquisses au crayon signées P. R. Dimensions de la feuille : 30x40 cm. (Cliclié BIjtebler.) de continuer à gouverner contre l'opinion des grandes villes sans provoquer une catastrophe. L'écrasement des libéraux, au surplus, n'était que la conséquence du système électoral majoritaire qui, admissible sous le régime du cens, était devenu manifestement injuste. La bourgeoisie libérale pouvait-elle demeurer plus longtemps condamnée à être submergée dans les collèges électoraux par les masses rurales dont les doubles et triples votes anéantissaient les siens ? Minorité sans doute, elle n'en était pas moins une minorité considérable. Fallait-il, en la contraignant à une impuissance perpétuelle, l'obliger à se rejeter, en désespoir de cause, vers les socialistes ? Beaucoup d'esprits politiques pensaient, avec le Roi, qu'il eût été sage d'adopter le scrutin uninominal à l'exemple de l'Angleterre. Malheureuse- les masses flamandes, et la Wallonie seule envoyait des députés sociahstes à la Chambre. C'était là pour l'unité nationale un grave péril. Il disparaîtrait du jour où les partis, s'étendant de nouveau à tout l'ensemble du territoire, comme ils l'avaient fait au temps du régime censitaire, reprendraient conscience de la communauté de leurs intérêts, et où il y aurait en Flandre des députés libéraux et socialistes, comme des cathohques en Wallonie, unis dans la solidarité des mêmes principes et obéissant à une même discipline. VOTE DE LA REPRESENTATION PROPORTIONNELLE. ^ Telles avaient été jadis les idées d'Auguste Beernaert, et telles étaient celles du comte de Smet de Naeyer, devenu chef du Cabinet le 25 février 1896. ■ . i ' i' li". r ■ ' : HISTOIRE DE BELGIQUE PYRAMIDE A RENVEBSER Lm Royaulé ^ > règne sur vou* Le Clérifallsme / Je prie pour V0U5 U MMUirUme Je lÉre sur vous Le Capilalisntc Je manffe pour vou*. nomination d'une commission parlementaire. Mais l'accord est impossible entre la droite et ses adversaires. Le 5 août 1899, le roi rappelle de Smet de Naeyer et un nouveau ministère est constitué. Désormais, le succès de la représentation proportionnelle était certain. Ce n'est pas d'ailleurs qu'aucun parti s'y soit rallié de bon cœur. Les socialistes ne pouvaient se résigner à la voir diminuer la prépondérance dont ils jouissaient dans les régions industrielles waillonnes. Beaucoup de libéraux, comptant encore sur un revirement de l'opinion en leur faveur, lui étaient hostiles. Parmi les catholiques, la plupart restaient butés à conserver les bénéfices de leur situation présente. Il fallut bien pourtant, faute de mieux, se résigner pour sortir de l'impasse, à la voter à contre-cœur. Le 24 novembre 1899, elle était admise par 70 voix contre 63. Du point de vue parlementaire, la représentation proportionnelle a entraîné des conséquences plus graves peut-être que le vote plural. Elle devait justifier l'objection que beaucoup de ses adversaires avaient soulevée contre elle, celle de « clicher » pour ainsi dire la composition des Chambres. Répondant désormais avec une exactitude mathématique à la force permanente des partis, le Parle- fioiir cent <00 I.- Questions relatives aux salaires. .10 Le Peuple - Jf Iruvaillc pour votis La « Pyramide à renverser ». Affiche électorale socialiste placardée à Gand à la fin du XIX" siècle. A savoir : la royauté, le cléricalisme, le militarisme et le capitalisme qui ne vivent que du travail du peuple. Cette affiche est conçue dans l'esprit de l'imagerie populaire d'Ancien Régime. — Reproduite par J. Orand-Carteret : Popold II, roi des Belges et des belles, p. 64. Paris, s.d., in-8°. Cependant, il en coûtait trop à la droite de consentir bénévolement à amoindrir la majorité dont elle devait le bénéfice aux défauts de la législation électorale. Son obstination provoqua le départ du premier ministre dont le successeur, J. Vandenpeereboom (24 janvier 1899), devait amener le triomphe de la réforme que précisément il voulait empêcher. Le projet de loi qu'il présenta aux Chambres comprenait, il est vrai, le principe de la représentation proportionnelle. Mais en ne l'appliquant qu'aux grands arrondissements, il en réservait l'avantage aux seuls catholiques. Ceux-ci, en effet, sûrs de l'emporter dans presque toutes les petites circonscriptions, seraient à tout jamais assurés de la majorité au Parlement, grâce aux sièges qu'ils obtiendraient nécessairement dans les grandes. Il n'en fallait pas tant pour exaspérer la double opposition des libéraux et des socialistes et les amener à faire bloc contre la loi. De nouveau, comme en 1893, la fièvre s'empare du pays. A l'obstruction au sein de la Chambre répondent au dehors les manifestations, les émeutes et la grève. Le 1" juillet, les bourgmestres des grandes villes déclarent qu'ils ne répondent plus de l'ordre si le projet est maintenu. Le 4, les gauches unies publient un violent manifeste contre le gouvernement. Celui-ci, surpris par la virulence de la réaction qu'il a déchaînée, consent à la pour rrni mil SO 1896 2.- Ouestions relatives a la durée et à l'ortanlsatlon du travail. IOOti -------,------ .,00 KO 1896 .Ml 1900 1905 î." Personnel et questions syndicales. Objectifs des grévistes et résultais des grèves exprimés en pour-cents (période 1896-1910). Premier diagramme : questions relatives aux salaires; deuxième diagramme : questions relatives à la durée et à l'organisation du travail; troisième diagramme ; personnel et questions syndicales. D'après ces diagrammes, la majorité des grèves se solde par un échec (60 p.c.). Pour la période 1896-1900, le résultat de trois grèves sur cent n'a pu être déterminé. — Extrait des Statistiques des grèves et look-out en Belgique, 1906-1910. Publié par l'Office du Travail du ministère de l'Industrie et du Travail, pp. 36-37. Bruxelles, 1911, in-8». DE 1 8 84 A 19 14 ment échappait aux suprises du vote majoritaire. Les revirements de l'opinion n'ayant de prise que sur une minorité d'électeurs flottants, il n'était plus possible à cette minorité de prévaloir sur les masses profondes et disciplinées dont, quoi qu'il arrive, le siège était fait. Le déplacement de quelques voix avait suffi jadis pour renverser les ministères; aujourd'hui, pour arriver au même résultat, il faudrait qu'une véritable conversion s'opérât au sein de la nation. Le vote obligatoire devait concourir encore à stabiliser les positions acquises. Mais en revanche, la réforme faisait du Parlement, dans toute la force du terme, une assemblée représentative. N'étant plus qu'un reflet de l'opinion, il en reproduisait toutes les nuances suivant leur intensité et leur répartition réelles. C'en était fait de la prépondérance, que les catholiques exerçaient en Flandre au détriment des libéraux et des socialistes, et la majorité exclusive qu'ils possédaient dans les Chambres allait être réduite aux proportions de celle qu'ils possédaient dans le corps électoral. Les élections du 12 juin 1900 ne pouvaient donc que transformer à leur détriment les positions parlementaires. Ils obtinrent 86 sièges à la Chambre contre 33 aux socialistes et 32 aux libéraux, et 58 sièges au Sénat contre 40 aux libéraux et 4 aux socialistes (5). S'ils conservaient le pouvoir, leur majorité tombait de 72 voix à 20. Les libéraux, réduits depuis 1894 à une quantité négligeable, voyaient leur importance plus que doublée. L'avance socialiste, en revanche, paraissait arrêtée. Chez ce parti ardent et impatient, cette déconvenue ne pouvait que provoquer une recrudescence de l'agitation en faveur de la conquête du suffrage universel dégagé des liens dont l'entourait le vote plural. Il était évident qu'une nouvelle proposition de revision constitutionnelle n'ayant aucune chance de succès, il ne fallait rien attendre que de la propagande. Le Conseil général du parti ouvrier, après le congrès de Liège au mois d'avril 1901, en prit résolument l'initiative. Cependant, l'attitude parlementaire des socialistes évoluait en même temps. A l'intempérance que leurs élus avaient manifestée tout d'abord, se substituait la conduite d'un parti non plus simplement révolutionnaire, mais prêt à assumer les responsabihtés du pouvoir. En 1900, au congrès socialiste de Paris, Edouard Anseele et Emile Vandervelde s'étaient opposés à ce qu'une tactique uniforme fût imposée à la politique socia-hste, lui interdisant de participer à tout gouvernement « bourgeois ». Au mois d'octobre de la même année, lors de l'accueil enthousiaste fait à Bruxelles au prince Albert et à la princesse Elisabeth revenant des cérémonies de leur mariage, le parti ouvrier avait résolu de s'abstenir de toute manifestation républicaine. Plusieurs de ses chefs se déclaraient prêts à accepter un portefeuille dans un cabinet anticlérical, à condition de recevoir la garantie de l'abolition du vote plural. C'étaient là des avances que les libéraux se résignèrent à accepter. Convaincus que le vote plural, tel qu'il avait été organisé par la droite, la maintiendrait perpétuellement au pouvoir, ils ne voyaient plus d'autre moyen de la renverser que l'alliance de ses adversaires. Au mois de mars 1902, ils concluaient un accord avec le parti ouvrier sur un programme commun, revendiquant, en principe, le suffrage universel pur et simple et l'instruction obligatoire. La bourgeoisie anticléricale s'unissait ainsi, par considération électorale, à la démocratie socialiste. (Bruxelles, Collection des Admirateurs de Léopold II et de la Dynastie.) (Cliché Bijtebier.) Le prince Albert et la princesse Elisabeth, à l'époque de leur mariage (1900). Peinture sur soie aux armes de Bavière et de Belgique. Auteur inconnu. Dimensions : hauteur = 40 cm.; largeur = 21 cm. LA GREVE GENERALE DE 1902. — Mais l'agitation déclenchée au sein de celle-ci l'emporta tout de suite sur les conseils de la prudence et les nécessités de la tactique. Le Conseil général débordé fut contraint de proclamer, dès le 14 avril, la grève générale. Il n'en fallait pas tant pour épouvanter les libéraux modérés. Le 18 avril, ils votaient avec la droite contre une proposition de revision soutenue par Jan-son et les radicaux. Le gouvernement, voyant les yeux de l'Europe braqués sur lui et n'ignorant pas que l'Allemagne avait pressenti la France sur les mesures à prendre en cas de révolution en Belgique, était décidé à ne pas céder. Toutes les précautions étaient prises pour l'éventualité d'un conflit. Elle ne se produisit pas. Le calme que surent observer 300.000 chômeurs attesta la profondeur de leur sentiment de classe. C'est à peine si même parmi les mineurs, dont 120.000 sur 132.000 quittèrent la besogne, on constata quelques troubles sans gravité. Mais l'échec de la grève était inévitable. La période de prospérité industrielle que l'on traversait permettait aux patrons une résistance beaucoup plus longue que celle du parti ouvrier, dont les caisses s'épuisaient rapidement. r' ' I \ !> ! Le dimanche 20 avril, le Conseil général donnait l'ordre de reprendre le travail. Le socialisme avait entamé la lutte et l'avait perdue. L'événement venait de prouver à la fois sa force et sa faiblesse, la première attestée par la résolution et la discipline de ses partisans, la seconde par l'insuffisance de ses ressources en hommes et en argent. Car la grève n'avait été générale que de nom. Il semble bien qu'elle ne se soit guère étendue au delà de la moitié de la population industrielle. Pour quelques années le parti ouvrier entrait dans une période de stagnation et de dépression qui fut en même temps une période de recueillement. Ses dirigeants avaient compris que depuis la revision constitutionnelle, il n'était plus possible de prétendre violenter l'opinion. Les procédés qui avaient réussi au temps du régime censitaire n'étaient plus de mise. En 1904, au congrès socialiste d'Amsterdam, les socialistes belges se prononçaient contre l'action révolutionnaire. Les grèves qui signalèrent les années suivantes, celle des mineurs, par exemple, en janvier-mars 1905, en rapport avec la grève des mineurs allemands de la Ruhr, ou en 1906 celle des « deux métiers » à Verviers ne présentent plus de caractère politique : ce sont de purs conflits entre le capital et le travail. Cet arrêt du socialisme, en rassurant l'opinion, profita à l'opposition libérale. La politique scolaire de la droite ravivait l'anticléricalisme tandis que son attitude à l'égard de la question mihtaire inquiétait les patriotes. Peu à peu, un revirement s'opérait en faveur du parti qui, par son adhésion à l'enseignement obligatoire, au service personnel et au renforcement de l'armée, se posait en parti national. En 1906, les élections portaient à la Chambre quarante-cinq libéraux; après celles de 1908, la majorité catholique tombait à huit voix et la continuité de son affaisse-sement, sous le régime de la représentation proportionnelle, n'en était que plus significative. La nécessité, ou pour mieux dire, l'urgence de réformer l'organisation mihtaire du pays, dont les péripéties de la revision constitutionnelle avaient un moment détourné Manifestation en faveur du suffrage universel organisée à Gand le 28 mai 1899. Des socialistes, des libéraux et des démocrates chrétiens y participèrent. — Photographie reproduite dans l'ouvrage d'Avanti : Een Terugblik, p. 625. Gand, 1908, in-4». l'attention du roi, s'affirmait cependant tellement pressante qu'il n'était plus possible d'en différer davantage la solution. Pour tous les esprits clairvoyants, l'entente franco-anglaise de 1904, à laquelle avait répondu l'année suivante la retentissante visite de Guillaume II à Tanger, puis en 1906 l'inquiétante tournure prise par la conférence d'Algé-siras, faisait présager l'imminence d'un conflit européen dans lequel la Belgique serait fatalement entraînée. Le plan conçu par le Grand Etat-Major allemand de tourner les forteresses françaises par la vallée de la Meuse, n'était mis en doute que par ceux-là seuls qui voulaient l'ignorer. Depuis la « brochure verte » inspirée par Brialmont en 1889, le péril n'était plus niable. En cas de guerre, l'armée mal recrutée, viciée par le système du remplacement, ne disposant que d'effectifs ridiculement insuffisants, ne pourrait, à toute évidence, ni tenir la campagne ni même défendre les forts de la Meuse, édifiés à grands frais depuis 1888 (6). REORGANISATION DE L'ARMEE. - Aux attaques dirigées depuis longtemps déjà par les libéraux contre le remplacement, s'ajoutaient maintenant celles des socialistes. En 1896, ils avaient vainement proposé l'abolition du privilège qui permettait à la bourgeoisie de se dispenser de « l'impôt du sang » au détriment du peuple. Il n'était plus possible de recourir encore aux arguments périmés qu'au temps du régime censitaire, la droite avait invoqués pour justifier une institution si visiblement condamnée par l'intérêt militaire et par la justice sociale. Elle reculait pourtant avec horreur devant une réforme qui eût imposé aux classes aisées la promiscuité et « l'immoralité » de la caserne, et dont l'aboutissement eût été, au surplus, à bref délai, l'instauration du service général. Le dégoût du clergé et des paysans pour le service militaire renforçait encore ses répugnances. Peu à peu se faisait jour, parmi elle, l'idée de recruter l'armée à l'exemple de l'Angleterre, par l'introduction du « volontariat ». S'il ne fournissait pas le nombre d'hommes suffisant, on y suppléerait par le tirage au sort et au lieu d'augmenter le contingent annuel, on se contenterait de réorganiser la garde civique en une sorte de réserve de l'armée. Nul doute d'ailleurs que ce plan ne s'inspirât beaucoup plus de considérations conservatrices que du souci de la défense nationale. Une armée de volontaires appuyée par les bourgeois de la garde civique ne serait-elle pas, en cas de troubles, le meilleur soutien de l'ordre ? En d'autres circonstances sans doute, le Roi eût secondé l'opposition que libéraux et socialistes menaient en commun contre de tels desseins. Mais la droite, jusqu'en 1899, demeura trop puissante pour qu'il osât rompre avec elle et risquer de la soulever contre ses projets congolais. Du moins ne pût-on le détourner de recevoir au Palais, au mois de juin 1897, une députation d'officiers en retraite et de leur affirmer l'accord complet de ses vues avec les leurs. Le gouvernement en fut quitte pour déclarer que ce n'étaient là que des opinions personnelles n'enga- .tf t. géant en rien le ministère. Quelques mois plus tard, en août, le Parlement adoptait la loi réformant la garde civique, et le chef de la droite en concluait que la question militaire était résolue. Mais elle l'était si peu que dès 1900, il fallut bien convoquer une « grande commission » composée de membres des Chambres et d'officiers pour étudier un plan d'ensemble de réorganisation de l'armée. Elle conclut en faveur de l'instauration du service personnel et de l'augmentation du contingent. Le gouvernement n'osa pourtant proposer au Parlement d'adopter ces réformes. La droite raillait la prétention des « hommes compétents » de vouloir imposer au pays leurs préjugés militaires. Contre eux, elle en appelait au bon sens des électeurs. Un de ses chefs les plus influents soutenait que la neutralité belge était la plus ferme garantie de la sécurité nationale et que le statut de l'armée devait être « celui d'une armée qui ne doit pas se battre ». Au mois de mai 1902, était votée la loi qui faisait d'elle une armée de volontaires. La tournure des événements allait bientôt souligner l'ironie de cet essai d'organiser l'armée du « pays le plus exposé au monde », comme s'il eût été une île. Sans doute l'agitation provoquée par les hbéraux devait demeurer impuissante. En 1904, en réponse à une grande manifestation où ils avaient revendiqué tout ensemble, le service personnel, l'instruction obligatoire et le suffrage universel, la majorité catholique des Chambres avait voté un ordre du jour déclarant « excellente » la défense du pays. Pourtant, deux ans après il fallait bien se résigner à décréter le renforcement des fortifications d'Anvers (7) et, en 1907, à décider l'élargissement de la ceinture des forts autour de la ville. LA JEUNE DROITE ET LA LEGISLATION SOCIALE. — Manifestement, les yeux se dessillaient de ceux qui peu de temps auparavant vantaient « l'excellence » de la situation militaire. Le moment approchait où il ne serait plus possible de persister dans une politique qui, tout en acceptant de fortifier le pays, refusait les hommes à ses forteresses. En 1908, la proposition d'instaurer le service personnel n'était plus repoussée au Parlement que par 78 voix contre 70. La « jeune droite » (Bruxelles, Musée Royal de l'Armée.) (Cliché Jacobs.) Henri-Alexis Brialmont (Venio, 1821-Bruxelles, 1902). Avec Emile Banning et le baron Lambermont (voyez p. 228), Brialmont fut un des « grands commis » de Léopold II. Officier de carrière qui consacra toute sa vie à la question militaire, il introduisit le cuirassement métallique dans la construction des forts et dota Anvers d'une « grande enceinte » (1860-1864). Dans son livre La situation militaire de la Belgique (1882), Il annonçait la guerre de masses et prévoyait que, en cas de conflit armé, les Allemands tourneraient les fortifications françaises par la trouée de la Meuse. Les forts de Liège et de Namur furent construits à son initiative. Brialmont collabora également aux débuts de l'œuvre coloniale de Léopold II. — Terre-cuite d'Alphonse Van Beurden (né à Anvers en 1854). Hauteur : 80 cm. tout entière l'appuyait. Le chef de Cabinet lui-même, F. Schollaert, s'y ralliait brusquement au milieu de la stupeur de la « vieille droite », le 12 novembre 1909. Quelques jours plus tard, la réforme était enfin votée par 100 voix contre 58. Léopold II eut la satisfaction de signer sur son lit de mort la loi qui rendait possible la réorganisation militaire du pays. L'intérêt électoral qui avait si longtemps empêché la droite de parer au péril mihtaire, la poussait impérieusement, au contraire, à parer au péril social. Il ne s'agissait plus ici d'éventualités lointaines et que l'on pouvait considérer comme problématiques, mais de réahtés visibles et pressantes. Pour arrêter l'avance sociahste, le meilleur moyen était de lui opposer en se l'appropriant son programme de réformes. Les encycliques de Léon XIII traçaient le plan de l'œuvre à accomplir. Le prolétariat séduit M HISTOIRE DE BELGIQUE ACKNCi; fiKMillAI.K REMPLACEMENT MILITAIRE DlT»:U3n LOUIS VERHf'jaSÎI. :i>. afi>p*ii K rMkii». li, ■ Fnh. In fu%ujtnn. In Sinn VKRHEUtiRN. Afinl iiiM,i4il JeHi-i'ipl.ij, rmrm » .Urft»j/>r 4 - /« w « Y •<«y JAI - Jim.itfJHl /,'' f/.rr'/ Jt^^' -'4/1,. rA ' ^ a dt U Ua JU .7 ) JAiu.n fun. d f^H !■< /.r fr\mnT miHUii:uf iVw^j^r J< liS'rrr J.in u' m„tlig<,ii.mtà c>//rr If,.^ /f;/jti! - Lti fJrlm J-ml «•/i-rtiuBi Jf iwnnr/r. rnc'Hf'-frt da l.tuntarj. it. i Anrtr,. riiMn^M en, JuiiHe « Jr /m à Amxrt. If J' l'i^t/'-M' 18S/ _ / // vu TOUR LEOMJWTItS Oi Sia>t^TVHt XW y APWCÙ ' ^'t L^^y^VcSîne '-laSV. -J (Bruxelles, Collection des Admirateurs de Léopold II et de la Dynastie.) (Cliché Bijtebier.) Contrat de remplacement militaire (1881). Aux ternies du contrat (à gauche), le directeur de l'Agence générale de remplacement militaire, Louis Ver-heugen, domicilié 32, rempart du Lombard à Anvers, s'engage, contre versement de la somme de deux mille sept cents francs, à « libérer définitivement du service militaire par remplacement et conformément à l'art. 72 de la loi du 18 septembre 1873, le sieur Léopold-Michel Romberg, milicien de 1881 d'Anvers n» 932 du tirage ». Acte fait en double et signé le 27 septembre 1881 par Louis Verlieugen et Jeanne Romberg, épouse de Michel-Lévy Romberg, née Gabriel. A droite, reconnaissance par L. Verheugen d'une dette de 25.000 francs à payer à Jeanne Romberg dans le cas où il n'aurait pas remplacé le milicien Léopold Romberg « dans le délai prescrit par l'autorisation ministérielle » (même date). Légalisation de la signature de Verheugen et cachet de l'administration communale d'Anvers. par les utopies marxistes serait ramené à l'esprit chrétien par les bienfaits d'une législation revenue des erreurs de l'économie libérale. La « jeune droite » à laquelle les conservateurs catholiques avaient bien dû faire sa place depuis l'abolition du régime censitaire, devenait le protagoniste de mesures sociales où l'Etat, sans prétendre s'imposer à l'initiative individuelle et à la charité, leur accorderait son appui. Intermédiaire pour ainsi dire entre le socialisme d'Etat et le libérahsme individualiste, la législation sociale de la Belgique présente un caractère qui la fait considérer par les uns comme un modèle et taxer par les autres de timidité et d'inconséquence (8). A tout prendre, et si l'on songe à la difficulté de protéger efficacement le travail sans nuire à l'inéluctable nécessité qu'impose au pays son besoin de produire à bon marché, l'œuvre réalisée est remarquable. Il suffira de mentionner ici la création, en 1895, d'un ministère du travail, la loi du 10 mai 1895 sur les pensions de vieillesse, puis celles qui établirent ou réformèrent en 1896 les règlements d'atelier, en 1897 l'inspection des mines, en 1898 l'octroi de la personnification civile aux unions professionnelles, en 1903 les garanties contre les accidents du travail, en 1905 le repos du dimanche. LES LOIS LINGUISTIQUES. - Pour achever cette esquisse de l'activité des gouvernements catholiques, il reste à jeter un coup d'œil sur leur intervention en matière linguistique. Dès avant la revision de 1893, on l'a vu plus haut, la question flamande s'était imposée à l'attention de la droite. Elue surtout par les provinces flamandes elle était le seul parti qui s'intéressât à leurs griefs et qui en comprît la raison d'être. Sans doute aussi voyait-elle dans l'attachement du peuple à sa langue une garantie précieuse pour le maintien de la foi menacée par les progrès de la libre-pensée française. Le ministère de 1884 s'était empressé de donner des gages de sa bonne volonté. En 1886, une Konink-lijke Vlaamsche Academie voor taal en letterkunde avait été instituée à Gand, et la même année l'apparition des billets de banque imprimés dans les deux langues nationales avait été, si léger qu'il pût paraître, le premier symptôme de l'orientation du pays vers un régime administratif bilingue. L'introduction de cours flamands à l'Ecole militaire, en 1888, marquait un pas de plus dans cette direction. Une loi imposant l'année suivante l'emploi du flamand dans la procédure criminelle des affaires où seraient imphqués des prévenus flamands, donnait enfin satisfaction à des réclamations depuis trop longtemps rebutées. Ces preuves de sympathie ne pouvaient que renforcer et encourager les flamingants. Le grand congrès qu'ils tinrent à Bruxelles en 1890 attesta qu'ils croissaient tout ensemble en nombre et en énergie. Ils restaient bien loin cependant de constituer, au sein du corps électoral censitaire, une force assez redoutable pour s'imposer. Il est caractéristique qu'aucune voix ne se soit élevée au Parlement pour exiger d'étendre la revision à l'article de la constitution réglant l'usage des langues dans le pays. Mais pour avoir été négligée pendant que l'on revisait, la question linguistique se posa aussitôt que l'on eût achevé de reviser. Son importance et sa gravité décuplèrent comme avait été décuplé le nombre des électeurs. Elle devenait à son tour une question démocratique et d'autant plus redoutable qu'elle allait peu à peu réveiller dans l'âme des masses, plus encore que le sentiment de la justice et de la dignité, l'amour instinctif de la langue maternelle. La francisation de la bourgeoisie commençait à apparaître comme une insulte au peuple dont elle sollicitait les suffrages. Le cri : « In Vlaanderen vlaamsch », n'était plus la devise de quelques zélateurs; il appelait à la lutte contre les « fransquillons » tous ceux qui attribuaient l'abâtardissement de la Flandre à la langue étrangère et qui allaient jusqu'à hausser le problème linguistique à la hauteur d'un problème social. Dans le pays d'Àlost, la propagande démocratique de l'abbé Daens opposait impétueusement la langue des pauvres à la langue des riches. A la Chambre, les discussions linguistiques prenaient une violence et une acrimonie croissantes. Des déclarations intempestives sur les vertus du génie germanique et sur la décadence latine irritaient les députés wallons pour qui le flamand continuait à n'être qu'un ensemble de patois. Le gouvernement de son côté prodiguait les bonnes paroles et cherchait des solutions moyennes. Il était impossible, sans bouleverser l'Etat, de réaliser le programme flamingant qui eût conduit tout droit à une séparation administrative, dont au surplus, parmi les hommes pohtiques responsables, personne ne voulait. La seule marche à suivre était de réformer gra- duellement, dans le sens du bilinguisme, l'administration du pays par une série de lois qui, sans imposer aucune contrainte aux Wallons, donneraient aux habitants des provinces flamandes les garanties et les satisfactions qu'il n'était plus possible de leur refuser. Dès 1898, une loi décidant la promulgation des actes législatifs dans les deux langues consacrait le caractère officiel du flamand, relégué jusqu'alors au rang de « langue de deuxième zone ». Pour calmer l'impatience des partisans de la division de l'armée en régiments flamands et en régiments wallons, la garde civique, en 1897, fut commandée dans la langue régionale. En 1910, l'enseignement du flamand était étendu dans les établissements d'instruction secondaire, et déjà, au Parlement, se faisait jour l'intention de « flamandiser » l'université de Gand (9). Evidemment, la question flamande entrait dans une ère nouvelle. Pourtant elle ne faisait encore que préluder. Le vote plural en paralysait l'élan par la prépondérance qu'il donnait aux classes aisées, et la discipline du parti catholique rendait impossible une scission de ses éléments flamands. Ses chefs obtenaient de l'autorité religieuse, l'interdiction de l'abbé Daens. Les socialistes d'autre part, soutenus surtout par les ouvriers wallons, affectaient une attitude de neutralité en face du problème linguistique, dont ils approuvaient, mais sans y collaborer, les tendances démocratiques. Quelque agitation se manifestait bien dans les provinces wallonnes où, en 1897, une ligue pour la protection des droits des Wallons était fondée à Liège. Quant à Bruxelles, que la législation dotait d'un régime spécial répondant à son caractère bilingue, ses habitants n'en demandaient pas davantage. Seule la position historique du français en Flandre était menacée. Telle qu'elle se posait, la question n'impliquait ni lutte, ni hostilité entre Flamands et Wallons. Elle se circonscrivait au conflit, en Flandre même, entre la majorité linguistique et une minorité sociale pour qui, depuis des siècles, le français était devenu de plus en plus, dans toute la force du terme, la langue maternelle, si bien que les « fransquillons » pouvaient rétorquer à leurs adversaires les arguments que ceux-ci invoquaient contre eux. TRANSFORMATION DES PARTIS APRES LA REVISION. — La revision constitutionnelle n'a rien changé au mécanisme politique dont le Congrès de 1830 avait doté le pays. Après elle comme auparavant la Belgique demeure une monarchie parlementaire; après elle comme auparavant l'étendue et les rapports des grands pouvoirs de l'Etat restent les mêmes et l'administration continue à fonctionner suivant les mêmes principes. Seules les forces qui donnent l'action à la machine se sont ampli- (Bruxelles, Musée Royal de l'Armée.) (Cliché Jacobs.) Léopold II et soldats des dHférenles armes. Groupe de bronze sculpté par Léon Mignon (Liège, 1847-Schaerbeek [Bruxelles], 1898). Hauteur du groupe : 1,40 m. (dont 1,12 m. pour le socle dont la base n'est pas visible sur la pliotographle). fiées au delà de toute prévision, et c'est merveille qu'elle y résiste. Au mince filet d'eau qui a fait tourner le moulin jusqu'en 1893, s'est brusquement substitué un torrent. En somme, on l'a déjà dit, la revision n'a été qu'une gigantesque réforme électorale. Et par cela même ses conséquences devaient être bien plus profondes encore sur la constitution des partis que sur celle du Parlement. Car désormais les cadres étroits et les méthodes surannées du régime censitaire ne peuvent plus suffire à recevoir et à organiser les masses armées du bulletin de vote. Pour s'en emparer et pour les soumettre à leur discipline, il faut donc que les partis recourent à de nouveaux moyens d'action et de propagande et s'ingénient à multiplier leurs prises sur cette démocratie dont dépend aujourd'hui la possession du pouvoir. Seul le parti libéral n'a guère changé. Recruté presque tout entier parmi la bourgeoisie, il se prête mal à l'évolution démocratique. Son individuahsme le rend défiant à l'égard des réformes sociales qui sacrifient la liberté à l'intérêt commun. Les quelques groupements d'ouvriers libéraux qu'il a suscités ne se rencontrent guère que parmi cette minorité de travailleurs que son genre de vie rapproche beaucoup plus de la petite bourgeoisie que du prolétariat. Au fond, l'esprit du parti demeure essentiellement politique. Il se fait gloire de répudier les intérêts confessionnels et les intérêts de classe pour ne s'attacher qu'à l'intérêt national. Mais il se condamne ainsi à ne disposer que d'une clientèle restreinte à laquelle suffit l'armature de ses anciennes associations. Son importance néanmoins reste considérable. Depuis le vote de la représentation propor- Evolution du système défensif d'Anvers entre 1809 et 1906. La légende figurant au bas de la carte à droite permet de reconstituer le tracé des cinq enceintes successives ou projets d'enceintes (1809, 1853, 1858, 1859-1860,1906). Les sept fortins construits entre 1851 et 1853 furent démolis en 1859. Le projet de 1857-1858 connu sous le nom de « petite enceinte » ayant été repoussé par la Cfiambre, le capitaine Brialmont fit admettre la « grande enceinte » (1859) qui consistait en une ceinture de forts terminée par une citadelle, huit forts placés à sept kilomètres environ du centre de la ville, et un jeu d'inondations tendues au nord, au nord-est et à l'ouest d'Anvers (voyez l'illustration de la p. 100). Le système mis au point en 1906 devait comprendre une enceinte substituée à celle de 1859 et une ligne avancée de dix-neuf forts. C'est donc le tracé de 1906 (points blancs sur la carte) qui correspond à l'état des fortifications à la veille de la première guerre mondiale. Celle-ci empêcha d'achever la construction de ce qui devait être le plus vaste camp retranché du monde (105 kilomètres de périmètre défendus par 84.000 hommes). — D'après la carte reproduite par O. Verhaegen HOMC ri n 1 Jt ^ M a ^^ ^ i. tl » » A 1 À À 1 K " —— - — dans VHistoire de la Belgique contemporaine, t. II, pp. 414-415 (hors-texte). Bruxelles, 1929, in-S". tionnelle, sa position au Parlement lui permet de jouer souvent le rôle d'arbitre et oblige la majorité à compter avec lui. Tout ensemble anticlérical et conservateur, il évolue entre les adversaires, sans prétendre s'imposer aux masses industrielles qui vont au sociahsme, ni aux masses rurales et croyantes qui obéissent à l'Eglise. Par le principe de la lutte des classes, le parti ouvrier s'oppose aussi nettement aux libéraux qu'il s'oppose aux catholiques par son matérialisme marxiste. Il a beau déclarer que la religion est affaire individuelle : en fait, s'il se proclame neutre en matière de dogmes, il n'en est pas moins hostile, sinon à la foi du moins à l'Eglise qui pour les croyants se confond avec elle. L'Eglise, en effet, n'est à ses yeux que la plus dangereuse parce que la plus influente des puissances conservatrices. Par tous les moyens il s'efforce de ruiner son ascendant et son prestige sur les corps et sur les âmes : sur les corps, en discréditant ses innombrables institutions de charité ou de bienfaisance, sur les âmes, en substituant à la première communion des enfants chrétiens, la « première communion rouge » des enfants socialistes. Comme l'Eglise d'ailleurs, il s'efforce de prendre l'homme tout entier, de l'enfermer dans le parti, de l'y pétrir si l'on peut ainsi dire, de l'imprégner de son ambiance, si bien même que l'amélioration du sort de l'ouvrier n'est qu'un moyen d'atteindre au but suprême de la révolution sociale conformément aux principes du manifeste communiste. L'ORGANISATION SOCIALISTE. ~ Mais ce n'est là qu'un but bien lointain. La société capitahste est encore trop profondément enracinée, les masses travailleuses encore trop ignorantes, trop brutales, trop inorganisées pour que l'illusion d'une victoire prochaine du prolétariat n'ait pas fait place de très bonne heure à des visées plus pratiques et plus réalistes. Si le programme de l'Internationale reste l'idéal à atteindre, c'est par le chemin des intérêts qu'il faut y conduire les masses. Le relèvement de leur condition matérielle ne haussera pas seulement leur niveau moral, il les imprégnera encore de cet esprit de classe qui est aussi nécessaire à leur triomphe que l'esprit national des armées l'est au succès des batailles. Dès lors, il est indispensable que le prolétariat ne doive rien qu'à lui-même et qu'il prenne conscience de sa force en constatant les avantages qu'elle lui procure. Il ne suffira pas d'exciter son mécontentement, de le dresser contre les injustices dont il est victime, de lui déclarer qu'il est l'artisan de toute richesse et l'éternel exploité du capitalisme; bien plus que de l'irriter contre ses souffrances, il importe de lui prouver que le parti ouvrier seul peut les adoucir, fournir aux travailleurs une existence plus abondante et plus saine, des secours en cas de (Liège, Place Foch; Gand, Speldenstraat.) (Clichés Maes et De Wilde.) « La base de cette puissance est l'organisation coopérative. » Voyez le texte et le commentaire ci-dessous.) — Deux sièges de coopératives socialistes : « La Populaire » à Liège (à gauche) et la deuxième pharmacie du « Vooruit » à Gand (à droite). L'ancien hôtel de Méan, construit en 1662, fut acquis en avril 1895 par les syndicats socialistes liégeois qui le transformèrent en maison coopérative. L'architecture intérieure et e.xtérleure a été modifiée. — Quant à la première pharmacie du Vooruit ouverte le 11 octobre 1885 au Garenmarkt, elle fut remplacée peu de temps après par celle de la Speldenstraat. maladie ou d'invalidité, des distractions le dimanche. Ainsi, se sentant bien dans le parti, éprouvant tous les jours les bienfaits qu'il dispense non seulement à lui-même, mais à sa femme et à ses enfants, le nouvel affilié s'y attachera par toutes ses fibres. Et en cela, la conduite du socialisme belge est bien dans la tradition nationale. En donnant le pas aux réalisations pratiques sur l'activité critique et théorique, il a peut-être justifié les reproches des fervents de l'Internationale, mais il a réussi avec une rapidité étonnante à créer une oeuvre telle qu'aucun parti, dans aucun pays, n'a pu jusqu'aujourd'hui réussir à égaler. Il suffit, pour apprécier la grandeur de ses résultats, de comparer la condition du prolétariat avant et après son entrée en scène. La base de cette puissance est l'organisation coopérative dont le Vooruit de Gand et Le Progrès de Jolimont ont été les modèles et sont restés depuis lors les types les plus achevés. A leur exemple et suivant leur méthode, dans toutes les grandes villes et dans tous les centres des régions industrielles, s'instituent, depuis les environs de 1886, des établissements analogues. A côté des boulangeries, par quoi le mouvement a partout débuté, s'ouvrent bientôt des boutiques d'épicerie, des magasins de vete-ments, des dépôts des produits les plus divers. Et aux coopératives de consommation s'adjoignent des coopératives de production. Partout on rencontre des imprimeries socialistes qui, outre qu'elles impriment le journal du parti, travaillent de plus en plus largement pour le public. Le Vooruit monte un tissage florissant. A la veille de la guerre est fondée à Gand la Banque belge du travail, qui achève l'outillage économique de ce parti qui, pour combattre le capitalisme, lui emprunte ses moyens d'action. Le développement des mutualités surprend par son exubérance. Il s'en fonde de toutes parts et pour tous les cas : maladie, invalidité, chômage. Dans beaucoup de localités, le dispensaire et la clinique socialistes font concurrence aux institutions de bienfaisance neutres des pouvoirs publics, la neutralité n'étant guère moins suspecte aux socialistes qu'elle ne l'est aux catholiques. Les syndicats professionnels se propagent d'un mouvement plus lent. En 1914, ils ne comprennent encore que 120.000 membres. La Commission syndicale, fondée en 1898, tend à les grouper, suivant les professions, en fédérations nationales, à l'imitation de celle que les mineurs ont constituée dès 1889. IV- 15 (Oand, Rue Royale.) (Cliché A.C.L.) Siège de la « Koninklijke Vlaamsche Academie voor Taal- en Letter-kunde » à Gand. Malgré les efforts de J.-F. Wlllems et de J.-B. David (voyez rillustration et la notice de la p. 174), l'Académie flamande ne fut créée que par arrêté du 8 juillet 1886. En 1892, elle acquit l'ancien fifttel d'Oombergen, de style Louis XV, construit en 1745 sur l'emplacement d'un ancien « steen ». Toutes ces organisations rayonnent autour des « Maisons du Peuple » et en reçoivent l'impulsion. C'est là que se concentrent toutes les activités du parti. Le Voomit de Gand, le Progrès de Jolimont, le Werker d'Anvers, la Populaire de Liège ou celle de Verviers possèdent des salles de conférences et de réunion, des salles de lecture, des salles de fêtes, des bureaux de toutes sortes. Souvent un parc acquis aux abords de la ville pourvoit aux distractions des dimanches. Il n'est pas dans les districts industriels si petite commune qui ne possède sa maison socialiste, centre tout à la fois de coopération et de propagande. De même qu'il y a des curés dans chaque village pour la diffusion des idées catholiques, de même il y a des employés de coopératives dans chaque centre industriel pour la propagation des idées socialistes (10). A mesure que le bien-être se répand au sein du parti ouvrier, le nombre de ses adhérents augmente et partout sa puissance se développe. Les cotisations qu'il exige de ses membres les lui attachent davantage par le sacrifice qu'elles imposent. Les bénéfices des coopératives et de leurs annexes alimentent de plus en plus largement les fonds affectés à la presse socialiste, à la propagande électorale, au financement des grèves. Dès 1905, un économiste allemand constate que le socialisme belge est le mieux orga- nisé de toute l'Europe et montre la voie à suivre aux pays de vieille civiUsation (11). Et constamment aux progrès anciens s'adjoignent de nouveaux progrès. En 1911, la Centrale d'éducation ouvrière doit fournir à la propagande un état-major de collaborateurs instruits. A vrai dire, le parti est plus qu'un simple parti. Il fait songer à un Etat et à une Eghse dans lesquels l'esprit de classe tient la place de l'esprit national et de l'esprit religieux. LE PARTI CATHOLIQUE ET LA LEGISLATION SOCIALE. — Mais si puissant qu'il soit, cet esprit, bien différent en cela de l'esprit religieux et de l'esprit national, ne s'impose que dans les limites restreintes d'une classe. S'il se propage avec une vigueur presque irrésistible parmi les 1.150.000 ouvriers et employés que compte le pays, la campagne lui demeure fermée. Ses efforts à partir de 1896 pour s'en emparer sont demeurés stériles ou à peu près. Entre le prolétariat industriel et le prolétariat rural, les différences et les contrastes du genre de vie, de l'éducation, des intérêts et des croyances — des croyances surtout — sont trop grandes pour qu'il soit possible de les associer en une même action, et les assauts du socialisme viennent se briser ici contre la résistance de l'Eglise. Aussitôt après les troubles de 1886, l'évêque de Liège, Mgr Doutreloux, avait convoqué dans sa ville épiscopale un congrès catholique international. Il n'était que temps, en effet, pour les catholiques belges, de rompre avec le hbéralisme économique et de reconnaître enfin l'existence d'une question ouvrière, s'ils voulaient empêcher les travailleurs de passer en masse au socialisme. L'exemple de leurs coreligionnaires allemands, dont l'esprit dirigea les travaux du congrès, les rallia à un programme d'action sociale appelant l'intervention de l'Etat à protéger le (Bruxelles, exemplaire de la Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes.) « Dans le pays d'Alost, la propagande démocratique de l'abbé Daens opposait impétueusement la langue des pauvres à la langue des riches. » (Voyez le texte, p. 214.) - L'abbé Daens. Augustin-Adolphe Daens (Alost, 1839-1907), champion de la démocratie chrétienne et co-fondateur du Christene Volkspartij, fut élu député d'Alost en 1894, puis de Bruxelles en 1902 et 1904. Ses Idées progressistes lui attirèrent l'hostilité des catholiques conservateurs, surtout de Woeste, et de ses supérieurs ecclésiastiques. Dénoncé à Rome, il se vit interdire la célébration de la messe et le port du costume ecclésiastique. Il ne demeura pas moins fidèle à son idéal et fut témoin des premiers succès de la démocratie chrétienne en Flandre. Il mourut réconcilié avec son évêque. — Portrait, d'après une photographie de Oéruzet, reproduit dans Les Hommes du Jour, 1» sér. n" 3 (18941 ^'W^z i^ Zeye/ (Bruxelles, Ministère de la Justice.) « Léopold II eut la satisfaction de signer sur son lit de mort la loi qui rendait possible la réorganisation militaire du pays.» (Voyez le texte, p. 213.) — Dernière signature de Léopold II au bas de la loi du 12 novembre 1909. Celle-ci instaurait le service personnel. Léopold II la signa d'une main défaillante à Laeken le 14 décembre 1909. Le souverain mourut trois jours plus tard. pauvre contre les iniquités du régime « païen » de la liberté illimitée, et prônant le retour à ces corporations professionnelles dont l'abolition par la Révolution française au nom des droits de l'homme, n'avait eu pour résultat que l'esclavage des faibles au profit des forts. L'intérêt religieux qui avait poussé les catholiques belges avant 1830 à revendiquer les « libertés modernes » les poussait donc aujourd'hui à les bannir du domaine social. Mais ce second revirement devait être beaucoup plus difficile et plus lent que le premier. Si le clergé évolua très rapidement dans le sens de la réforme, on ne pouvait s'attendre à la voir triompher sans obstacles des répugnances qu'elle inspirait aux capitalistes, industriels ou grands propriétaires, dont l'influence sous le régime censitaire demeurait prépondérante dans le parti. Pour avoir déduit logiquement les conséquences de la philosophie thomiste en faveur des ouvriers un professeur du séminaire de Liège, l'abbé Pot-tier, soulevait un tel scandale qu'il fallut par prudence lui imposer silence. Mais si les conservateurs pouvaient ralentir le mouvement, ils ne pouvaient pas l'arrêter. Comment s'y opposer alors qu'il se réclamait de l'esprit chrétien et qu'on le savait encouragé par Rome ? A partir de 1891, d'ailleurs, Léon XIII élevait la voix. Le 15 mai, l'encyclique Rerum Novarum sur la condition des ouvriers (De conditione opi-ficum) marquait l'éclatante adhésion du Saint-Père aux doctrines nouvelles. Ce que le « manifeste communiste » avait été pour l'Internationale, l'encyclique le fut pour les catholiques. Elle leur traçait un programme et leur imposait l'obligation de s'y tenir. On pouvait discuter encore sur les modalités comme il était arrivé jadis pour le Syllabus, on ne le pouvait plus sur les principes. Deux ans plus tard, en 1893, la revision constitutionnelle, en dispensant le droit de suffrage aux masses populaires, condamnait d'ailleurs à l'impuissance tout essai d'entraver, au sein de l'Eglise, les progrès d'une réforme voulue par son chef. La ligue démocratique belge fondée en 1891 à Louvain en vue de relever la situation morale et matérielle des travailleurs et d'amener, par la religion, la paix entre le capital et le travail, devait désormais donner au parti catholique une impulsion de plus en plus marquée vers la législation sociale. Au Parlement, la jeune droite était son interprète. Au sein de la bourgeoisie, le prestige scientifique de l'historien Godefroid Kurth y ralliait la jeunesse. Dans le peuple enfin, dans le peuple surtout, elle devait s'imposer sous peine de le voir s'abandonner à la déma- (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Médailles.) Monnaies du règne de Léopold II (loi du 20 juillet 1866). 1 : 20 francs or. Effigie du roi, légende LEOPOLD II ROI DES BELGES, et la date 1887. — 2 : revers du précédent, au lion belge dans un manteau, à la devise nationale et au chiffre 20 francs. — 3:5 francs argent. Comme I, sauf la date reportée au revers. — 4 : revers du précédent, au lion belge sommé d'une couronne entre deux branches de laurier, à la devise nationale, au chiffre 5 francs et à la date 1866. — 5:1 franc argent. Comme 3. — 6 : revers du précédent, au lion belge sommé d'une couronne avec le sceptre et la main de justice en sautoir, à la devise nationale, au chiffre 1 franc et à la date 1866. — 7:1 centime cuivre à l'initiale du roi surmontée de la couronne royale, même légende que 1, date 1869. — S : revers du précédent, au lion gardien de la Constitution, à la devise nationale et au chiffre 1 CENT[1M]E. — Les numéros 3 et 5 sont signés Léop(old) Wiener (Venio, 1823-BruxeIles, 1891), le numéro 8 J(oseph) P. Braemt (Gand, 1796-Bruxelles, 1864). HISTOIRE DE BELGIQUE ) : / ; gogie dont les succès électoraux du fougueux abbé Daens, dans la région d'Alost, ne prouvaient que trop la puissance contagieuse. La lutte des classes allait-elle donc se déchaîner parmi ces paysans dont la brutalité, une fois débridée, n'obéit plus même à l'Eglise si l'Eglise lui résiste ? Il n'était que temps d'intervenir et de discipliner les forces obscures qui menaçaient de tout emporter. Dès 1897, la ligue démocratique expulsait de son sein les Daensistes que l'interdiction de leur chef a divinis acheva de mettre hors de cause. Le Boerenbond allait substituer à l'ardeur et à la violence, l'action disciplinée et bienfaisante de son puissant organisme. LE BOERENBOND. — On peut considérer comme sa modeste origine la fondation en 1887, à Goor en Cam-pine, par le curé de l'endroit, d'une gilde de paysans (Boeren Gilde). Simple mesure de préservation sociale et religieuse, inspirée sans doute par la terreur des troubles de l'année précédente, elle attira tout de suite l'attention de Georges Helleputte, le plus actif et le plus influent des catholiques convaincus de la nécessité de l'action sociale. La Ligue des Paysans, oià Boerenbond, dont il fut l'initiateur en 1890, n'est, en effet, dans sa constitution (Musée de Alenton.) (Cliché Chenler.) (Cliché Warny.) « Pour avoir déduit logiquement les conséquences de la philosophie thomiste en faveur des ouvriers, ... l'abbé Pottier soulevait un tel scandale qu'il fallut par prudence lui imposer silence. » (Voyez le texte, p. 219.) - L'abbé Pottier (Spa, 1849-Rome, 1923). Professeur au grand séminaire de Liège de 1879 à 1902, l'abbé Pottier s'intéressa au sort de la classe ouvrière, tenant des meetings, créant des cercles d'études, des caisses d'épargne, des coopératives, des mutualités et surtout VUnion démocratique chrétienne de Liège (1892). Ses tendances furent dénoncées et combattues par les socialistes, les patrons catholiques et les membres de V Union catholique, association politique rivale de V Union démocratique chrétienne. Envoyé en Suisse pour raisons de santé (1902), Il passa les vingt dernières années de sa vie à Rome où, par la plume, la parole et l'action, Il continua à défendre et à propager l'Idéal de la démocratie chrétienne. 11 avait été nommé camérier secret du pape en 1910, et prélat domestique de Sa Sainteté en 1913. — Photographie. «A partir de 1891... Léon XIII élevait la voix. Le 15 mal, l'encyclique « Rerum Novarum » sur la condition des ouvriers (...) marquait l'éclatante adhésion du Saint-Père aux doctrines nouvelles. » (Voyez le texte, p. 219.) - Léon XIII (Joachim Pecci (Carpineto, 1810-Rome, 1903), pape de 1878 à 1903. Portrait signé Puerto de Vlllanova. — Léon XIII avait été nonce à Bruxelles de 1843 à 1846 (voyez l'Illustration de la p. 151). essentielle, qu'une fédération de gildes paroissiales, établies sur le modèle de celle de Goor. Son dessein, exactement comme celui des organisations du parti ouvrier, est d'associer le relèvement moral au relèvement matériel, la religion étant ici l'instrument de l'un et de l'autre. L'article 2 des statuts assigne comme « but général » au Boerenbond belge « de travailler au progrès religieux, intellectuel et social de ses membres et de prendre à cœur leurs intérêts matériels; il se propose, en un mot, de faire de nos populations agricoles une classe forte, instruite et chrétienne ». Entre la méthode du Boerenbond et celle du parti ouvrier, il existe toutefois une différence aussi essentielle que celle qui se manifeste dans leur esprit. Tandis que celui-ci fait directement appel aux forces populaires et les incite à s'organiser elles-mêmes, celui-là, au contraire, leur prépare d'avance les cadres oii elles prendront, place et oii il surveillera et réglementera leur activité. Au lieu de venir d'en bas, le mouvement, ici, descend d'en haut. Puisque chaque gilde « s'inspire essentiellement du principe chrétien, et que son action en est pénétrée », il va de soi que dans chacune d'elles aussi le curé de la paroisse soit l'âme de l'association. Il en est l'aumônier, fait nécessairement partie du conseil d'administration et le plus souvent y exerce les fonctions de secrétaire. De même, au centre du Bond, à Louvain, c'est à l'aumônier général (Liège, Bibliothèque de l'Université.) « La ligue démocratique belge... Au sein de la bourgeoisie, le prestige scientifique de l'historien Godefroid Kurth y ralliait la jeunesse. » (Voyez le texte, p. 219.) - Gcdeiroid Kurth (Arlon, 1847-Assche, 1916). Elève de Gabriel Monod à l'Ecole Pratique des Hautes-Etudes à Paris, et d'Ernest Curtius à Berlin, Q. Kurth introduisit en Belgique les méthodes de travail de l'école historique allemande : c'est à l'universite de Liège, où Kurth enseignait depuis 1872, que s'ouvrit le premier « séminaire » d'histoire. Il prit à cœur la formation de ses élèves, dont Henri Pirenne allait bientôt devenir le plus célèbre, et'publia une série d'ouvrages qui firent époque, entre autres ses Origines de la civilisation moderne (1886), Clovis (1896), Notger de Liège (1900) et La Cité de Liège au Moyen Age (1910). Ainsi que le rappelle Pirenne, il fut aussi, avec l'abbé Pottier, la cheville ouvrière de la démocratie chrétienne liégeoise. — Portrait peint en 1892 par Emile Delpérée (Huy, 1850- Esneux, 1896). qu'appartient en même temps la charge de secrétaire général. Ainsi le clergé forme, si l'on peut ainsi dire, l'armature de tout l'organisme. Aussi loin que s'étend le Boerenbond, le prêtre recouvre l'influence sociale dont il avait joui sous l'Ancien Régime et dont la Révolution l'avait dépouillé. LES ASSOCIATIONS OUVRIERES CHRETIENNES. — Et cette influence s'étend sans cesse. Dans les régions flamandes du pays, les progrès réalisés s'attestent clairement par les chiffres. En 1891, le Boerenbond comprenait quarante-neuf associations locales; en 1902, il compte 26.000 membres; en 1912, 50.614. Pareillement le nombre de ses employés de toute sorte passe de 12 en 1903 à 101 en 1912. Le roulement des fonds, qui était de 522.058 francs en 1897, atteint en 1912 la somme de 48.461.987 francs. A la veille de la guerre, l'importance des dépôts en banque est évaluée à 13 millions. Et à mesure que l'institution se fortifie, elle se complique et multiplie ses services : achat et vente en commun de produits et d'engrais, caisse d'épargne, organisation de caisses de crédit suivant le système Raiffeisen, mutualités et assurances contre les maladies du bétail, l'incendie, etc., sans compter la Volksbank, de Louvain. L'action sociale va de pair avec l'action économique. En 1911, la Ligue des Fermières est créée en vue de moraliser et d'améliorer tout ensemble la vie des familles paysannes. Si la démocratie chrétienne a débuté par la campagne, elle n'a pas tardé à se propager aussi parmi les populations industrielles. Ici, toutefois, son expansion, devancée par celle du socialisme, a dû compter avec l'adversaire contre lequel elle se dressait. La fondation à Gand, dans cette année chmatérique de 1886, d'un syndicat mixte d'ouvriers et de patrons (Bond van Werklieden en Bur-gers) qui, en 1890, se transformait en Antisocialistische Werkliedenbond, avait vainement tenté de résister à la propagande du Voomit. Ce n'est que du jour où la Ligue démocratique eût fait accepter par les catholiques l'abandon du système des syndicats mixtes au profit des syndicats exclusivement professionnels, que des progrès considérables furent réahsés. En 1901 on évaluait à 16.000 le nombre des adhérents des associations ouvrières chrétiennes; en 1913, il aurait atteint le chiffre de 102.000. Un secrétariat général était organisé pour elles en 1904, et, en 1909, elles s'unissaient en une fédération nationale. Mais soumises au contrôle de l'autorité religieuse, elles restèrent cependant bien loin d'atteindre à la puissante vitalité de leurs concurrentes socialistes. En résumé, en dispensant aux masses le droit de suffrage, la revision constitutionnelle a brusquement fait se dresser l'une contre l'autre deux grandes forces organisées : la première, le parti ouvrier, surtout industrielle et Léopold 11 à la fin de sa vie. (Cliché Alexandre.) i>>M il' Hçj J 1,11 HISTOIRE DE BELGIQUE wallonne, se réclame de l'idéologie marxiste; la seconde, surtout rurale et flamande, s'inspire de la foi catholique et obéit à l'Eglise. Quoique diversement réparties à travers le pays, toutes deux cependant l'englobent tout entier dans leur organisation, de même que tous deux appliquant, dans des desseins différents, les mêmes moyens d'action, y ont relevé la condition des classes laborieuses. A la législation sociale qu'elles obtiennent du Parlement, s'associe l'activité / wt- If' - ' t ^ . / j / y. qu'elles déploient au sein de leurs innombrables groupements. Comme au moyen âge, le travail s'affranchit par l'association. Mais au moyen âge tout le monde était d'accord sur les principes de la société chrétienne. Ici, cet accord n'existe plus que dans le domaine des intérêts matériels, et il fait mieux ressortir le contraste irréductible qui sépare l'une de l'autre, dans le domaine spirituel, la démocratie socialiste de la démocratie chrétienne. ^ ' / / y' ' -y tt^r Ae^e/'^/^^ mti^^i J^^Ttt^ Inhonc^.'^tafef. I. OnUlaa'l Xj^Vtwvm}' 3-d. 'tUw ta. I/»^ il . Cj 'SeA'iCvvu h ! TeAiw'i-oivpttiv 17, U.Uiy^ UvVUtÛit- X.Cfi^ I ^e i-UÛ i-Vt- CioctSet y JT'.ûn Zr Mi-ùJl'c^ stoa.tfii>'i»î')i>uJ- n-n n-ii il zK. (Louvain, Propriété du Belgische Boerenbond.) Deux documents contemporains de la fondation du « Boerenbond ». A gauche, extrait du rapport de la réunion de fondation de la première gilde agricole à Sint-Alfons-Qoor (sous Heyst-op-den-Berg), le 26 février 1887. A droite, table des matières autograplie de l'étude consacrée par l'abbé J.-F. Mellaerts, curé retraité de Sint-Alfons-Goor, à l'organisation d'un Boerenbond. Cette étude fut rédigée en 1889 à la demande de Georges Helleputte, professeur à l'Université de Louvain. m'}' NOTES (1) Voy. le curieux article de 0. Desjardins dans cette Revue, 1893, t. CXl, pp. 112-143. (2) Il en avait été question à la Chambre dès 1866; on en avait reparlé en 1881 et Beernaert en avait fait l'éloge en 1883. L. Hymans, Histoire parlementaire, t. IV, 329, t. VI, pp 88, 188. Dès 1878, Eudore Pirmez l'avait défendue (Nyssens, op. cit., p. 101) et en 1881 avait été fondée l'Association réformiste pour l'adoption de la représentation proportionnelle. (3) Les votes simples étant au nombre d'environ 850,000, et les votes pluraux d'environ 1,240,000, ceux-ci faisaient donc, en tout cas, prime sur ceux-là. (4) Ch. Seignobos, Histoire contemporaine (édition de 1897), pp. 236 et suiv. (5) Fut également élu un Daensiste. (6) P. Crokaèrt, Brialmont (Bruxelles, 1925). En 1894, l'armée avait le même effectif qu'en 1851. (7) Le Parlement en était saisi depuis 1905. Cette année-là, le roi avait solennellement fait un nouvel appel à l'opinion dans son discours du mois de juillet, lors de la grande fête patriotique organisée à l'occasion du soixante- quinzième anniversaire de l'indépendance nationale : « A cAté des discours... il faut des actes. Ce sont ces derniers seuls qui assurent la vie des peuples... Que Dieu protège la Belgique, que les Belges, par des actes, sachent consolider leur indépendance. » Léopold savait, depuis sa visite à Guillaume II au mois de janvier 1904, que dans la prochaine guerre l'Allemagne n'hésiterait pas à envahir la Belgique. L'empereur l'avait directement invite à la violer lui-même en lui proposant une alliance qui eût été récompensée après la victoire, par la restitution à la Belgique des territoires conquis par la France sur l'Etat bourguignon. Voy. sur ceci les Mémoires du chancelier de Blilow, t. Il, pp. 108 et suiv. de la traduction française. (8) Seebohm-Rowntree, Comment diminuer la misère ?, pp. 464 et suiv. (9) L. Hymans, Histoire parlementaire, t. VII, p. 372 (1893), t. VIIl, p. 581 (1900). (10) Destrée et Vandervelde, op. cit., p. 47. (11) W. Sombart, Sozialismus und Soziale Bewegung, pp. 229 et suiv. (lena, 1905). - v- ■ (Cliché n» 28420 du Musée du Congo Belge à Tervuren.) Léopoldville en 1884. Photographie. CHAPITRE III LE CONGO ET L'EXPANSION BELGE (D NDIFFERENCE DU PAYS POUR L'EXPANSION. — En même temps qu'elle devenait une démocratie, la Belgique entrait dans la voie de l'expansion coloniale. Le 28 avril 1885, quelques mois avant le grand soulèvement ouvrier d'où devait sortir la revision constitutionnelle, les Chambres autorisaient le roi à prendre le titre de souverain de l'Etat indépendant du Congo. Comme la politique démocratique d'ailleurs, la politique coloniale fut imposée du dehors au pays légal. La première est due à l'initiative du peuple; la seconde à l'initiative de Léopold II. En réalité, pour l'une comme pour l'autre, le Parlement n'a marché qu'à contre-cœur. Durant les premières années du royaume, quelques tentatives avaient été faites, on l'a vu plus haut, pour acquérir au pays des établissements outre-mer (2). Au milieu des difficultés économiques que l'on traversait, on espérait fournir de cette manière un exutoire à la population surabondante que le malaise agricole contraignait à l'émigration, Du reste, mal conçues, mal soutenues par les pouvoirs pubhcs, ces entreprises avaient lamentablement échoué. Il avait fallu abandonner en 1856 la concession de Santo-Thomas et déclarer la compagnie qui en avait pris l'initiative, déchue de ses droits. Toute idée d'expansion avait si bien disparu que les Chambres renonçaient à l'entretien de quelques pauvres navires de guerre qui pourrissaient dans les bassins d'Ostende. La flotte marchande ne comptait pas : presque toute l'exportation belge s'opérait sous pavillon étranger. Les tarifs différentiels adoptés en 1844 pour améliorer cet état de choses et susciter une navigation nationale n'avaient servi de rien. L'essai en 1853 de subventionner une compagnie transatlantique avait bientôt pris fin dans des conditions assez louches. A partir des environs de 1860 au surplus, le (Sainte-Croix-Iez-Bruges, propriété de M. De Clerck.) (Cliché A.C.L.) Pièce d'art indigène Mupende (vers 1700 ?). Face gauche. Ivoire. D'après les indications fournies par le clief Lufungula, cette pièce aurait été sculptée à l'époque de l'arrivée des missionnaires portugais dans le sud du Kwango, entre 1690 et 1710. Les motifs ont trait à l'arrivée des Européens. La danse exprime la joie des Bapemde que la venue du premier blanc libère de l'esclavage des tribus Badjok. Ils recouvrent leurs richesses avec la liberté : idée que traduisent les scènes de chasse, de pêche et de travail artisanal. — Notice transmise par le propriétaire. régime du libre-échange avait tellement activé l'industrie que personne ne songeait plus à se procurer des débouchés au dehors. Grâce au bon marché de la main-d'œuvre, à la multiplicité de ses moyens de communication intérieurs, à l'attraction croissante du port d'Anvers, le pays voyait ses produits s'écouler au fur et à mesure de leur fabrication. Nul besoin de s'ingénier à trouver des clients, ils arrivaient d'eux-mêmes, chargés de commandes. Les manufacturiers belges dont les marchandises circulaient sous tous les climats étaient, en général, les plus casaniers des hommes. Ils ne demandaient qu'à jouir bénévolement d'une situation si avantageuse et si confortable. Ils se complaisaient pour la plupart dans l'idée d'habiter une sorte d'Eldorado, une terre privilégiée, que sa neutralité garantissait contre les dangers de la guerre, de même que son travail lui assurait une richesse perpétuelle. A quoi bon chercher le mieux, au prix de dépenses et de risques inutiles, quand on avait le bien ? Le plus sûr et le plus sage était de rester ce qu'on était. Petite par son territoire, la Belgique devait se contenter de la gloire d'être grande par ses institutions, son bon sens et son industrie (3). En 1859, l'opinion avait applaudi au refus opposé par le Parlement au désir du roi de collaborer, par un corps de trois à quatre mille hommes, à l'expédition dirigée contre la Chine par la France et l'Angleterre. Et si la popularité de la princesse Charlotte l'avait fait consentir en 1864 au recrutement d'une légion de volontaires pour la guerre du Mexique, l'issue tragique de cette aventure n'avait pu qu'accentuer ses répugnances pour toute équipée lointaine. Quelqu'un pourtant voyait plus grand et de plus haut. Cette « petite Belgique », si fort prisée par ses sujets, ne suffisait ni à la largeur de vues, ni à l'énergie latente, ni au patriotisme de Léopold II. Formé par de longs voyages, il savait combien d'espaces libres s'offraient encore de par le monde à l'expansion de l'Europe. Il ne concevait pas que son peuple, regorgeant d'hommes et d'activité, ne se laissât pas séduire par cette mer qui baignait ses 1/ii : rivages. Du haut des fenêtres de son palais d'Ostende, il laissait, comme un autre Henri le navigateur, son imagination courir sur les flots. N'étant encore que duc de Brabant, il s'était adonné passionnément, en compagnie de Brial-mont (4), à des études d'histoire coloniale, qui avaient bientôt assigné à son génie tenace le but auquel il devait tendre jusqu'au bout. En 1889, il pouvait écrire à Beernaert que depuis lors « ni un jour, ni une heure ne se sont écoulés sans que je me sois efforcé personnellement de diriger l'excès d'activité du pays en étendant la sphère de ses entreprises et de lui préparer un avenir digne de son glorieux passé» (5). VISEES COLONIALES DE LEOPOLD II. -- Le scepticisme qui avait accueilli les discours oii il avait, avant son avènement, exprimé au Sénat sa conviction et ses espoirs l'avait d'ailleurs convaincu qu'il n'avait de secours à attendre que de lui-même. Mais son esprit ne connaissait pas le découragement et il avait en soi cette confiance que l'obstacle ne fait qu'exciter. Se montrant à ses ministres sous l'apparence d'un roi strictement parlementaire et libre-échangiste, il méprisait au fond leur doctrinarisme libéral. S'il s'y conformait par nécessité, il n'en supportait le joug qu'avec une impatience secrète. Dans d'autres circonstances et en d'autres temps, il eût été sans doute l'un de ces absolutistes confondant l'Etat avec leur personne, l'intérêt de leur peuple avec la gloire de leur couronne, réalisant leurs desseins par la diplomatie et par la guerre et léguant un grand nom à l'histoire. Et il était condamné par l'Europe à se confiner dans la neutralité et par la constitution, à ne gouverner qu'au gré d'une bourgeoisie aussi infatuée d'elle-même que timide et économe 1 Sauf quelques officiers et de plus rares hommes d'affaires, il ne parvenait à rallier personne à ses idées. Ses conversations aux dîners de cour ou dans son cabinet prenaient vainement comme thème ce que ces interlocuteurs ne considéraient que comme des « lubies royales »; le besoin pour une nation industrielle de posséder des comptoirs au dehors, l'utilité de subventionner des lignes de navigation et — car il lui arrivait de laisser échapper cette énormité — l'opportunité de construire une petite flotte cuirassée. Il n'en travaillait qu'avec plus de pas- (Tervuren, Musée du Congo Belge.) Stèle de pierre (« Padrâo ») semblable à celles qu'érigeaient les navigateurs portugais le long des côtes africaines au XV siècle. - Moulage. Elle est couronnée d'une croix et des armes du royaume de Portugal, et accompagnée d'une inscription commemorative. Les Portugais élevèrent une stèle semblable à l'embouchure du Congo découverte par Diego Cam en 1484. — Ce moulage, don du gouvernement portugais, a été endommagé lors d'une exposition organisée à Louvain en 1949. Il ne s'agit que d'une reconstitution approximative et théorique du Padrâo élevé par Diego Cam à l'embouchure du Congo; l'inscription n'a aucun caractère d'authenticité. Le musée d'Outre-mer de la Société de Géographie de Lisbonne possède l'embase et un tronçon du fût de la colonne retrouvés au Congo. Encore n'est-il pas certain qu'ils datent du XV« siècle. lii^iai. 224 sion dans son particulier. Suffisamment riche, grâce à la fortune laissée par son père, il avait du moins assez de ressources pour se payer la satisfaction d'agir. Dès 1869, il avait entrepris personnellement des démarches, qui se prolongèrent dans le plus grand secret jusqu'en 1875, pour obtenir de la détresse financière du gouvernement espagnol la cession des îles Philippines. En 1873 et 1874, son attention se tournait vers la Chine oii il eût voulu intéresser ses compatriotes à la construction de chemins de fer. Les explorations dirigées au centre de l'Afrique allaient enfin, après ces tâtonnements du début, fixer son objectif. Elles faisaient sortir de l'ombre d'immenses étendues dont le mystère augmentait encore l'attraction. N'appartenant à personne, ne risquaient-elles pas cependant d'être au premier qui y planterait son drapeau ? Pour réserver l'avenir, sinon pour le préparer à son profit, Léopold II, et ce fut là sans doute un trait de génie, vit tout de suite la chance que la neutralité belge, qui le paralysait par ailleurs, lui permettait ici de courir. Le 12 septembre 1876, il convoquait à Bruxelles une conférence géographique internationale en vue de rechercher les méthodes à employer pour ouvrir à l'Europe le continent noir et y supprimer les fléaux de l'esclavage et de la traite. « Il m'a paru, disait-il en ouvrant les travaux, que la Belgique, Etat central et neutre, serait un terrain bien choisi pour une telle réunion ». De visées personnelles et nationales pas un mot. L'entreprise se présentait comme une œuvre cosmopolite et humanitaire. Mais le Comité exécutif de l'Association Internationale Africaine, dont la création fut décidée, se trouva naturellement placé sous la présidence du souverain éclairé (Tervuren, Musée du Congo Belge.) Drapeau de l'Etat Indépendant du Congo. Ce drapeau (étoile jaune sur fond bleu) accompagna Dhanis pendant la campagne antiesclavagiste. Dimensions : 1,25 x 1,60 m. qui en avait provoqué la naissance. Le premier pas était fait dans la voie qui devait conduire au but que sans doute le roi voyait déjà monter sur l'horizon : la transformation de son pays en puissance coloniale. L'ASSOCIATION INTERNATIONALE DU CONGO. — L'Association Internationale devait comprendre dans chacun des pays participants, un comité national. Sous l'impulsion du roi, le Comité belge déploya tout de suite une activité effective. Le capitaine Crespel et le lieutenant Cambier venaient d'être chargés d'une mission de reconnaissance, quand le 17 octobre 1877, un télégramme annonça la merveilleuse nouvelle de la traversée, par Stanley, de l'Afrique centrale. L'explorateur « Du haut des fenêtres de son palais d'Ostende, il (Léopold II) laissait, comme un autre Henri le Navigateur, son Imagination courir sur les flots. » (Voyez le texte, p. 224.) - Vue du chalet royal (à droite) et de la plage d'Ostende à la fin du XIX' siècle. Le 12 mars 1874, L'Echo d'Ostende annonçait : « Sa Majesté le Roi vient d'acheter en Angleterre un chalet tout construit en bois et qui sera établi sur la dune à l'ouest de la ville, à l'endroit où se trouve actuellement le petit pavillon de travail de Sa Majesté. » Le 25 juin de la même année le même journal prévoyait l'achèvement des travaux pour le 10 août. C'est là que vinrent s'établir, au début de chaque saison, Léopold II, Marie-Henriette et leur fille, la princesse Clémentine. Par la suite, un pavillon en pierres fut ajouté à la construction primitive et relié à çelle-ci par une galerie centrale Le chalet a fortement souffert des intempéries et des faits de guerre entre 1940 et 1945. — Photo extraite d un album illustré de vues d Ostende conservé à la Bibliothèque communale d'Ostende. HISTOIRE DE BELGIQUE I" li : m- Wh ]:;:, I l I ■ i' ; ,i I 'i! lîi UMi: r tiii:: — / ----- A^^ ---^----^^ ^^ yT /- (Bruxelles, Collection B. Dujardin.) «Objet à poursuivre au Congo. Projet de résumé à l'usage du général Gordon» rédigé de la main de Léopold II le 4 janvier 1884. Le roi expose une partie de son programme : création d'une force indigène; conclusion de traités avec les chefs souverains; possession de toute la rive gauche du Congo, de la rive droite entre Vivi et les possessions françaises; un bout de côte, la vallée, du Stanley Pool à la mer; établissement d'une confédération entre les stations, les territoires libres et les chefs indigènes entre Vivi et le Stanley Pool (« Notre but est de former ainsi une confédération indépendante (souligné dans le texte) et de la faire reconnaître diplomatiquement par les Puissances»); possibilité d'établissement pour les commerçants; réduction des dépenses; essor de la culture agricole indigène; discipline du personnel blanc. — Le document qui comporte deux pages et demie a été ramené à deux pages pour les besoins de l'illustration. avait descendu le cours du Congo, dont on ne connaissait guère encore que l'embouchure. Perspective grandiose dont Léopold s'enthousiasma tout de suite. Dépité par la froideur de l'accueil qu'il avait reçu en Angleterre, Stanley, mandé à Laeken, accepta les ouvertures du président de l'Association Internationale. Mais déjà celle-ci n'était plus qu'un prétexte philanthropique. De même que cinq siècles auparavant, Henri le navigateur avait passé de l'idée de la croisade contre l'Islam à celle d'exploiter les richesses de la côte africaine, de même Léopold subordonnait maintenant la campagne antiesclavagiste à des visées d'expansion territoriale. La mission confiée à Stanley le chargeait de conclure avec les indigènes des traités d'abandon de souveraineté. En même temps, le Comité d'études du Haut-Congo, fondé le 23 novembre 1878 à Bruxelles par le roi avec l'appui de quelques financiers, envisageait la construction d'un chemin de fer destiné à tourner les cataractes du fleuve. Léopoldville, au nom symbolique, était fondé en 1882. Cependant, parti du Sénégal, de Brazza s'avançait vers Stanley et un choc redoutable pouvait en résulter. Secrètement le roi négocia avec le gouvernement français. Le 16 octobre 1882, celui-ci s'engageait à ne pas entraver l'œuvre de l'Association Internationale du Congo, appellation nouvelle prise par le Comité d'études (1882) et sous le couvert de qui il devenait possible, sans soulever d'objections, d'accepter le bénéfice des traités dictés aux chefs nègres. L'intervention du Portugal faillit tout gâter. De sa glorieuse expansion au XV siècle, il conservait sur l'embouchure du Congo de ces droits historiques qu'il est aussi facile de faire valoir que de contester. Il sut y intéresser l'Angleterre, surprise et jalouse des progrès de l'Association Internationale. En 1884, le Cabinet de Londres reconnaissait la souveraineté portugaise sur les bouches du fleuve, tout en la soumettant en fait à l'influence britannique. C'était anéantir d'un trait de plume l'œuvre de Léopold. Privés de leur débouché naturel sur la mer, les territoires de l'intérieur perdaient toute chance de développement. Mais l'entrée en scène de l'Angleterre, en soulevant les craintes des autres Puissances, fit le jeu de l'Association Internationale qui n'inquiétait personne. La France et l'Allemagne entre qui, par aventure, s'esquissait alors un rapprochement, refusèrent d'admettre les prétentions périmées du Portugal. De leur côté, les Etats-Unis d'Amérique, sous l'influence de leur tradition antiesclavagiste. déclaraient, le 22 avril 1884, accepter le drapeau bleu étoilé d'or de l'Association comme celui d'un gouvernement ami. Quelques jours plus tard, le 23 avril, la République française, moyennant la promesse de Léopold de lui offrir en cas de vente le droit de préemption des territoires acquis dans le bassin du Congo, agissait à peu près de même. Le 8 novembre, allant plus loin encore, l'Allemagne reconnaissait à l'Association le statut d'une puissance souveraine. Grâce aux circonstances, mais grâce aussi à son énergie et à sa souplesse, le roi avait donc manoeuvré avec bonheur au milieu de tous les écueils. L'œuvre réalisée était bien son œuvre. Tout s'était concentré dans son cabinet, à l'insu des ministres. Loin de s'offenser d'ailleurs d'être ainsi mis à l'écart du « secret 'du roi », ils s'applaudissaient de voir le souverain s'amuser à des projets qui le détournaient de la politique intérieure et pour lesquels ils ne montraient qu'une indifférence dédaigneuse. Quant au Parlement et à l'opinion, absorbés par la lutte scolaire, leur indifférence et leur dédain étaient plus grands encore. Et cette abstention était un bonheur. Que fût-il arrivé si les pouvoirs publics avaient prétendu se mêler du « grand dessein » de Léopold ? Sans le moindre doute, leurs lenteurs et leurs scrupules de neutralité eussent, dès l'abord, tout perdu. Leur horreur du « pouvoir personnel » les eût portés plutôt à contrarier qu'à aider la politique royale. Seuls un Emile Banning, un Lambermont en comprenaient la portée, l'un s'y dévouant par idéalisme humanitaire et patriotique, l'autre mettant à son service ses talents de négociateur. Dans l'armée aussi des dévouements s'offraient et, à l'appel de leur chef, une élite de jeunes officiers partaient allègrement pour cette Afrique où les attirait la séduction des aventures, de l'inconnu et du danger. En somme, si le peuple belge ne sortit pas de l'apathie, ce sont des Belges pourtant qui permirent au souverain de réaliser ses projets. La conférence de Berlin (nov. 1884-févr. 1885) devait les amener à une étape décisive. Cette fois, et pour la première fois, le gouvernement belge était appelé à prendre parti. Ses délégués laissèrent heureusement agir Lambermont. L'ETAT INDEPENDANT DU CONGO. — Après des discussions compliquées par les prétentions de la France et les difficultés soulevées par l'Angleterre et le Portugal, on finit pourtant par aboutir. De Bruxelles, le roi suivait heure par heure les débats. Son titre international lui donnait barre sur les convoitises de rivaux en désaccord. Il allait jusqu'à parler de se retirer si on ne concédait pas aux territoires de l'Association leurs communications avec la mer et de laisser en face les uns des autres des compétences qui eussent été incapables de s'entendre. La crainte d'une rupture eut les mêmes conséquences que cinquante-cinq ans auparavant, celle de la guerre générale, lors de la reconnaissance de l'Etat belge. Le 26 février 1885, la Conférence prenait acte, enfin de la constitution de l'Etat indépendant du Congo. Trois jours plus tard, l'Association internationale adhérait à cette résolution. Peut-être, comme l'a dit Banning, l'Europe eût-elle vu sans défaveur « le drapeau belge se substituer à celui de l'Association africaine ». Mais il n'y fallait pas penser. Le Parlement se montrait « glacial ». Bien loin de s'en réjouir, le pays semblait embarrassé du succès personnel que son roi venait de remporter. Il fallut toute l'habileté de Beernaert pour amener les Chambres à voter, les 28 et 30 avril 1885, « l'autorisation pour S. M. le roi d'être chef de l'Etat fondé en Afrique par l'Association internationale africaine ». Ce vote d'ailleurs fut un simple vote de courtoisie sinon de résignation. Il n'engageait que le souverain dans r« aventure congolaise », toute charge (Cliché n" 27939 du Musée du Congo Belge à Tervuren.) Henry Morton Stanley. Ce Gallois émigré aux Etats-Unis, John Rowlands (Denbigh, 1840-Londres, 1904) de son vrai nom, journaliste du New-York Herald, se rendit célèbre, d'abord par son reportage de la campagne militaire entreprise par lés Anglais en Abyssinie (1868-1871), puis par son expédition en Afrique centrale à la recherche de Livingstone et la traversée du continent africain de Zanzibar à Borna réalisée en neuf cent nonante-neuf jours (1874-1877). Léopold II l'attacha à sa personne, et Stanley devint en 1878 fondé de pouvoirs du Comité d'Etudes du Haut-Congo pour une durée de cinq ans, avec mission d'ouvrir une route le long des cataractes du fleuve, d'établir des bases de départ sur le Bas-Congo et de faire reconnaître la suzeraineté de l'Association Internationale Africaine aux chefs indigènes de la région du Haut-Congo. Stanley se signala encore par la suite en dirigeant le corps expéditionnaire envoyé au secours d'Emin Pacha assiégé par les Mahdistes. — Photographie. HISTOIRE DE BELGIQUE M (Bruxelles, Musée Royal d'Art Aloderne ILambermont] et Palais des Académies IBanningl.) (Clichés A.C.L.) Deux « grands commis » associés à l'œuvre coloniale de Léopold II : le baron Lambermont (à gauche) et Emile Banning (à droite). Attaché pendant soixante ans au ministère des Affaires Etrangères, dont il devint secrétaire-général, Auguste Lambermont (Dion-le-Val, 1819-Bruxelles, 1905) exerça une influence profonde sur la politique extérieure du royaume. Il participa activement à la conclusion de traités commerciaux avec la France, l'Angleterre, les Pays-Bas et le Zollverein (1861-1865), négocia avec plein succès le rachat du péage de l'Escaut (1863), et seconda les efforts de Léopold 11 dans la question du Congo, notamment à la Conférence de Berlin (1885) et à la Conférence antiesclavagiste (1889-1890). — Portrait peint par Emile Wauters (Bruxelles, 1846-Paris, 1933). — Egalement attaché au ministère des Affaires Etrangères en qualité d'archiviste et de bibliothécaire, Emile Banning (Liège, 183a-lxelles [Bruxelles], 1898), travailleur infatigable, rédigea de nombreux rapports et mémoires sur des questions de politique étrangère qui servirent de fils conducteurs à nos diplomates. Désigné par Léopold II comme secrétaire de la Conférence Géographique de Bruxelles (1876), il apporta au souverain un concours total et efficace, exaltant l'œuvre congolaise et la défendant contre ses détracteurs, jusqu'au jour (1892) où Léopold II lui retira sa confiance à la suite de divergences de vues sur la politique commerciale suivie dans l'Etat Indépendant. — Buste de marbre sculpté par Guillaume De Oroot (Bruxelles, 1839-Uccle [Bruxelles], 1922). et toute responsabilité étant déclinées par la Belgique. Et il faut avouer que, somme toute, ce manque d'enthousiasme se comprend assez bien. Il eût fallu une largeur de vues et une hardiesse généreuse dont étaient incapables des hommes dominés par l'intérêt électoral et d'implacables animosités de partis pour prévoir l'avenir et courir les chances d'une colonie dont, sauf l'ivoire, on ignorait encore tout des magnifiques ressources que son statut international offrait à tout le monde, qui, avant de pouvoir être mise en valeur, exigerait d'énormes dépenses, nécessiterait de coûteuses expéditions militaires et entraînerait son possesseur dans de dangereux conflits. Roi constitutionnel en Belgique, Léopold II, après la signature de l'acte de Berlin, se trouva jouir dans l'Etat indépendant du Congo, d'une souveraineté également absolue en droit et en fait. Sauf les stipulations internationales qui l'obligent à pratiquer dans ses territoires africains la politique de la porte ouverte et à n'y imposer aucun droit d'entrée, son autorité n'est soumise à aucune limitation et elle échappe à tout contrôle. Les relations avec l'étranger comme le gouvernement intérieur ne dépendent que de lui. Il lui faut, de Bruxelles, créer de toutes pièces, une organisation administrative, régler les rapports avec les indigènes, organiser une force publique, percer des voies de communication, achever l'exploration du pays et, enfin, le mettre en valeur. Et quand on songe que pour accomplir une œuvre aussi grandiose, le roi en est réduit à ses propres ressources, on demeure confondu devant l'intelligence, l'énergie et l'habileté dont il a fait preuve. Il est impossible de songer à donner ici ne fût-ce qu'une esquisse des progrès accomplis. En moins de quinze ans, l'Etat du Congo avait atteint au nord les environs du Nil, à l'est le lac Tanganyika, au sud les frontières de la colonie anglaise du Cap. Des traités étaient conclus avec la France, l'Angleterre, l'Allemagne, le Portugal; les incursions des Arabes étaient arrêtées, la traite des noirs pre- î ( 1 (Clichés n»» 129 et 295 du Musée du Congo Belge à Tervuren.) Mission protestante d'Irebu en 1896 (à gauche) et mission catholique de Luiuabourg en 1897 (à droite). La première station missionnaire contemporaine établie sur le territoire de l'actuel Congo Belge fut fondée en 1878 à Palabala, près de Matadi, par un Anglais et un Danois envoyés de la Livingstone Inland Mission (protestante). Cette association avait été précédée sur le continent africain par la Baptist Missionary Society. De leur côté, les Pères du Saint-Esprit (congrégation française) ouvrirent à Boma la première école d'une mission catholique en 1880. La même année, les Pères Blancs fondaient la station du Mulweba. (Clichés du Musée du Congo Belge à Tervuren.) Quelques figures de coloniaux de la première heure, officiers au service de l'Etat indépendant du Congo. 1 : commandant Coquilhat; 2 : Paul Le Marinel et commandant de Macar (à Luluabourg); 3 : capitaine Crespel; 4 : capitaine Cambier; 5 : capitaine Jacques (futur baron Jacques de Dixmude); 6 : baron Wahis; 7: lieutenant Chaltin; 8 : major A. Thys; 9 : lieutenant E. Francqui; 10 : Dhanis (devant sa tente); II : capitaine Hanssens et son boy. — La vie de ces officiers est retracée dans la Biographie coloniale belge (Bruxelles, 1948-1951, 2 vol. parus à ce jour). nait fin, un chemin de fer, achevé en 1898, tournait les cataractes du fleuve, des missionnaires se répandaient à travers l'immense territoire, en même temps que des centres administratifs, des postes fortifiés, des factoreries de tout genre resserraient sur lui leur emprise. Pour accomplir tout cela, il fallait des hommes et des finances. L'armée belge ne cessa pas de fournir à son chef national le personnel que réclamait le souverain du Congo. Ce sont ses officiers qui organisèrent les troupes noires, repoussèrent et vainquirent les auxiliaires ou les alliés de Tippo-Tib, dilatèrent en tous sens les frontières de l'Etat et lui fournirent ses premiers administrateurs. Des étrangers apportèrent enfin une collaboration précieuse dont l'importance d'ailleurs alla diminuant à mesure que grandissait celle des Belges. Peu à peu les exploits qu'évoquaient là-bas les noms, hier inconnus, des frères Vandevelde, de Le Marinel, de van Gèle, de Van Kerkhoven, de Thys, de Jacques, de Francqui, de Coquilhat, de Dhanis, de Lo-thaire, de Wahis, de Ponthier, de Lemaire, de Delcom-mune, de Valke, de Hannusse, de Liebrecht, de Hanssens, de Janssen, de Chaltin, de Fiévé, de Storms, de Hambur-sin, de de Heusch, de Malfeyt, de Hecq, de Henry, de Tombeur, de l'héroïque sergent De Bruyne et de tant d'autres, leur suscitaient des émules et secouaient l'indifférence du public. Les sermons enflammés du cardinal Lavigerie à Sainte-Gudule, valaient à l'Etat du Congo le prestige d'une grande entreprise humanitaire et chrétienne. La conférence antiesclavagiste internationale qui siégea à Bruxelles du 18 novembre 1889 au 2 avril 1892, sous la présidence de Lambermont, finit, après de longues difficultés suscitées par les jalousies des Puissances, par réglementer la répression de la traite des noirs (2 juillet LA TRIQUE A OWN»- t-^LC HlVClUOff BIS 'PEUPLES ? Caricatures belges et étrangères dirigées contre l'œuvre coloniale de Léopold II. La plupart de ces caricatures, choisies parmi beaucoup d'autres, dépeignent le roi sous les traits d'un homme d'affaires cupide et d'un bourreau des Noirs. Au centre : In the rubber coils (dans les anneaux [du serpent] de caoutchouc), scène de l'Etat Indépendant du Congo; dessin signé Linley Sambourne et publié dans Punch or the London Charivari du 28 novembre 1906. Entourant cette caricature, 1 : saint Léopold. « Saint Léopold était un margrave d'Autriche (1096-1136) qui s'illustra par son sublime désintéressement et par son ardeur à épurer les mœurs de son peuple. » (Dictionnaire Larousse.) Caricature de G. Julio et commentaire publiés dans Le Cri du Peuple (Bruxelles) du 17 novembre 1907. — 2 : Le réveillon des souverains (Le Frondeur [Liège], 20 décembre 1884). — 3 : Léopold II s'adressant à Loubet, président de la République Française : « Que dites-vous de cela ? John Bull prétend que j'ai martyrisé, volé et massacré encore plus que lui. » Loubet : « Non, Majesté, cela est impossible ! » Caricature de Johann Braakensiek et légende publiées dans le Weekblad voor Nederland (Amsterdam) du 13 septembre 1903. — 4 : Nourrice Léopold 11 et bébé Congo : « Mon Dieu, quel épouvantable enfant je me suis donné là I Rien que des soucis, et tous les ennuis qu'il m'attire me mettent avec les voisins dans les embarras les plus terribles. » Caricature de H. van Muyden et légende publiées dans le Nebelspalter (Zurich) du 20 août 1892. — 5 : Fumisteries congolaises. Polleke (sic) : « Voilà ma vaillante petite bête I Mais j'ai d'abord commencé par lui arracher les dents, afin de les garder pour moi comme souvenir. » Caricature d'Orion et légende publiées dans Uilenspiegel (Rotterdam) du 12 octobre 1907. — 6 : Un choix embarrassant : « Lequel dois-je sacrifier à l'autre ? » (la Constitution ou le Congo). Caricature publiée dans Le Frondeur (Liège) du 30 août 1884. — 7 : Un colporteur à Paris. Léopold II : « Rien à vendre ? », allusion à la visite rendue par Léopold II à l'empereur d'Autriche en ' Figaro (Vienne)'du 2 mai 1907. — 8 : La bransson publiée dans Simplicissimus (Munich) en 1905. — 10 : Puissances coloniales : l'Allemagne (a), l'Angleterre (b), la France (c), la Belg . (Léopold II anthropophage). Caricatures de Th. Heine publiées dans Simplicissimus (Munich) du 3 mai 1904. — Il : La civilisation au Congo (La Trique (Bruxelles] du 8 septembre 1889). avril 1907 et que l'on mettait en rapport avec les affaires du Congo. Caricature et légende publiées dans le production du travail libre (La Trique [Bruxelles] du 25 février 1906). — 9 : Le rapace. Caricature d'O. Oul-nich) en 1905. — 10 : Puissances coloniales : l'Allemagne (a), l'Angleterre (b), la France (c), la Belgique (d) 1890), et par reconnaître au Souverain de l'Etat indépendant, le droit de prélever quelques maigres droits d'entrée et de sortie. INTERVENTION FINANCIERE DE LA BELGIQUE. — Mais plus le succès s'affirmait, plus aussi s'imposait le besoin inéluctable de le soutenir par une organisation financière définitive. La cassette du roi et sa liste civile ployaient sous le faix. Dès 1887, il avait fallu recourir à un emprunt à primes dont les Chambres avaient autorisé le placement en Belgique. En 1889, le gouvernement souscrivait dix millions dans un second emprunt, qui avait failli devenir un désastre pour le roi, obhgé d'en conserver la plupart des titres. Le recours aux banquiers internationaux ne pouvait être qu'un expédient ruineux. Faudrait-il donc en arriver, pour éviter la ruine menaçante, à vendre à la France l'empire naissant que le roi destinait à son pays ? Pour le sauver il n'était que de le léguer dès maintenant à la Belgique et de lui imposer ainsi la charge de lui venir en aide. Au mois de juillet 1890, Léopold faisait connaître son testament, antidaté du 2 août 1889, et les Chambres consentaient à avancer à l'Etat indépendant une somme de 25 millions payables ,en dix ans. Ce terme écoulé, elles auraient le droit, soit d'annexer la colonie, soit de se faire rembourser leurs avances. Elles n'assumaient d'ailleurs ni risques ni responsabilités dans l'entreprise, mais se réservaient un droit de regard sur la gestion financière du souverain. Le roi n'en demandait pas plus. Assuré désormais de pouvoir parer aux nécessités les plus pressantes, son ambition s'échauffe et s'exalte. Il oubhe cet idéalisme humanitaire auquel son Congo doit la naissance. Ce qu'il veut maintenant, c'est se tailler un empire qui trouvera en lui-même les ressources indispensables à son expansion. Le décret du 21 septembre 1891 sur la réserve faite à l'Etat du produit des terres domaniales peut être considéré comme le début de l'orientation nouvelle. Elle ne devait plus cesser de s'accentuer depuis lors, et c'est elle qui causa la rupture du roi avec ses auxiliaires de la première heure, Emile Banning, Lambermont et bientôt Beernaert lui-même. En participant directement au commerce, l'Etat, en effet, non seulement allait soulever contre lui l'hostilité des compagnies privées, mais encore soumettre les indigènes au travail forcé à son profit et encourir ainsi le reproche de rétablir, sous une autre forme, l'esclavage qu'il avait pour mission d'abolir. De même que l'expansion de l'industrie capitaliste avait entraîné en Europe l'exploitation des ouvriers, de même le progrès colonial était ici au prix de l'exploitation des nègres. Seul il pouvait fournir les ressources indispensables à la politique de plus en plus ambitieuse de Léopold. Dès la fin de 1891, il fait occuper le Katanga, charge Dhanis de remonter le Kwango, annexe (Bruxelles, Place des Palais.) (Cliché Jacobs.) « Le double L qui se détache sur les bâtiments royaux fait songer à Louis XIV... (Voyez le texte, p. 232.) - Détail de la façade du Palais Royal de Bruxelles. Le chiffre du roi a été apposé sur la façade du Palais Royal lorsque Léopold II la fit reconstruire d'après les plans de l'architecte Henri Maquet (1904). C'est à cette époque que l'avant-corps central a été surmonté d'un dôme. — Le Palais tel qu'il existait avant 1904 a été reproduit p. 55. une partie du Lunda, cherche à s'installer sur le Haut-Nil où il envoie Van Kerkhoven et Jacques (1892-1894). Profitant de la rivalité des Puissances qui l'entourent, il pousse hardiment ses pointes de tous côtés. En 1894, il obtient de l'Angleterre la reconnaissance de ses prétentions sur une partie du Loanda et du Katanga réclamés par le Portugal, et sur le Bahr-el-Ghazal et le Baghirmi aux dépens de la France, en retour d'une bande de terrain unissant le Tanganyika au lac Edouard. La France cependant menace de bloquer Boma et, pour refréner les appétits du souverain de l'Etat congolais, fait craindre au roi des Belges d'encourager dans son propre pays la dangereuse agitation politique qu'a suscitée la revision constitutionnelle. Il fallut (août 1894) pour la calmer, une convention lui donnant le droit d'accès au Nil et assignant pour frontière à l'Etat indépendant la ligne de partage entre le bassin de ce fleuve et celui du Congo. Quatre ans après, en 1898, l'affaire de Fachoda poussait Léopold à tenter sa chance du côté du Soudan, en s'appuyant tour à tour sur la France et l'Angleterre, d'ailleurs sans succès. En 1895, un arrangement avec l'Allemagne pour s'insinuer en Erythrée n'avait pas mieux réussi. Grisé par la fortune, il semble que Léopold, comme jadis Charles le Téméraire, commençait à perdre de vue « le possible et le réel ». PREMIER PROJET DE REPRISE DU CONGO. - Pourtant, les difficultés s'accumulaient autour de lui. A mesure qu'il se faisait plus envahissant et que les monopoles que se réserve l'Etat restreignent plus fortement, au mépris de l'acte de Berlin, la liberté commerciale, c'est dans la presse un tollé d'attaques et de récriminations que les ripostes des journaux soudoyés à grand prix ne parviennent pas à étouffer. Le travail forcé fournit un thème trop facile aux déclamations vertueuses des antiesclavagistes et des philanthropes, pour laisser l'opinion indifférente. En Belgique même, les critiques virulentes qu'il provoque parmi les sociahstes et les radicaux font le jeu des compagnies privées furieuses du mercantilisme léopoldien. Déjà en 1890, Banning constate que « les solutions les plus risquées n'arrêtent plus le souverain. Dans les rangs des intéressés belges, l'exaspération est au comble et un éclat ne pourra plus être conjuré longtemps. Il importe que le gouvernement envisage résolument la reprise prochaine par la Belgique; c'est le seul moyen de sauver le Congo et le roi lui-même » (6). Retombé par l'excès même de ses ambitions dans de nouvelles difficultés financières, Léopold finit par se persuader de la nécessité de cette reprise. Il la laissa présenter au Parlement, au début de 1895, par le comte de Mérode, ministre des Affaires étrangères. Mais on était alors en plein dans la tourmente politique provoquée par la loi scolaire. Intimidée par l'opposition que menaient contre le projet radicaux et socialistes, la droite hésitait. Le roi, de WKOBSaSUUBS. À fifitfiU» h à pmir. Ji^Uc VMMO^. Ccv-xe^_ ém^sjt^ II, raoïwsnaïUKR. J\m llIIfn.t^l^mIto0^^ill^l m ttirkmnnûm, tir'ny^tt'-mni f/i A/titalfÀ'jffti A^y^rt! JcÀtn / ',! nuUtU yt^t ù .i^rintiiftf frtftn it fnt/ttft .t-r/ tw/'. (^^On-'i/ftt ^ . Mu^j 4*%'/^./ fjljtut, . J* . À'! nt^tt* t^t i'^n U'utitA, J* f-t^tufi'ci, r^ .'M'itUjO* ^t*yu^AA^, ^ c^ccùicUxc). I CDc cki/utaxiaitAv, ta^Z-^iAtuf y» . /tniu-tilt t^tJ Jl 'itHtUCt/. J. . Uy m^f/'."nJuJ/tt'f U Ué, t^tétmil.if.f't .Mi'tm/** étin./Jy»^ > AftW nt f/*./*t' I. . Hilujfl* r/rv Oif.é.ill^ //». ttri t'iiftUIH , .hit' . dtf-iftt ,t Jttutfi*'!»^ Itf/ , • Sui/ilO tlH 4»t*UtH, . /w»/. -'.iKtll^-lt^ li.Hinij/,. t.li:,,,,','. i/ (Bruxelles, Ministère de la Justice.) Texte original de !a loi au terme de laquelle les Chambres approuvent la cession du Congo à la Belgique. L'article unique fut approuvé le 20 août 1908 par la Chambre, et le 9 septembre par le Sénat. Léopold II y apposa sa signature le 18 octobre. A gauche, énoncé de l'article et signatures du président et des secrétaires de la Chambre. A droite, signatures du président et des secrétaires du Sénat, du roi et de ses ministres. son côté, ne voulait pas accepter les conditions qu'elle prétendait lui imposer. Il fallut renoncer à aboutir et retirer le projet. Or, à ce moment même, le Congo, qui n'avait entraîné que des dépenses, commençait enfin à « rendre ». Grâce à la culture du caoutchouc et à l'achèvement du chemin de fer des cataractes, l'Etat, et l'Etat c'était le roi, non seulement s'affranchissait de ses besoins d'argent, mais devenait une puissance financière et commerciale, si bien que son chef, dispensateur absolu de ses ressources et de sa politique, se trouvait maintenant au comble de la fortune, dans une situation à laquelle on ne peut guère comparer que celle dont, au XV"" siècle, les Médicis avaient joui à Florence. Comme eux, il est à la fois souverain et homme d'affaires. Comme eux, il engage ses capitaux partout où, comme en Chine par exemple, les possibilités d'expansion s'offrent à l'esprit d'entreprise, et, comme eux encore, il s'abandonne à des desseins de magnificence. La fondation de la couronne, en 1901, a pour but d'y suffire. Dotée de biens qui couvrent le sixième du territoire congolais, elle fournit les fonds nécessaires aux travaux qui transforment l'aspect de Bruxelles : arcade du Cinquantenaire. musée de Tervuren, façade du palais royal, sans compter tant d'avenues, de parcs, d'embellissements de toutes sortes largement étendus autour de la capitale. Le double L qui se détache sur les bâtiments royaux fait songer à Louis XIV et sans doute Léopold lui-même, en ces années de splendeur, s'est-il complu à ce rapprochement. Et sans doute a-t-il cherché par cet étalage de sa puissance africaine à oublier qu'en cette Belgique qu'il marquait de son empreinte à coups de milhons, le Parlement lui refusait obstinément la réforme militaire dont l'urgence se faisait pourtant de plus en plus évidente. Au Congo même, l'entente cordiale de la France et de l'Angleterre lui interdisait à partir de 1904 de pratiquer encore entre ces deux puissances la politique de bascule à laquelle il avait souvent recouru. Et, par delà cette entente, il prévoyait une guerre où seraient fatalement entraînées et la Belgique et son œuvre africaine. L'avenir de celle-ci paraissait d'autant plus compromis que la campagne contre les « atrocités » du Congo, avait pris une violence nouvelle depuis que la prospérité de l'Etat indépendant la renforçait des dépits de l'envie. Au mois de juin 1903, le gouvernement anglais avait protesté officiellement contre les cruautés de l'administration léopoldienne et les restrictions qu'elle apportait au commerce. Il n'était possible de les nier ni les unes ni les autres. Force fut donc bien d'autoriser, l'année suivante, l'envoi au Congo d'une commission internationale d'enquête. En Belgique même l'opinion inclinait maintenant vers la reprise, chez les uns pour mettre fin à des accusations qui rejaillissaient sur le pays, chez les autres pour enlever à l'Etat le monopole d'un commerce dont on ne pouvait plus nier qu'il ne fût largement rémunérateur. L'annexion du Congo paraissait ainsi tout ensemble une bonne action et une bonne affaire. Le roi, après avoir légué la colonie au pays, ne pouvait plus l'empêcher. Du moins eût-il voulu que rien ne fût changé à la fondation de la Couronne et que son action personnelle pût continuer à se manifester à l'avenir, indépendante du Parlement. En 1901 il parvint encore à faire écarter un projet de reprise proposé par Beernaert, mais la campagne anglaise contre son gouvernement personnel devenait si violente que l'annexion s'imposait comme le seul moyen de sauver la colonie. En mai 1907, le premier ministre, Jules de Trooz, annonçait son intention d'y procéder. De longues et pénibles négociations aboutirent enfin, sous le Cabinet Schollaert, à la renonciation du roi à la fondation de la Couronne. La reprise, désormais, était certaine. Le Parlement la vota à une imposante majorité les 20 août et 9 septembre 1908. Le 18 octobre était promulguée la loi transférant le Congo à la Belgique. Ainsi le pays, après avoir si longtemps hésité à s'intéresser à la colonie que le roi lui avait préparée, la lui arrachait des mains au moment où il eût souhaité de la gouverner encore selon ses vues. Il devait le ressentir jusqu'au bout de sa carrière comme une ingratitude et une injure. On comprend trop bien ce qu'il éprouva à se voir restreint au rôle de monarque constitutionnel dans ces territoires où sa volonté avait été toute-puissante et qu'il avait tirés du néant. Quelle dérision que de ne pouvoir (Bruxelles, propriété DECORATIONS CREEES PAR LÉOPOLD II, SOUVERAIN DE L'ETAT INDEPENDANT DU CONGO : des Etablissements Ponson.) ORDRE DE L'ÉTOILE AFRICAINE (à droite) ET ORDRE ROYAL DU LION (à gauche). L'Ordre de l'Etoile Africaine fut créé par décret du 30 décembre 1888 pour récompenser les services rendus au Congo et à la cause de la civilisation africaine, et l'Ordre Royal du Lion, par décrets des 9 avril et 28 juillet 1891 pour récompenser les services rendus au Congo et à son souverain. L'un et l'autre comportent six classes : Grand Croix, Grand Officier, Commandeur, Officier, Chevalier et Médaillé. Les bijoux portent au droit la devise Travail et Progrés, et au revers le chiffre du roi. La planche reproduit, pour les deux ordres, de haut en bas : plaque de Grand Croix, croix et écharpe de Grand Croix, plaque de Grand Officier, cravate et croix de Commandeur ; en bas, à gauche : croix et ruban avec rosette d'Officier ; en bas, à droite : croix et ruban avec rosette de Chevalier. lli! mil ri! ; f y intervenir désormais que sous le contre-seing d'un ministre des colonies imposé par les Chambres ! Il espéra du moins conserver en dehors des atteintes de celles-ci, et laisser à perpétuité à la disposition de la Couronne une partie des revenus congolais. La fondation de Niederfiill-bach, constituée en grand secret et dont l'existence ne fut connue qu'à sa mort, fut chargée d'y pourvoir. Elle ne devait d'ailleurs pas lui survivre (7). PROGRES DE L'INDUSTRIALISATION DU PAYS. — Deux phénomènes contradictoires en apparence caractérisent l'histoire économique de l'Europe à la fin du XIX" siècle : l'organisation ouvrière s'y développe parallèlement à l'organisation capitaliste. En même temps que le prolétariat se constitue en classe distincte et devient l'objet d'une législation sociale de plus en plus envahissante, la force et les moyens d'action de l'esprit d'entreprise s'épanchent sur le monde et le transforment. Jamais la puissance des hommes d'affaires et des financiers n'a été aussi grande qu'à partir du jour oii ils ont perdu le droit de régler à leur guise les conditions du travail et se sont vus obligés de compter avec les syndicats. Une même cause explique pourtant les effets à première vue si incompatibles entre eux. L'industrialisation croissante de la production, les applications de la science à la technique, l'ouverture de débouchés nouveaux sur tous les points de la planète ont tellement amplifié, d'une part le nombre des employés, de l'autre l'importance et la complication des entreprises qu'il est devenu impossible de laisser se heurter dans l'anarchie les tendances antagonistes du capital et du travail. A l'ancien libéralisme a succédé, par la force des choses une organisation économique née beaucoup plus des nécessités de la pratique que des conceptions de la théorie. Une fois de plus, dans l'éternel balancement de la réglementation et de la liberté, la première a pris le pas sur la seconde. L'expérience a imposé à l'Etat la protection des masses ouvrières en même temps qu'elle amenait les capitaines de l'industrie et de la finance à grouper et à centraliser leurs entreprises et leurs capitaux (Cliché Clabecq.) « Les sapinières... empiétaient plus largement d'année en année sur ... les (agnes violettes de l'Ardenne. » (Voyez le texte, p. 234.) — Paysage ardennais aux environs de Neufchâteau. Vallée de la Vierre à un kilomètre en aval de Neufchâteau. La vue est prise des abords de la route de Neufchâteau à Florenvllle, objectif tourné vers les hauteurs de Montplainchamp. La rivière décrit encore ses méandres comme autrefois, alors que, ailleurs, on a souvent drainé les vallées et redressé les cours d'eau. En août 1914, cet endroit fut le théâtre de furieux combats entre troupes allemandes et françaises. — Photo obtenue avec le concours de M. Oeubel. (Tervuren, Musée du Congo Belge.) (Cliché n» 49991 du musée.) « Le chef de tribu. » Sculpture d'Herbert Ward (Londres, 1863-Paris, 1919) exécutée au Congo en 1908. Hauteur (bâton et socle compris) : 1,60 m. Plâtre. en de puissantes sociétés, en trusts, en consortiums de toute nature et de toute forme. Sans doute, la double évolution, commencée aux environs de 1890, n'a pas été sans soulever des résistances et aujourd'hui encore, si puissamment qu'elle ait été poussée en avant par le choc de la grande guerre, elle est loin d'être achevée et ses conséquences ultimes se dérobent à nos prévisions. Il ne peut être question ici que d'esquisser les débuts de l'expansion économique qui en a résulté pour la Belgique. Contemporaine de la revision constitutionnelle et de la démocratisation du pays, cette expansion n'est d'ailleurs elle-même qu'une manifestation de la profonde transformation sociale qui s'est dès lors imposée à l'histoire. Plus que jamais l'ambiance européenne dans laquelle baigne la Belgique rend compte de l'intensité extraordinaire de sa vitalité économique dès les dernières années du règne de Léopold II. Ce carrefour des nations, ce pays de libre-échange et de transit international a réagi tout de suite sous l'excitation du dehors et participé largement à l'activité économique qui, si l'on peut ainsi dire, déferlait sur lui de toutes parts. Sa situation géographique, ses traditions industrielles, le bon marché de sa main-d'œuvre, la richesse houillère de son sol, l'excellence de ses moyens IV- 16 Carte échiquier de la région du sud-est du Congo jointe à la convention conclue le 12 mars 1891 entre l'Etat Indépendant et la Compagnie du Katanga. La Compagnie du Katanga se propose, aux termes de la convention, d'explorer le Haut-Congo à des fins de colonisation, d'agriculture, de commerce et d'exploitation minière; de développer la région par la création de voies de communication; de constituer des entreprises de colonisation ou d'exploitation du sol et du sous-sol. L'Etat concède en pleine propriété le tiers des terres visées par la convention, et l'exploitation du sous-sol, pendant une période de nonante-neuf ans. — La carte, dressée par A.-J. Wauters, est jalonnée de carrés blancs équivalant à 6 minutes de latitude et de longitude. Carte publiée, avec le texte de la convention, dans le Mouvement Géographique du 22 mars 1891. de communication, la possession d'un des meilleurs ports du monde lui assuraient de longue date des avantages capables de neutraliser ce qui lui manquait de puissance politique au milieu de l'impérialisme grandissant de ses voisins. Et à ces avantages anciens s'en ajoutaient de nouveaux pour assurer l'avenir : l'acquisition de la belle colonie congolaise et la découverte, en 1902, d'un nouveau bassin houiller dans la Campine limbourgeoise. De leur côté, de grands travaux publics augmentaient encore les facilités déjà si nombreuses des transports à l'intérieur et du trafic avec l'étranger. Des chemins de fer vicinaux étaient établis en bordure de presque toutes les grandes routes, des canaux étaient élargis ou approfondis, le port de Zeebrugge s'ouvrait, en 1907, sur la mer du Nord, Anvers multipliait sans relâche le nombre de ses bassins dont la surface, à partir de 1900, passait de 60 à plus de 150 hectares; à Bruxelles on entreprenait l'établissement d'un port maritime. La Belgique en plein travail prenait une physionomie nouvelle, avec ses terrils de charbonnages élevant sans cesse leurs pyramides noires, ses hauts fourneaux, les échafaudages de ses puits de mine, ses carrières de pierres rongeant les collines de l'Ourthe ou creusant le sol du Tournaisis et du Brabant wallon, ses rivières sans poissons roulant les déjections des usines et partout ces arbres du paysage industriel, les cheminées, avec leurs panaches de vapeur ou leurs écharpes de fumées irradiées le soir du rougeoiement des coulées de l'acier fondu. Il semblait presque que le pays, dans sa fièvre de produire, se dévorât lui-même jusqu'aux entrailles de son sol. Là même oîi le travail industriel ne pénétrait pas, il imposait aux campagnes une physionomie nouvelle. Les sapinières destinées au boisage des mines empiétaient plus largement d'année en année sur les bruyères roses de la Campine ou les fagnes violettes de l'Ardenne. La culture des céréales, de moins en moins rémunératrice à cause de l'importation des blés étrangers, reculait devant la culture maraîchère et l'élevage du bétail. L'exportation des fruits, à Gand celle des fleurs devenaient une source considérable de profits. L'introduction de coopératives agricoles sous l'influence du Boerenbond améliorait d'année en année la situation des paysans. A tout prendre, leur genre de vie s'industrialisait. Les productions de la campagne s'orientaient vers les villes et quantité de campagnards mi-ouvriers, mi-paysans, profitaient des trains ouvriers qui, chaque jour, transportaient vers les usines et ramenaient le soir à leur domicile environ cent mille individus. A l'envisager absolument, l'agriculture belge n'a jamais été plus florissante qu'au commencement du XX® siècle. Et pourtant, dans l'ensemble de l'activité nationale, elle n'occupe plus que la seconde place. L'avance que l'industrie a prise sur elle ne cesse de s'accentuer. Vers 1900, l'élément rural ne représente plus guère que les vingt-trois centièmes de la composition démographique du pays, c'est-à-dire deux fois moins qu'en 1846. Au progrès de l'industrie correspond la densité croissante de la population. De 147 habitants par kilomètre carré en 1846, elle a passé à 187 en 1880, pour s'élever en 1890 à 206 et à 227 en 1900. La Belgique est, dit-on, « le pays le plus congestionné de l'Europe ». A part l'Ardenne et la Campine, elle est tellement recouverte d'habitations qu'en bien des points, les routes bordées de files ininterrompues de maisons paraissent des rues et qu'on pourrait, dans l'ensemble, la comparer à une seule grande ville où les chemins de fer jouent le rôle de tramways et les champs, celui de parcs. Pour cent kilomètres carrés elle possède trente kilomètres de voies ferrées contre treize en Grande-Bretagne et dix en France. DEVELOPPEMENT DE L'EXPORTATION. -Pour vivre sur son étroit territoire, une telle masse d'hommes est condamnée à produire sans cesse et de plus en plus. Car si fertile qu'il soit, son sol ne fournit qu'environ la moitié de son alimentation. En 1890, 55 p. c. du blé qu'elle consomme lui vient de l'étranger. Et il en est des matières premières de l'industrie comme des vivres. A part le charbon et les pierres, il faut tout importer du dehors : fer, zinc, laine, coton, bois de construction. Le lin indigène ne suffit pas au tissage de la toile, ni les betteraves de la Hesbaye et des Polders à la fabrication du sucre. Plus que jamais, l'exportation est donc un besoin vital. Elle l'est d'autant plus, qu'en dépit de sa densité, le marché intérieur ne possède pas une grande force d'achat à cause de la modicité des salaires. Il faut donc qu'une partie considérable des produits nationaux s'écoule à l'extérieur. On estime que vers 1900, tandis que la France exporte le septième de sa production industrielle et l'Angle- terre le quart, la Belgique, dépassant l'une et l'autre, en exporte le tiers. Avec son commerce extérieur, évalué à 4 milliards 674 millions, elle occupe la cinquième place parmi toutes les Puissances du monde. C'est dire que, relativement à son étendue et à sa population, elle figure au premier rang. Il suffira de quelques chiffres pour faire ressortir l'extraordinaire rapidité de son développement durant les vingt années qui ont précédé la grande guerre. L'extraction du charbon passe de 18 millions de tonnes en 1883 à 23 1/2 milhons en 1900; pour les mêmes années, la production de la fonte est respectivement de 783.000 tonnes et 1.019.000. Les statisticiens estiment que de 1895 à 1913 la fortune du pays a augmenté des deux tiers et que le revenu moyen par habitant s'est élevé entre ces dates de 510 à 850 francs. Le bon marché de la main-d'œuvre belge est resté la condition première de la prospérité de l'industrie. Ce n'est qu'à force de comprimer les prix qu'elle peut se glisser à travers les barrières que lui opposent le protectionnisme et l'impériahsme des grandes puissances. Sans doute, grâce au progrès général des affaires, le taux des salaires a augmenté. De 1880 à 1913, celui de mineurs, par exemple, passe de 920 à 1580 francs et l'on peut considérer l'accroissement continu des dépôts de la Caisse d'Epargne (453 millions en 1895, 785 en 1905, plus d'un milliard en 1913) comme une preuve de l'amélioration du sort de la classe ouvrière. Dans l'ensemble cependant, et même après le vote de la loi de 1909 fixant à neuf heures la journée de travail dans les mines, la rémunération des travailleurs demeure inférieure à ce qu'elle est dans les pays voisins. Le bon marché de l'existence compense d'ailleurs cette infériorité. Le libre-échange assure à la fois, au meilleur marché possible, le ravitaillement des hommes en denrées et celui des usines en matières premières. Contrastant avec (Bruxelles, Musée Postal.) (Cliché Jacobs.) Projet de surcharge de timbres pour la concession belge de TIen-Tsin. Léopold 11 ayant obtenu la concession de plusieurs chemins de fer en Chine et d un territoire souverain à Tien-Tsin (voyez le texte, p. 236), le gouvernement songea à créer un bureau de poste dans cette dernière ville. A cet effet. Il fit procéder à des essais de surcharge des timbres émis en 1905. Il y eut trois types de surcharge. Le projet fut abandonné en mars 1914. Production, consommation, exportation et importation décennales du charbon en Belgique entre 1831 et 1900. Quatre courbes superposées : production décennale (2.917.000 tonnes en 1831 et 21.003.000 en 1900); consommation indigène (environ 2.400.000 en 1831 et 17.000.000 en 1900); exportation (environ 800.000 en 1831 et plus de 6.000.000 en 1914); importation (plus de 2.000.000 en 1900). — Diagramme publié dans La Belgique industrielle de décembre 1901, pp. 10-11. la fougue du mouvement économique, le produit de douanes n'a lentement progressé de 1900 à 1908 que de 51 millions à 60. A cela s'ajoute naturellement en Belgique, comme partout ailleurs, l'adoption de nouvelles méthodes industrielles ou, pour mieux dire, de nouveaux procédés d'entreprise où s'attestent, une fois de plus, la souplesse et le génie inventif du capitalisme. Aux fabriques individuelles ou famiUales, pour la plupart insuffisamment équipées en capitaux, commencent à se substituer de puissantes sociétés anonymes appuyées ou même suscitées par la banque. La concentration industrielle va de pair avec la concentration financière. Et dans l'une et l'autre la direction, échappant aux mains de l'ancienne bourgeoisie, passe à des hommes nouveaux, ingénieurs ayant couru le monde, anciens officiers du Congo dont la hardiesse, l'esprit novateur et le goût des réahsations sont à mille lieues de la prudence et des habitudes casanières de leurs devanciers. Les petites usines s'agglomèrent aux grandes ou s'y subordonnent et leurs propriétaires se contentent, s'ils en ont eu la sagesse, de se soumettre, au bon moment, à l'inévitable, du rôle de bailleurs de fonds ou d'actionnaires. Des capitaines d'affaires qui mènent le branle, presque aucun n'est d'ancienne richesse. Comme au XVP siècle, comme au commencement » li- V; ! ' ■ . i du XIX® c'est l'intelligence et l'énergie d'un nouveau groupe de parvenus qui va diriger dans une voie nouvelle l'évolution capitaliste. ENTREPRISES BELGES A L'ETRANGER. L'expansion belge depuis si longtemps rêvée par le roi et qu'il a lui-même si magnifiquement inaugurée, s'atteste désormais avec une vigueur surprenante. Aucune comparaison n'est possible entre l'ampleur de ses entreprises et celles qui ont précédé son essor sans qu'on puisse dire qu'elles l'aient préparé, telles les malheureuses tentatives de Langrand-Dumonceau vers 1870 ou à partir de 1880 l'établissement par la Société Générale des Chemins de fer économiques, de tramways dans quantité de villes de l'Italie ou de l'Allemagne rhénane. C'est vers l'exploitation de pays neufs que se tournent aujourd'hui les capitaux. En 1886, la Compagnie Cockerill fonde ses aciéries à Varsovie et dans le midi de la Russie, la Société Dniéprovienne. Encouragés par son succès, des imitateurs se mettent aussitôt à sa remorque. Associés à des capitaux français, les capitaux belges multiphent les usines de tout genre dans le bassin de la mer Noire, si bien que l'importance seule de ces derniers était évaluée à la veille de la guerre à trois milliards et demi. Dans le grand-duché de Luxembourg, où la Société d'Ougrée-Marihaye fusionne en 1905 avec la Société des Hauts Fourneaux de Redange, en Espagne, dans la région minière de Bilbao, au Maroc, les Belges déploient une activité pareille. Leur participation à la mise en valeur du Congo, les initie aux entreprises d'outre-mer. Ils n'étaient dans la colonie qu'au nombre de 175 en 1890; on en compte 3.500 en 1913. Dès 1906, l'Union Minière du Haut-Katanga pour la production du cuivre, et la Forminière sont créées, la première avec une large participation anglaise, la seconde (Cliché Alexandre.) Léopold II sur son lit de mort. avec une participation américaine. Dans l'Amérique du Sud, il y a des établissements et des placements belges au Brésil et dans la République Argentine. L'immense continent chinois appelle bien davantage à lui les hommes et les finances. Léopold II ici encore a prévu l'avenir. Une partie des revenus du domaine congolais de la Couronne lui sert à aider la pénétration de ses compatriotes. D'habiles négociations avec le Céleste Empire et avec la France qui en avait reçu des droits, aboutirent à la concession du chemin de fer de Pékin-Hankéou, en 1898, puis de ceux de Canton-Hankéou et de Kaï-fong à Ho-nan, en collaboration avec des capitaux français. Si la défiance des Puissances empêcha le roi de faire participer, dans un intérêt de prestige, des contingents belges à la répression de la révolte des Boxers, du moins parvint-il à obtenir, en 1902, l'octroi de la souveraineté à Tien-Tsin. Ainsi, de toutes parts, s'est réalisée la pensée de Léopold II. L'activité de son peuple déborde sur le monde; la politique coloniale et la politique d'expansion ont définitivement triomphé des craintes et des timidités du début. L'épargne nationale se déverse maintenant au loin et s'augmente à l'intérieur du bénéfice de ses placements. En 1914, il paraît probable que l'actif belge à l'étranger atteignait environ le chiffre de 7 milhards et que les sociétés belges ayant leur siège d'exploitation au dehors possédaient deux milliards, somme équivalente à celle que représentaient les titres belges placés au delà des frontières (8). Si l'on songe en outre au surcroît d'activité que les commandes de rails, de locomotives et de machines par des entreprises belges du dehors valaient à l'industrie nationale, il apparaîtra qu'à aucune époque de son histoire, le pays n'a regorgé d'autant de richesses et déployé autant d'énergie travailleuse qu'à la veille de la guerre. • ii Kvti NOTES (1) On ne trouvera dans ce chapitre qu'une esquisse sommaire des efforts et des négociations qui ont fini par donner une colonie à la Belgique. De cette colonie même, dont l'histoire constitue un sujet indépendant de celui de cet ouvrage, 11 ne pouvait être question ici. (2) Voy. plus haut, p. 62. (3) C'est là le thème que l'on retrouve continuellement dans les discours officiels du temps. (4) Sur cette collaboration, voy. P. Crockaert, Brialmont, pp. 339 et suiv. (5) Ed. Van der Smissen, Léopold II et Beernaert, t. I, p. 425. (6) E. Banning, Mémoires politiques et diplomatiques. Comment fat fondé le Congo belge, p. 313 (Paris-Bruxelles, 1927). (7) On sait que le 14 novembre 1911, le tribunal de première instance de Bruxelles la déclara illégale, comme fondée sur le droit allemand, lors du procès auquel donna lieu la succession du roi. (8) J'emprunte la plupart des chiffres de ce chapitre à l'étude de M. F. Bau-dhuin sur l'histoire économique du pays dans Histoire de la Belgique contemporaine 1830-1914, t. I, pp. 237 et suiv. (Bruxelles, 1928), ainsi qu'à celle de M. B.-S. Chlepner, Le marché financier belge depuis cent ans (Bruxelles, 1930). (Cliché Anthony.) Joyeuse Entrée du roi Albert à Bruxelles le jour de son avènement (23 décembre 1909). Photographie prise au moment où le roi passe devant le bâtiment de la poste centrale, place de la Monnaie, à Bruxelles. CHAPITRE IV A LA VEILLE DE LA GUERRE VENEMENT D'ALBERT 1". - Le 17 décembre 1909, le jour anniversaire de son inauguration, Léopold II mourait à Laeken, après un règne de quarante-quatre ans. Jamais il n'avait été populaire et jamais pourtant souverain ne s'est consacré avec plus d'intelligence, de dévouement, de patriotisme au bien de son peuple. C'est qu'entre lui et les partis qui faisaient et dirigeaient l'opinion, le malentendu a été continuel. Par intérêt électoral ou par étroitesse d'idées, ils n'avaient accueilli ses initiatives qu'avec indifférence et soupçon. Durant la revision, on lui avait refusé le référendum; après avoir repoussé l'offre du Congo quand il ne paraissait encore qu'une source de dépenses, on l'avait annexé aussitôt qu'il s'était révélé une bonne affaire; aux exhortations royales de proportionner les forces défensives du pays aux dangers croissants de la situation européenne, les Chambres avaient répondu par la constitution d'une armée de volontaires. En somme, tout ce que le roi avait fait pour le pays, il pouvait se vanter de l'avoir fait sans le pays. Et par surcroît, une partie de la presse, recueillant avidement les attaques intéressées de l'étranger, l'insultait grossièrement, le traitant de marchand couronné, de trafiquant d'esclaves et exploitant sans vergogne les faiblesses de sa vie privée. Il en avait ressenti une amertume hautaine. De plus en plus il s'isolait de ces Belges qui ne voulaient pas le comprendre. Sans doute avait-il le sentiment d'être un trop grand roi pour ses sujets et n'attendait-il plus rien que de l'histoire. Jusqu'à quel point il était froissé dans son orgueil et révolté dans sa conscience, ces lignes de son testament du 20 novembre 1907 ne le prouvent que trop : « Je veux être enterré de grand matin, sans aucune pompe. A part mon neveu Albert et ma maison, je défends qu'on suive ma dépouille ». Et pourtant, sa dernière année devait dédommager cette grande âme de tant de désillusions. Lors de sa dernière visite à Anvers, en 1909, l'enthousiasme qui l'accueillit lui donna les premiers témoignages de la reconnaissance qu'il attendait depuis si longtemps, et quelques mois plus tard, le premier ministre lui apportait sur son lit de mort le texte de la loi basant l'armée sur le service personnel. Au moment suprême il voyait donc se réaliser cette réforme à laquelle inlassablement il avait tendu au milieu des colères et des injures. L'avenir put paraître assuré à ses yeux qui se fermaient. « Le roi est content », dit-il en traçant au bas de la loi sa dernière signature, et ces mots sans doute marquèrent sa réconciliation avec son peuple. La mort prématurée du seul fils de Léopold H, le 22 janvier 1869, désignait, aux termes de la constitution, le comte de Flandre, frère du roi, comme son successeur. Mais ce prince n'avait pas tardé à renoncer au trône en faveur de son fils Baudouin, qu'une pneumonie enlevait inopinément à l'âge de vingt-deux ans, le 23 janvier 1891, à sa popularité grandissante. Ainsi, contre toute attente, c'est au frère cadet de celui-ci, Albert, qu'allait passer la Vinat-rinfiol^inw nnnA^ - N' 3.H. Le oumAro j S centimes Vendredi 17 Décembre 190» anDXXLi. RdlUoa - Le Peuple OReiNE DUOTIDIEN DE lA DEIOCRiTIE SOCIIIISTE EdlUoa If LE ROI EST MORX CAROLINE MAITRESSE AU PALAIS 2* Edilion spéciale CoMul it ni td ■«! Al Palali U tukn j^j^.v.tvcgs; usnKHitiicsnam* lUbviuuunlIufelik Là Roi-Symbole rr^irssn .^ MmlmT»^^ S "/«M «i^ D^^VMOEIIDflllfE ï.arr.îSrs' ^ras Il S'L .Syj^ r*^?^ * Petits Ckroaifms BïW^ îS-^S-e-L U BIUIIE DD 101 « Et par surcroît, une partie de la presse... l'insultait (Léopold II) grossièrement... exploitant sans vergogne les faiblesses de sa vie privée. » (Voyez le texte, p. 237.) — Annonce de la mort de Léopold II par l'organe du Parti ouvrier (« Le Peuple », vendredi 17 décembre 1909). couronne. Le 23 décembre 1909, le lendemain des funérailles du vieux souverain, il prêtait devant les Chambres le serment constitutionnel qui faisait de lui le troisième roi des Belges. Agé de trente-quatre ans — il était né à Bruxelles le 8 avril 1875 — il avait mené jusqu'alors une existence assez retirée. On le connaissait peu en dehors de l'armée, et il semble que le feu roi ne s'était guère soucié de le préparer à sa future mission. Son mariage, le 2 octobre 1900, avec Elisabeth, duchesse en Bavière, avait reporté sur le jeune couple les sentiments d'attachement à la dynastie que, durant les dernières années, la politique personnelle de Léopold II et ses écarts de conduite avaient de plus en plus détournés de sa personne. Ce que l'on savait ou croyait savoir de la simplicité et du sérieux de la vie familiale des époux, le penchant du prince pour les choses intellectuelles, la charité de la princesse et le goiît éclairé qu'elle témoignait aux arts, la naissance enfin de trois enfants, Léopold en 1901, Charles en 1903, Marie-José en 1906, leur avaient gagné une sympathie faite d'affection et d'estime. La sollicitude de la nation avait suivi l'héritier du trône durant son grand voyage au Congo en 1909. L'impopularité du souverain auquel il allait succéder lui assurait un avènement d'enthousiasme. Son discours d'inauguration fut ce qu'il devait être. Les réformes qu'il promettait d'introduire dans l'administration congolaise étaient bien ce qu'attendait la nation, inquiète des attaques lancées contre la colonie dont, après avoir si longtemps hésité à l'accepter, elle avait hâte de prouver maintenant qu'elle saurait accomplir les devoirs que sa possession lui imposait. Du dévouement à la patrie que le jeune roi affirmait avec une énergie singulière, personne sans doute ne doutait, mais personne non plus, sauf lui-même, ne prévoyait qu'il aurait prochainement à en donner la preuve et qu'il ne se passerait pas cinq ans avant qu'il eût à tenir son serment de défendre l'intégrité du territoire. En réalité, il prenait la couronne au moment le plus angoissant que l'Europe eût connu depuis un siècle. L'année précédente, le rapprochement anglo-russe avait achevé de diviser le continent entre deux coalitions formidables. A la triple alliance de l'Allemagne, de l'Autriche et de l'Italie s'opposait la triple entente de la France, de l'Angleterre et de la Russie et il n'apparaissait que trop évident que l'imminence d'un conflit mondial s'affirmait de jour en jour plus menaçante. Pour la Belgique il en résultait une situation sans précédent. Jusqu'alors toute sa politique avait consisté à maintenir, conformément aux traités de 1839, la neutralité que les Puissances lui avaient garantie et à affirmer sa confiance dans leur appui. Mais du jour où ses protecteurs se répartissaient H II n tant ' u jonm DE jiiDi (Bruxelles, Collection baron F. Houtart.) (Cliché Bijtebier.) préventive. Le Cabinet de Londres n'avait-il pas d'ailleurs déclaré que l'Angleterre défendrait la Belgique en cas d'agression ? Et pourquoi l'Allemagne aurait-elle violé les frontières qu'elle avait respectées après Sedan ? Son alliance avec l'Autriche en 1879, puis en 1882 l'entrée de l'Italie dans cet accord, ne parurent qu'un affermissement définitif du statut européen. La campagne ouverte par Brialmont, en 1882, en faveur de travaux de défense sur la Meuse parut à la presse et aux hommes politiques une dangereuse incartade de militaire et une injure gratuite au puissant voisin dont elle semblait suspecter les intentions. Au surplus, deux ans plus tard, la conférence de Berlin et la part prise par Bismarck à la reconnaissance de l'Etat indépendant du Congo contribuèrent à affermir encore la confiance dans l'Allemagne. Les relations économiques qu'elle nouait de plus en plus nombreuses avec la Belgique, poussaient de leur côté à orienter vers elle les intérêts et les esprits. En 1886, le Norddeutscher Lloyd s'établissait à Anvers. Cependant des règlements de frontières en Afrique provoquaient l'année suivante de pénibles négociations entre Léopold II et le Cabinet de Paris. La dangereuse tension franco-allemande que l'agitation boulangiste venait de produire ne tardait pas à envenimer les choses. De 1887 à 1891, des journaux parisiens menaient contre la Belgique, prétendument vendue à l'Allemagne, une campagne très violente. A Bruxelles, le ministre de Prusse parlait de Le Prince Royal Léopold-Ferdinand-Elie-Viclor-Albert-Marie, duc de Brabant, comte de Hainaut, fils de Léopold II et de Marie-Henriette (Laeken, 1859-1869). Portrait peint par Alexandre Robert (Trazegnles, 1817-Saint-Josse [Bruxelles], 1890); légèrement endommagé. en deux camps hostiles, comment espérer encore qu'ils demeureraient fidèles à la parole donnée et qu'ils ne sacrifieraient pas leur engagement à son égard à ceux qu'ils avaient pris envers leurs alliés ? La neutralité belge n'avait été qu'un expédient destiné à sauvegarder un équilibre européen qui n'existait plus. La guerre éclatant, et il était inévitable qu'elle éclatât, le «miracle de 1870» ne se renouvellerait pas, et le pays redeviendrait, sans nul doute, ce qu'il avait été si souvent au cours de l'histoire, le champ de bataille de l'Europe. IMPREVOYANCE DU PAYS. - Depuis longtemps l'opinion eût pu remarquer les signes précurseurs de la catastrophe prochaine si le souci exclusif de la prospérité matérielle et la prédominance plus exclusive encore des intérêts électoraux ne l'avaient tenue dans un aveuglement, qui, chez certains, n'étaient pas entièrement involontaire. La chute de Napoléon III, dont les ambitions n'avaient pas été, on l'a vu, sans l'inquiéter, avait été saluée par elle comme l'aurore d'une période de sécurité ininterrompue. Jamais l'antimilitarisme ne se manifesta avec autant d'imprévoyance et d'incompréhension de la politique internationale que durant les trente années qui suivirent 1870. Après avoir tant craint la France, on ne pouvait se résigner à craindre son vainqueur, l'Empire allemand. Sauf le Roi, personne ne semble s'être inquiété de la crise provoquée en 1875 par les velléités de Bismarck d'entreprendre contre la Répukique française, une guerre (Bruxelles, Palais de la Nation, déposé au greffe de la Chambre des Représentants.) (Cliché Jacobs.) Première page du procès verbal de la prestation de serment du roi Albert (23 décembre 1909). Le texte, en caractères rouges et or, est entouré d'enluminures, et la page, signée L. Diekmann héraldiste callig. Au-dessus, le chiffre du roi. Au-dessous, l'étoile du Congo. IM' J ' ■ II' ! i li'ï " ; . ' î' ■■ 1»; i ? , ! 1 ■i ■ i l'éventualité d'une guerre et poussait le gouvernement à construire sur la Meuse des forteresses destinées à barrer la route à une invasion française. L'avenir paraissait d'autant plus menaçant que la presse anglaise semblait ne plus envisager l'envahissement de la Belgique comme un casus belli. Dans son inquiétude le roi faisait vainement proposer à la Chambre l'adoption du service militaire personnel et plus vainement encore se décidait à prononcer, au grand dépit de ses ministres, son fameux discours de Bruges (15 août 1887). Si le Parlement se résignait à voter les crédits indispensables aux fortifications de la Meuse, rien ne pouvait arracher son consentement à un renforcement de l'armée dont l'urgence pourtant s'imposait évidente. L'Allemagne avait beau augmenter son contingent, Brialmont déclarer dans sa « brochure verte » que le devoir et l'intérêt imposaient également au pays de veiller à sa sûreté compromise, la répugnance du corps électoral pour la caserne suffisait à empêcher le gouvernement sinon de voir le péril, au moins de trouver l'énergie de le combattre. On ne voulait pas s'avouer qu'en présence de l'accroissement continuel des forces militaires chez les grands Etats voisins, se refuser à dilater l'effectif de l'armée, c'était, en réahté, l'amoindrir. L'entrée aux Chambres des socialistes et la terreur qu'inspiraient leurs progrès faisaient de plus en plus pencher la majorité vers un système de recrutement basé sur le volontariat. Une armée de volontaires de carrière paraissait la meilleure garantie de l'ordre. En cas de guerre, il suffirait de recourir à la garde civique et surtout de faire appel aux Puissances qui défendraient les forteresses contre l'envahisseur. Que cet agresseur pût être l'Allemagne, le parti catholique au pouvoir se refusait à l'admettre. Son admiration pour ses coreligionnaires d'outre-Rhin et pour la politique confessionnelle de la Prusse lui inspirait une confiance complète. Si quelque danger était à craindre, il ne pourrait venir que de cette France impie dont l'ambition avait si souvent menacé le pays et que certains flamingants se plaisaient à représenter comme l'ennemie héréditaire de la Belgique. Du côté de l'Est la sécurité paraissait si complète que le Parlement autorisait la construction d'une ligne de chemin de fer entre Stavelot et Malmédy, sans prendre garde « La manifestation théâtrale de Guillaume II à Tanger...» (Voyez le texte, p. 241.) C'est le 31 mars 1905 que le Kaiser, pour faire pièce, à la politique coloniale française en Afrique du Nord, rendit visite au sultan du Maroc. — Piiotograpiiie extraite de la Propyltien Weltgeschichte, t. X, p. 281. Berlin, 1933, in-4». qu'elle ne pouvait servir à rien d'autre qu'à compléter l'organisation stratégique des provinces rhénanes en cas d'invasion du territoire. Pour le roi, pour les militaires et pour le petit nombre d'hommes que n'aveuglait pas l'esprit de parti, l'éventualité de cette invasion s'approchait avec une rapidité croissante. L'alliance franco-russe de 1891, en mettant fin à l'isolement de la Répu-bhque, lui permettait des initiatives dont elle avait dû longtemps s'abstenir. Si l'hostilité latente de l'Angleterre l'avait tout d'abord contenue, l'entente cordiale qu'elle concluait avec cette Puissance en 1904 et, en 1908, l'accord qu'elle ménageait entre cette même Angleterre et la Russie lui permettaient maintenant de s'appuyer fermement contre la triple alhance sur UNE 6DERRE FRANCO-ALLEMANDE La Belgique envahie 1.000 Allemands en Ardeone Prise de la position de Liège OccnpatiM Siège d'ABvers Bataifle de Wa?re allemande LIËaB ImprimcrU LA MEUSE — ( soc. AKQ*. ) «906 (Bruxelles, exemplaire de la Bibliotiièque Royale, coté II, 90543, in-I6.) « La même année paraissait à Bruxelles une brochure prophétique « Une guerre franco-allemande. La Belgique envahie. » (Voyez le texte, p. 241.) Cette brochure anonyme, éditée à Liège en 1906 par l'imprimerie « La IMeuse », s'inspire des idées de Brialmont. L'auteur suppose que la guerre franco-allemande éclate à la fin de l'année. La Belgique est envahie; Liège, Namur et Anvers tombent aux mains de l'ennemi; le pays est soumis à une occupation très dure. L'auteur imagine des proclamations et des lettres dont le texte correspond jusque dans les termes aux proclamations et aux lettres rédigées antérieurement, surtout pendant la guerre de 1870. ses puissants partenaires. Après des simulacres de rapprochement, l'Allemagne, à partir de 1905, commençait à prendre à son égard une attitude agressive. La manifestation théâtrale de Guillaume II à Tanger, suivie en 1906 de la conférence d'Algésiras avaient ajouté à ce mauvais vouloir du Cabinet de Berlin, les rancunes du premier échec que sa politique d'hégémonie eût subi depuis le traité de Francfort. La tension avait été si grande et le danger de guerre si menaçant qu'au mois de mars 1905 les officiers belges avaient reçu l'ordre de ne pas quitter le pays, et que le général Ducarne avait eu des conversations avec le lieutenant-colonel anglais Barnardiston sur les mesures à prendre en cas d'agression allemande. La même année paraissait à Bruxelles une brochure prophétique « Une guerre franco-allemande. La Belgique envahie ». DANGERS DE LA SITUATION INTERNATIONALE. — La guerre montait visiblement à l'horizon et il était impossible que l'opinion demeurât plus longtemps indifférente au péril qu'elle ne pouvait plus nier. De bons citoyens cherchaient à provoquer une entente défensive avec la Hollande dont il fut question jusqu'en 1912. Le Parlement consentait en 1907 à l'agrandissement de l'enceinte fortifiée d'Anvers et enfin, en 1909. en votant le principe du service militaire obligatoire, faisait le premier pas vers la réforme, trop longtemps différée, de l'armée. Ainsi, au moment où Albert I" montait sur le trône, on ne pouvait plus s'illusionner sur l'avenir. Tôt ou tard, cette neutralité, que le pays s'était toujours complu à considérer comme sa sauvegarde, il faudrait la défendre ou périr avec elle. Quelques-uns se demandaient même s'il n'eût pas mieux valu y renoncer et se réserver le bénéfice de choisir ses alliés pour l'heure de la catastrophe. Les péripéties du conflit d'Agadir étaient bien de nature à autoriser les pires inquiétudes. Le 4 novembre 1911, l'accord franco-allemand qui en découla décidait qu'en cas de cession du Congo par la Belgique, la France ne ferait pas usage du droit de préemption que Léopold II lui avait jadis reconnu, sans engager, au préalable, un échange de vues avec le gouvernement allemand, et le 5, le ministre Caillaux déclarait à la Chambre des députés que les possessions du centre de l'Afrique ne pouvaient être considérées comme définitives. « La Belgique eut alors la sensation pénible de l'isolement et de la précarité des garanties qu'elle croyait s'être ménagées en Afrique et de celles que lui conférait en Europe le traité du 19 avril 1839.» (1) Et ses craintes se justifiaient d'autant plus qu'au Reichstag le chancelier de l'Empire exposait, dans un langage d'une imprécision menaçante, que l'Allemagne se réservait de tirer plus tard tout le profit souhaitable de l'accès qu'elle venait d'obtenir au Congo et à l'Oubanghi. L'accord franco-allemand était bien loin d'ailleurs d'avoir diminué la tension qui régnait entre les deux pays. A Bruxelles le gouvernement s'évertuait sans trop y parvenir, à écarter de lui tout soupçon de partialité. Pourtant, Berlin lui reprochait de violer la neutralité à son détriment tandis que l'attaché militaire français pensait que si la Belgique était forcée de choisir une alliance, il était « peu probable » qu'elle se prononçât pour la France (2). Pour comble de malheur, l'Angleterre refusait de reconnaître l'annexion du Congo et des membres notoires du Parlement déclaraient que l'on ne pouvait entraver l'Allemagne « dans sa recherche d'une place au soleil» (3). En présence de tant de mauvais symptômes, l'esprit public commençait à s'émouvoir. A la Chambre et dans la presse on reprochait au gouvernement de n'avoir pas pris les mesures nécessaires pour la défense de la neutralité. Des journaux parlaient de la fatalité d'une guerre prochaine et de l'ère d'iniquité que faisaient présager aux petits peuples l'occupation du Maroc par la France, l'annexion de la Bosnie et de l'Herzégovine par l'Autriche, la conquête de la Tripolitaine par l'Italie et les empiétements de l'Allemagne dans le bassin du Congo. La loi du 30 avril 1913, qui générahsait le service militaire et portait à 33.000 recrues le contingent annuel de l'armée, de manière à pouvoir disposer au bout de dix ans d'une force de 330.000 hommes, fut à l'heure suprême la réaction du Parlement à l'approche de la catastrophe. Le premier ministre l'avait justifiée en public par la conclusion des grandes alliances qui pourraient compromettre . ï^tkù iz^O^ft,^ ^ f y LA T- _ jljtiL:::^^^ Z. «A. ' y'i- (Musée de Mariemont, collection des autographes, n« 1032.) Brouillon autographe du discours prononcé à la Chambre des Représentants par Paul Hymans, le 27 février 1913, au sujet du projet de loi sur la milice (page 2). L'orateur libéral insiste sur la nécessité de faire face à la situation internationale qui s'est aggravée et, d'après le compte rendu des Annales Parlementaires considère que la loi généralisant le service militaire « constitue... un effort loyal et sérieux ». — L'ensemble du brouillon comporte onze pages manuscrites. (Bruxelles, Alusée Royal de l'Armée.) (Cliché Jacobs.) Uniformes de l'armée belge avant 1914. A gauche, capitaine des guides en grande tenue. Dolman de drap vert, parements et collet amarante, brandebourgs et galons d'or, culotte amarante à galons, et passepoll de drap vert; colback en peau d'ours noir avec flamme amarante à soutache et gland d'or. — A droite, lieutenant au 3» régiment de lanciers en grande tenue. Depuis 1863, le kourtka est remplacé par le dolman bleu; les officiers portent des brandebourgs d'or (noirs pour la petite tenue). La couleur distincte du 3' lanciers est le blanc, qui se porte au collet, au chapska et aux parements des manches. Le nom (chapska) et le modèle de la coiffure sont d'origine polonaise. — Tenues portées jusqu'en 1914. les garanties données à la neutralité du pays par la rivalité qu'elles introduisaient entre les Puissances garantes. Dans une séance secrète, il avait ajouté que le doute n'était plus permis sur la décision irrévocable de l'Allemagne d'envahir la Belgique en cas de guerre, afin de tourner les forteresses françaises de l'Est. En fait, les conjonctures forçaient le pays à s'armer contre celui de ses voisins qui le menaçait directement. Le vote des Chambres ne manqua pas d'être attribué à Berlin à la pression de l'Angleterre. Du moins l'Angleterre en fut-elle ravie. Le 20 mai, elle manifestait son contentement en reconnaissant l'annexion du Congo à la Belgique. LA BELGIQUE « PAYS ARTIFICIEL ». - L'histoire des quatre ans et demi qui séparent l'avènement d'Albert I" de l'invasion de la Belgique par les armées allemandes n'a pu faire prévoir l'unanimité de la résistance que la nation devait opposer au long martyre de l'occupation ennemie. Si le vote de la loi militaire de 1913 attestait un redressement patriotique bien tardif, il n'apparaissait pourtant que comme un épisode au milieu d'une agitation politique, sociale et linguistique si intense qu'il était permis de se demander — et qu'en réahté l'étranger se demandait — si un peuple aussi profondément divisé pourrait se reprendre et regrouper ses forces au moment voulu. « Les Belges, disait l'ambassadeur allemand à Paris à la veille de l'ultimatum du 2 août 1914, ils feront la haie pour nous regarder passer. » Il se trompait grossièrement, mais son erreur, qui fut celle de bien d'autres, n'était que trop compréhensible. Depuis plus d'un siècle, c'était un thème convenu de ne voir dans la Belgique qu'un « pays artificiel ». Privée d'unité géographique, d'unité de race et d'unité de langue, elle ne subsistait que par la tolérance de l'Europe et sa trop longue existence n'avait d'autre raison que la longue paix dont les conjonctures internationales lui avaient procuré le bénéfice. Qu'elle eût à surmonter une crise, nul doute qu'elle ne s'effondrât. Que de fois les augures avaient prédit sa disparition. Guillaume I®'' n'avait cessé de s'y attendre, Frédéric-Guillaume IV l'avait annoncée à Stockmar à la veille de 1848, Napoléon III l'avait considérée comme certaine, la presse anglaise l'avait prévue à la mort de Léopold I®'' et depuis les agitations démocratiques et la croissance du mouvement flamingant, la presse pangermaniste d'Allemagne ne cessait pas de la déclarer aussi prochaine que souhaitable. Vainement les faits avaient démenti ces prédictions ou détrompé ces espoirs. Personne ne comprenait ni ne voulait comprendre que la patrie belge poussait profondément ses racines dans la longue histoire qui avait rapproché les uns des autres ses éléments hétérogènes dans la communauté des mêmes destinées, des mêmes intérêts économiques, de la même autonomie sous leurs souverains étrangers et qui, au XVI® siècle contre l'Espagne, au XVIII® siècle contre Joseph II, en 1830 contre la Hollande, les avait unis en un front commun, malgré leurs différences, pour la revendication des mêmes libertés. L'individualisme invétéré de ce peuple qui l'avait toujours poussé aux discordes civiles, l'avait toujours aussi, à l'heure du péril, groupé pour la défense de chacun par l'entente de tous. Le sentiment civique qui l'animait expliquait à la fois son exubérance anarchique durant la paix et son énergie collective contre l'oppression. Il était encore tel, au commencement du XX° siècle, qu'il s'était montré à toutes les époques pour la défense de ses « privilèges » représentés aujourd'hui par la constitution qu'il s'était donnée. L'énigme psychologique qu'il devait être après 1914 pour son gouverneur allemand, il n'avait cessé de l'être au cours des âges pour ses gouverneurs espagnols et autrichiens, pour les préfets de Napoléon et pour les fonctionnaires hollandais. Impatient de toutes contraintes, sauf de celles qu'il s'imposait à lui-même, il s'absorbait dans ses querelles et se laissait entraîner par l'esprit de parti jusqu'au jour où la « commune patrie » se dévoilait brusquement à ses yeux comme la sauvegarde suprême de cette liberté dont il ne jouissait que par elle. Or, les luttes intestines, si violentes déjà durant les dernières années de Léopold II, arrivèrent à leur apogée au début du nouveau règne. Aux élections générales du (Cliché A. Pierre.) «Mais les manifestations redoublaient. Celle du 15 août 1911 fut la plus formidable à laquelle on eût encore assisté. » (Voyez le texte ci-dessous.) —Concentration du cortège à Bruxelles. Les manifestants, qui portent pour la plupart le chapeau de paille, arborent les drapeaux du Parti ouvrier et promènent des pancartes à slogans : « Nous saurons conquérir le S(uffrage) U(ni-versel) pur et simple à 21 ans » — « Les producteurs méritent plus d'égards et autant de droits que les jouisseurs » .— « A bas le vote plural » — « Un homme, une voix », etc. — Photographie reproduite dans L'Illustration du 19 août 1911, p. 134. mois de mai 1910, la majorité catholique dont le ministère Schollaert disposait à la Chambre avait été réduite à six voix. Sans la représentation proportionnelle, l'opposition conjuguée des libéraux et des socialistes eût sans doute renversé le gouvernement. Tout faisait prévoir sa chute prochaine et l'espoir de ses adversaires augmentait leur impatience. LES PARTIS A L'AVENEMENT D'ALBERT I". -Un projet de loi scolaire présenté l'année suivante leur fournit l'occasion d'unir de nouveau leurs forces. Il donnait satisfaction aux gauches en instaurant l'instruction obhgatoire et répondait aux désirs des catholiques par l'institution du « bon scolaire », grâce auquel les subsides eussent été répartis entre les écoles publiques et les écoles (Bruxelles, Galerie de la Chambre des Représentants.) (Cliché Jacobs.) Frans Schollaert (Wilsele, 1851-Sainte-Adresse, 1917). Cet avocat louvaniste, élu député catholique de 1888 à 1914, dirigea le ministère de l'Intérieur et de l'Instruction publique de 1895 à 1899. Son passage à l'Instruction publique coïncida avec le vote de la loi scolaire de 1895 rendant obligatoire l'enseignement de la religion dans toutes les écoles et autorisant le gouvernement à subsidier directement les écoles libres. Président de la Chambre de 1901 à 1908 et en 1912, co-fondateur du Boerenbond avec son beau-frère G. Helleputte, Schollaert devint chef de cabinet de janvier 1908 à juin 1911, avec les portefeuilles de l'Intérieur, puis de l'Agriculture, de l'Intérieur, des Sciences et des Arts. C'est sous son gouvernement que furent votées la reprise du Congo par la Belgique et la loi instaurant le service militaire personnel. — Portrait peint à Pépoque ou Schollaert était président de la Chambre, par Emile Wauters (Bruxelles, 1846 - Paris, 1933). libres proportionnellement au nombre de leurs élèves. Le chef du Cabinet comptait pour le faire passer sur une coalition de la jeune droite avec une partie au moins des libéraux et des socialistes. Il ne s'attendait pas à une résistance sérieuse et s'était porté fort du succès devant le roi. Mais les circonstances étaient trop favorables à une offensive pour incliner les partis d'opposition à des mesures transactionnelles. Le moment leur semblait venu de rétabhr le cartel qui avait échoué en 1902. Les libéraux se rallièrent à une formule de suffrage universel accordant le droit de vote, après un an de résidence, à tous les citoyens âgés de vingt-cinq ans, et l'alliance ainsi conclue avec les socialistes déclencha aussitôt un mouvement qui troubla la rue, introduisit l'obstruction à la Chambre et contraignit enfin le ministère, abandonné par la vieille droite, qui ne lui pardonnait ni le service militaire personnel, ni son ralliement au principe de l'enseignement obligatoire, à démissionner le 8 juin. Le Roi le remplaça tout de suite par un gouvernement où s'accentuait, sous la présidence du comte de Broque-ville, la nuance démocratique qui, par l'influence de la jeune droite, imprégnait de plus en plus le parti auquel Woeste avait réussi, depuis la retraite de Beernaert, à imposer une attitude conservatrice et cléricale trop en désaccord avec le courant qui entraînait le pays. Mais les manifestations redoublaient. Celle du 15 août 1911 fut la plus formidable à laquelle on eût encore assisté. On estime que 160.000 protestataires défilèrent par les rues de Bruxelles en faveur de l'école publique et de la substitution du suffrage universel au vote plural. Cependant, unis dans la même conviction d'une victoire prochaine, libéraux et sociahstes ne laissaient que trop entrevoir qu'ils poursuivaient des fins différentes. Pendant que les premiers faisaient rage contre l'enseignement confessionnel les seconds annonçaient le renversement du capitalisme et la socialisation de l'industrie. Et plus nombreux que leurs alliés, leurs cris plus retentissants effrayaient l'opinion moyenne, les vieux libéraux et les paysans. Très habilement, le gouvernement en profita pour annoncer la dissolution des Chambres, en invoquant l'augmentation de la population révélée par le recensement de 1910 et qui nécessitait une augmentation correspondante du nombre des représentants et des sénateurs. L'union des droites, en présence de la coahtion des gauches, ne pouvait manquer de se reformer. Comme en 1884, elle reprit le programme d'apaisement qui avait alors donné aux catholiques le pouvoir qu'ils détenaient encore, et cette tactique lui valut un nouveau triomphe. Le 2 juin 1912 les élections faisaient passer la majorité de six à dix-huit voix, succès inespéré sous le régime de la représentation proportionnelle et qui attestait un puissant revirement de l'opinion. Tous les progrès faits péniblement par l'opposition étaient anéantis. Pour le cartel c'était un coup de poing en pleine poitrine. La désillusion des libéraux, la fureur des socialistes s'en prirent l'une et l'autre au vote plural. A leurs yeux, il était le grand coupable, car on ne pouvait douter que le résultat du scrutin n'eût été déterminé par les détenteurs des voix supplémentaires, particulièrement nombreux à la campagne. Il apparaissait désormais évident que la conservation de leur privilège consoliderait à jamais la prédominance de la droite, perspective également odieuse aux libres-penseurs et aux socialistes puisqu'elle devait avoir pour conséquence la victoire du catholicisme dans le domaine intellectuel comme dans le domaine social. Le système du vote plural étant inscrit dans la constitution, il n'était pour en débarrasser la route qu'un seul moyen : celui d'une nouvelle revision du pacte national. Dès le 30 juin 1912, le congrès du parti ouvrier à Liège chargeait ses députés d'en faire la proposition aux Chambres. Si, comme il fallait s'y attendre, elle était repoussée, on aurait recours à Vultima ratio de la grève générale. A ce coup d'estoc, la droite répondit par une habile parade. Pourquoi, si l'on voulait sincèrement généraliser et démocratiser le suffrage, ne pas l'étendre du même coup aux hommes et aux femmes ? Le privilège de (Bruxelles, Musée Royal d'Art Moderne.) Cortège de grévistes. Tableau peint en 1894 par Eugène Laermans (Bruxelles, 1854 — Molenbeek [Bruxelles], 1940). l'électeur masculin était-il mieux justifié que le privilège de l'électeur rural ? La doctrine socialiste n'admet-elle pas l'égahté pohtique complète des deux sexes ? Elle l'admettait, en effet, en principe autant qu'elle la redoutait, pour le moment, dans la pratique. Car nul n'ignorait l'empire de la religion sur les femmes ni que leur accession aux urnes ne dût avoir pour conséquence immédiate un renforcement certain du parti catholique. Au surplus, la menace était plus embarrassante qu'effrayante, car dans les circonstances actuelles, les catholiques ne pourraient obtenir aux Chambres constituantes les deux tiers des mandats nécessaires à la revision. Celle-ci fut donc proposée le 12 novembre 1912, et il apparut tout de suite dans la discussion que le gouvernement se rendait compte de la précarité du vote plural. Tout en s'opposant à la prise en considération, le chef du Cabinet déclara que les lois électorales n'étaient pas immuables. Personnellement favorable au suffrage universel, il ne pouvait rompre en visière avec la majeure partie de la droite qui, se rappelant l'échec de la grève générale de 1902, en escomptait le retour avec un nouveau déclin du socialisme. Elle rejeta la proposition Hymans de nommer une commission chargée d'étudier des textes sur lesquels on pourrait se mettre d'accord. Et la crise, une fois de plus, éclata entre la classe ouvrière et le Parlement. LA GREVE GENERALE DE 1913. — Mais on n'était plus en 1902. Le parti socialiste en s'organisant s'était discipliné. Il obéissait à ses chefs et ses coopératives lui avaient constitué un trésor de guerre. Décidé à aborder la lutte avec toutes ses forces, il l'était également à prouver qu'il était assez maître de lui pour respecter la légalité et, en s'abstenant de désordres, pour forcer le pouvoir à s'abstenir de répression. La grève ne fut déclenchée, le 14 avril 1913, qu'après une soigneuse préparation, et, si l'on peut ainsi dire, une mobilisation complète de ses effectifs. Elle répondit de façon grandiose à l'espoir de ses promoteurs. On estime que trois cent soixante-dix mille travailleurs de la grande industrie cessèrent le travail. En pleine prospérité industrielle, sur tous les points du pays, les fabriques furent désertées. Le peuple se croisait les bras et attendait, attente plus imposante encore par son calme que par son ampleur. Les libéraux applaudissaient et la droite était déconcertée. Fallait-il pousser la résistance jusqu'au moment, où, les caisses de chômage étant vides, la violence se substituerait à la discipline ? Car, à toute évidence, la grève renfermait une guerre civile latente. On sentait bien que la résolution de l'emporter à tout prix était ancrée dans la volonté des masses. Pouvait-on affronter une lutte sanglante, un renouveau plus terrible des horreurs de 1886, en s'obstinant (Cliché A.C.L.) II (Bruxelles, Collection baron F. Houtart.) Sa Majesté Elisabeth-Gabrielle-Valérie-Marie, reine des Belges, née à Possenhoven le 25 juillet 1876. Pastel d'Herman Richir (né à Ixelles [Bruxelles] en 1866), exécuté en janvier 1913. La reine Elisabeth a consenti à poser dix fols devant l'artiste. 1 (Bruxelles, exemplaire de la Bibliothèque Royale, coté III, 61201, B, 1.) Le déguenillé. Eau-forte de Charles Bernier (né à Angre en 1861) reproduite dans En l'honneur de la grève générale. Album du 1" mai 1913, p. 19. Bruxelles, 1911, in-4'>. au maintien d'un régime à la durée duquel personne ne croyait plus ? Le parlementarisme a le mérite de pouvoir accepter l'inévitable. Comme en 1893, les Chambres se rendirent compte du danger. Il ne s'agissait plus que de sauver la face. Le 22 avril, un ordre du jour Masson était voté qui, tout en condamnant la grève, ouvrait la voie à une nouvelle revision constitutionnelle aussitôt que l'on aurait trouvé « une formule supérieure au système actuel ». Pour le parti ouvrier ce n'était pas la victoire, mais c'en était la promesse. Le vote plural, adopté neuf ans auparavant pour mettre fin à l'émeute, s'effondrait cette fois devant la grève. Le Parlement gagnait du temps, mais il capitulait. Comme l'avait dit Emile Vandervelde « le suffrage universel était en marche ». On ne pouvait pas douter que la revision ne se fît aussitôt que les caisses des coopératives permettraient une nouvelle offensive. à la repousser au nom de la liberté individuelle. Il était trop évident que l'utilité sociale la réclamait au même titre que la protection des travailleurs. Seuls, quelques cathohques s'y opposaient encore par méfiance invétérée de l'école publique. Mais le projet soumis aux Chambres répondait aux désirs de la grande majorité du parti en faisant largement participer les écoles libres aux subsides de l'Etat. Les gauches ne pouvaient rejeter la loi qu'au détriment de l'enseignement obhgatoire ni l'approuver qu'à l'avantage de l'enseignement confessionnel : elles tournèrent la difficulté en se retirant au moment du vote qui consacra la réforme (mai 1914). Pour la seconde fois, la Belgique regagnait le temps perdu. Elle se modernisait en se démocratisant. Mais sa démocratisation faisait surgir une question plus angoissante et plus difficile en donnant au mouvement flamingant une ampleur et une puissance qui allaient faire de lui un facteur de plus en plus prépondérant de la politique nationale. Le redressement tardif de griefs trop manifestes, loin de calmer ses adeptes, n'avait fait que leur u-,. ■ Urc-. c- u - y,» -b <î' i.^ UTv ..vii:: x~ A - IITX- - — i- s^c c » A»-.!», I C A* c^U- 5 -x-titTUivlcd. : VOTE DE L'INSTRUCTION OBLIGATOIRE. ^ L'apaisement permit au gouvernement de faire aboutir enfin l'épineux problème scolaire à une solution convenable. Ici encore s'affirma sa rupture avec l'immobilisme confessionnel de la vieille droite. De même qu'il acceptait l'obligation du devoir militaire, il acceptait celle de l'enseignement. Depuis longtemps, les libéraux avaient renoncé (Musée de Mariemont, collection des autographes, n" II12.) Brouillon autographe du discours prononcé à la Chambre des Représentants par Emile Vandervelde, le 4 novembre 1913, au sujet du projet *de loi sur l'enseignement obligatoire (page 1). L'orateur entame son discours en démontrant que, à son avis, « il n'y a pas, ou guère, d'écoles libres » et qu'il n'y a ni égalité devant les subsides ni libre choix de l'école. Condamnation de l'école confessionnelle et apologie de l'enseignement laïque fournissent le thème du discours prononcé par le leader socialiste. — L'ensemble»du brouillon comporte seize pages manuscrites. donner plus de confiance en leurs forces et qu'augmenter leurs exigences. Ils réclamaient maintenant une réforme linguistique de grand style en invoquant le droit sacré du peuple à se servir de sa langue. C'était une oppression intolérable que de conserver au français, langue de la bourgeoisie, dans l'administration, dans l'enseignement et dans l'armée, une situation privilégiée qui, en fait, réduisait les citoyens flamands au rang de « Belges de seconde zone ». ASPECT NOUVEAU DE LA QUESTION FLAMANDE. — A mesure que la généralisation du suffrage éveillait les masses à l'action politique, ces revendications trouvaient un écho plus puissant et une adhésion d'autant plus redoutable qu'elles faisaient appel à un sentiment qu'il n'est que trop facile de transformer en passion. Les propagandistes avaient beau jeu pour déclamer dans les villes, contre la langue des capitalistes, dans les campagnes, contre celle du châtelain et du propriétaire. Le clergé, recruté au sein des classes rurales, faisait chorus, non seulement par sympathies populaires, mais par haine aussi de l'évolution de plus en plus anticatholique de la France. Le Boerenbond, oii il dominait, propageait et popularisait l'agitation. Les « intellectuels » du parti attribuaient au régime linguistique malsain dont les Flandres avaient souffert, la décadence et la misère où ils les disaient plongées. Le mysticisme nationaliste aidant, ils attendaient l'ouverture d'un âge d'or du jour oii leur langue maternelle aurait reconquis ses droits. Au mépris de la vérité historique, on assimilait la question flamande et la question tchèque. On ne voulait pas voir qu'à la différence des Allemands en Bohême, les Flamands de langue française n'étaient ni des conquérants ni des immigrés, qu'ils parlaient le français depuis des siècles et que depuis des siècles aussi, et surtout à ses époques les plus brillantes, la civilisation flamande avait largement bénéficié du bilinguisme que l'on représentait aujourd'hui comme une tare et un malheur. Bref, l'intransigeance linguistique se haussait peu à peu au niveau où avait atteint dans le passé l'intransigeance confessionnelle. Au dogme ancien de l'unité rehgieuse obhgatoire succédait la jeune intolérance du dogme nouveau de l'unité obligatoire du langage. Par bonheur, la question ne se posait que sur le terrain linguistique et pas du tout sur le terrain national. Aussi loin que l'on remontât dans l'histoire de la Belgique, il était impossible d'y découvrir le moindre soupçon d'un conflit de race entre Flamands et Wallons. Depuis l'invasion germanique du siècle, les deux populations avaient vécu côte à côte en bonnes voisines. Jamais l'une n'avait cherché à s'imposer à l'autre, si bien qu'après tant de siècles, la frontière linguistique qui courait à travers elle était encore à peu près la même qu'au Moyen Age. Sans doute, on relevait bien au nord et au sud de cette frontière des différences de tempérament, de caractère et de mœurs, mais on n'y découvrait ni oppositions foncières, ni moins encore d'hostilité. Pour avoir au cours des âges subi les mêmes influences, reconnu les mêmes princes, professé la même foi, obéi aux mêmes intérêts économiques, possédé des institutions semblables et joui de libertés analogues, les Belges, qu'ils fussent thiois ou romans d'origine, formaient à ce point une communauté historique qu'il eût été impossible d'écrire l'histoire de ceux-ci indépendamment de celle de ceux-là. Les flamingants s'abstenaient soigneusement d'ailleurs de toute intervention chez leurs compatriotes de Wallonie. Pas la moindre velléité chez eux d'en revenir à la politique de compression linguistique du roi Guillaume. Ils s'en tenaient scrupuleusement à leur principe : In Vlaanderen vlaamsch. Ce qu'ils voulaient, c'était abolir le bihnguisme traditionnel de la Flandre et point du tout imposer leur langue à toute la Belgique. Mais ainsi posé, le problème n'en demeurait pas moins d'une solution singulièrement malaisée. En réalité, il mettait en question l'organisation même de l'Etat. La conquête française de la fin du XVIIP siècle avait, en effet, substitué au caractère fédératif de la Belgique de l'Ancien Régime, le régime moderne de la centralisation gouvernementale et administrative. Le roi des Pays-Bas s'était bien gardé de modifier le système, et la révolution de 1830 l'avait naturellement conservé. L'unité de la langue en favorisait d'une manière si évidente le bon fonctionnement que durant longtemps il avait paru absurde de réclamer contre elle. La francisation administrative était plus encore une conséquence de l'organisation de l'Etat que le résultat du prestige exercé par la France. Il n'empêche qu'il favorisait les Wallons au détriment de leurs compatriotes et que, quand les plaintes de ceux-ci s'imposèrent à la législature, les privilégiés, comme il arrive toujours, crièrent à l'injustice. Les fonctionnaires wallons que l'obligation de savoir le flamand entravait dans leur carrière se croyaient d'autant plus en droit de protester que, suivant le préjugé courant, le flamand n'était pas une langue mais un ensemble hétérogène de dialectes locaux, et que, même eût-il été une langue, encore ne pouvait-on sans ridicule exiger qu'on lui reconnût l'égahté avec le français, organe d'une civilisation « mondiale » contre laquelle ne pouvaient protester que des ignorants ou des fanatiques. Le malentendu s'aggravait du fait qu'en Flandre même, les « fransquillons » faisaient chorus avec les Wallons et justifiaient leurs critiques. En dépit de ses progrès, le flamingantisme était encore bien loin de ralher à sa cause tous ceux dont le flamand était la langue maternelle. Les questions de parti continuaient, quoique dans une moindre mesure qu'auparavant, à entraver sa marche. Il ne comptait qu'un nombre restreint d'adeptes chez les libéraux, recrutés surtout parmi les populations wallonnes et à Bruxelles. Par internationalisme, les socialistes ne l'envisageaient, pour la plupart, que comme une question secondaire. Il n'était vraiment puissant que chez les catholiques, élus en grande majorité dans la partie flamande du pays et obligés de compter avec le clergé. Quant au gouvernement, il se laissait plutôt pousser qu'il ne proposait des solutions. La prudence le retenait de s'engager dans ce guêpier. Il n'envisageait pas sans appréhension la portée croissante des exigences flamandes et l'agacement que le ton avec lequel elles étaient formulées provoquait peu à peu chez les Wallons. Un sénateur de Liège n'avait-il pas crié dans un mouvement d'impatience : « Vive la séparation administrative ! », et une lettre ouverte adressée au roi par un député de Charleroi ne commençait-elle pas par ces mots : « Sire, il n'y a pas de Belges » ? En opposition avec le flamingantisme, il se fondait, en 1897 à Liège, une ligue pour la protection du droit des Wallons. Une certaine aigreur, que des échauffés se hâtaient d'exploiter, se manifestait de part et d'autre. On (Qand, Musée des Beaux-Arts.) Emile Verhaeren (Saint-Amand-sur-l'Escaut, 1855-Rouen, 1916). Portrait peint en 1911 par Constant Montald (Gand, 1862-WoIuwe-Saint-Lambert [Bruxelles], 1944). se reprochait sans aménité les imprudences inévitables dont s'accompagnaient ici les congrès néerlandais, là, les assemblées de l'alliance française. Quelques outranciers prenaient comme mot d'ordre « la Flandre aux Flamands, la Wallonie aux Wallons et Bruxelles à la Belgique ». Néanmoins, les mesures allaient se multipliant en faveur de l'emploi du flamand tant dans l'enseignement que dans l'administration des provinces flamandes. Mais l'idéal des flamingants paraissait d'une réalisation bien lointaine encore. En 1913, une proposition de loi tendant à transformer l'Université de Gand en université de langue flamande avait soulevé au sein des Chambres une tempête d'indignation. LA BELGIQUE EN 1914. ^ La virulence des luttes intérieures n'est fatale qu'aux nations épuisées. Chez les peuples robustes, elle n'est souvent qu'une manifestation de vitalité. Que de fois, au cours de son histoire, la Belgique n'en a-t-elle pas fourni la preuve ! Que de fois, au XIV° siècle, par exemple, et durant la première moitié du XVI°, les troubles civils ou les différends confessionnels n'y avaient-ils pas coïncidé avec la pleine expansion de toutes ses énergies ! Ce qui s'était passé alors se repro- duisait au début du XX' siècle. Aujourd'hui comme alors, ce pays si agité par des conflits politiques, sociaux et linguistiques si violents qu'il paraissait au bord de la révolution, se trouvait pourtant, si l'on peut ainsi dire, traverser une crise de prospérité telle qu'il n'en avait connu de semblable en aucun temps. Jamais son essor économique ne l'avait porté aussi haut qu'en 1914, et à sa prospérité matérielle correspondait son expansion intellectuelle et artistique. Il suffit de rappeler ici que l'époque de l'apogée du port d'Anvers, de la mise en valeur du Congo, des progrès surprenants de l'exportation industrielle est en même temps celle qu'ont illustrée des artistes comme Meunier, des inventeurs comme Gramme et Solvay, des écrivains comme Verhaeren et Maeterlinck, des savants comme Van Beneden ou Waxweiler. Sur ce sol si travaillé, si labouré par les générations précédentes, s'épanouissait la fleur d'une civilisation complète et originale. La Belgique n'était pas seulement un marché et une fabrique. Elle jouait son rôle dans le monde de la pensée. Plus que jamais, les influences du dehors se répercutaient sur elle et contribuaient à lui donner une physionomie nouvelle. Celle de l'Allemagne tout d'abord s'y affirmait avec la puissance grandissante que le jeune empire prétendait imposer au monde. Anvers redevenait, plus encore qu'aux beaux temps de la Hanse, un port germanique. Partout des ingénieurs, des hommes d'affaires, des commis allemands, recommandés par la supériorité de leur dressage technique et de leur activité disciplinée, s'introduisaient dans les usines et dans les banques. Les capitaux allemands cherchaient et trouvaient des débouchés dans les entreprises industrielles et financières de la Belgique. Le Times, en 1905, allait jusqu'à prévoir le « vasselage économique » du pays à l'égard de sa redoutable voisine. Et l'emprise intellectuelle coïncidait bientôt avec l'emprise matérielle. Au prestige de la musique wagnérienne s'ajoutait celui de la science. Les universités d'outre-Rhin attiraient plus largement, d'année en année, les jeunes docteurs. On leur demandait des professeurs, on imitait leurs « séminaires », on s'inspirait de leurs méthodes. L'engouement n'était pas moins grand dans le monde politique. Les catholiques révéraient les hommes du « centre » comme les initiateurs des réformes sociales inspirées par l'esprit chrétien, tandis que les socialistes étaient pleins d'admiration et de respect pour le pays de Karl Marx et de la Sozial-democratie. En 1910, la visite de Guillaume II à Bruxelles avait provoqué un moment l'enthousiasme. Les outrecuidances des pangermanistes excitaient bien çà et là quelque inquiétude, mais trop rares étaient les gens avertis, et, au surplus, les déclarations que prodiguaient les ministres du Reich ne trouvaient que trop d'audience au sein d'un peuple qui ne demandait (Cliché De Wilde.) • H' qu'à être rassuré sur le voisinage profitable de la grande et riche Allemagne. Le dernier traité de commerce qu'elle avait conclu avec la Belgique, commençait même à faire surgir l'idée d'une accession possible du pays au Zoll-verein (4). Malgré tout cependant, l'action de la France demeurait prépondérante. Favorisée par une tradition plusieurs fois séculaire, par l'analogie des mœurs, par la communauté de la langue, par le voisinage de Paris que les trains rapides mettaient à quatre heures de Bruxelles, elle dominait incontestablement dans la vie sociale. Les journaux parisiens de la nuit distribués dès le matin dans toutes les villes y faisaient concurrence à la presse nationale. Le théâtre ne jouait que des pièces françaises; on ne Usait que des romans français; les conférenciers parisiens faisaient salle comble dans tous les cercles littéraires. Les lois anticléricales de la Répubhque avaient fait refluer sur le sol belge, qui avait été sous tous les régimes l'asile des réfugiés de France, quantité de couvents et d'étabhsse-ments d'enseignement. Lourdes attirait chaque année des milliers de pèlerins. Parmi les socialistes, Jaurès contrebalançait par l'éclat de son éloquence et la générosité de son humanitarisme la supériorité doctrinale des marxistes allemands. Les artistes comme les écrivains braquaient les yeux vers Paris, cette cosmo-pohs dont la vie exubérante s'épanche si largement qu'elle déborde les hmites du sentiment national. C'est là que vivaient Maeterlinck et Ver-haeren, de là que partaient les propagandistes de l'alliance française. Mais c'est là aussi que travaillaient les banques et les sociétés financières avec qui collaboraient dans tant d'entreprises des capitalistes belges. En dépit du protectionnisme grandissant de la France, du petit nombre de la colonie française en Belgique, du recul assez sensible des échanges industriels entre les deux pays, la Belgique était baignée d'une atmosphère française et, à première vue, l'étranger pressé de conclure, la considérait souvent comme une contrefaçon de la France. A cette prépondérance n'échappait qu'un nombre, il est vrai croissant, de flamingants, les uns entichés de pangermanisme, les autres cherchant à opposer la Hollande à la France et les congrès néerlandais à ceux de l'alhance française. Et pourtant, le rayonnement de la France sur la Belgique, si éclatant qu'il fût, ne l'éblouissait pas. Le temps n'était plus oii l'on suivait docilement et passivement les directions de la grande voisine. Ce qu'on lui empruntait était surtout affaire de mode, de bon ton et de bon goiit; c'est par son truchement qu'on correspondait avec la civilisation de l'Europe et le sport lui-même n'arrivait d'Angleterre que par l'intermédiaire de Paris. Mais dans la réalité profonde des choses, la vie française ne s'imposait pas à la vie belge, et l'on pouvait même observer que l'existence nationale suivait, de plus en plus, sa direction propre. Quantité de caractéristiques de l'existence française — je cite pêle-mêle les maisons à appartements, la mise en nourrice des enfants, le pensionnat pour les écoliers, les mariages arrangés par les familles — demeuraient étrangères aux mœurs belges. L'organisation des partis, les traditions politiques, les méthodes de l'enseignement, les intérêts économiques allaient divergeant ici et là. Chacun des deux peuples accentuait plutôt, en vertu de sa structure sociale, ses différences à l'égard de l'autre. Rien de plus opposé que le cours de la démocratie, celui du socialisme, celui du catholicisme dans les deux pays. La législation, jadis si souvent calquée sur la législation française, suivait maintenant la voie que lui imposaient les nécessités sociales, économiques et hnguistiques si bien que la Belgique apparaissait à la France une « terre d'expériences ». On ne La mode vers 1900. 1 2 et 3 : publiés dans Le Petit Bleu des 19 septembre, 23 septembre et 4 décembre 1895; 4 : publié dans Le Patriote du 25 mars 1894: 5, 6 et 7 : publiés dans Le Soir des 28 octobre 1900, 22 mai 1904 et 12 juin 1910. IV- 17 11.'- ■r^lllt 1%, (Anvers, Archives de la ville, P. 23 négatif 523".) Vue du pavillon d'entrée de l'exposition internationale organisée à Anvers Photographie. raillait plus à Paris une nation si active et qui, au milieu de tant de problèmes qui la sollicitaient, parvenait à trouver des solutions. LA COHESION NATIONALE. - Nul doute que, malgré les apparences, la cohésion n'augmentât de cette communauté belge si contrastée et si secouée de querelles. Son existence même, cette obligation qui s'imposait à elle d'exporter pour vivre, lui imposait l'association et la collaboration de tous. Elle formait de plus en plus un bloc dont toutes les parties demeuraient solidaires. Anvers ne pouvait se dispenser, pour fournir ses frets, de la métallurgie des bassins de Liège et du Hainaut, qui eux-mêmes possédaient dans ce grand port l'exutoire indispensable de leurs produits. Vers Bruxelles gravitait comme vers son centre naturel, toute l'activité économique. Là étaient ses organes régulateurs, banques, sièges des grandes sociétés anonymes, à côté du palais du roi et du palais de la Nation. Capitale indispensable et incontestée d'un pays surpeuplé et surchauffé, elle grandissait à mesure qu'il s'efforçait davantage, débordant de toutes parts sous l'afflux des habitants nouveaux qu'elle attirait pêle-mêle de Flandre et de Wallonie. Il y avait relativement plus de Belges à Bruxelles que de Français à Paris, et cette grosse agglomération centrale, faite de la substance des deux parties de la nation, et si bien placée qu'on eiit dit son site choisi au compas juste au milieu du territoire, tenait ensemble, comme une puissante agrafe, toute la Belgique. Et comme autour d'elle les grandes villes étaient trop nombreuses, la population trop active, l'esprit régio-naliste trop puissant, les autonomies locales trop invétérées pour qu'elle parvînt à s'y imposer et à les entraîner à sa remorque, elle jouait, en somme, le rôle d'un centre d'attraction autour duquel tout le reste gravitait sans s'y absorber. Dans cet ensemble complexe se manifestaient les deux tendances contradictoires qui caractérisaient la civilisation européenne du moment : le nationalisme et l'internationalisme. L'agitation flamingante et la réaction wallonne qui en était le contre-coup découlent, en effet, si l'on envisage leur cause profonde, de la persistance de traditions et de souvenirs dont la langue n'est que le moyen d'expression. Leur but, conscient chez quelques-uns, inconscient chez la plupart, est le retour à l'autonomie régionale, grâce à laquelle le groupe national pourra se reconstituer dans la pleine originalité qu'il se pique naïvement de lui avoir jadis appartenu. « Mijn land is mij niet te klein », disait fièrement J.-F. Willems, et à cette parole s'oppose r« Amon nos autes » des wallonisants. Il y a là incontestablement une protestation contre le présent, disons mieux, contre l'évolution tout entière des temps modernes qui a si impitoyablement écrasé sous son cosmopolitisme nive-leur, les particularités, les singularités, les libertés provinciales, les caractères ethniques de l'Ancien Régime. A cet égard, tout nationalisme est conservateur ou même réactionnaire en son principe, en ce sens qu'il s'élève contre ce qui est, au nom de ce qui a été. Son énergie dépend par conséquent de l'écart plus ou moins grand de ce qui a été et de ce qui est. Or, cet écart, on l'a déjà dit à suffisance, n'étant pas très grand dans la communauté belge, il en résulte que l'action centrifuge du nationalisme n'y peut franchir les bornes que lui assigne l'histoire et que le passé qu'il prétend restaurer n'est pas si éloigné du présent. En d'autres termes, le nationalisme n'y est pas incompatible avec le maintien de la civilisation commune à laquelle il a participé à toutes les époques. Et cette civilisation-là, c'est proprement la civilisation belge. Internationale en son fond, elle n'est que l'expression ou si l'on veut la combinaison des influences auxquelles le pays est soumis en ce point sensible de l'Europe qu'il occupe. Les idées y arrivent de toutes parts comme les marchandises et circulent avec elles sur les voies ferrées. Il est aussi libre-échangiste dans le domaine intel- 1885. (Angleur, Institut Z. Gramme.) Dynamo de Zénobe Gramme. Son auteur (Jehay-Bodegnée, 1826 - Bois-Colombes, 1901) avait mené une vie de bohème avant de trouver sa voie dans l'étude de la mécanique et de la physique. La dynamo qui devait le rendre célèbre produisait des courants continus de grande intensité. Il la présenta à l'Académie des Sciences de Paris le 17 juillet 1871, accompagnée d'une note sur une machine magnéto-électrique produisant des courants continus qui exprimait en ces termes la portée de l'invention : « On peut obtenir au moyen de cette machine tout ce qu'on obtient avec la pile; il y, a donc lieu de penser qu'elle pourra lui être substituée avec avantage dans beaucoup de cas, soit dans les applications Industrielles, soit dans les recherches scientifiques. » — La patern lté, non de la « machine » mais du principe, a été contestée à Zénobe Gramme par le physicien italien Antonio Pacinotti. —■ C'est la dynamo reproduite ci-dessus qui aurait été présentée à l'Académie des Sciences de Paris en 1871. Mais cette identification vient d'être récemment contestée. lectuel que dans le domaine matériel, et l'on pourrait encore dire de lui, comme au XVP siècle, qu'il est une « terre commune à toutes lei nations ». Trop ouvert sur le monde, trop traversé par trop de gens divers, il les accueille pêle-mêle, sans préjugés et aussi sans grand choix. Il prend de toutes parts ce qui lui semble bon. Son armée est organisée sur le modèle français et ses universités sur le plan allemand; à l'Angleterre, il a emprunté ses méthodes industrielles. Depuis toujours il a été, et depuis la reconquête de son indépendance il est devenu de plus en plus un asile pour les réfugiés politiques de toutes les parties : républicains de France, carbonari d'Italie, révolutionnaires de Pologne, libéraux et socialistes d'Allemagne. Il laisse à sa presse une hberté de critique, même contre ses propres institutions, qui correspond à cet individualisme invétéré qui, lui aussi et même lui surtout, favorise l'internationalisme en permettant à chacun de choisir et de défendre les principes qui lui plaisent. Jamais il n'a sévi contre les idées. La censure lui est aussi inconnue qu'à sa douane les tarifs prohibitifs et il a laissé passer, tour à tour ou tout ensemble, le catholicisme de Lamennais, celui de Veuillot et celui de Windhorst, comme le socialisme de Louis Blanc, de Fourier, de Considérant, de Karl Marx. Ses professeurs ont joui à toutes les époques d'une indépendance de parole dont aucun autre pays ne fournit l'exemple. Aussi nulle capitale ne s'approprie-t-elle mieux que Bruxelles à la tenue des congrès internationaux. Ils s'y succèdent sans interruption et parfois même y établissent leurs bureaux permanents. C'est en Belgique qu'a été fondé l'Institut de droit international et que l'Internationale socialiste a placé son secrétariat. Le goût pour les expositions universelles est encore un indice curieux de cet état d'esprit. Depuis 1880, elles se suivent à courts intervalles : à Bruxelles, à Anvers, à Liège, à Charleroi, à Gand. Les universités du pays regorgent d'étrangers. Celle de Louvain, où Mgr Mercier fonde, en 1889, l'Institut de philosophie thomiste, est la grande école de la catholicité. L'aspect extérieur des villes avec leurs constructions de tous les styles témoigne de son côté de la réceptivité du pays. Bref, le milieu belge est tellement un syncrétisme des civilisations les plus diverses qu'on a pu le comparer à la Syrie de l'antiquité, placée comme lui au point de (Bruxelles, Bibliothèque Royaie, Cabinet des Médailles.) Médaille commémorative de l'exposition de Liège de 1905. Au droit (à gauche), composition allégorique et la légende EXPOSITION UNIVERSELLE - LIEGE 1905. Au revers (à droite), figure allégorique, armes de la ville et la légende ROYAUME DE BELGIQUE -1905. — Au revers, monogramme de l'auteur, P(aul), D(u Bois) (Aywaille, 1859 - Uccle [Bruxelles], 1938). Bronze. Diamètre : 70 mm. (Mallnes, Grand séminaire.) (Cliché A.C.L.) Le cardinal Mercier (Braine-l'Alleud, 1851-Bruxelles, 1926) à l'époque de son accession au siège métropolitain de Malines (1906). Portrait peint par le comte Jacques de Lalaing (Londres, 1858-BruxelIes, 1917). contact de grands empires et, comme lui, en rapports constants avec eux par son commerce et son industrie. LA CIVILISATION BELGE. -Incontestablement, la Belgique reçoit beaucoup plus qu'elle ne rend, et sa culture est beaucoup plus diversifiée que nourrie de tous les apports qu'elle accueille. Elle ne les reçoit d'ailleurs en grande partie que par l'intermédiaire de la France, dont la langue ne la fait correspondre avec le monde qu'en passant par Paris. Mais cela suffit pour lui constituer, au milieu des nations qui l'entourent, une originalité qui provient de son cosmopolitisme. Sa pensée, faite de tant d'éléments divers, reste accueillante, tolérante et humaine. Elle ne s'oppose pas hargneusement à l'étranger. Chez les meilleurs de ses interprètes, elle s'efforce à être européenne... HISTOIRE DE BELGIQUE ÏAl:. ! . Et en cela elle correspond bien à cet amour de la paix qui est en même temps pour le peuple belge un besoin, une manière d'être et un idéal. TJn besoin parce que la paix est la première condition de sa prospérité, une manière d'être, parce que depuis quatre-vingts ans il n'a plus connu la guerre, un idéal, parce que son cosmopolitisme la lui fait apparaître comme identique à la civilisation elle-même. Il y tient par toutes ses fibres, par un ensemble heurté des motifs les plus bas et les plus élevés, depuis l'horreur instinctive de la caserne jusqu'à l'aspiration à la fraternité universelle du genre humain. 'JkiilVTt UlItllUW! ÏM -■i K (Louvain, Archives de l'Institut Supérieur de Philosophie.) L'Université «de Louvain, où Mgr Mercier fonde, en 1889, l'Institut de philosophie thomiste, est la grande école de la catholicité.» (Voyez le texte, p. 251.) — Brouillon autographe de la lettre du 27 juillet 1889 adressée par Mgr Mercier à Léon XIII au sujet de la fondation d'un Institut supérieur de philosophie. Le mouvement de retour à la philosophie scolastique, amorcé vers 1820 à Plaisance, gagna insensiblement les pays catholiques d'Europe vers le milieu du XIX» siècle. L'ancien nonce de Bruxelles (1843-1846), Joachim PeccI, élu pape sous le nom de Léon XIII en 1877 (voyez les illustrations des pages 151 et 220), lui donna une puissante impulsion. Sa première encyclique, Aeterni Patris (1878), était consacrée au renouvellement de la philosophie traditionnelle. En 1880, il demanda au cardinal Dechamps d'ériger une chaire de philosophie à l'université catholique de Louvain. En octobre 1882, l'abbé Mercier, ancien professeur de philosophie au Qrand séminaire de Malines, prononçait la leçon inaugurale à Louvain. Avec l'appui de Léon 'XIIl, il jeta les bases de l'Institut de Philosophie. La lettre adressée au pape le 27 juillet 1889 esquisse le projet définitif : historique de la question, raison d'être de l'Institut, choix de l'université de Louvain, programme. La même année. Mercier était nommé président de la nouvelle institution. Mais 11 se heurta d'abord à l'indifférence de l'éplscopat, puis à l'hostilité du recteur de l'université, Mgr Abbeloos, qui ne pouvait tolérer que l'Institut échappât à sa surveillance. Ce conflit se termina à l'avantage de Mercier : sous la pression de Rome, le recteur donna sa démission. Depuis lors, l'Institut supérieur de Philosophie de Louvain est le centre le plus célèbre et le plus Important des études de philosophie néo-scolastique. A la veille de la guerre mondiale, les signes avant-coureurs de la catastrophe avaient beau se multiplier, on ne voulait pas ou on n'osait pas les voir. La réforme militaire votée en 1913 semblait, au surplus, devoir écarter des frontières un fléau dont on s'était désaccoutumé depuis trop longtemps. Au milieu de l'illusion générale, le roi, qui depuis sa récente visite à Guillaume II savait le choc inévitable, devait garder le silence (5). Le meurtre de Sarajevo, l'ultimatum de l'Autriche à la Serbie n'avaient pas suffi à dessiller les yeux. Les catholiques ne pouvaient se résigner à soupçonner l'Allemagne, et les socialistes, qui venaient de conférer à Bruxelles avec des socialistes français et des délégués de la Sozial-democratie, n'étaient pas moins confiants. En quittant Emile Vandervelde, Jaurès lui donnait rendez-vous à Vienne dans quinze jours. Personne ne pouvait supposer que, le 30 juillet, le ministre d'Allemagne à Bruxelles avait reçu la fatale enveloppe d'oii devait sortir la catastrophe. Pourtant, la situation devenait si grave que le 1®'' août le roi lançait l'ordre de mobihsation générale. L'opinion presque tout entière n'y vit qu'une mesure de précaution. La présence des troupes aux frontières suffirait sans doute, comme en 1870, à écarter l'ennemi. Les soldats partaient pleins de confiance dans le retour. La déclaration de guerre de l'Allemagne à la Russie était trop attendue pour effrayer. Le parti pris était si tenace que l'invasion même du grand-duché de Luxembourg ne parvint pas le dissiper. L'ULTIMATUM DU 2 AOUT 1914. — Brusquement, au matin du 3 août, les journaux annoncèrent la remise dans la nuit de la demande faite au gouvernement de laisser passer l'armée allemande et la réponse qu'elle avait reçue. Ainsi l'inconcevable se réalisait. Ce peuple qui, depuis bientôt un siècle, s'était complu à considérer sa neutralité comme sa sauvegarde et qui avait si scrupuleusement veillé sur elle, se voyait sommé de la violer au profit d'une des Puissances qui l'avaient garantie. Pas un instant personne ne songea à la possibilité même de discuter. Le refus si net du gouvernement fut, dans toute là force du terme, celui du pays. Chacun ressentait presque comme une injure personnelle, la honte de la proposition. Puisqu'il le fallait, on acceptait cette chose monstrueuse, la guerre. Le peuple faisait bloc dans la volonté de défendre la « commune patrie » contre la violence et l'outrage. De toutes les fenêtres sortait le (Cliché Raeymaekers.) (Vienne, Heeresgeschichtllches Muséum.) Tunique ensanglantée de l'archiduc François-Ferdinand d'Autriche assassiné à Sarajevo le 28 juin 1914. drapeau national qui n'avait depuis bientôt un siècle été arboré qu'en temps de fête. Le 4 août, au moment oii l'ennemi franchissait déjà la frontière, les Chambres convoquées par dépêche en séance extraordinaire se réunissaient à la hâte dans ce Palais de la Nation où quatre-vingt-quatre ans auparavant le Congrès avait proclamé et constitué l'indépendance de la Belgique. Plusieurs députés, appelés sous les drapeaux, siégeaient dans leur uniforme de soldat. Les acclamations arrivées de la rue annonçaient l'approche du roi. Il parut, sa grande taille serrée dans la tenue de campagne de généralissime, prêt à monter à cheval, incarnation émouvante, dans sa simplicité coutumière, de la patrie en danger. De tous les points de l'assemblée, dressée en un mouvement unanime d'enthousiasme, les acclamations montaient vers lui. Ce fut comme une communion du pays avec celui à qui la guerre confiait ses destinées, comme une consécration suprême du pacte conclu jadis entre la nation et Léopold I®''. Et l'unanimité des cœurs et des vo- lontés qui s'affirma alors était si profonde et si sincère qu'elle devait persister durant les quatre années les plus terribles et les plus merveilleuses de l'histoire nationale. La Belgique fournit au monde étonné, jusqu'au bout de la cruelle épreuve, l'exemple de ce que peut, contre l'abus de la force, un peuple conscient de sa liberté et décidé à tout souffrir pour rester digne d'elle. Toutes les souffrances matérielles, elle les supporta. Occupée presque en entier par l'ennemi, son gouvernement réfugié au Havre, sa presse muette, ses usines fermées, son peuple, le plus indiscipliné qui fût, soumis à l'état de siège et le plus libre, réduit à l'esclavage, ses meilleurs citoyens emprisonnés, ses ouvriers déportés de force, trahie finalement par un groupe de fanatiques et d'aventuriers, elle ne s'abandonna pas. Elle eut ses martyrs et ses héros, depuis le chef de son Eglise et le bourgmestre de sa capitale, jusqu'aux admirables « espionnes » qui tombèrent sous les balles des pelotons d'exécution. De son sein sortirent par milliers les hommes qui se consacrèrent à son ravitaillement, et les jeunes gens, qui se glissant sous les fils élec-trisés tendus le long de ses frontières, allaient rejoindre ses troupes. Le massacre de ses populations désarmées, les calomnies propagées par son vainqueur momentané, le recul de son armée repoussée de Liège et de Namur, débusquée d'Anvers, refoulée jusqu'à l'extrême limite du territoire, ne purent venir à bout de sa confiance dans la victoire. Elle savait bien que le drapeau national continuait à flotter sur l'Yser et le vent d'ouest qui lui apportait le bruit lointain de la canonnade lui était comme un messager permanent de son roi et de ses soldats. On eût dit qu'elle avait recouvré la longue patience de ses ancêtres durant les siècles où elle avait été le champ de bataille de l'Europe (6). Elle vivait comme eux dans r« espérance de la paix », mais cette fois, elle prenait part elle-même à la lutte dont elle était l'enjeu. Car le confht gigantesque où elle avait été entraînée (Bruxelles, exemplaire du Musée Royal de l'Armée, salle Albert I»'.) Scène de mobilisation sur la Place Rogier à Bruxelles ({In juillet 1914). Photographie. TraatièoM «iift«« - ft' aie. Le num*ro 6 oeatlteM Mftrdi 4 Aott 1814. LINDÉPENDANCE BELGE Le Peuple -srs- MCME OUOTIOIEII DE Ll DtlOCUTIE SOCUUSTE S: La Patrie en Danger ! La neutralité belge violée. - La guerre européenne. B^ hhwt ! ^l^^îiC Préparons-nous à nous défendre II Après rUKImatum'hikbtMB |tat>><)!Mh^i.;LtG debViBéeieUVnfa pœip Annonce de la remise de l'ultimatum allemand par les quotidiens «L'Indépendance Belge» (libéral) et «Le Peuple» (socialiste) le mardi 4 août 1914. Le texte original de l'ultimatum et le brouillon de la réponse du gouvernement belge sont reproduits au début du chapitre II du livre V. devait en même temps que son sort, décider du sort de que les Puissances n'avaient tolérée que par crainte d'une l'Europe et, par delà, du sort du monde. Elle ne luttait pas seulement pour l'existence, elle combattait encore pour le respect des traités, pour le droit et la justice, pour empêcher enfin l'établissement de l'hégémonie que sa conquête eût assurée à l'Allemagne. Son indépendance qu'elle avait proclamée jadis en dépit des Puissances et guerre générale, la guerre générale la rendait aujourd'hui aussi précieuse à l'Europe qu'elle était chère aux Belges eux-mêmes. Jamais le caractère international du pays ne s'était plus hautement affirmé que dans la grande crise d'où il devait sortir meurtri, mais glorieux, pour aborder une nouvelle période de son histoire. NOTES (1) Documents diplomatiques français 1871-1914, 3» série, t. 1, pp. 8, 33, 45, 53, 58, 09, 81, 125, 183, 211. C'est à ce moment que l'Allemagne, décidée à « accentuer » sa politique à l'égard de la Belgique et du Congo, envoye un nouveau ministre à Bruxelles. Voy. les Mémoires du chancelier de Bulow, t. III, pp. 58 et suiv. de la traduction française. (2) Documents diplomatiques français, ibid., p. 542. (3) Ibid., p. 245. (4) En 1904, Léopold 11 déclarait au chancelier de l'Empire, le prince de Bulow, que « Les Belges ont plus de confiance dans l'Allemagne que dans la France ». La proposition que Guillaume II lui fit le lendemain de s'allier à l'Allemagne au mépris de la neutralité, dut lui montrer combien cette confiance était fallacieuse. Mais elle n'en continua pas moins à subsister en général parmi le public et les conservateurs jusqu'à la veille de la guerre. Voy. les Mémoires de BUlow, t. II, pp. 108 et suiv. de la traduction française. (5) Sur cette visite (6 nov. 1913), voy. l'intéressant article de E. Beyens dans la Revue des Deux Mondes, du 15 juin 1930. (6) Voy. Histoire de Belgique, t. III, p. 17. LIVRE V Pi /S jii '■m • ! -è; LA BELGIQUE ET LA GUERRE MONDIALE ■pi ; ( ï I t AVANT.PR0P05 La situation de la Belgique pendant la guerre a différé radicalement de celle des autres belligérants. Envahi dès le début des opérations, le pays était dès le mois d'octobre 1914 occupé par l'ennemi dans toute son étendue, à l'exception de l'étroite bande de terre qui s'étend au sud de l'Yser. Le Roi s'y établit avec l'armée dont il exerçait le commandement suprême. Quant au gouvernement, l'impossibilité de l'établir en ce réduit national; tout entier occupé par les troupes et les services militaires, l'obligea de se transporter à Sainte-Adresse, près du Havre, dès le 13 octobre. A partir de cette date, l'Etat n'eut plus qu'une existence extérieure à celle de la nation. Il perdit la faculté d'agir directement sur elle et force lui fut de l'abandonner au pouvoir étranger qui s'en était emparé. Sauf durant les dix semaines qui s'étendent depuis la violation de la neutralité jusqu'au milieu d'octobre (4 août-13 octobre 1914), l'histoire de la Belgique au cours de la crise mondiale n'est donc que l'histoire de son occupation par l'Allemagne. Toutes les mesures de ravitaillement, de conservation sociale, d'organisation industrielle ou commerciale, de bienfaisance, de police et d'administration que l'état de guerre eut pour conséquence d'imposer ailleurs aux gouvernements nationaux, furent réalisées ici soit par l'envahisseur, soit par la population elle-même. De là le caractère que présente la série belge de cette collection. Il a été étroitement déterminé par la nature spéciale du sujet. Tandis que les autres séries sont consacrées avant tout à exposer l'action gouvernementale sur l'économie de guerre, il n'a fallu ici qu'un seul volume pour décrire le rôle assumé par le gouvernement de Sainte-Adresse dans les conditions extraordinaires qui lui étaient faites, et qui s'absorbe tout entier dans les efforts faits pour venir en aide aux Belges émigrés, pour alléger de loin le sort des populations envahies et pour préparer la restauration économique du pays (1), Tous les autres travaux ont pour objet le régime d'occupation. Les uns décrivent la législation et l'administration introduites dans le pays par l'Allemagne (2), ou le régime quelle y imposa au travail (3) et à l'industrie (4); les autres retracent les initiatives prises par la population elle-même pour subvenir aux besoins les plus pressants — ravitaillement (5) et chômage (6) — que la catastrophe où elle avait été entraînée malgré elle, avait suscités. Dans leur ensemble, ils permettent de se faire une idée exacte du spectacle fourni par une nation asservie aux rigueurs de la guerre moderne. Ils présentent, à cet égard, un intérêt singulier. Et cet intérêt ne réside pas seulement dans les phénomènes économiques ou sociaux, il est aussi d'ordre moral. La réaction spontanée du sentiment national contre l'emprise de l'étranger mérite de retenir toute l'attention de l'historien et du politique. A la différence des travaux antérieurs de la série belge, tous conçus sous forme de monographies, celui-ci constitue un essai de synthèse. On s'y est efforcé, non seulement d'y ramener à quelques grandes lignes et d'y combiner en un tableau d'ensemble, les faits acquis et si soigneusement groupés par les auteurs précédents, mais on a cherché encore à compléter, en quelques points ^ demeurés en dehors du domaine exploré par eux. l'exposé général de l'occupation. Avant de la décrire, il fallait tout d'abord donner une idée sommaire de l'état économique, politique et social de la Belgique au moment de l'invasion. C'est là l'objet du premier chapitre. S'il remonte parfois un peu haut, c'est qu'il eût été impossible de faire comprendre l'attitude prise par le vaincu à l'égard du vainqueur, sans insister avec quelque détail sur les motifs historiques de ce que l'on pourrait appeler leur incompatibilité d'humeur. En opposant l'Allemagne à la Belgique, l'auteur, faut-il le dire, a eu en vue non le peuple allemand, mais l'Allemagne impériale et officielle telle quelle a existé jusqu'à l'armistice. Les chapitres suivants passent tour à tour en revue l'invasion du pays, les caractères généraux de la période d'occupation, l'organisation de celle-ci, la crise économique et sociale qui en résulta, l'activité de la « Commission for Relief in Belgium » et du « Comité national de secours et d'alimentation », l'exploitation du pays, la séparation administrative et enfin le rôle de « l'activisme ». Des deux derniers chapitres, l'un retrace très rapidement la débâcle de l'organisation allemande, tandis que l'autre s'efforce de décrire, d'une façon malheureusement bien incomplète, la condition des centaines de milliers de Belges que la guerre contraignit de vivre à l'étranger (7). Le but principal de l'auteur a été de donner un tableau concret de l'existence de la nation pendant les quatre années qui sont certainement les plus cruelles de son histoire. Ce sont les résultats beaucoup moins que le système de l'occupation qu'il a voulu décrire. En d'autres termes, il s'est placé, comme c'était son rôle, au point de vue de l'occupé, non au point de vue de l'occupant (8). Ce n'est pas sa faute si les faits qu'il a dû rapporter donnent à sa description une nuances bien sombre. Historien de profession, il ne se dissimule pas tout ce que son travail laisse à désirer. Tout au plus, peut-on le considérer comme un croquis provisoire. Des dizaines d'années seront nécessaires avant que l'on puisse retracer le développement des faits avec une rigueur scientifique suffisante, grâce à l'étude complète des sources et à l'apaisement inévitable des passions et des préjugés. S'il est possible d'écrire dès maintenant i I < t h i 1 < Sii' ■ I 1 I m r .11 'VI ii ji i ' f'ï • ' lui 'M I I l des monographies spéciales, il est certainement trop tôt encore pour aller au delà. Si l'auteur s'y est risqué cependant, c'est qu'il est persuadé que tout essai de synthèse, si insuffisant qu'il soit, a le mérite, par les rapprochements et les hypothèses qu'il fournit, et de susciter la critique et de pousser à des investigations nouvelles. Au surplus, ce petit livre où se reflète l'impression laissée par les événements sur un témoin oculaire peut, dans une certaine mesure, passer lui-même pour une source (9). A défaut d'autre mérite, il répond ainsi à l'un des desiderata de l'histoire économique et sociale de la guerre mondiale. L'auteur ne se flatte pas d'avoir lu la quantité énorme d'imprimés parus sur son sujet tant pendant la guerre qu'après elle. Il ne s'est pas même proposé cette tâche irréalisable et d'ailleurs vaine. Il s'est borné à utiliser, outre les documents officiels publiés par le gouvernement belge et le gouvernement allemand, les rapports du « Comité national de secours et d'alimentation », celui de la « Commission for Relief in Belgium », ceux de la « Commission (belge) d'enquête sur les violations des règles du droit des gens », ainsi que les monographies déjà citées de la série belge de cette collection et un certain nombre des études, des souvenirs et des publications de toute sorte dont le nombre grossit sans cesse. Il eût été inutile d'alourdir ce volume d'une bibliographie pour laquelle il suffit de renvoyer au «Bulletin des archives de la guerre» (Bruxelles, depuis 1922) et à la «Revue belge des livres, documents et archives de la guerre» (Bruxelles, depuis 1924). Le riche dépôt des « Archives de la guerre », créé à Bruxelles par le gouvernement belge le 15 novembre 1919, a naturellement été mis à contribution. Le classement excellent que lui a donné son conservateur, M. ]. Vannérus, a fourni un fil conducteur à travers les milliers de documents qu'il renferme et qui, se composant en très grande partie de papiers abandonnés en Belgique par les autorités allemandes lors de l'évacuation du pays, présentent des témoignages irrécusables. Les Archives du Conseil de Flandre, dont une édition analytique vient de paraître, ont pu aussi être utilisées (10). Enfin, l'auteur a eu la bonne fortune de pouvoir recourir à l'obligeance de plusieurs personnes qui lui ont communiqué des notes et des renseignements précieux. Il tient à exprimer sa profonde gratitude à ses amis MM. J. Cuvelier et J. Vannérus, dont le premier lui a communiqué un recueil de matériaux de la plus grande importance, tandis que le second l'a guidé dans ses recherches d'archives avec une inépuisable bonne grâce, ainsi qu'à M. Louis Franck, qui a bien voulu lui communiquer des détails sur l'activité des parlementaires belges demeurés au pays pendant la guerre, et à M. A. de Ridder, à qui il doit d'abondantes indications bibliographiques. (1) F. 0. van Langenhove, L'action du gouvernement belge en matière économique pendant la guerre. (2) J. Pirenne et M. Vauthier, La Législation et l'Administration allemandes en Belgique. (3) F. Passelecq, La Déportation et le travail forcé des ouvriers et de la population civile. (4) Ch. de Kerchove, L'Industrie belge pendant l'occupation allemande. (5) A. Henry, Le Ravitaillement de la Belgique pendant l'occupation allemande. (6) E. Mahaim, Le Secours-chômage en Belgique pendant l'occupation allemande. (7) Pour la période postérieure à la guerre, on consultera La Belgique restaurée. Etude sociologique publiée sous la direction d'Ernest Maiiaim, Bruxelles, 1926. (8) Au contraire, M. L. von KBliler, Die Staatsverwaltung der Besetzten Gebiete. i. Belgien, 1927 (Série allemande de cette collection), décrit le système des institutions allemandes, leur but et leur fonctionnement, mais sans en exposer les conséquences pour la population. (9) L'auteur a vécu à Gand depuis le début de la guerre jusqu'à sa déportation en Allemagne, le 16 mars 1916. Durant ce temps, il a été autorisé deux fois à passer un jour à Bruxelles et une autre fois deux jours à Verviers. (10) Les Archives du Conseil de Flandre (Raad van Vlaanderen), publiées par la Ligue nationale pour l'Unité belge. (Bruxelles, 1928, 551 pages in-4«>.) Ces archives, propriété de la Ligue nationale pour l'Unité belge seront ultérieurement déposées par elle aux Archives de la Guerre. ^lutl' I jt;! î'^if ■ ii! ■ rl: ; ;.li! liSli: 258 (Bruxelles, Palais de la Nation, buvette de la Chambre des Représentants.) (Cliché Jacobs.) Prestation de serment d'Albert I" le 23 décembre 1909. Le roi est entouré de ses aides de camp. Au bas des marches du trOne, à gauche, le cardinal Mercier; derrière celui-ci, le bourgmestre de Bruxelles, Adolphe Max (personnage à barbiche, en uniforme). Devant le trône, assis à une table, les membres du bureau des deux Chambres : Simonis, Cooreman, H. Carton de Wiart, d'Huart, Qoblet d'Alviella; derrière ceux-ci et dans l'hémicycle, les membres du corps diplomatique, les députés, sénateurs et hauts magistrats. Les membres de la Famille royale ont pris place à la gauche du roi. Au premier rang, de gauche à droite, le duc de Connaught, frère du roi d'Angleterre Edouard VII, le prince Charles, comte de Flandre, la reine Elisabeth, le prince Léopold, duc de Brabant, et la comtesse de Flandre (S.A. Marie-Louise-Alexandrine-Caroline, princesse de HchenzoIIern-Sigmaringen), mère du roi. Au deuxième rang, les princesses Henriette, Joséphine (sœurs du roi), Stéphanie et Clémentine (filles de Léopold il et de Marie-Henriette, cousines du roi Albert). — Détail du tableau commémoratif peint par Jules Cran (né à Thuin en 1876). CHAPITRE PREMIER LA BELGIQUE A LA VEILLE DE LA GUERRE E PAYS ET SES HABITANTS. - Il suffit de jeter un coup d'œil sur la carte pour remarquer que la Belgique est complètement dépourvue d'unité géographique. Sauf à l'Ouest, où la mer baigne la côte de Flandre, aucune frontière naturelle. Rien, si ce n'est la ligne des douanes, ne sépare le territoire du pays de celui des trois Etats entre lesquels il se découpe : au Nord, la Hollande; à l'Est, l'Allemagne; au Sud, la France. Au point de vue physique, il en constitue le prolongement. Toute sa partie septentrionale appartient à la grande plaine européenne qui s'étend de la mer Baltique à la mer du Nord, tandis qu'au Sud les collines du Condroz et de l'Ardenne ne sont que les derniers vallonnements du système orographique orienté vers les Alpes. La nature n'a donc en rien contribué à la formation de la Belgique. Elle doit exclusivement son existence à l'histoire. Ce sont les guerres et les traités internationaux qui rendent compte de sa formation. Ses frontières actuelles conservent encore à peu de choses près le dessin que leur ont imposé, au XVII' siè- (Bruxelles, Archives du ministère des Affaires Etrangères, section des Traités originaux.) (Cliché Jacobs.) Signatures et cachets des plénipotentiaires au bas du Traité de Londres du 19 avril 1839. Exemplaire remis au gouvernement belge. Signatures et cachets de Sylvain van de Weyer (Belgique), Senfft (Autriche), Sébastiani (France), Palmerston (Royaume-Uni), Dedel (Pays-Bas), [de] Bli-low (Prusse) et Pozzo di Borgo (Russie). Senfft et Btilow signent une première fois au nom de l'Autriche et de la Prusse; une seconde, en vertu des pleins pouvoirs qui leur ont été délégués par la Confédération germanique. A ce défaut d'unité géographique correspond un défaut non moins frappant d'unité linguistique. Comme la Suisse, la Belgique appartient à différents idiomes. Une démarcation qui court à peu près en ligne droite de La Panne à Visé, sépare la population flamande, au Nord, de la population wallonne au Sud. À l'est et au nord de Ver-viers, et autour d'Arlon, environ 17.000 habitants se servent exclusivement de l'allemand. D'après les derniers recensements, en 1920, sur une population totale de 7.405.569 habitants, 2.855.835 habitants ne parlaient que le français et 3.187.073 ne parlaient que le flamand (3). La langue littéraire des Flamands est le néerlandais, celle des Wallons, le français. Chez les uns comme chez les autres, le peuple se sert habituellement dans le commerce journalier de dialectes parfois assez différents. Tandis qu'en Suisse, la connaissance de l'allemand est presque aussi répandue comme seconde langue parmi les Suisses romands que celle du français parmi les Suisses alémaniques, en Belgique la connaissance du flamand est aussi rare chez les Wallons que celle du français est répandue dans la partie flamande du pays. Des 960.960 Belges bilingues que renseigne le dénombrement statistique de 1920 (4), les neuf dixièmes sont probablement d'origine flamande. Il n'est donc pas vrai de dire que la Belgique est bilingue, si l'on entend désigner par ce mot la situation d'un pays dans lequel la connaissance de deux langues est partout très fréquente. Mais cela est vrai, en revanche, de la partie flamande du pays. Depuis le XIP siècle, l'usage du français s'y est répandu de plus en plus largement, si bien que la situation présente est, dans toute la force du terme, une situation historique. Ce n'est ni la violence, ni la conquête qui l'ont amenée. A la différence de ce que l'on constate par exemple en Bohême ou en Pologne, oii les Allemands ont subjugué ou refoulé les Slaves, aucune des deux populations de la Belgique n'a jamais tenté d'imposer à l'autre sa domination politique et linguistique. Les soi-disant luttes de race ont toujours été inconnues dans ce pays. Cela est tellement vrai que, sauf dans l'agglomération bruxelloise, la limite des langues est encore aujourd'hui, à très peu de de, les guerres victorieuses des Provinces-Unies et de la France contre les rois d'Espagne successeurs de Charles-Quint (1). Les traités de 1839 qui ont ratifié l'existence de la Belgique moderne, ont laissé subsister, en les accentuant encore, les bizarreries d'une configuration due à la politique. De là. la bande de terre qui s'interpose entre les deux provinces de Flandre et l'Escaut maritime; de là encore, le long couloir par lequel la Hollande se prolonge tout le long de la Meuse jusqu'à Visé; de là, enfin, l'échancrure que le grand-duché de Luxembourg inflige au Luxembourg belge (2). Ainsi faite, la Belgique est donc le résultat de la politique d'équilibre pratiquée par les Puissances durant les temps modernes. Ses bornes lui ont été assignées en vertu de considérations diplomatiques complètement étrangères à l'intérêt des habitants. ÛrttcÙ. VU A itràc/eJ /, ir^ IV, ^fftyntf^ cc*^ iVa nwU'^tn.dti /ut^utUàÙM. ' nutU KMtUHi . S/tt. jura. (i^uit^ A 'trS^fffVff Cf//i. lu'uù-AZifî. /re IN«6. k 5 lipurrit de rolovéo. U' coiiimi.ssairc tl»» iwlit-u dicval f'n ]m(|uim lie ;;eiiil.h'nn'rii;. l!n . Les fransquillons sont cependant aussi flamands que les flamingants eux-mêmes. C'est même parmi eux que se rencontrent les plus anciennes familles du pays. Ils comprennent, en effet, l'aristocratie et la bourgeoisie aisée chez lesquelles, depuis des siècles, non par violence mais par le jeu naturel des rapports avec la France et les provinces wallonnes, le français est devenu sinon la seule langue, du moins la langue de la bonne compagnie et en même temps la langue des affaires. Le problème se posait donc d'une manière tout à fait différente de celle qu'il présente soit en Bohême, soit en Pologne, soit dans les pays balkaniques où, à la différence des idiomes, correspond une différence de nationalité (9). Les francophones de Flandre n'étaient ni des conquérants étrangers, ni même de simples immigrés. C'étaient tout simplement une portion du peuple qui par tradition, par choix et par intérêt avait préféré à la langue populaire une autre langue, et prétendait ne pas être gênée dans la liberté d'en faire usage. Le problème était dès lors singulièrement délicat et comphqué. On ne pouvait invoquer, en faveur de la thèse flamingante, le principe mystique de la race, qui a d'autant plus de prise sur le sentiment qu'il est plus impénétrable à la raison. L'utilité pratique de la connaissance du français pour la population constituait un autre obstacle à la propagande des flamingants. Ceux-ci invoquaient en leur faveur l'intérêt social et l'intérêt pédagogique; le premier, lésé par l'isolement linguistique des classes supérieures à l'égard du peuple, le second, souffrant de l'enseignement prématuré d'une langue étrangère au détriment de la langue nationale. Les plus ardents, séduits par les théories courantes en Allemagne, proclamaient la supériorité des langues germaniques sur les langues romanes, des dolichocéphales blonds sur les brachycéphales noirs, des yeux bleus sur les yeux foncés, et s'abandonnaient à un romantisme pseudo-scientifique dans lequel la langue apparaissait comme un être en soi possédant des droits imprescriptibles, indifférents aux volontés et aux désirs des hommes. Au reste, le mouvement flamingant, s'il se targuait d'être un mouvement germanique, n'était en rien orienté vers l'Allemagne. Ceux d'entre ses membres qui éprouvaient quelque sympathie pour un rapprochement avec elle étaient infiniment rares. Une revue de caractère pangermanique, la Germania, créée en 1898, avait disparu quelques années après (1905) faute de lecteurs. Ce n'est pas de l'Allemagne, mais de la Hollande que la Belgique flamande pouvait attendre son relèvement intellectuel. Ceux qui pensaient ainsi ne mêlaient d'ailleurs à leurs espoirs aucune visée politique. Le flamingantisme n'était influent que dans la mesure oii il était belge et, sauf des exceptions si rares qu'elles ne comptaient pas, il l'était tout entier et complètement. Aussi longtemps que la Constitution conserva son caractère censitaire, le conflit linguistique ne présenta qu'une importance politique tout à fait accessoire. La bourgeoisie seule y prenait part, et comme elle était francisée en grande partie et siîre au parlement de l'appui des Wallons et des Bruxellois, pour lesquels le flamand n'était qu'un patois sans conséquence, ce n'était que grâce à des marchandages politiques et à des combinaisons de couloirs que les rares députés flamingants pouvaient obtenir de loin en loin quelques avantages. Mais le spectacle changea après l'extension du droit de suffrage en 1893. Désormais la question flamande contribua et se mêla de plus en plus largement aux luttes électorales. En se généralisant, elle changea de nature et de méthode. Pour se gagner les masses, elle s'imprégna d'esprit démocratique. Les fransquillons furent représentés comme une minorité de privilégiés orgueilleux, indifférents au sort du peuple, dédaignant sa langue parce qu'ils le dédaignaient lui-même. Les intérêts économiques invoqués en faveur de la avec elles, et mesurèrent l'appui financier qu'elles apportèrent à celles-ci aux concessions qui leur furent faites. Ainsi la question flamingante prit rapidement une ampleur et un radicalisme dont s'étonnèrent ceux-là seulement qui n'avaient point prévu qu'elle se développerait fatalement sous l'influence de la démocratie. La minorité linguistique se trouva brusquement débordée, la devise In Vlaande-ren Vlaamsch ne fut plus un idéal lointain mais une exigence pressante. Dès 1912-1913, un projet de loi trans- (Exemplaire de la Collection des Admirateurs de Léopold II et de la Dynastie [Bruxelles].) Albert-Léopold-Clémenl-Marie-Meinrad, troisième roi des Belges de 1909 à 1934, duc de Saxe, prince de Saxe-Cobourg-Gotha (Bruxelles, 1875-Marche-les-Dames, 1934). Le roi photographié à son bureau de travail entre 1910 et 1914. propagande en décuplèrent l'effet. Les revendications sociales que le peuple des campagnes flamandes se mit à formuler à l'exemple des ouvriers des villes se confondirent naturellement avec les revendications linguistiques. Le parti catholique, dont la force électorale résidait surtout dans les districts ruraux, ne put demeurer indifférent à cette orientation nouvelle de l'opinion. Le clergé surtout la favorisa. Le flamingantisme populaire fut opposé par lui comme une digue au débordement du socialisme anticlérical. Les organisations démocratiques qu'il institua furent à la fois chrétiennes et flamingantes. Les Boeren-bonden obHgèrent les associations catholiques à compter formant l'Université de Gand en Université de langue flamande était introduit à la Chambre des Représentants. A la différence des Flamands, les Wallons n'avaient pas de griefs linguistiques. Il était naturel cependant que l'agitation flamingante provoquât chez eux une certaine réaction. Incapables d'en comprendre les motifs, ils l'attribuaient volontiers à l'ambition de quelques meneurs, s'inquiétaient du péril dont elle leur semblait menacer l'unité nationale, s'irritaient de l'intempérance de langage que provoquait facilement le thème convenu de la supériorité de la civilisation germanique sur la civilisation latine. Les lois récentes sur l'obligation des fonctionnaires de parler cl' m i (Bruxelles, .Musée Royal de l'Armée.) (Cliché A.C.L.) Uniformes de généraux de l'armée belge vers 1914. A gauche, grande tenue à cheval; à droite, grande tenue à pied. en Flandre la langue flamande leur faisaient appréhender l'extension à tout le pays d'un régime bilingue. Le sentiment régional qu'avaient entretenu les sociétés de littérature wallonne s'accentuait. Des accès de mauvaise humeur se manifestaient contre la centralisation bruxelloise. Un petit groupe de wallonnisants prenaient pour programme la formule : « La Flandre aux Flamands, la Wallonie aux Wallons et Bruxelles à la Belgique » A la Chambre, un représentant de Liège laissait échapper le cri : « Vive la séparation administrative ! » Une lettre ouverte adressée au roi commençait par les mots : « Sire, il n'y a pas de Belges. » A l'agitation sociale correspondait donc l'agitation linguistique. Sous leur double influence, la presse accoutumée à une liberté illimitée accentuait encore la violence de son langage. Il arrivait que des étrangers se figurassent que le pays était à la veille d'une révolution. En réalité, il s'adaptait au nouveau régime démocratique instauré par la revision constitutionnelle. Cette adaptation était difficile et sa difficulté provoquait une fermentation, d'autant plus tumultueuse que les institutions lui permettaient de s'affirmer sous toutes les formes : par la parole, par le journal et le pamphlet, par les réunions publiques et par les cortèges. On s'emportait contre le gouvernement; on ne s'emportait pas contre la loi. Tous les genres de protestations étant autorisés, personne ne songeait à revendiquer par la force le droit d'affirmer son opinion. Le drapeau rouge n'apparaissait pas aux yeux des Belges comme un emblème révolutionnaire. Ils n'y voyaient que le drapeau d'un parti. La générahsation du droit de suffrage n'avait pas modifié très sensiblement, en apparence du moins, l'aspect du Parlement. Si elle y avait introduit avec les élus socialistes un nouveau parti, elle laissait subsister en face de lui les deux partis traditionnels, les cathohques et les libéraux. La robustesse de leur constitution leur avait fait surmonter la crise. Ils avaient sauvegardé leur existence en faisant place aux tendances réformatrices ou aux revendications linguistiques dont ils étaient forcés de tenir compte sous peine de voir se former en face d'eux des groupes rivaux. Le vieux conflit du cléricalisme et de l'anticléricalisme continuait, si l'on peut ainsi dire, à former la plate-forme des politiciens. Il était tellement invétéré qu'il l'emportait encore sur tout le reste, sinon au sein de la nation du moins au sein du Parlement. La question scolaire avait été depuis un demi-siècle le domaine par excellence des luttes entre catholiques et libéraux. Le caractère confessionnel ou non confessionnel des écoles les avait intéressés beaucoup plus que la nécessité d'organiser et de généraliser les écoles. La tentative des libéraux de créer un enseignement primaire exclusivement laïque et capable de répondre à sa mission grâce au contrôle de l'Etat, avait été la cause de leur chute en 1884. Depuis lors le régime scolaire était resté, à son grand dommage, une pomme de discorde. Flottant au gré des luttes parlementaires entre des remaniements continuels, entre des essais toujours infructueux de satisfaire à la fois le désir des catholiques de lui concéder une liberté entière, et l'impossibilité de la lui concéder sans le soumettre trop exclusivement à l'influence de l'Eghse, il souffrait d'une instabilité qui le paralysait. L'état de l'enseignement populaire contrastait avec la vigoureuse activité de la nation. En 1900, le nombre des illettrés comprenait 19 pour cent d^fe habitants au-dessus de huit ans, malgré les progrès réalisés depuis vingt ans. Si opposés qu'ils fussent en matière de réformes économiques, les socialistes et les libéraux se trouvaient d'accord pour exiger une organisation scolaire répondant aux besoins du peuple. En 1913, une loi décréta l'obligation de l'enseignement pour les garçons et les filles, et institua un enseignement primaire du degré supérieur qui fut rendu également obligatoire. L'explosion de la guerre empêcha cette loi d'entrer en vigueur. Il en fut de même de la réglementation du travail des femmes et des enfants, instituée par une loi de 1914. Avec l'école, l'armée avait partagé la mauvaise fortune d'être en proie à la lutte des partis. Dans un pays oii le bon marché de l'existence apparaissait comme une question vitale, on lui reprochait de coûter cher pour ne rendre que des services minimes. Suivant l'opinion générale, la neutralité politique garantie par les Puissances promettait à la Belgique une paix perpétuelle. L'heureuse chance qui avait sauvegardé le territoire des atteintes de la guerre de 1870 faisait croire qu'il en serait toujours ainsi. La répugnance traditionnelle des Belges pour le régime de la caserne était encore fortifiée par la répulsion que ce régime rencontrait au sein du clergé. On avait bien fini, après des débats passionnés, par voter les crédits nécessaires pour les fortifications d'Anvers (1859), puis, en 1888, à consentir à l'érection de forts destinés à défendre les passages de la Meuse, à Liège vers l'Allemagne et à Namur vers la France, mais il avait été impossible pendant longtemps d'obtenir la réorganisation et plus encore l'augmentation des effectifs de l'armée de campagne. Elle se recrutait par le tirage au sort des miliciens, et la faculté du remplacement, dont l'Etat lui-même se chargeait, en exemptait les jeunes gens des classes aisées et faisait apparaître au peuple le service militaire comme une obligation d'autant plus odieuse qu'elle était plus injuste. En vain, le parti libéral avait inscrit à son programme le service personnel; en vain, Léo-pold II était intervenu personnellement en sa faveur. L'intérêt électoral avait toujours empêché sa réalisation. Pourtant il fournissait à l'agitation démocratique un grief si patent qu'un essai avait été fait de lui substituer le recrutement volontaire. Le résultat en fut si déplorable que sous pieine de laisser l'armée disparaître, une réforme s'imposait. La revision de 1893 permit enfin d'aboutir. En 1909 une loi organisant le service personnel était votée. Léopold II eut la satisfaction suprême de la signer sur son lit de mort. Les motifs qui poussèrent au vote de cette loi étaient du reste avant tout des motifs de politique interne. C'est de la justice sociale beaucoup plus que de la défense du pays qu'ils s'inspiraient. On ne voulait pas renforcer l'armée, on voulait seulement faire disparaître le privilège inique qui en dispensait la bourgeoisie. L'effectif ne fut pas augmenté et le tirage au sort continua d'être à la base du recrutement. Pour beaucoup de conservateurs, la réforme paraissait surtout salutaire parce qu'elle donnait une garantie à la discipline des troupes en cas d'émeute. Bien rares étaient les esprits assez au courant de l'état général de l'Europe pour concevoir la possibilité d'une guerre et que la Belgique dût y être entraînée. A cet égard, la confiance et l'imprévoyance étaient complètes. Elles répondaient parfaitement d'ailleurs aux rapports que le pays entretenait avec ses deux grands voisins, la France et l'Allemagne. (Bruxelles, Galerie du Sénat.) (Cliché A.C.L.) Le prince Léopold-Philippe-Charles-Albert-Meinrad-Hubertus-Marie-Miguel, duc de Brabant, prince de Belgique, duc de Saxe, prince de Saxe-Cobourg-Gotha, né à Bruxelles le 3 novembre 1901. Statue sculptée par Paul Du Bois (Aywaille, 1859-UccIe [Bruxelles], 1938) et donnée au Sénat par s.M. la reine Elisabeth. Depuis la proclamation de la République, les inquiétudes que la France avait inspirées aux Belges pendant le règne de Napoléon III avaient disparu. Il en était résulté une recrudescence de son influence séculaire. Depuis le commencement du moyen âge par sa langue, sa littérature, ses arts, sa vie sociale et son activité économique, elle imposait son prestige à la Belgique. Les relations ■i 'S ii;-:' i intellectuelles qu'elle entretenait avçc celle-ci étaient plus étroites encore que les relations économiques. Le voisinage de Paris en faisait sentir davantage le rayonnement. Ses journaux étaient lus dans toutes les grandes villes le jour même de leur parution. Ses livres remplissaient les librairies; ses pièces et ses acteurs figuraient au répertoire de tous les théâtres; ses agitations politiques, les épisodes sensationnels de son existence enfiévrée étaient l'objet (Bruxelles, exemplaire de la Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes.) Maurice Maeterlinck (Gand, 1862-« Orlamonde » [entre Nice et Villefranche], 1949), à l'âge de trente et un ans. Photographie publiée dans La Libre Critique du 28 janvier 1894. d'un intérêt constant. Sans doute cet intérêt n'était pas toujours sympathique. Depuis la séparation de l'Eghse et de l'Etat, surtout, une partie du clergé ne laissait pas de manifester à l'égard de l'influence française une méfiance que, pour d'autres motifs, partageaient et entretenaient certains flamingants. Il n'en restait pas moins que la Belgique éprouvait un besoin constant de sa grande voisine. Des milliers d'ouvriers belges travaillaient dans les fabriques du département du Nord. A l'époque de la moisson, c'est par milliers aussi que les paysans flamands, « les Fransmannen », allaient s'embaucher dans les fermes de la Champagne, de la Picardie et de la Normandie. Dans quantité d'affaires, les capitaux belges et les capitaux français étaient associés. La France répondait à cette confiance par des témoignages de sympathie qui flattaient l'opinion. Elle admirait la jeune école littéraire qui se groupait autour de Maeterlinck et de Verhaeren qu'elle avait accueillis à Paris. Il n'était pas de congrès, pas de réunions artistiques ou scientifiques, d'expositions de beaux-arts ou d'industrie où elle ne se fît plus largement représenter que tout autre pays. En 1913, elle avait participé avec éclat à l'exposition universelle de Gand. Le président de la République avait fait au roi Albert des visites sensationnelles. En somme, l'intimité franco-belge répondait aux sentiments des deux pays, que la nature et l'histoire avaient trop rapprochés l'un de l'autre pour que leur intérêt commun ne fût pas de s'entendre. Les rapports avec l'Allemagne, sans être aussi cordiaux et aussi multiples, n'en étaient pas moins fort nombreux, et ils allaient croissant d'année en année. Le formidable développement économique de l'Empire s'était d'autant plus rapidement répercuté sur la Belgique que celle-ci s'était empressée d'en faciliter l'orientation vers Anvers. Ce port était devenu l'un des exutoires du commerce et de l'industrie des régions rhénanes et de la West-phalie. Les compagnies allemandes de navigation y occupaient une place de plus en plus grande sur les quais, et c'étaient des maisons allemandes qui y faisaient les plus grandes affaires. Graduellement l'influence germanique s'y substitua à l'influence anglaise. La colonie allemande qui s'y était établie s'affirmait par sa richesse, mais aussi par son activité et sa compétence. Non seulement en matière de commerce, mais en matière d'industrie, la supériorité de l'Allemagne s'imposait aux Belges. Ils se mettaient à son école comme ils s'étaient mis auparavant à l'école de l'Angleterre. On imitait ses procédés, on se fournissait chez elle de machines et d'ingénieurs. L'ascendant qu'elle exerçait dans le domaine économique, pour être plus visible, n'était guère plus profond que celui qu'elle commençait à prendre dans le domaine intellectuel. Ses universités jouissaient d'un prestige qui égalait et surpassait même celui de l'Université de Paris. La tradition s'imposait aux jeunes docteurs d'y aller compléter leur formation scientifique. Elles fournissaient bon nombre de maîtres à l'enseignement supérieur du pays, et elles le pénétraient peu à peu de leurs méthodes. A bien des yeux, l'Allemagne apparaissait comme la Grande Nation. Sa puissance militaire, sa puissance politique, les progrès de sa prospérité, l'excellence de son administration accentuaient encore le préjugé favorable dont elle bénéficiait. Il n'était pas jus- « Le président de la République (française) avait fait au roi Albert des visites sensationnelles. » (Voyez le texte, p. 280.) Réception de Loubet, président de la République française, par Albert I"' en mai 1911. Photographie prise au moment où le cortège contourne la place Rogier à Bruxelles. Extraite du Journal de Bruxelles du 14 mai 1911. qu'aux socialistes qui ne révérassent en elle la patrie de Karl Marx. Les catholiques opposaient la large tolérance de son gouvernement au sectarisme du gouvernement français. La déférence témoignée au Saint-Siège par Guillaume II leur avait fait oublier le Kulturkampf, et le régime confessionnel des écoles allemandes augmentait encore leur respect pour un Etat si respectueux des droits de la religion. Les libéraux eux-mêmes, s'il leur arrivait de critiquer le caractère absolutiste de la monarchie prussienne, n'en étaient pas moins impressionnés par une législation qui semblait avoir trouvé le moyen de satisfaire le prolétariat sans sacrifier à la démagogie. Bref, l'Allemagne était l'objet d'un engouement général. Elle était trop différente de la Belgique par son militarisme, sa hiérarchie, sa discipline et sa vénération de la force pour qu'on pût l'aimer, mais on la respectait. Nombre de parents confiaient leurs enfants aux Deutsche Schulen que les immigrants d'Outre-Rhin avaient installées à Bruxelles, à Anvers et à Liège. Peu de temps avant la guerre, quelques professeurs avaient cherché à provoquer une agitation Hnguistique parmi les Belges de langue allemande des environs de Verviers et d'Arlon. Quant à l'Angleterre, on l'ignorait. Les contacts avec elle se restreignaient à des relations de banque et de com- merce maritime. On savait bien que l'on pouvait compter sur elle en cas de danger et que de toutes les puissances elle était la plus intéressée au maintien de la neutralité et de l'indépendance de la Belgique. Mais personne ne s'attendait à devoir recourir à son appui. La campagne qui y avait été entreprise récemment contre l'administration congolaise n'avait pas été d'ailleurs sans soulever contre elle, dans une partie de l'opinion, une certaine méfiance. Située au point sensible de l'Europe, en contact avec les trois puissances dominantes de l'Occident, la Belgique pacifique et libre-échangiste ne demandait donc qu'à vivre en paix avec toutes, confiante en sa neutralité où elle voyait une garantie aussi précieuse au point de vue politique qu'au point de vue économique. Le rôle que ses meilleurs citoyens ambitionnaient pour elle, c'était celui d'une nation ouverte aux marchandises comme aux idées de ses voisins et qui, pénétrée de leur influence et exempte de tout exclusivisme piît leur offrir un terrain d'entente et de rapprochement. Une civilisation internationale et cosmopolite pouvait se développer sur ce petit territoire si admirablement entouré et qui, par sa population aussi bien que par sa position géographique, semblait destiné à servir de trait d'union entre l'Europe romane et l'Europe germanique. Etre Belge, c'était une manière d'être IV- 19 i il i: i il î;'!! I Rîi 5'' i Si H Il " ■ 1 ■i i : ir ; I .liivi i 'l'M-' i Européen, puisque la Belgique elle-même était un microcosme de l'Europe. C'était ne s'inféoder à personne pour participer à l'existence de tous. Et dès lors, c'était avoir pour idéal la paix et la justice, car pour un petit Etat le respect de la justice est la meilleure sauvegarde de la paix. C'est ainsi que l'antimilitarisme, à côté des raisons très vulgaires qui le supportaient, se justifiait pourtant en principe. On ne voulait pas croire que l'indépendance du pays dont les Puissances avaient fait la clef de voûte de l'équilibre européen pût jamais être mise en question. On sentait bien que sa violation déchaînerait une guerre générale, et on se figurait que personne n'oserait prendre la responsabilité d'une aussi terrible catastrophe. Aussi, s'illusionnant sur les périls que la situation du monde allait multiphant, les Belges plaçaient-ils tous leurs espoirs dans les progrès du cosmopohtisme, sans apercevoir que si son terme final doit sans doute être la paix mais la paix organisée, il augmente en attendant les chances de guerre. Bruxelles devenait un centre d'institutions et de Congrès internationaux. L'internationale socialiste y avait son siège. Des expositions universelles s'y succédaient. Des conventions et des conférences « mondiales » le choisissaient comme lieu de réunion. Avec Genève et La Haye, il partageait le privilège d'être l'un des endroits de cette terre oii s'élaboraient le plus d'œuvres de conciliation et de paix. NOTES (1) On sait que Cliarles-Quint, «prince naturel» des Pays-Bas, hérita le 23 janvier 1516, des royaumes espagnols, du chef de sa mère Jeanne de Castllle. L'union dynastique créée par cet événement entre les Pays-Bas et l'Espagne, subsista pour la Belgique, dont les provinces du Nord (Provinces-Unies) se séparèrent à la fin du règne de Philippe II, jusqu'à la mort de Charles II (1700). La guerre de la succession d'Espagne eut pour conséquence de faire passer la souveraineté de la Belgique à la branche autrichienne de la maison de Habsbourg (traités d'Utrecht, I7I3). Le régime d'union dynastique, inauguré au XVI» siècle, subsista d'ailleurs après cet événement. A prendre les mots dans leur sens exact, 11 n'y eut pas plus de « domination autrichienne » qu'il n'y avait eu de « domination espagnole ». L'autonomie du pays ne disparut que lors de son annexion à la France, après la bataille de Fleurus (1794). A la chute de l'Empire français, les Puissances européennes agglomérèrent la Belgique et la Hollande, dont elles constituèrent le royaume des Pays-Bas (1815). La Révolution belge y mit fin en 1830 et les Puissances reconnurent la Belgique comme Etat indépendant et perpétuellement neutre par les traités de 1839. (2) Les traités de 1839 coupèrent en deux le territoire du Luxembourg, dont la partie occidentale fut attribuée au royaume de Belgique, tandis que celle de l'Est fut érigée en grand-duché au profit de la branche aînée de la Maison de Nassau. (3) Ces chiffres comprennent toute la population, les enfants y étant classés au point de vue linguistique d'après la langue parlée par les parents. SI on n'envisage que les habitants âgés de 21 ans et au delà, le recensement de 1920 donne 1.988.469 personnes ne se servant que du français et 1.892.606 ne se servant que du flamand. Les nombres étaient respectivement, en 1910, de 1.823.825 et de 1.760.656. De 1910 à 1920, le nombre des habitants parlant l'allemand a diminué très rapidement, de 31.415 en 1910 à 16.877 en 1920. (4) Ce chiffre se réduit à 728.738 si on n'envisage que les habitants de 21 ans et au delà. (5) P. Voy. P. Errera, Traité de droit public belge (Paris, 1909) ; M. H. Reed, Government and politics of Beleium (New York, 1924); M. Vau-thier. Précis du droit administratif de la Belgique (Bruxelles, 1928). (6) A. de Ridder, Le Mariage du Roi Léopold II, p. 186 (Bruxelles, 1925). (7) Je ne parle ici que de la situation antérieure à 1914. La garde civique est supprimée aujourd'hui et l'attitude du gouvernement à l'égard de l'autonomie communale s'est transformée sous l'empire des circonstances et des nécessités de l'après-guerre. (8) Sa constitution définitive date de 1885. (9) La situation est en revanche analogue à celle de la Finlande dont tous les habitants, qu'ils parlent finnois ou suédois, sont d'origine finlandaise. , M ] r'i . :i i ■il. ' ! I 1 ■ VI i' ; : i ' i: 1 ; , El' '' ■ ' ^ilin- Le centre de la ville de Malines après les bombardements d'août et de septembre 1914. Vue panoramique prise d'une maison détruite par la suite et située aux Bailles de fer. (Ciiciié Bossut.) CHAPITRE II L'INVASION DU PAYS A VIOLATION DE LA NEUTRALITE. -Absorbée par le souci des affaires et la lutte des partis, l'opinion belge ne fut nullement influencée par la tension générale de l'Europe durant les années qui précédèrent la grande guerre. Elle ne croyait pas et elle ne voulait pas croire à la possibilité d'un conflit. Les déclarations rassurantes que les ministres des Grandes Puissances à Bruxelles répétaient à toute occasion sur le respect de la neutralité contribuaient à l'entretenir dans le calme de ses illusions. Au Parlement, un député des plus écoutés affirmait que douter du maintien perpétuel des traités de 1839 serait insulter à leurs signataires. C'est à peine si, de loin en loin, un article de journal aussitôt oublié signalait les grands travaux stratégiques entrepris par l'Allemagne sur la frontière : les chemins de fer parallèles courant à travers l'Eifel et l'établissement du camp d'Elsenborn en 1894, rattaché à la grande ligne d'Aix-la-Chapelle à Liège. La quiétude des Chambres était si profonde qu'elles n'hésitaient pas à voter l'ouverture du chemin de fer de Sta-velot à Malmédy, nouvelle voie de pénétration allemande dont l'insignifiance au point de vue économique pouvait leur faire apparaître la destination comme au moins douteuse. Aucune émotion ne se révélait à la nouvelle des augmentations d'effectifs décrétées en France et en Allemagne et du renforcement de la flotte anglaise et de la flotte allemande. Une tentative entreprise par quelques publicistes en faveur d'une entente défensive avec la Hollande ne parvenait pas à intéresser le sentiment public. La discussion du budget de la guerre ramenait chaque année les mêmes déclarations pacifistes et les coutumières attaques contre la « folie militariste ». Le gouvernement, cependant, se préoccupait du péril qu'il n'osait dénoncer au pays. A grand'peine il avait obtenu les millions nécessaires à la construction d'une nouvelle enceinte défensive autour d'Anvers en 1906. La même année, il avait laissé le général Ducarne causer avec le colonel Bernardiston de l'éventualité de mesures à prendre en cas d'invasion du territoire par l'Allemagne. Il avait autorisé la Banque Nationale, en 1912, à préparer des billets de 5 francs à émettre en cas de guerre. Enfin, en 1912-1913, le ministère avait réussi à faire voter le service militaire obligatoire et une réforme renforçant et modernisant l'armée, dont l'exécution devait être achevée au bout de cinq ans ( 1 ). L'opinion ne vit dans cette me- L'attenlal de Sarajevo (28 juin 1914). Frappé et injurié par la foule, l'assassin, Garilo Prinzip, est mis en Heu sûr par les représentants de l'ordre. Photographie. — La tunique de l'archiduc François-Ferdinand, assassiné à Sarajevo, est reproduite p. 253. sure qu'une nouvelle garantie donnée à la paix générale. Elle continua de croire que l'armée belge avait pour mission « de ne pas se battre ». Aucune nervosité ne s'empara de la presse à la nouvelle de l'assassinat de Sarajevo. Les journaux attachaient bien plus d'importance au retentissant procès de Madame Caillaux qui se plaidait alors à Paris, qu'aux péripéties diplomatiques du mois de juillet 1914. Il fallut la déclaration de guerre de l'Autriche à la Serbie (28 juillet) pour que la gravité de la situation apparût d'autant plus effrayante qu'on se l'était dissimulée plus longtemps. Le rappel de trois classes de mihce par le Roi le lendemain (29 juillet), puis deux jours plus tard (31 juillet) la mobilisation générale provoquèrent un brusque affolement. La déclaration de guerre de l'Allemagne à la Russie ne permettait plus de douter de l'imminence d'un conflit mondial. L'idée que le pays pût y être entraîné ne s'imposait encore à presque personne. L'invasion même du grand-duché du Luxembourg par les troupes allemandes (2 août) laissa subsister l'espoir d'échapper à la tourmente comme on l'avait fait en 1870. Mais, au milieu d'une Europe en feu, quel serait le sort du pays ? A tout le moins fallait-il s'attendre à une crise économique épouvantable. En ce premier moment de fièvre chacun ne songeait qu'à soi. On vit la foule se ruer vers les magasins, y acheter pêle-mêle des denrées. Les banques furent assaillies de gens réclamant leurs dépôts ou exigeant l'échange de leurs billets. Du 27 juillet au l®"" août, la Banque Nationale remboursa en monnaie d'argent des billets pour plus de 50 millions. Le dimanche 2 août interrompit cette agitation. Il faisait beau temps. Quelque calme revint au milieu des angoisses et l'optimisme hanta de nouveau les esprits de ce peuple qui, depuis 84 ans, n'avait plus vu de guerre sur son sol et avait oublié qu'il avait été pendant tant de siècles le champ de bataille de l'Europe. Le lendemain matin, les journaux lui annonçaient brusquement qu'il allait le redevenir. On apprenait que, la veille au soir, le ministre d'Allemagne avait remis au ministre des Affaires étrangères un ultimatum sommant la Belgique de livrer passage à ses troupes marchant sur la France. Le texte en fut connu en même temps que la réponse du gouvernement. Cétait un refus catégorique basé sur les obligations internationales qui incombaient au pays et la décision de résister de toutes ses forces à la violence. Ainsi au moment le plus solennel de son histoire, le peuple se trouvait en présence d'une résolution prise. Les hommes qu'il avait chargés du soin de ses intérêts en pleine paix et qui ne devaient leur arrivée au pouvoir qu'au jeu de luttes électorales confinées dans le cercle étroit des questions de partis, venaient de disposer en quelques lignes d'écriture de sa vie et de ses biens. Jamais peut-être choc plus brusque ne fut imposé à une nation. On s'était couché avec l'espoir de la paix et l'on trouvait au réveil la certitude de la guerre. La secousse était si forte et si inattendue qu'elle en recevait quelque chose de fantastique. Il faut avoir vécu cette journée et s'être trouvé en contact avec la foule pour se rendre compte d'un état d'esprit qu'il est très difficile d'analyser et qui pourtant, si bref qu'il ait été, a déterminé l'attitude dont la nation ne devait plus se départir jusqu'au bout de la grande épreuve. Il est douteux que sauf un très petit nombre de personnes, on ait bien compris la portée de ce qui venait de se passer. Chez quantité de gens, une vague pensée subsistait que l'irréparable ne s'accomplirait pas, que l'ennemi — mot nouveau que depuis 1839 aucun Belge n'avait plus prononcé — ne passerait pas la frontière, qu'au pis aller il ne ferait que traverser rapidement l'Ardenne, et que d'ailleurs l'armée française allait voler à la défense de la Belgique, et, appuyée sur les forteresses de Liège, de Na-mur et d'Anvers, la rendre inaccessible à l'invasion. L'idée que l'armée belge avec ses 117.000 hommes pût seule tenir tête à la puissance militaire la plus formidable du monde paraissait invraisemblable au point d'en être monstrueuse. Mais plus on avait conscience de la disproportion de la lutte, plus, tout en s'efforçant de n'y pas croire, on éprouvait d'indignation. Ce qui l'emportait par-dessus tout, c'était un sentiment de colère. Les termes mêmes de l'ultimatum l'avivaient encore. On ne pouvait tolérer que l'Allemagne eût cru la nation capable de se laisser acheter à prix d'argent. Plus on avait eu foi en la neutralité, plus on s'était efforcé de la maintenir en toute circonstance, plus on s'était complu dans les éloges si souvent prodigués nnilitliili Diiiiiiiic (r.iioiiiiirdiiin itt Orlqini '^it, ^âi-scUUMH. 'Aifituu^ /a^iu lattf^iàiiîfc ^iuJUiiii/iiL /w uc^i oc^ .^ee^-iïMiytht- Élu^z-tiOAu^^Mjiftcu^i. J^w-'lftva^k An lût. /Haai - yfy/^itt ^Ci^-^OMMt. ^iim iliUlitn Z-^'/ii iué^l iJtiLeaû/ute- i^c'c^/ù-i'/ dit :'fcdt/*Mite ^Oi^te^taf^^fViOi/i ti iut UiL ^^e^ tù^/t ^ '^eu/iUloHi^ etiftv ^iiu^/ie^/i ûnet^' iu aiH iu (f^nnl£ it. 'Si/ /ff/ii, ft^^n, '"^«^«ïv^ v/mA Ci tùiûM. lUuiit/Cc V^ptetMtte et -^iiùn ^ ¥tH,>t O'Sc.^'cu Uiu/t 'ni-t Zu'fuj A'e/çaus itt Qi/iùeà/oiut Jeu-ty^ tilt biiiiviiu/iiifii uu'^tti:u XtHuv/l'ai. Scùijeiliu S't4Aai /i lAe/^^i-'uc Mrn liu^uuu ûcfeii, utU^ 'aâji ia ita e/i-^ dieu* ^uéa^ yïu^i^c mctajuee*/ wt^n io-iiyit^c. ÂùHiil'i'C'i -Cii^eec/tâaâ/t t^^sfftuau o^U^i 'Ofeife-intau* '^••.Kuàiuitalu. i^t ituiiÂ. /y« ^ùiCft/e^fUrc, '^n.iulii. ftûi n-iiiùfcii. Au^nj/AutJiti jê^viUa- L-tc <'lu(ûuctil fCiifuiMll Ml'u- lÙiJ Xj^iij^Ut^/ tu> Â't-'u/ -tu. deûa^^u. ■^'i t^tcùni Jiéf iniuU'^cuéici^iiiu/t iù://i dki ^'iit hi/y/ieié/aii^eii a^f^cA/jU/t ^Miunc^ so/tAiin ouiaic jiU.'âù iii ecitoiutct i/, t "(^/iCifift^^uiif if.t ^a^frt à la loyauté belge, plus on était décidé coiîte que coûte à rester fidèle aux traités que l'on avait toujours considérés comme la garantie de l'indépendance nationale. Consentir à leur violation, c'eût été répondre à la confiance de l'Europe en la trahissant. En ce moment tragique, ce qui apparaissait avant toute chose, c'est que l'honneur était en jeu. On se sentait insulté par une proposition dont on ressentait plus fortement l'injure que la menace. La conscience de ne l'avoir point méritée exaltait les volontés et les unissait en même temps. Le sentiment patriotique réveillé par l'ultimatum haussait les esprits au-dessus des querelles intestines. Par delà les partis, la nation s'imposait à tous. Spontanément le long des rues on commençait à arborer le drapeau national. Le ministère, hier encore, n'était que le ministère d'un parti. Tout à coup, il apparaissait comme le ministère de tous. En même temps, l'union des cœurs se tournait vers le Roi. Il se dévoilait, sous le coup de vent de cette crise, des nuages qui l'enveloppaient en temps de paix. Il s'affirmait comme l'incarnation même de la patrie. La réponse qu'il avait signée enorgueillissait les citoyens. L'unanimité se prononçait pour elle. Elle était la réponse même du peuple. La modération de ses termes la rendait plus décisive. Elle émouvait par son calme et si l'on peut dire par son honnêteté. On en était fier. Toute la MIUÙ. ie./t /fi'e //laujin/iiiuic ic^'ict. Çieeiiii'cit a^ifi .ViV^iiz-^ZÎ Av^cic&i ^/iV ' hi kéi^tcM, /tde //UiitteiiA/ji^ gMiJuain^i:-^ iuitMt lti-4. ^-ciiULeÙ- IÙ2i ^lUi: ^icii^icûciiî&'i Mt^ù fSf^iku. Jt ificàii/t ftiM'iiCâ t'UAff/^ ^imià/iia^eii ^ctcft^ etûciui/(ci co'-ù i'tf/i '-'i^tu!.. ^uÂjltitj! /i'ilj/iM/f/'lf/l Jff- /Ktyc/'^iitAl' Uei itc iCtcéxÂc ^ic ^^îlaÛM- leiût/} (/Tuc'âiiÙiH^ ^/ui i/ia/i&'^^aT du Aiiuftei^/ii «t i^^fuc -iu. ÛUlU/l^'^^'l'. " / Qcuùe/^JU^ f^ifùi ^'Haatu^^uy;^ Oei lïef J, Aei ccttct AtiMi/yf'ù/^'eîcic e'Cû.fùi.t*^ jiusuâtM ^^fùunc» ^teééJi'ai aiiit. ^eeiiùtoù'&à i/iUt ^iiUiuiai i^c^aeÂc. '^^cLtu/i^ aie ^ n^ui^ iu, nci/fiioUtti.^ làyi KMof/^wJiie Mit die. cu^ÂiiAtt, eu^/^/i. J-H iù^i-m ttiuàit. dce â'Mtu làaiidi^ dt'c ^e^ i^iaeéintiÉiiys^ .iCt^iitCcii^ e<:tu irVi^deU a/uc (Bruxelles, Archives du Ministère des Affaires Etrangères.) (Cliciiés Jacobs.) Texte original de l'ullimalum allemand remis par von Below, ministre d'Allemagne à Bruxelles, à M. Davi-gnon, ministre des Affaires Etrangères, le 2 août 1914 à 19 heures. Le gouvernement allemand prend prétexte de l'invasion Imminente de la Belgique par les troupes françaises pour justifier sa décision « de prévenir l'attaque de l'ennemi ». 11 donne toutes garanties en cas de « neutralité bienveillante à l'égard de l'Allemagne » pendant que les troupes allemandes passeront par la Belgique, et menace « à son regret, de considérer le royaume comme ennemi » si celui-ci s'oppose à ses desseins. — Le document porte la date officielle du 2 août et, en français, la mention « Très confidentiel ». Œuvre du général von Moltke, chef du grand état-major, il avait été envoyé le 29 juillet au chancelier Beth-mann-Hoilweg qui l'avait transmis à son tour à von Below en le priant de n'en prendre connaissance qu'au moment oij lui parviendrait l'ordre de briser le cachet. La minute n'était pas conforme à l'original : elle offrait à la Belgique des compensations territoriales, annonçait une Invasion anglaise et exigeait une réponse endéans les vingt-quatre heures, trois points oui furent biffés à la chancellerie de Berlin. La première édition du Livre Blanc publié par les Allemands après l'invasion ne souffla mot de ce document. Les deux suivantes ne donnèrent qu'une version partielle de l'ultimatum. i . i; i I il'. ■ ! 'E . -'y I. i -'ii '■■11., HISTOIRE DE BELGIQUE i l i: it ■ 'li 11',- : |r< : [i - i , 1 ' , • I':-- : I:! ■ i In ■ : , A- ^(r— _ J -TA- .... 'a, ^ .r A ■//'V- l^^-f. , r-J— /-. A---—' Clj- A^t___ tlt^Ù^. ^ ^^ ^--- /a V (Bruxelles, Archives du Ministère des Affaires Etrangères.) Minute de la réponse du gouvernement belge à l'ultimatum allemand, transcrite par le comte H. Carton de Wiart d'après l'avant-projet rédigé par le baron E. de GaiHier d'Hestroy. La réponse du gouvernement belge à l'ultimatum allemand est une œuvre collective. Tandis qu'au cours des délibérations du Conseil de la Couronne présidé par le roi Albert, les ministres Carton de Wlart, Hymans et Van den Heuvel avaient été chargés de rédiger un projet de réponse à l'ultimatum, de son côté, le directeur de la Politique au ministère des Affaires Etrangères, le baron E. de Gaiffier d'Hestroy, préparait également un projet qui fut soumis aux ministres dès leur retour du Palais royal. Ils en admirèrent l'ordonnance et la précision, si bien que l'avant-projet du baron de Gaiffier d'Hestroy et accessoirement le premier brouillon du comte Carton de Wiart servirent de base à la rédaction définitive de la réponse. Celle-ci fut rédigée par H. Carton de Wiart avec le concours du baron van der Elst, secrétaire-général du ministère, et de P. Hymans. Elle rejetait les propositions de l'Allemagne, le gouvernement étant « fermement décidé à repousser, par tous les moyens en son pouvoir, toute atteinte à son droit ». — Pendant la guerre, ce document fut confié par son rédacteur à M. P. van den Bussche qui l'enterra dans son jardin et le restitua après l'armistice. Dans la suite, il fut déposé au ministère des Affaires Etrangères. journée du 3 août s'écoula ainsi dans une sorte de délire fait de colère, d'inquiétude et de résolution. On ne savait rien de ce qui se passait aux frontières. On vivait dans une sorte d'étourdissement, voulant encore douter du pire mais résolu à l'affronter s'il se présentait. Le soir seulement, des bandes de jeunes gens se mirent à parcourir les rues, s'attroupant devant les brasseries et les magasins allemands dont plusieurs furent dévastés (2). Cependant le gouvernement parait aux mesures les plus urgentes. N'ayant pas préparé la guerre, il envisageait avec angoisse les devoirs qu'elle lui imposait et auxquels il n'était pas possible de faire face à cause du manque de temps. Il fallait tout d'abord éviter de plonger le pays dans une crise financière. Dès le 2 aoiit, des arrêtés promulguaient le moratorium des effets de commerce et le cours forcé des billets de banque. Le 3, l'encaisse métallique de la Banque Nationale était par prudence transférée à Anvers. Dès le 30 juillet, on avait prohibé provisoirement l'exportation des bestiaux, des grains, du foin, de la paille, des automobiles, des huiles, des essences, des véhicules et des chevaux. Le 2 août, la prohibition était étendue au pain, aux pommes de terre et aux céréales. Entre-temps les Chambres étaient convoquées télégraphiquement en session extraordinaire pour le 4 août. Au moment oii elles se réunirent à Bruxelles, l'ennemi avait déjà franchi la frontière et le premier combat se livrait devant les forts de Liège. Quelques semaines auparavant députés et sénateurs avaient quitté le Palais de la Nation en partisans; ils y rentraient en mandataires du salut public. La séance se déroula en complète harmonie avec la gravité de l'heure et la cause que la Belgique était appelée à défendre : celle de l'honneur et de la justice. Les acclamations enthousiastes qui saluèrent le Roi firent sentir que la nation lui confiait son sort et se solidarisait avec lui. Les paroles qu'il prononça, courtes, graves et résolues, en costume de guerre, étaient une affirmation du droit et du devoir qu'il imposait à tous. Elles s'achevèrent au milieu d'une émotion qui répondait à leur noblesse et à leur beauté. Pendant qu'il partait pour monter à cheval et rejoindre l'armée, l'assemblée agit. Sans délibération elle vota les lois indispensables pour permettre au gouvernement d'accomplir la tâche qui lui incombait. Pour la première fois depuis la naissance de l'indépendance nationale, ce Parlement si jaloux de ses prérogatives, si défiant à l'égard du pouvoir exécutif, déléguait spontanément ses droits au chef de la nation. Un crédit de 200 millions était accordé au gouvernement. Le Roi était autorisé pour toute la durée de la guerre à proroger les protêts, à limiter les retraits en banque, à prohiber les exportations, à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer l'alimentation de la population, réprimer l'accaparement, mettre les fonds à la disposition des provinces et des communes. En même temps, les Députations permanentes et les Conseils provinciaux recevaient la faculté de se substituer aux gouverneurs de provinces qui seraient obligés de quitter leur poste et même de se substituer au gouvernement si les communications avec celui-ci étaient coupées. Ainsi, dès le premier jour, on prévoyait résolument les progrès de l'invasion commencée. D'avance on en acceptait les conséquences. On ne doutait pas plus de la catastrophe qui allait se déchaîner sur le pays que d'ailleurs de la victoire finale. Les paroles du Roi : « Un peuple qui défend son existence ne peut mourir », restaient et devaient rester jusqu'au bout la devise de la nation. A la même heure, au sein du Reichstag, le chancelier de l'Empire allemand Le roi, la reine ef les Irois enfants royaux se rendant au Parlement pour la séance historique du 4 août 1914. Photographies. prononçait les fameuses paroles qui justifiaient si admirablement l'attitude des mandataires du peuple belge : « La nécessité ne connaît pas de loi; en violant la neutralité belge nous avons mal fait. » Le contraste des langages répond au contraste des situations. Ici, une Grande Puissance invoquant en sa faveur l'intérêt supérieur de ses armées et de sa politique; là, un petit peuple plaçant sa cause sous l'égide du droit. Quoi que l'on puisse croire des responsabilités de la guerre, il est trop évident que la Belgique y a été entraînée malgré elle. Dès les premiers jours elle a eu conscience qu'elle n'avait pas mérité son sort. Elle n'a pu le considérer que comme une injustice. Et cette conscience a entretenu jusqu'au bout sa résistance et son énergie. Plus elle était sincèrement pacifique, plus elle a profondément ressenti l'attaque de sa puissante voisine. Plus surtout elle a été révoltée à l'idée que l'Allemagne ait pu la croire capable de s'associer à ses desseins. Son indignation s'explique beaucoup moins par la violation de la neutralité que par les termes de l'ultimatum. Elle l'a ressenti comme un outrage insupportable. Ce n'est point tant par devoir envers l'Europe que par devoir envers elle-même qu'elle a refusé d'y consentir. Sa faiblesse militaire a contribué à augmenter sa force morale. Elle n'a pas voulu se laisser traiter en subalterne et en quantité négligeable. Le sentiment de la liberté politique si profondément ancré chez elle, l'a rendue inaccessible aux menaces de la force. A vrai dire, ce sont surtout des causes morales qui l'ont déterminée et détournée des considérations d'intérêt. Le patriotisme dont elle a fait preuve découle du sentiment de sa dignité froissée, de la conviction qu'un peuple libre se doit à lui-même de tout souffrir pour sauvegarder son indépendance et son droit de ne vivre que conformément à sa volonté. L'individualisme excessif dont s'inspire la constitution belge, les prérogatives qu'elle accorde si libéralement aux citoyens ont dressé chacun d'eux contre l'envahisseur. Le sentiment de la race, le sentiment même de la nationalité n'ont joué en ceci aucun rôle ou du moins n'ont joué qu'un rôle très secondaire. On pourrait dire que c'est moins la Belgique comme personne morale que chaque Belge comme individu qui a résisté. Chacun d'eux a considéré la violence faite au pays comme une violence faite à lui-même, comme une atteinte à ces droits et à cette liberté que lui garantissait, sans qu'il s'en fût bien rendu compte jusqu'alors, l'indépendance nationale. Il s'était accoutumé à croire qu'elle ne serait jamais en péril. La longue paix dont il avait joui avait détourné ses regards de la collectivité pour les reporter sur les intérêts de famille, de classe ou de parti. Brusquement la guerre lui dessillait les yeux. Il s'apercevait que ses biens les plus chers étaient solidaires du maintien de la collectivité à laquelle il appartenait. L'idée nationale, dans laquelle il n'avait vu qu'une forme du chauvinisme ou qu'un thème à déclamations belliqueuses, s'imposait subitement à lui dans sa réalité profonde. La guerre, en menaçant la Belgique, la révélait une fois de rrNCIl, OR THE LONDON C1IAR[V.l|i..t ou| Ik Xm».» Ii«PI»n «>l*«ll<« ont Si «MDuît. SûJ) »ln" if'fcnunfl bf ««tncn. « Epuration » du village de Cortenberg de ses « francs-tireurs » (28 août 1914). Dessin signé F. de Haerne et reproduit dans VlUustrierte Zeitung (Leipzig) du 17 septembre 1914, p. 435, — La légende figurant au bas de la page déclaré que les habitants avalent fait le coup de feu contre les troupes allemandes (Der belgische Franktireurkrieg : Die SHuberung des Dorfes Cortenbergh bel Lôwen, dessen Einwohner auf die deutsche Truppen geschossen hatten, am 28. August). A gauche, des soldats allemands gardent les femmes, les enfants et les vieillards. "Uni" l'intérieur. Et pour lui barrer la route, on était seul. Ainsi, non seulement tout ce à quoi l'on n'avait pas voulu croire se réalisait, et se réalisait dans les conditions les plus désastreuses. Pourtant, si tragiquement que les illusions fussent dissipées, le sentiment public supporta l'épreuve sans faiblesse. La raison en est sans doute dans la surexcitation morale produite par l'ultimatum. Agissant de même sur toutes les classes sociales, il les unit en une même résolution. Que fiit-il arrivé si la bourgeoisie n'avait pas consenti, cinq ans plus tôt, à assumer sa part du devoir militaire ? Ce qui avait paru alors une simple question de justice se trouva être, au moment du péril, une condition essentielle de conservation nationale. A vrai dire l'armée était encore en fait, pour la plus grande partie, « une armée de pauvres ». Les anciennes classes de milice qui avaient été rappelées sous les drapeaux ne se composaient guère que de prolétaires. Personne ne voulut songer à cet héritage du passé qui récemment encore avait provoqué d'amères récriminations. La nation était trop décidée à faire bloc pour ne point s'identifier tout entière avec ses soldats, quelle que fût la classe sociale à laquelle ils appartinssent. Tout ce qui divise était momentanément oublié. Les couleurs que les partis arboraient jadis dans les cortèges et les meetings ne flottaient plus nulle part. Seul le drapeau noir, jaune et rouge arboré à la façade des hôtels de ville, sur les beffrois, sur les clochers des églises, aux fenêtres des particuliers affirmait l'union des cœurs et des esprits. La Belgique attendait, pavoisée, la catastrophe menaçante. Partout les volontaires affluaient aux bureaux de recrutement : ouvriers, étudiants d'universités, jeunes gens de toutes classes et de toutes conditions, presque tous d'ailleurs appartenant à la population urbaine. Les campagnes ne prirent part que très faiblement à ce mouvement. La commotion morale déclenchée par la guerre ne pouvait les remuer aussi profondément que les classes intellectuelles et industrielles, plus sensibles, plus nerveuses, plus accessibles à l'idéalisme patriotique, et en outre plus directement atteintes par la cessation brusque des affaires et plus intimement mêlées à l'existence nationale. Toute civilisation se manifeste par l'action des villes. Elles en sont par excellence l'élément actif et remuant. Dans le pays essentiellement urbain qu'était la Belgique, la crise de 1914 en fournit l'éclatante démonstration. Des vingt mille volontaires qui se firent inscrire (3), tous ne furent pas évidemment poussés par les mêmes motifs. Beaucoup d'entre eux n'auraient pas songé à s'enrôler si l'interruption du travail ne les avait tournés vers l'armée. Comme toujours dans les grandes crises morales, la contagion de l'exemple fut favorisée par les circonstances. A côté de l'armée régulière le gouvernement mobilisa la garde civique. Légalement tous les hommes capables de s'équiper à leurs frais en faisaient partie. En fait, elle n'était organisée que dans les villes oii elle constituait une milice bourgeoise, nommant elle-même la plupart de ses officiers et n'ayant d'autre instruction militaire que quelques exercices le dimanche. A part de rares « corps spéciaux » formés de volontaires, sa discipline et son armement étaient également insuffisants. Elle se bornait à parader dans les cérémonies publiques et en temps d'émeute à maintenir l'ordre tant bien que mal. On ne pouvait évidemment lui attribuer aucune valeur combative. Mais elle était capable de faire le service de garnison dans les villes abandonnées par l'armée, de monter la garde le long des chemins de fer, aux approches des ponts et des travaux d'art. Elle rendit avec dévouement les services que l'on pouvait attendre d'elle. Les gardes civiques de la campagne (garde civique non active) étaient reconnaissables à leur blouse bleue et à leur brassard tricolore. Il fut impossible de les armer et ils s'acquittèrent exclusivement de fonctions de pohce. Deux documents d'origine allemande relatifs aux « francs-tireurs » belges. A gauche, arrestation d'un « franc-tireur ». En dessous, spécimens d'armes utilisées par les « francs-tireurs », accompagnés d'une légende explicative (armes tranchantes, pointues et à feu). — Photographie et dessins publiés dans VHamburger Fremdenblatt des 9 et 10 septembre 1914. Die motDtoaffen Dec belMen StonfUtente. iflfli(iil nma uiU biItiiio« ueii ciiKi rrrrAlrn ittoibfu (inb. i(iAltrii (tf)0ii bie i^ldd)* «niHtrril b(i 'AnrdiiAnt iitib bf( V011 III flticii 'IJriUAUjfiuffni b.uAii| ^tii' nis l^uft' unb SlWimirc. nis tin^ Sih1)trftrfe. nis Sdiu^ouffr. imlftt Zinmn-*"'»*"»»»'' HAm^laifet ACArtfltn i}Ai. Toim ufTficb(H. |ftinpfcui M' Aar/,'„. jZji ^t_____ A -- cuU'^ML M. * Jf .1 ( tjt Jci.u, t ! < O -i o klU a.. Lu ^ c-A. toute fable, elle s'est développée en durant. Il n'est point d'horreur qu'elle n'ait accueilhe. Elle a représenté le peuple belge comme un peuple abominable d'assassins et de tortionnaires, empoisonnant l'eau des puits, poignardant les soldats durant leur sommeil, crevant les yeux des blessés sur les champs de bataille. Personne dans l'exaltation du moment n'a eu le sang-froid de récuser des invraisem- blances qui se réfutaient par leur outrance même. L'empereur n'en avait-il pas affirmer l'exactitude ? Et n'en avait-on pas pour preuve les incendies et les fusillades dont la Belgique était le théâtre ? De tels châtiments suppo.saient le crime. Il était impossible de les mettre au compte de l'erreur. Le patriotisme était trop intéressé à y croire pour qu'il fiât permis d'en douter. Les parents tremblaient pour leurs enfants exposés aux perfidies et aux atrocités d'un ennemi bestial. J'ai sous les yeux, en écrivant ces lignes, la lettre d'un père de famille plein de sollicitude, mettant son fils en garde contre la cruauté des Belges et lui recommandant d'abattre tout civil qui chercherait à s'approcher de lui (5). Il est inutile d'insister davantage. Dépourvue de toute espèce de preuves et formellement contredite par les faits aussi bien que par la vraisemblance, l'histoire des francs-tireurs belges n'est qu'une de ces légendes de guerre dont la génération spontanée ne peut étonner l'historien. Les légendes de cette sorte ont malheureusement la vie longue. Il faut s'attendre à voir celle-ci entretenir encore longtemps les sentiments de défiance et de haine auxquels elle doit sa naissance (6). L'INVASION. ^ Il était certain que l'armée belge ne pourrait supporter très longtemps le choc qu'elle allait affronter. Ses propres chefs en étaient aussi convaincus que les états-majors de l'étranger. L'opinion générale était qu'elle se contenterait sans doute d'un simulacre de défense, après quoi elle se concentrerait autour d'Anvers pour y attendre les événements. Aucun plan de campagne n'avait été concerté avec la France et l'Angleterre, que l'agression de l'Allemagne donnait aux Belges comme alliées et comme défenseurs. La réorganisation militaire décidée en 1913 commençait à peine à s'ébaucher. L'armement était défectueux et incomplet, les effectifs insuffisants, la grosse artillerie de campagne faisait complètement défaut, l'aviation était rudimentaire, l'armement des nouveaux forts d'Anvers n'était pas achevé. Les canons à longue portée, commandés aux usines Krupp, n'avaient pas encore été livrés. L'armée n'ayant jamais combattu manquait de tradition mihtaire. Elle rempht pourtant dans toute son étendue le rôle que l'honneur national et le respect des traités lui imposaient : tenir aussi longtemps que possible sur la ligne de la Meuse, puis se retirer en combattant soit sur Anvers si elle restait seule, soit sur les forces françaises et anglaises si celles-ci parvenaient à la joindre en temps voulu. On n'a pas à retracer ici l'histoire de la courte campagne qu'elle mena contre un adversaire qui devait fatalement la balayer devant lui. Il est indispensable pourtant de retracer rapidement les phases de l'invasion allemande. Ses péripéties ont eu une répercussion trop directe sur le pays pour qu'il soit possible de comprendre son attitude pendant l'occupation sans un coup d'oeil préalable sur les événements qui l'expliquent. Dès le matin du 4 août, les troupes allemandes franchissaient la frontière par toutes les routes qui relient la province de Liège à la région d'Aix-la-Chapelle. Sauf au pont de Visé que domine le fort de Pontisse, elles n'éprouvèrent tout d'abord aucune résistance. En traversant les villages et la grosse agglomération industrielle de Verviers, les soldats distribuaient une proclamation signée du général von Emmich. On y lisait avec étonnement que les Français avaient envahi la Belgique et que l'armée marchait à leur rencontre. Le télégraphe ne fonctionnant plus, la région se trouvait privée de nouvelles depuis la veille. On ne savait plus que penser. L'incertitude ne se dissipa que quand, quelques heures plus tard, on entendit les premiers coups de canon tirés dans la direction de Liège. Occupée par 35.000 hommes, la place ne pouvait tenir très longtemps. Ses effectifs n'étaient pas assez nombreux pour garnir efficacement les intervalles des forts. Dès le 7 août, le général Ludendorf parvenait à s'emparer par surprise de la ville. La veille, 6 août, le général Léman, gouverneur de la position, avait fait évacuer sur l'arrière les forces de la défense mobile, épuisées par des combats inégaux. Les forts encore intacts étaient chargés de continuer la lutte afin d'arrêter le plus longtemps possi- , i (Bruxelles, Musée Royal de l'Armée, section des photographies, photos n»" 16949 et 21125.) Etat de la poudrière du fort de Loncin (à gauche) et de la coupole (150 mm.) du fort de Lierre (à droite) après les bombardements par obusiers allemands de 420 mm. HISTOIRE DE BELGIQUE 1:1 : ble la marche en avant de l'envahisseur. Jusqu'alors les obus de l'artillerie de campagne avaient ricoché sans pouvoir les entamer, sur leurs coupoles blindées. Les soldats les croyaient imprenables. Quelques jours plus tard ils volaient en éclats sous les rafales d'acier vomies par les mortiers de 420. Le 15, le général Léman était fait prisonnier sous les ruines du fort de Loncin. Les autres forts, incapables de tenir plus longtemps, étaient occupés par l'ennemi. Avec la chute du camp retranché de Liège, la Belgique se trouvait ouverte à l'invasion. L'armée s'était repliée derrière la Cette. Le Roi en avait pris le commandement et sa présence assurait le moral des troupes. Une offre de paix arrivée le 10 avait été catégoriquement refusée. Pourtant la situation se présentait sous les couleurs les plus sombres. L'armée française, après avoir poussé quelques pointes dans le Luxembourg et livré sur la Semois des combats malheureux, commençait seulement à diriger son aile gauche vers Namur et le Hai-naut. Les troupes anglaises débarquaient encore à Boulogne. Il était évident que les Belges ne pouvaient compter que sur eux-mêmes. S'obstiner dans la résistance eût été la perte certaine de l'armée. Après avoir tenu victorieusement à Haelen (12 août), elle se concentra vers Anvers quand le péril d'être tournée au Sud et rompue en son centre apparut inéluctable (20 août). L'ennemi se borna tout d'abord à l'observer. Son objectif était d'envelopper les corps français qui se massaient sur la Sambre et que les Anglais venaient prolonger dans la région de Mens. Il se hâtait vers le choc tout à la fois par la vallée de la Meuse, où il attaquait la place de Namur, et par le Brabant, où il entrait le 20 août à Bruxelles. Le sort de Namur devait être le même que celui de Liège. La disproportion était plus grande encore entre les forces de l'attaque et celles de la défense. Dès le 25 août, les forts se trouvaient hors d'état de continuer la lutte. Une périlleuse retraite permit à la garnison d'atteindre la frontière française. Transportée au Havre, elle s'y embarqua pour Ostende qu'elle atteignit le 2 et le 3 septembre. Le 5, elle rejoignait à Anvers le reste de l'armée. Cependant la bataille du Hainaut semblait assurer la réussite du gigantesque mouvement tournant conçu par l'état-major allemand. Les Français du général Lanrezac, (Cliché Jacobs.) (Bruxelles, Musée Royal de l'Armée.) Le général Léman. Qèrard Léman (Liège, 1851-1920) passa trente et une années à l'Ecole Royale Militaire (1882-1914), d'où il était sorti premier de sa promotion, avant de se voir confié par le ministre de la Guerre, de Broqueville, le commandement de la 3« division d'armée et de la position fortifiée de Liège. Après l'attaque de la rue Sainte-Foy (voyez ci-dessus, p. 290), il se fixa au fort de Loncin qu'il ne quitta plus malgré le violent bombardement de l'ennemi. Le 15 août on le retrouva grièvement blessé sous les ruines du fort. A titre d'hommage, Guillaume II lui fit remettre un sabre. Le général Léman passa plus de trois ans en captivité. Les Allemands le libérèrent le 9 décembre 1917 pour raisons de santé. — Dessin signé Servais Detilleux (né à Heusy-lez-Verviers en 1874). les Anglais du maréchal French étaient refoulés vers le Sud. Entre eux et la petite armée belge, la pression du vainqueur élargissait l'espace de jour en jour. Le 8 septembre, les premiers combats de la Marne rétablissaient la situation. Les Belges y concoururent dans la mesure de leurs forces en menant d'Anvers des sorties qui eurent pour but d'accrocher les renforts allemands dirigés vers le théâtre de la lutte. Arrêtés sur la Marne, les Allemands cherchaient maintenant à tourner les Français sur leur gauche en même temps que ceux-ci essayaient de les tourner sur leur droite. Par une série de mouvements parallèles les deux adversaires s'étendaient ainsi de jour en jour vers la mer, allongeant sans cesse leur mutuelle étreinte. Le moment parut venu à l'état-major allemand de supprimer la menace que la position d'Anvers faisait peser sur les communications des armées opérant en France. La place attaquée le 27 septembre par les fronts de l'Est et du Sud ne pouvait offrir une défensive plus effective que celles de Namur et de Liège. Ici aussi les mortiers lourds devaient pulvériser les forts construits par Brialmont, suivant des calculs périmés. Dès le 2 octobre, le plus puissant de tous, celui de Wael-hem, était écrasé. A vouloir prolonger la lutte, on s'exposait une seconde fois à une catastrophe. Il importait avant tout d'éviter l'enveloppement et la prise de l'armée. Le 7 octobre, le Roi donnait l'ordre d'évacuer la place par la rive gauche de l'Escaut. Couverte par un corps français envoyé à la hâte à l'est de Gand, la retraite réussit malgré les difficultés que lui imposait l'étroitesse de ses débouchés entre l'ennemi et la frontière hollandaise. A part 35.000 hommes obhgés de se réfugier en Hollande où ils furent internés jusqu'à la fin de la guerre, le gros des forces parvint à rallier Ostende. Quand après la capitulation des forts de l'enceinte les Allemands pénétrèrent dans Anvers, la ville était complètement évacuée par ses défenseurs arrivés à l'extrême limite de leurs forces. L'armée n'était plus qu'une cohue déguenillée se traînant sur les routes de la côte dans la direction de l'Yser. Elle reçut l'ordre de s'y arrêter et d'y tenir à la gauche des corps français, de Dixmude à Nieuport. Contre toute attente elle retrouva l'énergie en se retrouvant en face de l'ennemi. L'ouverture des écluses de Nieuport (28-31 octobre) tendit l'inondation entre elle et l'adver- 1 liîî 292 ■I i Situation de la position fortifiée de Namur le 23 août 1914 vers 21 heures. Carte orientée au nord. La partie blanche représente l'étroit couloir par où les troupes belges évacuent la position de Namur, entourées au Nord, à l'Est et à l'Ouest par les divisions de von Oallwltz dont le quartier général est établi à Champion. L'état-major de la 4» division d'armée belge est établi à Sosoye. — Carte publiée par l'Institut Cartographique militaire (Abbaye de La Cambre à Bruxelles) en annexe à la Défense de la position fortifiée de Namur (1931). Echelle : I/lOO.OOO saire et la sauva au moment où ses dernières forces allaient s'anéantir. Elle ne cessa plus depuis lors jusqu'à l'offensive victorieuse du 28 septembre 1918, de garnir cette partie du front dont la garde lui resta confiée. Sa campagne n'avait été qu'une longue et sanglante retraite. Privée du concours de ses alliés qu'elle ne rejoignit qu'à la fin des opérations, elle avait été seule à défendre la neutralité que l'Europe avait garantie au pays. Si elle avait dû céder le sol, elle avait sauvegardé l'essentiel: le droit de la nation à l'indépendance. Elle avait jusqu'au bout rempli sa mission. La Belgique était occupée; elle n'était pas conquise. Il était certain désormais que pour qu'elle disparût de l'Europe, il faudrait que l'Europe elle-même s'anéantît sous la puissance allemande. Dans un pays de population aussi dense que la Belgique, les opérations militaires ne pouvaient se développer sans provoquer avec une intensité particulière les catastrophes qu'elles infligent nécessairement aux civils. Les massacres et les destructions qu'elles entraînèrent dépassent pourtant de beaucoup en nombre et en gravité la mesure à laquelle on pouvait s'attendre. Jusqu'à la prise d'Anvers ils furent pour ainsi dire à l'ordre du jour. Beaucoup d'entre eux, arrivés sur l'arrière et loin des combats, ne peuvent être mis au compte de l'excitation des troupes ou attribués aux nécessités de la défense ou de l'attaque. Leur cause principale, sinon leur seule cause, doit être recherchée dans cette hantise des francs-tireurs dont les armées allemandes étaient travaillées. On ne peut s'expliquer la conduite de troupes aussi admirablement disciplinées que par une sorte d'autosuggestion. La résistance inattendue à laquelle elles se heurtèrent dut contribuer encore à leur faire perdre le sang-froid. Pour que la petite armée belge osât les affronter, ne fallait-il pas qu'elle pût compter sur la complicité de la population ? L'aspect du pays qu'elles traversèrent tout d'abord en marchant sur Liège, coupé de haies, plein de chemins creux, parsemé de maisons isolées, dut leur sembler aussi singulièrement propre aux guets-apens. Il n'est point jusqu'aux occupations et aux plaisirs du peuple qui ne furent de nature à renforcer leurs soupçons. Les petits atehers où dans quantité de villages de la vallée de la Vesdre sont fabriqués des canons de fusil, et la fréquence des pigeonniers, conséquence naturelle du goût invétéré des habitants pour les concours de pigeons voyageurs, leur apparurent comme une preuve évidente de l'existence d'une vaste organi- (Mons, Collection M.-A. Arnould.) Soldats anglais sur la Grand-Place de Mons avant la bataille du Hainaut (août 1914). sation servant à fournir des armes aux francs-tireurs, et à les pourvoir de renseignements sur la marche des troupes (7). Si l'on ajoute à cela l'usage d'une langue étrangère et la pratique d'une religion méprisée par les soldats protestants des régiments hanovriens et prussiens, qui semblent avoir été particulièrement nom- breux parmi les corps d'avant-garde, on s'expliquera les horreurs qui signalèrent les premières semaines de l'invasion. Durant les premiers jours, il peut être arrivé et il est même arrivé sans doute qu'un « civil » poussé par la rage ou le désespoir ait déchargé son fusil de chasse sur des soldats, du haut d'un grenier ou de derrière une haie. Mais que de fois un coup de feu tiré par mégarde, l'éclatement d'un pneu d'automobile, la fuite d'un paysan à l'appel d'une sentinelle n'ont-ils pas provoqué une panique se manifestant aussitôt par une fusillade abattant au hasard hommes, femmes et enfants ? Là même où l'on s'était emparé d'un prétendu franc-tireur la rigueur du châtiment ne dépassait-elle pas de beaucoup l'importance du délit ? Les innocents avaient à expier pour les coupables. Tout village accusé d'avoir fourni un franc-tireur était châtié par la prise d'otages, l'incendie de maisons, l'exécution de plusieurs de ses habitants. Des proclamations d'officiers menaçaient de mort quiconque mettrait la tête à la fenêtre ou conserverait de la lumière après le coucher du soleil. Des mesures aussi cruelles eussent évidemment mis fin sans tarder à la moindre velléité de résistance d'une population que la retraite de l'armée nationale abandonnait à la discrétion du vainqueur. Pourtant, loin de s'atté- (Anvers, Archives de la ville, P. 24 [réservoirs] ; Bruxelles, JHusée Royal de l'Armée, section des photographies, photo n° 18923 [groupe].) Retraite des troupes belges. A gauche, incendie des réservoirs de pétrole à Anvers, allumé avant l'évacuation de la place (8 octobre 1914). En dessous, groupe de soldats se retirant en ordre devant l'ennemi. — Photographies. (Bruxelles, Collection comte R. de Rlbaucourt.) (Clichés Bijtebier.) Médailles allemandes commémorant la prise de Liège (à gauche), de Namur (au centre) et d'Anvers (à droite). Celles de gauche et de droite, unifaces, sont signées H. Griinthal; celle du milieu a pour auteur Rodolphe KOchler (le droit, non reproduit, représente von Qallwitz). Fonte de bronze. Diamètres : 90, 100 et 95 mm. nuer, le terrorisme augmente à mesure que l'invasion progresse. A partir du milieu du mois d'août, tout civil est suspect. Tout village d'où des arrière-gardes de l'armée régulière ont tiré, tout endroit où un pont a été détruit, des rails de chemins de fer enlevés, une ligne télégraphique coupée, est considéré comme responsable. Sur la hgne de feu, les troupes allemandes obligent les habitants à marcher devant elles, se faisant de leurs corps un bouclier protecteur. Les bourgmestres et surtout les curés des communes rurales sont partout soupçonnés d'exciter la population. Un jugement sommaire en plein champ suffit pour les condamner à mort. On estime que le nombre des prêtres passés par les armes dans les diocèses de Liège, de Tournai, de Namur et de Malines comprend au minimum 43 victimes. Les officiers ajoutent foi aux rapports les plus extraordinaires et les plus fantaisis- (Exemplaire prêté par un particulier.) Image populaire d'origine allemande célébrant la prise de Liège. Carte postale coloriée (agrandie à la reproduction). En médaillon, portrait du général von Emmich. HISTOIRE DE BELGIQUE ^raiifticure nuS ber (^eoeitb uon 2)iimnt. (Sine delBifi^t ^cau in ber 9tâ§e non ajc&tTel fdtiegt auf bentfi^t Ulanen. Mrfliifdiblott. r:. > V*ut(lt .>« eim. Si ewieMbsiimiHb «T Y iui-tMi^ Ju I ^<1.7. M ticdn Jbnfnt I HA 2USU IX htim. wtam* i Ju. V. ÎB AlM^iMi HM IMM. \xajLjit -^ulfu-t^y^ ^ Ikf.JtMA M, Aju 'iuilft ^^ Y eon ella ne torjd I* leycodK de iM € atrocldAdet >. vfrdsd fui que Im eobanlei emboicadai de loi iruerrltleroi pru\ocAron 1m reoreslonM. Unsere Truppen Im Kampf mit Franklireurs In Namur. tes sur la présence et le mouvement des francs-tireurs. L'un d'eux, le 7 septembre avertit son chef que 2.000 de ceux-ci marchent de Liège sur Anvers! (8). Pourtant, dans tous les villages, les affiches du gouvernement belge interdisant de prendre la moindre part aux opérations militaires sont encore placardées sur les murs et les habitants ont déposé leurs armes aux hôtels de ville. Visiblement rien ne peut dissiper une prévention que toutes les vraisemblances démentent, mais que la psychose de guerre impose. A mesure que la dévastation et les fusillades se multiplient, la contagion se répand davantage. Les troupes qui traversent des localités incendiées ne doutent pas qu'on n'y ait assailli leurs camarades. Les traces du châtiment leur tiennent lieu de preuve. Si on a brûlé, c'est que les civils ont tiré. Les soldats s'inquiètent et s'exaspèrent de se trouver au milieu d'un peuple qu'ils croient capable des pires traîtrises. Et l'on ne peut s'étonner si à mesure qu'ils avancent (1 et 2 : Bruxelles, Bibliothèque Royale, brochure cotée 111, 41561, A, t. VI, n» 40b; 3 : Bruxelles, Bibliothèque Royale, brochure cotée m, 65846, A, n» 46; 4 : Bruxelles, Archives du Ministère des Affaires Etrangères, dossier 616; 5 : document prêté par un particulier.) Cinq documents d'origine allemande relatifs aux « francs tireurs » belges. 1 : « Francs-tireurs de la région de Dînant » (Franktireure aus der Qegend von Dinant). Photographie reproduite dans une brochure de propagande : Wer sind die Barbaren ?, p. 19. — 2 : « Une femme belge tire sur des uhlans allemands aux environs de Bruxelles » (Eine bel-gische Frau in der Nëhe von Brilssel schiesst auf deutsche Ulanen). Photographie reproduite dans la même brochure. — 3 Feuille de malade (Krankenblatt) d'un soldat allemand blessé par un « franc-tireur » belge. A gauche, renseignements d'ordre général : nom de famille et prénoms : Oausmann Fritz Wilhelm, né en 1889 à Bliren, en Westphalie, entré en service le 13 octobre 1910; profession : monteur; maladie : éclat de mitraille contre la tempe droite. Broiement de la jambe droite (Schrotschuss gegen die r[echte] Schlàfe. Quetschung des r[echten] Un-terschenkels)-, admis le 11 août à l'hôpital d'Eu-pen, qu'il quitte le 11 septembre pour l'hôpital de Paderborn. A droite, « histoire de la maladie » dont voici la traduction partielle : « Rétro-actes (VorgeschicMe). Le 9 août, éclat de mitraille dans la région de la tempe droite, du fait d'un civil belge. Comme il tombait (le civil) lui donna un coup de baïonnette (ou de fusil) sur la jambe droite » (fuhr ihm ein Maschinen- [ewehr iiber den rlechten] Unterschenkel). 'uis le bulletin de santé décrit les blessures au moment où le blessé a été trouvé (Aufnahmebe-fund). En dessous, photographie du blessé, Heu et date (Maisières, l"- septembre 1914) et signatures de trois médecins. Photographies reproduites par A. Fonck : Schrotschiissen in Belgien. Berlin, s.d., in-8". — 4 : « Et avec elle se forgea la légende des atrocités. En fait, les poltrons de francs-tireurs (guerilleros) embusqués provoquèrent les répressions» (Y con ella se forjô la leyenda de las « atrocidades ». La verdad fué que las cobardes emboscadas de los guerilleros provocaron las represiones). Dessin colorié reproduit dans Los Reyes sin Corona, p. 6, brochure de propagande allemande répandue en Espagne et en Amérique latine. — 5 : Combats contre les « francs-tireurs » à Namur (Unsere Truppen im Kampf mit Franklireurs in Namur). Carte postale éditée par J. Bfittger à Cologne et répandue par les Allemands à Namur au moment de leur entrée dans la ville. Remarquer que la l'église et la façade de style Rena: flamande sont de pure invention. leur nervosité augmente et si les conséquences en deviennent plus terribles. Les dernières catastrophes provoquées par cet état d'esprit laissent bien loin derrière elles tout ce qui s'est passé jusqu'alors. A Andenne (20-21 août) elles font 211 victimes, à Tamines (22-23 août) 384, à Dinant (23 août) 665, parmi lesquelles on relève quantité de femmes et jusqu'à des enfants de deux ans ! Plus tard le bruit devait se répandre en Allemagne que la haine de race avait été la cause essentielle des forfaits des francs-tireurs. Il devint de règle de les attribuer à la rage des populations romanes de la Wallonnie contre leurs vainqueurs allemands. En réalité, la partie flamande du pays fut aussi cruellement « châtiée » que la partie wallonne. Les tragédies d'Aerschot (19 août) et de Lou-vain (26 août) oii des centaines de personnes périrent et où la plus grande partie des villes fut incendiée égalent en horreur les atrocités commises dans les provinces de Liège, de Namur et de Luxembourg. C'est seulement après la prise d'Anvers que les progrès de l'invasion cessèrent de s'accompagner de terrorisme. On n'en signale plus 2Ir»t' toinmonbo ÀJi  M^ Jiâ liâ J ^yuùify-^,^^^ osj ^tmc/ -à'il ^yê Jm^ M //mt/(if ^ / / ' L ^^ (Bruxelles, exemplaire du Musée Royal de l'Armée, section des photographies, photo n° 10916.) Cadavre d'un civil liégeois (ou andennais ?) fusillé par les Allemands en août 1914. Photographie prise immédiatement après l'exécution à l'initiative du commissaire de police de Liège Leenen s'il s'agit d'un civil liégeois. Certains estiment que ce cadavre est celui d'une victime des massacres d'Andenne. En tout état de cause, ceci est bien le corps d'une victime des Allemands. — Le musée de la Vie Wallonne à Liège possède plusieurs photographies considérées comme celles de fusillés du 22 août. Le musée de l'Armée à Bruxelles en possède quelques doubles : l'inventaire de ces derniers identifie les victimes avec les fusillés d'Andenne, mais il n'est pas dépourvu d'erreurs. (Liège, Archives du Musée de la Vie Wallonne, dossier 55 E, ni) A 16177.) Avis du général von Bulow aux autorités communales de Liège menaçant la population du traitement subi par Andenne (22 août 1914). von Biilow fait savoir qu'Andenne a été brûlée, que des civils ont été fusillés avec son consentement et que l'on a découvert des projectiles « dum-dum ». « Je porte ce fait à la connaissance de la ville de Liège pour que les Liégeois se représentent le sort dont ils sont menacés s'ils prenaient pareille attitude. » Deux jours plus tôt, des civils liégeois avaient été fusillés sur la place de l'Université (devenue Place du Vingt Août). Remarquer la tournure germanique de la dernière phrase. Signature autographe de von Biilow. — Le texte de cet avis fut imprimé sous forme d'affiche par les presses de La Meuse. durant la marche des armées à travers les deux Flandres et le Hainaut. La guerre était désormais stabilisée, la Belgique définitivement occupée et dès lors l'existence des francs-tireurs, trop évidemment invraisemblable pour continuer d'inquiéter les troupes. Mais les quatre semaines qui s'étaient écoulées depuis l'invasion avaient suffi pour couvrir le pays de dévastations. Dans les provinces de Liège, de Namur, de Limbourg et de Luxembourg plus de 350 communes sur 1.146 avaient été frappées soit dans leurs biens, soit dans leurs habitants. On estime, pour tout le pays, à plus de 5.000 personnes le nombre des civils mis à mort (9). On ne peut s'étonner si, à l'indignation qu'avait suscitée contre l'Allemagne l'ultimatum du 3 août succédait maintenant une véritable haine nationale. Les ravages commis par les troupes allemandes eurent encore un autre résultat : l'émigration d'une partie de la nation. Au début, les incendies et les fusillades qui accompagnèrent les opérations autour de Liège et de Namur ne furent guère connus dans le reste du pays. L'avance de m l'ennemi empêchait les nouvelles de se propager et l'on ignorait à peu près complètement ce qui se passait sur l'arrière. Les drames d'Aerschot et de Louvain, accomplis aux portes de Bruxelles et d'Anvers, et dont les fuyards propagèrent aussitôt l'effroi, provoquèrent au contraire une panique collective. Depuis lors ce fut devant le front des troupes allemandes une reculade éperdue. Par villages entiers, les paysans fuyaient vers l'extérieur. Dans toutes les villes, un flot ininterrompu déversait des bandes lamentables de ces pauvres gens qu'il fallait hospitaliser dans des locaux de fortune et répartir tant bien que mal parmi les locahtés voisines. La population presque tout entière de Louvain, puis celle de Malines refluèrent vers l'Ouest. Lors de la capitulation d'Anvers, un exode épouvanté s'effectua vers la Hollande. De leur côté, les fuyards massés le long du littoral cherchèrent un refuge en Angleterre quand il devint évident que rien ne pouvait plus empêcher l'ennemi d'atteindre la côte. On estime le nombre des Belges qui se sont réfugiés dans les Pays-Bas à environ un milhon, non compris les soldats qui passèrent sur le sol néerlandais après la chute d'Anvers. A la fin de novembre 1915, le nombre des émigrants en Angleterre n'était guère inférieur à 250.000. D'autres se dirigèrent vers la France, soit après la bataille du Hainaut, soit surtout par mer après l'avance allemande dans les Flandres. Au 1" janvier 1915, la statistique en fixe le chiffre à 115.000. Tout compte fait, on peut donc évaluer à 1.400.000 personnes environ, soit un peu moins du cinquième de la population totale du pays, l'importance de cette diaspora due à la terreur. Sans doute bon nombre de ces épouvantés ne tardèrent pas à regagner le pays. Plus d'un demi - million d'entre eux pourtant devaient séjourner à l'étranger jusqu'à la fin de la guerre. Nous aurons plus loin à revenir sur cette émigration qui constitue incontestablement un des phénomènes sociaux les plus frappants de l'invasion de la Belgique ( 10). (Cliché Hersieven.) Tombes de soldats belges près de l'Yser. NOTES (1) La nouvelle loi élevait le contingent annuel à 33.000 hommes et décidait que l'effectif des forces de guerre serait porté provisoirement à 340.000 hommes. (2) 11 n'y eut que de très rares violences contre les personnes et elles furent sans gravité. (3) Ce chiffre paraîtra plus significatif si l'on songe que la rapidité de l'invasion mit fin de très bonne heure au recrutement des volontaires. C'est à peine s'il put durer quelques jours dans les provinces de Liège, de Namur, de Limbourg et de Luxembourg. Il est regrettable que l'on ne dispose d'aucun renseignement sur la répartition des volontaires entre les diverses classes sociales. (4) Le colonel Schwertfeger, dans la Gazette générale de l'Allemagne du Nord du 27 juillet 1926 dit que « les événements qui ont accompagné le passage des armées allemandes par la Belgique au cours de l'été 1914 ont été, sans contestation possible, en connexité avec la participation de civils belges aux combats et n'ont été provoqués que par celle-ci. Le ministère belge de l'Intérieur, par ses prescriptions concernant la garde civique belge, doit en porter la plus grande part de responsabilité ». La garde civique, on l'a vu, était une troupe régulière instituée en vertu de la Constitution. (5) Elle fait partie du fonds allemand des Archives de la Guerre. (6) Pour les dernières accusations portées contre le gouvernement belge et la réponse de celui-ci, voy. la Revue de la Guerre de 1927. (7) Cette incroyable aberration atteste à quel point les troupes allemandes étaient atteintes de la hantise des francs-tireurs. Il faut lire, pour se faire une idée de cet état d'esprit, le récit qu'a fait de son expédition dans la province de Liège, un officier P. G. Hocker, An der Spitze meiner Kompagnie, p. 30 (Berlin, 1924). Sa mission était de purger la contrée des francs-tireurs. Il n'en a pas vu un seul. Mais il n'en est pas moins convaincu qu'il y en a partout. Chaque maison incendiée qu'il rencontre est pour lui une maison d'où on a tiré sur les soldats. (8) Fonds allemand des Archives de la Guerre. Le bruit était naturellement faux, comme le prouve le mot erledigt sans plus, Inscrit sur le document. II peut être intéressant de rappeler que le nonce de Bruxelles, Mgr TaicI, écrivait au pape, le 6 décembre 1914, qu'il n'y avait pas de francs-tireurs en Belgique. Voy. Beyens, dans Revue des Deux-Mondes, 1926, p. 866. (9) Al. Olbrechts, en utilisant les relevés fournis par les Rapports et documents de la Commission d'enquête sur les violations du droit des gens, t. 1 et II du premier volume, établit le chiffre de 5.517 victimes d'attentats commis par les troupes allemandes, dont 91 seulement après 1914, dans E. Mahaim, La Belgique restaurée, p. 16. (10) Voy. le chapitre XI. 1 ■4 ■.'■l .^i-îi I (Cliché A.C.L.) L'ancien Palais de Justice de Louvain incendié par les troupes allemandes dans la nuit du 25 au 26 août 1914. (Actuellement rue L Vanderkelen.) A gauche, l'ancien collège des Bacheliers; à droite, l'ancien Vicus ou local de la Faculté des Arts. Ces deux bâtiments universitaires, renconstruits en 1766, étaient respectivement occupés depuis le début du XIX» siècle par le Tribunal de Commerce et par le Tribunal de Première Instance CHAPITRE m 11 SITUATION GENERALE DU PAYS PENDANT L'OCCUPATION NE NATION EMPRISONNEE. - Depuis le XVIII® siècle, la Belgique a connu maintes fois le régime de l'occupation militaire. Entraînée dans tous les grands conflits internationaux elle a servi périodiquement de place d'armes ou de gage aux Puissances luttant soit pour l'hégémonie, soit pour l'équilibre de l'Europe. La guerre de la succession d'Espagne l'a fait passer, de 1706 à 1713, au pouvoir de l'Angleterre et des Provinces-Unies; les Français s'y installent durant la guerre de sept ans de 1745 à 1748, puis après la bataille de Jemmapes en 1792-1793 et de nouveau et cette fois pour vingt ans après celle de Fleurus (1794). La défaite de Napoléon la livre aux alliés en 1814-1815. Sa possession par l'Allemagne du mois d'août 1914 au mois de novembre 1918 ne constitue donc en rien un phénomène nouveau. Elle n'est qu'un chapitre de plus dans la longue histoire de la compétition des grands Etats pour la maîtrise de l'Occident. Elle ne se distingue des occupations antérieures que par la vigueur de son emprise et par la réaction nationale qu'elle a provoquée. A partir du jour où le front des armées s'est stabilisé sur l'Yser, le territoire belge presque tout entier a passé pour quatre ans au pouvoir de l'envahisseur. De ses 2.636 communes une cinquantaine seulement ont échappé à la conquête. Le pouvoir du gouvernement ne s'étend plus qu'à l'étroite hsière de la Flandre occidentale, resserrée entre l'Yser et la frontière française, et à la commune de Bar-le-Duc rattachée à la Province d'Anvers mais qui, enclavée dans les terres hollandaises du Brabant septentrional, a échappé à l'emprise de l'ennemi. Le gouvernement lui-même a émigré au loin. Retiré tout d'abord à Anvers, il s'est ensuite transporté au Havre oii l'hospitalité de la République française lui a assuré un asile provisoire. Le Roi seul, étabh à La Panne auprès des troupes dont il est le chef, est demeuré sur le sol national. Il eût été impossible d'installer les ministères et leurs bureaux au miheu des services de l'arrière, des ambu- Au Peuple Belge! C'est à mon plus grand regret que les tronpes Allemandes se volent forcies d« ^andiir la frontière de la Belgique. Elles agissent sous la centrainte d'une nteessiti in-ivitable la neutrallti de la Belgique ayant itë d^à violie par des ofTiclers français qai, soos un déguiseotent, aient traversé le territoire belge en automobile pour pinitrer en Alenagne. Belgiil C'nt DDtrt plm gruiil dé^ qoli ;|ait Nicon noyu féiittr m combit ratn dm jiegplN qgl itilMt «nii jusqu' i priient Jadit nini allléi. Soimwz twii du tforiiu Jogr di WiterlM tii c'itaiut le: arau allimandts qui ont ^ntrilnl . intpériti de ntn pitris. | I dettnictii à fondsr it ètalilir l'iDdîpttdîût it II Mais il nous faut le chemin libre. Des destructions d« ponts, de tunnels, de nies ferrées devront fitre regardées comme des attions hostiles. Belges, loiis am à choisir. ' J'espàh donc que TArmée alTemlnds lia MeuS nTsera pas contrainte de ïou£' combattre. Un chemin libre pour attaquer ctlui qui voulait nous attaquer, c'est tout ce que nous désirons. Je donne des garanties formelles à la population belge qu'elle n'aura rien a souffrir des horreurs de laifierre; que nous payeron^n or monnayé les «ivres qu'il faudra .prendre du pays; qvTnôrsolËri» montreront les meilleurs amis d'un peuple pou| lequel nous i lâ plus grande sympathie. C'est de votre sagesse et d'un patriotisme bien compris qu'il dépend d'éviter à votre pays les horreurs de la guerre. Le général Commandant en Chef FAriiée ib la von EImmioh. (Spa, Musée de la Vie Ardennaise.) (Cliché Photociné.) Proclamation adressée « Au Peuple Belge » par le général von Emmich, commandant en chef de l'Armée de la Meuse. L'affiche reproduite ci-dessus est la première que les Allemands ont apposée sur les murs d'une localité belge : à Spa, le 4 août 1914. lances et des cantonnements. Une fiction juridique a d'ailleurs assimilé les locaux qu'ils occupent au Havre au territoire belge, en les dotant du privilège de l'exterritorialité. Ainsi les autorités constitutionnelles et légales n'ont pas cessé d'exister. A côté de la Belgique envahie, il subsiste une Belgique continuant à vivre sous le régime des institutions nationales. Au point de vue du droit, il importe peu que l'Etat ne consiste plus qu'en une étroite bande de terre. L'essentiel est qu'il n'ait pas disparu, que sa souveraineté ne se soit pas interrompue et que son vainqueur ne puisse se targuer de l'avoir anéanti. Il ne subsiste pas seulement parce que ses alliés reconnaissent son droit à l'existence : il subsiste en fait. Il demeure une réalité aussi entière que si son drapeau continuait de flotter à Bruxelles sur le palais du Roi et sur le palais de la Nation (1). Sans doute les circonstances s'opposent à ce que l'organisation politique fonctionne normalement. Il est impossible de réunir les Chambres. On ne peut procéder ni au vote des lois ni au vote des budgets. Mais la Constitution n'est pas « suspendue », elle est seulement « inexécutable ». Si le Roi gouverne désormais, en vertu des pouvoirs que le Parlement lui a délégués le 4 août, non plus par des lois mais par des arrêtés-lois, ces arrêtés débutent par une formule qui affirme le maintien et le respect du pacte national : « Vu l'article 26 de la Consti- tution qui confère l'exercice du pouvoir législatif au Roi, à la Chambre des représentants et au Sénat; Vu l'impossibilité de réunir les Chambres législatives, sur la proposition de Notre Ministre..., nous avons arrêté et arrêtons. » A ce Roi qui incarne désormais la Nation et exerce en son nom le pouvoir législatif qu'elle lui abandonne pour cause de salut public, doit répondre un ministère qui, par cela même qu'il ne dépend plus que de lui, justifie comme lui la confiance de la nation. Tous les partis y sont désormais représentés ou, pour mieux dire, tous les partis s'-y absorbent en s'y unissant. A côté des ministres catholiques portés au pouvoir par les élections de 1912, figurent désormais des ministres pris dans l'opposition, puisque l'opposition, au milieu de la crise formidable que l'on traverse, se confond avec la majorité dans la volonté de sauver le peuple. Des ministres libéraux et pour la première fois un ministre sociahste font partie du Cabinet. Le personnel parlementaire s'est divisé. Les uns, les moins nombreux, ont suivi en qualité d'auxiliaires et de (Bruxelles, Collection des Admirateurs de Léopold 11 et de la Dynastie.) (Cliché Bijtebier.) Sac en jute « Vaderlandje » : souvenir des tranchées de l'Yser. Les sacs « Vaderlandje » (petite patrie) empruntent leur nom à la terre extraite du sol national dont étalent remplis les sacs pour la protection des tranchées. Dimensions : 58 x 28,5 cm. (Bruxelles, exemplaire du Musée Royal de l'Armée, Section des photographies.) Le gouvernement belge à Sainte-Adresse (près du Havre). De gauche à droite : P. Poullet, A. Hubert, P. Segers, Q. Helleputte, P. Berryer, A. Van de Vyvere, E. Vandervelde, P. Hymans, E. Brunet, E. Goblet d'Al-viella, H. Carton de Wiart, Ch. de Broqueville, J. Renl et ajoute : « J'écris avec le pouce et le petit doigt, mes trois autres doigts sont gravement brûlés, peut-être va-t-on m'am-puter celui du milieu » (octobre 1915). atténuantes étant cependant accordées aux épouses et aux enfants qui n'avaient pas accusé leur mari ou leur père (6). Quantité de mesures avaient pour but de soumettre la population à une sorte d'inquisition civile. La censure ne s'étendait pas seulement à la correspondance mais aussi à tous « produits d'imprimerie ainsi qu'à toute reproduction d'écrits ou d'images et aux compositions musicales avec texte ou commentaires obtenus par des procédés mécaniques ou chimiques et destinés à être distribués », Dès le début de l'occupation, les assemblées en plein air avaient été interdites ainsi que les réunions politiques publiques ou privées. Exception était faite pour celles de ces dernières qui présentaient « un caractère religieux, social, scientifique, professionnel ou artistique ». Cette tolérance ne subsista d'ailleurs que peu de temps. Le 25 mai 1916, un arrêté les soumit à leur tour à l'autorisation préalable. Désormais les Belges ne purent plus librement se réunir que pour assister à la célébration des cultes. Toute manifestation de patriotisme était soigneusement interdite. Défense était faite d'exposer ou de montrer en public « d'une façon provocatrice des insignes belges » ou même « d'une manière non provocatrice » des insignes d'autres pays en guerre avec l'Allemagne ou ses alliés (26 juin 1915). Pour empêcher les instituteurs d'entretenir le sentiment national chez leurs élèves, les autorités allemandes recevaient « le droit de pénétrer dans toutes les classes et chambres de toutes les écoles existant en Belgique et de surveiller l'enseignement et toutes les manifestations de la vie scolaire en vue d'empêcher les menées et intrigues dirigées contre l'Allemagne ». La surveillance fut si active qu'elle s'exerça jusque sur les livres et les cahiers des écoliers. Il suffisait de la découverte d'une phrase irrévérencieuse pour envoyer en prison l'enfant coupable de « germanophobie » (7). En revanche, quiconque faisait preuve de sentiments germanophiles était protégé contre ceux qui tenteraient de lui nuire, par la menace de deux ans de prison et de 10.000 marks d'amende (8). On s'ingéniait pourtant avec une obstination qu'explique le goût du caractère national pour la blague et la mystification à déjouer les interdictions du vainqueur. Faute de pouvoir arborer le drapeau belge, les femmes se montraient dans les rues, aux jours des fêtes nationales, parées de ses couleurs, tandis que les hommes portaient à la boutonnière, en signe d'espoir, une feuille verte, et que les boutiques et les restaurants demeuraient impitoyablement fermés. Ces manifestations, oii la raillerie s'alliait au patriotisme, ne manquèrent pas de susciter un arrêté prohibant les « démonstrations concertées se produisant sous forme d'insignes spéciaux arborés, ou d'unité de couleur exhibée dans les costumes, ou de fermeture de magasins,, restaurants, etc. » (9). L'acharnement déployé par les autorités militaires contre les moindres indices et les plus innocents du patriotisme, ne pouvait manquer d'aller contre son but. A Lierre, le 21 juillet 1916, jour de la fête nationale, une patrouille aperçut, au haut d'un grand arbre de la banlieue, un drapeau belge qu'on y avait hissé pendant la nuit. Des portraits du Roi et de la Reine entourés de poésies de circonstances étaient attachés au tronc. Aussitôt la population, à partir de 9 heures du soir, fut consignée dans les maisons. Une enquête minutieuse fut entreprise. Le 15 aoiit 1916, désespérant de trouver les auteurs du forfait « qui évidemment devaient être connus de la population », le gouverneur de la province condamna la commune à payer immédiatement une amende de 20.000 marks, renforça la garnison et ordonna que les soldats seraient logés chez les bourgeois les plus aisés dont dix furent emprisonnés dans la caserne jusqu'à l'accomplissement de ces mesures. La sentence considéra comme une «tentative de meurtre» (Mordversuch) le fait que les branches de l'arbre avaient été sciées, de sorte que les soldats chargés d'abattre le drapeau n'avaient pu monter jusqu'au sommet « qu'au péril de leur vie» (10). Les Meldeàmter furent une des institutions les plus pénibles à supporter. On appelait ainsi des bureaux chargés de la surveillance de tous les hommes nés de 1880 à 1898, c'est-à-dire en âge de service mihtaire, des anciens membres de la garde civique (11), des Belges ayant servi dans l'armée, des prisonniers civils ou militaires condamnés par les tribunaux militaires et renvoyés dans leurs foyers à l'expiration de leur peine, des nationaux des deux sexes des pays en guerre avec l'Allemagne, enfin de toutes les personnes considérées comme dangereuses ou suspectes. Ces individus étaient tenus de se présenter personnellement au Meldeamt de leur résidence au moins une fois par mois. Tout voyage, tout changement de domicile temporaire ou définitif devait être autorisé sous peine (Gand, Archives de la Ville, Atlas Ooetgebuer, boite n» 5.) « Les « Meldeëmter » furent une des institutions les plus pénibles à supporter... » (Voyez le texte et le commentaire ci-dessus.) — Vue intérieure du «Meldeamt» du Gand. Photographie d'origine allemande. (Anvers, Archives de la Ville, P. 24.) Le 21 juillet 1915 à Anvers. Des Anversois déposent des fleurs au pied de la statue de Léopold l»'' et entonnent la « Brabançonne ». d'amende, de prison ou même de déportation dans un camp de prisonniers. Ces restrictions à la liberté d'aller et de venir furent ressenties d'autant plus cruellement que la population belge avait été jusqu'alors la plus mobile de l'univers. A l'extrême abondance des moyens de communications correspondait un mouvement de voyageurs extraordinaire. Le bon marché des transports et l'institution des trains d'ouvriers qui amenaient chaque jour des dizaines de milliers de travailleurs dans les régions industrielles avaient fait du déplacement un besoin et une habitude. On éprouvait de se sentir désormais parqué et enregistré, autant de gêne que de honte et de colère. Au reste, les Meldeàmter ne parvinrent pas à atteindre leur but principal qui était d'empêcher les jeunes gens de rejoindre l'armée belge. Durant toute la durée de l'occupation c'est par milliers que, se glissant à travers les bruyères et les marécages de la Campine, ils gagnaient la Hollande d'où ils se dirigeaient vers les bureaux de recrutement établis en Angleterre et en France. Beaucoup périrent sous les balles des sentinelles, furent électrocutés au passage du fil électrique tendu sur la frontière ou capturés en route et déportés. Le nombre de ceux qui parvinrent à effectuer le passage est évalué à environ trente mille. Les Meldeàmter privèrent les Belges de l'attribut fondamental de la liberté personnelle : la police secrète leur enleva l'inviolabihté du domicile. Tous les suspects, et la moindre dénonciation faisait noter comme tel, étaient exposés à des visites domiciliaires, à des saisies de papiers ou de correspondances, à des enquêtes. Il suffisait de passer pour indésirable aux yeux de l'administration mihtaire pour être déporté non seulement sans jugement, mais même sans la moindre explication. Une personne mandée à la Kommandantur n'était pas sûre de rentrer chez elle. Il arrivait fréquemment qu'on lui apprît son transport immédiat en Allemagne. (Bruges, Musée de la Porte Sainte-Croix.) « ... empêcher les jeunes gens de rejoindre l'armée belge... Beaucoup... furent électrocutés au passage du fil électrique tendu sur la frontière... » (Voyez le texte, p. 307.) — Cadavre d'un patriote électrocuté à la frontière hollando-belge. D'autres photographies, moins saisissantes que celle-ci, ont été reproduites, entre autres, dans la Wereldkronick, hebdomadaire illustré publié à Rotterdam (numéro du 11 septembre 1915). Souvent il ne lui était même pas permis, avant son départ, de mettre ordre à ses affaires et de prendre congé des siens (12). La plus terrible des souffrances était l'ignorance où l'on se trouvait du sort des soldats. Entre la nation et l'armée, l'ennemi mettait une cloison étanche. Durant quatre ans les familles dont les fils étaient au front vécurent dans une angoisse perpétuelle. L'incertitude ne cessait que pour faire place à une certitude plus cruelle. On apprenait par la Croix-Rouge que l'enfant que l'on n'avait plus vu depuis si longtemps était tombé ou qu'il gisait blessé dans une ambulance. Seuls les soldats prisonniers pouvaient de leur camp d'Allemagne correspondre avec leurs parents. On cherchait à interpréter le silence des autres comme une preuve de leur existence. Parfois, sous forme d'annonce insérée dans le Rotterdamsche Courant, l'un d'eux donnait signe de vie. Une association traquée par la police avait assumé la tâche périlleuse de servir d'intermédiaire entre les combattants et l'intérieur du pays : elle s'appelait Le Mot du Soldat. L'emprisonnement ou la déportation des émissaires qu'elle employait ne parvint pas à interrompre son activité. Jusqu'à la fin de la guerre, elle contribua largement à entretenir le moral en entretenant l'espérance. La volonté de « tenir » que manifesta la population apparaît plus étonnante si l'on songe à sa détresse. L'arrêt de l'industrie, le chômage, la disette des vivres, la pénurie du combustible et du luminaire lui imposaient des souffrances qui allèrent croissant d'année en année. Ici encore, ici surtout, l'esprit de solidarité se manifesta de manière éclatante. A côté du Comité National, quantité d'œuvres s'ingénièrent à combattre la misère, se multipliant à mesure qu'elle s'accentuait (13). La nation sentit qu'elle continuait d'exister puisqu'elle ne s'abandonnait pas et que sa vie se prolongeait sous la forme la plus touchante par la charité et l'entr'aide des citoyens au milieu de la catastrophe collective qui les frappait. A la conspiration générale à l'égard de l'occupant, correspondit une alliance non moins générale des Belges contre le malheur commun. Les meilleurs comprirent tout de suite le devoir que la situation leur imposait. La charité devint une forme du patriotisme. Sur tous les points du pays s'éleva très rapidement une armature d'oeuvres de bienfaisance qui se substitua à l'armature politique de l'Etat. La communauté du malheur et de l'espoir rapprochait trop étroitement les Belges les uns des autres pour ne pas leur faire oublier les querelles de partis et les conflits sociaux ou linguistiques qui s'étaient exaspérés dans le calme de la paix. Si la question flamande devait devenir plus tard un ferment de discorde, catholiques, libéraux et socialistes contractèrent en' revanche une entente tacite qui les unit en un bloc indissoluble. Quelques tentatives du fanatisme politique en vue d'exploiter la situation contre le parti qui avait exercé le pouvoir depuis 1884 échouèrent dans l'indifférence ou l'inattention. Tous les représentants les plus autorisés de l'opinion donnèrent l'exemple de la concorde. Les partis ne disparurent point. La discipline, qui les soumettait à l'influence de leurs chefs, les fit en même temps obéir au mot d'ordre d'Union nationale que ceux-ci s'étaient donné. On vit en quelque sorte revivre de 1914 à 1918 cette union des partis qui avait fait le succès ADRESSE DU DESTINATAIRE. M o o •c s J= aï e âS fll| Pi^ >■0 2 o stÈë Ux o a ujuua; Ne gas déchircr lu languette. ISo 3 t Oeuvre do „MUT da SOLlUr' SoliiatK la Patrie est fière de vous SERVICE GRATUIT. D^iA, tinte le kIos du châtiment, vcakcz les morte, maKnilicz la patrie (de Broqueville). Expéditeur d'après les ntdreo militaires. M .................................................... (Liège, Archives du Musée de la Vie Wallonne, dossier 55 M, n» 28174.) « Une association traquée par la police avait assumé la tâche périlleuse de servir d'intermédiaire entre les combattants et l'intérieur du pays : elle s'appelait « Le Mot du Soldat ». (Voyez le texte ci-contre.) — Spécimen de « Mot du Soldat ». Un système d'initiales assurait en Belgique l'anonymat des correspondants dont les envois étaient centralisés à Bruxelles et parvenaient au front de l'Yser par la Hollande. Les premiers « Alots » furent expédiés le 8 mars 1915 dans des boîtes à conserves, puis dans des bidons de café à double enveloppe (voyez p. 332). Par la suite, les initiateurs du « Mot du Soldat » firent adopter le système d'une feuille de papier de ll.x9 cm. pour la correspondance. Les « Mots » réunis en forme de briques furent enveloppés dans du « gutta percha » imperméable dissimulé au besoin sous la coque des bateaux faisant le service entre la Belgique et la Hollande. A chaque feuillet étaient joints un billet n" 2 pour la réponse, une enveloppe et des billets n" 3 (un type reproduit ci-dessus) pour les soldats désireux d'entrer en rapports avec les leurs de la même façon. Pour dépister les Allemands, les passeurs employaient plusieurs voles de passage. Interdit par les autorités militaires belges le 29 juin 1915, le «Mot du Soldat» fut à nouveau toléré le lor août suivant à la condition que les correspondants supprimassent les initiales au profit des noms entiers. de la Révolution de 1830. En face de l'Allemagne, ils s'appuyèrent les uns sur les autres comme ils l'avaient fait jadis en face de la Hollande. Les groupes hostiles que la passion politique invétérée chez les Belges avait fait naître, conclurent une trêve de Dieu. Et leur cohésion même rendit plus aisée leur collaboration durant la crise. Le silence de la presse et la fermeture des sociétés politiques eurent d'ailleurs pour résultat d'empêcher les polémiques irritantes. Beaucoup de ceux que leur combativité ou leur besoin d'action y auraient engagés, trouvèrent un exécutoire dans l'espionnage ou les oeuvres de bienfaisance. Par une bonne fortune extraordinaire, il se trouva que dès le premier temps de l'occupation des hommes dont l'influence ne s'était fait sentir jusqu'alors que dans l'Eglise ou le cercle d'un parti se haussèrent au rang d'interprètes et de symboles de l'indépendance nationale. Les proclamations du bourgmestre de Bruxelles, M. Adolphe Max, eurent un retentissement d'autant plus grand qu'elles correspondaient davantage à ce sentiment de l'autonomie communale, traditionnel chez le peuple. L'exemple du premier magistrat de la capitale montra à ses collègues la voie à suivre. Sa déportation, le 26 septembre 1914, au lieu de les terroriser ne fit que fouetter leur énergie. Elle le transforma en héros national. Il prit place dans la lignée de ces martyrs de la liberté : les Arte-velde, les Egmont, les Agnees-sens, les Laruelle, dont la légende se conservait au sein du peuple. Des nombreuses fautes que son incompréhension du caractère belge fit commettre à l'administration militaire allemande, il n'y en eut guère de plus désastreuses que l'exil du bourgmestre de Bruxelles. Il faut remonter au temps du duc d'Albe pour trouver la force armée dirigée avec une semblable ignorance de la force morale. Sur les esprits auxquels le bourgmestre Max laissait son souvenir, agit bientôt la voix du cardinal Mercier. Dans le silence général elle s'éleva plus éloquente. On connaissait le cardinal comme l'un des rénovateurs de la philosophie thomiste, comme un prélat éminent, un des collaborateurs les plus estimés du pape Léon XIII, mais en dehors du clergé et des dirigeants du parti catholique, sa puissante personnalité ne s'était pas encore révélée au public. Sa quahté de chef de l'Eghse belge l'eût rendu en temps de paix incapable d'agir sur les libéraux et les socialistes. La guerre fit de lui l'incarnation de ce sentiment national qui avait uni tous les partis en une même volonté. Le retentissement de sa lettre pastorale du 1 ^^ janvier 1915, en dehors de l'enceinte des éghses s'étendit à tout le peuple. En déclarant que le pouvoir de l'envahisseur « n'est pas une autorité légitime et que dès lors dans l'intime de la conscience on ne lui doit ni estime, ni attachement, ni respect », elle faisait un devoir aux catholiques de persévérer dans la résistance en même temps qu'elle la légitimait pour tous. La Belgique, disait le cardinal, n'est pas plus une province allemande que la Galicie n'est une province russe. S'il fallait loyalement subir la situation et « ne pas faire consister le courage dans la bravade ni la bravoure dans l'agitation », les droits de la conscience imposaient l'endurance jusqu'au triomphe final de la justice. Car c'est pour elle que l'on souffrait. Et cette souffrance passerait. Mais « la couronne de vie pour nos âmes, la gloire pour la Nation ne (Bruxelles, Collection de S.M. la reine Elisabeth.) Le roi Albert et la reine Elisabeth à La Panne pendant la guerre. (Cliché A.C.L.) passeront pas ». De telles paroles ne réconfortaient pas seulement par leur texte mais par le courage qui les inspirait. La responsabilité même de celui qui les prononçait et l'éminence de sa position leur enlevaient tout caractère de provocation. En présence de l'ennemi le cardinal Mercier confessait sa foi comme Luther avait confessé la sienne devant Charles-Quint, à la diète de Worms (H). Ses protestations ne devaient plus cesser de se faire entendre et d'entretenir dans les âmes la confiance et l'énergie. Les tentatives du gouverneur général pour imposer silence au prélat se heurtèrent chez lui à un refus hautain et catégorique. Il était trop haut placé pour qu'on pût l'atteindre, du jour où il était devenu évident qu'il serait impossible de l'amadouer et qu'il était inaccessible aux faveurs et à la bienveillance dont il n'eût dépendu que de lui de s'attirer le bénéfice. L'exiler à son tour, il n'y fallait pas penser. Le scandale eût retenti trop éclatant à Rome et dans le monde, attentif à ce duel du prêtre catholique et du militaire allemand (15). Il fallut se borner à prohiber la lecture de ses mandements, à terroriser les curés chargés de les lire, à en interdire l'impression et le colportage. Vains efforts d'ailleurs. A peine rédigés, ils s'infiltraient dans la nation comme l'eau s'infiltre dans la terre. Jusqu'au bout, par mille canaux invisibles, elle fut pénétrée de la pensée du cardinal. Croyants et incroyants s'unirent en elle parce que le secret de son influence était précisément la concordance parfaite de l'âme nationale avec l'âme de Mgr Mercier. Le palais royal était vide; les regards se tournèrent vers le palais archiépiscopal de Mahnes. Le cardinal devint le premier personnage du pays comme dans la Rome du IV® siècle, abandonnée par les empereurs, le pape devint le premier personnage de la ville éternelle. L'absence du roi et de la reine n'était au reste qu'une absence physique. Leur souvenir demeurait au fond des VTLLE DE BRUXELLEJS Un avis, affiché aujourd'hui, nous apprend que le Drapeau belge arboré aux façades do nos demeures esl considéré comine une « provocation > |)ar les troupes allemandes. Le Feld-Maréchal von der Gollz, dans sa proclamation du 'à septembre disait pourtant « ne demander à personne de renier ses sentiments imtriotiques ». Nous ne pouvions donc prévoir que l'allirmation de ces sentiments serait tenue pour une oiïense. L'affiche qui nous le révélé a élé, je le reconnais, rédigée en termes mesurés et avec le souci de ménager nos susceptibilités. Elle n'en blessera |)as moins, d'une manière profonde, l'ardente et Hère population de Bruxelles. Je demande à celte population de donner un nouvel exemple du sang-lroid et de la grandeur d'Ame dont elle a fourni déjà tant de pi'euves en ces jours douloureux. Acceptons provisoirement le sacriflcc qui nous est im|)osé, relirons nos drapeaux pour éviter des conflits, et attendons patiemment l'heure de la réparation. Bruxelles, le 16 septembre 1914. Le Bourgmeslre, Adolphe MAX. Bniielln. - Typogniiiliie gt lithoijrophio E. CL'V.) !'. rue l'«clireo, 12. (Bruxelles, exemplaire des Archives de la Ville.) (Cliché Bijtebier.) Protestation publique du bourgmestre Adolphe Max contre l'ordre donné par le gouverneur von der Goitz de retirer les drapeaux arborés aux façades (16 septembre 1914). Cette affiche avait été précédée par plusieurs autres avis et protestations du bourgmestre également portés à la connaissance des Bruxellois. Le 30 août, A. Alax avait relevé en ces termes les propos que lui attribuait von der Goltz et selon lesquels le gouvernement français « aurait » déclaré au gouvernement belge qu'il lui était impossible de l'assister « offensivement » : « J'oppose à cette affirmation le démenti le plus formel. » — L'affiche du 16 septembre n'ayant pas été soumise à la censure, le général von LUttwitz, gouverneur militaire, fit arrêter Adolphe Max, mais le gouverneur général von der Goltz ordonna sa mise en liberté. Dix jours plus tard, le bourgmestre de Bruxelles répondit aux nouvelles exigences du gouvernement militaire au sujet de l'indemnité de guerre, en avisant les banques que les bons de caisse d'une valeur de quatre raillions, dus à l'occupant, étaient annulés. Le jour même, Adolphe Max était arrêté. Il fut déporté à Glatz puis à Celle-Schloss. Adolphe Max (Bruxelles, 1869-1939), bourgmestre de Bruxelles de décembre 1909 à sa mort, déporté par les Allemands le 26 septembre 1914. cœurs. Leurs actes répondaient si complètement à ce que l'on avait souhaité qu'ils fussent ! Avec un tact admirable, qui n'était que la parfaite harmonie de leur conduite avec leur nature, ils avaient assumé le rôle qu'ils devaient prendre. On se les figurait au loin. Lui au miheu des troupes, Elle dans les ambulances. Ils souffraient tous deux comme le peuple. Leur petite maison de La Panne était exposée, comme la demeure de chacun, aux bombes des avions. Ils faisaient l'un et l'autre leur devoir. Et cette volonté simple et calme de servir la nation les faisait mieux apparaître comme ses chefs. On s'était accoutumé à la dynastie, on se prit à l'aimer. Et cet amour se manifesta dans une floraison de légendes naïves et touchantes qui furent la poésie des années terribles. La presse clandestine eut aussi une très large part dans la résistance morale de la nation. Elle a son origine dans les nouvelles que, dès le début de l'occupation, on se transmettait secrètement de l'un à l'autre, copiées à la main ou dactylographiées sur des bouts de papier : traductions d'articles du Times, extraits de journaux français, analyses de discours des hommes politiques des pays alliés ou de brochures de propagande, vers ou écrits de cir- «I 14 «oliii ta. t «>« ltll> LXDf î«»t|li« 7«U«ns lirr enira MUn Kol^u lui .plr>l«w bi* i:>. Jinnir I1I1.'>. di« .ttf r»l|MHU« jevt'U bk 10. fiiM« i<>4«> UnMilian dit Krldli>>rHi»>M- .W KtÏMrlirhea rrrMrBlfiNivrnM'mmiU in Hr(iw#l z» pr«>l||ra. WprJia ur UnrlulTuag «lui /^ih.riu»rn HrhuhluikgiKlrn H^rxlrllt. I>r«liuiuil dfren Knrm unU liilull .In- K ■■«trliciM* (;rurnlk- iiiniiiMr Tfir dir Ibalu-n in Itri^n-n. dfr gêmraf-gomwrhfur in mgkn. Fn»lh(»rr VON B1SSI.N<;. Ata d<> h*f»lkiag t>a Hrl^ir nnnH bitniMf rcM ooHAf> KbaiUBg «m riMimitlijk. U» iMllioM rnuk^n of^tk^d. ««or ii»n du»r Tio Mit ptr. D**i g M hrlaliag b. un de ■ ..|.gtltgd. di« dMr^ toUdiir .aufnktlijk »ja. Df IwUUii^ ikr i«M Mmte ■«udMlbetlrigeo moti g*du» *ord«B IcB luM* tnt di n i.V Jimtri tt)1&. d* beteliag der «-••IgiBitr •iodrrl«l>niraK<^ Mrr ttù ladite lot d«a fl KiUerlijk Oe«*rMJ-CM»iru»aH iil in Rmawl- todiBB door lie (XOfiBdtB ■M-bBMbekraUaia^ **rdu opgemBtkl irn fiad* l><*laliBg«u>id M iBb>i>iwaii»vi^;«BmlrMr (Bruxelles, Archives de la Guerre, collection des affiches 1914-1918.) Ordonnance du gouverneur général von Bissing imposant à la population belge une contribution mensuelle de 40 millions de francs pendant un an (10 décembre 1914), de nouvelles prestations ne tardèrent pas à être introduites, dont le montant fut affecté à l'entretien des troupes d'occupation. Ici encore est juxtaposée à l'organisation belge une organisation imposée par le vainqueur et provenant de l'état de guerre. Le 10 décembre 1914, une ordonnance édictait pour la durée d'une année une contribution de guerre de 40 millions de francs, à lever chaque mois sur les neuf provinces (480 millions par an) et pour laquelle elles étaient solidairement responsables. Cette contribution était destinée à fournir la quote-part de la Belgique dans les frais d'entretien de l'armée allemande et de l'administration du territoire occupé. Les Conseils provinciaux furent convoqués en une séance extraordinaire d'un jour (19 décembre 1914) aux fins d'y consentir. Ils s'exécutèrent non sans protester contre la violence qui leur était faite, et à condition que les contributions de guerre antérieurement imposées au pays fussent abolies et que « toutes les réquisitions opérées pour l'armée d'occupation fussent payées au comptant à partir du jour du payement du premier terme mensuel ». Les banques se chargèrent du payement pour lequel elles émirent des titres d'emprunt interprovincial remboursables après la paix. Cette première contribution fut non seulement renouvelée l'année suivante mais portée, à partir du 22 novembre 1916, à 50 millions par mois, et à 60 millions le 21 mai 1917. Cependant, de Berlin, le ministre de la Guerre insistait pour que le chiffre en fiit élevé à 80 millions (par mois). Il ne céda que devant l'affirmation du gouverneur général qu'il faudrait dans ce cas recourir à la force et que l'intérêt du Reich en serait gravement lésé. L'épuisement du pays, dont le général von Bissing lui-même constate, en octobre 1915, qu'il ne vit plus que de son capital et a perdu le sixième de sa fortune, ne manqua pas d'influencer la conduite des Conseils provinciaux. Déjà, lors de leur convocation le 30 novembre 1915, ceux des provinces de Brabant et d'Anvers avaient refusé de prendre une décision et il avait fallu que le 14 décembre, le gouverneur général autorisât les gouverneurs militaires de ces deux provinces à conclure à leur place les contrats nécessaires en vue d'assurer la contribution et, le cas échéant, de contracter un emprunt à cet effet. La résistance ne fit que s'aggraver dans la suite. Le 2 décembre 1916, malgré la menace de se voir infliger, en cas de refus, une contribution plus élevée « qui serait imposée au besoin de force et quoi qu'on puisse faire pour s'y soustraire », tous les Conseils, sauf celui de la Flandre occidentale, émirent un vote négatif. Ce vote ne pouvait naturellement rien changer à la décision prise. Les gouverneurs des provinces furent chargés de percevoir, par voie d'emprunt, les sommes exigées (6). Quelques mois plus tard, le 17 mars 1917, un arrêté donnait aux présidents allemands de l'administration civile des provinces le droit de « se substituer aux Conseils provinciaux pour établir les comptes de recettes et de dépenses, établir le budget (provincial) et déterminer le moyen de faire face aux dépenses après avoir entendu les Députa-tions permanentes ». Il n'eut pour résultat que de pousser ces députations, à l'exemple de celle du Brabant, à cesser leurs fonctions. - L'essai tenté pour administrer le pays conformément aux institutions nationales que l'Allemagne avait laissé subsister, échouait donc. Il ne pouvait d'ailleurs en être autrement. La longue durée de la guerre contraignait évidemment le vainqueur à exploiter de plus en plus le pays à son profit. Dès lors, continuer à collaborer avec l'envahisseur apparaissait aux patriotes comme une défection. Il était impossible de persister dans la fiction de la permanence de l'Etat belge du jour oii celui-ci devait ne plus servir que de soutien à l'Allemagne. La séparation administrative, promulguée le 21 mars 1917, ne fit que I «l«,llli..H..lr fr.Br. A p-r' "."«.«l-IfMil pemliQl U .Uw aw >.>«4,. palriMnl ib c wnlBnl. ni ■ la cKaffr .W anl prniiam. qal «■ m>bI IrBM. • oxnw J^litlricM «utlUm. l4t dtHt pramlrr** n>«u«Mliln mwI * tMiwr an pl«> Urd l< 16 jaavIrT IDI&. In lirviaMliM .«inaln m plw Urd l« tO (lif]u. «lait Hiitwl I U ,1e r.mM en campaia* du CenvFiurnwai ll^i.^ Imp^l k Hraulka. DtM Um oA IM pn>,wmiletni.Kl r^iaWan d-*Ul|alim* à IVIM .h v In Uala «««nvim. U bra* Il In iMmf it en lilm mtmI «r In UNifuee m Ilelg^He. U Gourtnunr GMnl MI Mjrtpie, Biimii Vo.\ IIISSI.NT.. (Cliché Jacobs.) (Cliché Hersieven.) Le général Maurice Freiherr von Bissing, gouverneur général de la Belgique occupée (territoire de !'« Etappengebiet » exclu) de décembre 1914 à sa mort (18 avril 1917). Photographie prise en 1915 au château de Trois-Fontaines à Vilvorde au moment où le gouverneur général posait pour un portrait peint, partiellement visible sur l'épreuve. Voyez, ci-contre, le portrait que trace de lui Pirenne. tirer la conséquence inévitable des événements en mettant fin à cet Etat. LE SYSTEME EN ACTION. - Il faut reconnaître que l'administration allemande devait s'acquitter d'une tâche extraordinairement difficile, et que son échec était fatal. Pour qu'elle réussît, il eût été indispensable qu'elle pût compter sur la neutralité bienveillante de l'opinion, et l'on a vu qu'elle se trouva dès l'abord aux prises avec son hostilité déclarée. Il eût fallu encore qu'elle pût comprendre l'état d'esprit d'un pays habitué aux institutions les plus libérales du monde et dont le gouvernement contrastait à tous égards avec le sien. Il eût fallu surtout que, affamée par le blocus, l'Allemagne n'éprouvât pas la nécessité inéluctable de tirer des pays occupés par elle —■ la Belgique comme les autres — un supplément de ressources indispensable à la continuation de la guerre. Lorsque le maréchal von der Goltz fut nommé gouverneur général, on comptait à Berlin sur une victoire rapide au front occidental. A ce moment la Belgique n'était encore, pour les armées allemandes, qu'un territoire de passage. Il en fut autrement après la stabilisation de la ligne de combat de l'Yser aux Vosges. Désormais il apparaissait que la situation ne changerait plus pendant longtemps. Il fallait donc se préoccuper de l'organiser. Ce fut essentiellement la mission du général von Bissing, donné comme successeur à von der Goltz, en décembre 1914. Les Belges l'ont poursuivi d'une haine bien compréhensible, mais d'ailleurs imméritée. Ils l'ont chargé de la responsabilité de tous les maux dont ils souffraient et se le sont représenté comme leurs ancêtres du XVI® siècle s'étaient représenté le duc d'Albe. En réalité, ce vieillard en qui s'incarnaient les traditions militaires de la noblesse prussienne, n'avait à leur égard aucune prévention. Il les gouverna comme il eût gouverné n'importe quel peuple, sans se préoccuper d'autre chose que de bien servir son maître. Accoutumé à la discipline, il pensait que la population s'y soumettrait sans peine, et qu'il lui suffirait d'ordonner pour qu'on obéît, puisqu'il disposait de la force. Il ne pouvait admettre qu'il y eût dans ce peuple, hybride à ses yeux, un sentiment national. Au surplus, il avait une foi aveugle dans 1' « Organisation » en soi, ne songeant pas qu'elle ne peut réussir que par le consentement des organisés. Ainsi fait, il ne pouvait comprendre les Belges et il n'essaya pas de les comprendre. Ils lui apparurent comme une «énigme psychologique» (7). Retiré dans sa résidence de Trois-Fontaines, il évita tout contact avec eux, n'ayant de rapports qu'avec son entourage ou les ministres des puissances neutres résidant à Bruxelles. Au reste, il n'eût pas demandé mieux que d'entretenir dans le pays une prospérité qui, en manifestant les bienfaits de son gouvernement, eût tourné à l'avantage de l'Allemagne et de la Kultur. Son fils ne se lassait pas de chanter les louanges de son administration dans les Sûddeutsche Monatshefte. Quelques essais furent tentés pour initier les Belges aux progrès réalisés par la législation sociale de l'Allemagne. Il paraît certain que l'entourage du gouverneur crut pendant un temps à la possibilité d'exercer quelque influence sur les socialistes. Ils furent traités au début avec ménagement. On laissa Liebknecht faire une visite à la Maison du Peuple de Bruxelles et y exposer les avantages que les travailleurs retireraient de l'application des Emile Vandervelde haranguant les soldats belges pendant la bataille de l'Yser. Photographie extraite de ses Souvenirs d'un militant socialiste, hors-texte, pp. 256r257 (Paris, 1939, in-8»). (Cliché Vereenigde Fotobureaux.) Relève de la garde devant le Palais de la Nation occupé par les Allemands (1915). lois allemandes (8). Il fit même miroiter à leurs yeux qu'elles leur assureraient la jouissance du suffrage universel. Un peu plus tard, le gouverneur décréta l'application de la loi belge sur l'assurance des ouvriers du 8 mai 1914, que l'occupation avait empêché d'entrer en vigueur. Peut-être aussi l'exécution de la réforme scolaire, datant de la même année et retardée pour le même motif, s'explique-t-elle par le même espoir de disposer favorablement la démocratie. Ces tentatives ne pouvaient réussir. Elles se retournèrent même contre leurs auteurs. Sans doute le parti socialiste revendiquait avec énergie le suffrage universel et la réalisation d'un programme très étendu d'innovations sociales. Mais, pour atteindre son but, il ne comptait que sur lui-même. Il pouvait y compter d'autant plus fermement que ses efforts s'étaient avérés dans les derniers temps plus fructueux. Incontestablement, le Parlement belge avait commencé à s'avancer dans la voie des réformes démocratiques. Il était donc inutile de recevoir du vainqueur des lois que l'on se sentait de force à conquérir soi-même. L'organisation syndicale du socialisme belge le rendait au surplus réfractaire aux avances de l'Allemagne. Le seul moyen d'agir sur lui eût été de lui laisser une liberté d'allures qui était évidemment incompatible avec les nécessités de l'occupation. Toutes les restrictions qu'elle imposait à la liberté de réunion et à la liberté de la parole étaient aussi profondément ressenties par les associations ouvrières que par les associations bourgeoises. Quelle ironie d'ailleurs que de parler de progrès social au moment où la crise économique la plus abominable ne laissait subsister que la préoccupation du pain quotidien, et de suffrage universel alors que toute la vie politique était suspendue et que l'autorité militaire régnait en maîtresse. Personne n'ignorait d'ailleurs que si l'Allemagne impériale avait largement amélioré la situation des travailleurs, son gouvernement était animé d'un esprit nette- ment antidémocratique. Or, pour les socialistes belges la lutte qui venait de s'engager était celle de la démocratie contre l'absolutisme dont le gouverneur von Bissing était le représentant. Dans ces conditions, le rapprochement qu'il souhaitait était évidemment impossible et même inconcevable. Si les socialistes belges n'étaient inspirés contre l'Allemagne d'aucune haine de race, leurs principes internationalistes et antimilitaristes la leur faisait apparaître comme l'ennemi le plus redoutable du prolétariat. Beaucoup de leurs dirigeants s'engagèrent dans l'armée belge, avec la conviction qu'en combattant les soldats du Kaiser, ils ne combattaient pas seulement pour leur patrie mais pour la démocratie universelle (9). Incapable de se concilier les socialistes, le gouvernement allemand le fut bien plus encore de profiter des sympathies qu'une partie au moins du clergé belge lui témoignait avant la guerre. Ce fut pour lui une véritable catastrophe que de se l'être aliéné dès les premiers jours de l'invasion. Par une inconcevable aberration, les chefs militaires le rendirent responsable de l'hostilité des populations et sévirent contre lui avec une rigueur particulière. Dans quantité de villages, les prêtres furent accusés d'avoir tiré ou fait tirer sur les troupes. Un grand nombre d'entre eux périrent massacrés par les soldats ou fusillés après une condamnation sommaire. A Louvain, le traitement infligé aux membres du corps professoral mit le comble à l'indignation des catholiques. Les ménagements (Oand, Archives de la Ville, Atlas Ooetgebuer, boîte n« 5, photo n» 247.) Patrouille de gendarmerie allemande à cheval à Gand ou aux environs de la ville. General Freiherr von Lûttwilz, nommé gouverneur militaire de Bruxelles le 24 septembre 1914. qui furent dans la suite témoignés au clergé arrivèrent trop tard. L'attitude du cardinal Mercier acheva de le fortifier dans son opposition. De 1914 à 1918, l'Eglise de Belgique fut plus opiniâtrement hostile à l'Allemagne qu'elle ne l'avait été à la France de 1794 à 1800. Il fut inutile d'attendre d'elle autre chose que la défiance et l'aversion. La liberté complète dont elle jouissait à l'égard de l'Etat ne permettait pas de l'atteindre par les voies légales. Il fallut se borner à emprisonner ou à déporter ses membres les plus dangereux. Encore ne s'y résignait-on qu'avec répugnance à cause de l'influence dont elle jouissait. Il est certain qu'elle contribua pour une très large part à maintenir jusqu'au bout l'opinion catholique dans une résistance d'autant plus décidée que le sentiment religieux s'y confondait avec le sentiment patriotique. L'opposition du clergé eût peut-être été profitable à l'Allemagne si elle avait eu pour résultat d'induire celle-ci à des mesures anticléricales, qui eussent répondu aux principes des adversaires irréconciliables de l'Eghse. Mais le respect qu'elle manifestait pour le culte indiquait trop nettement que si elle en voulait aux prêtres, elle n'en voulait pas à la religion. Ses rigueurs contre le clergé ne s'en prenaient qu'aux hommes et non à leur ministère. Les victimes qu'elle fit provoquèrent autant de compassion et de colère chez les catholiques que chez les libres-penseurs. La différence de leurs convictions n'exerça pas la moindre influence sur leur conduite en présence d'un vainqueur qui les heurtait également. Dès le 27 septembre 1914, le grand-maître de la franc-maçonnerie belge proposait inutilement aux neuf grandes loges d'Allemagne l'institution d'une commission d'enquête sur les faits qui venaient de se passer en Belgique. Si les différends politiques, sociaux et religieux qui avant la guerre troublaient si profondément le peuple belge ne purent être exploités par l'Allemagne en faveur de ses desseins, il devait en aller autrement du différend linguistique. De bonne heure, elle s'ingénia à l'exploiter pour dissocier la résistance que Flamands et Wallons lui opposaient en commun. Se présentant aux premiers comme le parangon du germanisme, elle invoqua la parenté que le sang et la langue étabhssaient entre eux et elle-même, pour les exhorter à se joindre à elle et à secouer grâce à son appui, le joug que leur imposait la Belgique roma-nisée. Elle parvint, en effet, à se concilier la collaboration d'un petit groupe d' « activistes » qu'elle réussit à associer à sa politique. L'intervention de ce groupe ne devait d'ailleurs se manifester que plus tard. Il suffira d'avoir indiqué ici le rôle qu'il devait jouer en se réservant de l'exposer plus loin en détail (10). On peut donc conclure que les efforts du gouverneur von Bissing pour introduire parmi les Belges, à défaut de sympathies, du moins quelque considération pour l'Allemagne échouèrent complètement. Il ne réussit qu'à impressionner quelques visiteurs appartenant aux Puissances neutres, auxquels il fit exhiber les preuves de son intérêt pour la Kultur : expositions de prévoyance sociale organisées à Bruxelles et à Mons, mesures prises pour l'inspection des bibliothèques et des archives, inventaire des œuvres d'art. Des journahstes neutres furent invités à constater sur place le calme et l'apparente résignation du pays. L'aspect de Bruxelles, où la présence continuelle d'un grand nombre d'officiers allemands maintenait quelque apparence de luxe et d'animation, ne pouvait manquer d'agir sur ces étrangers réduits à ne voir que la surface des choses. Si le général von Bissing nourrit au début l'illusion de convaincre les Belges de la supériorité de l'Allemagne et de vaincre leur hostilité par le respect, il lui fallut bientôt se rendre compte que cette hostihté était irréductible. Du moins consacra-t-il ses efforts à sauvegarder le mieux qu'il pût les ressources du pays dans l'intérêt du Reich. Suivant l'expression d'un de ses collaborateurs, M. von Lumm, sa politique fut une Konserviemngspolitik. Avec une constance remarquable, il résista aux instances du ministère de la Guerre et du grand Etat-major qui l'eus- (Photographie du Musée de la Guerre à Mons.) Appartement du de Mons) après I château du comte de Goussencourt (route d'Obourg, sur le territoire e passage du 31" régiment d'infanterie allemand (18' division, IX° Corps d'Armée) les 23 et 24 août 1914. sent obligé à épuiser les ressources de la Belgique avec une imprévoyance fatale. Il écrivait à Berlin, le 22 octobre 1915, que son but était « de conserver, non de détruire l'économie du pays, afin qu'il pût contribuer aux besoins de l'Allemagne ». L'intérêt bien compris du Reich et de l'armée lui imposa de ménager jusqu'à la limite du possible la population et l'industrie. De là ses résistances à l'augmentation de la contribution de guerre, et plus tard à l'exportation des ouvriers. En réalité, il s'opposa éner-giquement à cette mesure qui lui fut si amèrement reprochée. Trop discipliné d'ailleurs pour résister aux ordres reçus, il les fit exécuter avec rigueur dès qu'il y fut contraint. L'Allemagne eut en lui un serviteur dévoué et clairvoyant. Ce n'est pas sa faute mais celle des circonstances s'il ne parvint pas à lui rallier les Belges. Il ne leur avait pas été envoyé afin de les gouverner pour eux, mais afin de les gouverner pour l'Allemagne. Il ne s'obstina pas à vouloir atteindre deux buts incompatibles. Tout ce qu'il pouvait faire, et il le fit, ce fut de n'exiger rien v ^ UN s ter "mÊÊm ^ (Dixmude, Hôpital.) (Cliché Asaert.) Ostensoir de l'hôpital de Dixmude remis aux soldais belges par un aumônier militaire allemand pendant la nuit de Noël 1914. Dans la nuit du 24 au 25 décembre 1914, des soldats allemands postés au front de l'Yser entonnèrent des cantiques et des Lieder populaires en l'honneur de l'Enfant-Dieu. Les soldats belges y répondirent par d'autres chants religieux. Les Allemands ayant demandé une suspension des hostilités de quelques minutes pour pouvoir remettre un « cadeau » aux Belges, et ceux-ci ayant accepté, un aumônier militaire allemand s'engagea dans le « noman's land » et remit aux Belges cet ostensoir qu'il avait trouvé Intact dans les ruines de l'hôpital de Dixmude. Cet épisode a fait l'objet d'un tableau de Sam De Vriendt conservé au musée de Dixmude. (Bruxelles, Archives de la Querre, collection des photographies.) Inscription sur le dos d'un prisonnier politique âgé de quatorze ans. Inscription peinte sur le dos du jeune Paul Hendrickx, domicilié 21, rue Verte à (Héverlé) Louvain, arrêté comme franc-tireur et déporté à Munster du 26 août au 30 novembre 1914. de ses administrés qu'en vertu de son devoir de lieutenant impérial. Les collaborateurs qui lui furent envoyés d'Allemagne étaient presque tous des fonctionnaires ou des spécialistes dont beaucoup avaient fait leurs preuves. Le directeur des banques, M. von Lumm, déploya, dans un rôle singulièrement difficile, les qualités d'un éminent financier. Celui de la division politique, le Dr. von der Lancken, était un homme du monde instruit, diplomate de mérite et aussi humain que son devoir le comportait. Autour d'eux travaillaient avec le zèle, l'application et la compétence propres aux agents de l'administration allemande, des fonctionnaires de mérite. Les éloges que la presse allemande ne cessa de leur donner sont certainement mérités en dépit de leur ton dithyrambique. Les plus fins d'entre eux durent souffrir de constater que la tâche formidable qu'ils avaient à accomplir ne pouvait aboutir. Ce sentiment ne les empêcha pas de déployer jusqu'au bout la minutie et la ponctualité traditionnelles de bons Beambten. Rien ne fut improvisé. L'examen de leurs archives atteste un ordre et une tenue exemplaires (11). On est confondu par la quantité de volumes spéciaux mis à la disposition de l'administration et par la précision des renseignements qu'ils renferment. Mais on ne l'est pas moins de voir quelle ignorance, à côté de cela, s'y manifeste de la situation morale de la nation. Il faut avouer d'ailleurs que, tenus en quarantaine par la population et n'ayant d'autre informateur que la police, ses maîtres temporaires étaient hors d'état d'en apprécier les sentiments et de (Bruges, Bourg.) prévoir la portée des mesures qu'ils lui imposaient. Au début, la collaboration des fonctionnaires belges leur fut généralement assurée. Ils avaient appris par les communications que le gouvernement du Havre parvenait à leur faire passer à travers la Hollande, que celui-ci désirait qu'ils continuassent à s'acquitter de leur tâche aussi longtemps qu'ils ne seraient pas tenus de prendre part à des mesures de guerre ou à des actes incompatibles avec le respect de la souveraineté nationale. Cette assurance fit disparaître les scrupules qui les avaient d'abord fait hésiter. La plupart d'entre eux acceptèrent de signer une déclaration promettant « de ne ren entreprendre et de tout omettre qui pût nuire à l'administration allemande dans les territoires occupés ». Ceux qui refusèrent furent privés de leurs fonctions et de leurs traitements. Les autres accomplirent loyalement l'engagement qu'ils avaient pris dans l'intérêt de leurs compatriotes. Ce n'est qu'à partir du jour oii la séparation administrative leur fit apparaître la volonté du vainqueur d'anéantir l'Etat belge, qu'ils se considérèrent comme dégagés envers lui. Le serment qu'ils avaient prêté de fidélité au Roi et d'obéissance à la Constitution et aux lois du peuple belge n'avait pas été révoqué. Il leur faisait un devoir d'honneur et de conscience de ne pas s'associer à la destruction de l'ordre de choses dont ils étaient les agents. Presque tous ceux sur lesquels pesait la responsabilité de la direction des divers services donnèrent leur démission. Ils furent remplacés par des Allemands ou par des hommes recrutés dans la petite minorité d'activistes qui s'étaient ralhés, comme on le verra plus loin, au nouveau cours de la politique allemande. Ce n'est donc que jusqu'au mois de mars 1917 qu'il est vrai de dire que, durant l'occupation allemande, la Belgique, en matière d'administration courante, fut administrée par des Belges (12). La situation des magistrats communaux fut beaucoup plus pénible et plus difficile que celle des fonctionnaires de l'Etat. Ceux-ci n'avaient qu'à continuer sous la surveillance de l'Allemagne de s'acquitter de leur besogne ordinaire. Ceux-là, au contraire, se trouvaient journellement aux prises avec l'occupant. Les réquisitions, le logement des troupes, les mesures de police, les questions de ravitaillement, de chauffage, d'éclairage, la distribution de l'eau, du gaz, de l'électricité, le problème angoissant du chômage, la surveillance des écoles donnaient lieu à des conflits permanents. Plus largement la loi belge avait étendu l'autonomie communale, plus grande était la responsabilité des magistrats qui en étaient l'organe. De tous les pouvoirs électifs, eux seuls n'ayant pas disparu, ils se trouvaient investis du privilège périlleux d'être l'unique (Cliché Brusselle.) Façade du Palais de Justice de Bruges, siège de la « Kommandantur » pendant la guerre. Le Palais a été construit entre 1722 et 1727. A l'extrême droite, vue partielle de l'ancien Greffe, reproduite t. 11, p. 119. autorité représentative qui subsistât dans le pays. Le devoir, la dignité personnelle, le souci de la popularité leur imposaient de veiller avant tout aux intérêts des communes dont ils étaient les mandataires et, par suite de la guerre, les défenseurs naturels. En face du vainqueur, leur attitude ne pouvait être que celle de la résistance passive. Ils s'ingénièrent, en invoquant la loi communale qui avait si fortement réduit l'emprise de l'Etat sur leur gestion, à éluder les ordres qu'ils recevaient des Komman-dantuTS locales, des gouverneurs mihtaires ou des Kreis-che[s. A la campagne il était facile de les réduire. Mais dans les villes, leur ténacité était d'autant plus grande que l'opinion la soutenait et l'encourageait unanimement et qu'elle avait confiance dans leur résistance. Il était impossible, en effet, aussi bien pour les chefs civils que pour les chefs militaires, de se passer du concours des magistrats municipaux. Ils étaient les intermédiaires indispensables entre eux et la population. On ne pouvait songer à leur substituer la force brutale. Elle eût été incapable de remplir une tâche qui supposait la connaissance de ce miheu complexe qu'est une grande ville. Partout elle se fût heurtée au mauvais vouloir et à l'inertie. Peut-être même eût-elle provoqué des émeutes qui eussent entraîné les conséquences les plus déplorables et excité davantage encore à l'étranger la propagande antiallemande. La déportation de M. Max avait d'ailleurs prouvé que la terreur serait impuissante. L'unique résultat en avait été de surexciter l'énergie de ses collègues. Bon gré mal gré, il fallut donc bien se résigner à discuter avec les bourgmestres, respecter leurs scrupules de légalité, s'abstenir de froisser inutilement leur sentiment d'autonomie, leur permettre de soumettre aux délibérations des Conseils communaux les décisions qu'ils étaient sommés de pren- .11 dre. Tout cela après des lenteurs et des pourparlers parfois interminables, aboutissait le plus souvent à des compromis dont il fallait bien se contenter. En somme, la conduite des administrations communales déroutait et inquiétait les fonctionnaires allemands. Ils avaient cru qu'en se substituant à l'Etat belge, ils auraient eu raison de la population. Ils ne s'étaient pas avisés que, dans les circonstances présentes, le libéralisme de cet Etat garantissait sa durée. L'autonomie qu'il avait abandonnée aux communes leur permettait de continuer à diriger la nation. Sur tous les points du territoire si abondant en agglomérations urbaines, elles manifestèrent sa résistance. En l'absence du gouvernement elles assumèrent son rôle. L'esprit municipal qu'elles avaient dé- ployé à toutes les périodes de l'histoire reprit au milieu de la catastrophe sa vigueur ancienne. Comme jadis, les hôtels de ville devinrent les refuges de la nationalité. De 1914 à 1918 l'existence collective de la Belgique ne cessa pas de s'affirmer par l'activité patriotique de toutes ses communes. L'esprit civique que sa Constitution avait respecté dans chacune d'elles lui permit plus facilement de traverser la crise. Conformément à la devise du pays, leur union fit sa force. Accablées par la même infortune, elles réagirent toutes de la même manière, et leurs résistances locales affirmèrent l'unanimité de la nation, parce que la nation n'avait pas fait de l'Etat le seul maître de sa destinée (13). (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Médailles.) Droit de la médaille de la résistance civile. Profils du cardinal Mercier, d'Adolphe Max, de L. Theodor et d'H. Plrenne dont les noms sont énumérés, avec la devise TENIR, dans la légende. — Médaille de bronze, œuvre de Godefrold Devreese (Courtrai, 1861-Bruxelles, 1941) émise en 1923 par les Amis de la Médaille d'art. Diamètre : 70 mm. m • 'A ■ ! ' ' : m .ilf N O TE s (1) Voy. H. Pirenne, Histoire de Belgique, t. VI, pp. 57 et suiv. (Bruxelles, 1926). (2) On trouvera dans le livre de L. von Kehler, Die Deutsche Verwaitung in Belgien (1927), paru dans la série allemande de cet ouvrage, une description complète de l'organisation allemande en Belgique. (3) H. Pirenne, Histoire de Belgique, t. VI, pp. 72 et suiv. (4) Ce sont les communes de Tielrode, Tamise, Saint-Nicolas et Nieukerke. Les frontières du gouvernement général et des étapes ont d'ailleurs subi quelques modifications au cours de la guerre. (5) Sur ces tribunaux et les protestations qu'ils soulevèrent, voy. J. Pirenne et M. Vauthier, op. cit., pp. 63 et suiv. (6) J. de Smet, Majoration de la Contribution de guerre belge en décembre 1916. Bulletin des Archives de la Guerre, t. Il, pp. 105 et suiv. (7) On trouvera de lui un portrait qui paraît ressemblant dans K. Bittmann, Werken und Wirken, Erinnerungen aus Industrie und Staatsdienst, t. III, pp. 116 et suiv. (Karlsruhe, 1924). (8) Voy. aussi l'intéressant récit fait par Bittmann, op. cit., pp. 33 et suiv. d'une conférence qu'il eut le 7 novembre 1914 avec quelques-uns des chefs du parti socialiste à Bruxelles. (9) Voy. les paroles caractéristiques de Henri de Man, dans Rapport sur l'activité de la centrale d'éducation ouvrière de 1914 à 1918, p. 3 (Bruxelles, 1919). Cf. Lekeu, Rapport sur l'activité du parti ouvrier pendant la guerre (Bruxelles, 1918). (10) Voy. chapitres VIII et IX. (11) A en juger par ce qui en est resté dans le pays lors de l'évacuation. Ces documents sont déposés aujourd'hui aux Archives de la Guerre. (12) Anholt, Die Deutsche Verwaitung in Belgien, p. 36 (Berlin-Bruxelles, s. d., 1917). L'auteur a été fonctionnaire durant l'occupation. (13) On consultera utilement, pour se faire une idée concrète de la résistance des autorités communales au régime d'occupation : L. Gille, A. Goms et P. De-landsheere, Cinquante mois d'occupation allemande (4 vol., Bruxelles, 1919). (Bruxelles, exemplaire des Archives de la Ville, Archives de la guerre, dossier n" 137.) « La panique provoquée par les événements avait porté le public à exiger de la Banque Nationale le remboursen^ent des billets... » (Voyez le texte, p. 338.) — Le public stationnant rue du Bois Sauvage devant l'entrée de la Banque Nationale, dans l'attente de l'échange des billets contre du numéraire (31 juillet 1914 dans la matinée). Photographie. CHAPITRE V LA CRISE ECONOMIQUE ET SOCIALE AUSES ET PROGRES DE LA CRISE. -La première conséquence de l'invasion de la Belgique fut une crise économique qui ne se distingue pas seulement par sa gravité, mais aussi par les traits particuliers qui lui furent imposés tant par la nature du pays que par les caractères de ses ressources, de son commerce, de son industrie, de sa population ainsi que par les mesures de l'occupant, l'intervention de l'étranger et l'attitude de la nation. Tel qu'il existait en 1914, le système économique belge était singulièrement vulnérable. Que l'on se représente l'Angleterre envahie par l'ennemi et l'on pourra se faire une idée assez exacte de la catastrophe que l'occupation fit s'abattre sur la Belgique. Comme l'Angleterre, en effet, la Belgique ne pouvait vivre sans se procurer par l'importation les subsistances dont son territoire ne lui fournissait qu'un peu plus du quart. Comme celle de l'Angleterre, son industrie ne se soutenait que par l'afflux constant des matières premières venant du dehors. Sa paralysie devait donc entraîner les plus graves conséquences. Et cette paralysie était inévitable. Les conditions mêmes de la guerre devaient rendre la situation plus terrible. Le blocus organisé par les ennemis de l'Allemagne exerça tout de suite sa répercussion sur la Belgique. Il était évidemment impossible que les alliés consentissent à y laisser pénétrer les vivres et les matières premières qui se fussent immédiatement écoulées de son territoire vers le territoire des Empires centraux. Elle se trouvait donc condamnée à l'encerclement économique tendu autour de ses envahisseurs. Et cela entraîna pour elle une double conséquence et un double désastre. L'Allemagne, en effet, se vit contrainte de l'exploiter à son profit et de l'exploiter de plus en plus à mesure que s'épuisaient ses propres ressources. La nécessité de continuer la guerre la força de puiser en Belgique, par mesure de salut public, non seulement les matériaux, mais les hommes qui devaient lui permettre de continuer la lutte. Cette obligation, il est vrai, eût pu tourner à l'avantage de la Belgique. Si elle avait consenti à travailler pour la guerre, à fabriquer des munitions, à produire tous ces succédanés, tous ces ersatz par lesquels la technique allemande s'acharna avec tant d'énergie et d'ingéniosité Incendie des Halles d'Ypres (22 novembre 1914). à retarder les effets du blocus, elle eût pu tout à la fois, maintenir l'activité de son industrie et même y créer ou y développer des branches nouvelles. Mais ce qu'elle aurait pu, elle ne voulut pas le faire. Aux causes physiques qui amenèrent sa détresse, s'ajoutèrent donc des causes morales. Les souffrances de la Belgique furent en partie délibérément provoquées par elle-même. Elle s'obstina dans la mauvaise fortune. Elle préféra se croiser les bras plutôt que de servir l'ennemi. Il faut se garder, si terribles qu'aient été les répercussions de la guerre, de les exagérer. Elles n'entraînèrent pas la ruine du pays. Sa restauration si rapide suffit à le prouver. S'il était vulnérable, il était robuste. En dépit des ruines matérielles, il conserva assez de vigueur pour se " remettre au travail à peine la tourmente disparue, grâce à ce qu'il put conserver de son épargne et de son outillage, grâce surtout à l'esprit de travail et aux aptitudes de ses habitants. Le réseau de ses voies de communication soit par eau, soit par terre était tellement serré que malgré les plus vastes détériorations, il en subsista assez pour pourvoir aux besoins les plus immédiats de la population. Le capital amassé pendant la paix s'entassa dans les banques où il attendit dans l'inaction le jour du réveil. Le chômage forcé et les déportations soumirent la classe ouvrière aux plus rudes épreuves sans venir à bout de son énergie. Les dévastations amenées par l'invasion, puis par la continuation des opérations militaires dans la vallée de l'Yser furent pourtant formidables. On estime que la restauration des biens matériels anéantis correspond à la dépense d'une vingtaine de milliards. Environ 100.000 immeubles, dont 1.300 édifices publics, églises, écoles, hôtels de ville, etc., furent détruits ou gravement endommagés. De la terre cultivée, plus de 90.000 hectares inondés, bouleversés par les obus, cessèrent de produire. Une partie considérable des richesses sylvestres, forêts privées ou doma-. niales, plantations d'arbres le long des routes, des canaux, des digues, des polders, disparut. Le cheptel national s'amoindrit de la moitié des bêtes à cornes, des deux tiers du nombre des porcs, de la moitié de celui des chevaux, de 35.000 moutons et chèvres, d'un million et demi de volailles. Les dégâts furent plus grands encore et en tout cas plus sensibles dans le domaine industriel. Toutes les usines furent vidées par les réquisitions de leurs matières premières, de leurs courroies, de leurs objets en métal, de leurs lubrifiants. Quantité d'entre elles furent plus gravement atteintes encore par l'enlèvement de leurs machines et la démolition de leurs halls métalliques. Des 4.700 kilomètres de lignes de chemins de fer, 1.100 furent détruites, 400 autres mises partiellement hors d'usage; les chemins de fer vicinaux perdirent 1.649 kilomètres de voie sur 4.300. Quatorze cent dix-neuf ouvrages d'art, ponts fixes et tournants, écluses, tunnels, stations, subirent les détériorations les plus graves ou tombèrent en ruine, et il faut ajouter à cela les dommages éprouvés par les réseaux télégraphiques et téléphoniques, les canaux, les installations des ports, le matériel roulant des chemins de fer, la disparition complète des automobiles, la diminution du nombre des véhicules à traction animale, etc. ( 1 ). Il est remarquable qu'au milieu de tant de désastres, la nation ait conservé en elle-même cette confiance qui déjà au XVII® siècle avait étonné les intendants de Louis XIV. Le vainqueur admira l'optimisme dont elle fit preuve. Au milieu de 1917, après trois ans d'occupation, les titres de la rente belge valaient encore 72 fr. 50, c'est-à-dire plus que les titres de rente d'aucun autre pays belligérant. Jusqu'à la fin de la guerre, en dépit de l'arrêt et de la destruction des usines, le prix des actions industrielles, quoique ne donnant pas de dividendes, demeura remarquablement élevé. La classe ouvrière ne s'abandonna pas plus que ne faisaient les capitalistes. Il suffit pour le prouver de signaler ses efforts pour sauvegarder l'existence de ses syndicats et organiser, pour occuper les chômeurs, des institutions d'enseignement professionnel. L'AGRICULTURE. — Des deux formes de l'activité productrice, l'agriculture et l'industrie, la première souf- (Cliché Anthony.) frit incomparablement moins que la seconde. Il n'y eut guère que la 25' partie du domaine agricole qui fut réellement dévastée. En dehors de la région proche de l'Yser, o£i la permanence des opérations militaires eut pour conséquence la cessation complète du travail, la destruction des fermes et la stérilité du sol, la vie rurale se continua dans tout le reste du pays. Le rendement des terres souffrit pourtant du manque d'engrais naturels et artificiels. Ceux-ci firent défaut par suite de l'interruption de l'importation étrangère et de l'arrêt de l'industrie dont ils étaient des sous-produits. Ceux-là furent largement diminués par l'enlèvement du bétail, le manque de nourriture pour les bêtes, l'interdiction d'employer la paille en litières, etc. Les pertes éprouvées par le cheptel national s'aggravèrent encore par les abatages excessifs nécessités durant l'occupation par la cessation des importations normales. Le bétail subsistant diminua de poids par suite du manque d'aliments. En prenant comme base les valeurs de 1914, on estime à plus de 500 miUions les dommages causés au sol, à près de 385 millions ceux du cheptel, à 86 millions ceux de l'outillage agricole et à environ 250 millions ceux des exploitations agricoles proprement dites (2). Si ces pertes ont réduit la production de l'agriculture, elles n'en ont nulle part provoqué l'arrêt et loin d'en diminuer les bénéfices elles les ont augmentés. A en croire les statistiques officielles, la production des céréales de 1910 à 1918 aurait passé de 2.322 kilogrammes de froment à l'hectare à 2.274 kilogrammes et de 1.981 kilogrammes de seigle à 1.250 kilogrammes. Mais ces chiffres sont évidemment inexacts. Par suite des arrêtés allemands établissant des prix maximum pour la vente des céréales, les cultivateurs avaient le plus grand intérêt à dissimuler les Ruines du village de Lombartzijde. Photographie prise en 1919. (Cliché Hersieven.) Embarquement de chevaux réquisitionnés par les Allemands à la gare d'Etterbeek-Bruxelles (1914). quantités réelles de leurs produits, afin de réahser des bénéfices supplémentaires sur les parties vendues clandestinement. La production en blés a donc diî être moins réduite qu'il ne le paraît. La diminution de la production des pommes de terre et des betteraves fut plus accentuée. En revanche la production fourragère destinée à l'alimentation du bétail, augmenta. Elle dut compenser, en effet, l'insuffisance des aliments concentrés d'origine étrangère que l'importation avait fournis avant la guerre. Pendant que le rendement agricole fléchissait, les profits des cultivateurs ne cessaient de s'élever. Si le capital se resserrait, sa valeur allait croissant ainsi que ses revenus. C'est là un phénomène normal en période de guerre. La crainte de la disette fait nécessairement hausser le prix de tous les produits du sol. En Belgique, oii la production indigène du froment ne suffisait à assurer l'alimentation que pendant 84 jours par an, ce renchérissement devait se faire sentir avec une intensité particulière. Les prix officiels décrétés par l'autorité allemande sont bien loin de la refléter avec précision. L'augmentation du prix du froment aurait été d'après eux, de 1914 à 1918, de 15 pour cent, celle du prix des pommes de terre de 300 pour 100. En réalité, elles furent beaucoup plus accentuées par suite des ventes clandestines. Durant toute l'occupation, celles-ci ne cessèrent d'être pratiquées au mépris des règlements. Toute la partie aisée de la population urbaine se ravitailla à la campagne en beurre, en œufs, en viande et en céréales, soit directement, soit par l'intermédiaire de commerçants interlopes qui l'exploitèrent avec d'autant plus de facilité qu'il était impossible de dévoiler leur trafic sans s'exposer soi-même à l'amende. L'Allemagne contribua largement de son côté à la prospérité de ce commerce prohibé officiellement. Une exportation considérable et qu'il est d'ailleurs impossible d'évaluer s écoula vers elle. Des courtiers improvisés y faisaient passer durant i'I (Cliché A.C.L.) CoMflit Je Ciiiiili|jii-aii-Paiil COMITÉ DE RÉPARTITION BECRRE - ŒUFS - I.AIT Comblain-au-Pont, 17 Juillet 1916. Avertissement Monsieur, Avec l'AUTORlSATION SPI-CIALE DE ;.\ONSIEUR LE BOURGMESTRE de Comblain-au-Pont, nous croyons devoir vous avertir que vous avez tcut intérêt à remplir exactement les engagements pris vis-à-vis de la population et librement consentis. 1" Jusqu'à nouvel ordre respecter les prix nouveaux. 2" Fournir les quantités déclarées. 3" Indiquer sur les cartes des clients la date, la quantité fournie, le prix payé et signer — afin de nous permettre le contrôle. 4" Ne fournir du beurre qu'aux personnes porteuses d'une carte de notre Comité. Faute de quoi, nous obtiendrons l'autorisation de faire RÉQUISITiOmiER votre PRODUCTION TOTiLE en beurre, œufs et lait et nous procéderons nous-même à la répartition de ces produits. POUR LE COIVIITÉ l.r Prtsidrnl, siJos. LALLEMAND Un membre, S) NIVARLET. Le Secrétaire, $) E DUSSABD. J'autorise le Con.ilé de ^'Répartition à envoyer cette lettre aux fermiers et cultivateurs de la Commune. L.e Bour^estre, (Liège, Archives du Musée de la Vie Wallonne, dossier 55F, n" 41II0.) Avertissement adressé aux fermiers et agriculteurs de Comblain-au-Pont d'avoir à fournir les quantités déclarées et à respecter les prix nouveaux sous peine de réquisition de leur production (17 juillet 1916). Circulaire adressée aux intéressés par le Comité de répartition du beurre, des œufs et du lait de la commune de Comblain-au-Pont. Les paysans réalisèrent donc des bénéfices considérables. Les documents font défaut pour étayer une évaluation même approximative de leurs profits. On cite des fermes dont le rendement passa de 1914 à 1915 de 20.000 à 70.000 francs (3). Le prix du beurre, des légumes et du lait haussa dans des proportions scandaleuses. Rien d'étonnant si les régions rurales du pays connurent une prospérité que la misère des populations urbaines rendait plus choquante. L'abondance de l'argent permit à quantité de fermiers de racheter les hypothèques qu'ils avaient contractées, d'acquérir des terres. Les dépôts faits à la Caisse d'épargne du Boerenbond, qui avaient été de 16.521.520 francs en 1914, s'élevèrent à plus de 22 millions en 1915, à plus de 39 en 1916, à plus de 76 en 1917 et à plus de 171 en 1918. La parcimonie proverbiale des paysans fit place à l'amour du confortable et aux jouissances d'une vie plus raffinée. Les femmes et les jeunes filles des villages s'accoutumèrent à l'usage du savon de toilette, des friandises, de la poudre de riz. La plaie du chômage, dont la classe ouvrière eut tant à souffrir, fut presque inconnue dans les campagnes. « Sans que des chiffres permettent à ce sujet d'asseoir une opinion sûre, on peut estimer que les capitaux accumulés par l'agriculture pendant la guerre sont d'un ordre de grandeur qui équivaut à celui des dommages immédiats subis du chef d'épuisement du sol, d'enlèvement de bétail, de destructions de bâtiments, voire de la dévastation des terres arables. Sans doute même le montant de cette épargne excède-t-il celui des dommages. » Si l'on estime celui-ci à un milliard, il suffirait pour le compenser que l'augmentation du revenu net tiré du travail de la terre ait atteint pendant chacune des quatre années de la guerre une moyenne de 250 millions de francs. Pareil accroisse- Evolution des prix officiels de quelques denrées (au kilogramme) fixés par l'autorité occupante entre 1914 et 1918. Essai d'évaluation. D'après les chiffres fournis par A, Henry : L'agriculture belge et la guerre (La Renaissance économique de la Belgique, fasc. VIII), p. 20. Bruxelles, s.d., in-8», qui ne concordent pas rigoureusement avec ceux proposés par la Revue du Travail, 1919, pp. 646-653, pour les prix du beurre et des pommes de terre à Bruxelles. — Les prix réels payés au marché clandestin dépassèrent de beaucoup les maxima imposés par l'occupant. A Bruxelles, par exemple, en 1918, le kilo de froment se payait 5 francs, le seigle 3, l'avoine 2, les pommes de terre 2,50, le beurre jusqu'à 52 francs. la nuit, tout le long de la frontière, des convois de chevaux et de bétail. De ' véritables combats furent livrés par eux aux paysans de la province de Liège et de la province de Luxembourg qui essayaient de leur barrer le passage dans les bois et les bruyères de la région. 1916 1917 1918 ..-11,50 VoilVlt 1914 1915 1916 19J7 I9j|8 ment, au jugement des spécialistes, est tout à fait vraisemblable. Tout compte fait, « il apparaît que l'agriculture belge est sortie de la guerre sans être en rien diminuée dans son avoir global » (4). Et à sa situation économique a naturellement correspondu sa situation sociale. Les paysans ont conservé leur vigueur et leur activité, que le chômage n'a pas affectées. Ils sont donc restés pour la nation un réservoir de forces vives. Sauf dans les arrondissements de Fûmes et d'Ypres, oîi la plus grande partie des habitants dut se réfugier derrière l'Yser, la très grande majorité de la population agricole n'a pas abandonné le territoire. Les paniques qui s'étaient emparées d'elle au début de l'invasion ne durèrent qu'un moment. Les fuyards ne tardèrent pas à rentrer dans leurs villages lorsqu'ils s'aperçurent que les exécutions militaires avaient cessé et que les Allemands ne forçaient pas les hommes à servir dans leurs troupes, ainsi que le bruit s'en était répandu un moment. Les constatations de la démographie confirment l'impression générale qui ressort de l'examen des phénomènes économiques. Elles montrent que de 1916 à 1918 la diminution des naissances a été beaucoup moins accentuée dans les campagnes que dans les villes et dans les régions industrielles. On a observé que dans les quatre arrondissements du pays oii la proportion de la population agricole est inférieure à 15 pour 100, les naissances se sont réduites en moyenne de 49 pour 100; pour les treize arrondissements où la proportion des agriculteurs est comprise entre 15 et 30 pour 100, la diminution est de 45 pour 100 seulement et, pour les autres arrondissements oCi l'agriculture est prédominante, la baisse n'atteint pas 39 pour 100 en moyenne (5). Notons encore que l'agriculture belge a bénéficié du fait de disposer du travail d'un nombre d'hommes bien plus considérable que celle de n'importe quel autre Etat belligérant. L'invasion très rapide du pays empêcha le u (J TwcxXtoi- lie "1914. AOUT OCTOB. 19-15 AOÛT OCTOB. 1916 AOUT OCTOB. 1917 AOUT OCTOB. 1918 AVRIL AOÛT OCTOB. (Bruxelles, exemplaire de la Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes, fonds Lefebvre, Cartes postales de la Belgique 1915-1916, t. IV.) « Les paysans réalisèrent donc des bénéfices considérables. » (Voyez le texte, p. 332.) — « Le paysan, nnaître du jour. » D'après un dessin colorié, signé Corbugy et daté de 1916. Index général des prix des denrées non tarifiées (produits alimentaires indigènes) d'août 1914 (= 100) à octobre 1918. Essai d'évaluation. D'après les chiffres fournis par la Revue du Travail, 1919, p. 645, qui ne constituent qu'une évaluation et ne concordent pas rigoureusement avec ceux proposés par l'économiste Ch. De Lannoy (ibid., pp. 654-651) bien que les deux calculs rendent compte de la même tendance générale pour chaque mois considéré (par exemple : août 1918 = 1544 ci-dessus et 1428 d'après De Lannoy; octobre 1918 = 1189 ci-dessus et 1133 d'après De Lannoy, etc.). On ne peut considérer ceci comme un « Index number » vu le nombre restreint des marchandises dont les fluctuations de prix ont pu être suivies. D'autre part, le graphique ne tient compte que de certains produits indigènes, à l'exclusion des produits importés, ceux-là mêmes dont la rareté provoqua une hausse plus prononcée encore. L'absence complète de nouvelles contribuait aussi à maintenir le calme dans les esprits. Cependant le sentiment patriotique subsistait et cette persistance au milieu de conditions bien faites pour l'étouffer, n'en est que plus remarquable. Les organisations d'espionnage comptèrent toujours de nombreux agents parmi les campagnes. Des paysans cachèrent et ravitaillèrent, au péril de leurs jours, des soldats belges, français ou anglais, qui, après les batailles des mois d'août et de septembre 1914, n'avaient pu rejoindre leurs corps. Dans chaque commune, l'œuvre du ravitaillement put toujours compter sur le dévouement des autorités municipales et des notabilités locales : instituteurs, notaires, chefs de gare, agents de l'administration forestière, agents voyers. etc. (Cliché Hersieven.) « Les organisations d'espionnage comptèrent toujours de nombreux agents parmi les campagnes. » (Voyez le texte ci-dessus.) — Bidon de café à double enveloppe et chaussure à double semelle employés pour le transport de documents d'espionnage. Ce genre de bidon servit un moment au transport de « Mots du Soldat » (voyez p. 308). Un type de chaussure à double semelle est conservé au Alusée royal de l'Armée à Bruxelles. — Photographie prise pendant la guerre, après la découverte et la saisie de ces objets par les Allemands. gouvernement d'appeler sous les drapeaux les jeunes gens arrivés durant l'occupation à l'âge du service militaire. Un certain nombre d'entre eux seulement franchirent volontairement la frontière pour rejoindre l'armée. Le nombre des volontaires fournis par les villes est incomparablement plus grand que celui des campagnes. Le travail rémunérateur que celles-ci offraient à la population mâle la retint dans ses foyers. Ajoutons que les ouvriers industriels vivant à la campagne furent atteints bien moins gravement que leurs camarades des villes par la fermeture des fabriques. Beaucoup d'entre eux trouvèrent à s'occuper dans les fermes. Les communes organisèrent d'ailleurs des travaux d'utihté générale pour les employer. Ce n'est qu'à partir du jour où l'autorité allemande interdit la continuation de ces travaux que le chômage se manifesta dans le plat pays. Le contingent qu'il fournit aux déportations pour cause de chômage fut d'ailleurs de beaucoup inférieur à celui de la population urbaine. Somme toute, les régions rurales du pays ne souffrirent donc de l'occupation allemande que dans une mesure restreinte. Pour beaucoup de leurs habitants, à n'envisager que le côté matériel des choses, elle fut même avantageuse. On ne peut donc s'étonner si les rapports qui s'y établirent entre les soldats et les paysans ne présentent pas cette hostilité dont ils ne cessèrent d'être empreints dans les villes. Les villages n'étaient au surplus occupés que par de petits postes mihtaires dont la présence n'était pas une charge. On la supportait d'autant plus facilement qu'ils contribuaient à maintenir la sécurité publique. fi/^moniv ■j-ji/fiMr UOUCE, ûMNf TC FKon>HONl FCHEue. si-u/oooo'. i.zE^LIÈE, (JARE î)e fROlîivo/vT T£i^, jaik' OlfuxItMi jlowvît djJ '^f/'O^toh, Aotlù, j>a,i iMiê^t ^it^tcuuii (MAUJ. ' (nù^du cOHiIMÙ.1^d^uii CokIÙ^ ■Cilâ^usi ïf jtaudj ^ lit CM. Uni (Wi^^lmU f-mjcH Jih. à. o^eun/^ii- àloo Miia^ ek ioM^st^- ^('ihgjS, 10 anuiii Uu/I^M} (M? itlia.lj,tnlù UI^O^I rVÛijMoJt^^ 'Ijl) 3. ek iStnehuilK-O li"»!. d^laitU t^kl^-Uu, à^Objcl:/ uMÙJtvfwni' &cij>j'Pi.udi iC Ityufkii^ ■Àau4 nilvMK■ ^^ ■ 20 ■^■H S M ■ (BruNelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Médailles, fonds de Jongh [= 1, 2, 4] ; Ostende, Bibliothèaue publique 1=3)) i . . m « Un grand nombre de communes avaient émis... des « bons de caisse » qui servaient à liquider leurs payements... » (Voyez le texte, p. 339 ) — Types de « bons de caisse ». I : Droit de bons émis par les communes de Dottignies, Marcke, Lambermont, Merxplas et Dison._2 • Revers des mêmes bons. — 3 : Bons émis à Ostende (en français et en flamand). —4 : Bons d'une série de communes. térioration de leur matériel par l'arrêt complet du travail, une certaine activité. Au mois de novembre 1916, les établissements Cockerill travaillaient encore quatre jours par semaine. En revanche, à Gand, au mois de mars 1915, les filatures et les tissages ne fonctionnaient plus qu'un jour sur cinq. Les usines qui directement ou indirectement travaillaient pour l'Allemagne furent naturellement épargnées. Telles par exemple les fabriques de meubles de Malines qui confectionnaient en série des meubles exportés au-delà du Rhin. Un régime de faveur exista au profit des établissements dont la production servait au ravitaillement du pays sous le contrôle du Comité National. Les usines nécessaires à l'exploitation des charbonnages participèrent au même avantage. Il faut enfin ajouter que les étabhsse-ments mis sous séquestre par l'ennemi continuèrent leur activité. La stagnation croissante de l'industrie entraîna sa conséquence inévitable : la plaie du chômage. Le mal fut relativement peu important dans les charbonnages pour le motif exposé plus haut. Des 145.337 ouvriers occupés en 1913 aux différents sièges, 110.110 travaillaient encore en 1918. En revanche, la statistique qui mentionne en 1913 pour la sidérurgie 35.300 ouvriers, n'en signale plus que 8.117 en 1916; pour l'industrie du zinc, les chiffres passent pour le même laps de temps de 9.324 à 1.613, pour celle des carrières de 34.893 à 6.055. Dans la fabrication des textiles, la cessation du travail à peu près complète réduisit à l'oisiveté la plus grande partie de la population ouvrière de la région verviétoise et de la région gantoise. Au chômage involontaire s'ajouta le chômage volontaire pour motifs patriotiques. Dans quantité d'usines, patrons et ouvriers préférèrent ne pas travailler plutôt que de travailler pour l'envahisseur. Il en fut ainsi par exemple des carriers de Lessines et de Quenast qui refusèrent, de fournir des pierrailles à l'administration mih-taire. Dans certaines fabriques, comme à la linière de Saint-Léonard à Liège, on déclina des commandes faites soi-disant pour la Hollande, mais en réalité pour l'Allemagne. Le personnel des arsenaux du chemin de fer à Malines, à Mons, à Gentbrugge, à Luttre s'obstina à ne pas travailler, et les rigueurs qui lui furent infligées n'eurent pas toujours raison de cette obstination. LES BANQUES (9). — L'histoire financière de la Belgique, de 1914 à 1918, ne peut être esquissée ici que très brièvement. Sa connaissance importe peu à celle de l'état social et économique de la population durant cette époque. C'est dans la période d'après guerre que les mesures financières de l'occupant devaient développer leurs conséquences. Pendant l'occupation elle-même, si on put les prévoir, il fut impossible d'y parer. Dès le début de la guerre, les espèces métalliques avaient disparu de la circulation. La panique provoquée par les événements avait porté le public à exiger de la Banque Nationale le remboursement des billets et chacun se gardait bien de se dessaisir des monnaies d'or et d'argent dont il disposait. D'autre part, le retrait en masse des dépôts avait obHgé la plupart des banques à réescompter à la Banque Nationale une partie importante de leur portefeuille. Celle-ci mit à la disposition du Consortium créé par les banques bruxelloises un crédit de 400 millions qui leur permit de surmonter la crise. Mais elle fut con- trainte d'augmenter l'émission de ses billets. Du mois de juin au mois de décembre 1914, la circulation de ces billets passa de 1 milliard 75 millions de francs à 1 milliard 614 millions. A ce moment, d'ailleurs, l'encaisse métallique et les billets de la Banque avaient été par ordre du gouvernement transportés à Anvers (3 août), d'où ils furent un peu plus tard (26 aoiit) expédiés à Londres, ainsi que les valeurs appartenant à l'Etat et à la Caisse d'Epargne. Le refus du gouvernement de les laisser rentrer en Belgique créait une situation singulièrement embarrassante. Un grand nombre de communes avaient émis, pour faire face au rétrécissement monétaire, des « bons de caisse » qui servaient à liquider leurs payements et dont les petites coupures entretenaient la circulation courante. Ainsi, le pays était inondé de monnaies n'ayant cours que sur le territoire de la commune qui les émettait ou, quand ils inspiraient confiance, dans les territoires des communes voisines. De leur côté, les Allemands parlaient de constituer un nouvel institut d'émission dans lequel ils auraient obligé les banques belges et les banques allemandes à prendre un intérêt. C'eût été la mainmise de l'occupant sur les finances nationales. Pour éviter ce péril, la plus grande banque privée du pays, la Société Générale consentit, après des incidents sur lesquels il est inutile d'insister ici, à émettre des billets pour le compte de la Banque Nationale. Elle répondait du remboursement sur tout son avoir. Confiante dans l'heureuse issue de la guerre, elle assumait ainsi une responsabilité immense sans compensation de bénéfices futurs, puisque toutes ses opérations d'émission étaient faites pour compte et au bénéfice de la Banque Nationale. Heureusement les capitaux, par cela même qu'ils restaient inactifs, s'accumulaient dans les banques. A la Société Générale, les comptes courants passèrent de 213 millions en 1914 à 348 millions en 1915 et à 519 millions en 1918. Corrélativement l'encaisse monta de 16 millions en 1914, à 143 en 1915 et à plus de 151 en 1918. Durant la même période, quantité d'autres banques doublèrent leurs capitaux. L'établissement par des arrêtés royaux des 2-4 août 1914 d'un mora-torium des effets de commerce limitant à 1.000 francs par quinzaine le retrait des dépôts en banque, avait contribué largement à les garantir contre la panique des premiers jours. Dès le mois de septembre, l'autorité allemande soumit les banques à son contrôle en les plaçant sous la surveillance de M. von Lumm, chef de la Bankabteilung étabhe par le gouverneur général. Un arrêté du 18 de ce mois leur interdit « de traiter pendant la durée de la guerre leurs affaires d'une façon opposée aux intérêts allemands ». A la suite de leur refus de faire pour l'occupant des opérations de caisse, une convention intervint le 9 octobre 1914, en vertu de laquelle la Banque Nationale ouvrit, sous la rubrique de Compte courant de l'administration civile des territoires occupés, un compte pour le financement des opérations de trésorerie indispensables au fonctionnement de l'administration belge. La promesse lui fut donnée que son encaisse ne pourrait être saisie. Dès lors, toutes ses agences en province, qui avaient fermé leurs portes à la suite de l'enlèvement de leurs fonds au début de l'occupation, reprirent leur activité, à l'exception de celles de Roulers et d'Ostende. (Propriété de la Société Générale de Belgique.) (Cliché Jacobs.) « ... la mainmise de l'occupant sur les finances nationales. Pour éviter ce péril..., la Société Générale consentit... à émettre des billets pour le compte de la Banque Nationale. » (Voyez le texte ci-contre). — Types de billets émis par la Société Générale de Belgique à la {in de 1914 et en 1915. Billets de 1.000, 100, 20, 5 (portant tous le numéro 1 de la série), 2 (n<> 5 de la série) et 1 (n» 3 de la série) francs à l'effigie de P.-P. Rubens et de la reine Louise-Marie. Jusqu'à la fin de l'occupation, l'entente la plus intime ne cessa d'exister entre la Banque Nationale, la Société Générale et les autres établissements financiers du pays. La conduite qu'ils adoptèrent s'inspira de la volonté de mettre leurs capitaux autant que possible à l'abri de l'emprise ennemie, de refuser tout concours à l'Allemagne et de conserver leurs ressources pour aider la population et les affecter après la paix à la restauration nationale. Une telle politique exigeait autant de tact que de fermeté. Car entre les tendances de l'occupant et celles des banques, le conflit fut perpétuel et donna lieu parfois à des chocs assez rudes. Le gouverneur général eût voulu que les banques, au lieu de soutenir la résistance des industriels, les poussassent à travailler pour l'Allemagne. Le morato-rium promulgué au mois d'août, en empêchant de réclamer les créances et en protégeant les débiteurs contre la saisie, donnait au monde des affaires une sécurité qui lui rendait plus facile d'échapper à l'emprise allemande. Aussi, dès le mois de décembre 1914, le gouverneur général avait-il songé à le lever. Devant les protestations géné- 1' . : ■ l-fCi'ti; î il ) I Pl I ^ t! Ih l'i F" n HISTOIRE DE BELGIQUE raies qui accueillirent son projet, il consentit à le prolonger par étapes jusqu'à la fin de janvier 1916, oii il fut définitivement abrogé. Et cette mesure eut cela de bon d'empêcher des débiteurs parfaitement solvables de continuer plus longtemps à échapper aux réclamations de leurs créanciers. La suppression du moratorium en 1914 eût été une catastrophe. A l'époque oii elle s'opéra, elle ne présentait plus de dangers. L'inondation du pays par les marks, dont l'autorité allemande, dès les premiers jours de l'occupation, avait imposé l'acceptation au taux de 1 fr. 25, menaçait l'organisation monétaire d'un grave péril. La Banque Nationale s'efforçait de les retenir. Son refus de les livrer eut pour résultat, le 3 août 1916, l'arrestation et l'internement de son directeur. Le stock de 189.500.000 marks qu'elle détenait fut saisi et envoyé à Berlin. On agit de façon analogue à la Société Générale. D'autre part, une véritable succion monétaire ne cessa d'exister durant toute la guerre sous la forme d'emprunts forcés imposés aux provinces et aux villes, et de prélèvements dans les banques contre comptes allemands. On estime qu'au moment de l'armistice, il y avait dans la circulation belge environ 4 milliards de marks (10). Ce fut une des causes essentielles de l'infla- L'Yser. Photographie prise après l'armistice. tion dont la Belgique devait avoir tant à souffrir après la paix. Les services rendus au pays par les banques et particulièrement par la Banque Nationale ne peuvent être appréciés trop haut. Ils consistèrent essentiellement en avances faites au Comité National de secours et d'alimentation et à ses comités provinciaux, aux communes et associations coopératives intercommunales, à des administrations publiques, à des institutions de bienfaisance, aux caisses de prêt instituées au commencement de la guerre, au crédit communal, à la fédération ouvrière socialiste des sociétés coopératives, au commerce et à l'industrie. Il faut ajouter que la Banque Nationale affecta plus de 200 millions de francs au payement de rentes d'Etat. Elle parvint aussi à faire retirer de la circulation la plupart des bons communaux dont le total atteignait, au mois d'août 1915, la somme de 57 millions se répartissant entre 320 communes. Elle permit enfin, soit directement, soit en aidant d'autres banques, le versement des impôts de guerre imposés aux provinces depuis 1915. Bref, la fortune acquise par le pays lui donna les moyens de traverser mieux qu'on ne l'eût pu croire une catastrophe sans précédent. (Cliché Hersieven.) NOTES (1) Les chiffres cités sont empruntés à l'ouvrage de M. E. Mahaim, cité plus haut, p. 297. (2) E. Mahaim, op. cit.. p. 154. (3) Ibid., p. 159. (4) G. de Leener, dans E. Mahaim, La Belgique restaurée, pp. 162-163. (5) R. Olbrechts, ibid., p. 29. (6) On consultera pour le sujet dont ce paragraphe ne fournit qu'une es- quisse sommaire : Ch. de Kerchove de Denterghem, L'Industrie belge pendant t occupation allemande 1914-1918, dans la série belge de cette collection. (7) En 1919 il passa à 140.000 tonnes, en 1920 à 246.000, en 1921 à 323.000, en 1922 à 480.000. (8) Mahaim, op. cit., p. 203. (9) Cf. B. S. Chlepner, dans E. Mahaim, op. cit., pp. 393 et suiv. (10) L. Franck, La Stabilisation monétaire en Belgique, p. 15 (Paris, 1927). (Bruxelles, exemplaire des Archives de la Ville, Archives de la Guerre, n" 82.) (Cliché Bijtebier.) Séance plénière du Comité National de Secours et d'Alimentation dans un salon de la Banque de la Société Générale de Belgique. Marqué d'une flèche, E. Francqui, président du comité exécutif (voyez également le portrait de la p. 349). A sa droite, P. Saura, directeur espagnol; E. Janssen, vice-président du comité exécutif; Ch. Janssen, président du comité provincial du Brabant; M. Hallet, président du comité de l'agglomération bruxelloise. A sa gauche, G. Langenbergh, directeur hollandais; chevalier E. de Wouters, vice-président du comité exécutif; baron E. Coppée fils, président du comité exécutif du comité provincial du Luxembourg; baron A. Ooffinet, président du comité provincial du Luxembourg. En face de de Wouters, vu de profil, comte J. de Mérode, vice-président du comité provincial du Brabant, ayant à sa gauche H. Jaspar, secrétaire général de la section « Aide et protection aux œuvres de l'enfance », etc. — Lithographie d'après un dessin de H. Lemaire exécuté en 1919, tirée à cent exemplaires. Dimensions de la feuille : 75x108 cm. L'exemplaire reproduit ci-dessus provient de la collection Lefebvre. Comme les autres il est accompagné d'une feuille sur laquelle sont décalqués les profils des personnages représentés, chaque silhouette étant numérotée et identifiée au bas de la feuille. On trouvera également l'identification de tous les assistants dans La Belgique et la guerre, t. I, p. 141 (Bruxelles, 1920, in-4<>) et dans l'ouvrage d'A. Chatelle : L'effort belge en France pendant la guerre, 1914-1918, p. 253 (Paris, 1934, in-4°). CHAPITRE FI(i) LA «COMMISSION FOR RELIEF IN BELGIUM» ET LE «COMITE NATIONAL DE SECOURS ET D'ALIMENTATION» 'ETABLISSEMENT ET L'ORGANISA-TION. — La crise économique qui s'abattit sur la Belgique dès les premiers jours de l'occupation allemande ne pouvait manquer d'entraîner immédiatement une crise alimentaire. L'extrême densité de la population du pays et l'insuffisance de sa production agricole le plaçaient dans des conditions plus difficiles qu'aucun autre des Etats atteints par la guerre. Il suffit pour s'en convaincre de se rappeler que les deux tiers de son ravitaillement en froment lui étaient fournis par l'importation. Or, l'importation se trouvait brusquement interrompue, non seulement par le fait même de l'invasion mais aussi par suite du blocus maritime des alliés. Surpris par les événements, le gouvernement belge n'avait rien pu faire pour approvisionner la nation. Les arrêtés pris au moment de la catastrophe touchant la défense d'exporter des vivres et donnant aux autorités le droit de saisir les blés et les farines n'étaient que des expédients sans portée et qui d'ailleurs, au miheu du désordre et de l'affolement général, ne furent pas ou ne furent qu'à peine appliqués. La rapidité de l'invasion déjouait au surplus tous les calculs et toutes les prévisions. Il faut enfin ajouter que sous le coup de la panique les magasins assaillis par les acheteurs avaient vendu leurs fonds, que les réquisitions allemandes avaient largement raflé les denrées, que les chemins de fer ne circulaient plus que pour les transports militaires, si bien que le stock déjà si insuffisant des produits alimentaires se trouvait ou monopolisé par les particuliers ou saisi par l'ennemi ou immobilisé sur place. HISTOIRE DE BELGIQUE -il Hommage d'admiration à HoQiiear et Madame Ernest SOLVAY HAItS I91S AMOUR ET CHARITE Aiment-M«Mt —AMohk - maaiM GAVOTTE H. ACKERMANS Op. 83 à m (Bruxelles, exemplaire de la Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes, fonds Lefebvre * « Amour et charité. Aimons-nous - Aidons-nous. » Gavotte composée par H. Ackermans en « Hommage d'admiration à Monsieur et Madame Ernest Solvay, mars 1915» (p. 1). Edit. E. De Saedeler et E. Possoz. La partition comporte 4 pages. Dans tous les pays belligérants, le ravitaillement national durant la guerre fut entrepris et organisé par l'Etat. En Belgique, l'Etat ayant passé aux mains de l'occupant, c'est donc à celui-ci qu'incombait la tâche que le gouvernement légal, refoulé au Havre, se trouvait dans l'impossibilité d'accomplir. Substitué aux droits du Roi et du Parlement, disposant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif, dirigeant à son gré l'activité administrative, il lui appartenait de garantir l'existence matérielle du peuple auquel il venait de s'imposer. Mais ce devoir primordial de tout gouvernement, comment eût-il pu le remplir ? Aux prises elle-même avec les plus graves difficultés alimentaires, l'Allemagne était hors d'état de pourvoir à la subsistance de sept millions d'hommes qui tombaient à sa charge. La conquête surpeu- Nombre total (exprimé en tonnes) des cargaisons de diverses marchandises expédiées en Belgique par la « Commission for Relie! in Belgium », entre le 1" novembre 1914 et le 31 octobre 1918. Les envois commencèrent le 1" novembre 1914 et se poursuivirent sans interruption jusqu'au 31 août 1919. — Chiffres fournis par O.L Gay : The Commission for Relief in Belgium. — Statistical review of relief opérations, 2« partie, pp. 20-21, s.l.n.d., in-4<', qui donne un relevé complet et détaillé de l'expédition et de la consommation en Belgique et dans le Nord de la France de toutes les denrées et de tous les objets destinés aux populations civiles des pays occupés. Dans le coin supérieur gauche, portrait de H. Hoover. plée qu'elle venait de faire paraissait inévitablement vouée à la famine. Les soldats eux-mêmes ne s'y trompaient pas. On les entendait souvent prophétiser que s'ils étaient destinés à mourir sur le champ de bataille, les Belges l'étaient à mourir de faim. Pourtant les administrations communales déployaient toute leur énergie à parer au péril qui menaçait les agglomérations industrielles et la population des grandes villes d'une disette imminente. Par des moyens de fortune qu'entravaient le désordre des communications et l'abandon des marchés par les paysans, elles parvinrent à organiser des cantines populaires destinées aux sans-travail et aux nécessiteux. Les bureaux de bienfaisance, les innombrables institutions de charité privée qui foisonnaient dans le pays, de nombreuses sociétés industrielles, des particuliers collaborèrent de toutes leurs forces avec elles. Des souscriptions publiques fournirent des ressources assez abondantes. Dans la province de Liège, des comités de ravitaillement furent créés dans la plupart des communes. Le conseil communal d'Anvers mit 10 milhons de francs à la disposition d'un comité de secours qui s'était fondé dès les premiers jours du mois d'août. D'autres villes, durant les quelques semaines qui précédèrent leur occupation, achetèrent du blé à l'étranger, établirent des boulangeries communales, des boucheries économiques, des œuvres de toute espèce en faveur des malheureux, des enfants, des familles des militaires sous les armes. Dans l'agglomération bruxelloisé, dès le lendemain de l'occupation, s'était constitué, sous la présidence d'Ernest Solvay, le grand industriel philanthrope dont le nom était entouré du respect universel, un Comité Central de secours et d'alimentation, vigoureusement soutenu par le concours du bourgmestre Max et des directeurs des banques et des grands établissements industriels ou financiers de la capitale. De très bonne heure, les administrations des régions les plus pauvres ou les plus cruellement éprouvées par l'invasion firent appel à la générosité de cet organisme. Spontanément, les communes se groupaient autour de la capitale et lui manifestaient une confiance à laquelle elle s'empressa de répondre. L'unité nationale, au milieu des angoisses de l'heure, s'affirmait ainsi par la subordination volontaire des communes à la première d'entre elles. Le Comité bruxellois devait bientôt changer son titre en celui de Comité National de secours et d'alimentation. De même qu'en 1830, la Commission administrative improvisée à Bruxelles durant la révolution contre la Hollande s'était au bout de quelques jours transformée en Gouvernement provisoire, de même, au milieu de la lutte contre la faim et l'occupation étrangère, la capitale groupa autour d'elle les efforts de toute la nation. En vertu d'une sorte de délégation tacite, elle se trouva substituée dans le domaine du ravitaillement, au gouvernement en exil. Mais si actifs que fussent les membres du Comité, si dévoués ses collaborateurs si généreuses les ressources mises à sa disposition, il était trop évident que s'il pouvait différer la catastrophe, il ne pouvait l'empêcher. Pour réussir, il était indispensable qu'il parvînt à rompre le cercle tendu par le blocus autour du pays, c'est-à-dire qu'il obtînt l'autorisation d'importer en Belgique les vivres que la production indigène était incapable de fournir. L'homme qui fut jusqu'au retour de la paix l'animateur du Comité, M. Emile Francqui, le comprit tout de suite. Les difficultés à vaincre étaient grandes. Devenue par le fait de l'occupation une annexe de l'Allemagne, la Belgique devait nécessairement être affectée par toutes les mesures prises contre celle-ci. La vie des Belges dépendait donc du bon vouloir de leurs alliés. Pour obtenir qu'ils se départissent en leur faveur de l'impitoyable rigueur qu'exigeait le succès de la guerre, il était indispensable de leur donner l'assurance que les vivres importés ne serviraient pas à ravitailler l'occupant. Cette assurance, le Comité National, association purement privée et ne jouissant d'aucun pouvoir, était incapable non sans doute de la donner, mais de répondre qu'elle serait observée. Il fallait à toute évidence, pour rassurer les alliés, leur fournir, si l'on peut ainsi dire, des cautions en qui ils pussent avoir entière confiance. Les ministres des Puissances neutres accrédités auprès du roi des Belges qui étaient demeurés à Bruxelles, acceptèrent la présidence d'honneur du Comité et se montrèrent généreusement disposés à offrir leurs bons offices et à engager leur parole envers le Cabinet de Londres dont dépendait essentiellement le résultat. Un ingénieur américain, M. M. K. Shaler, étabh à Bruxelles, venait de partir pour Londres à la demande du Comité National pour y négocier un achat de vivres. Il y rencontra M. Herbert Hoover qui, arrivé avant la guerre en vue de préparer un projet de Panama-Pacific-Exposi-tion, y était resté comme président du comité chargé du rapatriement des Américains chassés d'Europe par les événements. Le 17 octobre, M. Francqui et le baron Lambert venaient s'aboucher avec lui. Le grand cœur et l'intelligence de M. Hoover s'intéressèrent aussitôt à leurs efforts. Il conçut et réalisa, de commun accord avec eux (Photographie de l'Université de Stanford [Californie], Hoover War Library.) (Cliché Underwood & Underwood Studios, N.Y.) « Le grand cœur et l'intelligence de M. Hoover... » (Voyez le texte ci-dessous.) — Herbert Hoover (né à West Branch en 1874), président de la «Commission for Relief in Belgium ». le plan qui devait jusqu'au bout assurer l'existence du peuple dont les malheurs et la constance passionnaient alors le monde entier. Assuré de l'appui de l'ambassadeur américain en Angleterre, W. H. Page, il obtint du gouvernement de Washington la plus efficace intervention auprès du Foreign Office et des divers Etats alliés contre l'Allemagne. L'autorisation fut accordée d'importer en Belgique d'une manière permanente les vivres destinés à l'alimentation du pays, à condition que ces vivres fussent convoyés jusqu'à la frontière belge sous le patronage des ambassadeurs d'Espagne et des Etats-Unis à Londres, et de la frontière belge jusqu'aux magasins de distribution sous celui des ministres de ces mêmes Etats à Bruxelles. Assurance était donnée qu'aucune partie des importations n'irait aux occupants. Pour organiser et ces importations et la surveillance des arrivages, un groupement de personnalités américaines, sous la présidence de M. Hoover, fut constitué, dont la première séance eut lieu à Londres le 22 octobre 1914. Dix jours après, un premier arrivage composé de 2.300 tonnes de farine, de riz et de fèves acquises en Angleterre atteignait Bruxelles. Ainsi une brèche s'ouvrait dans le blocus, par laquelle devait passer durant quatre ans la nourriture du peuple belge. h il^ J ■ î 11) s 1 ï ^ f ■ FoodShip Belgium HELP FILL THE INDIANA SHIP »fTM WHEAT, FLOUR AND EVAPORATED MILK FOR THE NON-COMBATANTS IN BELCIl'M (Université de Stanford [Californie], Hoover War Library.) Affiche de propagande de la « Commission for Relief in Belgium ». Cependant, grâce à l'énergie de M. Hoover et de ses collaborateurs, une organisation gigantesque était mise en action des deux côtés de l'Atlantique. Des comités se formaient, des marchés étaient conclus, des vaisseaux loués, des entrepôts acquis à Rotterdam, d'où l'importation devait être dirigée sur la Belgique. La flotte de la Commission for Relief finit par comprendre 2.313 bateaux battant son pavillon sauveur. Malgré le danger de la navigation à travers des mers encombrées de mines et parcourues par des sous-marins parfois distraits, le nombre des accidents fut miraculeusement minime. Durant les quatre années que dura le ravitaillement, 17 vaisseaux seulement furent, torpillés, H périrent en touchant des mines (2). L'énormité des importations atteste de la manière la plus éloquente la grandeur des services rendus au pays par la Commission for Relief. D'après les statistiques publiées par M. George I. Gay, elles se montèrent durant les cinq années du ravitaillement à 5.174.431 tonnes métriques. De Rotterdam, o£i étaient déchargés les arrivages, la tâche de les faire parvenir à destination présentait les plus grandes difficultés. Il ne fallait guère songer à la confier aux chemins de fer, accaparés par l'administration militaire. On eut surtout recours aux canaux dont un grand nombre étaient d'ailleurs gravement endommagés. Les grains étaient transportés par eau vers Louvain et Bruxelles, où se trouvent les principaux moulins du pays qui les transformaient en farines. Des entrepôts provinciaux ou locaux éparpillés à travers le territoire recevaient les approvisionnements. Les provinces furent divisées en districts suivant lesquels s'effectuaient la répartition des vivres, sans tenir compte de la répartition du pays en gouvernement général et en étapes. Il y en eut 3 dans la province d'Anvers, 23 dans celle de Brabant, 26 dans la Flandre orientale, 10 dans la Flandre occidentale (3), 9 dans le Hainaut, 6 dans la province de Liège, 14 dans le Limbourg, 21 dans le Luxembourg, 21 dans la province de Namur. L'agglomération bruxelloise constitua un district spécial. Dans l'ensemble, la Commission assura la subsistance des 2.598 communes belges du territoire occupé. Si sa création fut occasionnée par les démarches du Comité National, son action ne se restreignit pas à la Belgique. La population du territoire occupé dans le nord de la France se trouvait, étant plus rapprochée de la zone des combats, dans une détresse plus profonde encore que celle des provinces belges. En mars 1915, la Commission résolut de l'englober dans le système de son organisation. 2.133 communes renfermant une population de 1 million 800.000 habitants environ et couvrant une étendue territoriale (8.100 milles carrés) presque équivalente à celle de la Belgique (11.355 milles carrés) profita désormais du bienfait de son intervention. Le succès extraordinaire de la Commission est dû essentiellement à l'habileté et à l'énergie de M. Hoover ainsi qu'à l'appui qu'il rencontra auprès du gouvernement des Etats-Unis d'Amérique. Sans eux, le Comité National n'eût pu obtenir des Puissances alliées la levée du blocus, et il est tout à fait évident qu'il n'eût pas réussi, en supposant même ce premier point accordé, à mettre sur pied le formidable organisme d'importation nécessaire à l'accomplissement de sa tâche. Enfermé à l'intérieur du pays et soumis au contrôle de l'Allemagne, avec laquelle les Etats de l'Entente ne voulaient pas négocier, il eut la bonne fortune de trouver au dehors l'appui efficace qui le sauva. Placée (Photograpliie de l'Université de Stanford [Californie), Hoover War Library.) « L'Eburon », bateau de la « Commission for Relief in Belgium ». sous le patronage des ambassadeurs et ministres américains à Londres, Bruxelles, La Haye, Paris et Berlin, des ambassadeurs et ministres espagnols à Londres et à Bruxelles et du ministre hollandais à Bruxelles, la Commission [or Relief put prendre efficacement, vis-à-vis des gouvernements en guerre avec l'Allemagne, la responsabilité effective qu'ils exigeaient. Reconnue officiellement par eux, elle ne pouvait pas ne pas l'être également par l'Allemagne. Car l'Allemagne était trop intéressée à se décharger sur la Commission d'une mission qui lui incombait. Sans doute, elle eût préféré diriger elle-même les opérations du ravitaillement tout en n'en supportant pas les charges. Mais l'indépendance de la Commission à son égard était trop évidemment liée à l'existence même de celle-ci pour qu'elle pût hésiter à la subir. Le gouverneur général et le commandement de la zone des étapes s'engagèrent donc à ne pas saisir les denrées importées. Ils consentirent à ce que leur répartition fût surveillée par les agents américains de la Commission, dont on vit bientôt les automobiles, ornés du drapeau étoilé, sillonner les routes de Belgique. Les rapports entre ces agents et les autorités allemandes furent confiés à une Vermittelungsstelle siégeant à Bruxelles. L'œuvre entreprise requérait des ressources considérables. Une partie en fut fournie, surtout au début, par des dons volontaires soit en argent, soit surtout en nature. Non seulement en Amérique, mais dans le monde entier, un élan magnifique de charité suscita la formation de comités dont le nombre ne fut guère inférieur à 2.000. Il y en eut dans tous les pays neutres de l'Europe, en Angleterre, aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande, aux Indes, à Ceylan, en Afrique du Sud, dans les républiques de l'Amérique latine, aux îles Philippines, à Hawaï et en bien d'autres Etats. Durant le mois de novembre 1914, les dons en nature représentent 47 pour cent de la valeur totale des cargaisons arrivées d'outre-mer. Ils passent ensuite par une diminution progressive qui, en mars 1915, les fait tomber à 11,5 pour cent et qui dans la suite les réduisit bientôt à une quantité tout à fait négligeable. S'il en fut ainsi, ce n'est pas que l'intérêt pour le sort de la Belgique se soit refroidi, mais la Commission engagea ses comités de propagande à substituer aux dons en nature des versements en argent. Les «ri"* (Driebergen, propriété de M. M. van VoIIenhoven.) M. Maurice R. van VoIIenhoven (né à Haarlem en 1882). Chargé des intérêts néerlandais en Belgique à la suite du départ au Havre du ministre plénipotentiaire Jiir. van Weede (1914-1917), ministre résident depuis mai 1917, puis envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire, « ministre protecteur > pendant la guerre 1914-1918 en compagnie de Brand Whitlock et du marquis de Villalobar (voyez p. 351), bourgeois de Bruxelles, de Oand et de Liège, citoyen d'honneur d'Anvers. Des trois « ministres protecteurs », seul M. van VoIIenhoven est encore en vie à ce jour. 11 a rappelé ses relations avec le Comité National de Secours et d'Alimentation et avec les autorités d'occupation dans ses Mémoires (Amsterdam-Bruxelles, 1948, in-8») et dans Het geslacht van VoIIenhoven (Bruxelles, 1917, in-4»). — Portrait peint par Jacques Madyol et offert à M. van VoIIenhoven par un groupe de personnalités belges le 11 novembre 1917. objets provenant de dons étaient, en effet, d'une distribution difficile parce qu'ils arrivaient par petites quantités et requéraient un travail de triage considérable. De plus, ils ne convenaient pas toujours aux besoins ou aux habitudes de la population belge. Enfin, il fallait consacrer à leur transport une partie du tonnage affecté à l'importation des produits les plus indispensables à l'alimentation. Aussi, depuis le mois d'avril 1915, les vivres exotiques introduits (Bruxelles, exemplaire du Musée Royal de l'Armée, fonds Vranckx.) «... on vit bientôt les .automobiles, ornés du drapeau étoilé, sillonner les routes de Belgique. » (Voyez le texte ci-des-sus.) Automobile de la « Commission for Relief in Belgium » inspecté par des soldats allemands. Le soldat casqué et portant son fusil en bandoulière masque probablement le drapeau des Etats-Unis qui flottait sur le garde-boue des véhicules de la Commission... i'I: (Tournai, Musée de Folklore.) (Cliché Alessiaen.) Sac de toile provenant de Vancouver. AUX HEROÏQUES BELGES (lettres rouges) — DE LA PART DE LEURS AAIIS : VANCOUVER CANADA (lettres jaunes à bordure noire). Dimensions : 38x60 cm. en Belgique provinrent-ils presque exclusivement des achats en gros effectués par la Commission. La valeur des dons en nature ou en argent reçus par elle depuis sa fondation, le 22 octobre 1914 jusqu'au 30 septembre 1920 se monte à 6.556.806 livres sterling soit (au pair) à plus de 163 millions de francs. Il faut y ajouter les services gratuits d'une grande partie du personnel employé par la Commission, les concessions et les privilèges que lui accordèrent des compagnies de chemin de fer, de navigation d'assurances, des courtiers maritimes ou commerciaux et la collaboration gracieuse de quantité de particuliers. Le meilleur des sommes employées par la Commission lui vint du gouvernement belge. Elle s'acquittait d'une fonction que les événements empêchaient celui-ci de remplir, mais à laquelle il avait le devoir moral de participer dans la mesure de ses forces. A partir du mois de janvier 1915, il lui fournit, grâce au crédit de ses alliés, un subside mensuel de 25 milhons de francs qui fut élevé à 37.500.000 francs deux ans plus tard. Lorsque, au mois de juin 1917, les Etats-Unis prirent place à leur tour parmi les belligérants, ils ouvrirent à la Commission un crédit de 15 millions de dollars par mois (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Alédailles, fonds Lefebvre.) Insigne des collaborateurs de la « Commission for Relief in Belgium » (agrandi). ECU émaillé des Etats-Unis et légende COMMISSION FOR RELIEF IN BELGIUM. 1914-1916. Bouton doré, œuvre de Pousset (1916), (au pair 77 millions 850.000 francs) pour payer les achats faits chez eux. On estime que du 1" novembre 1914 au 31 décembre 1918, celle-ci a introduit dans le pays pour 3.442.821.645 francs de marchandises. Au total, les dépenses effectuées entre ces deux dates atteignent le chiffre de 3 milliards 497 millions de francs. L'entrée en guerre de l'Amérique n'interrompit pas un seul jour l'activité de la Commission. Elle eut naturellement pour conséquence le départ de Bruxelles du ministre des Etats-Unis, M. Brand Whitlock, qu'accompagnèrent dans sa retraite les agents américains qui avaient jusqu'alors exercé le contrôle de la distribution des vivres. Un nouveau comité, qui prit le nom de Comité hispano-néerlandais et fut placé sous le patronage du ministre d'Espagne, marquis de Villalobar, et du ministre de Hollande, M. van Vollenhove, se substitua à lui et continua jusqu'à l'armistice l'œuvre si admirablement commencée (4). La tâche de la Commission [or Relief a consisté essentiellement à fournir à la Belgique, durant les années de guerre, le supplément de vivres que l'insuffisance de sa production nationale l'obligeait, en temps normal, à se procurer au dehors. A l'importation régulière dont la contre-partie consistait durant la paix en produits exportés, se substitua donc une importation de bienfaisance financée par la charité et les subsides du gouvernement belge. Le pays dans son ensemble fut réduit à la condition qui était devenue celle de ses habitants : il reçut sans rien fournir en échange. Il s'endetta, mais il vécut. Cependant, il ne suffisait pas d'avoir rendu possible le ravitaillement de sept millions d'hommes en dépit de tous les obstacles suscités par la politique et par la guerre, il restait à organiser ce ravitaillement, c'est-à-dire à faire pénétrer jusque dans les communes les plus éloignées d'un pays désorganisé, les vivres amenés par les navires à travers les mines et les sous-marins. Ce fut la tâche du Comité National de secours et d'alimentation. Il sut la remplir avec autant de dévouement et d'habileté que la Commission [or Relief avait rempli la sienne. Une double organisation assura donc la subsistance du peuple belge : l'une au dehors, la Commission, l'autre en dedans, le Comité; la première achetant et important, l'autre recevant et distribuant; celle-ci formée d'Américains et de neutres, celle-là exclusivement composée de Belges. La création du Comité National, on l'a vu plus haut, est antérieure à celle de la Commission for Relief. Constitué tout d'abord par la généreuse initiative de particuliers au milieu du chaos provoqué par l'invasion, ne jouissant que d'une existence précaire sous la domination de l'étranger et ne pouvant compter sur l'avenir dans l'incertitude où il se trouvait de recevoir des vivres du dehors, il devint, du jour où le ravitaillement fut assuré, un organisme robuste et définitif. Il importe de remarquer que ce ravitaillement fut loin de provenir exclusivement de l'importation. Le point de vue du Cabinet de Londres était de limiter les arrivages du dehors au déficit de la production indigène. Agir autrement eût abouti à laisser les Allemands disposer de celle-ci à leur profit. Dès le 31 décembre 1914, le gouvernement allemand promit à l'ambassadeur des Etats-Unis à Berlin d'interdire dorénavant la réquisition des vivres et fourrages de toute espèce qui sans cela eussent dû être remplacés par la Commission for Relief. Le 14 avril 1916, on en arriva à la signature d'une convention défendant l'exportation hors du territoire du gouvernement général des vivres, bestiaux, denrées et fourrages ainsi que des semences, engrais et approvisionnements agricoles, de les réquisitionner ou de les acheter pour les besoins de l'armée d'occupation. Jusqu'à la fin de la guerre, le Comité National, ne devait pas cesser de conserver le caractère juridique d'une association privée sans but lucratif. Il ne fut jamais qu'un simple groupement de fait sans reconnaissance légale. Il ne posséda ni statuts, ni règlement écrit. De parti pris, il refusa d'obtenir la personnification civile. Il n'existait pas comme corps distinct des personnes qui le composaient et dont chacune était individuellement responsable de la gestion de tous. Ce caractère d'organisme purement privé lui procurait l'avantage de n'offrir aucune prise à l'organisation allemande. Grâce à elle, il échappait au contrôle qu'elle avait institué sur les sociétés commerciales. Officiellement, ses avoirs en banque, ses marchandises, son matériel ne lui appartenaient pas et ne relevaient que de la Commission for Relief et des ministres protecteurs. Ainsi, vis-à-vis des biens dont il dispose, il se trouve dans une situation analogue à celle des fonctionnaires de l'Etat vis-à-vis des finances publiques. Et, en fait, la mission qu'il s'est volontairement attribuée entre par sa nature dans les attributions de l'Etat et de ses organes subalternes, la province et la commune. Les services qu'il rend sont essentiellement des services publics et, dans la réalité des choses, sinon en droit, son rôle est celui d'une autorité publique. Son action bénévole se substitue à l'action que le gouvernement national ne peut plus accomplir et que le gouvernement occupant refuse d'assumer. Et comme cette action est indispensable, puisque c'est d'elle que dépend le ravitaillement du pays, bon gré, mal gré, force est bien de la lui abandonner. L'autorité allemande l'envisage pourtant avec une défiance trop compréhensible. Il ne lui échappe pas que la tâche qu'il remplit fait de lui un Etat dans l'Etat et lui donne sur la population qu'il alimente une influence d'autant plus dangereuse que son caractère national s'affirme plus nettement. Elle supporte impatiemment que les i!l ; .H iii: iPhotographies de l'Université de Stanford [Californie), Hoover War Library.) Quelques-uns des principaux collaborateurs de la « Commission for Relief in Belgium ». De gauche à droite : Hugli Gibson, secrétaire de la légation des Etats-Unis à Bruxelles. — Vernon Kellogg, sous-directeur pour le Nord de la France (juin-septembre 1915), directeur à Bruxelles (septembre-novembre 1915 et juillet-octobre 1916), directeur itinérant en Amérique, à Londres et a Bruxelles (1916-1918). — Millard K, Shaler, membre actif de la C.R.B. depuis ses débuts. — William L. Honnold, directeur de la C.R.B. à Londres puis à New York. — Edgard Rickard, secrétaire honoraire à Londres (octobre 1914-octobre 1916), sous-directeur à New York (novembrbe 1916-mal 1917) puis a Washington (depuis mai 1917). (Bruxelles, exemplaire des Archives de la Ville, fond Keym, n" 131, photo n» 774.) Magasin de la « Commission for Relief in Belgium » à Tubize. circonstances l'obligent à laisser dépenc URiJtiat nr ('nmrt «r. Srcottii : OBSERVATIONS. - ^^rulr* le» prriM>nnp« muniot àf rrtli* rsrit |»»'!irv»l >r jin-M-iih-r à in s^«*tinii chsu&fure* pourlvs rp|»:ir.-itit>ir6: If» jour» i-t hi-nren stroiit illlli^|lli■^ par un Rvi!>. Ccllf cxrip i-M »li'i«-i«inviit p«-r<*intii-lli-: tniitc rr;iiitl<' i «laii^ !<>« mi-illrurt^ ron >lili>Mis |K)s«.|lilrs: !«r jtai'MiiPiit d«'»ra «Vrtprcupr «u comptunt xprê» Il r<^piiraiion. Me pliêx pat eHtê ctHt tt prepr*. NâUQBât! KoaMt to ootolfoo*' ® tin BirtA SFEt % _ NaUoual KoalIeH ^^ » m» HBlp «■ Vocdk* ^ Conllé NUkinal de Secowi et d'AUnemadon | coMrrC toAucounT »i lii' . CotnmoM Qhïo I ' O . w BO^pnyB ■ ç^ï EÊ3E i r*lieaile PMtdKlM CnonuiM de Olilla i — O »ow fOWt o O - en r OOED VOO* S j 1 rants. zeep ---«Ti.»., , NelioMl Ko«iIkH I KXr Halp ea Vtxittg ' MO^m O j COCO vooa ® j i rants. zeep J'»/// M • 1 -1 ' 1 M.|. Gonlli NXSoiulde Seawn eKfAlinenliliaa ctmnrt uxJt»WAUoun..... 4 raltméêm» ' PUaSrdB. _______ . c 1 « J ■ 1 -J:| ConlW HiUiiii» de teosre et d-Allm C««IT» uMÊfn WALCODAT ftwhfcitll----- -1 -i-VUlA. Commum de Olinn — eo ton POUR o CamiaMdiOMhi _ — O BON FOUR O PigMBfctilll ® Comité Nallonal de Secours et d'Alimcntalion Comité provincial du LUXEMBOURG Comité local LIVRET ' DÉLIVRÉ A Nom et prénom ^^ la^t * du titulaire demeurant ...................------ - Numéro matricule Nombre de personnes constituant le ménage j 1 ______ Magasin du Comité local N» —............. Magasin communal M". .....................- (Voir au dot ân Irrret.) \ sonnes que leur autorité, leur compétence ou leur dévouement lui recommandaient. Ce furent pour la plupart, des hommes d'affaires, des banquiers, des industriels, des administrateurs, choisis parmi les trois grands partis. Des hommes politiques leur furent adjoints, non en vertu du mandat que leur avaient conféré les électeurs, mais en vertu de leur situation personnelle. Quant aux fonctionnaires belges restés en activité, on s'abstint de propos délibéré de faire appel à leur concours. Les obligations qu'ils avaient dû contracter à l'égard de l'occupant ne leur eussent pas permis une indépendance complète et ils se fussent trouvés continuellement tiraillés entre des devoirs et des responsabilités contradictoires. La même exclusive s'étendit aux magistrats communaux. Les associer aux travaux du Comité aurait entraîné, en effet, une confusion inextricable entre les services de bienfaisance organisés par les communes et placés sous la surveillance allemande, et les services ressortissant exclusivement au Comité. Il fallait qu'en toute occurrence celui-ci, pour conserver l'autonomie qui était sa sauvegarde, n'eût à répondre que de lui-même. (Propriété de M. L, Fejerina, Chancelier de l'ambassade d'Espagne à Bruxelles.) (Cliché Pardon.) Don Rodrigo Ramirez de Saavedra y Vineni, marquis de Villalobar (Madrid, 1866-Bruxelles, 1926). Envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de S.M. le roi d'Espagne auprès de S.M. le roi des Belges, « ministre protecteur » pendant la guerre 1914-1918, bourgeois de Bruxelles, Oand et Liège, citoyen d'honneur d'Anvers, membre correspondant de l'Académie royale d'histoire d'Espagne. — Photographie prise vers 1923. ressemble singulièrement à celui que l'Allemagne fut contrainte d'adopter pour permettre au Comité National de ravitailler la Belgique occupée et exploitée par elle. Le régime qu'elle lui concéda fut dans toute la force du terme un régime d'immunité. En vertu des conventions passées avec les ministres protecteurs, non seulement elle s'engagea à ne pas réquisitionner les biens du Comité, à respecter ses magasins, à n'exercer aucun contrôle sur ses séances, mais elle reconnut encore à ces ministres le droit d'exercer en la faveur et à la demande du Comité, un droit d'intervention qui faisait d'eux ses protecteurs légaux, et comme on eût dit au IX® siècle, ses avoués. Comme au IX* siècle, le Comité fut donc affranchi ab introttu judicum publicorum. L'intervention de l'occupant s'arrêtait aux limites de son domaine. Il n'était, si l'on peut ainsi parler, surveillé que de l'extérieur. Dans la sphère de ses attributions propres, il jouissait d'une autonomie complète. Il lui appartenait donc tout d'abord, en vertu de cette même autonomie, de se composer comme il l'entendait et de choisir librement les membres de son personnel. Dès le premier jour, le Comité Central s'était constitué par cooptation. Transformé en Comité National, c'est suivant le même principe qu'il continua de se recruter. Aucun contrôle ne fut exercé sur son droit de s'adjoindre les per- (Photographle de l'Université de Stanford [Californie], Hoover War Library.) Brand Whitlock (Urbana [Ohlo], 1869-Cannes, 1934). Ministre plénipotentiaire des Etats-Unis d'Amérique en Belgique, « ministre protecteur > pendant la guerre 1914-1918, bourgeois de Bruxelles, Qand et Liège, citoyen d'honneur d'Anvers, membre de l'Académie américaine et de l'Académie royale de Belgique. Brand Whitlock a publié ses souvenirs sur l'occupation allemande en Belgique : Belgium under the Oerman occupation. A Personal narrative. New Yorit-Londres, 1919, 2 vol. in-S». (Mallnes, Hôtel de Ville.) Distribution de soupe à l'hospice Saint-Joseph à Malines pendant la guerre. Tableau peint par Rik Verheyden (né à Malines en 1875). Le Comité de Bruxelles était le centre et le moteur de l'organisation générale qui s'étendait à tout le pays. Trop nombreux pour pouvoir y apporter l'énergie et la continuité nécessaires, il en abandonna la direction journalière à un Comité exécutif placé sous la présidence de M. Emile Francqui. C'est ce Comité qui jusqu'à l'armistice fut l'inspirateur et le guide de la grande œuvre, je ne dis pas son chef. Car le pouvoir de donner des ordres, de subordonner à sa volonté l'activité de ses milliers d'agents lui faisant défaut, il ne pouvait que les guider par ses conseils, son expérience et son exemple. Ses collaborateurs ne furent jamais ses instruments. Au lieu d'agir sur eux d'autorité, il ne fit appel qu'à leur dévouement. La nécessité lui fit une obligation de leur laisser une très large autonomie. Il ne prétendit pas leur imposer une méthode uniforme à laquelle il n'eût pu les contraindre et qui d'ailleurs n'eiit pas répondu à la diversité des situations et des besoins. Il laissa les Comités provinciaux, qui se constituèrent au chef-lieu de chaque province, prendre les mesures qu'ils jugeaient les plus convenables dans l'intérêt des populations (7). Il s'abstint d'intervenir dans leur organisation ou, quand il le fit, ce fut seulement sous la forme de suggestions et de conseils. Comme le Comité central, les Comités provinciaux se composèrent de personnalités éminentes se cooptant dans la région, en dehors de toute influence politique. Sous ces Comités fonctionnaient des Comités régionaux auxquels étaient eux-mêmes subordonnés les Comités locaux établis dans les communes. Pour ceux-ci également la cooptation était la règle. Nulle rigidité, nulle règle fixe dans leur composition. Plus ou moins nombreux suivant les compétences et les dévouements, ils n'avaient de commun que la volonté de se consacrer au salut public. Les fonctions librement acceptées étaient gratuites. Seuls étaient rémunérés les auxihaires chargés des écritures, de la tenue des comptes, des charrois, des ventes, des inventaires, bref des opérations indispensables à la réception et à la distribution des denrées dont les chiffres cités plus haut indiquent suffisamment la quantité. Encore un grand nombre de ceux-ci travaillèrent-ils à titre purement gracieux. Les relations entre ces innombrables comités, locaux, régionaux, provinciaux et le Comité de Bruxelles étaient assurées par des rapports écrits, des séances collectives et un service d'inspection exercé par les comités des provinces et des régions sur ceux des communes. Au début il y eut naturellement des résistances. D'une part, la tendance du caractère belge à considérer toute règle comme une atteinte à la liberté, de l'autre, la propension des administrations communales à intervenir dans l'activité des Comités et parfois même à s'imposer à elle, empêchèrent (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Médailles, fonds Lefebvre.) Médailles commémorant les activités de quelques comités de secours et d'alimentation. 1 : A gauche, portrait et légende EMILE FRANCQUI MDCCCCXVII; à droite, une mère protégeant son enfant; dans le fond, à gauche, bateau de la c Commission for Relief in Belgium », à droite, des ruines; légende : TEMOIGNAGE. D'ADMIRATION. DE. SES. COLLABORATEURS. DU. COMITE. NATIONAL. DE. SECOURS. ET. D'ALIMENTATION. Alédaille de bronze exécutée en 1917 et signée Jul(es) Lagae (né à Roulers en 1862) (75 mm.). — 2 : A gauche, SOUVIENS-TOI; à droite, dans un cercle de gerbes, COMITE PROVINCIAL DE SECOURS ET D'ALIMENTATION POUR LE BRABANT - I9I4-1919. Médaille argentée exécutée en avril 1919 et signée G(odefroid) Devreese (Courtrai, 1861-Bruxelles, 1941) (70 mm.). — 3 : A gauche, figure allégorique protégeant Bruxelles; à droite, homme et femme secourus par le COMITE BRUXELLOIS DE SECOURS ET D'ALIMENTATION. Médaille de bronze exécutée en octobre 1919 et signée Paul Du Bois (Aywaille, 1859-Uccle [Bruxelles), 1938) (60 mm.). — 4 : Droit et revers de la médaille offerte par ses collaborateurs au baron Evence Coppée, président du comité provincial du Luxembourg, exécutée en mars 1919 et signée O(odefroid) Devreese (50x75 mm.). — 5 : A gauche, une femme assise sous des branches, à côté d'un écusson belge, accueille une malheureuse qui porte son enfant; légende : COMITE NATIONAL DE SECOURS ET D'ALIMENTATION - 1915-1919; à droite, une cigogne apporte la becquée à sa nichée; dans le fond, la collégiale ■ - - HOMMAGE AU PRESIDENT L. BEAUDUIN - COMITE REGIONAL DE TIRLEMONT. Breloque d'argent exécutée en 1919 par de Tirlemont; légende Jacques Marin (né à Bruxelles en 1877) (31x37 mm.). les Comités provinciaux soit par scrupule, soit par crainte de froisser des personnes influentes ou des amis, d'instituer un contrôle indispensable pour mettre fin à des abus que la misère et l'esprit de lucre provoquaient nécessairement. Le 3 février 1916, le Comité National rappelait en termes sévères aux Comités provinciaux leur négligence à établir les services d'inspection et de contrôle. Il se plaignait de ce que des quantités exagérées de vivres eussent été vendues non seulement à des particuliers, mais à des commerçants par les Comités locaux. Il laissait entendre que peu s'en était fallu que l'Angleterre, avertie des fuites par lesquelles une partie du ravitaillement s'écoulait vers l'Allemagne, n'eût été sur le point de mettre fin aux importations. Et il allait jusqu'à la menace d'exclure les provinces négligentes de la répartition des denrées. Il n'en fallut pas davantage pour que le contrôle jusqu'alors assez lâche fût organisé partout. En fait, jamais le Comité National n'eut à exécuter la menace qui était son ultima ratio. Spontanément, une uniformité suffisante s'introduisit dans la surveillance de la distribution alimentaire. S'il subsista des abus, ils furent restreints au minimum. Le Comité National ne cessa de multiplier ses contacts avec les Comités provinciaux. Leurs délégués se réunissaient deux fois par mois à Bruxelles avec le Comité exécutif. L'unité d'action et l'unité de vues allèrent croissant à mesure que l'expérience acquise en faisait plus clairement ressortir la nécessité. Peu à peu, une discipline volontairement consentie s'imposa non seulement aux Comités locaux mais à la population tout entière. Il faut reconnaître que les autorités allemandes observèrent les conventions qui protégeaient l'action du Comité. Elles s'abstinrent de pénétrer dans ses magasins, de s'immiscer dans ses séances, d'entraver volontairement ses transports. Ce n'est pas qu'elles ne supportassent avec dépit l'indépendance qu'elles s'étaient vues contraintes, par la force des choses, de laisser prendre à un organisme que son caractère exclusivement belge leur rendait naturellement suspect. Elles cherchèrent plus d'une fois, par des moyens détournés, de se ménager sur lui une emprise. L'habileté du Comité et l'intervention des ministres protecteurs parvinrent toujours à faire échouer ces tentatives. En Allemagne, la presse pangermaniste ne laissait pas de protester contre une institution qui, disait-elle, faisait vivre le peuple belge dans l'abondance, alors que le Reich s'imposait les plus dures privations. Mais à mesure même que la disette s'y faisait plus cruellement sentir, l'impossibilité de se passer du Comité National s'imposait plus fortement. Que serait-il arrivé s'il avait cessé de ravitailler la Belgique, laissant ses sept millions d'habitants à la charge de l'Allemagne aux abois ? Lorsque le premier gouverneur général de la Belgique, le maréchal von der Goltz prit l'engagement d'abandonner à la Commission [or Relief et au Comité National le ravitaillement du pays, il ne pouvait prévoir le développement extraordinaire que l'avenir réservait à ces institutions jumelles. Absorbé par le souci des opérations militaires, il n'avait songé qu'au plus pressé. Il avait saisi avec empressement l'occasion qui lui était offerte d'abandonner à (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes, fonds Lefebvre.) Témoignage de reconnaissance de la population belge aux Etats-Unis. Image signée E.B. 1915; vendue par des facteurs pendant la guerre. autrui une mission qui sans cela eût lourdement pesé sur ses épaules. Il ne s'avisa point d'exiger des garanties en retour de celles qu'il concédait. La Commission et le Comité mirent le temps à profit avec ardeur. La courte administration de von der Goltz leur suffit pour couvrir le territoire de leurs magasins et de leurs services. Lorsque le général von Bissing arriva à Bruxelles (décembre 1914), la situation n'était plus entière. Il était lié par la parole de son devancier. Il était trop tard pour regagner le terrain perdu et placer sous le contrôle allemand l'organisation qui venait de s'installer en dehors de lui (8). Du moins s'ingénia-t-il, sans rompre les conventions internationales qui le liaient, à empêcher le Comité National d'étendre plus largement encore le champ de son activité. La politique qu'il adopta à son égard fut, en somme, une politique défensive. Ne pouvant le refouler, il s'efforça de l'endiguer. Aux droits que le Comité tenait de l'arrangement intervenu entre l'Allemagne et ses adversaires et que lui garantissait le patronage des ministres américain, espagnol et hollandais, il opposa les droits qui appartiennent en cas de guerre à la Puissance occupante dans le pays qu'elle gouverne. Le 25 juin 1915, il soumettait aux ministres protecteurs un plan qui, à son avis, devait régler les rapports de l'administration allemande et du Comité de façon à « garantir un travail commun et utile, fondé sur une confiance réciproque pour le bien-être de la population belge ». Il proposait entre autres que les Présidents de l'administration civile assistassent aux séances des Comités provinciaux et les Commissaires civils près les Kreischefs, aux séances des Comités régionaux, que les prévisions de recettes et de dépenses fussent communiquées aux Présidents de l'administration civile, et que ces mêmes Présidents fixassent de commun accord avec les Comités le prix des denrées ahmentaires. Le Comité National protesta aussitôt contre ces innovations qui, en lui enlevant l'indépendance dont il avait joui jusqu'alors, eussent entraîné de la part des alliés le retrait des autorisations d'importation. L'intervention des ministres protecteurs écarta l'orage. Le 29 juillet 1915, von Bissing reconnaissait « que le Comité National et la Commission [or relief in Belgium pourront jouir de toute la liberté d'action qui leur est dévolue par les accords intervenus entre le gouverneur général et les représentants des Puissances neutres» (9). En revanche, l'assurance était renouvelée par ceux-ci que l'œuvre « humanitaire » du Comité continuerait à ne pas « porter atteinte aux droits qui reviennent à l'occupant du pays, et aux intérêts dont il a la charge ». La question des vivres indigènes donna lieu à de nouvelles difficultés. Comme on l'a déjà dit, le gouvernement anglais entendait n'autoriser les importations que moyennant l'assurance que l'Allemagne ne réquisitionnât pas les produits alimentaires du pays. Cette assurance lui avait été donnée dès le mois d'octobre 1914. En mars 1915, cependant, von Bissing déclarait en exempter certaines denrées qui, comme l'avoine, la paille, le foin, les pommes de terre et le sucre, n'étaient pas importées ou ne l'étaient que dans une très faible mesure. Cette fut énergiquement combattue par le gou-britannique. Le 31 décembre 1915, Sir restriction vernement Edward Grey se plaignait hautement de ce que l'Allemagne continuât à acheter à son profit quantité de vivres produits par l'agriculture belge. Il exigeait que toute exportation de ces vivres en dehors du territoire fût interdite « à cette seule exception près que le Comité National et la Commission [or relie[ in Belgium pourront être autorisés à exporter vers le nord de la France, pour y être distribués par leurs soins, les vivres dont il y a un excédent certain pour les besoins présents et futurs de la Belgique ». Il ajoutait qu'à défaut d'obtenir satisfaction, il reprendrait toute sa liberté à l'égard de la Commission [or relie[. dont les opérations étaient devenues, sans qu'il y eût de sa faute, un système de remplacement au lieu d'un système d'assistance et encourageaient les Allemands à s'emparer des ressources du pays (10). En présence d'une telle menace et du cataclysme que son exécution eût fait s'abattre à la fois sur la Belgique et sur l'Allemagne, il ne restait qu'à s'exécuter. A la suite de pourparlers menés par les ministres neutres et M. Francqui, qui reçut l'autorisation d'accompagner à Londres, en janvier 1916, le marquis de Villalobar, le gouverneur général s'engagea à prohiber l'exportation de toutes matières servant à l'alimentation humaine ou à celle du bétail, hormis certains produits (chicorées, légumes, fruits), dont les disponibilités dépasseraient les besoins de la population du territoire occupé. Il promettait de donner l'ordre à l'intendance militaire de ne plus acheter ni réquisitionner ces matières. En revanche, il obtint que les achats individuels faits par des personnes appartenant à l'armée fussent tolérés, à condition qu'ils n'eussent pas de caractère systématique. En somme, il capitulait (14 avril 1916). Si depuis lors les vivres indigènes furent exclusivement réservés à la population belge, le Comité National ne parvint pas à obtenir le droit de les distribuer. De très bonne heure, l'administration allemande avait établi sous le nom de Zentrale des organismes relevant exclusivement d'elle et qui étaient pourvus du droit de saisir et de réglementer la distribution des produits du sol. Il y avait de ces Zen' traie pour les blés (Erntezentrale), pour le sucre, pour les I 1 I iii (Driebergen, propriété M. van Vollenhoven.) Plat et pièce d'argent offerts par la population belge à M. W. van Vollenhoven, cfiargé d'affaires de la reine des Pays-Bas à Bruxelles, en juin 1916. Saint Michel terrasse le dragon (représentant l'Allemagne). pommes de terre, etc. Ainsi, à côté du Comité National, le gouverneur général conservait la haute main sur toutes les denrées indigènes, ne lui laissant que la répartition des denrées importées. Tout ce que le Comité et les ministres purent obtenir, fut la création de Comités consultatifs dans lesquels entrèrent quelques délégués du Comité et qui eurent pour mission de renseigner les Centrales. Au ravitaillement proprement dit ne se bornait pas le rôle du Comité. Comme son nom l'indique, il s'était réservé une double tâche : à celle de l'alimentation s'ajoutait celle du secours. Deux départements affectés à ces deux faces de son activité existaient aussi bien dans le Comité central que dans tous les sous-comités. Sous le nom de secours étaient compris les moyens les plus divers de venir en aide aux nécessiteux : soupes populaires, distribution gratuite ou à prix réduits de pain ou de vivres, de combustible, de vêtements. Les ressources de ce département lui étaient fournies par le département d'alimentation qui mettait à sa disposition les recettes provenant de la vente des marchandises, ainsi que les dons et souscriptions recueillis en Belgique et à l'étranger. Au secours dans son acception primitive, ne tardèrent pas à s'adjoindre de nouveaux services. La situation du pays faisait surgir continuellement des besoins auxquels répondaient des œuvres spéciales suscitées par la charité et le patriotisme. Le Comité National en créa lui-même un grand nombre qui formèrent autant de sections dans son département général de secours. Telles furent : l'Aide et protection aux [amilles d'o[ficiers et de sous-o[[iciers pri-vées de leur soutien par suite de la guerre, l'Aide et protection aux familles privées de leur soutien par suite de la guerre, l'Aide et protection aux sans-travail nécessiteux (11), l'Aide et protection aux dentellières, la Commission d'alimentation de l'enfance, l'Aide et protection aux oeuvres de l'enfance, l'Œuvre nationale des orphelins de la guerre, l'Aide et protection aux sans logis, aux réfugiés, aux étrangers, aux artistes, aux invalides de guerre, aux médecins et pharmaciens belges sinistrés, aux églises sinistrées. Indépendamment de ces œuvres suscitées par lui, le Comité patronnait encore : la Société coopérative d'avances et de prêts, instituée pour payer aux fonctionnaires de l'Etat en non-activité une portion de leur traitement et pour faire aux créanciers de l'Etat des avances sur les titres établissant leurs créances; l'Auxiliaire des sociétés d'habitations ouvrières, créée en vue de procurer aux acquéreurs d'habitations ouvrières des facilités de payement; la Ligue nationale belge contre la tuberculose: l'Union des villes et des communes belges, qui s'occupait de la construction d'abris pour les malheureux dont la guerre avait détruit les foyers, et faisait les études préparatoires pour la reconstruction des localités en ruines; l'Agence de renseignements pour les prisonniers de guerre et les internés; la Cantine du soldat prisonnier et la Caisse du soldat belge, qui organisaient les envois de colis aux Belges prisonniers en Allemagne et veillaient au ravitaillement des internés nécessiteux. Le fonctionnement de toutes ces œuvres et la diversité des services qu'elles rendaient faisaient du Comité National une véritable puissance. De très bonne heure, cette sorte de tutelle qu'il exerçait sur les malheureux (et la guerre avait plongé dans le malheur la moitié du peuple), inquiéta le gouverneur général. Dans les premiers mois de 1915, un accord avec les ministres protecteurs le fit s'engager à laisser subsister les institutions existantes; mais son autorisation devrait être requise à l'avenir pour en créer de nouvelles. De même que par l'organisation des Centrales, il maintenait son intervention dans l'alimentation du pays et restreignait ainsi l'activité du Comité, de même il espéra, en soumettant la CroiX'Rouge à son influence, pouvoir lui faire également la concurrence dans le domaine des secours. Au mois d'avril 1915, le Comité directeur de la Croix-Rouge de Belgique était dissous et remplacé par une administration centrale sous la dépendance du gouverneur général. Toutes les autorités, sociétés ou associations privées ou autres, comités, etc., qui se trouvaient en rapports officiels ou en relations d'affaires avec l'ancien Comité directeur ou en recevaient des instructions, furent avertis de n'avoir plus de relations qu'avec la nouvelle direction allemande. Le but de cette innovation était visiblement de faire passer sous le contrôle du gouverneur général l'organisation de la charité, en détournant la Croix-Rouge de la mission spéciale qui lui était assignée. De Genève, l'administration centrale de celle-ci protesta immédiatement, engageant tous ses affiliés dans le monde entier à s'élever avec elle contre une mesure qui l'assimilait à un simple rouage de l'Etat et lui enlevait son auto- (Liège, Archives du Musée de la Vie Wallonne, dossier 55 O, n» 27056.) L'heure de la soupe. Photographie prise pendant la guerre à l'Institut Sainte-Véronique, rue Renkin à Liège nomie. Au reste, le résultat espéré ne se produisit pas. Aucune des innombrables associations charitables du pays n'accepta de se subordonner à la Croix-Rouge devenue institution allemande et de faire concurrence sous son patronage au Comité National. Cet échec aviva naturellement la lutte sourde que se livraient, sous la forme correcte de correspondances officielles, le Comité soutenu par l'opinion publique et le gouverneur général disposant de la force. Tous les efforts du premier pour étendre son action se heurtèrent à une résistance obstinée. Le 23 novembre 1915, ordre était donné au Comité de fermer les cours qu'il avait institués pour les chômeurs indigents. La même mesure atteignit, le 10 juillet 1916, les cours ménagers d'économie domestique, organisés depuis le printemps de 1915 par la section agricole. Quinze jours plus tard, le Comité était averti d'avoir à renoncer à ses études sur l'assèchement des terrains et l'amélioration des eaux dormantes. L'initiative qu'il avait prise de fournir de livres le Comité des œuvres de lecture populaire fondé à Bruxelles le 14 juillet 1915, donnait de trop beaux résultats pour ne pas éveiller à son tour une méfiance toujours en éveil. En un an, 313 nouvelles bibliothèques avaient été ouvertes et 18.920 volumes distribués aux 1.176 bibliothèques existantes. Défense fut faite (11 octobre 1916) de continuer plus longtemps une activité si salutaire au maintien de la santé morale d'une population livrée pour la plus grande partie à l'oisiveté. L'intervention des ministres protecteurs échoua contre le parti pris de von Bissing. Interprétant littéralement les conventions qui protégeaient le Comité, il était résolu à limiter son activité aux œuvres d'alimentation et de prévoyance sociale. Et il est certain que l'intérêt de l'Allemagne lui imposait cette conduite, de même que l'intérêt national poussait le Comité à ne négliger aucune occasion d'étendre, en même temps que ses services, l'influence qu'il exerçait au détriment de l'occupant. Cette influence, on l'a déjà dit, la presse censurée ne cessait de la combattre. Toute irrégularité dans la distribution ou l'arrivage des vivres, tout abus dont se rendait coupable l'un des innombrables agents du Comité, étaient aussitôt transformés en preuves de l'impéritie, de la négligence ou de la malhonnêteté des dirigeants de l'institution. Et ces attaques ne manquaient pas toujours leur effet sur des esprits aigris par la misère. On ne voulait pas, ou plutôt on ne pouvait pas se rendre compte des difficultés formidables que la désorganisation des transports suscitait au ravitaillement du pays. En somme, le nombre de ceux qui connaissaient exactement la situation était très restreint. Beaucoup confondaient le Comité National avec la Commission for Relief in Belgium et attribuaient exclusivement aux Américains ce qu'ils devaient à la collaboration des Américains avec les Belges. Mais le prestige qui entourait l'Amérique desservait l'Allemagne. La bienfaisance des Etats-Unis paraissait attester à la fois leur sympathie pour les Belges et leur réprobation pour l'envahisseur. Néanmoins, la suspicion que les journaux soudoyés par l'occupant s'efforçaient de jeter sur le Comité n'influença que très faiblement l'opinion. Dans son immense majorité le peuple répondit aux intentions des patriotes qui veillaient sur lui, et il contribua ainsi au succès d'une œuvre qui ne pouvait réussir qu'à la condition de rencontrer partout les dévouements et les concours qu'elle n'avait pas le droit d'exiger. Le fonctionnement du Comité National, tel que nous avons essayé de le décrire, s'explique tout d'abord par l'exiguïté du territoire belge. Il eiit été impossible dans un grand Etat. Pour réussir, il fallait qu'un contact permanent pût s'établir entre le Comité de Bruxelles et les sous-comités provinciaux d'oti les directives reçues du centre pénétraient jusqu'aux moindres hameaux. Il fallait encore que les hommes qui dirigeaient l'action commune se connussent personnellement et éprouvassent les uns pour les autres la confiance mutuelle indispensable au maintien d'une organisation dépourvue de toute autorité officielle et jalousement surveillée. Grâce au peu d'étendue du pays et à la facilité des communications, tous les membres du Comité central s'étaient trouvés longtemps avant la guerre en rapports les uns avec les autres et avec les membres les plus influents des Comités provinciaux. Appartenant presque tous au monde des affaires, ils avaient eu de multiples occasions de se voir et de s'apprécier dans les comités industriels, les banques, les conseils d'administration dont ils faisaient partie. Il existait entre eux une sorte de camaraderie sociale admirablement adaptée au rôle nouveau qu'ils venaient d'assumer. Ces hommes que les affaires avaient groupés se trouvaient associés maintenant pour une tâche qui supposait justement la compétence qu'ils avaient acquise durant la paix. Il ne leur fallait faire aucun effort pour se représenter dans son angoissante réalité la situation du pays. Ils la voyaient pour ainsi dire étalée sous leurs yeux; ils la sentaient de façon concrète parce qu'ils la connaissaient d'expérience personnelle, avec ses usines, ses agglomérations industrielles, ses grandes villes qu'ils avaient si souvent parcourues et dont les noms évoquaient aussitôt l'image dans leurs esprits. La densité de la population fut encore une condition favorable à l'efficacité du Comité. Plus les habitants étaient proches les uns des autres, plus il était aisé d'organiser et de surveiller la distributiôn de vivres et de secours, dès que l'on avait surmonté la difficulté de leur arrivage. Si détériorées qu'elles fussent et bien qu'occupées par l'administration militaire, les voies de communication étaient tellement nombreuses qu'elles suffirent toujours à assurer le ravitaillement. Mais ce fut la nation elle-même qui permit au Comité de réaliser son œuvre de salut public. Sans les milliers de collaborateurs qu'elle lui fournit dès le premier jour, il eût été réduit à l'impuissance (12). La vie sociale et poHtique du peuple belge sauvegarda, si l'on peut dire, sa vie matérielle. Dans ce pays pour lequel le travail était d'une nécessité primordiale, il suffit de demander des auxiliaires pour les obtenir. Et leur bonne volonté répondait à leurs aptitudes. La décentralisation politique, la multitude des associations privées de charité, des syndicats, des sociétés de coopération, d'assurance et même de simple agrément avait généralsé l'amour de l'action et le goût de la responsabilité. L'ambition personnelle qui faisait rechercher les mandats publics, les présidences, les fonctions municipales, se tourna maintenant vers les comités de bienfaisance. La surabondance des candidats fut beaucoup plus fréquente que leur défaut. Habitué à s'occuper lui-même de ses affaires pendant la paix, le peuple sut s'en occuper aussi pendant la guerre. La décentralisation des services du Comité National lui facilita sa tâche au lieu de lui nuire. On se fût défié d'une organisation imposée d'autorité, réglementée, hiérarchisée. On s'offrit au contraire avec empressement à une œuvre qui abandonnait un large champ à l'initiative privée, laissant les personnalités locales jouer sur place un rôle que faisaient rechercher à la fois son utilité et la considération qu'il conférait. On entra dans les bureaux et les magasins du Comité comme on entrait jadis dans les conseils communaux, par besoin d'agir, par appétit de popularité, par désir de se distinguer. Le Self government invétéré dans la nation par son histoire lui vint en aide aux jours du péril. Le Comité National, réduit à ne compter que sur le peuple, trouva donc au sein même du peuple les moyens d'action qui lui étaient indispensables. Il sauva la nation avec la collaboration de la nation elle-même. Surpris par les résultats obtenus au miheu des circonstances les plus difficiles, les Allemands qualifièrent son œuvre de « géniale », parce que leur tournure d'esprit si différente de celle des Belges ne leur permettait pas de comprendre qu'elle était tout simplement une manifestation du caractère national. L'établissement de ce que l'on pourrait appeler le « front commun », présenté à l'occupant par les milliers d'auxiliaires du Comité National s'effectua d'une manière très simple. Tous les jeudis, les présidents et les représentants des Comités provinciaux s'assemblaient à Bruxelles autour du Comité exécutif, sous la présidence de M. Emile Francqui. La séance terminée, on déjeunait à la Taverne Royale en compagnie de personnalités politiques, de ma- •M: Nombres mensuels des repas débités par les réfectoires de la Croix Verte à Gand en 1916. Nombres fournis par les rapports hebdomadaires adressés par la présidente de l'œuvre à C. Heynderyckx, l'échevin de l'Assistance publique (Gand, Archives de la Ville, Guerre 1914-1918, 039^*). Les rapports de mars, d'août et de novembre s'étendent sur cinq semaines; ceux de mai et d'octobre s'étendent respectivement jusqu'aux 27 et 28 du mois. Les rapports des semaines du 4 au 10 et du 11 au 17 juin faisant défaut, on n'a pu établir le nombre total des repas servis pendant ce mois. A la date du 8 janvier 1916, la Croix Verte de Gand avait déjà distribué 525.430 collations. I Ai « il I M) ^iil gistrats communaux des grandes villes, de patriotes et d'hommes d'œuvres. Au cours de la conversation, on se mettait d'accord sur l'attitude à prendre en cas de conflit. Toutes les parties du pays étant représentées à ces rendez-vous, les directives se transmettaient sans retard. Dès le lendemain, elles étaient communiquées aux Comités provinciaux d'où elles atteignaient aussitôt les Comités locaux. « Les Allemands étaient stupéfaits de se voir opposer des raisons similaires dans toutes les communes. Telle raison qui leur eût paru suspecte si elle n'avait été donnée que par les administrateurs des grandes villes dont ils connaissaient l'hostilité, prenait à leurs yeux une tout autre valeur si elle leur revenait du fond des provinces comme présentée par le bourgmestre d'une commune ignorée (13).» Pour apprécier la grandeur de l'œuvre du Comité National, il suffit de se demander ce qu'il fût advenu du peuple belge s'il n'avait pas existé. De toute évidence, personne ne se fût trouvé capable de le suppléer. Hors d'état d'alimenter la Belgique de son propre fonds, l'Allemagne eût pu tout au plus s'abstenir de confisquer à son profit les vivres indigènes et permettre à la Hollande et à la Suisse d'exporter leur superflu dans le territoire occupé. Mais les vivres indigènes, on l'a déjà dit, ne suffisaient pas à entretenir l'existence d'une population surabondante. La Suisse ne pouvait fournir que bien peu de choses. La Hollande, mieux approvisionnée, était incapable de pourvoir au déficit alimentaire des Belges. On put pourtant en faire venir une quantité assez considérable de denrées jusqu'à ce que, au mois de juillet 1916, l'autorité allemande eut interdit ces importations pour des motifs financiers (14). Il faut noter encore que, le 5 décembre 1914, le gouvernement hollandais avait créé un Comité officiel chargé de secourir non seulement les nombreux Belges réfugiés en Hollande, mais aussi ceux qui habitaient la région frontière. Dans la suite, ce Comité étendit son action à tout le territoire occupé où il créa des sous-comités rattachés à un Comité central établi à Bruxelles. En fait, il distribua surtout des paips, dont 52 millions de kilos furent introduits et répartis par lui en 1916- Mais ce n'étaient là que des palhatifs. Il reste donc que l'existence matérielle des sept millions de Belges soumis à l'occupation allemande dépendit essentiellement, de 1914 à 1918, de la collaboration de la Commission for Relief avec le Comité National. Le pain constituant par excellence l'alimentation du peuple belge, ils consacrèrent le meilleur de leurs efforts à l'importation du blé. Une ration quotidienne de 250 grammes de farine devait être assurée à chaque habitant. Les blés indigènes saisis par l'Allemagne étaient vendus par elle au Comité National qui les répartissait sous sa surveillance. On a calculé que, de ce chef, les disponibilités par tête et par jour furent en 1915 de 108 grammes, en 1916 de 69 grammes, en 1917 de 82 grammes. Il faut reconnaître que la répartition des blés souffrit gravement de dépendre, pour les blés indigènes de l'administration allemande, et pour les blés exotiques du Comité National. L'unité de direction eût épargné bien des peines, du gaspillage et des fraudes. Mais le gouverneur général ne voulut pas, en cédant aux instances du Comité National, en augmenter encore l'action et l'influence. Le soin que mettait le Comité à conserver son autonomie sous le patronage des ministres neutres était une raison suffisante de ne rien lui abandonner volontairement. Deux organismes distincts ne cessèrent donc d'exister. A côté des magasins et des bureaux du Comité, des magasins et des bureaux fonctionnant sous le contrôle allemand furent organisés par les communes. La présence de délégués du Comité National dans les Comités consultatifs dont il a été question plus haut n'amena point et ne pouvait amener une entente profitable entre deux organisations qui tout en coopérant à la même œuvre éprouvaient l'une pour l'autre une mutuelle défiance. La Commission foc Relief et le Comité National ne parvinrent pas toujours, malgré tous leurs efforts, à procurer à la population la ration de pain qu'ils se proposaient de lui fournir. Du mois d'août au mois d'octobre 1916, il était entré en Belgique 220.000 tonnes de froment, soit en moyenne 73.000 tonnes par mois. Mais en novembre l'importation tombait à 40.000 tonnes, à 34.000 tonnes en décembre, à 47.000 en janvier 1917 et à 24.000 en février. Le renforcement de la guerre sous-marine fit empirer sensiblement la situation. En mars 1917, il n'arriva que cinq mille sept cent quarante-cinq tonnes de froment. Des hauts et des bas angoissants se manifestèrent constamment depuis lors. Il fallut diminuer les rations de pain et mélanger le maïs et l'orge avec le froment; c'est seulement au mois de juillet 1918 que la crise fut surmontée. A envisager les choses dans leur ensemble il faut reconnaître que l'alimentation de la Belgique pendant la guerre fut insuffisante. Les classes aisées parvinrent à se procurer grâce au commerce clandestin un surplus de vivres. Quant aux paysans producteurs de grains, leur, situation, on l'a déjà vu, était largement assurée. Il était impossible à l'administration allemande de contrôler exactement leurs emblavures. En règle générale, elles furent toujours estimées au-dessous de la réalité, si bien que les cultivateurs disposèrent d'un rehquat dont ils se servirent non seulement pour leur propre consommation, mais aussi pour réaliser de fructueux bénéfices par des ventes subrep-tices. Mais la population des régions industrielles et celle des grandes villes eurent à supporter de très dures privations, qu'aggrava durant l'hiver la pénurie des moyens de chauffage. Les chômeurs et la petite bourgeoisie furent particulièrement éprouvés. Ils supportèrent leur détresse avec un courage et une résignation inattendus. Les craintes que l'on avait eues de soulèvements provoqués par la disette ne se réalisèrent pas. S'il y eut çà et là quelques grèves, comme celle que le manque de pommes de terre fit éclater dans le Borinage au printemps de 1916, elles ne durèrent pas et ne présentèrent aucune gravité. Pour insuffisante qu'elle fût, la ration quotidienne permit cependant à tous ceux dont la résistance physique était normale, de traverser les années terribles. Le taux de la mortalité s'éleva sans atteindre pourtant, semble-t-il, des proportions aussi élevées qu'en France et en Allemagne. Il arriva même que la mortalité infantile décrut. La solhcitude que le Comité National et quantité d'institutions charitables déployèrent en faveur des nourrissons des classes pauvres généralisa des pratiques d'hygiène qui jusqu'alors avaient été très insuffisamment répandues parmi le peuple. Dans presque toutes les localités la Goutte de lait, œuvre charitable organisée par des femmes de la bourgeoisie, prit soin des enfants en bas âge et particulièrement des enfants débiles. Au miheu de la misère des .il 358 est k tymbole la B!E«FA15A/«Cl ___ Le tubercule dcliecUc plintc aptxrtient aux malheurcui. Ce ^ kgumc (crompire. canada, patate» est un aliment difcstible ; pris avec F gralsM, ou beurre, ou lait, est apte de nous nourrir assez longtemps. Modeste, comme la véritable Charité. la Pomme de terre cache ses trésors : elle en oblige les riches, elle en nourrit les humbles. C'est l'Amerique qui nous a fait ce doux présent, qui pour loajoars a banni de l'Europe, te plus affreux des fitaux. la FAMINE ! // -ain Paint l'un des premiers mots ^uc gaiMiilli l'enlanci. Pain! meta délicieux, trésor de rindisence! Pain noir pour nos soldats et pour nos prisonniers : Pain blanc, pain gris, pour le bourgeois et fouvrier Pain bénit vénéré, symbole d'abondance. Pain! roi des aliments, seconde providanee. PaJn fait de pur froment rien ne peut réfaler! Parmi les meilleurs mets on peut te lignaler! Le pain, c'est la santé: le pain, c'est Texistance: C'est netre vie à tous, notre chère espérance. Par le pain s'accomplit l'ouvre de ehartié. StiMime dévouement empreint d'humiliU : N'MWians donc pas ceux dépourvus «e resSMireaa!^ S«h«it aatra fartane avtrraos iear Mira h fwif»-* LASSISTANCE DISCRÊTE DONNE BT TAIS-TOI feniTE APPEL AUX BONNES VOLONTÉS Grand Concours d'initiative individuelle Travail a domicile (SECTION DES EeOLIEPS) Diplôme Participation Decerné à ___ Inv témi. I. a . LUfe adultes, la petite enfance grandit dans des conditions plus favorables qu'avant la guerre. Peut-être la petite bourgeoisie fut-elle de toutes les classes sociales la plus pitoyable victime des événements. Les employés, les petits rentiers, les fonctionnaires pensionnés ou sans emploi se voyaient privés de ressources soit par la fermeture des usines, soit par le non-payement I Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes, fonds Lefebvre trois cartes postales]; Liège, Archives du Musée de la Vie Wallonne, dossier 55 0, n° 8150 [Assistance discrète]; Tournai, Musée de Folklore [Appel aux bonnes volontés].) Souvenirs d'œuvres de bienfaisance (1914-1918). ou le payement insuffisant de leurs rentes, de leur traitement ou de leur pension. Le Comité National, ici encore leur apporta un précieux secours. En retour des fonds que lui avança le gouvernement belge, il se chargea de payer les agents de l'Etat privés de leurs fonctions. Néanmoins les souffrances de la petite bourgeoisie étaient d'autant plus grandes que par dignité personnelle elle hésitait à recourir à la charité publique. L'œuvre du Secours discret fut instituée pour lui venir en aide. Des comités s'organisèrent dans toutes les grandes villes qui permirent à des milliers de malheureux de traverser la crise sans être obligés d'afficher leur détresse. Le Comité National agit autant sur les esprits que sur les corps. Sans doute, il lui était interdit de s'adresser directement à l'opinion et il n'essaya jamais de se départir de la neutralité qui lui était imposée par la convention à ■1 : ..... ' tsïhn W.'I] II'; HISTOIRE DE BELGIQUE laquelle il devait son existence. Mais justement son existence même suffisait pour maintenir dans la nation le courage et l'espoir. De se savoir soutenue par des compatriotes, elle recevait une confiance en soi-même qui l'empêchait de s'abandonner à son sort. Les 125.000 agents du Comité étaient 125.000 instruments d'énergie et de self'help. L'entraide des Belges dans le malheur commun conservait en eux la conscience de la solidarité de leurs destinées et la volonté de rester unis. La conscience nationale ne se révéla jamais mieux qu'en ces années de détresse, parce que jamais elle ne s'était manifestée sous une forme aussi salutaire. Tous les partis se groupèrent spontanément autour du Comité. Ses réunions hebdomadaires étaient les seules assemblées oîi des Belges pussent librement s'entretenir de leurs affaires, si bien que sous le couvert de la bienfaisance, elles réchauffaient à la fois le sentiment patriotique et le sentiment civique. Le Comité se rendait trop bien compte de ce que l'influence morale qu'il exerçait dépendait de son indépen- dance à l'égard du pouvoir occupant pour ne pas veiller jalousement sur elle. La sympathie dont il se sentait entouré par les ministres protecteurs et les échos qui lui arrivaient de la compassion et de l'admiration du monde pour la Belgique, renforçaient l'énergie avec laquelle il ne cessa de résister aux tentatives de l'Allemagne pour s'ingérer dans sa mission. Sa popularité mondiale faisait de lui, malgré sa faiblesse, un adversaire redoutable. Le gouverneur général ne se trompait pas en le considérant comme un Etat dans l'Etat. Grâce à lui, en effet, la nation envahie et dominée par la force continua d'exister. Elle eut cette fortune, dans les moments où la grande affaire était de vivre, de ne devoir sa vie qu'à une institution née d'elle-même et qui ne put et ne voulut agir qu'en collaboration avec elle. Comme Ernest Solvay le disait le 26 novembre 1914, le Comité National fut et resta jusqu'au bout « une espèce de gouvernement provisoire, paternel, de bonne volonté », qui ne devait disparaître qu'avec la disparition de l'occupant. (Bruxelles, Musées Royaux d'Art et d'Histoire.) (Cliché A.C.L.) Les Etats-Unis protégeant la Belgique et couronnant le lion belge. Composition allégorique. Eventail de dentelle à l'aiguille signé Rotschild Lambert 1914. C(oramisslon for) R(elief in) B(elgiuni). Dimensions : 53x15 cm. NOTES -I ... Il ! Hil l'i: i.n.ii (1) On consultera sur l'objet de ce chapitre : Albert Henry, Le Ravitaillement de la Belgique pendant l'occupation allemande (série belge de cette collection; par le même, L'Œuvre du Comité National de secours et d'alimentation pendant la guerre (Bruxelles, 1920); Ch. de Lannoy, L'Alimentation de la Belgique par le Comité National (Bruxelles, 1922); E. Mahalm, Le Secours de chômage en Belgique pendant l'occupation allemande (série belge de cette collection) : George 1. Oay, The Commission for relief in Belgium. Statistical review of relief opérations, s. d. (d'après les matériaux conservés au Hoover War Library, à l'Université de Stanford en Californie), et les volumes constituant le Rapport général sur le fonctionnement et les opérations du Comité National de secours et d'alimentation (Bruxelles, 1919-1921). Collinet et Stahl, Le Ravitaillement des Régions envahies de la France pendant l'occupation (Série française de cette collection). (2) Qay, op. cit., p. 43. (3) A cause des opérations militaires le long de l'Yser, cette province fut divisée en deux districts : celui du Nord et celui du Sud. (4) Voy. le rapport Intitulé Le Comité hispano-néerlandais pour la protec-s d ''"yj^y'"'"^'"^''' Belgique et dans le nord de la France (Bruxelles, (5) Voy. la dépêche du gouverneur-général von Bisslng au Ministre des Etats-Unis d'Amérique (26 juin 1915), de Lannoy, op. cit., p. 8. (6) Ibid., p. 9. (7) Seul le comité du Luxembourg siégea à Bruxelles à cause de la difficulté des communications avec cette province, et il n'entretint sur place que des délégués. (8) H. Waentig, Belgien, p. 29 (Halle, 1919), dit très justement : « Leider hat die deutsche Verwaltung die Tragwelte jener polltischen SchBpfung zu spât erkannt. Viel zu spât jedenfalls um die mittlerwelle ins riesenhafte ausge-wachsene Organisation auf das unserem Interesse dienliche Mass zuruckbilden zu kannen. » (9) Rapport du Comité, p. 165. (10) Ibid., pp. 85 et sulv. (11) Elle cessa ses opérations le l»"- novembre 1917, lors de la création du secours alimentaire. (12) Cf. von KOhler, op. cit., p. 73. (13) J'emprunte cette phrase à une note qu'a bien voulu me communiquer M. Louis Franck, qui, jusqu'à sa déportation en Allemagne, présida les déjeuners de la Taverne Royale. (14) Son but était de défendre le change allemand que les exportations de fonds belges en Hollande dépréciaient. Henry, Le Ravitaillement de la Belgique, p. 167. (Bruxelles, Musée Royal de l'Armée, section des photographies, photo n» 20846.) La teinturerie Derez à Courtrai démontée par les Allemands pendant la guerre. CHAPITRE VII L'EXPLOITATION DU PAYS <" ■l'I- •EXPLOITATION RATIONNELLE ET LA DEPORTATION DES TRAVAILLEURS. — La violation de la neutralité belge découle d'un plan militaire conçu depuis longtemps par le Grand Etat-major allemand. Elle s'explique par le dessein d'en finir rapidement avec l'adversaire de l'Ouest pour se jeter ensuite avec toutes ses forces sur celui de l'Est. Elle avait pour but de terminer promp-tement la guerre par deux coups de massue, l'un à gauche tout d'abord, puis l'autre à droite. Tous les calculs stratégiques qui devaient en assurer la réussite avaient été longuement miiris.' Mais ils se fondaient sur une hypothèse qui les déjoua. Cette hypothèse était celle d'une campagne foudroyante qui eût mis la France hors de combat avant que l'Angleterre eût le temps de se reconnaître et de déclarer la guerre. Surprise par la soudaineté des événements, on comptait ou qu'elle conserverait la neutralité ou qu'au pis aller elle n'en sortirait que lorsque les armées allemandes tenant la côte de Flandre, Dunkerque et Calais, posséderaient sur la mer du Nord et sur la Manche des postes qui leur permettraient de la menacer et de paralyser ses efforts. La Belgique n'était pas considérée comme capable de déranger ces combinaisons. Elles supposaient Eoit qu'elle se résignerait à accepter l'ultimatum, soit qu'elle se bornerait à une résistance de pure forme et dont il était inutile de se préoccuper. Tout avait été admirablement prévu dans l'éventualité du succès. Il semble en revanche que l'on ne se soit pas préoccupé de celle de l'échec, et elle était terrible. Car la déclaration de guerre de l'Angleterre dès le 4 août 1914, le temps perdu aux sièges de Liège et de Namur et la nécessité de surveiller l'armée belge, posaient tout à coup le problème sous une forme inattendue. Au lieu de surprendre ses adversaires, l'Allemagne était surprise par eux. Lorsque les fronts se furent stabilisés sur la Marne et sur l'Yser, il devint évident qu'à l'espoir d'une guerre courte et triomphante se substituait l'amère réalité d'une guerre d'usure. La victoire ne dépendait plus du mouvement des armées sur les champs de bataille, mais de l'endurance des nations belhgérantes. Elle appartiendrait à celles dont les forces matérielles et les forces morales résisteraient le plus longtemps à l'épuisement final. Or, le blocus maritime organisé par l'Angleterre mettait l'Allemagne dans une situation d'éclatante infériorité vis-à-vis de ses ennemis. Pour le rompre, il eût fallu qu'elle pût du moins disposer d'un débouché à l'Ouest et bloquer (Cliché Hersleven.) Le « Boyau de la mort » le long de l'Yser. Photographie prise après l'armistice. la Manche. La possession de la côte de Flandre n'avait qu'une valeur négative dès lors que Dunkerque et Calais restaient inaccessibles. Elle pouvait servir et elle servit en effet à harceler l'adversaire, à lancer contre lui des sous-marins, à entraver ses transports militaires et son ravitaillement. Mais elle ne pouvait donner à l'Allemagne le libre accès à la mer. Vis-à-vis de ses ennemis, auxquels les richesses du monde entier restaient accessibles, elle se trouvait confinée dans cette partie de l'Europe centrale que dessinait autour d'elle la hgne des tranchées. A son propre territoire s'ajoutaient, en ne le doublant pas même, la Belgique, le Nord de la France et les parties envahies de la Russie et de la Pologne. C'est sur eux qu'elle se voyait contrainte de vivre. Pour soutenir la lutte, elle n'avait d'autre moyen que d'en utiliser toutes les ressources. Son salut était à ce prix. La nécessité qui la contraignait à exploiter son propre peuple ne pouvait lui faire épargner les peuples ennemis momentanément conquis par ses troupes. De même que Napoléon avait jadis imposé à l'Europe le blocus continental, de même elle étendit son économie de guerre à tous les pays qu'elle occupait (2). Son génie d'organisation et les perfectionnements de sa technique lui permirent de réaliser durant quatre ans la tâche grandiose d'en mobiliser toutes les forces, physiques et humaines, au profit de ses buts mihtaires. L'inhumanité qu'elle reprochait au blocus dont ses ennemis l'étouffaient lui parut justifier l'inhumanité des moyens de défense qu'il la contraignait à prendre. Elle fut impitoyable parce qu'elle devait l'être sous peine d'accepter la défaite, et elle ne le fut guère moins pour elle-même que pour les autres. L'exploitation de la Belgique, dans ces conditions, était inévitable. Elle parut d'autant plus atroce que le peuple belge était plus innocent de la guerre dans laquelle il était entraîné et sa dévastation souleva d'autant plus d'horreur qu'il était plus riche et plus laborieux. Mais comment eût-il été possible de lui épargner le sort qui pesait si lourdement sur les populations allemandes ? Tombé aux pouvoirs du vainqueur, il devait nécessairement lui être sacrifié. Il fut, à vrai dire, la victime de l'erreur tragique du Grand Etat-major. Il est à peu près certain, en effet, que si au lieu de s'abandonner à l'hypothèse d'une guerre courte et victorieuse, les auteurs du plan de campagne avaient prévu le cas d'une guerre d'épuisement, ils se fussent gardés d'envahir la Belgique et d'attirer sur eux, avec la réprobation universelle, l'odieux du régime qu'ils furent contraints de lui infliger. La longue durée de la guerre rendait inutile l'occupation de ce pays. Sans doute, il fournit à l'Allemagne une riche proie. Mais combien ne lui eût-il pas été plus profitable s'il avait conservé sa neutrahté et eût contribué, comme le firent la Hollande, la Suisse et la Suède, à lui fournir par le commerce des subsistances qui eussent certainement été plus abondantes que celles dont il fut dépouillé par force au milieu de l'indignation du monde. La crise économique que l'invasion fit s'abattre sur la Belgique ne fut tout d'abord qu'un simple réflexe de la guerre. L'Allemagne ne la provoqua certainement pas de propos délibéré. Si ses réquisitions furent énormes, c'est que les besoins de ses armées l'étaient aussi. Imposées par l'autorité militaire en pleine période d'opérations stratégiques, elles n'eurent d'autre but que d'approvisionner les troupes en campagne. Elles se firent par à-coups, au gré des circonstances. Leurs exactions brutales bouleversèrent le pays sans autre intention que de parer aux nécessités immédiates de l'offensive. On peut d'autant moins les Les occupants. (Qand, Archives de la Ville, atlas Qoetgebuer, boîte n" 5.) Foin réquisitionné et amené au port de Gand sous la surveillance de sentinelles allemandes. Le 16 juin 1915, le commandant de !'« étape » de Qand avait ordonné la saisie de toutes les provisions de foin à Qand. — Photographie d'origine allemande. rattacher à un plan quelconque d'exploitation systématique qu'un tel plan n'existait pas encore. C'est seulement le 13 août que fut créé au ministère de la Guerre à Berlin la Deutsche Kriegsrohstoffabteilung, qui avait pour but de mettre à la disposition de l'administration militaire toutes les matières premières se trouvant tant en Allemagne que dans les pays occupés par l'Allemagne. La Belgique devait tôt ou tard ressentir les atteintes de ce formidable organisme. Il faut observer cependant que ce n'est que dans le courant de l'année 1916 qu'elle fut abandonnée à son emprise. Jusque-là, il semble bien que l'administration civile et l'administration militaire ne se soient pas trouvées d'accord sur le système à lui appliquer. Celle-ci, plus impatiente et désireuse de réalisations immédiates, eût voulu soumettre le pays sans tarder à l'état de siège économique. Celle-là plus prudente, plus soucieuse aussi de l'opinion publique, préférait un traitement moins radical. Il lui apparaissait que l'intérêt de l'Allemagne recommandait de ne pas épuiser les ressources du riche territoire dont elle venait de faire la conquête. Elle se flatta même, durant quelque temps, d'y conserver une activité qui peut-être, à la longue, lui eût concilié la population et eût pu l'induire à travailler de bon gré au profit de son vainqueur. Elle hésita certainement à abattre l'arbre pour en cueillir le fruit. A la manière forte, elle préférait une méthode plus souple et plus conservatrice. D'accord avec l'Etat-major pour exploiter la Belgique à l'avantage de l'Allemagne, elle chercha assez longtemps à faire prévaloir dans les modalités de cette exploitation, les vues que lui inspirait la connaissance directe de la situation du pays. Dès le 2 septembre 1914, le feld-maréchal von der Goltz affirmait dans sa proclamation au peuple belge que « les citoyens désirant vaquer paisiblement à leurs occupations n'ont rien à craindre de la part des troupes ou des autorités allemandes. Autant que [aire se pourra, le commerce devra être repris, les usines devront recommencer à travailler, les moissons être rentrées. » Les mots autant que [aire se pourra visent évidemment les restrictions imposées au fonctionnement normal de la vie économique par l'état de guerre, comme la mise sous contrôle des banques (18 septembre), et l'interdiction d'effectuer des payements à l'ennemi (3 novembre). On ne peut les considérer comme une allusion à des mesures d'une portée plus étendue. Le feld-maréchal semble bien avoir envisagé la possibilité d'un avenir réservant à la Belgique une situation aussi avantageuse que pouvaient le permettre les circonstances. Les termes de sa lettre du 16 octobre au Comité Central de secours et d'alimentation confirment encore cette manière de voir. Il lui exprime sa « vive satisfaction » et « n'hésite pas à donner formellement et expressément l'assurance que les vivres importés par lui seront exempts de réquisition de la part des autorités militaires ». Nul doute que ces expressions n'aient été choisies à dessein et ne traduisent l'espoir de réduire au minimum les souffrances que la violation de la neutralité belge devait entraîner pour le pays. Au reste, von der Goltz absorbé par le souci des opérations militaires, laissa se commettre des exactions qu'il ignora ou qu'il ne put empêcher. Son successeur von Bissing se plaignait, au mois de juin 1915, des enlèvements de matières premières qu'il avait laissé faire « sans ménagements ». C'est le 26 octobre 1914 que se manifesta pour la première fois l'influence du Kriegsministerium dans l'économie de la Belgique. En vertu d'un arrêté de ce jour, quantité de matières étaient soumises à la surveillance d'un commissaire établi à Bruxelles, lequel pourrait décider de leur cession à l'Empire allemand ou à des tiers au prix que fixerait une commission nommée par le ministre de la guerre à Berhn. Parmi ces matières premières figurent déjà des produits nécessaires à l'industrie : cuivre, plomb, zinc, coton, jute, laines, chanvre, fils et produits manufacturés de ces matières, peaux, cuirs, caoutchouc, graisses, huiles minérales, benzine, etc. Le 20 novembre venaient s'y ■ adjoindre le goudron, le lin, l'oléine, etc. Ainsi la saisie générale de toutes les matières pouvant servir aux besoins .1' (Qand, Archives de la Ville, atlas Qoetgebuer, boîte n» 5.) Tribunal militaire allemand siégeant à la Kommandantur de Gand. Photographie d'origine allemande. de la guerre s'étendait à la Belgique occupée. Aux réquisitions purement militaires du début commençait à se substituer le plan d'ensemble d'exploitation économique rationnelle conçu par Walther Rathenau. Il devait s'imposer de plus en plus sous l'administration von Bissing (2 décembre 1914). La lecture du tableau des arrêtés pris en matière économique à partir de cette date montre les progrès constants de l'emprise allemande non seulement sur les stocks, mais sur l'outillage du pays. Dès le 22 février 1915, l'exportation des machines à travailler le métal était interdite, sauf pour celles qui étaient exportées par les ordres du gouverneur général. Et ces « Une scène d'enfer. » Dessin reproduit dans La Libre Belgique d'octobre 1915 (n° 50). ordres durent être fréquents puisque, en juin suivant, von Bissing constatait que des milliers de machines avaient été transportées de Belgique en Allemagne pour servir à la fabrication des munitions. L'attribution aux tribunaux militaires de toutes les infractions aux arrêtés concernant les déclarations ou les saisies en augmentait singulièrement la rigueur pour les Belges et l'efficacité pour l'Allemagne. L'armée jugeait en dernier ressort des confiscations faites dans son intérêt. La contribution de 40 millions par mois imposée à la Belgique le 10 décembre 1914, ajouta aux prélèvements en nature un prélèvement financier. La facilité avec laquelle il fut perçu engagea, dès 1916, le ministre de la guerre à le porter à 50 puis à 60 millions par mois. La Belgique lui semblait assez riche pour contribuer à supporter les charges du trésor allemand. 11 lui paraissait au surplus qu'elle devait « avoir proportionnellement une part égale à celle de l'Allemagne dans les frais de la guerre ». Cette politique qui devait nécessairement en épuiser les ressources à bref délai se heurta à l'opposition du gouverneur général. Le 19 juin 1915, von Bissing avait très nettement exposé ses idées devant une Commission industrielle convoquée par lui à Bruxelles. « Je pense, dit-il, dass eine ausgepresste Zitrone keinen Wert hat und dass eine getôtete Kuh, keine Milch mehr gibt » (3). Il voulait maintenir le pays « lebens[àhig » et panser les blessures de la guerre. Le 22 octobre 1915, il estimait que des 30 à 40 milliards auxquels on pouvait évaluer la fortune nationale au commencement de la guerre, plus d'un sixième était anéanti. Il voyait très bien qu'il était impossible de comparer la Belgique avec l'Allemagne. En Allemagne, une grande partie des dépenses faites pour la guerre entretenait l'activité de l'industrie. En Belgique, au contraire, celle-ci était paralysée par l'enlèvement des matières premières et des machines. Si elle travaillait encore, c'était en pure perte. Pour le moment, le pays dévorait son capital. Il avait déjà fourni, tant en réquisitions que par les 480 millions de la contribution de guerre, plus de 2 milliards de francs. L'intérêt de l'Allemagne commandait non de détruire économiquement la Belgique, mais au contraire d'y faire renaître la vie commerciale et industrielle. Soit que la contrée fût destinée à l'annexion, soit qu'elle dût être rattachée d'une manière quelconque après la guerre au système économique du Reich, il était plus profitable qu'elle fût solvable qu'épuisée et vidée. L'armée combattante sentait l'avantage de disposer derrière son front d'un territoire jouissant d'une situation plus ou moins normale. Des violences inutiles feraient le jeu de l'ennemi en lui fournissant de nouveaux griefs. Sans doute, la hquidation des stocks existant en Belgique avait introduit dans le pays beaucoup d'argent liquide. Sans doute encore, les importations de la Commission [or Relief in Belgium y avaient déversé jusqu'au 30 juin des biens estimés à 576 millions de francs. Mais il ne fallait pas considérer avec l'opinion courante de l'Allemagne et celle du ministre de la guerre, qu'il y eût là le symptôme d'un relèvement économique. Il en résultait seulement que « les pays ennemis avaient contribué à rendre la Belgique solvable alors que l'Allemagne lui enlevait continuellement de grosses valeurs ». Ainsi, entre le gouverneur général voulant « conserver » autant que possible les forces productrices de la Belgique et le ministre de la guerre la considérant comme un réservoir à épuiser, l'opposition était complète. En cette première rencontre, von Bissing l'emporta. La contribution de guerre, provisoirement, ne fut pas majorée. Les déclarations confidentielles de von Bissing sur la situation réelle de l'économie belge sont en contradiction frappante avec la prétendue prospérité que lui attribuaient à la même époque les journaux allemands. De plus en plus complètement dépouillée de ses moyens de production, l'industrie n'eût pu se maintenir qu'en consentant à travailler pour l'Allemagne et à entretenir directement ou indirectement la puissance mihtaire de celle-ci. Dès lors, elle ne pouvait adopter qu'une seule attitude, celle de la résistante passive. On a déjà vu que, dans leur très grande majorité, les patrons comme les ouvriers préférèrent l'inaction à la collaboration avec l'occupant. A part des exceptions qu'il est impossible d'énumérer, les fabricants fermèrent leurs usines plutôt que de les mettre au service de l'Allemagne. Cette conduite les privait nécessairement de la possibilité de se ravitailler en matières premières. Les stocks épuisés ne se remplaçaient pas. Dans beaucoup d'usines ils furent enlevés dès les premiers mois. La reprise momentanée qui s'était manifestée après le choc de l'invasion ne pouvait donc se prolonger. Il n'y eut guère que les charbonnages dont l'activité se maintint jusqu'à la libération du pays. Il eût été possible de faire sinon vivre au moins vivoter l'industrie, en lui ouvrant sur l'étranger une porte par oii elle eiJt pu recevoir des matières premières et exporter ses produits. Le 28 février 1915, un arrêté avait stipulé l'interdiction d'exporter sans l'autorisation du Commissaire du ministère de la guerre, autorisation qui fut remplacée plus tard (15 avril 1916) par celle du chef de l'administration civile. Ce qui subsistait de l'exportation était encore Jour de marché à Philippeville pendant la guerre. Dessin de Willy Specht Gouverneur eu krachtco* M le Gouvct-neur gruerul et k mon ktT> du 3<> aepteuibre 1917 reUtif «ax dinpoHittoui und nielner Au»faiirung»b«li>nptin>chung yom 30. Saptamber 19n ablleferting»- ntiD uitvoeriDgfthekendmaki&K van 3o September 1917 inoelea aTgeleverd worden, tegea gerced rvutemeataire» dudit «rrète. lea objeu qui aa trouvent en votre poaaeaalun ou aous votre garde, paichtlb»nUefarn. lllchtbefolguat dleiier Anweliung hat twangawalse ileae uitnoodigiiig gecn uevoig gugeven. dan xulien de af te leveren vuurwerpcn duor d»anft paiement comptant. S il n eat pas* nutisfait a la prctente Komniation. lekditti objet» fteront enlevés Wegnahme der ablleferu.nggpfllchMiren Q«gen»tlUide und Degirafting »ur Foiite. afgehuatd eu de in gcbrckc perNOneu gestraft wordeu. Tôt hui„MOekingen sal worden overgvgaan. par contrainte, aana prajudice de mesurea penales, Dea vi&iteft domiciliaires auront lieu. ■auMuehuniwn werden vorgenommen. Wegen de* Ersatzei fllr die elnetwellen cnrUckzustellenden Gegeniitfinde ertellt Het IniameikaDioor «al inlichttngen veratrekken nopen^ lii-t vervaugvn van de vouiwerpeu, Pour de plua amplea renavigneuienta au aujet liu remplacement dea ohjeta provisoirement die BammeUtelle Auilcnnlt. voor de Inlevering ttaarvaa vourlooplg altatel ia verleend. r«a«rv«a, a'adreaaer &u bureau de llTralaon. Dar Chef ttr Abtellunf fiir Hanëei un« Gawarka k*l dam Canaral-Couvarnaup in Balalen Dr. von Kohiar. (Gand, Archives de la Ville, Guerre 1914-1918, A 14<, lOste wijk n» 2. — Liège, Archives du Musée de la Vie Wallonne, dossier 55 N 1, n° 43226.) Deux documents relatifs aux réquisitions. En haut, reçu pour 6 kilos 500 gr. de laine pure (beste zuivere wol) délivré le 2 novembre 1917 à M. Théophile De Pauw, domicilié 67, Champs-Elysées, à Gand. En bas, avis de réquisition, « contre paiement comptant », du cuivre, du laiton et du bronze, à livrer le 26 novembre 1917 au bureau de la rue des Guillemlns, n" 102, à Liège. « S'il n'est pas satisfait à la présente sommation, lesdits objets seront enlevés par contrainte, sans préjudice de mesures pénales. » prix et disposait souverainement de l'exportation, des fournitures à l'armée, à l'administration, aux usines et à la consommation ménagère. Les bénéfices qu'elle réalisa de juillet 1915 à juillet 1917 s'élèvent à plus de 33 millions de marks. Par considération pour les Etats neutres. Hollande, Suisse, Etats scandinaves, une partie considérable de la production fut exportée (4). Les disponibilités mises à la disposition de la population belge se trouvèrent insuffisantes de ce chef et il en résulta particulièrement, durant le terrible hiver de 1917, une pénurie qu'aggrava encore la désorganisation des moyens de transport. La centrale des huiles (Oelzentrale) fut créée par un arrêté du 3 juin 1915; celle de l'orge et de l'escourgeon, le 20 juillet; celle du gaz, des eaux et de l'électricité lui fut adjointe le 26 juillet de la même année. Le 24 novembre 1915, la Zuckerverteilungsstelle fut chargée de diriger la répartition du sucre et de ses sous-produits. Une Zentraleinkaufgesellschaft /tir Belgien avait pour but de rassembler et d'expédier en Allemagne les produits saisis ou réquisitionnés, ainsi que les denrées alimentaires que les conventions protectrices du Comité National ne réservaient pas à la population belge. Sous elle fonctionnaient des organismes spécialisés tels que le bureau d'approvisionnement en pommes de terre (17 janvier 1916), une société centrale d'achat des racines de chicorée (13 août 1916), une société centrale pour l'achat du beurre 24 août 1916), une centrale des légumes (Obst-zentrale) (5). Toute cette organisation, outre les bénéfices considérables qu'elle procurait à l'Allemagne, faisait encore s'écouler vers elle la substance de la Belgique. Ce qu'elle laissait à la consommation du pays était l'objet d'un rationnement presque toujours réduit au minimum. Alors, par exemple, que la production en pommes de terre excède les besoins de l'alimentation nationale, l'administration n'en fournit en 1916 que 300 grammes par jour et par habitant et que 200 grammes en 1917. Un des résultats les plus certains du système fut de développer énormément le commerce clandestin et de faire hausser tous les prix. Des abus de tout genre étaient inévitables. Les Centrales confiaient à des firmes désignées par elles le monopole de la vente des produits qu'elles contrôlaient. Celles-ci les repassaient à des intermédiaires qui les revendaient aux détaillants d'où ils arrivaient enfin au public. Le beurre, accaparé par une association de marchands travaillant sous la surveillance de l'occupant, devint un article de luxe (6). Le sucre se raréfia presque autant. Ajoutons à cela l'élargissement de plus en plus considérable des saisies. Après avoir porté sur les entrepôts d'Anvers et sur les stocks, elles s'étendirent, dès 1915, au mobilier des habitations privées. Rien ne contribua plus à aigrir les sentiments de la population à l'égard de l'occupant que les visites domiciliaires provoquées par la réquisition des cuivres tout d'abord, puis plus tard des laines. Plus le Belge attache de prix au confortable de sa demeure, plus il s'indignait de se voir enlever les pendules, les « suspensions », les casseroles rutilantes qui faisaient l'ornementation de son « salon » et de sa cuisine, et de devoir livrer la belle laine de ses matelas. On s'ingéniait vainement à les enterrer dans les jardins, à les cacher sous les lames des parquets, sous les tuiles des toits, dans des réduits maçonnés au fond des caves ou dissimulés derrière des tonneaux ou des fagots. Ces précautions ne faisaient que rendre plus longues, plus minutieuses et plus odieuses les visites domiciliaires. Les soldats sondaient les murs, faisaient lever les planchers, ouvrir les placards, forcés de violer, pour déjouer l'ingéniosité des fraudeurs, cette intimité du domicile que les moeurs et la législation faisaient considérer comme le droit le plus sacré du citoyen. « ... les squares et les jardins publics étalent transformés en jardins potagers et en channps de ponnmes de terre. » (Voyez le texte ci-des-sous.) Culture de pommes de terre et de légumes dans le parc du plateau de Koekelberg (Bruxelles). Photographie reproduite dans L'Evénement Illustré du 30 juin 1917, p. 490. Lorsque le gouverneur général avait levé en 1914 la première contribution de guerre sur les provinces, il avait été entendu que le paiement des réquisitions arriérées serait liquidé sans retard et qu'à l'avenir il n'en serait plus fait que contre argent comptant. Cette promesse ne fut pas tenue. Au mois de novembre 1916, le Commissaire impérial pour les banques estimait à 800 millions de marks le montant des réquisitions non payées. Néanmoins, la quantité d'argent accumulée dans le pays était considérable. La liquidation des marchandises saisies, les dépenses des soldats et des officiers y introduisaient un abondant numéraire. Mais faute d'emploi, il s'entassait dans les banques. Beaucoup d'adeptes du commerce clandestin, de spéculateurs, de marchands exploitant la misère publique réalisaient des bénéfices scandaleux. Tandis que les usines se fermaient, on voyait, par un contraste paradoxal et choquant, les théâtres et les cinémas maintenir au milieu de la détresse générale, dans les grandes villes et particulièrement à Bruxelles, une apparence de luxe extérieur qui trompait les étrangers sur la situation réelle. En décembre 1917, on ne relevait pas moins de cent quarante étabhssements cinématographiques en exploitation dans la capitale. Mais on pouvait observer en même temps que les squares et les jardins publics étaient transformés en jardins potagers et en champs de pommes de terre. Le long des rues où ne passaient plus que les automobiles militaires ou celles du Comité National, on commençait à voir circuler lentement des chariots attelés de bœufs. Dans les restaurants, la viande disparaissait des menus. Les maisons les plus luxueuses n'entretenaient plus de feu que dans une seule pièce. Le gaz était rationné comme les aliments. Au milieu de cette détresse, la plaie du chômage allait croissant. Elle s'était manifestée dès le début de la guerre et elle préoccupait au même titre et l'administration alle- mande et les administrations communales. C'était à la fois un devoir d'humanité et de salut public que d'y parer. Car, dans une population ouvrière aussi dense que celle de la Belgique, le manque de travail pouvait entraîner des troubles et des émeutes qui eussent amené sans doute des mesures de répression impitoyables et renouvelé les horreurs qui avaient signalé les débuts de l'invasion. De leur côté, les patriotes s'inquiétaient de la perspective de voir les ouvriers, sous la morsure de la famine, se résigner à travailler pour l'Allemagne. La grève des bras croisés ne pouvait se prolonger avec l'estomac vide. Pour maintenir en face de l'occupant la résistance passive, il fallait alimenter les chômeurs. Du point de vue allemand, il le fallait aussi pour empêcher que l'ordre ne fût troublé à l'arrière des armées combattantes. Ainsi, pour des motifs divers, l'occupant et l'occupé s'unissaient dans le même désir de parer aux dangers de l'oisiveté, qu'elle fiit forcée ou volontaire. On peut conjecturer avec vraisemblance que la bienveillance montrée par le feld-maréchal von der Goltz à la Commission for Relief in Belgium et au Comité National s'exphque essentiellement par le désir de les voir combattre efficacement le péril du chômage. Des mesures de toute sorte furent prises pour fournir une occupation aux travailleurs de plus en plus nombreux que la restriction progressive de l'industrie laissait sans emploi. M. E. Mahaim estime que leur nombre, à partir du milieu de 1915 jusqu'à la fin de la guerre fut de six cent cinquante mille par an en moyenne, soit environ 50 pour cent du nombre des ouvriers industriels (7). Il faut y ajouter le double au moins de nécessiteux appartenant à toutes les classes de la population. Tous sans doute n'étaient pas également intéressants. Des simulateurs se faisaient inscrire sur les hstes d'assistance pour se procurer, au détriment des vrais pauvres, un supplément de ressources. Ces abus inévitables ne peuvent entrer sérieusement en ligne de compte. Le reproche de paresse, qui fut souvent lancé par la presse allemande contre les ouvriers belges, ne supporte pas l'examen. (Bruxelles, ex. des Archives de la Ville, fonds Keym n» 131, photo n» 756.) « Le long des rues... on commençait à voir circuler lentement des chariots attelés de bœufs. » (Voyez le texte ci-contre.) — Chariot de bœufs dans les rues de Bruxelles. L'énergie travailleuse dont ils avaient fait preuve à toutes les époques de l'histoire ne s'évanouit pas soudainement sous le choc de l'invasion. Elle s'attesta au contraire avec une vigueur renforcée partout oii elle put s'employer à l'avantage du pays. En France et en Angleterre, les Belges émigrés se distinguèrent par l'ardeur de leur activité dans toutes les besognes qui leur furent confiées. Et il suffit d'ailleurs de se rappeler leur conduite dès la conclusion de la paix pour être assuré que le chômage des années de guerre ne s'exphque pas par la démoralisation. Il est tout simplement l'effet de la paralysie économique du pays et de la répugnance de ses habitants à servir l'occupant. Aussi longtemps que les usines disposèrent de matières premières, leur personnel continua le travail. Il ne cessa jamais, on l'a vu, dans les houillères. Ce n'est que là où il apparut avec évidence que l'exploitation favorisait les desseins de l'ennemi, que patrons et ouvriers se trouvèrent d'accord pour l'interrompre. Il en fut ainsi dans les arsenaux des chemins de fer, dans les carrières du Brabant et du Hainaut, dans les usines métallurgiques, etc. D'ailleurs, si des causes morales contribuèrent largement au chômage, il ne faut pas en exagérer l'influence. L'occupation fut trop longue, les misères qu'elle entraîna trop cruelles pour que la résistance passive de la classe ouvrière pût présenter une unanimité qui eût exigé un héroïsme surhumain. Bon nombre de travailleurs acceptèrent d'entrer dans les usines séquestrées ou produisant pour le Reich. D'autres se résignèrent à s'embaucher en Allemagne. Néanmoins, le nombre de ceux qui, de propos délibéré ou faute d'emploi, demeurèrent inactifs, ne cessa d'augmenter jusqu'à la fin de l'occupation. Le 6 novembre 1916, c'est-à-dire au moment où avaient commencé les déportations d'ouvriers, le Commissaire général pour les banques estimait qu'il y avait environ deux millions de nécessiteux dont la plupart l'étaient faute de travail (8). De très bonne heure, les administrations communales avaient eu recours, pour combattre le chômage, au moyen traditionnel et pour ainsi dire classique de l'assistance par le travail. Grandes ou petites, elles avaient à l'envi décrété des travaux d'utilité publique. A Gand, tous les hommes inoccupés étaient embauchés pour le creusement des nouveaux bassins du port. Ailleurs, on faisait ouvrir des voies de communication, empierrer les chemins vicinaux, assécher des terrains humides, améliorer l'état des forêts. La province de Luxembourg se distingua particulièrement par i: ■ tvil^ NlItlMWl dl^ SMBm «t «AHMlMHailwi AIDE ET I^OTECnON AUX CHOM£UII$ OOMlrtUICAIilVLItaB . L-IHiii- SÈÎÎ2S1916 7tlv ^ d'Mfie valeur de 20 çeni^es de PomiAegiRitfr ^I^wdujuvt.M BAMOUB POPOLAIKB, »lac« SI-PMd,. >W «jW» léllé^ 9 à 12 tl d. à 6 h. Ih. BJ, IMWI-MI 31 aars 191&. St..... ii:i;:i ■ ..MmifUi,. (Liège, Musée de la Vie Wallonne, n» A 42186.) Bon pour l'achat de marchandises d'une valeur de 20 centimes remis aux chômeurs de Liège (février 1916). (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Médailles, fonds Lefebvre.) Monnaies de nécessité de la ville de Gand en usage pendant la guerre. 1 : 5 francs, 1917, remboursables en janvier 1920. Bimétal; 25x30 mm. — 2 : revers du n° 1 à l'écu de la ville et à la légende STAD OENT — VILLE DE OAND — FIDES ET AMOR. — 3 : 5 francs, 1918, remboursables en janvier 1922, devise PAX ET LABOR. Bimétal; 38 mm. — 4 : revers du n" 3 à l'écu de la ville et à la légende STAD GENT — FIDES ET AMOR. — 5 : 2 francs, 1915, remboursables le l®"' janvier 1918. Bimétal à face rouge; 24x24 mm. — 6 : revers du n» 5 à l'écu de la ville et à la légende STAD CENT — VILLE DE GAND. Bimétal jaune. — 7 : 1 franc, 1915, remboursable le l"*- janvier 1919. Bimétal, cuivre; 23 mm. — 8 : revers du n» 7 aux mêmes motif et légende que le n» 6. — 9 : 50 cent., remboursables le l®"- janvier 1917. Bimétal, cuivre, face jaune; 16x16 mm. — 10 : revers du n» 9 aux mêmes motif et légende que le n» 6. Bimétal, cuivre rouge. — Les mentions « remboursables... » figurant aux différents droits sont bilingues. son intelligente initiative dans ce domaine (9). On s'efforçait de profiter de la crise pour améliorer l'outillage économique du pays, tout en se gardant soigneusement de toutes entreprises qui eussent pu favoriser les opérations militaires. Les communes rurales par exemple, s'abstinrent presque toujours de faire remettre en état les chaussées et les grandes routes employées par les troupes. Leurs travaux ne portèrent que sur les chemins de petite communication. Les industriels, de leur côté, s'ingénièrent à ne pas fermer les usines qui n'avaient pas à travailler pour l'ennemi. Aussi longtemps que les réquisitions et les saisies laissèrent à leur disposition machines et matières premières, ils ne cessèrent pas d'employer leur personnel. Le nombre des heures de travail fut diminué afin de prolonger autant que possible l'activité des établissements. Plusieurs même, plutôt que de cesser l'exploitation, se résignèrent à travailler à perte. Les chômeurs et les ouvriers occupés à salaire réduit étaient secourus par le Comité National, par les communes et par des œuvres privées auxquelles les associations ouvrières apportèrent un concours dévoué. Elles se chargèrent, en collaboration avec les sous-comités du Comité National, de distribuer par quinzaine les secours en nature et en bons (10). Le but du secours-chômage n'était pas uniquement de soulager le dénuement des sans-travail. Il visait encore à détourner les ouvriers de céder aux sollicitations de l'ennemi et d'accepter ses offres d'emploi. Aussi, le Comité National s'efforça-t-il toujours de conserver à ce secours le caractère d'une intervention purement privée et charitable et à laquelle le chômeur comme tel n'avait aucun droit. Il en résulta des malentendus dont l'autorité alle- AVIS IMPORTANT On demande pour l'Allemagne ties ouvriers expérimentis d'Usines, de Hauls-Foumeaux, d'Aciéries, de Laminoirs, ainsi que des ajusteurs, forgerons, foreurs, riveurs, chaudronnien, éleetriciens, maçons, ouvriers d'Usines à :inc, d'ateliers de toutes catégories et de FORTS MANOEUVRES. Le» ouvriers «cront IrailiH l'I payM. selon leur» ia|Mcilrt. aux nii>aics l«ux el conililions i|uc le» ouvriers tlli-mami.» lio b iin'rae cali-gorie. loul en prolilanl ilra fortes jouniii's ilu temps KtMl. Us pourront disirnser librement ilo sâliire gagné el expiKiier Je l argent pour IVntretien de leurs familles, avec lrs<|iiplles ils («uvent entrer lilireraont en correspondance: Les contrats se feront |K)ur un enpaseraenl He ). (t ou » moU. au ctioU : la sipnalure du contrat garantit que le salaire, la duK-e et les conditions ilu rantrat. dont un exemplaire sera remis au conlractint, seront siricli-mcnt oliser»» |Mr le |>alron: Pour subvenir aux premier» l)esoins. on oITre un setnurs considérable en .irgenl j la famille de l'ouvrier, payable immédiati ment «prés son dé|)art. Kn outre, les famille» rerevront un lecour» mensuel, |iendant l'atisence île Teniw et qui servira ù affronter la pénurie arluelle. Outra oes seooups Importants absolument gratuits attribués aux familles, dont les montants augmentent avec le nombre des membres de famille, tout ouvrier recevra Immédiatement, lors de la signature du contrat, une prime personnelle de FR. 50.00 Pul permettra de se procurer l'équipement nécessaire pour son voyage. Il est entendu que ces montants de secours ne seront pas retenus des salaires. S'ADRESSER AUX BUREAUX DE PLACEMENT : à NIVEt.UES, Hôtel de Hnssie ((iare Nord) à HAI» Hôtel Vue de la StaUon à TUBIZE, IIO, chaussée de Mons à I.OUVAIN, GO, rue de Vfalines a TIHI.EMONT, 58, me do la Station on -au Bureaux Ceutrauz : 64, rue fllaPie'-ThéPèSe, St-Josse-tea-Noode - BruxeUes et 39, boulevard Jamar, 39, Britxelles-lWidi Ctiaqae ouvrier aura droit aux primes et secours, qui seront répartU comme suit : I. UNE PRIMK PERSOXNKI.l.E de BO FR.\NCS que l'ouvrier reçoit lors de la signature do contrat AVANT SON DWART. Sa famille toucbera encore : II. UN PREMIER SECOURS DE FAMILLE, pavablo une seule foU en esix-ces I ou- 3 jours après le départ de l'ouvrier pour subvenir aux besoins de sa famille jusqu i ce que celui-ci mande ne manqua pas de profiter. A mesure que la tendance de suppléer par la main-d'œuvre belge au déficit de la main-d'œuvre allemande s'accentua plus fortement chez elle, elle multiplia, sans d'ailleurs y réussir, ses tentatives d'intervention dans les distributions du Comité. Le secours-chômage entraînait d'ailleurs par sa coexistence avec les allocations de vivres organisées par les communes, des gaspillages et des abus. Au mois d'août 1917, le Comité lui substitua un autre système : celui du « secours alimentaire » (11). L'octroi de ce secours, placé sur le contrôle des Comités provinciaux, était subordonné à la demande des intéressés. Pour y avoir droit, il suffisait d'être nécessiteux. Aucune condition de profession n'était plus exigée. L'importance des secours distribués ressort des chiffres. Les frais occasionnés par le secours-chômage jusqu'en novembre 1917 s'élèvent à 330 millions, ceux du secours alimentaire, de novembre 1917 à juin 1919, à environ 600 millions. La Ligue nationale du coin de terre, créée en 1896, rendit d'utiles services aux chômeurs, encore qu'elle ne s'intéressât pas spécialement à eux, mais à toutes les personnes privées de ressources. Elle mettait à leur disposition quelques ares de terre à cultiver. En 1914, elle assistait ainsi sera en clat d'envoverde l'argent de son gain. Ij' mimtant de l'e seeout-s dé|)end de la tluire du rotttral de travail et s'élève à * Pour un <-ng3}î(>iiiehl de ; -i mois (i mots H ntois .<0 plus 1) Pour riionime élant |)arii pour l'Allemagne. . i(l l'r. Kl Kr. .'K) Kr. 2) Pour sa femme.......... 10 Kr. 2» Kr. ."if» Kr. .">) Pour cbaque enfant en dessous de I t ans . . .'i Kr. Ifl Kr. 10 Kr. ni. UN SKXOUItS DE KAMILU: A DIFKÉRENTES IIEPRISI-S. PAVAItl.E MENSI ELl i; MENT, ser^'ant à affronter la pénurie acluelle. On donnera ehai(ue imiis pendant le s<''jère de -i enfants en-ilessuus de 1 i ans et qui s'enga^^e pour un terme de i mois, comprenant 2 mois il'été el 2 moi» d'hiver. |ieut-è(re tranquillisé, que pendant son absi'nra sa famille, resiée en Belgique, obtient 1*"» sei-ours suivants : a) La prime personnelle s'élevani à..............'iO.— fr. b) Le premier secours de famille. 20.— |. Kl.— |. t fois ;>.— .... M.—fr. c) Le secour» mensuel, suit 10.— + i fois .5.— = ."fl.— fr. |Mr mo'is. ilow pour -i moi» 4 fois .'50.— —..............120.— (r. d) Du charbon pour deux mois d'été, soit deux fois 7..'îO.......I.">.— tr. .... .Vi.- (r. J en espèces ou en vivn-.':. ; iMi en esjKi-t ' e) Du charbon pour deux mois d'hiver, aoit deux fols l7..'Wt > r«Mi. : 270.—fr. si on compte 2."> jouis de travail par mois, l'ouvrier ea question avec on engagement » secours alloués, absolument gratuits, qui ne seront pas retenus des salaires gagnés, re|>r^nlmt donc dans le cm prévu une augmentation de 370.— fr. divisés par 100 équivaut 2.70 Kr. PAR JOURNKJ: DE TRAVAIL. Ce taux sera relaUvement PLUS fXEVË quand il s'agit d'un CONTRAT DE « OU g MOIS. Ud célibataire aura toujours la prime personnelle de 50.— fr., ensuite 20.—, 40.— oa 50.— fr. (selon la durée de rengagement) de premier secours de famille, qui sera pavé, selon ses bidlcallons. i un MEMBRE DE SA FAMILLE. Se munir de la carte d'Identité, carte de contrôle et du carnet de mariage ou pièces justificatives pour jouir de ces faveurs. AVIS IMPORTANT Les ouvriers signant un nouveau contrat de 4 mois an moins avec la Grme en Allemagne et qui renoBceiit à revenir en congé en Belgique, amont droit aux mêmes aldèt et secourt de famille que ceax accordés en Belgique au nouveaux contManla. La prime penonelle de 50.— fr, accordée aux ouvriers signant un contrat en Belgique est portée i JOO.— fr. en Allemagne. Efle sera envoyée en Belgique k la famille (avac les litres ^ours) par U firme el [iar la poste, anssHél que l'obrrier anra signé aon noinrean contrat. fi I I I (Bruxelles, exemplaire des Archives de la Ville, Archives de la Guerre, dossier n» 21 [Recrutement d'ouvriers].) (Clichés Bijtebler.) « Une propagande par affiches mettait sous les yeux des chômeurs la félicité qui les attendait dans les usines allemandes. » (Voyez le texte, p. 370.) — Avis Invitant les ouvriers belges à travailler volontairement en Allemagne (1917). L'avis énumère les avantages réservés aux volontaires : salaire, aide aux familles, prime, soins médicaux. — L'exemplaire reproduit ci-dessus porte une mention manuscrite (« Distribué à Uccle au mois d'août 1917 »), ce qui laisse entendre qu'il fut imprimé dans le courant de la même année. (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes, fonds Lefebvre, Cartes postales humoristiques, guerre 1914-1918, t. II.) « L'école pour chômeurs. » Légende : Députe!, ça je sais qua même devenir après la guerre avec une instruction paretle I (allusion aux cours donnés aux chômeurs pour éviter qu'ils travaillent pour l'occupant). — Dessin humoristique colorié, signé Corbugy et daté de 1915, reproduit sur carte postale. 16.000 familles avec 800 hectares. En 1915, ces chiffres passèrent à 31.000 familles et 1.700 hectares; en 1916 à 69.000 familles et 3.000 hectares; en 1917 à 118.000 familles et 5.000 hectares. Dans les premiers temps, l'administration allemande semble avoir vu avec faveur les efforts organisés pour empêcher le chômage et pour venir en aide à ceux qui en étaient atteints. Elle y voyait avec raison une garantie de maintien de l'ordre. On ne constate pas qu'elle ait rien fait pour les entraver (12). Mais son point de vue devait bientôt se modifier. De bonne heure des raccoleurs étaient arrivés d'Allemagne en vue de recruter en Belgique un supplément de main-d'œuvre. Presque partout, ils s'étaient heurtés à des refus. Au mois de juin 1915, une institution officielle, le Deutsche Industriebûro (13) avait été créée pour centraliser et organiser l'embauchage. Une propagande par affiches mettait sous les yeux des chômeurs la félicité qui les attendait dans les usines allemandes : gros salaires, hygiène, confortable de l'existence. La presse censurée faisait chorus. On publiait des lettres attestant la satisfaction des hommes qui avaient consenti à partir et engageant leurs camarades à les imiter. Le succès avait peu répondu à tant d'efforts. Le nombre de ceux qui avaient consenti à signer des contrats de travail restait minime. Une répugnance presque invincible à s'enrôler au service de l'ennemi déjouait les sollicitations les plus tentantes (H). Cette répugnance était naturellement encouragée en sous-main. Les agents du Comité National l'entretenaient par tous les moyens. Leurs exhortations étaient d'autant plus persuasives qu'elles s'adressaient à la fois au patriotisme et à l'intérêt. Les chômeurs n'ayant aucun droit officiel à l'assistance, rien de plus aisé que de couper les secours à ceux qui se laisseraient tenter. Il était évident que le sentiment national qui animait le Comité ne lui permettait de venir en aide aux chômeurs que pour autant qu'ils persistassent dans la résistance passive. Pour l'Allemagne, la guerre et la conquête ayant établi entre le Reich et la Belgique une solidarité économique, celle-ci devait soutenir celui-là. Pour le Comité, au contraire, institution exclusivement belge, l'intérêt essentiel était d'empêcher cette solidarité et de maintenir, aussi longtemps que durerait l'occupation, l'intégrité physique et morale de la nation. L'opposition des points de vue était absolue et incompatible. Le devoir patriotique l'inspirait de part et d'autre. Puisque le conquérant de la Belgique voulait lui imposer son économie de guerre, la seule conduite possible était de tout faire pour déjouer ses plans. Agir autrement eût paru une trahison, non seulement à l'égard du peuple belge, mais à l'égard de ses alliés. Les administrations communales ne pensaient pas autrement. Elles aussi s'efforçaient, en employant ou en laissant employer les chômeurs par des associations privées, de les détourner de se rendre aux avances de Vlndustrie-bûro. Les syndicats socialistes, les groupements d'ouvriers chrétiens ou libéraux, les patrons, les membres des bureaux de bienfaisance, les visiteurs des pauvres, les particuliers influents travaillaient avec ardeur dans le même sens. Une conspiration générale s'organisait contre l'embauchage, d'autant plus effective qu'elle s'exerçait de compatriote à compatriote et de secoureur à secouru. La rancune amassée au fond des coeurs lui donnait beau jeu. (Liège, exemplaire des Archives du Musée de la Vie Wallonne, dossier 55 C 2, n" 9286.) Déportés rassemblés dans une prairie à Fosse avant leur départ pour l'Allemagne. Les manœuvres de Vlndustriebûro étaient discréditées par son caractère trop évident d'institution officielle. La maladresse de ses procédés le desservait. Il promettait trop pour que l'on pût ajouter foi à ses promesses. Au surplus, les déportés qui après avoir séjourné quelque temps dans un camp de concentration avaient été rapatriés, démentaient ses affirmations sur l'aisance dont on jouissait en Allemagne. Pour l'immense majorité des sans-travail, le choix n'était pas douteux entre la continuation de la résistance et la défection. Mieux valait vivre avec l'aide de l'assistance belge et se croiser les bras qu'accepter la réprobation publique et l'exil loin des siens en vue d'avantages problématiques. Le gouverneur général ne pouvait combattre en face une opposition dont il ne tarda pas à constater l'efficacité. Le Comité National échappait à ses atteintes. Quant aux administrations communales, comment s'y prendre pour contrôler efficacement leurs agissements ? Le seul moyen qui s'offrait d'entraver la propagande dont souffrait l'intérêt militaire de l'Allemagne était d'agir sur les chômeurs eux-mêmes en les plaçant en face de l'alternative ou de reprendre le travail ou d'être privés de secours. Sans doute, elle ferait affluer vers Vlndustriebûro ceux que la persuasion et les affiches laissaient insensibles. Rien de plus conforme au droit international que ce procédé. Car enfin, de quoi s'agissait-il ? Tout simplement de fournir des bras à l'industrie allemande. Il n'était pas question d'employer les Belges à des travaux militaires. Rien ne s'opposait donc, aux yeux du gouverneur général, à l'arrêté qu'il promulgua le 15 août 1915. Il stipule que tous ceux qui, étant secourus par l'assistance publique ou privée, refuseront sans motifs suffisants d'entreprendre un travail répondant à leurs capacités, seront punis d'une peine d'emprisonnement de quatorze jours à six mois. Ceux qui sciemment favoriseront par des secours ou d'autres moyens le refus de travailler, seront passibles d'une amende pouvant aller jusqu'à 12.500 francs et éventuellement d'un emprisonnement d'un an. Les chefs des communes ou associations coupables seront tenus pour responsables et les sommes destinées aux secours délictueux, confisquées au profit de la Croix-Rouge. Les motifs c-^S"*- - 23 X4 ,)(I 11.XI le IX 2S IX 2 XII 9 XII 18. XH 23 XII 30 XII 11000 n ooo 10 000 9 000 8000 7000 «000 12 837 H Gesamts «M 30(5 tSSi 12«s7 10020 ftOtO ItOt 7m SU M> S» 973 918 »7 i|t'[vfv]7.];'[v]vyï|v0;|«.'[«''[lï"! i-..|«s f Woche MX Li-a- , # u n 10 FetruBT Novtmbcr» Dezerobrr « Jenuar I9i7 f; Le président du « Meldeamt », le Hauptmann Gerlach, faisant rapport au général-major von Huber-Libenau sur l'appel ou contrôle des hommes de Philippeville. ... Meldung Uber den Beglnn einer Kontrollversammlung, dit la légende figurant au bas de ce dessin reproduit dans Vltlustrierte Zeitung du 20 juillet 1916, p. 97 (Leipzig). La même légende situe Philippeville dans le nord de la France 1 Le dessin est signé Willy Specht (né à Berlin en 1877) et daté de (19)15. Nombres d'ouvriers belges enregistrés au Gouvernement général et déportés entre le 28 octobre 1916 et le 10 février 1917. Graphique dressé pour ces seize semaines d'après une source allemande. Les angles de la ligne brisée correspondent respectivement au dernier jour de chacune des seize semaines de la période envisagée. Les chiffres Indiquent le nombre de déportés à la fin de chaque semaine. L'auteur de ce graphique aboutit à un total de 60.847 déportés. 11 n'a pas tenu compte des déportés de la zone des Etapes dont l'exil collectif commença le 3 octobre 1916 (les réquisitions individuelles sont antérieures). D'après les sources belges le nombre total des déportés se serait élevé à 120.655, dont 58.500 appartenant au territoire du Gouvernement général (soit un peu moins que le nombre proposé par la source allemande) et 62.155 relevant des Etapes (les Zivil Arbeiter Batailtonen). Dans le territoire du Gouvernement général, 93,5 pour cent des déportés furent enlevés pendant le dernier trimestre de l'année 1916, et la majorité d'entre eux connurent trois à neuf mois d'exil. Soixante-quinze pour cent des déportés de la zone des Etapes furent enlevés pendant la même Dériode; 7.595 d'entre eux résidèrent de vingt et un à vingt-quatre mois en exil orcé. — Graphique reproduit par W. Asmis : Nutzbarmachung belgischer Arbeitskràffe fUr die deafsche Votkswirtschaft nach dem Kriege, mémoire polycopié « pour les besoins du service » à Bruxelles et portant la date du 6 février 1918, et, d'après celui-ci, par F. Passelecq : Déportation et travail forcé des ouvriers et de la population civile de la Belgique occupée (1916-1918) (Publ. de la Dotation Carnegie. Hist. économ. et sociale de la guerre mondiale. Série belge), p. 396. Paris, 1927, in-8». concernant le refus de travail ne seront valables que s'ils sont admis par le droit des gens. La portée de cette innovation est sans conteste de forcer les ouvriers à accepter les offres de travail de l'administration allemande pourvu que celle-ci, conformément à la convention de La Haye, n'impose pas des travaux d'ordre militaire. Le gouverneur s'attendait certainement à un résultat conforme à ses vues. Il abandonnait, en effet, le jugement des infractions aux Chambres correctionnelles des tribunaux belges de première instance. Quelques mois plus tard, le 23 novembre, la défense faite au Comité National de créer des cours pour les chômeurs indigents, attestait son intention de les priver du réconfort moral que leur procurait la sollicitude de leurs compatriotes. L'inefficacité de cette première intervention le poussa à une mesure plus pénétrante. Le 2 mai 1916, il édictait que «les travaux ayant indirectement ou directement pour but de procurer du travail rémunéré aux chômeurs doivent au préalable être déclarés au bourgmestre de la commune sur le territoire de laquelle on compte les faire exécuter. Le bourgmestre est tenu d'en transmettre la déclaration au Commissaire civil allemand du canton. Celui-ci s'adressera au Président civil de l'administration de la province qui décidera. Les peines pouvaient cette fois aller jusqu'à un emprisonnement de trois ans et à une amende de 20.000 marks. Enfin, seuls les tribunaux ou les autorités militaires allemandes étaient compétents pour les appliquer. Ainsi, après avoir condamné sans succès le refus de travail, on en arrivait à rendre le chômage obligatoire pour tous ceux à qui l'assistance publique s'efforçait de procurer une occupation. Manifestement, l'espoir frustré de voir les Belges accepter volontairement les offres de l'occupant, faisait place à celui de les y amener par la misère. En leur fermant les chantiers organisés pour eux, on les plaçait devant l'alternative ou de travailler ou d'être punis pour ne pas vouloir le faire. Et l'intervention des tribunaux militaires donnait l'assurance que les pénalités proclamées seraient rigoureusement appliquées. Quinze jours plus tard, le 15 mai 1916, un nouvel arrêté allait plus loin encore, en instituant le travail obligatoire. Il donnait aux gouverneurs, aux commandants militaires et aux chefs d'arrondissement, le pouvoir de faire conduire de force les chômeurs récalcitrants aux endroits où ils doivent travailler. Les arrêtés de mai 1916 ne furent pas dus à l'initiative du gouverneur général. Le Grand Etat-major l'exhortait à déporter en Allemagne, pour y remédier à la pénurie de main-d'œuvre dont y souffrait de plus en plus l'industrie, quatre cent mille ouvriers belges. Aux yeux des autorités militaires, la Belgique devait supporter les nécessités de la guerre dans la même proportion que le Reich. Il était inadmissible que le matériel humain y demeurât intact, tandis que la population allemande était soumise aux coupes sombres que le recrutement y faisait de plus en plus largement. L'excédent d'un côté devait suppléer au déficit de l'autre. Puisque l'industrie belge chômait presque tout entière, tandis que l'industrie allemande éprouvait le besoin (Bruxelles, Musée communal.) La paye des chômeurs au Palais du Midi à Bruxelles. Tableau signé Jef Dutillleu (né à Saint-Gilles [Bruxelles] en 1876). 1918. de plus en plus pressant d'un supplément de travailleurs, quoi de plus pratique que de puiser dans la masse oisive qui encombrait la Belgique ? Mais ce radicalisme des militaires épouvantait von Bissing. Au risque de se faire accuser une fois de plus de traiter les Belges « en enfants gâtés », il faisait valoir les inconvénients qu'entraînerait la réalisation des desseins de l'Etat-major, non pas seulement pour la Belgique, mais surtout pour l'Allemagne elle-même. Etant sur place, il voyait mieux les choses. Les résolutions formidables de l'Etat-major l'effrayaient, et l'on ne peut s'empêcher de comparer son attitude à celle que Fouché et Talleyrand prirent vis-à-vis de Napoléon quand l'empereur, ébloui par ses visions de domination européenne, perdit de vue le possible et le réel. Il alléguait le scandale que produirait la mesure, l'indignation des neutres, les difficultés de son exécution, l'improbabilité de son succès. Car enfin, les Belges que l'on voulait forcer au travail travailleraient-ils ? A quoi aurait servi d'ameuter l'Europe contre l'Allemagne, de fournir de nouveaux aliments à la campagne menée contre elle dans le monde entier, si les déportés, arrachés à leur famille, se croisaient les bras ? Ses récents arrêtés permettaient d'obtenir des résultats par des moyens plus légaux. On pouvait en profiter pour déporter en Allemagne, à titre de pénalité, ceux qui refuseraient le travail. Au lieu de la déportation collective, la déportation individuelle remédierait à la pénurie de la main-d'œuvre allemande. Déjà dans des circulaires secrètes du 15 mai et du 4 août 1916, il avait réglé les détails de l'organisation de cette déportation pénale. Il semble d'ailleurs que ces circulaires n'avaient pas atteint leur but. En tout cas, les représentations de von Bissing échouèrent contre la décision de l'Etat-major. Pour ce dernier, la victoire dépendait de la faculté de production de l'Allemagne (15). On en était venu au point où la guerre devait se décider plus encore par la résistance des peuples que par celle des armées. Il eût été criminel de s'abstenir de profiter des centaines de milliers de bras que le chômage de la Belgique réduisait à l'inactivité. A une situation tragique devait répondre le grandiose des résolutions. Comme la violation de la neutralité belge en 1914, la déportation en masse des ouvriers belges était ou du moins paraissait être une question de vie ou de mort. Aux yeux du Grand Etat-major, elle était une conséquence nécessaire de la politique d'encerclement des alliés. Il eût pu dire comme Napoléon P"', lors de la déclaration du blocus continental en 1807 : « Nous prenons des dispositions qui répugnent à notre cœur et il nous en coûte de faire dépendre les intérêts des particuliers de la querelle des Etats et de revenir, après tant d'années de civilisation, aux principes qui caractérisent la barbarie des premiers âges des nations; mais nous avons été contraints, pour le bien de nos peuples et de nos alliés, à opposer à l'ennemi commun les mêmes armes dont il se servait contre nous ». Le jeudi 28 septembre 1916, la fatale (Cliché Bijtebier.) Vols«n vtj ona* gMi*ant(b*Bturaa rut «n . K«r*-n «IJ «11* Madavarklfiff aanden Ti J*n4 voor «1 jn kfaatmnlljk^vark. SU XTLLUf OlISNIKTTII N0i:s VIRONS PAS! La BnufOoto m «ont tfvmâm. t m mdcm pat * i( c«rr®a*>on 4n ABowwd». Oi nr »oat pa» coiBMt «n Mwtoa* m Uiwer coMtetre » i« boadMic. I, ttcaocDop irn^titm. Cm qal «> lent I Hooti « CMI M prtMiitM pal i%tmm. pam m m cMtfcal te ..........et. m pua ^n» wnl cart^ tf-«trf laiM«* «Jlteftt-TMi puw chaewt ctacM H» laaa> u. Mr O» P"» rAO«a»w «e bal ramoNNE NE se PRtaeKTciA. oniwUmm tft MAXI LiMMiw 4c b PiMrif «M «a kw» «aiM. Vnt LA PATMEt vive U RCNI NOUS KBOm MSI!! ■ vm Lt m . II.MT UiS «Kl HS! « M imM IM*. «H I ■ awt*. VM* «M ri ^«■-•IWmwkMHiM UMMMMILM*!*^ M HwHtyMi. • f^ ■■ Mr. IMMM résolution fut prise de déporter en masse la main-d'œuvre belge en Allemagne. L'arrêté qui l'applique dans les zones d'étape est daté du 3 octobre; la circulaire organique qui en fixe l'exécution dans le ressort du gouvernement général, du 26 octobre (16). Le 25 septembre, le général von Bissing avait laissé entendre qu'il renoncerait à sa « lourde tâche » si ses conseils n'étaient pas écoutés. Il espérait sans doute que l'empereur l'aurait appuyé. Mais le « chef suprême de la guerre » se prononçant pour Hindenburg, il ne restait plus qu'à s'incliner. A contre-cœur sans doute, mais avec la discipline d'un vieux militaire, le gouverneur général s'acquitta aussitôt de sa consigne. Le devoir qu'elle lui imposait était singulièrement ardu. Pour réussir, il eût fallu pouvoir compter sur la collaboration du Comité National et des administrations communales, qui seuls étaient en possession des listes des chômeurs. Mais cette collaboration leur apparaissait trop évidemment comme une complicité pour qu'il fût possible de l'espérer. Ils refusèrent énergiquement de fournir les renseignements demandés. Dès le 27 octobre, les quinze communes de l'agglomération bruxelloise déclaraient qu'elles ne pouvaient s'associer à une mesure ayant pour but de contraindre les Belges à travailler contre leur patrie. Elles ne voulaient pas se rendre coupables de ce qui aurait constitué à leurs yeux une véritable félonie. Partout ailleurs, l'attitude des pouvoirs municipaux fut la même. Le patriotisme et la loyauté à l'égard des concitoyens dont ils tenaient leur mandat leur inspiraient trop évidemment la conduite à tenir. Vainement, les hôtels de ville furent cernés par la troupe, vainement les bourgmestres furent arrêtés : ils ne cédèrent pas (17). Le personnel des administrations communales s'associa spontanément à ses chefs. Il fut impossible de découvrir dans les bureaux les listes d'assistance devenues des listes de proscription. On dut se contenter d'y enlever les relevés des contribuables et des électeurs. *1J çlJnMgcaan alkTanvelk. *u 201X1» mn «nooMAJoii: D* blenta VMrbald i»: d»» l«d«r MrkMadl* OMT OBtts«bla«d «arveard •ordt ««n dsl»<-aohv aoXdMt saar nur 't froa» atnnrt. UiJ naaat da plMla inv«n aanan daltaabcn «ark-un «Mr Mn «en «oldaAt ?an uaki. TENEZ BON llruxeJloÎH I TeiiPi b«n ! m-ntTr» pri>ie«trnt ! pape interrirni r I^|o»m.tii« H-Ofaivinu n« «tuO» («nei.-Uf lit pl«* H»»* rjrrmeni Ix* «méiicwnr» «e tt»»*! ..,nttelV»vîavBic«jue le» allrmatifl» TMilfnt. tioui im{WM«r ! Bnixcllots! Ti'Hoï \n*n ! (i deiH-ia .K lu,»' ««.>*, ilf .Ifwavff ij tU I m .tu il. O -.iinidr : Ni nii «<-ill tMKl« nlniM-i.ff H« «m . .rHlw-.d» n»r»cl»t ui. à uo Jt IV.N 'k I»' U.iiwjr.lr» W » iJM Ilirf^ ' ml •■Mirai. w Hielf-.mfnrt. H$ M»' iwfrn «r»«r 1 m. ! Noq% «.miBr» lou» »o1i4i'rt» '■ r.irtôt l««ii* Ho« «joi-^ijo.-- ;" I/IM0\ FAIT !.\ HlKl i:! Moed, Belgen Uw 1 _e bMMliaf ea aw krachKUdif wtei bebbaa poo»» Irtdnik gcmMkt op aeotraU tolke-roo. Wurom ta bat, dai da rraenxle mear doorkoman » Ondat li) alla ien nooden aamUc op BW« Trijheid luenf » ff 1 Gq lijt a«n kl«iw natie. M»ar <>^ «1 "Tolkcrea bct fnxiCKa dit door d« ndcli}ke krackt ad dan oobni(bm> wxd nww kin-daren. Glj li}dt m znelu ondar het onceudic jala tso «an bniuUa Ti^. Em baaijaniMlarof «an baatja meef, wat laaft dat ! GaU altijd roort aw racku te doeo gel-dan tcfteiMm triB géweld. Gebeal d« vareM bevcw-den dw booding mi d« gaviiiedaiiii m1 nwea lof rtrkoeden. Niemand rto a ni, nocb mhuuaak»nochonrecht-ttnaka, bat acbelmtsk rw dea eiiaad kalpan rerge-makktlijkaa. Om «ncktwooni Mijft. «eor iadaraen. ahijd en otaral: Wl) fus 001 alet tiameMca I WI] Icteo ou oiet wefvoerea i LEVE ONS VADERUNDI i.'iii ' m'i'i ff'i ri fe bATtCNT KlUI KM» «mMDTMr oe MX» CKT ACTt (M* M a* «M m* Mc^ M rB* «w» imM.' M tSsvS'.ï.Tsr"— Tm* «M» ^ 1—l.pgtit Mt crtt ét M rOTMM . m mmu MiC patt n>. vwa rwti. frère, Bto^cnr Bfotdfr, kiol, ■atanenmlca/ «a« taa «m aacsrt, M d«M RM pohriM Bbrt. Omriar oa bwrcaoifl 0«i (a aoiil Frkra eau fal,ià-baabtts8i.aoaffrcn] ai BRurcat rw BofrtPt^am aotra Roi. Soor* an l«apaaa;^f« iaBe«al«et*-MAtMtefttvacjvMUetM rocmrfjke haliag-fchap varWIin» a loot «»e awitelooehtld WaerMdMlDai te pnteata a la ava baard» itàUi pMrkteKrt»- L'ONION FAIT LA FOBCE BeakrchnMllKcpai h meatrtr k la raa te fi«r te lt coargcatiMl Pat te Mrt eu kMHMtl tMi^ «MMM .M iàMUà «tomt UITaaite ateeahDwM naMeta law M EENDRACHTMAAKTMACHT Tthri» bfijïHi Bteof Cta vM WitiBrotpJBï. Gwi mMBW^Mtll la, vit Mk pbm nuT mxnn (Bruxelles, Archives de la Ville, Archives Tracts distribués à Bruxelles et incitant de la Guerre, dossier n» 21 [Recrutement d'ouvriers].) (Cliché Bijtebier.) la population à ne pas se soumettre à « l'esclavage » de la déportation. Dans la zone des étapes, cependant, on procédait avec plus de vigueur. A Bruges, dès le 8 octobre, le gouverneur militaire de la ville exigeait la livraison immédiate de quatre cents ouvriers. Le bourgmestre refusant d'obéir à cet ordre, était destitué, le secrétaire du Comité de chômage emprisonné, et l'autorité militaire s'emparait de force de la liste des chômeurs. Le lendemain, les quatre cents hommes qu'elle avait désignés sur cette liste n'ayant pas comparu, elle leur substituait un même nombre d'invidus levés parmi les habitants astreints à se présenter au Meldeamt. Quelques jours plus tard, deux mille travailleurs étaient réquisitionnés à Termonde, mille à Alost, trois cents à Ni-nove. A Tournai, l'autorité communale ayant comme à Bruges refusé la liste des chômeurs, la ville était condamnée à 200.000 marks d'amende, un échevin et trois conseillers communaux déportés en Allemagne, cependant que l'on saisissait au hasard des hommes dans les rues, sur les marchés et sur les routes. Avant la fin du mois, dans tout le territoire des étapes aussi bien en Flandre que .1! ^ I ' ' ^ / ^ ^ A,. A -i /'••^ (Malines, Archives de l'Archevêché, fonds cardinal Mercier, dossier Guerre-Déportations.) (Cliché Van Baelen.) Requête à l'empereur Guillaume II protestant contre les déportations (14 février 1917). Minute autographe de la lettre rédigée par le cardinal Mercier. Au nom de personnalités belges le cardinal Mercier rédigea le texte d'une requête à l'empereur demandant l'arrêt des déportations et le retour des déportés dans leurs familles. Au bas du texte original figuraient les signatures du cardinal, du vice-gouverneur de la Banque Nationale, du gouverneur de la Société Générale, de parlementaires et de membres de la noblesse, de la Cour de Cassation et du barreau. dans le Hainaut et le sud du Luxembourg, la déportation fonctionnait à plein rendement. Dans le gouvernement général, les premières exportations de matériel humain suivirent un peu plus tard, le 26 octobre; von Bissing eût évidemment voulu les organiser avec autant de ménagements que les circonstances le permettaient. Mais le refus des autorités belges de lui dénoncer les chômeurs et les sans-travail, devait nécessairement le faire frapper en dehors de ceux-ci. En général, on convoqua tous les individus mâles âgés de plus de dix-sept ans. Un examen corporel éliminait ceux dont les forces physiques n'étaient pas suffisantes. Le reste était immédiatement déporté ou tenu à la disposition de l'autorité mihtaire. Les transports se faisaient par chemin de fer, très souvent dans des wagons à bestiaux. Souvent, les familles des partants étaient empêchées'de les accompagner jusqu'aux gares d'embarquement. A côté de véritaljles sans-travail, les trains emportaient pêle-mêle des petit bourgeois, des étudiants, des ouvriers occupés dans les usines. On puisait au hasard dans la masse, l'essentiel étant de satisfaire aux exigences du Grand Etat-major. Les hommes enlevés par erreur réclameraient plus tard. Au surplus, ils n'avaient qu'à s'en prendre à leurs propres compatriotes dont l'obstination à ne pas dévoiler les chômeurs faisait peser sur tout le monde la menace qui n'aurait dû se réaliser qu'à l'égard de ceux-ci. Mais les erreurs de l'Allemagne nuisaient surtout à elle-même. Elles augmentaient l'indignation en la généralisant. On ne voit pas qu'elles aient induit personne à réclamer des pouvoirs communaux la divulgation des renseignements qu'ils cachaient, au risque mais à l'approbation de tous. Les mesures prescrites par le gouverneur général pour l'exécution de ses ordres ne furent que partiellement suivies. Le temps pressait. Les officiers chargés de rassembler et de transporter les hommes exécutaient leur consigne sans ménagements. Des brutahtés inutiles furent commises. Il y eut des scènes déplorables, des actes d'intimidation odieux. Mais ces violences mêmes poussèrent au paroxysme la résolution de ne pas céder. Bien rares furent ceux qui se laissèrent arracher par la terreur la signature d'un contrat volontaire. L'opinion publique soutenait unanimement cette résistance qui s'éleva jusqu'à l'héroïsme. A peine la déportation eût-elle commencé, qu'un toile de protestations s'éleva contre elle. Après deux ans d'occupation, elle vint à point nommé pour renforcer le sentiment de la solidarité nationale. Peut-être se fût-il peu à peu affaibli sous le poids de la misère et du découragement. L'oisiveté de Portrait d'un déporté avant et après sa déportation : M. Jacques Van Geert (matricule : Zivil Arbelter Bataillon 11 n° 106). A gauche, photographie prise le 24 octobre 1916, avant sa déportation; à droite, photographie prise le 9 août 1917, après son retour pour raison de santé. — Reproduites dans l'ouvrage Réquisitionnés de Qand (Opgeëiscfiten van Oent). p. 13. Gand, 1919, in-8». représentants des organisations centrales socialistes et indépendantes; le 2 novembre, celles des députés et sénateurs de Mons; le 7 novembre, celles des députés, sénateurs et notables d'Anvers, celles des évêques et celle du Grand-Maître du Grand-Orient de Belgique adressée aux Grandes Loges allemandes; le 9 novembre, celles de plusieurs ministres d'Etat, sénateurs et députés et de la Dé-putation permanente de la province de Brabant; le 17 novembre, celles du Collège échevinal de Bruxelles et des députés et sénateurs du Luxembourg; celles de la magistrature, de l'Académie et des professeurs des Universités de Bruxelles, de Liège et de Louvain, de quantité de corps, de tribunaux, d'associations industrielles. Tout était invoqué à l'appui de ces protestations, parce que la mesure qui les provoquait mettait tout en péril, s'attaquant à la fois au droit international, à l'humanité, à la justice. Flamands et Wallons, catholiques et francs-maçons, conservateurs et socialistes, chacun dans un langage oîi se reflétaient les divergences de sa foi ou de ses opinions, élevait la même voix. « Une clameur dont l'histoire n'offre {^ js-/^-/^' cJfiC Le déporté. Dessin de Louis Ramaelters reproduit, entre autres, dans Het Toppunt der Beschaving (Amsterdam), 6» série n° 3, 1916. — Les dessins de Ramaelcers connurent un grand succès pendant et après la guerre; ils furent largement diffusés, notamment par la voie de La Libre Belgique clandestine. la classe ouvrière pouvait la pousser dans une sorte de démoralisation qui, en affaiblissant son ressort moral, l'accoutumerait peu à peu à son sort. En la frappant à la fois dans sa liberté personnelle et dans sa dignité, on la redressa au lieu de l'abattre. De toutes les mesures prises par l'Allemagne en Belgique, la déportation fut sans contredit la plus irréparable. Elle creusa un « abîme de haine » entre les deux peuples. Elle révolta plus largement et plus profondément que ne l'avaient fait les massacres de l'invasion et l'établissement de l'occupation. On pouvait s'expliquer ceux-ci comme les conséquences inévitables de la guerre. On ne vit dans la dernière qu'un acte de tyrannie abominable, qu'une restauration de l'esclavage, que l'apph-cation inouïe du droit du plus fort à un peuple sans défense. Dès le 19 octobre, le cardinal Mercier supphait le gouverneur général, « au nom de la liberté de domicile et de la liberté de travail des citoyens belges, au nom de l'inviolabilité des familles, au nom des intérêts moraux », de mettre fin à la déportation et de réintégrer dans leurs foyers ceux qui en avaient été arrachés. Il lui rappelait la promesse faite à Malines, dans le palais archiépiscopal, par le feld-maréchal von der Goltz, que la liberté des citoyens belges serait respectée. Cette promesse l'avait engagé à calmer les inquiétudes des familles. Et il se voyait maintenant menacé de porter la responsabilité d'avoir déçu la confiance qu'il avait fait naître pour avoir eu lui-même confiance dans la parole du gouverneur. A ces remontrances s'ajoutèrent, le 30 octobre, celles des Zc^— ai^ -ca (Bruxelles, Archives de la Guerre, collection de photograpiiies.) Lettre d'un déporté écrite à Rastenberg le 28 décembre 1916. Transcription littérale : « Rastenberg, le 28-12-16. — Cher... (suit vraisemblablement un prénom effacé). Je suis sure (sic) qu'on vous a fait connaître mon sort. Je vous dirai que voila 37 jours que j'ai quitté mes parents, que je suis traité comme prisonnier de guerre de force (? lecture incertaine). Vous comprenez le reste. Vous devez déjà avoir reçu de mes nouvelles. J'ai resté 21 jours au camp à Cassel, puis le 13 on nous a expédié pour Rastenberg pour nous forcer à travailler, dont nous avons été menacé par les armes et la prison et la nourriture. Nous avons resté jusque 4 jours sans mangé. ... (mot illisible) là ... (idem) qu'on nous à forcés le plus fort (sic). iWais jamais de signature. Espérant que la guerre sera bientôt finie. Recevez cher... et... (deux blancs sur la photo). Mes meilleurs voeux et souhaits de bonne année ainsi qu'une parfaite santé. Je vous souhaite surtout, cher... (idem), que vous n'avez jamais à souffrir mon sort présent,que Dieu vous en préserve. » Suit une signature, effacée comme les prénoms invoqués dans le texte. i ii pas d'exemple et où les malédictions s'unissaient à la prière », montait vers le gouverneur général. Les juristes lui objectaient le droit, les prêtres la religion, les syndicats « la grande voix de la classe ouvrière du monde civilisé tout entier ». La situation du gouverneur était d'autant plus embarrassante qu'il désapprouvait lui-même ce qu'il était obligé de faire et qu'il avait prévu l'indignation dont il était entouré et les difficultés politiques qu'elle pouvait entraîner. Il répondait au cardinal Mercier et aux interviews des journalistes neutres par les arguments qu'il avait jadis combattus : c'était un bien pour la classe ouvrière belge que de ne pas croupir plus longtemps dans l'oisiveté; elle trouverait en Allemagne de hauts salaires; elle ne serait pas obligée de participer à ses entreprises de guerre. Il ne s'illusionnait pas sur l'effet de ces déclarations. Il savait bien qu'elles ne feraient qu'augmenter la réprobation générale. Il la craignait moins que celle des ministres neutres, qui recevaient régulièrement communication des protestations. Eux aussi commençaient à s'émouvoir. Le Vatican, l'Espagne, les Etats-Unis faisaient des représentations à Berlin. De petits Etats mêmes ne pouvaient s'empêcher d'intervenir. La Suisse NEUTRES LIOUE OES PAYS NEUTRES. SwrtUrlM: VewIusttrMt S4, Amitardam. i (Bruxelles, exemplaire des Archives de la Ville, T fonds Keym n» 141, pièce cotée n» 1528.) Vignette coloriée publiée à Amsterdam par la Ligue des pays neutres et protestant « contre la déportation et l'esclavage des Belges ». exprimait nettement ses sentiments. Le gouvernement hollandais, le 2 décembre, remettait une note d'autant plus gênante qu'on y rappelait qu'il avait jadis conseillé aux Belges réfugiés sur son territoire de regagner leur patrie, à la suite de l'assurance solennelle du général von Hoene, commandant d'Anvers, qu'ils n'avaient rien à redouter pour leur liberté. Il était aussi bien désagréable de laisser filer vers les frontières, sous les yeux des diplomates habitant Bruxelles, des trains qui étaient bien loin de se diriger tous vers l'Allemagne. Du territoire des étapes, en effet, c'est pas milhers que les hommes étaient expédiés sur le front, embrigadés dans les Zivil-Arbeiter Bataillone et forcés de construire des baraquements et de s'acquitter de travaux militaires sous le feu des alliés. On ne pouvait non plus ni cacher le spectacle des malheureux que l'on était forcé de rapatrier et que l'on voyait se traîner lamentablement par les rues, ni arrêter les lettres qui annonçaient aux familles le décès de ceux qui mouraient dans les camps de concentration (18). Le gouverneur général souhaitait secrètement une intervention qui l'eût délivré de l'opprobre rejaillissant du monde entier sur sa patrie. Mais l'Allemagne était trop engagée pour reculer sans sauver du moins les apparences. On pouvait espérer cependant qu'elle n'attendait pour céder qu'une occasion favorable. Ce qu'elle refusait d'accorder aux protestations des Belges, elle l'accorderait peut-être à leurs supplications. Le ministre d'Espagne, marquis de (Bruxelles, exemplaires du Musée de la Porte de Hal.) (Cliché Jacobs.) Croix de déporté (à gauche) et médaille de prisonnier politique (à droite) de la guerre 1914-18. Croix aux quatre branches de bronze patiné et aux millésimes 1914-1918; ruban de teinte amarante strié de chevrons superposés aux couleurs nationales. Médaille de bronze à l'effigie du roi Albert et à la légende ALBERT ROI DES BELGES; ruban bleu -<— clair avec les couleurs nationales au centre. Villalobar, d'accord avec le chef de l'administration civile allemande, obtint du cardinal Mercier la rédaction d'une lettre qui, signée par les plus hautes personnalités belges que l'on put atteindre, fut portée à Berlin par M. von der Lancken (14 février 1917). Elle s'adressait directement à l'empereur. Sans lui cacher « qu'il en coûte à notre amour-propre national de paraître solliciter comme un bienfait ce qu'en temps normal nous ne pourrions que revendiquer comme un droit », elle faisait appel à son humanité. Trois semaines plus tard, le 9 mars, communication verbale était faite aux signataires que « Sa Majesté fera examiner minutieusement par M. le Gouverneur général et par les autorités compétentes, les demandes exprimées dans l'adresse qui lui a été remise. Sa Majesté réserve sa décision définitive jusqu'à conclusion de cet examen. Entre temps. Sa Majesté a donné toutefois des instructions pour que les personnes amenées à tort en Allemagne comme (Bruxelles, Alusée communal.) (Cliché Bijtebier.) « Matin d'hiver : départ forcé des chômeurs ». Dessin rehaussé, signé A. Vande Sande et daté de I9I6. chômeurs puissent immédiatement rentrer en Belgique en tant qu'elles n'y soient pas déjà revenues, et pour que les déportations en Allemagne de Belges sans travail soient arrêtées jusqu'à nouvel ordre ». Incontestablement 1 e s considérations politiques l'avaient emporté dans l'esprit de l'empereur sur les instances des militaires. Sans retirer la mesure, il en suspendait l'application. Et il n'était pas douteux que cette suspension était définitive. Reprendre les déportations après les avoir interrompues eût suscité, en effet, un scandale plus éclatant que celui auquel on se résignait à mettre fin (19). Pourtant la décision impériale ne fut qu'incomplètement exécutée. Prise pour toute la Belgique, elle ne sortit ses effets que dans le gouvernement général et c'est là une preuve bien significative de la subordination de l'empereur lui-même à la volonté du Grand Etat-major. Dans la zone des étapes oii l'autorité militaire était toute-puissante, non seulement les réquisitions d'hommes continuèrent comme par le passé, mais on ne prit même plus la précaution de dissimuler leur affectation aux besoins de la guerre. En Flandre, Hainaut et Luxembourg, des milliers de Belges continuèrent d'être enlevés à leurs familles et transportés sur le front. Il semble même que l'on ait songé à étendre cette saisie jusqu'aux femmes. Du moins fit-on procéder au recensement de la population féminine de 15 à 60 ans. La rigueur de la censure et les démentis de la (Bruxelles, exemplaire de la Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes, fonds Lefebvre.) Destruction des usines et déportation des chômeurs. Dessin d'E. Lumor extrait de ses Dessins de guerre, t. III (n» 221), a» 1917. — L'artiste place ces mots dans la bouche d'un des deux officiers allemands : « Fider leurs usines et crefer leurs ouvriers 1 Chénial, hein Fritz, pour éclipser leur concurrence I... » presse officielle parvinrent à tenir l'opinion allemande dans l'ignorance de cette violation de la parole impériale. Avec le temps, les réquisitions se transformèrent en véritables rafles, enlevant pêle-mêle ouvriers, employés, commerçants, paysans. Les récalcitrants, les fuyards étaient colloqués dans des « camps de discipline ». Les travaux imposés — déchargement d'obus ou de matériel, construction de chemins de fer, travaux de terrassement ■— s'exécutaient parfois si près de la ligne de feu qu'il fallait pourvoir les déportés de masques protecteurs contre les gaz asphyxiants. En somme, le recrutement et la discipline militaires étaient étendus de force à la population civile. Tout le monde était menacé. Il faut avoir vécu dans la zone des Etapes pour se représenter le régime de terreur qui y fut à l'ordre du jour en 1917 et en 1918. L'angoisse permanente qu'il y fit peser explique sans doute les progrès apparents de r« activisme ». Pour échapper aux réquisitions, il n'y avait guère d'autre moyen que d'afficher une germanophilie protectrice. Ceux qui refusaient de renier leurs sentiments n'avaient d'espoir que dans la pitié de quelque officier ou dans la compassion d'un médecin militaire consentant à se laisser arracher un certificat de maladie. Les autorités militaires rejetaient l'odieux de la conduite qui leur était imposée sur les communes. On faisait accroire aux hommes qu'ils avaient été désignés par les bourg- (Anvers, Archives de la Ville, P. 24.) Retour de déportés anversois en octobre 1918. Au fond, maisons du Marché et vue partielle de l'hôtel de ville. mestres; on alla parfois jusqu'à leur déclarer que ceux-ci s'opposaient à leur retour parce qu'ils n'avaient plus de quoi les nourrir. Officiellement les déportés étaient considérés comme travailleurs libres. Tous recevaient un salaire et beaucoup d'entre eux acceptèrent d'ailleurs, sous l'empire de la contrainte, de signer des contrats de travail. Qu'ils eussent ou non signé, leur tâche à tous était la même. Ce n'était plus au service de l'économie allemande, c'était au service de la guerre allemande qu'ils étaient employés. Dans le gouvernement général, von Bissing s'empressa en revanche d'obéir à l'ordre impérial qui justifiait si complètement l'opposition qu'il avait montrée. 11 fit cesser les déportations et il ne dépendit pas de lui que tous les Belges envoyés par erreur en Allemagne ne revinssent aussitôt dans leurs foyers. Tout compte fait, le nombre des déportés dans la partie du pays placée sous son administration directe se monte à une soixantaine de mille. Il faut y ajouter un nombre presque égal de gens levés dans les Etapes d'octobre 1916 au mois d'août 1918. Ici c'est seulement le mouvement de recul des troupes allemandes en 1918 qui mit fin aux réquisitions. Elles y durèrent pendant vingt-deux mois et seulement pendant cinq dans le gouvernement général. Encore furent-elles dans ce dernier très inégalement réparties. Elles ne pesèrent de tout leur poids que sur les provinces d'Anvers, de Bra-bant, de Luxembourg. Quelques communes furent épargnées, pour des motifs inconnus, dans les provinces de Hainaut, de Namur et de Limbourg. La province de Liège eut le moins à souffrir. On peut donc conclure de l'examen des faits que les desseins du Grand Etat-major n'aboutirent qu'à un échec. Au lieu des 400.000 déportés qu'il exigeait, il en obtint au plus 120.000. Encore 60.000 seulement vinrent-ils sup- (I.iège, Musée de la Vie Wallonne, n» 42206.) « ... des trente-sept hauts fourneaux que possédait le pays, vingt-six furent démolis. » (Voyez le texte, p. 383.) — Haut fourneau de la S. A. d'Athus-Grivegnée détruit par les Allemands. La tuyauterie à gaz a disparu; il ne reste plus rien des quatre appareils Cow-per et du gazomètre; la salle des machines est éventrée; des mines ont fait sauter les fondations des ventilateurs. —• Pliotographie prise en 1918. 1913 1914 1915 1916 1917 191Ô .000 1.000 .000 '.000 5.000 5.000 ; J ï « 'i. . . .-s Nombres des ouvriers employés dans quelques industries extractives et métallurgiques entre 1913 et 1918. La diminution de la main-d'œuvre s'explique d'abord par la crise de l'industrie belge; en outre, à partir d'octobre 1916, par les déportations massives d'ouvriers, et, depuis 1917, par les destructions systématiques des usines. Le nombre des ouvriers occupés aux tiauts fourneaux en I9I8 n'est pas connu. — D'après les chiffres fournis par la Statistique des Industries extractives et métallurgiques en Belgique pour les années 1913 à 1918 (Annales des Mines belges, 1919, XX, 4» livraison). pléer à la pénurie de la main-d'œuvre du Reich. Les autres, on l'a vu, furent presque exclusivement employés au front des armées combattant en France. Il serait intéressant de savoir quelle aide effective les déportés employés dans les fabriques apportèrent à l'industrie allemande. On peut supposer qu'elle fut très faible et que leur arrivée suscita plus d'embarras qu'elle ne procura d'avantages. Presque tous profitaient de la moindre occasion favorable pour fuir. Il fallait les poursuivre, les arrêter, les ramener à la tâche, ils recommençaient. L'auteur de ces lignes peut affirmer pour l'avoir vu qu'ils ne s'acquittaient de leur besogne qu'avec une mauvaise volonté et une apathie invincibles. Dans les camps de concentration oii les employeurs allaient recruter la main-d'œuvre, ils ne prenaient les Belges que faute de mieux. C'étaient, disaient-ils, de mauvais ou- vriers qui ne voulaient pas obéir. La résistance passive dont ils avaient fait preuve dans la patrie, ils la continuèrent dans l'exil. Inefficace pour l'Allemagne, la déportation eut en Belgique les conséquences les plus déplorables. Non seulement elle y provoqua jusque dans les couches profondes du peuple des sentiments de haine qui devaient se prolonger bien au-delà de la paix, mais elle y affecta encore très sensiblement la santé publique. La mortalité fut très élevée parmi les déportés : on l'estime à 20 par mille. Des milliers d'entre eux ne rentrèrent au pays que physiquement et moralement déprimés. Leur incapacité de travail dura très longtemps; souvent même, elle fut permanente. Le procès, plaidé devant le tribunal arbitral mixte germano-belge en janvier 1925 a provoqué à cet égard des constatations lamentables (20). Il faut reconnaître d'ailleurs que si les déportations n'ont pas atteint leur but, elles ne laissèrent pas de tourner indi-directement au profit de l'industrie allemande. La terreur qu'elles inspirèrent poussa quantité d'hommes vers les agences de VIndustriebûro. Ils contractèrent des engagements volontaires pour n'avoir pas à se soumettre à la réquisition. L'autorisation d'emmener leurs femmes et leurs enfants décida beaucoup d'entre eux à partir. Les autres recevaient l'assurance que leurs familles seraient secourues pendant leur absence. Les bénéfices réalisés par les Centrales furent affectés à couvrir les dépenses qui en résultèrent. Au mois d'octobre 1916, le général von Bissing évaluait à 30.000 environ le nombre de ces travailleurs volontaires. Depuis lors, ce chiffre ne cessa plus de s'élever. Au mois d'avril 1917, le tiers de l'effectif des mineurs du charbonnage de La Louvière avait signé des engagements. L'appât des hauts salaires touchés en Allemagne leur gagnait journellement des imitateurs. Comme le séjour des camps de concentration leur était épargné, les ouvriers partis volontairement étaient logés presque toujours chez l'habitant. La bonhomie des mœurs allemandes les étonnait au sortir de leur pays livré à toutes les rigueurs de l'occupation. Ils se trouvaient plus libres chez l'ennemi que dans leur propre patrie. Leurs lettres et leurs récits étaient d'autant plus séduisants que la misère générale allait croissant. Sous sa pression, plusieurs même se décidaient à s'embaucher dans les usines belges mises sous séquestre ou exploitées par ordre de l'autorité allemande. Les avantages matériels qui leur étaient offerts faisaient le reste. Peu à peu, la résistance qui avait été provoquée par la force s'amollissait sous l'influence de procédés plus doux et plus adroits. Par la plus paradoxale des situations, la reprise de l'industrie belge eût présenté des conditions plus favorables à la fin de 1916, qu'elle n'en avait présenté au commencement de l'occupation. Mais à cette époque, il ne pouvait plus être question de la ranimer. Son outillage était destiné à être exporté vers les fabriques allemandes ou détruit pour être converti en munitions de guerre. A la déportation des hommes allait succéder, au mois de février 1917, la déportation des machines. L'EXPLOITATION A OUTRANCE. — L'opposition des points de vue de l'admi- nistration civile et de l'administration mihtaire à l'égard de l'industrie belge devait s'achever à l'avantage du second. Il est certain, en effet, que l'espoir nourri durant assez longtemps par le gouvernement général de sauvegarder durant l'occupation l'activité manufacturière du pays était irréahsable. Sans doute, von Bissing avait raison d'affirmer qu'une Belgique prospère serait plus avantageuse à l'Allemagne qu'une Belgique ruinée. Plus elle produirait plus elle fournirait d'aliments à l'insatiable consommation de la guerre. Malheureusement, il était impossible d'empêcher de mourir cette « vache à lait » qu'il eiit voulu conserver pour l'entretien du Reich (21). Elle dépérissait faute de nourriture. L'immense stock de matières premières accumulé dans le pays s'épuisait rapidement par les réquisitions, les saisies et les achats. L'échec des négociations entamées avec l'Angleterre en vue de le renouveler par l'importation devait fatalement aboutir tôt ou tard à son anéantissement. Ce qui arrivait par la Hollande en quantités de plus en plus restreintes pouvait tout au plus servir à prolonger quelque peu l'agonie de l'organisme industriel. Au mois de juin 1915, il apparaissait évident que la filature du coton était frappée à mort. Il en était de même pour l'industrie lainière, pour celle du lin, du jute et du chanvre. A la même date, presque tous les hauts fourneaux étaient éteints. L'industrie du ciment chômait ainsi que la construction des machines. La crainte des industriels allemands d'avoir à combattre après la guerre la concurrence de l'industrie belge, les poussait à intervenir auprès du gouverneur général pour l'empêcher de favoriser la reprise des industries qui, comme par exemple celle du ciment, eussent pu conserver quelque vitalité par l'exportation vers la Hollande. La fabrication du verre, au contraire, leur paraissait devoir être maintenue, tant dans l'intérêt des fournitures de l'armée que pour empêcher l'Angleterre et l'Amérique de s'en approprier exclusivement le marché. Ainsi, même pour les industries dont le pays fournissait les matières •Il ■ ! Il (Bruxelles, Musée Royal de l'Armée, section des photographies. Funérailles de von Bissing, photo n» 4.) Funérailles du gouverneur général M. von Bissing à Bruxelles (fin avril 1917). Le cortège funèbre s'est engagé dans la rue de Brabant et va pénétrer dans la gare du Nord d'où le cercueil du gouverneur général sera dirigé vers l'Allemagne pour être inhumé à Berlin. (Liège, exemplaires du Musée de la Vie Wallonne, n» 36190.) «Détruits également la plupart des laminoirs ; ... huit sur douze à celle (= société) d'Ougrée-Marihaye. » (Voyez le texte, p. 383.) — Laminoir à tôles de la S. A. d'Ougrée-Marihaye avant (à gauche) et après (à droite) sa destruction par les Allemands. premières, l'avenir dépendait de l'intérêt du vainqueur. Mais à cet intérêt s'opposait celui du vaincu. Si les fabricants belges s'efforçaient de conserver à leurs ateliers une activité ralentie, c'était à condition que leur production ne servît pas à couvrir les besoins de la guerre. Presque tous préféraient fermer leurs usines plutôt que de les mettre au service de l'occupant. Beaucoup d'autres, faute de travail, employaient leur personnel à agrandir ou à perfectionner leurs installations, escomptant une fin heureuse de la guerre et une période de prospérité nouvelle dès la victoire. La conférence économique convoquée à Bruxelles par le général von Bissing, le 19 juin 1915, avait dû lui montrer que ses projets étaient irréalisables. L'accroissement du chômage pendant les mois suivants le convainquit plus clairement encore de l'inanité de ses illusions. S'il avait raison en théorie, les faits lui donnaient tort. Il lui devenait donc de plus en plus impossible de défendre sa méthode « conservatrice » contre la méthode d'épuisement des autorités militaires. Puisque l'industrie belge ne pouvait subsister, c'eût été une duperie que de la ménager plus longtemps. Il ne restait qu'à l'utiliser au profit de la lutte pour l'existence qui s'imposait à l'Allemagne. La solidarité économique que la guerre avait fait naître entre elle et la Belgique aboutissait fatalement à l'exploitation de celle-ci par celle-là. Si les Belges avaient accepté l'occupation, s'ils s'étaient volontairement pliés au plan Rathenau, s'ils avaient consenti à transformer leurs ateliers en ateliers de munitions, à occuper leurs laboratoires à la production de gaz, d'explosifs ou à'Ersatz, il leur eût évidemment été possible non seulement de maintenir leur outillage et leur personnel en activité, mais de réaliser même les progrès techniques qui furent si largement suscités en Allemagne par les industries de guerre. Puisqu'ils s'y refusaient, la question n'était plus que d'employer le capital qu'ils s'obstinaient à laisser improductif. Moins même ils travailleraient, plus la situation serait avantageuse. De même que les chômeurs avaient été déportés en Allemagne, de même les fabriques arrêtées et les machines inactives seraient mises à la disposition de l'industrie allemande. Au lieu de s'ingénier à faire vivoter l'industrie belge, il valait mieux y organiser une sorte de lock out qui permettrait d'agir avec elle sans ménagements. Ces considérations s'exprimèrent le 17 février 1917, dans l'arrêté statuant qu'à partir du 1®"' mars « les exploitations industrielles quelconques notamment les fabriques ne pourront continuer à travailler qu'avec l'assentiment du chef de l'administration civile ». Il était interdit également de construire de nouveaux bâtiments - industriels ou d'apporter des modifications à ceux qui existaient. Etaient seuls exemptés de la mesure les charbonnages, les fours à coke, les usines à gaz, à eau ou à électricité travaillant exclusivement dans l'intérêt public, les mines et usines à phosphates, les moulins de tout genre, les chemins de fer vicinaux et les tramways. Toute l'industrie tombait ainsi sous la coupe de l'Allemagne. De même que les Centrales s'étaient emparées de la distribution et du commerce des produits du sol, de même la section du commerce et de l'industrie près le chef de l'administration civile étendait désormais son pouvoir sur toute l'activité manufacturière. La très petite industrie échappait seule à son emprise. Les ateliers employant moins de douze ouvriers, ou utilisant des moteurs de moins de 5 chevaux et consommant moins de 5 tonnes de charbon n'étaient pas soumis à l'obligation de se pourvoir de l'autorisation imposée à tous les autres. Non seulement l'arrêté s'appliquait à l'industrie présente, mais il visait aussi l'industrie future, puisqu'il s'opposait à la continuation des travaux d'agrandissement et d'amélioration entrepris en vue de l'avenir. Le but de l'arrêté n'est probablement pas de provoquer une recrudescence du chômage et de fournir un supplément de recrues aux déportations. Le général von Bissing était hostile à ces dernières et il n'ignorait sans doute pas au moment oCi il légiféra que la continuation du transport des ouvriers belges vers l'Allemagne allait cesser. On ne peut donc chercher le motif de la restriction imposée au travail industriel que dans la résolution de le placer exclusivement sous contrôle, ou pour mieux dire sous le contrôle de l'autorité militaire. Il faut considérer l'arrêté du 17 février comme la capitulation du gouverneur général devant le Grand Etat-major. Il marque le moment où l'impossibilité de conserver plus longtemps l'activité industrielle de la Belgique est clairement apparue (22). La rigueur des peines édictées contre les infractions à l'arrêté (deux ans d'emprisonnement et cent mille marks d'amende) et la compétence des tribunaux militaires pour en juger, attestent l'importance attribuée à son exécution. A partir du 1®"' mars 1917, l'industrie belge n'est donc plus qu'une branche de l'industrie allemande. Ce qui en subsistera sera réglé par les besoins de l'Allemagne, lesquels seront la mesure de ce qui sera maintenu pour la subsistance du pays. On n'agira plus que conformément aux nécessités militaires du Reich. Ou bien les fabriques travailleront pour lui, ou bien elles seront fermées et mises par conséquent à la disposition du pouvoir occupant. Déjà, bien auparavant, des usines avaient été mises sous sé- (Llège, exemplaire du Musée de la Vie Wallonne, n» 42206.) « Détruits également la plupart des laminoirs : dix sur onze à la Société John Cockerill... » (Voyez le texte, p. 383.) — Laminoirs de la S.A. John Cockerill détruits par les Allemands. Photographie prise en 1918. (Bruxelles, Musée Royal de l'Armée, section des photographies, photo n° 20499/344.) « La démolition des voies de communication par l'armée allemande durant sa retraite en octobre-novembre 1918 (...) ajouta encore de nouveaux dégâts... quantité de ponts... furent détruits par les troupes. » (Voyez le texte, p. 383.) — Pont du canal Gand-Bruges-Ostende détruit par les Allemands en novembre 1918. Photographie prise à Bruges peu de temps après la destruction du pont. questre ou réquisitionnées par ordre de l'autorité mihtaire et exploitées par elle. Mais ce qui n'avait encore été que sporadique et accidentel devient régulier, général et permanent. Dès le 13 mars, les ministres d'Etat, les sénateurs et les députés restés dans le pays adressaient au général von Bissing une protestation qui demeura naturellement sans réponse. Un certain nombre d'industriels, poussés par le désir de ne pas priver d'ouvrage leurs ouvriers et de sauvegarder leur matériel, acceptèrent de demander l'autorisation imposée par l'arrêté. Beaucoup d'autres refusèrent de se soumettre et fermèrent leurs usines. C'était signer leur arrêt de mort. Depuis déjà longtemps des milliers de machines de toute espèce avaient été réquisitionnées par les Kommandanturs. Au début, les enlèvements avaient été faits avec une précipitation et une imprévoyance qui avaient provoqué les plaintes du gouverneur général. Bientôt cependant l'organisation avait succédé au désordre. Les services de réquisition avaient été placés sous la direction du Stabsoffizier der Pioniere pour les machines électriques et du Stabsoffizier der Fussartillerie pour les autres machines. Les listes des machines étaient transmises par eux au Waffen und Munitionenbeschaf-fungsamt (Wumba) ou au Rohmaterial-beschaffungsamt (Rohma) dépendant l'un et l'autre du ministère de la guerre à Berlin. Le premier était un intermédiaire chargé de pourvoir aux besoins de l'industrie allemande et de satisfaire aux demandes du •'I . Il ^ : 1 h délégué du Quartier-maître général concernant les fournitures de machines nécessaires aux services de l'armée. Le second se chargeait de faire réduire en mitraille les machines sans emploi prévu, ainsi que les charpentes métalliques des atehers et installations industrielles réduits au chômage. En France le démontage et la destruction des machines et des halls d'usine commencèrent dès le début de l'année 1917. Ils furent étendus à la Belgique vers le milieu de la même année. On peut considérer l'arrêté du 17 février 1917 comme le prologue de la catastrophe qui s'abattit depuis lors sur l'industrie nationale. Ce fut une destruction impitoyable et systématique. Rien ne se fit au hasard. La liste des usines condamnées était dressée par la section du commerce et de l'industrie près le chef de l'administration civile. Transmise aux services allemands compétents, elle revenait pourvue de leurs observations. On ne décidait qu'après un mûr examen du sort réservé aux exploitations marquées pour la mort. L'administration militaire s'en réservait quelques-unes destinées à servir de magasins, de logements pour les troupes, de halls d'aviation, soit sur place, soit en un endroit oii elles devraient être transportées par morceaux et remontées. Une commission spéciale statuait à propos des ateliers les plus importants. Leur part était faite à Wumba et à Rohma. Celui-ci recevait toutes les parties du matériel vouées à la destruction, celui-là disposait des machines épargnées qui étaient transportées en Allemagne. Un consortium de firmes allemandes, désigné sous le nom d'Abbaugruppe, entreprenait en commun la démolition des halls, leur reconstruction en Allemagne ou leur réduction en mitraille. Les bénéfices étaient considérables. Le 31 décembre 1917, ils atteignaient le chiffre respectable de 1.443.000 marks, pour un ensemble de 18.937 tonnes de démolitions, tant en Belgique que dans le nord de la France. L'implacable logique de la guerre d'épuisement sortait donc ses dernières conséquences. Ayant dévoré tous les stocks de matières premières de la Belgique, il ne restait plus à l'Allemagne qu'à en enlever ou à en détruire l'outillage. Pour continuer la lutte, elle en était réduite à sacrifier le pays à son insatiable besoin de munitions. Il n'était plus pour elle qu'un magasin de machines et de mitraille que l'on viderait jusqu'à épuisement. Elle était arrivée au point oîi il fallait choisir entre la victoire à tout prix ou la catastrophe finale. La guerre sous-marne sans restriction et la destruction de l'organisme économique belge s'expliquent par les mêmes causes (23) et ne sont que deux aspects de la résolution formidable d'un pouvoir militaire acculé assumant sans crainte les responsabilités les plus terribles. La Belgique n'a plus qu'à subir passivement son sort. Elle est devenue un instrument de guerre. A son égard, on n'a pas plus à s'embarrasser de scrupules d'humanité que de scrupules juridiques. Il est très caractéristique d'observer que trois semaines après la mise à exécution de l'arrêté du 17 février, la proclamation de la séparation administrative (21 mars 1917), met fin à l'Etat belge. Sa destructon matérielle n'a fait que devancer de quelques jours sa destruction politique (24). Quoi qu'on en ait cru, il est incontestable que l'autorité militaire est seule responsable de la destruction de l'industrie belge, comme elle l'est de la déportation des ouvriers. L'une et l'autre sont au même titre des mesures de guerre. Le Grand Etat-major en avait formé le projet depuis longtemps et il n'a pas tenu à lui qu'elles n'aient été appliquées beaucoup plus tôt. Le gouverneur général en a retardé l'exécution autant qu'il l'a pu. Mais sa résistance ne pouvait être effective qu'aussi longtemps qu'elle serait soutenue par l'empereur. Lorsque la situation militaire apparut telle que le saiut de l'Allemagne ne sembla plus dépendre que de l'issue de la lutte et que l'empereur capitula devant Hindenburg et Ludendorf, von Bissing n'eut plus qu'à s'incliner et à exécuter la consigne à laquelle il avait tout fait pour échapper. Il n'eut pas à assister très longtemps à la ruine de sa politique. Le 19 avril 1917, il mourait inopinément au château de Trois-Fontaines. Son successeur, le général von Falkenhausen, ne devait être qu'un exécuteur passif des ordres du Quartier-Maître général. Voulue et organisée par le pouvoir militaire, la destruction de l'industrie belge ne laissa pas de répondre au désir d'un groupe influent d'industriels allemands. En leur fournissant des machines à prix réduit, elle leur permettait d'épargner leur propre outillage et de le réserver pour la période d'après-guerre. Elle les débarrassait encore du souci d'avoir à compter dans l'avenir avec la concurrence belge. La guerre leur fournissait ainsi le moyen d'annihiler pendant de longues années un rival redoutable. Ils profitèrent donc avec empressement de l'occasion qui s'offrait. Wumba fut assailli de leurs demandes et ses agents y répondirent avec tant d'empressement qu'une quantité de machines furent expédiées dont beaucoup, au jour de l'armistice, n'avaient pas encore été mises en usage par leurs destinataires. On peut affirmer que si l'ordre de détruire l'industrie belge n'eut d'autres motifs que des motifs de guerre, la manière dont il fut exécuté a été largement influencée par les mobiles purement économiques qui poussèrent les fabricants allemands à exciter le zèle intéressé des collaborateurs civils de l'autorité militaire. La manière dont la tâche fut accomplie entraîna des gaspillages et des désastres inutiles. Le temps manquait et aussi le personnel spécialisé qui eût été nécessaire pour démonter les machines avec le soin voulu. Très souvent des soldats et surtout des prisonniers de guerre, russes pour la plupart, furent chargés de la besogne. On brisa et on dévasta brutalement. L'évacuation des ateliers ressembla très souvent à un pillage. Les indemnités payées aux propriétaires étaient calculées par la Commission impériale préposée à l'enlèvement des machines et à la démohtion des charpentes métaHiques. Comme elle ne prenait en considération que la valeur du métal, on comprend que presque toujours ces indemnités étaient infiniment inférieures à la valeur réelle des objets enlevés. Ce fut naturellement l'industrie métallurgique qui eut le plus à souffrir. On lui enleva, en effet, la plus grande partie des machines exportées en vue de la fabrication des munitions et ses halls de fer constituaient un ravitaillement magnifique à la confection des projectiles. Dans les usines textiles, on n'enleva guère que les coussinets de cuivre et les arbres de transmission. En revanche, des 37 hauts fourneaux que comptait le pays, 26 furent démolis. Détruits également la plupart des laminoirs: 10 sur 11 à la société John Cockerill, 8 sur 12 à celle d'Ougrée-Mari-haye. Presque partout les ponts-roulants, les moteurs électriques, les locomotives et les wagons, les chaudières, les marteaux-pilons furent enlevés ou concassés sur place. Lors de la libération du pays, les établissements sidérurgiques du pays de Liège et du bassin de Charleroi donnaient le spectacle d'une dévastation complète. L'autorité politique, réduite à l'impuissance se préoccupait cependant de l'avenir. Obligée d'envisager la situation qui serait faite à la Belgique lors de la conclusion de la paix, elle s'inquiétait des mesures à prendre pour la période de transition qui succéderait à la guerre (Ubergangswirtschaft). Au mois d'octobre 1917, le gouverneur général avait convoqué, à cet effet, ses différents chefs de service. Les constatations faites par eux sont lamentables. Encore faut-il remarquer que leurs appréciations s'inspirent non ppint de l'intérêt de la Belgique, mais de celui de l'Allemagne. Se plaçant dans l'hypothèse oii la première resterait d'une manière quelconque subordonnée à la seconde, ils envisagent les moyens d'établir entre elles un modus vi-vendi provisoire. Tous s'accordent sur l'impossibilité de ranimer aussitôt l'activité industrielle. Elle a été si profondément atteinte que deux ans au moins seront nécessaires à sa reprise. Il leur paraît inévitable que l'Allemagne paye une indemnité à la Belgique. Les uns l'évaluent à 8 milliards 500 millions, les autres à 5 milliards. Une durée plus longue de la guerre épuisera complètement le pays. Cinquante mille ton- nes de métal en sont exportées par mois, si bien que l'on peut prévoir le moment oii il n'y restera plus de fer. A supposer que les hostihtés se prolongent encore un an et demi, il ne subsistera plus dans le pays que ce que son sol renferme : du charbon et des phosphates. Si l'on songe que ces déclarations sont antérieures d'un an à l'armistice, et que durant ces douze mois la destruction de l'industrie au lieu de se ralentir n'a cessé de continuer impitoyablement, on se fera une idée de l'état d'un pays qui, en 1914, était relativement le plus actif de l'Europe. Jamais, on peut l'affirmer, dévastation ne fut plus complète. Les dégâts commis par la guerre au début sont peu de chose en comparaison de ceux qui furent méthodiquement commis depuis le milieu de 1917. La démohtion des voies de communication par l'armée allemande durant sa retraite en octobre-novembre 1918, y ajouta encore de nouveaux dégâts. Si l'intervention des puissances neutres empêcha l'exécution de l'ordre donné de faire sauter les puits de mine, quantité de ponts, d'écluses, de voies de chemins de fer furent détruits par les troupes. A ce moment (12 novembre) des machines récemment démontées attendaient encore leur évacuation. On essaya de les faire passer en Hollande ou de les vendre à des industriels belges. Ainsi, la démolition se poursuivit jusqu'à la dernière limite. L'Abbaugruppe s'acharna avec une curieuse persistance à sa besogne, alors que la tournure des opérations militaires et la révolution survenue en Allemagne ne pouvaient plus laisser de doutes sur son inanité. Visiblement il ne travaillait plus dans l'intérêt militaire. Il n'avait plus en vue que le pillage au profit de l'industrie allemande. Ce qui avait été une formidable et vaine mesure de guerre s'achevait lamentablement en une sorte de piraterie. (Mons, Musée de la Guerre.) (Cliché Lefrancq.) La torpille d'Havay. En janvier 1918, l'autorité allemande obligea les habitants du village-frontière de Havay (à 12 kilomètres au sud de Mons) à évacuer leurs maisons. Le village fut transformé en champ d'expériences pour l'essai d'armes nouvelles. Parmi celles-ci figuraient des bombes de I.OOO kilos qui, lâchées par avions, transformèrent bientôt Havay en un vaste champ de ruines. La bombe reproduite ci-dessus était chargée de limaille de fer. Elle fut retrouvée dans le sol à une profondeur de 14 m. 50. Après l'armistice, une véritable carrière fut creusée au milieu du village par des prisonniers allemands du génie pour procéder à son extraction. Elle mesure 2,60 m. sans son empennage. — Des torpilles semblables, avec empennage, garnissaient l'entrée du musée de Zee-brugge avant 1940. Les Allemands les ont emportées pendant la deuxième guerre mondiale. . . I ' f î ■ I: ■ ï ■'i i ■ 5 I uli , ï li^ilv ■ r ! ''' 1 . i ^ ' ■ I lf ' hva:;î||i r JÉIÎ ,1 ' f < ! 't " r !'! NOTES (1) On se référera pour ce chapitre aux travaux de Ch. de Kerchove de Denterghem, L'Industrie belge pendant l'occupation allemande, et de F. Pas-selecq, Déportation et travail forcé des ouvriers et de la population civile de la Belgique occupée, parus dans la série beige de cette coilection. (2) « Nous avons été contraint, disait Napoiéon, d'opposer à i'ennemi commun les mêmes armes dont ii se servait contre nous. » (3) « Un citron exprimé n'a pius de jus et une vache abattue ne donne pius de iait. » Rapports et documents d'enquête, 3" vol., t. II, p. 49. (4) Cette exportation se fit pour la plupart vers la Hollande et eut au début, comme contre-partie, une importation de matières premières de la Hollande vers la Belgique. Mais la création de la Nederlandsche Overzeetrust Maat-schappij imposée par l'Angleterre au gouvernement hollandais réduisit largement, à partir de 1915, l'importance de cette importation. Voy. là-dessus les explications données par von der Lancken au Comité économique, en juin 1915. (5) L'organisation des Zentrale ne fut réalisée que dans le gouvernement général. Dans le territoire des étapes l'administration militaire conserva le pouvoir de réglementer à sa guise la distribution des denrées. (6) Cet organisme, appelé Buttervertriebsverband, groupait les unions professionnelles de marchands et de producteurs de beurre. Le résultat en fut que, pour échapper aux prix officiels, les paysans cachèrent une grande partie de leur beurre, le réservant pour le commerce clandestin. (7) E. Mahaim, Le Secours de chômage, p. 140. (8) « Il y a pour le moment, écrit-il, 2 millions de nécessiteux en Belgique parmi lesquels il y a beaucoup de sans-travail, tandis qu'en Allemagne le manque de main-d'œuvre se fait sentir lourdement. Le développement des caisses d'épargne en Allemagne, ainsi que le nombre considérable de souscriptions aux emprunts de guerre montre que beaucoup de gens peuvent épargner grâce aux occasions de gagner largement leur vie. En Belgique, on consomme peu à peu toutes les épargnes et on retire encore beaucoup plus d'argent de la caisse d'épargne qu'on n'en verse. » (9) E. Mahaim, Le Secours de chômage, pp. 85 et suiv. (10) Les secours ne consistaient pas en espèces, mais en bons valables dans les magasins du Comité National et dans les magasins communaux. (11) Pour le détail, voy. E. Mahaim, Le Secours de chômage, pp. 176 et suiv. (12) La recommandation faite « de la manière la plus énergique » par le gouverneur général aux communes de l'agglomération bruxelloise, le 7 novembre I9I4, « de ne plus distribuer gratuitement de vivres à des hommes auxquels on peut prouver qu'ils ont l'occasion de travailler mais qu'ils n'en profitent pas », ne semble avoir pour but que de combattre les abus d'une assistanc inconsidérée, et ne révèle pas encore l'intention d'exercer une pression sur les chômeurs. (13) Cf. K. Bittmann, op. cit., t. III, pp. 131 et suiv. (14) Von Kôhler, op. cit., p. 149, estime que de juin 1915 à mars 1916, on ne parvint à embaucher que 12.000 ouvriers. (15) Von Kfihier, op. cit., p. 151. (16) Pour tout ce qui suit, cf. Passelecq, op. cit.. Von Kôhler, op. cit., pp. 148 et suiv., expose la mesure au point de vue allemand et sans s'occuper de ses conséquences pour la population belge. ils furent con- damn ■ ■ ■ (17) Ces arrestations ne furent pas maintenues. Plus tard amnés à des amendes. (18) On estime le nombre de ces morts à 2.614. Mahaim, La Belgique restaurée, p. 16. (19) En Allemagne, les Gewerkschaften, à qui on avait caché le projet de déportation, cherchèrent vainement à en obtenir le retrait. Ce fut le motif invoqué par les socialistes pour rejeter le budget au Reichstag, pour la première fois depuis le commencement de la guerre. P. Umbreit et Ch. Lorenz, Der Krieg und die Arbeitsverhdltnisse, p. 123, Berlin, 1928 (série allemande de cet ouvrage). (20) Voir les documents de ce procès aux Archives de la Guerre. (21) Voy. le mot de von Bissing rapporté plus haut, p. 172. (22) Bittmann, op. cit., t. III, p. 81, dit très exactement « so war denn die Aera, in der der Gedanke der Wiederbelebung des belgischen Wirtschafts-lebens vorherrschend gewesen war, endgiiltig abgeschlossen ». (23) Ils sont à peu près contemporains. La guerre sous-marine à outrance commença le 31 janvier 1917. (24) Voy. plus loin chap. VIII, p. 386. m 384 (Bruxelles, exemplaire des Archives de la Guerre, collection des photographies.) La délégation du Conseil de Flandre à Berlin où elle lut reçue par le chancelier von Bethmann-Hollweg (3 mars 1917). De gauche à droite : E. Verhees, directeur du ministère de l'Industrie et du Travail; E. Dumon, membre du comité directeur de /ong Vlaanderen; J. van den Broeck; A. Borms, directeur du ministère des Arts et des Sciences; J. Lambrichts, président du Katholieke Vlaamsch Bond à Bruxelles; P. Tack, directeur général du ministère des Arts et des Sciences; comte Harrach, chef de la Politische Abteilung à Bruxelles; T. Vernieuwe, directeur général du ministère de l'Agriculture. — Cette photographie a été reproduite dans plusieurs publications pendant la guerre, notamment dans La Libre Belgique de mars 1917 (n» 115). CHAPITRE Vin LA SEPARATION ADMINISTRATIVE ^^^ USQU'AU 21 MARS 1917. - De 1914 à 1918, la conduite du gouvernement allemand à l'égard de la Belgique passa par des phases diverses dont la succession correspond aux péripéties de la guerre. Durant la première de ces phases, que l'on peut circonscrire entre l'invasion du pays et la stabilisation du front sur l'Yser, l'Etat belge est traité en territoire stratégique. On ne discerne encore aucune visée politique quant à son sort. Son premier gouverneur, le feld-maréchal von der Goltz, est un pur militaire. Il n'envisage l'occupation que comme une mesure momentanée imposée par l'intérêt des armées. Sa proclamation du 2 september 1914 ne préjuge en rien de l'avenir. Elle semble même prévoir, aussitôt que les circonstances le permettront, la restauration de l'indépendance nationale (2). Mais avec la nomination de son successeur, le généra] von Bissing (décembre 1914), s'ouvre une période nouvelle. On ne peut plus douter désormais que l'échec de l'offensive contre la France ne recule la décision de la lutte à une époque indéterminée et sans doute lointaine. Et aussitôt surgit la « question belge ». Obhgée de conserver ce pays qu'elle ne comptait d'abord que traverser, l'Allemagne ne peut se borner à en exploiter les ressources : elle doit le faire servir à ses buts de guerre. Elle est bien décidée à tirer parti de l'avantage politique que lui procure la possession d'un « gage » (Faustpfand) aussi précieux. Le silence que son gouvernement observe sur le sort qu'il lui réserve le laisse suffisamment apparaître. Ni dans le Reich, ni chez les alliés ou chez les neutres, personne ne doute qu'il ne médite une annexion directe ou déguisée. Sa résolution est prise de ne pas tolérer que !!■ -IJ___A!.- lMil0L Sriix >trr Ka>M-r liM&rn «r«lit. wirtt n«rli <4>klipi<-('*nK > rt^lM'Ileii G«Url>tiiiti ;.'citrrM]j(»(ivpm«*tir in ilr>tricw UI «rtmilirn. tr': Ii.iIm- SiU <14^ (H'HlTalKMI- TertWiiH-iiiN irt ftriMutrJ (MitiiMt-Htitii fTir MWiw«-li»lt iiihl Kfintur, ni.- .1.- U Loi) «iJ- leMhUKo» Aef (iniitil tti-itcn-r Aoohlinini: Si'idcr lsi«Kl«rl i»! •!«■»> (»>-iiiT«l]t«Mii<'rin'iir ••bf ZlvlIviTuilhiMit ;iHmi'<-ilrrl {Ar c^tiiiiniitte* riuM. me il<* I.....vain' au «Irn'ii SptUi* Eurlfrtu llcrr uitiSaniJt «li-ht. Dk- ilciiliu-(»-n Hivrr i2riiiK<-ii !>i<':(rft<-li Itu Fraiikn-irli Ili<-r ini iH'litiM-Iifii -|ih|( niiti t» •■rli.-ill> «liaft A •i;t<-lMK*rige '>'Imi4-Ii. iliirii Vi-rkvlir mil 'rliiu!:)t<'H ut grrni>:ir«7rn «Hier iieUvr«frriiiiK «i |;ewac*rti|[i-n. Die bail'* NiM«eu«li|{kdt da Krii-ye» briiifl 'Wit »icrt<«flcnilirtH> (^rdouog alizuhnllvn. Kcin l)HKi!«twr hueryer.ritT Irinirertift S4'ifmii CrwAe incfa|n4iljuil ir|R^tHle(«as >oi> itdlen der Tru|»|Mni uitd BHMwttleH ui U'luerch-(en. Somdl Irvfnd morfrtidi. iiolleii lUodd und Wandd wiemlK wcnfen. V«>n.\kiiMiHl«inl wriei^ lft«iidiiiHH>ti (rf^iiiHiiy \t?riati|rt. wuli! abcr dn<> v<^H>nlll|ri> Kutyii iiitkcil iind iiiibeiltimirr hornm <>(•••.Atmrdniinyt'iMlt^ 4rt>ti(>rNV pMvrmffDHii». ViKi Eiitvni VnliaNeii, voiiHelii Vrrinuen IIIKJ «Inii Vasiv dn- l'nltH^mfzuiv. dir dan Vdk. iiKiH^Midrn' dh> (m Mii(h> M>rhlk>> beniii Slattl!u ihhI l>ii)dii.li>brmhlMcii. diiii GeHMiljiimvfTrtfHM'til ••nlicejn'ti •brinifi'i». wIM M abhat>iip'it «»li i|li> ih-ik* VfTWNlftin(t KiiHi imd btrrm Linck> nuii StitfM) KcreicM: UeiTfbeii, rtriM !(s<>t. l(^)er 1914. DtrKMê I Gemn Freiherr viii> trr.Diiio |aili4' du icrriliilrr iKlfCe. a «lai|tiM^ m- iMKiuiH'r (PXixcnMHir i>n ttrrKhpH' J'ni «^allli U' .•«hfn* du GotnrnH'iiH^il Gnirml à Hnivitlcs (MliiMi^r des St-itticrs (K d«>» Ali s. nM< dr lit Lii.'. < dii 4;<)u\i>nirfneot Par ordre lie Sa U(ie>l< dviif a l'Ht* iitstalbT «upi GéiH'nl (UInMérv ii4>fa nu* d(> bMivaiu' Son Exn'Ik'tKT XtHMAir mmi SaiiHl a Hi> app«*k> aux hMK-iktm ck> rlH>l ih- (*Hk> ii(iiiiiulslnilh>n. Les amw* «IhtiwMps vrlorlwi.'w- iiient «'H Knim*. Mn larlH- di» rtmM>ner la (ran(|uiill h fordri' fiilHi*- i-n t(>rril<>fn> iH'Ijrc. Tour »rt<' iHwlile ImJmMiiI.* ronln* k-s iiijUliiln*s ; r«r. du U'HivrafilH' H ikt (•■li^tlNHH* su-nml (Hiiib (rés sovi'rruHfil. Tm«r n^slatirr iMt ruDlre l'ailiiuiibUrnlkni ntlriiiniide sern n'>|>ritiMV San» pankHi. la dHre mveseùlO de la inK-rrr <|ui' les IMiniUtHts d'actes iHisliles Irajkpetii, co «leiKtrs des ciiupables. aiiwd des inii>cefii.i- Le devoir s'Iidim)^' d'aulaiit |>lus à b»us les dtoyens raEsiHinabk'» d'enereemne |n*5tion*if «"Ic'aicnts Hirlnili-ili.'i en vue de les retenir «h- foule arlk>n dirigée roAlrc Pirrdre pubUc. Les moyens bel^ durant vat^r |uisilile-uieiil à leurs oecupaïkiitit n'ont rien à era'ndn> de ta part des IrtHipcs s aUenwiHles. Autan! que tain' s«' imarni. le roin»HT«-e nml reeouiiiKUrt'r à iravailk-r. U^ in«lss<»as dn» n'Mn^s. Je IK* ikHiundc n iH'ntonni' de renier nliuKMils |Hiiriolk|itet. nmct fiOt-nds de \cNts tous uiH' !u)uuib«d0n mlo^ntKiliie ei uiie oIm-ïs-sanee nliMHiH* ^is-n•\i.«ni Trt^i^niL Je vuiur in>ite a lui iiiuiitn*r de In eonllanee el à lui |»nHif vtMre com-cMirs. J'adn-sjte edle inviialkiii spj'mliiiM'iil »u\ JoiM-H»mn!iires delTjal et de^ nHtMiHnH>s ijui sont iisli!s à h^iirs l*liis\iHisI.|IIIK voii!» wnln'Z'>nftv ptlrie. Fait à Bnixdk-s, k> S septembre I9U. le ihtirfrnrm- G^M^rnl, Bjiron vo\ okh (UIL17. rildmar^ebal. Prodaiiatie. /J|n' Mir-ItHriiiko nlmlnislnlh' lii| Ik I llnKniMkno'r-W1|N>I|I hiKrriflil-ZiflirExrHhtMicileltoor vtHi ^ndl in iK-mifiiK] )<>( iHxilit «li-xiT Mjni{ii;''-anc-•^i-I : Miiilslrrii' van Ihirtofr. U-yvi-nsrhe In* itiilis4-lif lnN>|H>n itri/^rn o\(>r«inncn'! itt Fniiikrijk Itinm-n. .Uijnr Inak xa) zl|n d4> Ulnilr en o)Hiiliari' nrih' «p U'Iglstli ici'bk'd ufirecbl If iKiiutrn. Allr vlinnMIlke haulHInn ikr himiiKn. kiçi'n'UimvlHiritlrii va» Jn?[ iliiiliiHw hfjtpr. alk-tcrïtwk ili'H vtTkt-»'!' niH Diiilst-lilamI le saoTMi, d«n dkînsi der i|zeren wi-geli, des Iele|tr«a6( eii itK leleliMtiis te lH>kHnnien>n ol le Im-ken. m: iei;r Klren^ iietMnin vortien. Jeden* wedersUixl U reviille lejen île dnilselie a!(lrall wiinleii. H« h de hanle n.aHliakell|kll«W van don doriog. dal de stnlli'n van vljandelijke handi--«ivciv. Nllh-fl «le >ellilWln«n-i»iik dr-op*«wle ditten tn>n<>n. Des Ut nieer bi liel de pHM van aile venlandige burfteni up d« nnnisllri' .. _ K'nlen.eenen dmk ull te oelenenna) deie van letlere iMildelliv tiilen ik* «tpenhare orde le nwrhouden. I)i' l«^|Ils<•l«• liiinien.. dh- «emdien In nrl hare idjverindd na le faau. Iiebben nkK> vreexe4i van de Iroeja-n id de dnW-'ie anlurilelten. iî<«iMil liel nMHir«|V lal #1, mufl di- lianJel lieroiniHMl. ik- lalirielen in 1 »erk heiMeld, d<- iH)iM ltlniM'ii]iel>rnelil Miinkn. Ik vmnit »an nliiiiand /IjlH' iwtrinliirtx; vevneleiis ti* «inlïitijn'n.niaiir ik \er\^ai-lil v: «n liel lli'nei™l-(i.iinem.'ni.nl. Ik v.no«k 1 Inrni \erl|-.inwen le ................................tiulp le ............n. Ik rirlitilil vennwk iHadd/akeHjk aaii allé anilileiiimit'ii van lien Staal en van di- m............n. die |>|| liiinne lilanN jn'lileven aije. Ilm'niii'f r de/i'li «eiiM-ti iiililiill Zlill. ili^ II- niriT Kill! r inv inili'rianil iillllili zljn. iHWVen le BlIK-el. lien f Seplellllier H It. th (iftti-nml-l^imifrHnir, lliil'on vo.K i>Eii (MM.TZ. TaldiBaar«cha&. (Bruxelles, exemplaire des Archives de la Guerre, collection des affiches 1914-1918.) (Cliché Jacobs.) « ... von der Goitz... Sa proclamation du 2 septembre 1914... semble même prévoir ... la restauration de l'indépendance nationale.» (Voyez le texte, p. 385.) — Proclamation du Feld-maréchal baron von der GoItz du 2 septembre 1914. « ... Je ne demande à personne de renier ses sentiments patriotiques, mais j'attends de vous tous une soumission raisonnable et une obéissance absolue vis-à-vis des ordres du Gouvernement Général. Je vous invite à lui montrer de la confiance et à lui prêter votre concours... Plus vous donnerez suite à cet appel, plus vous servirez votre patrie. » à chercher du moins à y créer un mouvement d'opinion favorable à ses desseins (3). La tournure prise par les événements interrompit l'exécution de ce plan. Au commencement de 1917, les conjonctures militaires aussi bien que les conjonctures politiques (rejet par les alliés de la proposition de paix du 12 décembre 1916, guerre sous-marine à outrance, rupture diplomatique de l'Amérique avec les Empires centraux) firent entrer la « question belge » dans sa dernière phase. Pour soutenir la guerre au milieu de l'épuisement dont le blocus de ses côtes lui fait de plus en plus ressentir les atteintes, l'Allemagne risque le tout pour le tout. Sous l'impulsion que lui communique le Grand Etat-major auquel le gouvernement civil ne peut plus résister, elle veut forcer la victoire par un terrible sursaut d'énergie. Dans le même temps où elle se décide à exploiter sans scrupules les dernières ressources de la Belgique, elle se décide aussi à la disloquer comme corps politique. Ne pouvant plus compter sur une paix qu'elle dictera à ses ennemis, du moins veut-elle qu'au moment suprême il devienne impossible de restaurer l'Etat belge. Elle le divise en deux tronçons, espérant l'empêcher ainsi de se reconstituer, et avec l'intention de se ménager plus parfaitement sur ce pays dépecé les emprises et les bases militaires qu'elle considère comme indispensables à sa sécurité future. L'arrêté promulguant la séparation administrative de la Flandre et de la Wallonie (21 mars 1917) marque le début de cette politique, mais von Bis-sing n'eut que le temps de la voir s'affirmer. Elle se déroula jusqu'à la catastrophe finale sous la direction de son successeur, le général von Fal-kenhausen. la paix rende à la Belgique la souveraineté dont elle n'a fait usage, d'après lui, que pour coopérer avec les ennemis de l'Empire. A son occupation temporaire succédera sa subordination définitive, dont les modalités seules restent incertaines. Quant au fond, autorité militaire et autorité politique sont d'accord : la « victoire allemande » est à ce prix. L'Etat belge, d'ailleurs, ne disparaîtra pas. Rien ne permet encore de supposer la moindre velléité d'en dissocier les parties pour le réunir à l'Etat allemand. Le bloc qu'il forme ne sera pas désagrégé. Il sera englobé dans la confédération impériale à titre de Reichsland ou d'Etat vassal. On se bornera à lui imposer les garanties nécessaires au maintien de la sujétion qu'on lui destine. Tout ce que l'on sait de l'administration du général von Bissing jusqu'à la fin de 1916 correspond parfaitement à ces intentions. Sa politique « conservatrice » s'inspiré sans contredit de la volonté de réserver la Belgique au service non seulement des intérêts immédiats de l'Allemagne, mais de ses intérêts futurs. Il eût voulu sans doute l'assimiler. Ne le pouvant, il se borna, comme on le verra plus loin. Ainsi, la question belge évolua au gré de la guerre qui l'avait fait naître. A la politique d'occupation succéda la politique d'annexion qui aboutit enfin à la politique de destruction. Et à ces diverses péripéties s'apparentent les diverses attitudes prises par le gouvernement allemand à l'égard de la question flamande. Jusqu'à l'explosion de la guerre, il s'en était toujours désintéressé. Il n'avait ni manifesté la moindre sympathie ni apporté le moindre appui aux pangermanistes qui, au nom de la communauté de race, prônaient le retour des Pays-Bas à la commune patrie allemande. Leurs revendications plus encore que la Belgique visaient la Hollande. Elles n'avaient d'ailleurs inquiété personne. On les considérait comme les rêveries innocentes de patriotes romantiques ou de professeurs inoffensifs. Les quelques tentatives de fraternisation qui, depuis l'époque lointaine de Hoffmann von Fallersleben, avaient été ébauchées entre Flamands et Allemands n'avaient pas eu de lendemain (4). La fondation à Bruxelles de la Germania en 1898, en vue d'orienter le mouvement flamand vers un idéal pan-germaniste, n'avait abouti qu'à un échec. Evidemment, si la question des langues troublait les Belges, ils entendaient la résoudre entre eux, sans y mêler d'interventions étrangères. Elle n'était qu'une querelle de plus dans ce pays qui en connaissait tant d'autres, et pas plus que les (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Alédailles.) « ... la caste militaire (allemande)... se considérait comme la protagoniste par excellence du « Deutschtum » (Voyez le texte, p. 388.,) — Médaille allégorique exaltant le pangermanisme (1918). Au droit (à gauche), soldat allemand tenant le glaive et légende dont voici la traduction :« Toute l'Europe, le monde entier, le monde entier deviendra allemand. » Au revers (à droite), tronc, branches et feuillage derrière lesquels se lève le soleil. A l'avant-plan, pierre sculptée au nom de Henri Heine dont la légende rappelle les paroles (1844) ; « De cette mission de domination universelle du « pays » allemand, je rêve souvent quand je me promène sous les chênes. » — Médaille e.xécutée à l'occasion du nouvel an 1918 (ZUM !. JANUAR 1918) et signée au droit K(arl) Goetz. — Fonte de bronze. Diamètre : 88 mm. conflits politiques et sociaux elle ne débordait du terrain national. Les chefs du mouvement flamingant étaient même, au commencement du XX® siècle, beaucoup plus indifférents aux tendances pangermanistes qu'ils ne l'avaient été vers 1848. Entre eux et l'Allemagne, bien loin que l'on puisse discerner une entente quelconque, on ne discerne pas même de sympathie. S'ils regardaient au dehors des frontières, c'était seulement vers la Hollande. L'Aîgemeen Nederlandsch Verbond s'efforçait d'établir entre les Néerlandais de Hollande et les Néerlandais de Belgique une collaboration qui ne poursuivait d'ailleurs aucune fin politique. Quant à l'Allemagne, ils ne lui demandaient et n'en attendaient rien. Ils restaient indifférents à l'attention ou aux attentions dont ils y étaient l'objet. L'attitude des Allemands de Belgique à leur égard les eût détournés, quand bien même ils y eussent songé, de toute velléité de s'appuyer sur eux. Ces immigrés montraient l'indifférence la plus profonde aux revendications flamandes. Dans leurs rapports avec la population, ils se conduisaient en « fransquillons », ne parlant que le français, ne fréquentant que les théâtres de langue française, ne se servant que du français aussi bien pour les affaires que pour les relations sociales. C'est à peine si le flamand était représenté dans le programme des Deutsche Schulen de Bruxelles et d'Anvers. Les puissantes maisons allemandes établies dans cette dernière ville étaient complètement étrangères à toutes les manifestations artistiques ou littéraires qu'y organisaient les flamingants. Rien d'étonnant donc si pendant les premières semaines de la conquête les officiers aussi bien que les fonctionnaires allemands ne prirent pas le moindre souci de la question flamande. On peut dire que, pour la plupart, ils n'en soupçonnaient pas l'existence. Si tous ou presque tous connaissaient plus ou moins le français, tous unanimement ignoraient le flamand. Les premières proclamations destinées à la population ne sont rédigées qu'en français ou, si elles sont bilingues, c'est l'allemand qui s'y accole au texte français. Au bilinguisme officiel franco-flamand de l'Etat belge, l'occupant substitua tout d'abord un bilinguisme franco-allemand. Au lieu de flatter les flamingants il les froissait (5). On eût dit qu'il les considérait comme une quantité négligeable, et que dirigée par lui l'administration de la Belgique, revenant aux errements anciens, ne considérait plus comme langue de l'Etat que le français. Une situation aussi paradoxale ne pouvait évidemment se prolonger. Par cela même que l'administration allemande se substituait à l'administration belge, il était inévitable qu'elle se conformât aux lois réglant l'emploi des langues nationales, et qu'elle adoptât le bilinguisme de l'Etat belge. Dès le 25 août 1914, le flamand non seulement figure dans le texte de ses arrêtés et de ses affiches, mais on observe même qu'à partir du 6 octobre il y occupe la première place après le texte allemand, le français ne venant qu'en troisième lieu. Petit fait sans doute, mais petit fait significatif d'une orientation nouvelle et grosse de conséquences. On peut le considérer, comme le premier indice de l'importance de plus en plus grande que la question flamande, dont l'Allemagne officielle s'était jusqu'alors si complètement désintéressée, allait prendre sous le régime de l'occupation. JuJ«s De Vos Aur. Fridt A. Fridt et Co. P. Jos. De Cfuster WiUy FrUins Bunge et Co. Damman Ackerroann Cari Pranken^tein Frankenetein et Cie. Paul Daoneel Aug. Froelich Aug Froelich Josepîr De Pooter J Max Elaen, Rapbati Elbaoïn Elbaom frère*. Ban. OoldBchmldt Lawy et Ooldacbmidt B. Fe»t«r Kund et Pe»t«r. Lndwlg Grimm L. Grimm A. H. Fleq A Henri FioQ. ■ Waiem Qenrts Van Bemelryck et Geurts Vax Fould H. Fou2d- Emile Geanot EmUe Geenot Ben4 A. Flebos R. A. Flebue. B. M. Orot«ring Grntering et Co. BmU FlUmann Etnil Flllinann. Fél. Garlinck P. Garlinck Car] Fiacher Cari Fischer. lier m. Geiger Riat«ihoeber« naohfolger Wjo Fleokeo Wm Fleokeo Bemardo Gnerr» B. Guerra B. Fa«tlnc B. FAsting. Paul omatn P. GUlain Auff. FliTé Aug. FiéTA. B. Grégoir B. Grégoir A. M. FeMmaa A. M. Feldman. W. Grot« ▼on Bary et Co. Michel Feher M. Feher. Alb. Griaar Albert Griaar et C-9. Brioh Friedebers Samuel Friedobar* et Landau Fr. Grell Prançolà Grell Léon Puche Fâche. De Deoker et Oie. C2i. Gevara Charlea Gerera CbArtw Frit Ox. FrU et «e. Otto Garrel* Otto Garrela 8t Fraenkel S Fraenkel * Co. Ad. Groas Adolphe Oroas Richard Fahrmann Fuhrmann et Co. Ertieat Gillart Erneat Gill&rt Curt Flender Kurth. WeylimAxm et Co. Louia Griaar Or^r et De Kewtrr Kd. Fenincher Orne Feeingher Joeepb Gœbeî Errard BaTenltb Fac-similé de la page N de la liste des membres de la Chambre de Commerce d'Anvers en 1913. Remarquer la majorité de firmes étrangères et, parmi celles-ci, la prépondérance des maisons de commerce allemandes. (Documents prêtés par un particulier.) « ... avant de s'adresser aux masses et de leur présenter l'Allemagne en libératrice, il (allait attendre qu'elles se fussent remises de l'impression trop récente des fusillades et des incendies de Louvain et d'Aerschot... » (Voyez le texte ci-contre.) — La rue de DIest et la rue de Bruxelles à Louvain, après l'incendie des 25-26 août 1914. On en distingue sans peine les motifs. Si les Allemands étaient généralement imbus de la théorie qui voit dans la race le facteur prépondérant de l'activité sociale, c'est la caste militaire qui en comptait les adeptes les plus fervents. De par l'éducation qu'elle avait reçue, elle se considérait comme la protagoniste par excellence du Deutschtum. Le proclamant supérieur à tous les autres « génies nationaux », elle ne doutait pas qu'elle eût non seulement le droit mais le devoir d'en réveiller la conscience chez les populations germaniques où il s'était obnubilé. Or, la population flamande était incontestablement une population germanique. Les hasards de l'histoire et surtout « l'oppression » du gouvernement belge l'avaient abâtardie depuis de longs siècles en la soumettant au joug de la latinité. Le moment était venu de rappeler au souvenir de leurs origines et de restituer leur dignité de race à ces parents retrouvés. Il suffirait sans doute de leur apporter la bonne parole et de leur tendre une main fraternelle pour les ramener au foyer commun. Puisque le sort des peuples germaniques dépendait de la guerre, c'était donc le sort du peuple flamand qui était en jeu. Qu'il le comprît, et il se rallierait sans doute à l'Allemagne qui, en combattant pour elle-même, combattait nécessairement pour lui. Et à ces considérations d'ordre racique s'ajoutaient, pour les justifier encore, des considérations d'ordre mih- taire. Il était évident que la sécurité et le confortable des troupes seraient d'autant plus assurés que les dispositions des habitants seraient plus sympathiques. Leur hostilité était une gêne et un danger. L'intérêt bien entendu et la prudence politique recommandaient d'y substituer peu à peu la confiance. L'idée de gagner le concours des flamingants et par eux celui du peuple dont ils revendiquaient les droits hnguistiques devait donc s'imposer de très bonne heure, tant par conviction que par nécessité, aux autorités militaires. C'est chez elles, en effet, que l'on en surprend les premières manifestations. Il suffit, pour s'en convaincre, de constater que c'est dans la zone des étapes qu'apparut tout d'abord la nouvelle orientation. Aussi bien d'ailleurs ce territoire renfermait-il la majeure partie des populations flamandes de la Belgique (6). Pour réussir, la circonspection s'imposait. Il était trop évident qu'avant de s'adresser aux masses et de leur présenter l'Allemagne en libératrice, il fallait attendre qu'elles se fussent remises de l'impression trop récente des fusillades et des incendies de Louvain et d'Aerschot, du siège d'Anvers et des premiers combats sur l'Yser. Il importait tout d'abord de sonder le terrain. La Kommandantur de Gand s'en préoccupa dès l'occupation de la ville (octobre 1914). Un pasteur protestant d'origine hollandaise, chez lequel se confondaient la passion religieuse et le zèle panger-maniste, se mit aussitôt à son service. Mieux informée, l'autorité militaire eiît sans doute refusé le concours compromettant de ce trop ardent auxiliaire qui venait de scandaliser les rares fidèles de son Eglise en y priant publiquement pour la victoire des armées allemandes. Il s'aboucha tout de suite avec quelques jeunes gens excités ou aigris, admirateurs livresques de la Kultur germanique et aussi convaincus que lui-même de sa vigueur irrésistible et de son triomphe final. Pour eux comme pour lui, la guerre aboutirait à un remaniement de l'Europe. L'Etat belge était condamné à disparaître. L'Allemagne victorieuse arracherait la Flandre à cet être hybride qui l'oppressait. Il la ferait rentrer affranchie dans la grande communauté des nations germaniques, soit réunie à la Hollande, soit transformée en duché indépendant, soit transformée de quelque manière à l'Empire dont elle partagerait la gloire et la prospérité. Les bulletins de victoire publiés par le Grand Etat-major entretenaient ces rêveries enfantées par la psychose de guerre dans les cerveaux de quelques illuminés. La Kommandantur ne s'illusionnait ni sur le nombre de ces fanatiques qui était infime, ni sur leur influence qui était nulle, ni sur leur valeur qui l'était plus encore. Elle eût voulu se concilier l'appui de quelques-unes au moins des personnahtés marquantes du parti flamingant. L'accueil fait à ses avances lui prouva qu'elle n'avait rien à attendre d'eux. Force lui fut de soutenir faute de mieux les adeptes à qui elle en était réduite. Des fonds secrets furent mis à leur disposition. Le 21 février 1915, ils faisaient paraître à Gand le premier des journaux « activistes » de la période d'occupation : la Vlaamsche Post. La censure ne laissa pas imprimer la protestation que rédigèrent aussitôt les chefs des principaux groupements flamands de la ville. Elle parvint cependant à la connaissance du public, dissimulée parmi les annonces du journal socialiste le Voomif. Un flamingant notoire, qui avait énergiquement combattu les promoteurs de la Vlaamsche Post, fut condamné à l'amende, emprisonné sur son refus de payer, puis déporté en Allemagne. Des imprudences avaient dans l'entre-temps fortifié les dispositions du petit groupe gantois et fait disparaître, s'il en eût, ses derniers scrupules. Les nombreux réfugiés qui, lors du siège d'Anvers, s'étaient jetés en Hollande, n'avaient pas tardé à y fonder des journaux. Libres de tout dire, ils ne pouvaient éviter de réveiller les vieilles querelles avec l'amertume et la violence propres aux exilés. Le Journal des Réfugiés et d'autres organes publiés à Amsterdam, à Londres et plus tard au Havre, se laissèrent entraîner jusqu'à accuser certains flamingants de pactiser avec l'ennemi et d'avoir une large part de responsabilité dans la reddition d'Anvers. D'après eux c'en était fait de la question flamande. Elle ne pouvait plus se poser dans une Belgique alliée à la France. « La Belgique de l'avenir, disait l'un d'eux, sera latine ou ne sera pas. » Ces intempérances de langage, soigneusement recueillies et commentées par la presse allemande, indignaient ceux qui n'avaient pas le bon sens de les dédaigner. La censure empêchait les dirigeants du parti flamand d'exposer leurs idées. Ils ne pouvaient compter, pour les défendre, que sur leurs partisans émigrés. Presque tous affirmaient leur fidélité à la patrie envahie. Sans rien abandonner de leurs revendications, ils proclamaient que le confht linguistique était une question purement belge, qu'il n'était en rien dirigé contre les Wallons, que la solution n'en devait être trouvée que dans le cadre de l'Etat national après la paix et dans l'indépendance recouvrée. Mais la polémique s'irritait en se prolongeant. Peu à peu, des tendances extrémistes commençaient à s'affirmer dans cette presse d'exil. La Vlaamsche Stem, en Hollande, évoluait rapidement vers le séparatisme, prônant l'autonomie de la Flandre, multiphant les attaques contre le gouvernement du Havre. En Belgique même, à l'imitation de la Vlaamsche Post, étaient fondés à Anvers les Antwerpsche Tydingen et le Vlaamsche Nieuws, à Bruxelles, la Gazet van Brussel qui, quoique moins radicaux que leur aîné, n'en prenaient pas moins pour thème l'affranchissement de la Belgique flamande, la victoire inévitable de l'Allemagne, la décadence de la France, l'égoïsme mercantile de l'Angleterre. De violentes attaques étaient dirigées contre le cardinal Mercier dépeint comme un Wallon antiflamand. Avec la presse censurée de langue française collaborait maintenant une presse censurée de langue flamande, à laquelle la première accordait son bienveillant appui. Un des problèmes qui, à la veille de la guerre, s'étaient posés devant l'opinion et l'agitaient en sens divers était celui de la création d'une Université flamande, ou pour parler plus exactement, celui de la transformation de l'Université de Gand en Université de langue flamande. Depuis plusieurs années cette réforme était demandée par les associations pohtiques flamingantes. Après de longs débats, elles avaient fini par se mettre d'accord sur une formule dont la Chambre des Représentants avait été saisie. L'invasion du pays en avait remis à plus tard la discussion. Ses promoteurs eux-mêmes, fidèles à la trêve que les partis s'étaient imposée, avaient résolu de ne plus en parler avant la paix. Ce fut un motif pour que les journaux fondés avec l'appui de l'Allemagne en fissent aussitôt la base de leurs revendications. Ils exhortaient le gouvernement allemand à donner aux Flamands la satisfaction que le gouvernement belge leur avait toujours « Un pasteur protestant d'origine hollandaise... se mit aussitôt au service... » de la Kommandantur de Gand. (Voyez le texte, p. 388.) — Le pasteur Jan Derk Domela Nieuwenhuis Nyegaard. Ce pasteur de l'Eglise évangélique de Gand est considéré comme le père de l'activisme. Dès octobre I9I4 il arrêta le programme qui allait devenir celui des Jong Vlamingen (voyez ci-dessous, p. 412) et qu'il allait propager pendant quatre ans : constitution d'un Etat flamand souverain, intimement uni à la « Grande Allemagne ». Condamné à mort après la guerre, Domela se réfugia aux Pays-Bas. Dans ses Souvenirs de captivité en Allemagne, p. 15 (Bruxelles, 1920), Pirenne le décrit en ces termes : « énergumène violent et borné, que ses aspirations pangermanistes et son sectarisme protestant animaient depuis longtemps déjà contre la Belgique... d'une haine à laquelle l'occupant allemand fournissait enfin l'occasion de se faire jour. » — Photographie prise avant 1941 et extraite de M. Van de Velde : Qeschiedenis der Jong Vlaamsche beweging, frontispice. La Haye, 1941, in-8». refusée. Et il va de soi que leur propagande servait trop bien les intérêts du pouvoir occupant pour qu'il ne s'empressât de la soutenir. Dans le courant de 1915, s'ouvre en Allemagne une campagne de presse sur la question flamande. Brochures et journaux exposent à l'envi 1' « oppression » que font peser sur les Belges germaniques leurs compatriotes wallons. On ne se lasse pas d'insister sur le caractère artificiel de l'Etat belge, sur le devoir qui s'impose au Reich de venir en aide à ses frères de race. L'histoire est appelée à la rescousse; on rappelle que les Pays-Bas, constitués au XVI® siècle par Charles-Quint en Cercle de Bourgogne, faisaient partie du Saint-Empire. On allègue les avances de la Vlaamsche Post et de ses émules comme des manifestations authentiques de l'opinion flamande et de sa confiance dans l'Allemagne. Au mois d'avril 1915, le chancelier Bethmann-Hollweg entre lui-même en scène. Il affirme, devant le Reichstag, la sympathie du gouvernement pour les revendications flamandes et leur promet son appui. En Belgique même, des indices significatifs correspondent à ce mouvement. Les autorités militaires ne cachent Ecr^l*» jaargang. iN"" 1. — 5 cent, per nuniraer — 8 bladzijden — Zondag 21 Febriiari I91S ALeEMEEN OASBUID VOOR VLAANDEREN ABONNEMENTSPRIJS . BawuMn NtMKL4«B ...... Fr. t.M A..... 1.M ..... >7.50 /......fl.OO ..... . U.M A.....<0.M DE VLAAMSCHE POST vtrsohijnt 7 maal p. wk op 8 bladzijden. •Ttniekl. TcksrtBDM.—EMoa Eroaiik rkhtiDK Ifi de ImU der froilboftOMO. Bl«.t il. - Ot Aft««kl, brM ru mb kigisck lokUat ■iilIolluMl. — BritfaUHoltaod. — lUBifMtuode rUmiiiit»!), brUf ttll Browel. — Wj «nu gtkwtWe soldatoD. — G«m«fiad iiUtw*. mJUi£TOfe. aiym StT*u.tU, Oork*d*nhoek : H,U Cmr. Dt Dw«p«r. BU T VEHSGUiJ.NkiN VAN ONS ECRSTENUMMËR. Aan den Itzer, O» pr>B. n : T«B ««nt* I met du opeobftre bwUireB m met kll« iB«n»efa«ii TtA itoiidfln wil oit al oiu«< krachtee meda t« verkcn om in ou «n&e la&d ioot««I morelijk de ma* karieele elleoda lu Tenoioderea. Tta twa«d* : too haut roosaljjk ea. fdor aoo*Ml dt eeasaar het oo* to«twt, too algenMO mofBUik.alle iDltebiiDKAD te ncbAff» orer railiuire. diplotnaUakfl MB. Ook orer d« op«ohar« de Uadeo iiilleii wy op.de upitiie ia dr^ *< booKtf houdas. T«a d>«r : io doea t(Jd. die «oor vcles if oen tjjd rao ellwdic» luu"; dnxea tm rerrelitiK wtiloo «oede. hfUntTijlf en onderhoudenda Wtour ajut-bi«>don. Tan rli^rda : wilh'u wjj nr o^er vakeû dat (tf«a I Tao cas tôt biortue met veol mooite Ter- wDifeo Vlaamviii' roclit TeHo-vn «a. Het ma; dot k»> heuifn dAt nOie TIiLinische Triradi'U. dk* io faet loi^r ujD, ont, hij buQ teruj(kom*t, oeoiKe fliuiwbartisheid louiIflD kimiion Torw^tcn. Tell vljMa : i« but diin vok BOg on> doel het Vlaitm-vrhi Ki'TOfll bij alleu staodi «akkor te boudes, wiut boe do ooriotf wk otrr o»» lot Ettruiw bcaiiuco maa, on» dorl bilift *tood> !ir Uolfd<- : V|m>Dr>>u bnfnii al en in Vlaaad-rcn Vliuiroich. Twi saadu : «ij zullcii bct ooie bij breos<-n om Ti«or de toekorast mn rai-^r »rwd«U0'' wereW »wir to berridi-n. /oovcci 1j>>1 ou* locRcInton wurdt aulloD vy ivelit oa uunxbt l;RrtiiaK nindak.lljk h nn kort uvamcht l« ^ven *in df vnorwmue fpUur BEHEER EN REOAKTIE : GUINARDSTRAAT, 22 ^^ GKNT AANKONDIGINGEN OnMIUO NMUti^ T.n I lui 3 i»f(.'U. . . Pr. I.M /......0 'Klkr r.s.1 UMr. ... > O.AO /..... • OrMtM. uInMnU'a IhJ aijara uTMwakMaal ualMaiiSDdi I Augiutiu<9U, al wa»hel Janoûk naar lar will. «an d.o ■am.nhang. Ifl ilit DUBmer bcginncii w« ilaï mi>l bel Outel(ji (raal, wat *oor h«t oottanblik wel van bat rimiU) bclang U, an wainrin «-uok liai ni«.t wonll naapraAcn. D. voonuaivu eiKanaardiphrid *an b.t OoatHijk Ihint il dat grtota«b«. bra^da bcwi^n ; <1. alrijd daar in Oori-iVulsen en tn rolan beah noc enkele k.nm.rkan «an de vroegere ourlofnn. TerwIjI we in Frankrijk i^cda van nflîi;j)tenjb(;r,df vijan-dan l«genovar clktindar ««en liggen in loopgravcn, wal dan Mk niMstil bel vrnchuiv.n van bel (ronl verbin-dert. la^en v»e dear puaili-MwrliK slerbu in de laaWe wnrden in Poien, l«n tuiden van dan Waiebul. Ten noMdpn van Hen WeicbMltlrooin bleer die wijte van oorlo)(vo«ren (mmefelljk door de aanw.iiub.id van bat iiraol aanlal Uief|.trDien mcren. Liai ona nu de ebrunolottihcbe ordu w>l)(i-n, en wil de leaer veluau op de kaart dan lullen bem du vier v.r-Kbillend. phaaen van ilen i4rijd dui>l.li)k uorden. BefaU pbau ; 0. Ruuan vallan in Omi Pruiaan, *a drtngnn in Gtllei« tnl aan d. lUrpalben. Men aprak re«U dan val van Iianl)iBben(en en van Praeuyal.tella voêe DnnltiK werd itevrecwl. Tweed, pbue : U. DuiUcben .v.rwiDocn btj d. Uaauhacbe Meeren en bij Lyck (eind. Anguslui lat mid-den Sepleniberj. De DuiUcb. opmarach naar Warachan begint en de Onalenrijkera die lieb herin)i.ncbt badden bij Krakau dwjn|{an d. ltusi«n e«n deci van lîaliela le oolruiinen. Dcrde pbue : (Je Duilvchen, bedrei[[l onuingeld le worden Irekken lieb acbteruil'.pl^nnbinnen, Tliorn en Knkau. De RuiMn Irekken weer vonruil in Ooal-Pniiien, Urwijl dow bel van vijandelijke Lracblen oolniirode Pnlen, de Ruaaen de Duitacb. prnvincic PcNen bedroi-Ken; ook Galiciu ia woM- In hjinden der nuaa.n, die dnarbij \aorulldrinK.n lanjtade bergpaaaenen Bukn'winx Ticnle pbaie. Op 't onverwacbu wnrden de HuMen aangavallen I* Kulno en verslagen (18 novemberj. De Uullacherv dringeo vooeiiil toi aan de rivleren Binn en (Bruxelles, exemplaire de la Bibliothèque Royale, J.B. 240.) Premier numéro du « Vlaamsche Post » (dimanche 21 février 1915), le premier journal « activiste ». Publié à Gand du 21 février 1915 au 29 mars 1916. pas aux flamingants qui par hasard ont affaire à elles, la bonne nouvelle de la création prochaine d'une Université flamande. Elles en parlent ouvertement dans l'Etape. Le 2 décembre 1915, le gouverneur général fait prévoir l'inscription au budget des sommes nécessaires pour la réalisation de ce dessein. Il aurait voulu, semble-t-il, le réaliser en douceur et éviter l'éclat qui devait évidemment en résulter. Des instances avaient été faites sur son ordre auprès des Universités pour qu'elles reprissent leurs cours. Toutes avaient refusé, n'acceptant ni de travailler sous le contrôle de la censure, ni de faire profiter de leur enseignement les jeunes gens demeurés dans le pays tandis que leurs camarades combattaient sur l'Yser. Ce refus enlevait la possibilité de transformer graduellement l'Université de Gand en Université de langue flamande, soit en dédoublant ses cours, soit avec l'assentiment des professeurs. On espéra tout d'abord obtenir cet assentiment. Le 16 février 1916, on leur demandait de déclarer s'ils étaient capables d'enseigner en flamand et, le cas échéant, s'ils y consentiraient. Décidés à ne pas permettre l'ingérence de l'ennemi dans l'organisation universitaire, tous, à l'exception de cinq, répondirent ou qu'ils ne pouvaient ou qu'ils ne voulaient pas répondre affirmativement. La déportation en Allemagne de deux d'entre eux n'eut d'autre résultat que de rendre plus inébranlable la résolution de leurs collègues. Il ne restait qu'à se passer de leur concours et à intervenir par voie de décret. Le 15 mars 1916, un arrêté décidait que les cours de l'Université se feraient en langue flamande à partir de la rentrée d'octobre (7). Cette décision fut accueillie par un débordement d'enthousiasme dans la presse qui l'avait provoquée. Au nom du peuple flamand, elle se répandit en effusions de gratitude. La nation sœur venait de justifier les espoirs qu'elle avait fait naître. Elle consacrait la déchéance de l'Etat belge, celui-ci n'étant manifestement qu'un séide de la France ennemie héréditaire de la Flandre. Le germanisme rédempteur triomphait enfin de la latinité, comme il en avait triomphé en 1302 sur le champ de bataille de Courtrai. La Flandre était délivrée de la tyrannie romane et elle l'était par l'Allemagne. « Los van Havre » devenait le mot d'ordre. L'avenir de la Flandre ne pouvait être assuré que par Berlin. A ce pathos d'une infime minorité d'exaltés et de têtes chaudes répondit aussitôt une protestation signée des personnalités les plus éminentes du parti flamingant. Sans rien abandonner de leurs revendications et tout en se déclarant hautement partisans de l'organisation d'un enseignement universitaire flamand, elles affirmaient ne point consentir à l'accepter du pouvoir occupant. « Nous sommes d'une race, disaient-elles, qui toujours dans le passé a tenu à régler elle-même ses propres affaires sur son propre sol... Le seul point de vue auquel Flamands et flamingants nous puissions nous placer, c'est celui de l'indépendance de la nation belge. A cet égard, il n'existe pas la moindre divergence de vues entre les Flamands et les Wallons. » A cette protestation, qui circula aussitôt clandestinement à des milliers d'exemplaires, le gouverneur général répondit par une lettre publique. Il y revendiquait son droit en qualité de « détenteur du pouvoir suprême du pays » d'agir en faveur de l'intérêt de la population flamande. Il refusait de considérer les signataires de la protestation comme les porte-parole de cette population. Il terminait enfin par la menace de sévir « avec une rigueur particulière contre toute action tendant à empêcher des professeurs ou des étudiants de coopérer à l'œuvre nouvelle ». (Louvain, Place de l'Université.) (Cliché A.C.L.) Le Collège du pape Adrien VI à Louvain, bâtiment universitaire occupé par les Allemands pendant la guerre. Une autre vue du Collège, accompagnée d'une notice historique, a été reproduite au t. 111, p. 227. permettait de défiler en cortège au chant du Vlaamsche Leeuw. La police allemande ordonnait de leur ouvrir les locaux que la police belge, en exécution des ordonnances du gouverneur, prétendait leur interdire. Le piteux échec de cette agitation montrait clairement que l'Université germano-flamande de Gand ne répondait en rien au vœu du peuple. Il était trop évident pour tout le monde qu'elle n'était qu'un instrument de la politique allemande. La cérémonie d'ouverture, le 21 octobre 1916, présidée par le général von Bissing, scella l'alliance de l'Allemagne avec les « activistes ». C'est à peine s'il y eut des élèves. En y comprenant les auditeurs libres, leur nombre fut la première année de 110, la seconde de 417. Encore la plupart d'entre eux ne cédèrent-ils qu'à l'appât de bourses généreusement prodiguées, aux avantages alimentaires dont ils furent gratifiés et à l'immunité dont ils jouirent à l'égard des déportations. Ils furent ouvertement entretenus par l'occupant en faveur de « l'enfant mort-né » que fut l'Université gantoise (8). Quant aux professeurs, des garanties leur furent accordées pour le cas oii à son retour un gouvernement animé d'intentions hostiles voudrait les éloigner de leur chaire, ou en leur retirant leurs droits académiques, leur rendrait impossible l'exercice de leurs fonctions. L'université ainsi bâclée était évidemment liée à l'occupation allemande. Nul ne pouvait douter qu'elle ne subsisterait qu'à une seule condition : Cette menace était superflue. D'eux-mêmes les professeurs refusèrent à l'ennemi la collaboration qu'il leur demandait. Sept d'entre eux seulement, dont cinq Belges, acceptèrent de continuer leurs fonctions. Pour suppléer aux chaires vacantes, la Studienkommission zur Vorbereitung unter-richtstechnischer Fragen an der Universitàt Gent en fut réduite à se contenter de ce qui se présenta : dentistes, ingénieurs, médecins, professeurs de l'enseignement moyen en quête d'une position lucrative, auxquels s'adjoignirent quelques Hollandais germanophiles et quelques Allemands. Faite comme elle était, la nouvelle Université était un expédient, une improvisation, une réclame. Déjà en temps de paix, il eût été impossible de lui recruter de but en blanc un personnel présentant le minimum de garanties exigibles d'un établissement d'enseignement supérieur. Au milieu des circonstances que l'on traversait, c'était une gageure que de l'ériger. C'était aussi un défi à l'opinion. Tandis que toutes les réunions publiques étaient interdites, les quelques partisans de la coopération avec l'Allemagne organisaient librement, en ville et à la campagne, des meetings de propagande devant des salles vides. On leur (Bruxelles, exemplaire des Archives de la Guerre, collection des affiches.) (Cliché Jacobs.) Affiche annonçant l'ouverture de l'Université de Gand à la date du 24 octobre 1916, et le début des cours pour le lendemain. Signée par le gouverneur général von Bissing et par le commandant en chef de la 4» Armée, le duc Albert de Wurtemberg. BekaontmachuDg Bekendinaking Die Universitàt Gent De lessen van de hooge- wird am 24. Oktober 1916 school van Gent zuUen den mit einer Antrittsrede des 24 October 1916 met eene Rektors eroefînet werden. openingsrede van den rector Die Vorlesungen werden am geopend werden. De voor- Tage nach der EroefiFnung lezingen zullen den volgen- beginnen. dag beginnen. BRIiCSSEI., dcn 21. Sriilmnlicr 1916. BKr.SSKI., (leii SI Kcplciiilitr lUlO. Der fmvHeralgoitvvrneur in BelgivH. #i«r GfHuratgifucerntur in Btlgii'n, FREIHERR VON BISSING, FREIHERR VON BISSING, Gentrnluberal. iitntraltibtrtl. A. II. tj.. lien as. SeptciiiHi'r 1016. A. II. Q., dm Sti HcliUmlirr IHIU. tttr OherhefrUtkuhr cfor 4. Jrmee. Utr OhtrheftUtkahtr drri. .Irmet, HERZOG ILBRECHT VON WÙRnEOTERG. HERZOG iLBRECHT VON w'ÙRTTEIIIBERC. UtHtriil/MtHiirtvkaU. Vmtral/rlUmariickttll. (icnt, Jrukk. i/l> Ail. HOSTIi V. i ! » m, (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Alédailles, fonds Lefebvre.) Insigne porté par des activistes gantois. Ecu au lion d'émail noir dans une double palme découpée et à la devise HELP. U. ZELF. (aide-toi toi-même). Breloque dorée uniface. Dimensions : 19x22 mm. Médaille frappée à l'occasion de la flamandisation de l'Université de Gand pendant la guerre. Un exemplaire en argent fut solennellement remis au recteur le 3 novembre 1917. Quatre types différents de cette médaille ont été prévus ; argent et bronze, 65 et 25 mm. de diamètre. — Au droit (à gauche), semeur puisant la semence dans le casque de Minerve. Légende : VERVLAAMSCHING. DER. GENTSCHE. HOOQESCHOOL. — 15. MAART. 1916. Au revers (à droite), écu couronné de l'Université entre deux branches de laurier. Légende : INTER. UTRUMQUE (c'est-à-dire entre les deux cultures, allemande et flamande ?). — Œuvre de J. Cantré, professeur à l'Université. Bronze patiné en brun clair. Diamètre : 65 mm. celle de la victoire de l'Allemagne. Le gouvernement belge, dès le 14 octobre, avait déclaré que les fonctionnaires qui avaient consenti à y entrer avaient définitivement cessé d'appartenir au service de l'Etat, que ceux d'entre eux qui appartenaient à un ordre national en étaient déchus et que les diplômes conférés par l'Université nouvelle n'auraient en Belgique aucune valeur légale. Ces mesures ne permettaient plus aucune équivoque. Aux flamingants qui eussent pu s'illusionner encore sur la conduite à tenir, elles montraient qu'ils avaient à choisir entre la Belgique et l'Allemagne. Seuls ceux d'entre eux qu'aveuglait le fanatisme linguistique renièrent la patrie. Mais en la reniant ils devaient se solidariser avec l'envahisseur. Désormais, il ne leur était plus loisible de revendiquer uniquement les droits linguistiques de la population flamande. C'est la destruction de l'Etat belge qui fatalement s'imposait à eux, puisque cet Etat les rejetait de son sein. Alors que l'immense majorité de ce peuple qu'ils prétendaient affranchir restait fidèle à la nation, ils en étaient réduits, de par leur faiblesse même et de par la réprobation qui les frappait, à faire cause commune avec l'ennemi. Par une aberration que peut seule exphquer la psychose de guerre, ils se persuadèrent que l'appui que leur offrait l'Allemagne était désintéressé. Ils firent créance aux déclarations d'amour que la presse pangermaniste prodiguait à la Flandre. Ils s'abandonnèrent aux mirages de la théorie des races et allèrent répétant que le conflit formidable qui bouleversait l'Europe était celui du germanisme et de la latinité. Sans doute, ils n'entendaient pas absorber la Flandre dans l'Allemagne. L'idéal de la plupart d'entre eux fut et resta jusqu'au bout celui d'un Etat flamand autonome. Leur naïveté de politiciens dilettantes ne leur permit pas de comprendre que leur faiblesse ne leur laissait d'autre avenir que celui d'être des instruments aux mains du Grand Etat-major. Ils se fièrent aux promesses dont on les leurra comme van der Noot s'était fié, lors de la Révolution brabançonne, aux promesses de la Prusse (9). Des deux côtés, c'est la même suffisance, la même absence de sentiment politique, le même particularisme provincial, le même rétrécissement du cœur et du cerveau. Leur conduite est encore plus lamentable que honteuse. Vue de loin, elle paraît aujourd'hui presque bouffonne, tant le contraste est éclatant entre leurs desseins et les moyens dont ils disposaient pour les réaliser. Groupe infime au miheu d'une population qui les reniait avec horreur, ils en furent réduits à la violenter avec l'appui de l'ennemi. Pour être conséquents avec eux-mêmes ils eussent dû risquer leur vie pour la victoire du Reich. Le fait qu'ils n'aient pas pris les armes suffit à faire condamner leur entreprise. Tandis que les Tchèques par exemple et les Polonais affluaient vers les armées des ennemis de l'Allemagne, aucun d'eux ne prit service dans l'armée allemande. Ils se contentèrent, comme un de leurs chefs l'avouait le 28 août 1917, de la laisser se battre pour eux. Ce qui explique leur conduite, c'est leur croyance dans l'invincibilité de l'Allemagne. Ils s'imaginèrent jouer à coup sûr et miser sur le gagnant. On peut affirmer que s'ils avaient prévu la déroute finale de leurs protecteurs, que si même ils avaient admis la possibilité d'une paix sans compensations ni annexions comme celle qui fut demandée par le Reichstag le 19 juillet 1917, ils eussent prudemment conservé la neutrahté. Ils ne rompirent avec l'Etat belge que parce qu'ils le crurent frappé à mort et destiné à disparaître de la carte de l'Europe. Ayant écha-faudê leurs plans sur le triomphe de l'Allemagne, ils le durent souhaiter éclatant. Leur ennemi désormais fut la Belgique. Ils prétendirent élever sur ses ruines une Flandre indépendante, sans vouloir s'avouer qu'une Allemagne toute-puissante ne manquerait pas de s'annexer cette Flandre dont elle ambitionnait de se faire sur la mer du Nord un poste stratégique qui lui assurerait l'hégémonie de l'Europe. Ces pauvres gens qui croyaient jouer un rôle ne s'apercevaient pas qu'ils étaient manœuvrés. Incapables de rien prévoir, ils se targuaient du nom d'Activistes, alors que rien fut jamais plus passif que leur attitude à l'égard des maîtres qu'ils s'étaient donnés. (Bruxelles, Musée Royal de l'Armée, section des photographies, Déportés civils belges n» 1 [à gauche); Bruxelles, Archives de la Guerre, collection des photographies [ci-dessous].) Deux documents relatifs à la déportation en Allemagne de Henri Pirenne, professeur à l'Université de Gand. Photograpfiies prises au camp de Holzminden le 27 août 1916, veille du transfert de Pirenne à léna. Dans ses Souvenirs de captivité en Allemagne, mars 1916-novembre 1918 (Bruxelles, 1920; publiés d'abord dans La Revue des Deux Mondes des 1" et 15 février 1920), H. Pirenne a raconté les étapes de sa captivité en Allemagne. Lui-même et son collègue P. Fredericq furent arrêtés à Gand comme « personnes extrêmement dangereuses », le 18 mars 1916. Ces arrestations faisaient suite au refus de la quasi-unanimité des professeurs de l'Université d'enseigner dans l'institution qu'activistes et Allemands mettaient sur pied. Elles soulevèrent une vive émotion dans les milieux scientifiques des pays alliés et neutres. Après un séjour de deux mois dans un camp d'officiers alliés à Crefeld, Pirenne fut transféré à Holzminden (15 mai-28 août 1916), camp de quelque dix mille Internés cMIs, « réceptacle où l'Allemagne versait pêle-mêle, de tous les pays occupés, les Indésirables ou les gêneurs » (op. cit., p. 30). Il y professa l'histoire économique à l'Intention d'étudiants russes capturés à Liège, et un cours d'histoire nationale suivi par de nombreux auditeurs (voyez les deux photographies reproduites ici même; Pirenne y est marqué d'une croix) et même par des soldats allemands. Dans le baraquement où il enseignait, « des milliers de puces jaillissaient de partout, scintillaient au soleil, comme les goutelettes d'un arrosage très fin » (op. cit., p. 36). Malgré lui. Il fut transféré à léna où il vécut en compagnie de P. Fredericq en résidence surveillée. Même régime à Creuzburg, aux confins de la Thurlnge, résidence qui lui fut assignée depuis la fin janvier 1917 jusqu'à l'armistice. C'est là que, outre l'étude de la langue russe, il rédigea, sans autre livre qu'un petit manuel d'histoire employé à l'école de Creuzburg, son Histoire de l Europe, des invasions au XVI' siècle. Le 8 août 1918, il fut rejoint par sa femme et par son fils Robert. f'i- s ^ LE CONSEIL DE FLANDRE. - La politique linguistique que l'intérêt militaire de l'Allemagne dictait au général von Bissing se développa tout d'abord conformément aux lois belges. Le 25 février 1916, il avait pris un arrêté mettant en exécution la loi votée le 15 juin 1914, sur l'emploi des langues dans l'enseignement primaire (10). Le 22 mars, la loi du 22 mai 1878 imposant aux fonctionnaires de l'Etat l'obligation de correspondre en flamand avec les communes et les particuliers dans les provinces flamandes, était strictement imposée et bientôt même (2 septembre) rendue applicable aux localités flamandes des provinces de Liège et de Hainaut, ainsi qu'à plusieurs communes de l'agglomération bruxelloise. La transformation de l'Université de Gand en Université de langue flamande marque le moment à partir duquel le pouvoir occupant ne se contente plus de l'application des lois belges mais s'arroge le droit de légiférer lui-même en matière linguistique. Il prétend qu'il lui appartient, en vertu de l'autorité qui a passé du gouvernement belge au gouvernement allemand, « de tenir soigneusement compte des diverses façons de voir qui résultent de la vie commune de peuples de langues différentes réunis en un seul Etat ». Il justifie son intervention à cet égard par « l'équité et l'intérêt du bien-être de la population flamande ». Et il est évident que, s'engageant dans cette voie, il ne s'arrêtera plus. Rien de plus aisé, en effet, que de pousser le principe de l'identification du peuple et de sa langue jusqu'à sa conséquence dernière, c'est-à-dire jusqu'à la dissolution de l'Etat. Et il serait injuste de ne pas reconnaître qu'aux yeux du général von Bissing, cette dissolution devait paraître tout à la fois conforme aux buts de guerre de l'Allemagne et à cette équité dont il se réclamait. Pour lui, la question flamande se posait évidemment comme la question tchèque en Bohême ou la question polonaise en Posnanie. Ignorant des conditions historiques qui depuis des siècles avaient introduit pacifiquement en Flandre l'usage du français et déterminé les rapports des Flamands avec leurs compatriotes wallons, il se représentait comme le résultat d'une lutte de races une situation qui n'était que le produit d'une longue association politique, de la communauté séculaire des intérêts et du prestige traditionnel exercé par la civilisation française sur un pays voisin de la France et depuis toujours ouvert à son influence. Ce qui était très ancien et très complexe lui apparaissait très récent et très clair. Il se figurait l'Etat 8 % l' S 1 vm If Officiers allemands et professeurs photographiés le jour de la transmission des locaux de l'Université de Gand aux autorités académiques (21 octobre 1916). Le recteur allemand P. Hoffmann (Philos, et Lettres) et E. Haerens (Sciences naturelles) entourent von Bissing. Derrière ce dernier, J. Obrie (Droit) ayant à sa gauche W. De Vreese (Philos, et Lettres) et R. Speleers (AAédecine), à sa droite, A. Vandenberghe et F. StSber (Sciences naturelles). D'autres membres du corps professoral sont mêlés aux officiers allemands : J.L.M. Eggen (Droit), A. Picard (Médecine), R. Claeys (Sciences commerciales), A. Fornler (Ecoles techniques), T. Vernieuwe (Sciences), H. Schoenfeld (Alédecine), M. Min-naert (Sciences), le docteur Otzwald et L. Brûlez (celui-ci au dernier rang, à droite (Philos, et Lettres). La cérémonie solennelle d'ouverture de l'Université se déroula trois jours plus tard, le 24. — Photographie extraite de Th. Heyse : L'Université flamande (L'occupation allemande en Flandre. Index documentaire, t. I), frontispice. Gand, 1918-1919, in-8«. s'imposer à eux (11). L'hostilité qu'ils témoignaient à son gouvernement s'expliquait évidemment par les rigueurs inséparables de la conquête. Nul doute qu'elle ne fût destinée à se dissiper par l'accoutumance et que la population, pour peu qu'on l'y aidât, ne s'inclinât bientôt devant l'Allemagne sous la toute-puissante influence de la communauté de race. Le petit groupe des activistes le confirmait dans ces dispositions. Eux aussi ne rendaient-ils pas responsable l'Etat belge de « l'oppression » du peuple flamand et n'opposaient-ils pas la « latinité » de cet Etat au caractère foncièrement germanique de leur peuple ? C'eût été folie que de négliger leur appui. Sans doute ils n'étaient encore qu'une minorité. L'un de leurs chefs estimait que 90 pour 100 des Flamands leur étaient hostiles et que la plupart des autres étaient indifférents. Mais leur programme importait plus que leur nombre. Il suffisait que leur voix s'élevât pour que les mesures qu'ils revendiquaient fussent justifiées. Leurs applaudissements avaient salué l'ouverture de l'Université flamande. Au milieu du silence imposé au peuple, ils avaient retenti avec un bruit qu'avait aussitôt grossi l'écho de la presse allemande. belge livré aux Wallons comme l'Etat autrichien l'était aux Allemands et, de propos délibéré, décidé à romaniser et à exploiter la population flamande au profit de la race « dominante ». Il ne pouvait s'aviser que le conflit qu'il se donnait pour mission de résoudre était linguistique et non national, qu'à la différence des idiomes ne correspondait aucune haine entre ceux qui s'en servaient, que le français loin d'être une langue imposée par la conquête ou la domination, était une langue volontairement adoptée depuis des siècles et devenue une langue maternelle. Il ne pouvait enfin se figurer que les Flamands, puisqu'ils parlaient un dialecte germanique, pussent s'opposer au Deutschtum qui, d'après lui, en droit comme en fait, à leur avantage comme à l'avantage de l'Allemagne, devait (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes, fonds Lefebvre.) « Le Conseil des Flandres allant à Berlin solliciter une audience au chancelier de l'Empire. » Représentation satirique. Les délégués ont pris place dans une charrette gardée par un soldat et traînée par la « Diplomatie allemande ». L'un d'eux tient en poche le Contrat de vente de la Belgique. L'équipage passe sur une route jalonnée de tombes de soldats flamands. Sur la charrette, l'inscription : ARRETE. Ces MM. s'arrêteront à Eppeghem, Sempst, Malines, Louvain, Aer-schot et à Visé pour se rafraîchir et prendre un bon petit repas. L'auteur prête ces propos au soldat allemand : « SI ce n'était bas qu'ils dravaillent tans notre indérêt, che leur voudrais tes coups de bleds tans le terrière I... » — Dessin colorié d'E. Lu-mor extrait de ses Dessins de guerre, t. III, n" 219. 6.. Louis Franck, Tolksvertogeiwoordlger van Antwerpan, Voorzltter van don Bond der Vlaamsche Reehtageleerden Baron Cogela Bere-Oouverneur der Provlntl* Antwerpen en Senator araaf de Balllot-Latour, Eere-Oouverneur der Provlntle Antwerpen en Senator ; Jan De Vos, Burgemoester van Antwerpen ; Alfona Ryctanans, Senator van Antwerpen Léon Van Peborgh, " " Blders , " Brabant Vlnck " " D« B«cker-Ramy " Leuven Baron de Kerckhove d'Bxaerde, Senator van Oudenaerde-Aalst de Blleck Senator van Audenaerde en Aelst Oscar Vander Kolen Senator van Antwerpen Oaliens , " " Baron van Reynegom de Buxet,Senator van Hechelen-Turnhout ; a. Royers Volksvertegenwoordiger van Antwerpen de Kerckhove d'Sxaerde " " B.De Keester " " 8dn. Duysters " " P. De Sehutter de Bue Bor|lgnon Robï Quaestor der Kamer van Volksvertegenwoordlgers Brussel Volksvertegenwoordiger van Brussel Jan Van Kenten Weyler raaf de Jonghe d'Ardoye J.BÔbel» Dr.Lamborelle J. Rens Tlbaut Buyl Claes Cl.Peten Jos. Verachtert A.Versteylen Bdn.Picard van St.Hlkolaas van Kechelen van Aelst van Dendermonde van Ostende-Veurne-Dlxmulde van Leuven van Hasselt van Turnhout " van " Stafhouder der Advokaten blj het Verbreklngshof te Brussel En.Hontens d.d.Voorzltter der Bestendlge Deputatle van Antw. A.Verwllghen lld der Bestendlge Deputatle van Oost-Vlaanderen Van Hoorenbeek d.d. Burgemeester van Mechelen P.du Pour d.d. " Turnhout Dr.De Smedt " St.Nlkolaas Cootmans " Bercheoi Dr.Van Darane " Hoboken A.Cools Schepen der Stad Antwerpen -Bestuurlld van de Bel- glsche WerklledenpartlJ Van Den Henden Schepen van Mechelen Kgr.Cleyiinens Deken van Antwerpen Kgr.Roucourt Deken van Berchem Pater Rutten van de Orde van den Helllgen Domlnlcus Kan.Luytgaerens Algemeene Secretarls van den Bel.Boerenbond (Anvers, Archief en Muséum voor het Vlaamse Cultuurleven.) Copie contemporaine des signatures de personnalités flamandes au bas de l'adresse au chancelier von Bethmann-Hollweg dénonçant les activités du Conseil de Flandre, la flamandisation de l'Université de Gand et le projet de séparation administrative (Anvers, 10 mars 1917). L'adresse se termine par ces mots : « Tous, Flamands et Wallons, nous n'avons en ces temps qu'un seul souhait, un seul désir, une seule pensée : La Patrie belge libre et indivisible. » Septante-sept personnalités y apposent leur signature. La première est Louis Franck, député d'Anvers et président de l'association des juristes flamands. Puis, des sénateurs et députés des provinces flamandes, des bourgmestres, échevins, conseillers communaux, professeurs d'universités, hommes politiques, hommes de lettres, etc. On relève également les signatures du Maître de la loge « Marnix de Sainte-Aldegonde », Is. Van Dooselaere, d'un religieux, le Père Rutten G.F.P., et de trois membres du clergé séculier : le chanoine Luytgaerens, secrétaire général du Boerenbcnd, et messeigneurs Cleyhnens et Roucourt, respectivement doyens d'Anvers et de Berchem. 7.- Prof.Vermeylen hoogleeraar te Brussel; Voorzltter der Vereenl- glng van Vlaamsche Letterkundlgen ; Prof.Duflou Hoogleeraar te Brussel Oallewaerts " " Dr.Hegenscheldt ,letterkundlge .Docent aan de Eoogeschool te Brussel Dr.Wyuens ult.Voorzltter van de " Nedredultsche Bond van Antwerpen - Voorzltter van de Katholleke Vlaamsche Eoogeschool ultbreldlng Jul.Lagae beeldhouwer, lld der Kon.Akademle te Brussel Jullaan De Vrlendt.oud-Volksvertegenwoordlger ,Bestuurder der Akademle van Schoone Kunsten.Antwerpen Cuperus Bere-Voorzltter van de Llberale Vlaamsche Bond van Antwerpen. De Puydt Id. Id. Dr.Terllnck Id van Brussel Is.Van Doosselaere Ven.Heester van de Vrljmetselaarsloge Karnlx van St.Aldegonde; Voorzltter van den Bond der Belglsche Druk-pers (Afd.Antwerpen-Llmburg ) aemeenteraadslld van Antwerpen-Oud-Voorzltter van de Llberale Volkspartlj en van do Vlaamsche Conferontle der Balle van Antwerpen Oud-Voorzlttor van de Llberale VolkspartlJ van Antwerpen Oomeentoraadslld van Antwerpen -Bestuurlld van do Belglsche WerklledenpartlJ Oud-Voorzlttor van de Vlaamsche Conferontle van de Balle van Antworpen-Secretarls van den Tuchtraad der Advokatonorde; Oud-stokhouder der Balle van Antwerpen; Voorzltter van den Onderwlizersbond-Dlestorweg Oemeenteraadslld van Antnforpen Bestuurlld van de Vlaamsche Katuur en Oeneos-kundlge Congresson Redactor van den Vlaamschen Olds "Hechelon" lettorkundlge .Bestuurlld van do Vereenlglng van Vlaamsche letterkundlgen ,Brussel-Voorzltter van don Antwerpschon Oudholdskundl-gon Krlng.Conservator der Kuseas Steen en Vloesehhuls. Oud-Secretarls der Llberale on grondwottelljke vereenlglng van Antwerpen,Secretarls der Afd-Antwerpon van het "Onderrlchtsvorbond " onder-Voorzltter van hot Llboraal Democratlsch Verbond Secretarls der Vereenlglng der Bevorderlng van Volkskracht Secretarls van den Llboralon Vlaamschen Bond van Antwerpen Gomoenteraadslld van Hoboken Kossly Dolannoy Hector Lebon Jans Adrlaenssons K. J.Soeton Kr.Schuyton Dr.Maurltz Sabbe Herman Torllnck P.Claos R.Kregllngor Walter Van Kuyck V.Rosseler Jof Van do Venne Aug.De Bruyno La bienveillance dont ils se sentaient entourés par le gouverneur devait les encourager à persévérer dans leurs efforts. Leur activité se développait sans relâche. Ils multipliaient les meetings de propagande, publiaient des brochures, accentuaient la violence de leurs journaux. En Hollande, au sein de la colonie belge, leurs auxiliaires développaient parallèlement une campagne de presse dont la Toorts et la Vlaamsche Stem étaient les organes les plus fougueux. L'indignation que leurs menées excitaient au sein du peuple ne pouvait leur nuire puisqu'elle n'avait nul moyen de s'exprimer. On n'entendait qu'eux et pour les neutres comme pour les Wallons, il était impossible de savoir dans quelle mesure se justifiait leur prétention de parler au nom du peuple flamand. Tous n'étaient pas d'accord sur le but à atteindre, mais tous revendiquaient pareillement la dissolution de la communauté belge. Les plus radicaux exigeaient la constitution d'un royaume de Flandre dans la confédération germanique. D'autres attendaient de la paix un règlement international de la question flamande qui mettrait fin à la « puissance nationaliste belge ». D'autres encore préconisaient une sorte de home-rule et se bornaient à exiger, soit dans la Belgique, soit en dehors d'elle, une administration autonome. Tous d'ailleurs, soit par principe, soit par nécessité, acceptaient le concours de l'Allemagne. C'est là ce qui constitue proprement leur qualité d'activistes. Plusieurs d'entre eux ne se distinguaient des flamingants auxquels ils donnaient le nom de « passivistes » que par leur refus de considérer la question flamande comme une question belge, c'est-à-dire comme une question relevant de la souveraineté de l'Etat belge et ne pouvant être tranchée que par lui dans la plénitude de son indépendance. Leur commune conviction du triomphe final de l'Allemagne les mettait d'ailleurs à sa merci. Qu'ils le voulussent ou non, leur sort dépendait de son bon vouloir. Les plus avisés n'étaient pas sans s'en apercevoir. Ils se tranquilhsaient en s'imaginant qu'au fond l'intérêt de l'Allemagne était identique à celui de la Flandre. « Nous savons très bien, écrivait la Gazet van Brussel avec l'approbation de la censure, que les Allemands ne font pas de politique pour les beaux yeux des Flamands. S'ils combattent la francisation de la Flandre, ce n'est que pour amoindrir la trop grande influence de la France dans notre pays, ce qui tourne également à l'avantage de la Flandre et de l'Allemagne. » On doit reconnaître que, sauf d'infimes exceptions, l'idéal des activistes était purement flamand. Poussant à l'extrême la devise flamingante : « de taal is gansch het volk » (la langue c'est tout le peuple), imbus de la croyance en l'identité de la nationaHté et de la langue, partisans fanatiques d'un exclusivisme qui répugnait autant aux traditions qu'aux intérêts de leur peuple, ils i; ii ■ I (La Plante [Namur], propriété J. Golenvaux.) (Cliché Piron.) Fernand Golenvaux (Bouge, 1866-Namur, 1931). Conseiller communal (depuis 1895), échevln (1895-1900, puis 1906-1924), député (depuis 1914), sénateur (depuis 1929) et bourgmestre (1924-1931) de Namur, F. Golenvaux, qui avait été appelé à remplir les fonctions de bourgmestre en août 1914, fut condamné à mort par le tribunal militaire allemand de Hasselt pour espionnage (septembre 1916). A la suite de pétitions, signées par des milliers de Namurois, sa peine fut commuée en travaux forcés à perpétuité et F. Golenvaux fut déporté à Rhelnbach de décembre 1916 à juin 1918. —■ Pastel portant l'inscription : « En souvenir affectueux à M. Golenvaux, Vilvorde, septembre 1918, Georges Brasseur. » L'auteur, G. Brasseur, était compagnon de captivité de F. Golenvaux à Vilvorde. C'est en prison qu'il dessina son portrait. s'abandonnaient à l'espoir d'instaurer une civilisation étroitement flamande par la seule vertu de la langue. Tout le reste viendrait par surcroît. L'idiome national, en réveillant les énergies du peuple prétendument abâtardies par le bilinguisme, le conduirait à une prospérité et à une félicité dont le mirage les éblouissait. Leur chauvinisme les faisait rêver d'un avenir merveilleux. Sous l'empire de la psychose de guerre, ils se forgeaient de plus en plus l'image d'une France acharnée depuis des siècles à persécuter le génie flamand qui s'épanouirait lors de sa défaite. Par contraste, la victoire allemande apparaissait comme la condition même de cet apogée. Non seulement, elle affranchirait la Flandre, mais elle en arrondirait le territoire. Les activistes les plus échauffés réclamaient le retour à la mère patrie de Dunkerque et de Cassel, jadis annexés par Louis XIV. Leur état d'esprit se façonnait de plus en plus sur celui des pangermanistes. Ils oubliaient seulement qu'ils ne disposaient pas de la force dont ceux-ci s'enorgueillissaient, et que l'armée qui occupait leur pays n'était pas l'armée de la Flandre mais celle de l'Allemagne. D'Allemagne, bien entendu, leur venaient des encouragements qui contribuaient à les enhardir. A l'indifférence qu'y avait rencontrée jadis la question flamande succédait un intérêt passionné. Elle était exposée et traitée sous toutes ses faces et ahmentait largement la littérature de guerre. Les éditeurs inondaient le marché de travaux his- toriques d'où ressortait le caractère artificiel et néfaste de l'Etat belge; des érudits découvraient les liens multiples, jadis insoupçonnés, qui dans le passé avaient rattaché la Flandre à l'Allemagne; on démontrait que l'avenir du port d'Anvers dépendait de son orientation vers le Reich; on multipliait les éditions de poètes et de nouvellistes flamands. En Belgique même se fondait une revue richement illustrée, le Bel[ned, destinée à faire connaître au peuple allemand cette Flandre que ses armes venaient de lui conquérir. La presse ne tarissait plus en témoignages de compassion et en protestations de dévouement pour une nation sœur si longuement opprimée par un gouvernement vendu à l'ennemi héréditaire des Germains. En mars 1917 se fondaient à Dusseldorf et à Berlin des Deutsch'flàmische Gesellschaften. sous la présidence d'honneur de von Bissing et du grand amiral von Tirpitz. Elles se proposaient de se consacrer, « en dehors de tout esprit politique », aux intérêts que la parenté de race et de langue rendait communs aux Flamands et aux Allemands. Quelques intempérances de langage de la presse nationahste détonnaient çà et là au milieu de ces effusions. Mais ces fausses notes ne troublaient guère l'harmonie générale. Visiblement, les sympathies de l'Allemagne étaient acquises à ses « frères » de Belgique. L'autorité militaire ne pouvait sans doute leur épargner les mesures indispensables à la victoire commune. Il avait bien fallu, en octobre 1916, leur imposer la dure nécessité des déportations d'ouvriers. Le jour même de l'ouverture de l'Université de Gand, s'étaient croisés dans les rues une bande de travailleurs encadrés de soldats les emmenant vers la gare, avec le cortège des officiers et des fonctionnaires invités à la cérémonie. Mais que de satisfactions en revanche données aux revendications de la race flamande ! A Bruges, sur l'ordre de la Kommandantur, toutes les enseignes en langue française avaient disparu des magasins; les noms des rues n'existaient plus qu'en flamand; à Bruxelles, les conducteurs des tramways étaient obligés d'annoncer dans les deux langues les points d'arrêt. (Cliché Piron.) « A Namur, ... on se heurtait à un mauvais vouloir général. Les locaux de {ortune aménagés en hâte pour la nouvelle administration... au Palais de Justice, etc., restaient vides... » (Voyez le texte, p. 399.) — Détail de la cour du Palais de Justice à Namur (partie ancienne). Le devis des travaux date de 1631 et est l'œuvre de Roussel, maître des ouvriers de maçonnerie du comté de Namur, en qui l'on peut voir l'auteur du Palais. Celui-ci servit de résidence aux gouverneurs de la province sous l'Ancien Régime. La cour intérieure est formée par des bâtiments à un étage dont trois datent du XIX« siècle. Dans son état actuel, le Palais est une appropriation de l'architecte Boveroulle. f kmmf- -tua. !>■ » ta n Mw ItU. LTlVEHiR WALLON MMklinte nÊOAcnm tMUMIlIlMl Muxtun OOHITl! DE OÏFKNSB DE LA WILLONII AU PEUPLE DE WALLONIE Saiu» Popuil Suprcma L«xl LIS BOUMCNbl. < • 4* iMra M 4m tMf* « t k Mm «tir • rm eaaaM à» TmIn parti aaal #anaa< paar it é la «i* la rma^ (■ CONMOtlUNT IN (XmiK • f Qw IM btlli|i*raaU aoal ^Watal dlnarri paar piiliair la 4nU 4m ■ r Qm raaUcBUea nlnliia« fat aa l*«mi y wa. iMr CMM. TMIMU lajalt •< «ardiali 4M à MM 4*aa IM wu 4> la WaHaatoM ii Plaadi», aimiDCRANT RNriM 0a* reylatM MMUtb n h H«a la * «M «M • niaiea Wi h fana •. a «aa aitMtiaa Wl. 4a*t ha WaUwi aM I > Ua* r(UUa«* |««a* |Mdaal la g—m |«r b pa«pU laMad lBf«a à la WaBoala a a léft^ à «oa araauca Ua *ellaiea é» la l>aMai 1 Mla«'a.«««H>a«4*lM««<» "—ànM - fate^a i au z^ t-Hf^ t Mt fHÊmOm *rmtmah 4i fim m raaba balUftftal i m baWaM n aMta « la aai oti B r • » m Oa o M ter-A» • tti*. • MUté (|«« rMM* fcaaia ..pic fT.i !• VIV« t^ WAIX^MIB UatlB Aaïua GARLUn, «««nt. Mrim 4a I Oaua COiaON, naaifan de l'AaawUi AiMT tULVAUX. cM é» étnthm an MiaMn* •vltoM. !• P». PUnilR. MBbra 4a IWahUa «alloua paar rana^ FWiia PIUIKIN. laapaalaw 4t riiiii^iaiH * Artea Hmmi HCNQUINK. 4artaa/ 4f rUalwatU 4a LUga. li—iM MOUUMA*. a*«Ml k la Cmu- rAffU 4a BnwUaa. P4it ntXCART. haua 4a Mitaa. Piaaaa VAN oNGfcTAL. ai Il 4a TaafMl-Alh. UMMkMmhliWMi SrSrîSftt !r*'iC*?r!* Mt w r ..... -- - * t TucSSti Mi-M mm r. JsrsTTrZ ZipZ'Z V^mT" - Ui ..aiiii aZ^Sm >' I tr ^ W Jl I M M en faisant de l'autonomie de la Flandre un fait accompli, en la dotant d'un organisme légal qui s'y substituât à l'Etat belge. Celui-ci aurait disparu en fait avant même de disparaître en droit. Il ne serait plus possible de le restaurer. L'Allemagne qui jusqu'ici n'avait pas encore nettement déclaré le sort qu'elle lui réservait, serait en outre forcée de prononcer la parole décisive que les activistes attendaient d'elle aussitôt qu'elle leur aurait concédé le droit de parler au nom du peuple flamand. Ces idées, la presse activiste les exprimait depuis quelque temps déjà. Au mois d'août 1915, un groupe gantois avait réclamé la création d'un Conseil général du peuple flamand (Algemeen Vlaamschen Raad), avec lequel les puissances centrales pourraient traiter après la victoire. Mais pour constituer ce Conseil, il était évidemment impossible de procéder à des élections. Elles eussent révélé d'une manière éclatante la fidélité des masses à la patrie commune. Les activistes avouaient eux-mêmes que « la Belgique vit dans les cœurs et dans l'esprit du peuple ». La situation était embarrassante. On se tira d'affaire par un subterfuge. De même qu'en 1794 l'annexion à la République française avait été votée par une poignée de jacobins protégés par les baïonnettes des Sans-Culottes (12), de même, le 4 février 1917, un meeting de comparses réuni à Bruxelles sous la protection de la police allemande, institua par acclamation le Conseil de Flandre, ou pour employer son nom officiel, le Raad van Vlaanderen que l'indignation populaire ne tarda pas à baptiser du nom de Verraad van Vlaanderen. Le peuple flamand se trouvait ainsi doté malgré lui d'un parlement. Mais ce n'est point son consentement qui importait. C'était celui de l'Allemagne, et il était certain d'avance. La comédie du 4 février avait été préparée avec la collaboration du gouverneur général (13). Le chancelier (Bruxelles, exemplaire de la Bibliothèque Royale, B 428, fol.) « ... L'« Avenir Wallon » que faisaient paraître à Bruxelles des soudoyés de l'Allemagne... » (Voyez le texte, p. 400.) — Proclamation publiée dans {'«Avenir Wallon» du 21-27 mars 1918 par le «Comité de défense de la Wallonie ». Ces « Wallons probes et libres », A. Carlier, O. Colson, A. Delvaux, Fr. Foulon, P. Fraikin, H. Henquinez, G. Aloulinas, P. Ruscart et P. Van Ongeval, excipent de la « ferme volonté » des Wallons de maintenir l'Etat belge, de la tournure des événements en Flandre, de la séparation administrative et de « l'attitude prise pendant la guerre par le peuple flamand » — laquelle « impose à la Wallonie une tâche de défense contre la prédominance flamande » — pour « défendre les intérêts de leur race » et proposer l'indépendance des peuples flamand et wallon dans le cadre de la nationalité belge. — L'hebdomadaire L'Avenii' Wallon parut du 9-15 novembre 1916 au 10-16 novembre 1918. Il eut pour rédacteurs en chef P. d'Hannau jusqu'au 21-27 mars 1918, puis. Fr. Foulon. — Un autre journal wallon à tendance séparatiste, Le Peuple wallon (quotidien) fut publié du 30 juin au 29-30 septembre 1918. Les bureaux du journal se trouvaient à Cliarleroi; l'administration, à Bruxelles. Le moment devait arriver où les activistes éprouveraient le besoin de s'organiser. Rien n'était plus facile puisque le pouvoir occupant leur octroyait la liberté de parole et de réunion dont il avait privé leurs compatriotes. Plus ils avaient conscience de n'être qu'une infime minorité, plus ils se persuadaient qu'ils ne parviendraient à s'imposer au peuple qu'en le soumettant de force à leur direction. 11 ne leur échappait pas non plus que le gouverneur général serait bien aise de pouvoir les reconnaître comme les représentants de la nationalité flamande et d'invoquer leur adhésion pour enlever à sa politique toute apparence de contrainte. Enfin, leur reconnaissance officielle les associerait directement à cette politique. Elle leur permettrait de la maintenir dans la bonne voie, c'est-à-dire d'éviter qu'elle ne sacrifiât les intérêts flamands aux intérêts de l'Allemagne. Rien ne serait plus avantageux d'ailleurs que de prendre les devants sur le traité de paix Etat du médaillier Empire de la bibliothèque de l'Université de Liège pendant l'occupation des locaux par les Allemands. Afin de prévenir les attaques de la propagande belge contre les déprédations de l'occupant dans les locaux de l'Université de Liège, une commission allemande fut chargée d'établir un état des lieux en 1917. Elle transmit son rapport le 31 juillet au président de l'administration civile de Liège, photos à l'appui, um damit jeder Zeit falsche Darstellungen widerlegen zu kônnen. Ces photographies'avaient été prises par les Allemands en avril 1917. Quelques-unes sont tombées entre les mains des autorités belges, dont celle reproduite ci-dessus et également par J. Brassine : Les Déprédations allemandes à l'Uni-sité de Liège, photo n» 35. Liège, 1921, in-8». HISTOIRE DE BELGIQUE Verordnung Iber die Anlttpraehe in PUiiders. ArtMt n. V«fKkriri ém Kn\k»k I iIH fi' 4-V«rtffcr é» ia I |i«M->m suik. «iJ » • WnK. Ilr 4n • «>4 vkHrittebra Vrthrhr AMflid ML r*. 4»rf ABi»Mrk i Arttkri If. u^ «...m.. nttmH. timt. EtkrWrt. A UkM. "" rtf»»" 1. Ukkd. V»nl k>M bb nf «rtllm* «teMftri 4k Mek «tlte Mr»r MItil kabta. AMfc SM 11 4WM« urnmr^rn MMiata^ t,'*!;^' MwkMm ««J tffterwlMM balftAft lllhwtft^ Jé» >|l«liMll ..--. __________________- - i^HMrfc.. itT S.^fcib«ç«U. ■rhtfU*. Jh MWtilkk** AmiiIUb mr LMtr««|t tm Ueki m4 Knft. OérMU.*.* «r «••«Ilrk. W.bHàiW.ll .U librttpêrn* tmi Mf ail* ••mUh» AwUll». &trt«hlaa|n. Cwdl- rf nr rw>4m «Hat «tr A t k M0M4I AMMkMM Rtv&krta. Ef bt rraAcklIfi Bcfacalâ* aif ClVWJr,!^ »• OUrtrtfWi. n>r Lr«.r 4tr AW.U.-n ftf H..4.1 e#d Ma 4;M«nt«M(frMar <• Bricks ^r Ceamlkow. «ter nr 4ir IWftk** ita4 (Kfii**. la RlttrrMkaM «H 4(a V-rwat- laaarkrf Af rUa4rra rir Ikrrr AarOcil BBlmtrk«a4ca B*kM«a M4AawalM A^kraaRtkntlaaaapa u rrlanca aad Aaaaakaea «MkHfUlfira Pi»a4»alra 4fr ZltUTrrwaUa*« rr; Mari, in Kwfmt l«7. FreilH-rr vo:< FALKKIHAUSKl, 8nT Alllil!*, Verordening belrrlTcadc de ambicifike Ual in VluailereB. Artflul L lia Vlaaaaria taal b ta Wt Vlaïa-rk krtla tallk* iaal na al •rrrlM^ca.aabttaam ra braabin raa SlaaI. kraaHaxra. Rc krMMa(tra •• 4» ««trUal raa k*l •ai'rvià (a 4f arWba ta gtallrkifa W|rM * " i arUkd I c*Ml tmt li ra 4f ëkatibHrckkUflM aMi WatuO* ........ . 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Hal Uoafi raa b*l b«rg*ri|k baïUar vaar ViuB4ar«a (Varwal-laapeb«r tUr naa4«r«) itl 4« a^dift bt|»Ka|(t« iilUur4ira a«t Wl aa( «f 4a allTatriau taa 4«> V(r*r4ta!8(p kl b btm|4 T««r ««a a«MK»acM|4rrrk •Ilwa4«riafta It fUaa. H| kaa 4t Vaanllton *aa btl birxtritfk bulaar ^PribUtaKa 4«r ZitUtrrvallaaa^ m«I 4fH ......>tkbt4ra. I>« bn(aa<4tr «aa 4t •r4etUts «aa PlaaaHn iUHrr4tr Pbaat-abt«iia*ll\ 4« bn«aur484 4;to*rbt1 hQ 4«a Ccarralnaam atar la ntl«V m 4« KMaalaMrH-CtMf»! vaor 4» hatkta iGeatnI- r nr 4b Baakta^ t|a be.arirf. la «ra^a ambs a Ilaar4 taa btl barittrilk baH««r tmt Vbaa4tna. •I«rarrtat«Wpa-lla«Mi ail b iaaf4I|«a •l4tM4*rla|tta IM te «Uaa «aw 4a arirMta •a laMellbpa. waaraT^r i| lacdrhi btbbaa ail b * i> 4i belfakkca Vaanlibra vaa bel bar-........n; M »|a I b t<îU4 itja. »ar4*a BfMtil 4aa AvfaMaa 1»I7. Pcihrrr von FALKE.^HAIJSEi>, OaMfabbarat. A. fLQ*.4t« •• AafMlM tM7. »rr t. Armt*. SllT VON AilMI?r, GaMTal 4ar laEaabrb. Arrêté CMc^rnant U tenxwe officielle ea PUadre. MM b rffba a4alab)rattTa a*BMa4t. b •••aa4 tM b bam aÇrblb «u>laait« 4r b«lM ba aabril<* al law b* laMibaaabM 4a I BmI. 4m ptatlam 4«« naMaar-i. alad aaa 4a b«rt laaiUatbaa t< «abibMMaU « tmmfih ba MaUbttatals 41««tr«rtba H b Mtaaaaal •aattgaaal ' Ea tv t «tblaaba rcabal ta «inatar iaM|a'* aaarri «nlrt. Ua 4bpMilba« rMcmaal b IjHiyj^Wr. 4<. «ubUaaatab 41a.lnKv b fmUk alail ^a tat («aaaafcatbw. arb et (M^plbM pabiba. Artbb IIL Im aabriM rralraba 4a IEUI 4aal b >«aart ea*pra#4 aaran bagat fraarab* ba aftOrai ai rapfartaat à b4IU r«|[bB B4arfabtf«lltr. Artbb IV. Data ba caMaat. 4-Aa4«rbebi.CMfkt«. BranlbÉ. Italba. BibrM. Salai CBbi. J«ito.StUfPbn^ Sala|.J.aa ba.Naa4a. Kaaktlbarg. Uakta. llabBhatk-SaUl.Jtaa. Si^atrbttk. l'««b H Partil. U ^ra aaal Mrc till aaafa. jaaqa-k aaatal ar4f«. 4a b bai»a rraaçalie 4a«« b« rtlalbM a*te bi paraaaata ar<«4ti qal uraal alAb* I 4a r^ababa 4a h SaeUt« lUirali.. t I..SmM<4________________________ _ •mwia J. IraHw.^ .1 4. ewmlh i. fcr riftwiii. mi _ 4» Uhnm •ai iMlllaiI*» U U<«rduw« pMUlqM H J. Mm raUfa. .M ^■'k AHIcta VI. -U ck.r j. mit________ rir M«rtMn rriMl atHU-. D ^Mm UmBdilo.. Il m aBiMl» _ _ _ ______ rttal.lMr.llM d.U. (PKiUMlM te ZI.u;>w.liM.\ U eut i» la smUm 4m iukm lUlUr iur n.a.Mbtallu|V Ck.1 4. b SnUM 4. cnn. « 4. IU_lri. rrt. I. Gm^Ï^ «.Ml S.I|,^m ^Mu. 4.r Ati.lt..t fo. H.^ ..4 G.>«W Mm UM.nl4Miw.Mr I. IMCIM^ .1 U i-^mmkmln MMnl 4m ^g.mr.lkmmlm.r nr 41. bmu.^ m.1. mi .mmim. hw mfirinam.. ..imm. fe 4m nattm. M. .M r. m. f^rJn mi P 41.pMlilM> rfikMMUlTM M fc cMMMlr 4m .impdm., 4-mmH .ne 1. Ch.f 4. 1-A4Ml.l>ir.ilM dril. 4. U F1..4t.. rMl.l>ir.ilM dril. 4. U F1..4t.. Ea e. qal MBcarM U i4flM 4m .p4raUM..lM BK.UlrM MrMi 44CT«M. p.r Im PrtaUMla r^j .MMika drlla. pMrM.l MMMUr 4m .im p4fM.4.lr.a>llW AilMa VIL BmaallM. l.tM«tlH7. Frrihrrr FALKE?fHAI}SE!«, A. R (H. la ■ aMl ItIT. D^ (Mark/rlblaW 4.. t. An^. SiiT ïOM ARMO, OaMtal 4ar UraaiMU (Bruxelles, exemplaire des Archives de la Guerre, collection des affiches 1914-1918.) Arrêté concernanl la langue officielle en Flandre (9 août 1917). Pour ses principales stipulations, voyez le texte de Pirenne, pp. 401-402. de l'Empire ne tarda pas à en sanctionner les résultats. Le 3 mars 1917, il recevait à Berlin une délégation du Conseil de Flandre. Après avoir rappelé « les anciens liens politiques, économiques et culturels qui réunissaient l'Allemagne à la Flandre », il affirma que « Sa Majesté l'empereur à qui j'ai communiqué votre désir d'entrer en relations avec le gouvernement impérial a fait connaître sa volonté décidée de donner satisfaction aux justes vœux que vous avez émis, pour autant du moins que l'état de guerre et les nécessités militaires le permettent ». Il annonça « l'exécution prochaine de mesures décidées depuis longtemps de commun accord entre moi et le gouverneur général, tendant à permettre au peuple flamand de poursuivre son libre développement culturel et économique. Ces mesures conformes au droit des gens seront délibérément poursuivies de manière à arriver encore pendant l'occupation, à une complète séparation administrative. On travaillera de commun accord avec le Conseil de Flandre. L'Empire allemand, à l'occasion des négociations de paix et aussi après la paix, fera tout son possible pour assurer et avantager le libre développement de la race flamande ». La plus haute autorité politique de l'Empire acceptait donc la collaboration des élus d'un meeting de parti et les considérait comme les mandataires du peuple flamand. En leur accordant son appui elle semblait même leur donner l'espoir de les faire participer aux négociations de la paix qui consacrerait définitivement l'indépendance flamande sur les ruines de l'indépendance belge. Ils n'eurent pas à douter de la sincérité de ces promesses lorsque, trois semaines plus tard, le 21 mars 1917, un arrêté du gouverneur général proclama la séparation administrative de (Cliché Jacobs.) la Belgique en deux régions distinctes : Flandre et Wallonie. Pour la première fois dans l'histoire, la frontière linguistique devenait une frontière politique. Le dogme simpliste qui identifie la nationalité avec la langue était imposé aux populations, sans qu'il fût tenu compte de leurs désirs ou de leurs intérêts. « Le peuple veut toujours le bien, mais il ne le voit pas toujours », disaient à la fin du XVIIP siècle les représentants en mission envoyés en Belgique par la République française, et ils s'autorisaient de cette affirmation pour faire son bonheur malgré lui. Le jacobinisme linguistique de 1917 n'avait rien à envier au jacobinisme politique de 1794. A un siècle d'intervalle, c'est la même étroitesse de vue, le même fanatisme mis au service des desseins du vainqueur. Sans doute le général von Bissing avait autant de foi dans la théorie des races que le Comité de Salut pubhc dans la Déclaration des droits de l'homme. Mais chez l'un comme chez l'autre, cette foi était d'autant plus active qu'elle poussait à l'annexion de la Belgique. L'idéalisme s'apparentait merveilleusement dans les deux cas à des visées de politique réaliste. L'arrêté instituant la séparation administrative divisait la Belgique en deux territoires, le premier comprenant les provinces flamandes d'Anvers, de Limbourg, de Flandre orientale et de Flandre occidentale, ainsi que la partie de la province de Brabant correspondant aux arrondissements de Louvain et de Bruxelles. L'arrondissement de Nivelles lui était enlevé pour être réuni aux provinces wallonnes de Hainaut, de Liège, de Luxembourg et de Namur. Le premier groupe devait être dirigé de Bruxelles, le second de Namur. La capitale du pays, qui lors de l'occupation française avait été réduite au rang de préfecture, l'était cette fois au rang de chef-lieu régional. Elle demeurait cependant la résidence du gouverneur général. Quant à Namur, ville de second ordre, rien ne le désignait comme siège de l'administration de la Wallonie, si ce n'est peut-être sa proximité de Bruxelles. Aucune mesure ne régla les rapports que les deux fragments de l'Etat conserveraient l'un avec l'autre. On se borna à leur donner à chacun son administration propre, en divisant tout simplement les ministères comme on avait divisé le pays. Une série d'arrêtés décidèrent la formation de deux ministères de l'Agriculture et des Travaux publics, de deux ministères des Sciences et des Arts, de deux ministères de l'Industrie et du Travail (5 mai), de deux ministères de l'Intérieur (12 mai), de deux ministères de la Justice, de deux ministères des Finances (9 juin), de deux ministères de la Marine, des Postes et des Télégraphes (13 septembre). Chacune des deux régions reçut un Verwaltungschef préposé à la direction de ces services. En somme, la séparation ainsi réalisée n'était qu'un expédient provisoire. Elle n'affectait que le domaine de l'administration. Visiblement elle n'était conçue que pour la période d'occupation. On laissait aux soins des négociateurs de la paix de donner à l'Etat belge un statut définitif. La Belgique ne disparaissait pas. Elle était seulement coupée en deux. Mais ce découpage n'en était pas moins significatif du sort qui lui était réservé. Sauf au sein du Conseil de Flandre, la séparation administrative fut ressentie par tous les Belges comme la décision de l'Allemagne de mettre fin à leur nationalité. Pas un ne l'accepta. On le devait bien voir. LA SEPARATION ADMINISTRATIVE. - Il ne suffisait pas de décréter la séparation administrative pour qu'elle existât. Sans le concours des fonctionnaires et de la population, elle ne pouvait se transformer en fait accompli. Les services qu'elle divisait ou qu'elle dédoublait étaient ceux que le pouvoir occupant avait laissé remplir par des Belges sous son contrôle. Il était indispensable que ces agents acceptassent de continuer leurs fonctions sous le régime qui était imposé au pays. L'obligation qu'ils avaient contractée à l'égard de l'occupant n'allait pas jusqu'à les obliger de collaborer à la destruction de leur patrie. Leur serment de fidélité au Roi et d'obéissance à la Constitution et aux lois du peuple belge n'ayant pas été aboli les liait toujours. Il n'était pas possible que serviteurs de l'Etat, ils le trahissent en s'associant à sa destruction. Leur conduite révéla tout de suite qu'il ne fallait pas compter sur leur obéissance. Sauf de très rares exceptons, tous les chefs de services notifièrent à l'autorité allemande leur volonté d'être mis en « non-activité ». Leurs traitements furent aussitôt supprimés. La conduite à tenir avait été concertée d'avance entre eux et les membres du Parlement qui n'avaient pas quitté la Belgique. Démissionner en bloc, c'eiît été pousser le pays dans l'anarchie ou le livrer à la merci de fonctionnaires allemands. On s'en tint à une résistance passive qui ne se traduirait que par la démission des directeurs des divers départements ministériels. C'en fut assez pour opposer à la mesure les plus sérieux obstacles. Les arrestations de plusieurs des démissionnaires n'eurent aucun effet. Le 18 avril 1917, un avis officiel faisait savoir que les fonctionnaires qui avaient retiré leur déclaration de loyauté seraient déportés à Berlin; ils le furent dans un camp. Le 11 juillet, plusieurs d'entre eux ayant pris la fuite, il était ordonné qu'à l'avenir « tous les employés des ministères, aussi longtemps qu'ils ne satisferont pas à leurs devoirs de service, seront soumis à une surveillance renforcée » consistant dans l'obligation de se présenter deux fois par jour à la garde de police allemande de leur quartier. Tous ceux qui étaient désignés pour Namur démissionnaient en masse. Le 1®'' juillet, le personnel du ministère de la Justice, depuis les directeurs généraux jusqu'aux boutefeux, renonçait à ses fonctions. Les ordres envoyés pour les convoquer restèrent sans effet. Mais le gouvernement du Havre craignait que la résistance n'augmentât le désordre et les souffrances du pays. Le mai il faisait passer clandestinement aux chefs du département des finances un télégramme enjoignant aux fonctionnaires patriotes de rester à leur poste afin de (Bruxelles, exemplaire des Archives de la Ville.) (Cliché Buyle.) Louis Steens (Bruxelles, 1849-1933) faisant fonction de bourgmestre de Bruxelles du 11 mai 1917 au 29 octobre 1918. Les fonctions intérimaires de bourgmestre de Bruxelles après la déportation d'A. Max avaient d'abord été exercées par Maurice Lemonnier, du 26 septembre 1914 au 8 ou 10 mai 1917. Lemonnier les reprit provisoirement entre le 29 octobre et le 17 novembre 1918. surveiller les intrus séparatistes que le pouvoir occupant introduirait dans les bureaux, de réduire leur influence au minimum et de contrecarrer directement et fermement l'exécution de toutes les mesures opposées à l'intérêt national. « L'administration des Finances ne pourra, disait-il, donner plus belle marque de patriotisme qu'en sacrifiant sa légitime fierté aux intérêts de ses concitoyens et en luttant pied à pied pour conserver l'unité nationale sans jamais abandonner aucun poste ». Des instructions analogues parvinrent quelques jours plus tard aux agents des autres ministères. Plusieurs d'entre eux d'ailleurs ne s'y conformèrent pas. Etant sur place ils s'estimaient seuls capables de juger de la conduite à tenir. Et il est de fait, qu'en suivant les conseils du gouvernement, ils se fussent placés dans une situation inextricable, puisqu'ils avaient signé jadis une déclaration de loyauté à l'égard de l'occupant. Leur opposition continua donc malgré les ennuis et les périls qu'elle provoquait. Cependant, pour occuper les places devenues vacantes, le gouverneur général désignait à Bruxelles des activistes notoires. A la date du 15 juin, fixée par les arrêtés, ils prenaient possession des ministères de l'Industrie et du Travail, de l'Agriculture et des Travaux Pubhcs, des Sciences et des Arts. A Namur, en revanche, on se heurtait à un mauvais vouloir général. Les locaux de fortune aménagés en hâte pour la nouvelle administration à l'école des pupilles, au palais de justice, etc., restaient vides ainsi (Cliché A.C.L.) Salle des délibérations du Conseil communal de Bruxelles, à l'hôtel de ville. Elle fut pieublée au début du XVIIl® siècle par les Etats de Brabant qui y tenaient leurs réunions et dont les emblèmes ornent encore la cheminée. Aux murs, tapisseries exécutées à Bruxelles en 1717-1718 par Urbain Leyniers et Henri (11) Reydams : Inaugurations de Philippe le Bon et de Charles VI en qualité de ducs de Brabant (celle de Charles VI reproduite au tome III, p. 103), et abdication de Charles-Quint. que les logements affectés au personnel. Il fallut se résigner à accepter qui se présentait. Visiblement la séparation administrative aboutissait à la désorganisation. On s'apercevait qu'en somme, le gouvernement allemand n'avait agi qu'en considération de la Flandre. En lui donnant Bruxelles comme capitale, il l'avait dotée d'une organisation toute faite. Les démissionnaires y étaient facilement remplaçables. Les ministères qui avaient fonctionné jusqu'alors pour la Belgique continueraient à le faire pour une demi-Belgique. L'esprit qui les animerait désormais serait un esprit antibelge, mais si l'on peut ainsi dire, le corps restait. A Namur, au contraire, tout était à créer. Les locaux manquaient moins encore que les hommes. Aucun mouvement n'existait, en effet, dans la partie wallonne du pays, qui fût comparable à l'activisme flamand. Du mécontentement qu'y avait provoqué avant la guerre la querelle linguistique, nulle trace ne subsistait. C'est au plus si quelques francophiles exaspérés menaient à l'étranger une campagne sans importance et sans portée en faveur du rattachement à la France des provinces wallonnes. Quelques brochures signées de noms inconnus prônaient vainement de loin en loin la fédération d'une Wallonie autonome avec une Flandre également autonome. A ces appels, évidemment inspirés de l'activisme, personne ne répondait. L'espoir exprimé par certains chefs du séparatisme flamand de voir les Wallons s'associer à leurs efforts était piteusement déçu. Pour ceux-ci, l'unité nationale restait la seule condition de la paix future. Les articles que de loin en loin la presse allemande publiait sur l'origine germanique des Wallons n'avaient aucune prise sur un peuple où ils ne trouvaient aucun lecteur. L'Avenir wallon que faisaient paraître à Bruxelles des soudoyés de l'Allemagne s'acharnait vainement à revendiquer pour la Wallonie une existence politique distincte. un archevêché séparé de celui de Malines; il ne rencontrait que mépris ou indifférence. La population formait en face de l'envahisseur un bloc dont il s'apercevait bien lui-même qu'il était impossible de le dissocier. Il en prit son parti et se contenta d'échafauder, vaille que vaille, le semblant d'administration que ses propres arrêtés le condamnaient à installer (14). Le 11 juillet, le Ver-waltungschef fût Wallonien prenait possession à Namur de la caserne du régiment d'infanterie n° 13, amenant avec lui une secrétaire, un messager, une dactylographe et une téléphoniste. Dans le courant d'octobre seulement une administration fut tant bien que mal improvisée, pourvue d'un bureau de propagande. Le personnel presque tout entier de cette singulière administration wallonne était allemand. On avait eu soin de lui aménager, à l'Hôtel d'Harscamp, le meilleur hôtel de la ville, un casino, des salons de lecture et de consommation. En janvier 1918, le Verwat' tungschef constatait que les difficultés de recruter des auxiliaires indigènes croissaient de jour en jour. Une « grève générale » des fonctionnaires s'opposait au recrutement. On n'avait osé suivre l'avis du Conseil de Flandre de déporter par force de Bruxelles à Namur ces grévistes d'un nouveau genre, par crainte qu'ils n'y alimentassent une agitation dangereuse. Grâce cependant aux efforts de « deux Belges dont la Deutschfreundlichkeit fut au-dessus de tout éloge », il fut possible de pourvoir les places vacantes de quelques candidats « que la dureté du temps poussait à gagner leur pain n'importe comment ». Plusieurs d'entre eux se trouvèrent impropres à la besogne; d'autres n'auraient certainement pas été admis si on avait eu le choix. Peu à peu soit le besoin, soit l'ambition fournirent de nouvelles recrues. Pour se les mieux attacher, on augmenta leurs traitements, on leur fournit des logements à prix réduits, des vivres à bon marché et l'autorisation de retourner dans leurs familles du samedi au lundi, en utilisant gratuitement le chemin de fer. En attendant, le Verwaltungschef s'abandonne à l'espoir que « la conviction de la victoire allemande en se répandant dans le peuple belge fera l'essentiel. Elle poussera les indécis à se procurer une bonne place dans l'administration, dès qu'ils seront persuadés que la séparation administrative est irrévocable. L'acceptation par le « chef du séparatisme wallon » d'un poste dans le ministère des Sciences et des Arts lui paraît un heureux symptôme. En tout cas, conclut-il, le temps travaille pour nous ». Mais il importe de l'aider par une propagande qui emploiera la presse et la parole pour populariser, en Allemagne comme en Wallonie, l'idée d'une séparation définitive des deux parties de la Belgique, pour démontrer la nécessité économique de relations étroites entre la Wallonie et l'Allemagne, pour détruire en Wal- lonie le prestige de l'entente, pour influencer l'opinion wallonne en faveur de l'Allemagne et pour assurer en vue de l'avenir l'action allemande en Wallonie et en Flandre. Rien ne sera négligé pour faire naître un activisme wallon analogue à l'activisme flamand « si utile pour nous ». Mais il faut employer chez les Wallons une méthode différente. Le meilleur moyen de ruiner chez eux le patriotisme belge consistera à exciter la conscience de leur supériorité sur la Flandre livrée à la suprématie d'un clergé réactionnaire, si bien qu'ils n'acceptent plus l'idée d'une réunion avec elle. Il faudra aussi leur « enfoncer dans la tête » la croyance aux avantages matériels et financiers qu'ils retireront de leur autonomie. Ceci étant, c'est donc sur les éléments radicaux et socialistes qu'il faudra surtout s appuyer. On a déjà lancé des brochures et des Plugschdften, où l'on s'efforce de montrer que le traité de paix ne pourra enchaîner plus longtemps la Wallonie démocratique à la Flandre cléricale. Il convient cependant d'éviter de froisser le clergé : aussi entretiendra-t-on des rapports avec la Ligue wallonne dont les tendances sont orientées à droite. Un journal, le Peuple wallon, doit être composé à Bruxelles, mais paraître ostensiblement à Charleroi. On projette aussi la publication d'une feuille satirique illustrée, à tendances socialistes, et dont il serait bon de rédiger une partie en langue wallonne. Pour affaiblir l'influence française on s'ingénie à proposer les moyens les plus divers : développer la culture du terroir, faire représenter des pièces wallonnes, subventionner le dictionnaire wallon entrepris par la Société de littérature wallonne, organiser des conférences sur l'originalité de la culture wallonne, agir à cet égard sur l'Université de Liège, dans les écoles enseigner le Folklore wallon s'il se peut en dialecte local, faire publier par Vlnselvedag de petits livres analogues à ceux que l'on répand en Flandre, susciter des recherches philologiques en vue de faire ressortir les influences allemandes qui ont agi sur les dialectes wallons, pousser les Wallons à revendiquer un organisme analogue au Raad van Vlaanderen, agir sur la presse allemande pour qu'elle s'abstienne à l'avenir de toute allusion à la cession possible, lors de la paix, des provinces wallonnes à la France. En même temps, et par une contradiction significative avec la prétention de favoriser la nationalité wallonne, des Deutsche Schulen fonctionnent à Verviers, Liège, Namur, Charleroi, La Louvière. L'échec le plus complet répondit à ces manoeuvres. Il ne pouvait en être autrement. La séparation administrative que personne ne demandait dans la région wallonne et que dans la région flamande quelques activistes réclamaient avec d'autant plus de tapage que leur nombre était plus infime, n'était qu'une manœuvre de la stratégie politique du Grand Etat-major. Elle avait pour but d'agir à l'avance sur le traité de paix en rendant impossible une restauration de la Belgique. Absolument étrangère au vœu des populations, elle ne visait qu'à casser le pays en deux en appuyant sur ce qui paraissait son point de moindre résistance, la frontière hnguistique. En fait, elle était inexécutable et les esprits les plus clairvoyants parmi les fonctionnaires allemands ne s'y trompaient pas. Au mois de juillet 1917, le chef de l'administration civile, M. von Sandt, donnait sa démission et était envoyé à Varsovie. Le gouverneur général lui-même trouvait la séparation (Cliché A.C.L.) Ancienne plaque commémoralive apposée dans la salle des délibérations du Sénat et rappelant les noms des patriotes qui y furent condamnés à mort par le tribunal militaire allemand et (usillés. Inaugurée en octobre 1919, elle a été enlevée par les Allemands pendant la deuxième guerre mondiale, puis détruite. Une nouvelle plaque bilingue, réplique de l'ancienne, a été apposée au même endroit en 1951. prématurée et il ne s'inclina que devant les ordres de Berlin (15). La manière même dont elle fut appliquée prouve qu'elle n'était qu'une machine de guerre contre l'unité nationale. Les Allemands se gardèrent bien de l'introduire dans les services qui leur étaient indispensables, fournissant ainsi la preuve éclatante de l'impossibilité de rompre cet Etat dont ils proclamaient la fragilité. Ni l'organisation financière, ni celle des chemins de fer, ni celle de la justice, ni celle des Zentralen ne furent affectées par elle. Elle ne toucha en réalité que les services relevant des ministères des Sciences et des Arts, de l'Agriculture et des Travaux publics. Encore, n'y réussit-elle que parce que la paralysie générale du pays avait réduit leur activité à presque rien. A prendre les choses comme elles furent, elle ne consista que dans la création d'un régime linguistique destiné à isoler les uns des autres Flamands et Wallons. Et en cela même, elle ne parvint pas à surmonter la résistance de l'opinion et à venir à bout des obstacles que lui suscitait une situation historique qu'elle s'obstinait à méconnaître. La résistance de Bruxelles, ou pour parler plus exactement la résistance de l'agglomération bruxelloise, le fit voir tout de suite. Le 9 août 1917, un arrêté généralisait l'emploi du flamand comme langue officielle dans toute la région admi- i-r' • !■ nistrative flamande, y compris l'agglomération bruxelloise « pour les relations que les bureaux et fonctionnaires ont entre eux ou avec la Wallonie, pour leurs relations verbales ou écrites avec le public, ainsi que pour les communications, inscriptions et avis publics ». La langue française pourra être tolérée « jusqu'à nouvel ordre » pour les rapports avec les personnes qui auront elles-mêmes utilisé cette langue, mais seulement dans l'agglomération bruxelloise. Il pourra y être fait aussi provisoirement des traductions françaises pour les communications officielles. Ces dispositions étaient étendues au département d'émission de la Société Générale, à la Banque Nationale, à la Caisse d'Epargne, ainsi qu'aux établissements, institutions, sociétés ou personnes assurant des services publics. L'arrêté était trop manifestement incompatible avec l'état des choses pour pouvoir être appliqué. Il suffit de penser à la situation linguistique de l'agglomération bruxelloise. De ses 736.480 habitants (en 1910), 166.454 sont de langue exclusivement flamande, 203.988 de langue exclusivement française, et tous les autres sont bilingues (16). Encore ces chiffres ne donnent-ils que le squelette d'une situation dont la réalité vivante est tout autre. On ne peut s'en tenir à une supputation purement quantitative. Qualitativement, l'importance du français dépasse de beaucoup son indice mathématique. Il est la langue de toute la classe supérieure : gens d'affaires, gens instruits, gens d'administration. Il était donc impossible de mettre en vigueur l'arrêté sans opprimer la partie la plus considérable de la population, sans troubler gravement l'exercice de l'organisation communale. Nul doute qu'il ne faille y voir une manœuvre politique et non une mesure d'intérêt public. Les bourgmestres de l'agglomération ne s'y trompèrent pas. La lettre de protestation qu'ils envoyèrent en même temps qu'au gouverneur, aux ministres d'Espagne et de Hollande ainsi qu'au consul général de Suisse le dénonce en propres temes. « Des indices nombreux, dit-elle, permettent de supposer que l'Allemagne nourrit le dessein ou caresse tout au moins l'espoir de faire sanctionner par des traités internationaux quelques-uns des changements qu'elle a introduits dans le régime intérieur de la Belgique. Il serait extrêmement pernicieux pour le pays que l'envahisseur fût en mesure d'invoquer le fait accompli et de se prévaloir d'une espèce d'assentiment que lui aurait tacitement accordé la population elle-même et les organismes de droit public et de droit privé auxquels est confiée la gestion de ces intérêts. » Dans de telles conditions, « le juste souci de ne pas voir méconnaître et travestir dans l'avenir les intentions véritables et la volonté du peuple belge », leur faisait de la résistance un devoir, et d'avance ils affrontaient l'éventualité d'un conflit. Se sentant soutenus par l'opinion, ayant conscience de l'énormité d'une intervention qui foulait aux pieds les intérêts les plus respectables, la tradition historique, le sentiment d'autonomie invétéré dans le peuple, ils étaient résolus à tout. Pour la première fois, ne se contentant plus d'occuper le pays, on le violentait. « Nous pouvons l'affirmer, écrivent encore les bourgmestres quelques jours plus tard (23 octobre 1917), ce qui, plus que toute autre chose, blesse et afflige notre population, c'est qu'un régime qui touche à ses sentiments intimes, à ses droits qu'elle considère comme sacrés, à ses libertés en un mot, lui soit imposé par un pouvoir étranger sans qu'elle ait été consultée, sans qu'elle ait pu faire connaître sa ma- nière de voir... La population bruxelloise a des intérêts et un caractère qui lui sont propres, et elle ne saurait admettre que dans une question aussi grave que la question hnguistique, on n'ait aucun égard à ses traditions, à ses désirs, à sa volonté... De tels sentiments ne peuvent se traduire que par une protestation énergique et unanime de ses mandataires légaux contre le régime linguistique institué par l'arrêté du 9 août 1917». Le 29 octobre, le Conseil communal de Bruxelles votait à son tour, à l'unanimité de ses membres, une protestation au nom de la population tout entière et de la dignité nationale. « Le peuple belge, y est-il dit, veut être son maître. Il refuse son adhésion à toutes les mesures que l'occupant a prises arbitrairement et sans le consulter. Il importe que cette volonté apparaisse inaltérée, ferme, indubitable le jour où des négociations de paix seront engagées et où, pour employer le langage d'éminents hommes politiques, le règne du droit se substituera définitivement au règne passager de la force. » Et, après avoir apposé leur signature au bas de ce texte, les membres du Conseil renouvelaient leur serment de fidélité au Roi, d'obéissance à la Constitution et aux lois du peuple belge. Leur résistance était renforcée par l'embarras visible où elle jetait l'autorité allemande. Evidemment, celle-ci ne s'était pas attendue à semblable attitude. Elle s'étonnait naïvement de la « mauvaise volonté » qu'on lui opposait et ne cachait pas son désir d'aboutir à une solution transactionnelle qui lui eût permis de reculer sans trop sacrifier son amour-propre. Il en allait de ses mesures linguistiques comme des déportations. Imposées par les militaires, elle plaçait les malheureux fonctionnaires chargés de son exécution et qui en devaient porter tout l'odieux, devant une situation inextricable. Le président de l'administration civile du Brabant n'osait transmettre au gouverneur la protestation du Conseil communal. « Aux yeux des militaires, disait-il à M. Steens, l'échevin de Bruxelles faisant fonction de bourgmestre, le mot protestation est synonyme du mot révolte. » Tour à tour il recourait aux concessions et aux menaces et avec le même insuccès. « On vous remplacera, disait-il, si vous n'obéissez pas, et ce ne seront plus des Bruxellois qui auront en main la direction des affaires communales mais des Allemands ou des Flamands », c'est-à-dire des activistes. Il commençait pourtant à s'apercevoir qu'aucun pouvoir communal ne plierait. Le 6 novembre, il croyait terroriser les bourgmestres en leur déclarant que s'ils ne cédaient pas, il les remplacerait par des dictateurs (17). Le lendemain, il leur faisait parvenir un projet de propositions transactionnelles « qui seraient appliquées avec indulgence. » Le 9, quinze communes de l'agglomération repoussaient ces propositions. Les employés communaux ne cachaient pas leur intention d'organiser une grève générale de tous les services qui leur étaient confiés au cas où le gouvernement ne capitulerait pas (18). Le 10 novembre, de Mahnes, le cardinal Mercier exprimait son « admiration » au Collège échevinal de Bruxelles. Un meeting activiste tenu le lendemain à l'Alhambra soulevait les huées de la foule. Le 10 devaient être prises les mesures définitives du chef de l'administration civile. Il avait annoncé qu'en cas de refus « la foudre tomberait sur la maison communale ». On avait refusé et la foudre ne tombait pas. Enfin, le 17 novembre, elle faisait long feu. Le chef de l'adminis- (Bruxelles, Alusée Royal de l'Armée, section des photographies.) Carte indiquant les communes flamandes qui avaient protesté contre les manœuvres séparatistes et contre les activités du Conseil de Flandre à la fin de l'année 1917. Carte arrêtée à la fin de l'année I9I7. tration civile de la Flandre écrivait au ff. de bourgmestre que « afin d'éviter des rigueurs dans l'application de l'arrêté du 9 août, des dispositions transitoires ont été prévues ». Pour masquer l'échec, la lettre feignait de considérer les habitants de Bruxelles de langue française comme étant d'origine wallonne. Tout en reculant devant l'histoire, on la falsifiait. Il est probable que le chancelier de l'Empire, auquel le Collège échevinal s'était adressé le 8 novembre, était intervenu. Du moins le chef de l'administration civile déclarait-il que ces concessions donnaient satisfaction à la requête envoyée au chancelier. Depuis lors, plus rien ne fut innové. Les mesures prises au mépris du sentiment national échouèrent donc. Que la résistance des Conseils communaux de l'agglomération bruxelloise ne s'explique pas par leur hostilité au flamand, rien n'est plus évident. Parmi leurs membres, plusieurs étaient des flamingants notoires. Le 9 janvier 1918, la ville de Bruxelles se déclarait disposée à correspondre en flamand avec les autorités communales ou provinciales qui « en dehors du Brabant » exprimeraient le désir d'employer cette langue dans leurs rapports avec elle. Elle profitait de cette occasion pour affirmer une fois de plus qu'elle réprouvait la séparation administrative. Sa décision se fondait sur l'article 23 de la Constitution et sur le respect de l'unité et de l'indivi-sibihté de la Belgique, pour lequel il importe que Bruxelles « cité bilingue et capitale du royaume ait égard aux voeux qu'exprimeraient les Belges de langue flamande ». Les Allemands eux-mêmes, dans la vie courante, ne tenaient pas plus compte que les Belges du régime linguistique imposé par la volonté des militaires en dépit de la nature des choses et des nécessités de la vie. Les sociétés allemandes qui faisaient imprimer des avis dans le Verordnungsblatt, dont le texte officiel pour la région flamande n'était rédigé qu'en allemand et en flamand, s'y servaient exclusivement du français. C'est en cette langue aussi qu'étaient conçues les affiches des maisons allemandes ayant des succursales à Bruxelles. En juin 1917, à la suite d'une démarche de l'union des firmes d'exportation rhénanes et westphaliennes, il avait fallu tolérer pour elles la correspondance en langue française avec la région des Etapes ! Ce qui d'ailleurs avait soutenu et soutenait la résistance ou plutôt l'opposition contre la séparation administrative, c'est qu'elle avait trop visiblement pour but de détruire l'unité nationale. La question ne se restreignait pas au terrain des langues : elle le débordait. Au mois de juillet 1917, le Conseil communal d'Anvers avait justifié ainsi son attitude : « Si Anvers se considère avec fierté comme la ville ayant les sentiments les plus flamands du pays, elle n'en est pas moins fière d'être comme port et comme centre artistique un des organes les plus puissants de la Belgique entière et de ne le céder en patriotisme à aucune autre commune. Ce patriotisme comprend dans les liens de la même affection cordiale tout le pays et tous nos compatriotes flamands et wallons sans distinction, et il se sent profondément blessé par une mesure telle que la séparation administrative. Nous qui connaissons notre population et qui avons le droit de parler en son nom, nous pouvons certifier que nos sentiments sont partagés par la généralité de nos concitoyens. Aveugles ceux qui ne voient pas qu'un peuple a d'autres intérêts que ceux d'ordre linguistique, quelque grands et respectables que puissent être ceux-ci. » Il était indispensable d'insister avec quelque détail sur l'accueil fait à la séparation administrative, parce que i; li rien ne caractérise plus clairement la réaction belge en face de l'occupation. Ce ne fut pas à proprement parler une opposition politique, mais une réaction sociale et nationale sortie du fond du peuple. Elle s'exprime par l'organe des seuls corps qui puissent encore parler en son nom : les pouvoirs communaux. Elle est la conséquence directe de l'histoire. Tous les instincts ataviques qui, en dépit de la diversité des langues, avaient uni le peuple en une communauté également attachée à son autonomie, à ses libertés, aux institutions qu'elle s'était données, se révoltent sous la pression de l'étranger. La conduite de la nation n'est que le prolongement de celle qui au XVI® siècle l'avait soulevée contre l'Espagne, au XVIIP contre l'Autriche, en 1830 contre la Hollande. En face de l'Allemagne elle invoque sa Constitution comme elle invoquait jadis ses privilèges contre ses souverains. Flamingants et fransquillons sont ici d'accord pour défendre leur droit de se donner à soi-même le régime sous lequel ils veulent vivre, comme l'étaient sous Philippe II catholiques et protestants, sous Joseph II statistes et démocrates, sous Guillaume I®'', cléricaux et libéraux. C'est cela que les fonctionnaires allemands ne comprennent pas. Ils ne saisissent pas qu'on refuse leurs présents par cela même qu'ils sont imposés. La résistance leur paraît futile et ils ne parviennent à se l'expliquer que par la francophilie invétérée du peuple ou par le wallonisme s'opposant au germanisme. Ils ne voient pas qu'en intervenant dans la liberté des citoyens « ils touchent, comme Morillon le disait du duc d'Albe au XVI® siècle, à la chair qui tient aux ongles ». Ils s'étonnent que pour une question qui leur paraît une simple affaire d'amour-propre, tant de bourgeois confortables se laissent déporter dans les camps ou incarcérer. Serait-ce donc qu'en dépit de la théorie des races, il existe un peuple belge ? Quelques-uns commencent à s'en apercevoir. Çà et là la réalité s'impose. Pour qu'après trois ans d'occupation, au milieu de la détresse générale et sous la compression grandissante, la nation conserve assez de ressort pour ne pas plier, il faut qu'il y ait en elle autre chose qu'une vanité puérile. Admettre, comme le veut l'opinion officielle, qu'elle soit terrorisée par le gouvernement du Havre, est trop évidemment impossible pour qu'on y croie. Rien ne serait plus facile que de céder à la force. Ce gouvernement d'ailleurs est singulièrement débonnaire. N'a-t-il pas conseillé aux fonctionnaires de rester en place ? Si on est si anxieux de lui obéir, pourquoi n'observe-t-on pas l'obéissance qu'il conseille ? Pourquoi renchérit-on sur lui ? Pourquoi est-on plus catholique que le pape, plus belge que les ministres belges ? Pourquoi surtout n'accepte-t-on pas les transactions que propose l'autorité allemande ? Il faut bien admettre qu'il y a là autre chose qu'une simple question de langue et que l'oppression des Wallons sur les Flamands pourrait bien n'être qu'une fable convenue. Ne serait-ce pas que malgré les idiomes qu'ils parlent, il y a entre ces gens qu'on a voulu séparer les uns des autres par la frontière linguistique, une communauté de pensées, de sentiments, d'autonomie qui les fait se ressembler dans leur être intime et sentir de même en mots différents ? Quelques-uns le pensent et le disent. Détonnant au milieu des allégations de la presse officieuse et officielle sur le caractère artificiel de la Belgique, sur l'origine allemande des Flamands et sur leur oppression par les Wallons, quelques journaux reconnaissent qu'aucune des deux populations belges ne domine sur l'autre et qu'il n'existe point entre elles d'hostilité nationale. A la fin de 1917, Kautsky s'élève contre la doctrine qui permet de revendiquer un peuple au nom de la langue qu'il parle et de le violenter en invoquant contre lui-même ses prétendues affinités ethniques avec son vainqueur. Il rejette toute assimilation de la question flamande avec la question tchèque, constate l'antiquité de la pénétration pacifique du français en Flandre et affirme nettement l'unité historique qui en dépit de la dualité des langues s'est imposée à la Belgique de par la communauté des intérêts, des institutions, des moeurs et des destinées. Pareillement, Gra-bowsky reconnaît qu'au point de vue social les Flamands et les Wallons sont semblables : même individualisme, même amour de la liberté. Ces constatations s'expliquent sans doute par le vote du Reichstag, le 19 juillet 1917, en faveur d'une paix sans annexions. Il eut naturellement pour résultat d'encourager la résistance belge. La publication, au commencement de 1918, des « quatorze points » du président Wilson, où se trouvait exigée de la manière la plus catégorique la restauration de l'indépendance complète de la Belgique, acheva de la rendre inébranlable. Les derniers mois de l'occupation devaient pourtant imposer à la nation les épreuves les plus dures qu'elle ait eues à supporter. NOTES (1) Pour ce chapitre et les deux suivants, on consultera surtout : Les Archives du Conseil de Flandre, publiées par la Ligue Nationale pour l'Unité belge (Bruxelles, 1928). (2) « Je ne demande à personne de renier ses sentiments patriotiques, mais j'attends de vous tous une soumission raisonnable et une obéissance absolue vis-à-vis des ordres du gouverneur général. » (3) Voir le document connu sous le nom de testament du général von Bissing. (4) Otokar Fischer, Belgie a Nemecko. La Belgique et l'Allemagne (Prague, 1927). (5) J'emploie systématiquement, pour désigner les adeptes du mouvement flamand, le nom de flamingants. Le nombre des Flamands d'origine authentique hostiles ou indifférents à leurs revendications étant trop considérable pour qu'on puisse considérer les premiers comme les Interprètes de tout le peuple. (6) Il renfermait, en effet, la Flandre occidentale et la Flandre orientale presque tout entières, soit environ les deux tiers des Belges dont le flamand est la langue usuelle. (7) Pour ce qui suit, voir Th. Heyse, L'Université flamande, Gand (1918-1919). (8) Je reproduis ici l'expression que j'ai entendu employer par un officier allemand attaché à la justice militaire en Flandre. (9) H. Pirenne, Histoire de Belgique, t. III, pp. 247 et suiv. (10) D'après l'article 20 de cette loi, la langue véhiculaire de l'enseignement devait être la langue maternelle de l'enfant. (11) Les Allemands qui, sur place, pouvaient apprécier la situation, constataient au contraire que les mœurs flamandes ne rappelaient pas du tout le Germanentum. Voy. Bittmann, op. cit., t. 111, p. 75. En 1915, un officier s'étonnait naïvement devant moi de ne rien trouver d'allemand dans l'aspect de la ville de Gand. 11 se figurait que le régime autrichien du XVIIl» siècle avait exercé en Belgique la même influence qu'en Bohême 1 (12) H. Pirenne, Histoire de Belgique, t. 111, pp. 305 et suiv. (13) Le programme politique dont le Conseil de Flandre se réclama le 4 février avait été rédigé à la Kommandantur de Bruxelles. (14) Je suis pour ce sujet le rapport de JVl. Haniel, Verwattungschef de la Wallonie, sur l'organisation de celle-ci, conservé aux Archives de la Guerre. (15) Von Kahler, op. cit., p. 42. (16) Enquête sur l'emploi des langues française et flamande dans l'agglomération bruxelloise (Bruxelles, 1919). (17) Dès le 5 novembre, le Conseil communal de Bruxelles avait pris des mesures pour remplacer le collège échevinal en cas de destitution par un autre collège, et avait même désigné les remplaçants de celui-ci pour le cas où il serait également arrêté ou destitué. (18) Sur les craintes de l'autorité allemande à ce sujet et les mesures prises par elle pour y faire face, voy. Bulletin des Archives de la Guerre, t. IL pp. 49 et suiv. Cortège organisé par les activistes à Anvers le dimanche 3 février 1918. Pour le commentaire, voyez le texte, pp. 407-408. — Photographie reproduite dans Vlllustrierter Kriegs-Kurier, S» année, n" 24, p. 293. CHAPITRE IX L'ACTIVISME USQU'AU « CES DE JUSTICE » (7-10 FEVRIER 1918). — Au mois de novembre 1917, le gouverneur général von Falkenhausen convoquait à Bruxelles une commission de spécialistes allemands chargée d'élaborer le statut à donner à l'administration autonome de la Flandre et de la Wallonie, conformément au principe de leur séparation (Kommission zum Ausbau der Selbstverivaltung in den [làmischen und wallonischen Landesteilen). On n'a pas à s'occuper ici en détail de ses travaux, directement inspirés par la préoccupation de faire une Belgique conforme aux intérêts de l'Allemagne, dans l'hypothèse d'une paix victorieuse pour celle-ci. La tournure prise par la guerre les a laissés à l'état de simples projets. Ils ne sont intéressants que dans la mesure où ils permettent de mieux comprendre la direction dans laquelle s'engagea le pouvoir occupant durant la dernière année de son existence. Quoi- que chacun des membres de la Commission n'ait exprimé que son opinion particulière et que les décisions prises n'aient eu que la nature de simples vœux, l'accord est si complet sur les points essentiels que l'on doit admettre qu'il n'a pas été sans exercer une influence directe sur la conduite du gouverneur général et par-dessus lui sur celle des autorités militaires dont il était l'instrument. Il faut observer, en effet, que du général von Bissing au général von Falkenhausen, la situation du gouverneur général de la Belgique a subi en fait, sinon en droit, une transformation radicale. De l'autonomie du premier, n'ayant à rendre compte de sa conduite qu'à l'empereur, il ne subsiste plus rien sous le second. Il apparaît comme un fonctionnaire du Reich directement subordonné au chancelier et beaucoup plus étroitement encore au Grand Etat-major qui imprime de plus en plus son empreinte sur (Bruxelles, exemplaire de la Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes, fonds Lefebvre, Cartes postales, t. 111, p. 22.) Le général von Falkenhausen, ancien commandant de la 6" Armée allemande et gouverneur général de la Belgique de la lin avril 1917 à novembre 1918. Photographie accompagnée d'une signature autographe. la politique allemande à mesure que la guerre se prolonge. Cette mainmise de l'autorité militaire sur le gouverneur, à laquelle von Bissing s'était opposé aussi longtemps qu'il l'avait pu, s'exerce sans conteste sur son successeur. Sa fonction se réduit à administrer la Belgique conformément aux buts de guerre de l'Allemagne. Il n'est plus question de « politique conservatrice ». La politique que l'on suit maintenant n'est plus qu'une politique préparatoire à la subordination que la paix imposera à la Belgique vis-à-vis de son envahisseur. Sans doute, il est possible d'effacer dès maintenant la Belgique sur la carte de l'Europe. Un acte de cette portée ne Vue de la salle du théâtre de l'Alhambra à Bruxelles pendant la manifestation organisée par les activistes le 20 janvier 1918. Pour le commentaire, voyez le texte, p. 407. — Photographie reproduite dans De Toorts du 3 août 1918 (Utrecht). peut être unilatéral. Il ne résultera que de la paix qui lui donnera la consécration internationale. Peut-être d'ailleurs laissera-t-elle subsister le pays. Mais dans ce cas, il faut qu'il ne conserve qu'un semblant d'existence et que sa faiblesse ne lui permette pas d'échapper au protectorat qui lui est destiné. La séparation administrative est un premier coup de pioche porté dans ses fondements. Mais son efficacité dépend des modalités de son application. Si elle ne consiste qu'en la dualité des services publics, elle n'entraînera pas la destruction de l'Etat belge. Il ne semble pas que von Bissing ait pensé à autre chose qu'à un régime de séparation linguistique. Les délibérations de la Kommission zum Ausbau der Selbstverwaltung vont beaucoup au-delà. Le but propre de ses travaux lui est indiqué par le chancelier Michaelis. Il faut qu'elle prévoie les mesures à prendre pour doter de l'autonomie chacune des deux régions du pays, c'est-à-dire pour permettre à chacune d'elles de se transformer en Etat distinct dans l'Etat belge réduit au domaine de l'administration générale. À vrai dire, de ces deux régions, une seule, la Flandre, intéresse l'Allemagne. Ce sont les « aspirations de la nationalité flamande » qu'elle prétend satisfaire. La Wallonie, qui n'aspire à rien d'autre qu'à l'indépendance de la Belgique, ne fournit aucun motif d'intervention. Mais comme il est impossible, par nécessité de symétrie, de ne pas lui étendre le bénéfice de l'autonomie dont la Flandre est gratifiée, on le lui appliquera sans s'inquiéter de savoir s'il lui convient. Au fond la politique suivie est une politique purement flamande. C'est la question flamande qui l'a suscitée et qui en inspire le développement. En réalité, la séparation administrative ne vise qu'à détruire la Belgique au profit de la Flandre. Les régions wallonnes ne sont qu'un résidu sans autre importance pour l'Allemagne que leur valeur économique ( 1 ). Pour réahser ses desseins, un auxihaire s'offre à l'Allemagne, le Conseil de Flandre, le Raad van Vlaanderen que le chancelier Bethmann-Hollweg a déclaré officiellement reconnaître comme le représentant du peuple flamand. Personne n'ignore d'ailleurs que dans son immense majorité le peuple ne voit dans les membres de ce Conseil qu'une poignée de traîtres. Ils ne tiennent leur mandat que d'un petit groupe de comparses et ne subsistent que grâce à l'appui de l'occupant. La Kommission zum Ausbau der Selbstverwaltung n'hésite pas à reconnaître que « tout système électoral aboutirait à l'anéantissement du mouvement flamand ». Mais il n'en est pas moins essentiel de travailler en commun avec les activistes puisque leur adhésion peut servir à justifier la politique antibelge laquelle ils se rallient. Celle-ci se développera donc de commun accord avec le Raad. Elle l'associera à ses mesures législatives à titre de conseiller officieux. En janvier 1918, un arrêté l'autorise à choisir en son sein onze chargés de pouvoir (gevolmachtigden), qui formeront une commission permanente, après que leur choix aura été approuvé par le gouverneur général (2). Toutefois, ces chargés de pouvoir n'agiront qu'à la demande de ce dernier, qui se réserve au surplus la connaissance exclusive de toutes les questions touchant l'intérêt militaire, c'est-à-dire de toutes les questions essentielles. Il fallait donner l'illusion que ces mesures répondaient à l'opinion flamande. Aussi, dès le 22 décembre 1917, le Raad avait-il voté à l'unanimité des voix, la complète autonomie de la Flandre. Puis il avait décidé de « déposer le mandat qui lui avait été conféré par le « Congrès national flamand » du 4 février précédent et de se soumettre à une nouvelle élection qui donnerait au peuple l'occasion d'exprimer sa volonté sur la séparation de l'Etat belge. Les électeurs auraient à désigner non seulement les membres du nouveau Raad, mais aussi des conseillers pro- Louvaln, le 5 «Trier 1918. vmciaux. En conséquence, un meeting convoqué la veille se réunit à Bruxelles, le 20 janvier 1918, dans la salle de l'Alhambra. Il comprenait environ 3.000 activistes qui sans contrôle ni garantie élurent stante pede 22 députés au Raad, puis 52 conseillers provinciaux au nom de l'arrondissement de Bruxelles qui comptait 220.000 électeurs et près d'un million d'habitants. Une réunion précédente ayant été sifflée le 11 novembre, on s'abstint de célébrer l'événement par une manifestation publique. Mais on fut moins prudent à Anvers. Les autorités allemandes y avaient réclamé pour les élections le local de la Bourse du commerce. Le collège échevinal l'ayant refusé, force fut A Son Sxaellenoe le Conte ^'aiplre A Berlin. Ton HertUnf, Chancelier de l'Biplre illeaul. Bxeellenee, Les soussignés usant Indlvlduel-leaent du droit que reconnaît aux citoyens belges l'art, 21 • 1 de la Constitution, ont l'honneur d'adresser à Votre &cellenee leurs plus fermes protestations contre les aglssenents révolutionnaires et an-tlpatrlotlques de quelques individualités que l'opinion publique réprouve dans son Isnense majorité et lul, pendant l'occupation de notre tendent à diviser la Patrie belge. Ces menées sont d'autant plus bltmables que, par suite de la suppression du droit de réunion et de la liberté de la presse, le Peuple Belge se trouve dans l'imposslblll-té de les combattre et de manifester son attachement Inébranlable à nos Institutions nationales et ii l'unité de la Belgique. Les soi-disant "Haad van Vlaan-deren" et "Qouifraden" dont ils ont appris récemment l'écloslon, prétendant se substituer, sans mandat populaire, à nos assemblées régulières qui n'ont pas cessé d'exister et qui seules ont l'autorité voulue pour parler an nom de la Hatlon. Les soussignés ont recours k votre Brcellence pour obtenir du Gouvernement allemand le respect de l'-obllgatlon qu'il a contractée à la Conférenoe de La Baye en s'engageant & maintenir, sauf emptche-ment absolu, les lois en vigueur dans le pays. Ils vous prient d'agréer, Bxcel-lence, l'assurance de leur très haute considération. Leuven, den 5 Februarl 191S. ian Zyne Bxcellentle den Qraaf von Hertllng, Eanseller van het Dultsch Kelzerryck, Berlyn. KXcellentle, De ondergeteekenden, afzonderlyk gebrulk makende van het recht door art. 21 I 1 van de arondvet aan de Belglsche burgers toegekend, hebben de eer aan IVe Bccellentle hun krach-tlg verïet toe te sturen tegen de re-voiutlonalre en onvaderlandsche han-dellngen van eenlge afgeionderde per-sonen, handellngen die de openbare meenlng In hare oneladige meerderheid afkeurt en die, tydens de bezetting van ons land, voor doel hebben het Belglsch Vaderland te verdeelen. Die handelwyzen xyn des te oeer laakbaar dat, door het afschaffen van het recht van vereenlging en de vryheld der drukpers, het Belglsche Tolk zlch In de onnogelykheid be-vlndt ze te bestryden en zyne onwrik-bare gehechtheid aan de Nationale instellingen en de eenheld van BelgK te openbaren. De zoogenaande "Raad van Vlaande-ren" en "3ouwraden" waarvan zy on-langs het ontstaan vernoman hebben, beveren zlch, zonder volksmandaat, in de plaats te stellen onzer regel-matige vergaderingen die niet hebben opgehouden te bestaan en die, alleen, het noodlge gezag hebben on in naam der Katie te spreken. De ondergetekenden nemen hunne toe-vlucht tôt Dve Bzcellentie om van de Dultsche Regeerlng den eerbled te bekomen der verpllchting die zy heeft aangegaan In de Conferentie van den Haag met zlch te verblnden ven, ultgezooderd Tolkstrekte onmogelykheld, de wetten van het land te handhaven. Zy bleden V, Bxcellentle, de ult-drukklng hunner hoogachting aan. (s) Dr. An torts, Docteur en médecine et Conseiller communal. Ch. Bosnan, typographe. Conseiller communal. 9. Bruylants, professeur il l'Université, Conseiller communal. B. Claes, avocat et Kehevln. Th. Claes, Bestuurder der Soclallstlsche Cooperatief, Oemeente- raadslid. Léon Colins, industriel et Bourgmestre. Bi. Delmarcel, négociant et Conseiller coniinnal. réllz De Hunter, propriétaire et Bchevln. Km. Depetter, Industriel et Conseiller conninal. Auc. Du Bols, advokaat en Oemeenteraadslld. Hollasders, industriel et. Conseiller comunal. Dr. Janssens, sédecln. Conseiller comunal. Ch. Keulemans, meubelmaker, OeMenteraadslid. k. Peters, industriel et Conseiller comcunal. ID. Schmlt, avocat. Conseiller conounal, Schevin. L. nelesans, advokaat. Scbepene. Trlau. OeDeenteraadslid. Dés. Vandemoortele, Algemeene SehÏTver der tferklledenparty te Leuven, Oeneentereadslld. Vanderperre, Oeneenteraadslld. 7. Tan Roechoudt, Docteur et Conseiller cooDunal. (Louvain, Archives Communales, archives modernes, n" 1456.) Copie dactylographiée de la lettre adressée par les membres du conseil communal de Louvain au chancelier von Hertiing pour protester contre les menées des activistes. « Les soussignés... ont l'honneur d'adresser à Votre Excellence leurs plus fermes protestations contre les agissements révolutionnaires et antipatriotiques de quelques individualités que l'opinion publique reprouve dans son immense majorité et qui, pendant l'occupation de notre pays, tendent à diviser la Patrie belge... » / y HVV. bien de le réquisitionner « pour des buts d'intérêt public allemand ». La réunion eut lieu le dimanche 3 février. Elle devait s'achever par un grand cortège. Lorsqu'il sortit sous la protection des troupes, de formidables huées l'accueilhrent; il fut coupé en plusieurs endroits; on déchira les drapeaux des manifestants, on leur arracha leurs instruments de musique, on les couvrit d'injures, de coups, de crachats et les dispositions de la foule devinrent si menaçantes qu'ils durent se réfugier dans Vue de la Bourse d'Anvers pendant la manifestation au cours de laquelle les activistes proclamèrent l'indépendance de la Flandre (3 février 1918). Photographie reproduite dans De Toorts du 2 mars 1918 (Utrecht). (Anvers, propriété A. Franck.) Louis Franck (Anvers, 1868-Wijneghem-lez-Anvers, 1937). Avocat renommé, spécialiste du droit pénal et du droit maritime, L. Francis entra au Parlement en qualité de député libéral d'Anvers en 1906. Il intervint à diverses reprises dans les discussions publiques ayant trait aux questions linguistiques, notamment la loi Ed. Coremans et le projet de flamandisation de l'Université de Oand. II visitait le Katanga lorsque la guerre éclata. De retour dans sa ville natale, il présida la « Commission Intercommunale », qui veillait aux intérêts des quatre-vingt-deux communes situées dans l'enceinte fortifiée d'Anvers, et négocia avec les Allemands en vue d'épargner à la ville les horreurs des bombardements. Pendant l'occupation, il fit partie du Comité National de Secours et d'Alimentation et protesta à plusieurs reprises, avec d'autres personnalités flamandes, contre la politique des Allemands en Belgique et contre les menées des activistes (voyez p. 395). Au début de l'année 1918, il fut déporté à Bonn puis à Celle-Schloss. Après la guerre, Franck participa au ministère triparti présidé par Delacroix et détint pendant cinq ans le portefeuille des Colonies. En 1926, il fut nommé ministre d'Etat et devint gouverneur de la Banque Nationale. — Photographie datant des années 1914-1918 ou environ. les hôtels des environs de la gare d'où ils s'évadèrent par petits groupes au cours de l'après-midi. Ces dispositions de la ville qui se vantait à juste titre d'être la plus flamande du pays, ne pouvaient laisser aucun doute sur la réprobation soulevée par les manœuvres activistes. Partout où elles se produisirent, elles rencontrèrent la même indignation. Dans le territoire des Etapes, l'autorité militaire parvint à empêcher la colère populaire de se manifester bruyamment. A Gand, une cérémonie remarquable surtout par le petit nombre de ses participants eut lieu devant la statue de Jacques van Artevelde. Partout ailleurs, à Malines, à Tirlemont, à Louvain, à Lokeren, les provocations activistes reproduisirent de ma- (Cliché Jacobs.) Salle des séances de la Cour de Cassation au Palais de Justice de Bruxelles. nière frappante les provocations que, lors de la conquête du pays par les Français en 1794, les jacobins et les sans-culottes avaient osées sous la protection des baïonnettes. De part et d'autre ce fut la même tentative d'une minorité fanatique de violenter l'opinion nationale avec l'aide du vainqueur. La composition du nouveau Raad correspondit naturellement à la sincérité des élections dont il sortait. Presque tous ses membres furent des fonctionnaires activistes appointés par l'Allemagne, ou des professeurs de la nouvelle Université de Gand. De toutes parts, cependant, s'élevaient des protestations. Le 28 janvier 1918, le Conseil communal de Gand « considérant, disait-il, que les actes du comité qui s'intitule Conseil de Flandre sont d'autant plus coupables qu'ils sont accomplis alors que la patrie subit le joug d'une occupation étrangère et que toute libre manifestation publique des véritables sentiments de la population est rendue impossible, considérant qu'il n'y a en Belgique, à côté du pouvoir de fait de l'occupant, pas de pouvoirs autres que les pouvoirs légaux établis par la Constitution et qu'il importe d'éclairer l'Empire allemand au sujet des sentiments véritables de la population gantoise », s'élevait à l'unanimité contre « le prédit Comité de Flandre, déniait à ce comité toute autorité de droit comme de fait, flétrissait ses actes comme une trahison des intérêts les plus sacrés de la patrie et affirmait de toute sa force et de toute son énergie sa fidélité à la nation, au roi et au gouvernement du peuple belge ». Le conseil communal de Louvain stigmatisait dans une adresse au chancelier Hertling « le crime contre la vérité qui se commet en Belgique ». Ceux d'Anvers et de Bruxelles parlaient avec la même énergie. Le collège échevinal de Bruxelles s'adressait en même temps aux ministres neutres résidant dans la capitale. L'Université de Bruxelles, la Cour d'Appel de Gand, les députés des Flandres demeurés dans le pays se joignaient au mouvement. Le cardinal Mercier définissait les activistes « une poignée de traîtres sans mandat ». Un manifeste signé de près de deux cents présidents et chefs d'associations flamandes, rédigé par M. Louis Franck, l'un des promoteurs du projet de loi déposé aux Chambres belges touchant la création d'une Université flamande, apportait à ces manifestations l'appui le plus solide et la confirmation la plus irrécusable. Enfin, le 11 fé- vrier, le Conseil communal de Bruxelhles se réunissait pour recevoir les délégations de toutes les associations de la capitale qui vinrent déposer entre les mains du bourgmestre les lettres de protestation qu'elles le chargèrent de transmettre en leur nom au chancelier de l'Empire. Le sentiment national était trop exaspéré pour céder à la crainte des châtiments. Ils ne se firent pas attendre. Le 5 mars, M. Louis Franck et un autre député d'Anvers étaient déportés en Allemagne sous prétexte d'avoir refusé de mettre à la disposition de l'autorité occupante le personnel nécessaire au fonctionnement des élévateurs du port. Le 19, une amende de 2 millions de marks frappait l'agglomération bruxelloise pour la punir d'avoir participé à une « manifestation politique ». La fermentation de l'esprit public devait aboutir à un éclat. Le 31 janvier, quatre-vingt-onze députés et sénateurs dénonçaient par une adresse remise au premier président, aux présidents et aux conseillers de la Cour d'appel de Bruxelles « les agissements d'un groupe d'hommes qui, prenant le titre de Conseil de Flandre, ont décidé dans une assemblée plénière du 22 décembre 1917 la complète autonomie de la Flandre et se sont rendus coupables de l'attentat dans le but soit de détruire, soit de changer la forme du gouvernement, tout au moins du complot pour arriver à une de ces fins, du délit d'usurpation dans des fonctions publiques, de l'attaque méchante et publique contre l'autorité constitutionnelle du Roi, les droits ou l'autorité des Chambres, la force obligatoire des lois, la provocation à y désobéir ». Le 7 février, sur le vu de cette plainte, la Cour enjoignait au procureur général d'exercer des poursuites pour atteinte à la sûreté de l'Etat contre « tous auteurs, co-auteurs et complices des faits dénoncés ». Le lendemain matin, le président du Conseil de Flandre et l'une des personnes qui avaient pris la parole au meeting de l'Alhambra étaient arrêtés à leur domicile. L'intervention de la Cour d'appel se fondait sur les articles 104, 109, 110 du Code pénal, les articles 2 et 3 Caricature du « Cès de Justice » de la magistrature belge, publiée dans un hebdomadaire activiste. La caricature est accompagnée de la légende suivante : De « Menheeren van Onrecht » leggen hun ambt neer... R.I.P. (Les «Messieurs de l'Injustice» déposent leur charge... R.I.P.). — Extraite de VUlenspieeel van Leuven du 12 mai 1918 (1« année, n» 15), hebdomadaire flamand publie à Louvain du 3 février au 12 octobre I9I8. du décret du 20 juillet 1831 et l'article premier de la loi du 25 mars 1891, c'est-à-dire sur des textes législatifs que le régime de l'occupation avait laissés formellement en vigueur. Elle se justifiait encore par le principe constitutionnel de l'égalité des Belges devant la loi, qui ne permettait pas de laisser impunis les auteurs de crimes aussi graves que ceux qui avaient été dénoncés. En n'agissant pas, la Cour fût devenue leur complice. Mais en agissant, elle heurtait en face la pohtique de l'occupant. Un conflit était inévitable. Il se produisit immédiatement. A peine le juge d'instruction avait-il commencé l'interrogatoire des inculpés, qu'un fonctionnaire allemand chargé par le gouverneur général de saisir le dossier et de remettre les prévenus en liberté se présentait dans son cabinet. Des soldats armés occupaient l'antichambre. ' h (Clichés de l'Archlef en Muséum voor het Vlaamse Cultuurleven [Anvers].) 1 : Auguste de pouvoir » professeur à Pays-Bas. — Pays-Bas. — tution; Quelques activistes. Borms (1878-1946), chef de file de l'activisme, mêlé à la flamandisation de l'Université de Gand, membre du Conseil de Flandre et « fondé (voyez pp. 385 et 411); condamné à mort en 1919. — 2. Hippolyte Meert (1865-1924), fondateur de l'Algemeen Nederlandsch Verbond, l'Université de Gand; membre du Conseil de Flandre; fondateur de Volksopbeuring; condamné à vingt ans de détention et réfugié aux 3 : René De Clercq (1877-1932), le poète du mouvement activiste, vice-président du Conseil de Flandre; condamné à mort et réfugié aux 4 : Willem De Vreese (1869-1938), philologue éminent, professeur à l'Université de Gand avant et après la flamandisation de cette Insti-conservateur en chef de la Bibliothèque Royale de Bruxelles; membre du Conseil de Flandre dont il fut président; réfugié aux Pays-Bas. IV - 27 RAAD rAH ÏUiNOeW:* JOS. VANDENBROECK k\«I> VIN VUAMJFUfri (Bruxelles, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes, fonds Lefebvre, Cartes postales de la guerre 1914-1918, t. 111, p. 117.) Caricatures d'activistes. En haut, à gauche, Emile Verhees (t Berlin, 1928), directeur général au Ministère du Travail et de l'Industrie, délégué à Berlin au nom du Conseil de Flandre (voyez p. 385); réfugié à Munich puis à Berlin où il mourut dans la misère; à droite, J. Lambrichts, commerçant, élu représentant de Bruxelles au Conseil de Flandre en 1918. En bas à gauche, Pierre Tack (1870-1943^ président du Conseil de Flandre, directeur général de l'enseignement supérieur au Ministère de l'Instruction Publique; réfugié aux Pays-Bas; à droite, Joseph Van den Broeck (1870-1938) fut le premier avocat à plaider en flamand à Anvers; accompagna à Berlin la délégation du Conseil de Flandre (voyez p. 385); directeur du département de la Justice au Conseil de Flandre et secrétaire de cet organisme; réfugié en Hollande. — Caricatures signées (nom de lecture douteuse) et datées de 1918. Il ne restait aux magistrats qu'à protester et à céder devant la force qui arrêtait le cours de la justice. C'était la première fois depuis l'invasion du pays que le pouvoir judiciaire était violenté. Jusqu'alors, l'autorité allemande s'était bornée à en diminuer la compétence au profit des tribunaux militaires. Elle lui avait appliqué les principes du droit d'occupation conformément aux lois belges non formellement abrogées. Elle avait respecté l'indépendance garantie à la magistrature dès le début de l'occupation, et dont une lettre du général von Bissing à la Cour de cassation, le 22 mars 1916, avait solennellement renouvelé l'assurance. Cette fois, non seulement une procédure légale était entravée par la violence, mais le châtiment s'abattait sur des juges coupables d'avoir rempli leur devoir. Le 9 février, le premier président de la Cour d'appel et trois présidents de Chambres étaient arrêtés puis déportés en Allemagne dans un camp de pri- sonniers (3). Les Conseillers de la Cour recevaient individuellement l'ordre de ne plus siéger à l'avenir, comme convaincus de s'être associés à une manifestation politique et d'avoir violé ainsi « les conditions dans lesquelles des fonctionnaires belges peuvent être autorisés par l'administration allemande à exercer leurs fonctions ». La logique des événements développait ses dernières conséquences. Elle en arrivait à soumettre la justice à la politique. En se rangeant aux côtés des ennemis de l'Etat belge, l'occupant était réduit à écraser les derniers restes de l'autonomie qu'il s'était efforcé jusqu'alors de respecter. Entre le Conseil de Flandre et la magistrature, son choix était fatal. Puisqu'il reconnaissait le premier comme le mandataire du peuple flamand, comment eût-il pu tolérer qu'on exerçât contre lui des poursuites criminelles ? Les mesures du gouverneur lui avaient été suggérées par le Conseil « pour assurer la libre expression de la volonté populaire flamande ». Il devait se mettre au-dessus des lois comme le Conseil se mettait lui-même au-dessus de la volonté du peuple. On en arrivait enfin à l'arbitraire pur. Le cercle se fermait. L'occupation redevenait ce qu'elle avait été au début, le simple régime de la force. Peut-être le gouverneur général crut-il que l'exemple qu'il venait de faire suffirait à assurer l'obéissance des magistrats. Or cet exemple ne les terrorisa pas plus que la déportation de M. Max n'avait terrorisé les bourgmestres. L'échec de la violence ne devait pas être moins complet cette fois encore qu'il ne l'avait été dans toutes les occasions où on y avait eu recours. La gravité des circonstances et le caractère des victimes ne devaient le rendre que plus éclatant. Le 11 février, la Cour de cassation, la plus haute autorité judiciaire du pays, s'associait à la résistance du droit contre la force. Estimant comme son procureur général que les « paroles sont désormais insuffisantes et qu'il faut des actes », après avoir déclaré que les violences déployées par le gouvernement de l'occupant « constituent la négation de la hberté et de l'indépendance complète du juge dans l'exercice de son ministère et que plaçant le magistrat entre ses devoirs légaux et des mesures de rigueur elles enlèvent à ses décisions l'autorité qui doit s'attacher aux jugements », elle résolut, sans abdiquer ses fonctions, de suspendre ses audiences. Le lendemain, le tribunal de première instance adoptait la même attitude. Le parquet se retirait à son tour avec son personnel et ses greffiers. Le 13 février, le tribunal de commerce cessait également de siéger. Le barreau s'associa sans hésiter à cette conduite. A la grève des tribunaux correspondit la grève des avocats. Il n'est pas jusqu'aux « gardes du Palais » volontaires qui, dès le début de l'occupation, s'étaient mis à la disposition de la magistrature pour faire auprès d'elle le service de la gendarmerie partie pour l'armée, qui ne suspendirent aussi leurs fonctions bénévoles. Le 21 février, le général von Falkenhausen écrivait à la Cour de cassation une lettre où tout en se déclarant comme son prédécesseur partisan de l'indépendance de la magistrature, il faisait observer « qu'il est en dehors de toute raison que, dans un pays occupé, les tribunaux qui jugent sous l'autorité du pouvoir occupant poursuivent les délits dirigés contre le pouvoir dépossédé et avec lequel l'Etat occupant se trouve en état de guerre ». Mais en même temps, les journaux hollandais publiaient une note du gouvernement du Havre « saluant la courageuse attitude de la magistrature, qui n'avait pas hésité à requérir l'application des lois contre les mauvais citoyens coupables d'avoir, de connivence avec l'ennemi, poursuivi le dessein criminel de démembrer le pays ». La Cour de cassation répondit le 25 février, en opposant à la thèse du gouverneur celle de la séparation des pouvoirs, d'oti découle l'indépendance du pouvoir judiciaire vis-à-vis du pouvoir politique. Elle niait qu'en agissant comme elle l'avait fait la Cour d'appel se fût rendue coupable d'hostilité envers l'occupant. L'exemple de la magistrature de Bruxelles fut suivi dans les provinces. A Mons, le président, à Arlon, les membres du tribunal, à Gand, le bâtonnier de l'ordre des avocats furent arrêtés ou déportés. Cependant la situation préoccupait le gouverneur. Il cherchait, par l'intermédiaire du marquis de Villalobar, à ménager une transaction. Le 9 mars et le 12 avril, il offrait de libérer les présidents si les tribunaux reprenaient leurs fonctions. Mais la Cour exigeait une reconnaissance formelle de son droit et demandait des garanties. Il fut impossible de s'entendre. Ainsi la magistrature belge renouait la vieille tradition nationale du « cés de justice », si souvent appliqué lors de la violation des privilèges. A l'occupant elle opposait la force d'inertie. Elle agissait conformément à l'esprit d'autonomie de la Joyeuse Entrée (4). Elle ne se retirait pas devant la force; elle se croisait les bras comme le faisaient les déportés. Pourtant, qu'allait-il advenir de cette abstention de la justice dans un pays oîi la misère poussait au crime ? Si l'opinion approuvait la magistrature, elle s'inquiétait pour la sécurité publique. Le bruit s'accréditait que les malfaiteurs arrêtés par la police allaient être relâchés, vu l'absence de juges, et ils eussent dû l'être, en effet, si les parquets, profitant de ce que l'on était en plein arbitraire, n'avaient eu recours à un subterfuge qu'imposait l'intérêt pubUc : ils prirent sur eux de délivrer des ordres d'écrou contre les individus arrêtés par la police et de faire garder en prison les personnes contre lesquelles pesaient des charges suffisantes. Si l'on ne jugeait plus, on mettait provisoirement dans l'incapacité de nuire ceux que l'on aurait dû juger. En présence de la grève judiciaire, force fut au gouverneur général de substituer à la magistrature belge une magistrature allemande (5). Au mois d'avril il instituait des tribunaux allemands composés d'une section pénale et d'une section civile. Au-dessus d'eux, un Kaiserliches Obergencht siégeant à Bruxelles fonctionnait comme Cour d'appel. La procédure de ces succé- «... depuis janvier 1918, le « Raad van Vlaanderen » correspondait avec l'administration civile allemande par l'intermédiaire de fondés de pouvoir (gevolmachtigden) choisis par lui avec l'approbation du gouverneur général.» (Voyez le texte, p. 413). — Les fondés de pouvoir du Conseil de Flandre. De gauche à droite, assis : A. Borms (Défense Nationale), J. De Decker (Arts et Sciences), A.T.Al. Jonckx (Affaires Etrangères), A. Brys (secrétaire); F. Heuvelnians (Justice), E. Verliees (Industrie et Travail); debout : F. Brûlez (Postes et Télégraphes), Léo Meert (Finances), K. Heyndrickx (Intérieur). — Photographie reproduite dans De Toorts du 23 mars 1918. (Bruxelles, Archives de la Guerre, fonds du Conseil de Flandre.) Projet d'uniforme pour la gendarmerie (« Rijkswacht ») flamande. Le 11 novembre 1917, le Conseil de Flandre avait voté une motion réclamant la constitution d'une garde ou gendarmerie composée de cinq cents soldats flamands prisonniers de guerre détenus à Q8t-tingen. Les autorités allemandes évitèrent d'abord de donner suite à ce projet malgré les efforts d'A. Borms qui entreprit une tournée de propagande dans les camps de prisonniers de guerre flamands. Finalement, le 12 septembre 1918, le chef de l'administration civile allemande autorisa les « fondés de pouvoir » à procéder à un essai dans l'arrondissement de Hasselt. Deux cent quarante-huit candidats demandèrent à être versés dans les cadres de cette gendarmerie. Dans les archives du « Ministère de la Défense Nationale » du Conseil de Flandre se trouve le texte d'un projet concernant la tenue des membres de la garde. L'uniforme devait se rapprocher le plus possible de celui de l'ancienne gendarmerie; les distinctions des grades devaient se porter au collet. — Dessin colorié signé A.P. danés de la justice belge se faisait en allemand; les avocats étaient remplacés par des « commissaires de justice ». En cas de besoin, on avait recours à des interprètes. Les Belges ne ressortis-saient à ces tribunaux qu'en matière pénale. La juridiction civile ne s'appliquait qu'aux Allemands ainsi qu'aux sujets des Etats alliés de l'Allemagne et des Etats neutres. Ainsi, la résistance de la magistrature belge aboutissait à l'anéantissement de l'organisation judiciaire nationale. Elle forçait l'occu- ■■ î-i n 1V', pant à aller beaucoup plus loin qu'il n'eût voulu aller. Son espoir de se servir des institutions belges, tout en les soumettant à la violence, était déjoué. Et il est intéressant encore de noter qu'il en était réduit à violer lui-même la séparation administrative qu'il prétendait imposer à la population. L'Obecgericht de Bruxelles étendait, en effet, sa compétence à la Wallonie comme à la Flandre. On en est donc arrivé, en matière administrative, au même point qu'en matière économique. La longue durée de la guerre, la volonté de vaincre ont fait renoncer à tout scrupule. La Belgique n'est plus qu'un territoire dominé et exploité. Il a été aussi impossible d'en conserver la vie légale que la vie économique. Et ce qui est vrai de la justice l'est aussi des pouvoirs communaux. Là également, on commence à appliquer cette dictature dont on les a menacés s'ils ne cédaient pas. A Gand, le Collège échevinal est destitué. Le bourgmestre, que remplace un bourgmestre allemand, et deux échevins sont déportés. Au Conseil communal est substitué un conseil activiste. L'ACTIVISME EN ACTION. - L'arrêté de janvier 1918, associant le Raad van Vlaanderen à l'autorité de l'occupant, ne peut être considéré que comme une mesure imposée au gouverneur général par le Grand Etat-major. La collaboration d'un organisme non allemand avec l'administration civile allemande devait entraîner pour celle-ci trop de complications et de difficultés pour que l'on puisse supposer que son chef l'ait souhaitée. Si le Grand Quartier ne s'en est pas rendu compte, c'est qu'il s'illusionnait sans doute sur la parenté de ses idées avec celles des activistes et qu'il s'exagérait au-delà de toute mesure l'importance de leur groupe infime. Il croyait ou il feignait de croire que non seulement ils représentaient les aspirations de la population flamande, mais encore qu'ils étaient aussi convaincus que lui-même de l'identité de race des Flamands et des Allemands, aussi persuadés de la vertu du Deutschtum, aussi enthousiastes de la Kultur, aussi certains du rôle providentiel de l'Allemagne et de la légitimité de l'hégémonie qu'elle revendiquait sur l'Europe. Par surcroît, il se représentait encore la question flamande sous les apparences de la question polonaise ou de la question tchèque. Il se figurait qu'entre Flamands et Wallons devait exister une haine nationale invétérée, et que les premiers considéraient les seconds comme des oppresseurs étrangers. Il ne voulait pas ou il ne pouvait pas constater que s'il y avait entre eux des différences, il n'y avait pas d'hostihté, que les « fransquillons » de Flandre, bien différents des Allemands de Posen ou de Prague, n'étaient pas les descendants d'un peuple conquérant et oppresseur, mais que leur origine était la même que celle de leurs compatriotes, qu'ils en avaient à toutes les époques partagé le sort, et que s'ils parlaient une langue différente de la langue populaire, c'est que depuis des siècles le voisinage de la France, le prestige de sa civihsation, l'influence de son économie les avaient francisés quant à l'idiome sans qu'ils cessassent pour cela d'appartenir à la nationahté flamande. Sans doute, le langage de quelques activistes permettait ces illusions. Certains d'entre eux, soit par exaspération de la réprobation qui les entourait, soit par platitude et par servilisme, semblaient confondre leur cause avec celle de l'Allemagne et se montraient disposés à agir d'après les directives de Berlin. Mais dans l'ensemble, les hommes du Raad van Vlaanderen voulaient avant tout l'autonomie de la Flandre. Ils étaient plus encore les ennemis de l'Etat belge qu'ils n'étaient les alliés de l'Allemagne. Tous d'ailleurs ne se représentaient pas de la même manière le but à atteindre. Les uns se bornaient à rêver d'une sorte de fédéralisme qui eût laissé subsister la Bel- ------------ ----- ------------. Zo^ iiôït, fcL-v ito^ tiUyA^ Lwteuw- dLAyu iowl-.^ Atijl O^Jju^ voOifiiy L^w «Laawiaoa^ j^ilytav^ dt^i, teÏA^ ^wwixw VOM. «Lt, p^tvwv^ r^iK^^^t XA^U* . . 'AAjtiM. ' V ICWisi^^OA/W ■ O-'i'O'AC^dX iXXfjviAjJ'Jj^. 2m vrMÀoM^ ^ dut, iei-^^J ^uocb^jOL. ■«vet»-'^ UfdtxiuU». UJVKJj. i/JtJL ■«y.MM.Ài V^ ÀOr Îu/>s4lui/vu i UxJè -^t^'Um 'Éimm^^fil . .. - - «mJktxiii. dgç, CeuaX '-wt (xa^U*^ V .-rrudu ^ iLlll^ i'vUuX/r^N^ ÀjL. vyy/MtfL eui^J^ iuJbUvw X.0W. vt^UjitiJL i' ^L '^JUAAf^J/'j^Zouel, di, .M. uyiy^^ ^-^t -y-----.- - - X, x^f^ tM . l'autonomie de la Flandre. Mais à quel moment et sous quelle forme ? Au début, les chargés de pouvoir pressentis par le chef de l'administration civile témoignèrent tout d'abord d'un embarras bien compréhensible. Les délibérations de Brest-Litovsk venaient de s'ouvrir et l'Allemagne avait invité ses ennemis à y prendre part. Il pouvait être dangereux, dans ces conditions, de s'engager trop avant et de se compromettre irrémédiablement vis-à-vis des alliés de la Belgique. On reprit courage quand, le 17 janvier, M. von Kuhlmann eût fait savoir à Bruxelles que les délégués de l'Entente n'ayant pas paru on avait « les mains libres ». Mais le chef de l'administration civile de la Flandre, le Dr Schaibel, intervint aussitôt pour éviter un zèle compromettant. Il donna pour mot d'ordre de se contenter d'une déclaration d'autonomie qui permît de réserver l'avenir et mît le chancelier de l'Empire à même d'affirmer, le cas échéant, que la restauration de la Belgique était encore possible. Le 17 février, en effet, on faisait passer à la presse une note constatant que l'indépendance de la Flandre ne supposait pas nécessairement la disparition de l'Etat belge. Quelques jours plus tard, les chargés de pouvoir parvenaient à se mettre d'accord sur un texte ambigu réclamant pour la Flandre l'autonomie, soit en dehors de la Belgique, soit dans une Belgique renouvelée (vernieuwd België). Cependant, au sein du Raad, l'accord ne parvenait pas à se faire entre les modérés ou Unionistes et les Jeunes Flamands (Jong Vlaanderen) qui ne voulaient pas entendre parler d'une restauration quelconque du passé. Le discours prononcé le 25 février par le chancelier von Hertling, déclarant que l'Allemagne ne songeait pas à conserver la Belgique, vint encore embrouiller les choses. Comment faire pour concilier les aspirations du Raad avec les fluctuations de la politique de Berlin ? Tâche épineuse, déhcate, et qui trouble évidemment le gouvernement de Bruxelles. Le Verwaltungschef propose, pour gagner du temps, de combiner l'activisme avec un mouvement en faveur de la paix et de s'efforcer d'y entraîner les socialistes. Le 7 mars, le gouverneur général affirme de son côté qu'il est impossible de préciser ce que deviendra la Belgique, mais qu'en tout cas l'Allemagne ne permettra pas qu'on en revienne à ce qu'elle était. En attendant, et avec une ironie inconsciente, il recommande au Raad de se concilier la majorité de l'opinion. Ainsi la liberté est enlevée au Raad de parler de la Flandre sans l'autorisation de l'Allemagne. Son président s'étant permis de dire (28 mars) que le nom de la Belgique doit disparaître, est brutalement rappelé à l'ordre. Il est intolérable, en effet, que des Flamands prétendent placer le Reich devant un fait accompli. S'ils se permettent des incartades, le Raad disparaîtra. Ce que l'on apprend de Berlin, oii l'on a envoyé un délégué, n'est pas plus encourageant. Sauf les pangermanistes, l'opinion publique ne permet guère d'espérer un appui. Erzberger va jusqu'à dire qu'il faudra bien s'accommoder de l'existence de la Belgique. À Bruxelles même, au sein de l'administration civile, on surprend des marques inquiétantes de mauvais vouloir. Le gouverneur général refuse d'intervenir auprès du marquis de Villalobar, ministre d'Espagne, qui a expulsé de son hôtel et taxé de traîtres une députation d'activistes. L'administration civile ne veut pas que l'on réfute un article présentant le vote du 22 décembre sur l'indépendance de la Flandre comme un simple vœu. A Gand, des officiers allemands ont refusé de se lever lors de l'exécution du Wilhelmus van Nassau, au cours d'une fête activiste. Heureusement l'offensive allemande du printemps sur le front de France ouvre des perspectives plus riantes. La proclamation de l'autonomie paraît enfin prochaine. Le 20 juin, à la veille de la poussée en Champagne, le Raad lance un manifeste déclarant inévitable la victoire de l'Allemagne, dénonçant le gouvernement belge comme l'ennemi de la Flandre et annonçant l'affranchissement certain de celle-ci. Le gouverneur général abonde en protestations réconfortantes. Cependant le front français ne cède pas et il faut, comme les troupes, revenir en arrière. Au mois de juillet, le chanceher Herthng passant par Bruxelles ne prononce que de vagues paroles. Son point de vue, dit-il, quant à la question flamande, reste celui de ses devanciers. Il persiste donc dans l'amphibologie dont ces derniers ne sont jamais sortis. Mauvais symptôme qu'aggravent encore les journaux de Berlin. En plein Reichstag, des députés socialistes parlent de la « machination méprisable qu'est le Raad van Vlaanderen ». Au mois d'août, le général Keim, pourtant pangermaniste et annexioniste notoire, qualifie les activistes d'Etat-major sans troupes. Le 12 septembre, le vice-chanceher von Payer dit que la question flamande sera résolue par les hommes politiques belges. C'est la déclaration officielle de l'abandon de l'activisme par l'Allemagne. En présence de la catastrophe militaire qu'elle sent inévitable, elle se hâte de laisser tomber au néant cet allié qui l'embarrasse et qu'elle méprise. Il était d'ailleurs depuis le mois d'août en pleine débâcle. Le 17 août, les fondés de pouvoir du Conseil de Flandre avaient déposé leur mandat. Le Raad constatait quelques jours plus tard que la réaction contre sa politique « marchait à pas de géant» (5 septembre), et l'un de ses membres ne craignait pas d'ajouter : « les Allemands se moquent de nous ». Quelques-uns parlaient d'envoyer une adresse de protestation au gouverneur général, de lui reprocher d'avoir violé ses engagements, bref de « montrer les dents ». D'autres, dans leur désarroi, proposaient d'abandonner l'Allemagne et de se tourner vers l'Angleterre. Mais les jours de la lamentable assemblée étaient comptés. Le 5 octobre, le nouveau chancelier, Max de Bade, avouait officiellement le fiasco de la politique flamande imposée par le Grand Etat-major. Elle s'effondrait en même temps que la puissance mihtaire du Reich. Il n'était plus question que d'une paix basée sur le respect du droit et qui rétablirait la Belgique dans son indépendance et son intégrité. Les activistes avaient misé sur la victoire allemande. La défaite de leur protectrice était leur coup de mort. Leurs journaux l'avouaient, se bornant à implorer l'Allemagne de ne pas oubher complètement, au moment de la paix, les espérances dont elle les avait enivrés. Dès le 26 septembre, une nouvelle organisation avait remplacé la combinaison boiteuse instaurée en janvier. Il n'était plus question des gevolmachtigden. A leur place était instituée une commission de chargés d'affaires (Zaakgelastigden), nommée par le gouverneur général et responsable devant lui seul. Ainsi s'écroulait la façade d'autonomie qui avait jusqu'alors dissimulé la mainmise de l'Allemagne sur l'activisme. Celui-ci n'était plus désormais qu'un outil dans la main de l'occupant. Les Zaakgelastigden étaient considérés comme « fonctionnaires à la suite de l'armée allemande ! » Le Raad van Vlaanderen abandonné à lui-même tint encore quelques séances. Il se cramponnait à l'espoir que du moins l'Allemagne n'évacuerait pas la Belgique avant la paix. Il crut même pouvoir se tracer une ligne de conduite en prévision de celle-ci. Mais le 14 octobre se déclenchait l'offensive victorieuse des alliés. Les troupes belges paraissaient sur la crête des Flandres et le lendemain le Raad se réunissait pour la dernière fois. Ses membres qui avaient solennellement affirmé, quelques jours auparavant, qu'ils mourraient à leur poste, ne songeaient plus qu'à la fuite. A partir du 26, munis d'argent et de passeports, ils prenaient les uns après les autres le chemin de l'Allemagne. Une adresse datée du 31 fut leur testament politique. Il n'y est plus question que d'autonomie et d'amour pour la patrie. La Belgique, dont ils avaient voulu rayer le nom de la carte de l'Europe, les refoulait devant elle (6). L'idée d'utiliser le mouvement flamand au profit des buts de guerre de l'Allemagne apparaît, si l'on tient compte des conditions au milieu desquelles elle devait se réaliser, comme une formidable erreur psychologique. Son échec était certain d'avance. Dans leur immense majorité, les flamingants étaient d'aussi loyaux patriotes que leurs adversaires. Ils entendaient faire redresser leurs griefs dans l'Etat belge et par l'Etat belge. Ils envisageaient avec horreur la possibilité d'une collaboration avec l'ennemi. Les avances du gouverneur von Bissing, qui au début s'était proposé de se les concilier en faisant appliquer strictement les lois linguistiques, n'avaient été accueillies que par un silence hostile. Ils avaient protesté contre l'ouverture de l'Université germano-flamande de Gand. La séparation administrative les avait indignés. Franco-Belgfscli flnnexionfsme en bet Reddende Zwaard. « L'annexionisme franco-belge et le glaive sauveur ». Gravure reproduite dans De Toorts du 18 août 1917, tiebdomadaire pan-néerlandais publié à Utrecht de juin 1916 à la fin de décembre I92I. Ils avaient enfin stigmatisé comme une trahison la conduite des activistes. Dès lors, le sol devait nécessairement s'effondrer sous les pieds de ceux-ci. Réduits à n'être qu'une faction infime à la solde de l'étranger, ils s'obstinèrent avec une énergie croissante à imposer à la masse qui les réprouvait la dictature que l'Allemagne souhaitait de les voir organiser. En ceci ils purent compter sans réserve sur son appui. Elle ne demandait qu'à les aider à établir leur prestige et leur influence. Ils lui servaient à justifier la séparation administrative et à persuader les neutres de l'intérêt que lui inspiraient les Flamands de Belgique. Ils n'existèrent et ne firent figure que par sa protection. Leur presse, largement subventionnée, eut licence d'injurier et de calomnier leurs adversaires. C'est parmi eux que furent recrutés tous les fonctionnaires supérieurs nommés en vertu de la séparation administrative, et presque toujours les nominations furent proposées par les Gevolmachtigden. En somme, les activistes agirent exactement, durant l'occupation allemande, comme les Jacobins après l'annexion de la Belgique à la France, en 1794. Ils témoignèrent du même appétit de domination, de la même outrecuidance, du même radicalisme, de la même rage de dénonciations. A un siècle de distance, telle avait été la conduite de ceux-ci vis-à-vis des aristocrates, telle fut la leur à l'égard des « fransquillons » et des patriotes. Dans la région des Etapes surtout, où l'autorité militaire leur est tout acquise, la moindre marque de réprobation qu'on montre leur suffit pour obtenir contre le < I ' 1 ' ■ ' ■■ 'f if 1 l'I: KOMTMAAR (Bruxelles, Musée Royal de l'Armée, section des photographies. Séparatisme flamand n" 1.) «Grâce à la complaisance des troupes allemandes, Ils (= les activistes) se mettent en rapport avec le parti défaitiste (frontpartij) qui cherche à susciter dans l'armée belge un mouvement de défection. » (Voyez le texte, ci-dessous.) — Panneau planté devant les lignes allemandes et saisi par les soldats belges. « Flamands, venez. Les Allemands ne tirent pas. » coupable un jugement de déportation. Jouissant de tous les droits de parole, de réunion, de propagande qui sont refusés à leurs compatriotes, ils en usent pour abattre ou pour terroriser leurs ennemis. Le 31 janvier 1918, ils demandent que le Conseil communal de Gand soit cassé; le 21 mars, ils réclament la déposition de celui de Bruxelles. Au mois de février, ils proposent de transporter en Allemagne quantité de personnes « qui pourraient servir d'otages contre des attentats possibles sur les activistes ». Il n'a pas tenu à eux qu'après l'intervention de la Cour d'appel de Bruxelles contre le Raad van Vlaanderen tous les membres de celle-ci n'aient été déportés. Leur propagande contre le cardinal Mercier est d'autant plus fougueuse qu'elle est plus impuissante. En revanche, leur influence obtient pour qui se déclare en leur faveur, nominations et avantages de toute sorte. Au mois d'août 1918, ils se flattent d'avoir obtenu du gouverneur la grâce de cinq condamnés à mort. Ils font reconnaître le 11 juillet, jour anniversaire de la bataille de Courtrai, comme fête nationale. Grâce à la complaisance des troupes allemandes, ils se mettent en rapport avec le parti défaitiste (frontpartij) qui cherche à susciter dans l'armée belge un mouvement de défection. Le 10 mai 1918, deux déserteurs sont solennellement reçus par eux dans une réunion à laquelle assiste le Verwal-tungschef et qu'un des leurs salue pompeusement d'événement historique. Dans toute la région flamande du pays, leurs meetings et leurs brochures, inlassablement, sollicitent l'opinion. Au mois de novembre 1917, ils se vantent d'en avoir fait distribuer 275.000, et depuis lors leur presse n'a cessé d'en répandre davantage encore. Toute cette activité ne soulève d'ailleurs qu'une réprobation d'autant plus significative que l'adhésion à l'activisme est plus profitable. Il est extraordinaire qu'au milieu de la misère générale le nombre des partisans d'un groupe si visiblement avantagé soit demeuré si minime. On ne veut voir en eux que des séides de l'ennemi et des profiteurs de guerre. Ils ne se dissimulent pas l'antipathie et le mépris qu'ils soulèvent. Mais comment y échapper sans rompre avec l'Allemagne dont ils dépendent ? La déportation des ouvriers est, disent les membres du Raad. un coup terrible porté à leur « prestige ». Entre eux, à huis clos, ils se lamentent sur une mesure si cruelle, si opposée à la Duitsch Vlaamsche politiek, et si fatale au progrès de leur mouvement. Pourtant les autorités militaires ont beau diriger sur le front des enfants de H ans et des hommes de 60 ans et les traiter « comme du bétail » (aîs vee), ils n'osent élever la voix. Manifestement, leur intervention est subordonnée à la volonté des états-majors et leur influence n'est réelle qu'autant qu'elle est utile à l'ennemi. Continuellement, ils sentent la férule sous laquelle ils ont consenti à se courber. La Zivilverwaltung intervient à tout bout de champ et sans aménité dans leurs affaires. Elle les empêche de délibérer sur ce qu'il leur plaît, lit leur correspondance, leur interdit de contrôler la conduite des Gevolmachtigden. Il est trop clair qu'elle ne les soutient que par intérêt. Elle leur reproche de ne pas réussir à s'imposer à l'opinion malgré l'argent qu'elle dépense en leur faveur. Et par surcroît de malchance, il faut bien s'avouer que plus la guerre se prolonge, plus les sentiments de l'Allemagne elle-même à l'égard des activistes se refroidissent. Après la manifestation du Reichstag en faveur d'une paix sans annexions ni réparations, les socialistes de Berlin ne leur dissimulent plus leur antipathie. Que peut-on leur répondre quand ils demandent comment il se fait que les Flamands, puisqu'ils sont la majorité en Belgique, soient opprimés par les Wallons ? Manifestement la question est aussi embarrassante qu'elle est indiscrète. La brochure que le Raad a décidé de publier pour se tirer de ce mauvais pas n'a jamais paru. Si encore l'activisme constituait un groupe compact et animé du même esprit ! Mais il est travaillé par des dissensions intestines qui afflaiblissent encore son action. Non seulement, comme on l'a déjà dit, le Raad et ses Gevolmachtigden vivent à couteaux tirés, se chamaillant et s'insultant à toute occasion, mais au sein du Raad lui-même les rivahtés de personnes et les tendances opposées des groupes se répercutent de la manière la plus fâcheuse. La majorité des membres du bureau du Raad professent des opinions conservatrices, soit par conviction personnelle, soit pour flatter les « Excellences » allemandes avec lesquelles ils fréquentent. Le H mai, ils proposent de choisir les nouveaux bourgmestres dans le sein de la noblesse. A l'Université de Gand, l'almanach publié par les étudiants cherche à éveiller en eux le sens de la hiérarchie sociale en les initiant à la pratique des titres auxquels ont droit les ministres, les hauts fonctionnaires, l'aristocratie, les simples bourgeois. Mais plus on va et plus parmi les éléments jeunes du parti s'accusent des tendances radicales et démagogiques. Dès le mois de février 1918, beaucoup de propagandistes se vantent d'être des révo- lutionnaires. D'autres déclarent que l'Etat de Flandre sera fondé sur des bases démocratiques. Des manifestes réclament la confiscation des mines du Limbourg. Le 20 février, une brochure répandue à Bruxelles exige que les charbonnages versent 40 millions pour la fondation d'écoles flamandes. S'ils ne s'exécutent pas, « nous trouverons l'argent à l'avenue Louise et dans les banques ». Malheureusement, le parti socialiste repousse dédaigneusement les avances qui lui sont faites. Le Vooruit de Gand refuse de publier le programme d'un soi-disant Vlaamsche Socia-listische Partij qui déclare s'organiser en opposition avec le Raad van Vlaanderen. Dans ces conditions, il est évident que le mouvement est condamné à s'agiter dans la dispersion. Il souffre d'ailleurs d'une curieuse pléthore d'organismes agissant les uns à côté des autres sans discipline commune : le Nationalistische Bond, qui cherche à embrigader la jeunesse en fondant des corps de musique, des ligues de femmes, des salles de lecture, une banque commerciale et qui publie le Vlaamsche Smeder en vue de combattre « tous corps ou personnes qui sont un danger pour l'Etat flamand et de prendre toutes les mesures nécessaires pour anéantir l'influence de ses ennemis à l'intérieur et à l'extérieur »; les Vlaamsche Voorwachten. qui ont organisé des sections à Bruxelles, Louvain, Turnhout, Saint-Nicolas, Tamise, Lierre, Malines, Vilvorde, Contich, Hemixem, Niel, Hoogstraeten, Ryckevorsel, Merxplas, Veerle, Diest, Aerschot, Hasselt et Anvers, et dont le but est de préparer des recrues pour une armée flamande; le Vdj Vlaanderen, association à tendances sociales chrétiennes, qui prétend se substituer aux Boerenbonden; le Vlaamsche Arbeidecs Gemeenschap, qui cherche lui aussi à organiser les ouvriers flamands; la Groeningerwacht, fondée en 1909, et le Nationale Jong Vlaanderen Beweging, qui se propose de fomenter la désertion dans l'armée belge et réclame l'annexion de la Flandre française à l'Etat flamand. En dépit de leur pullulation et de leur agitation, ces groupements font tous plus de bruit que de mal. Le nombre de leurs membres est ridiculement minime. En juin 1918, le N ationalistische Bond ne compte que 4.236 adhérents et la Groeningerwacht que six cent septante-huit. Au milieu de ces efforts désordonnés et des récriminations qui l'assaillent, le Raad van Vlaanderen et les Ge-volmachtigden cherchent à s'illusionner sur leur importance en organisant à l'avance le futur Etat flamand. Ils se font présenter des projets de drapeaux et de timbres-poste, délibèrent sur l'établissement d'une représentation permanente à Berlin, sur l'annexion de la Flandre française, sur le prélèvement, aux dépens de la Wallonie, d'une bande de territoire destinée à servir de couloir entre la Flandre et l'Allemagne. Ils s'occupent encore de l'institution d'une gendarmerie (Rijkswacht) laquelle, par mesure d'opportunisme, portera l'uniforme de la gendarmerie belge, « à cause du respect qu'il impose aux populations ». A côté d'elle fonctionnera une police secrète (Veiligheidsdienst) chargée de surveiller la conduite et de s'informer des convictions politiques des habitants. Enfin, une constitution élaborée par un professeur de l'Université de Leipzig ne laisse subsister que la façade du régime pohtique belge. Des libertés dont elle emprunte la nomenclature à la constitution de 1830, elle a soin d'exclure la liberté des langues et elle ne proclame celle de l'enseignement qu'à (Oand, Bibliothèque de l'Université, ms. 2586.) Reliure du Livre d'or de l'Université llamande de Gand. Relié en cuir repoussé par J. Semey fils, le Livre d'or est signé par cent soixante-six professeurs, étudiants et « personnalités » qui assistèrent à l'ouverture de la première année académique (24 octobre 1916). II se termine par ces mots : De oorlog met zijn zwaard is haar tôt peter geweest. — Moge de genade van den God des Vredes haar eeuwen long beschoren zijn... Hou ende Trou I — Vlaanderen die Leu ! (Elle [l'Université] eut pour parrain la guerre et son épée. — Puisse la grâce du Dieu de la Paix lui être impartie pour des siècles ! — Ferme et Loyal [devise de la ville de Oand] I — Flandre le Lion I), avec un dessin colorié de l'écu de Flandre. condition qu'il soit donné dans la landstaal (langue nationale). Tout cela n'était que viande creuse dont le gouverneur général laissait dédaigneusement les activistes se repaître. Les plus avisés le remarquaient avec dépit. Ils se rendaient fort bien compte qu'en pleine guerre et au milieu de l'oppression du peuple, une politique exclusivement lin-guistisque devait faire long feu. Pour fonder le prestige de l'activisme, il eût fallu des réalités plus substantielles. Les Gevolmachtigden eussent voulu obtenir de l'administration allemande la disposition des charbonnages récemment mis en exploitation dans la Campine. Ils faisaient campagne dans leurs journaux pour les faire céder à l'Etat de Flandre. Mais leur intérêt se heurtait ici à celui des industriels allemands qui avaient tout de suite jeté les regards sur cette riche proie. Un groupe de capitalistes rhéno-westphaliens était en instance pour en obtenir la concession, c'est-à-dire, pour employer l'expression d'un des Gevolmachtigden. pour les « voler » à la Flandre, au risque de rendre « Kapot » la Vlaamsche Beweging. Mais on eut beau protester et supplier, élaborer des plans, proposer une entente avec l'industrie allemande, on n'aboutit à rien. Les aventuriers qui prétendaient représenter la Flandre avaient vraiment trop peu de surface pour se faire écouter des capitaines d'industrie d'Outre-Rhin. Ils furent mieux inspirés en cherchant à enlever au Comité National le ravitaillement de la partie flamande de la Belgique. Se substituer à lui dans ce domaine, c'eût été évidemment détourner à leur profit l'influence et la reconnaissance d'un peuple dont la préoccupation essentielle était celle du pain quotidien. La fondation de la Volksopbeuring, au commencement de l'année 1918, devait travailler à ce résultat. C'était une association sous forme de société coopérative, dont le capital se composait de parts d'un apport de 25 francs et qui comprenait septante sections établies moitié dans la zone des Etapes et moitié dans le gouvernement général. On comprend sans peine que les avantages matériels qu'elle promettait lui aient attiré tout de suite des milliers de clients. De son côté l'autorité allemande lui accordait le bénéfice de la personnalité civile (10 août 1918), et lui allouait une subvention d'un million à prélever sur le budget belge. En Hollande se fondait un Nederlansch Comiteit tôt steun van Volksopbeuring, dont l'archevêque d'Utrecht acceptait la présidence d'honneur. Mais il ne fallut pas longtemps pour s'apercevoir que la Volksopbeuring ne voyait dans la bienfaisance qu'un moyen de pression en faveur de l'activisme. Elle exigeait de ses affiliés une formule d'adhésion au programme du Raad van Vlaanderen, et l'on apprit bientôt qu'elle trempait dans les menées entreprises pour organiser la désertion sur le front belge. Les ministres protecteurs du Comité National ne pouvaient manquer d'intervenir. Ils le firent avec une énergie indignée. Eclairé par eux, l'archevêque d'Utrecht se dégageait. L'administration allemande, craignant de voir l'Angleterre interrompre l'importation des vivres, renonçait à l'espoir un instant caressé d'introduire la séparation administrative dans le ravitaillement du pays. Une fois de plus, elle capitula devant le Comité National. Un essai d'organiser la répartition des charbons en deux services distincts, l'un pour le pays flamand, l'autre pour le pays wallon ne réussit pas mieux. La résistance des charbonniers le fit échouer. Ils ne voulurent pas devenir « un instrument de division et de discorde civile » et menacèrent de se mettre en grève si on prétendait les y forcer. L'activisme se montra donc aussi impuissant sur le terrain économique que sur le terrain politique. L'unité belge, à laquelle il prétendait mettre fin, triompha tout ensemble de ses efforts et de ceux de l'Allemagne. L'influence et le prestige du Comité National grandirent encore par le fait des machinations perpétrées contre lui. En novem- bre 1917, l'administration civile avait espéré en provoquer la scission en lui imposant l'emploi du flamand pour la correspondance avec les provinces flamandes. Devant les protestations des ministres neutres, il fallut de nouveau retirer la mesure et se contenter de la promesse de joindre une traduction aux procès-verbaux des réunions hebdomadaires du Comité envoyés dans la région flamande. Cependant la censure laissait la presse activiste déverser sur le Comité les attaques et la diffamation. Elle l'accusait avec fureur de n'être qu'une, association d'intrigants, de profiteurs, d'ambitieux, de pohticiens et d'ennemis de la Flandre, et elle suppliait l'autorité allemande de passer le balai dans cette écurie. Le scandale en arriva au point qu'au mois de septembre 1918, les ministres protecteurs durent s'élever officiellement contre « la campagne de méchancetés et de calomnies menée par le parti activiste contre l'œuvre de ravitaillement et de secours patronnée par les gouvernements neutres, et qui trouve, nous dit-on, un appui chez certains fonctionnaires du gouvernement impérial ». Ils se plaignaient qu'en tolérant et même en favorisant les attaques contre le Comité National, la censure allemande portât atteinte à leur caractère de neutralité. « Nous avons la certitude que nos gouvernements seraient vivement émus d'apprendre que l'œuvre humanitaire internationale à laquelle ils accordèrent leur protection est transformée en Belgique en un enjeu de politique intérieure. » De dépit, les Gevolmachtigden pensèrent à proclamer que l'Espagne et la Hollande avaient cessé d'être des puissances amies. Mais le chef de la Politische Abteilung promit aux ministres de calmer l'effervescence de la presse. Sur ses conseils, ils firent passer aux journaux une note stigmatisant la conduite de ceux qui, « dans les circonstances difficiles que le pays traverse, calomnient systématiquement des hommes qui se dévouent depuis quatre ans avec le plus grand désintéressement au soulagement de leurs concitoyens et cherchent à détruire la confiance méritée que la population doit avoir en eux pour leur permettre de mener à bien la tâche difficile qu'ils ont acceptée dans un esprit de pure solidarité sociale ». Le Comité National, au milieu du débordement de la colère impuissante de ses ennemis, sentit plus que jamais l'importance de sa mission morale. Il avait pleinement conscience de son rôle en se proclamant, « à l'heure actuelle, le seul lien qui joigne encore les deux tronçons de la patrie séparée par des mains criminelles ». NOTES (1) Même au point de vue linguistique, la balance n'est pas égale entre les deux régions. En Flandre, l'emploi du français est banni; en Wallonie, au contraire, l'usage du flamand est autorisé dans les rapports entre l'administration et les administrés, J. Pirenne et M. Vauthler, op. cit., p. 109. (2) Ils furent désignés le 5 janvier. Auparavant une Oberkommission composée du bureau du Conseil de Flandre et de hauts fonctionnaires allemands avait rempli leur office. (3) Un seul, vu son grand âge et son état de santé, fut remis en liberté. (4) C'est le nom que porte l'antique constitution brabançonne de 1356 restée en vigueur jusqu'à la fin du XVIII» siècle. (5) J. Pirenne et M. Vautliier, op. cit., pp. 113 et suiv. (6) Les chargés d'affaires auraient voulu se fixer à La Haye et chercher à s'y mettre en rapports avec les « passivistes ». Le gouvernement allemand ne le leur permit pas. Il est intéressant en revanche de constater que, quelques jours avant de quitter Bruxelles, le gouverneur général préleva sur les fonds du Ministère belge de l'Intérieur une somme de 10 millions de francs à déposer à la Reichsbank de Berlin pour continuer la Flamenpolitik après la guerre. (Anvers, Archives de la Ville, P. 24, négatif 524'°.) Retraite des troupes allemandes à travers Anvers (12 novembre 1918). CHAPITRE X LA DEBACLE 'ADMINISTRATION imposée par l'Allemagne à la Belgique n'était que la conséquence de la victoire. Elle devait crouler avec la défaite et elle le fit tout d'une pièce et d'un seul coup. De cette œuvre longuement et minutieusement élaborée, rien ne subsista. L'occupant s'était flatté que l'excellence de son organisation pousserait au moins les Belges à en conserver quelques parties. Mais telle était la haine qu'il avait amassée qu'elle fut arrachée jusqu'aux fondements et que sa disparition fit reparaître dans leur intégrité, la constitution et l'administration du pays qu'elle avait écrasées pendant quatre ans. Jamais peut-être une occupation aussi longue, aussi systématique et aussi envahissante n'aboutit à un néant aussi complet. Matériellement le pays était ruiné, moralement il restait intact. Il faut rendre cette justice à l'administration allemande qu'elle ne s'illusionna pas sur les sentiments qu'elle avait provoqués. Elle ne fit aucune tentative pour s'entendre avec les Belges, pour régler de commun accord avec eux les modalités de l'évacuation et établir un régime transitoire. Elle abandonna le pays comme on déménage d'une 1! iiH (Anvers, Archives de la Ville, P. 24, négatif 525.) « Conseil de soldats » allemands devant la gare centrale d'Anvers (novembre 1918). maison occupée sans bail. Et même, à vrai dire, son départ ressembla singulièrement à une fuite. Si elle s'aboucha avec les vainqueurs pour faciliter la retraite de ses armées, elle sembla ignorer les pouvoirs nationaux qui subsistaient encore, c'est-à-dire les administrations communales. Dès le 11 octobre, elle faisait enlever les drapeaux allemands arborés aux façades des bâtiments publics depuis 1914; elle ordonnait de brûler la partie de ses archives qu'elle ne pouvait emporter, elle licenciait les fonctionnaires belges à son service, évacuait les membres du Conseil de Flandre vers l'Allemagne, fermait les portes de ses innombrables bureaux, prescrivait à l'Université de Gand, qui s'était rouverte le 15 octobre, de cesser ses cours. Le 12 octobre, des sénateurs et des députés avaient envoyé une adresse au chancelier Max de Bade, pour réclamer « au moment oîi semble se lever une Allemagne nouvelle, la fin d'une politique de conquête et d'oppression », l'abandon de la « vaine et détestable entreprise » de séparer la Belgique entre Flamands et Wallons, la suppression des Zentralen et des réquisitions, l'arrêt de la démolition des fabriques, enfin la réintégration des déportés. Tous ces griefs disparaissaient d'eux-mêmes. Sans même en attendre l'ordre, les agents allemands abandonnaient leurs postes. Aucun service ne fonctionnait plus. La débâcle était plus rapide et plus foudroyante que les plus optimistes ne l'avaient osé rêver. C'était un effondrement. Les prisonniers politiques voyaient les prisons s'ouvrir; les déportés rentraient au pays au milieu des acclamations, croisant dans les rues des soldats débandés et des charrois militaires filant vers l'Allemagne. Cependant le désarroi de l'ennemi rendait la situation singulièrement difficile. Refoulées par la retraite allemande, des bandes lamentables de réfugiés et d'évacués arrivaient des départements du Nord et des Ardennes, du Hainaut et des Flandres. Aucune mesure n'avait été prise à leur sujet. Il fallut que le Comité National, les administrations communales, les associations charitables fissent des prodiges pour les héberger, les nourrir, soigner les malades, hospitaliser les vieillards et les enfants. La révolution allemande, au commencement du mois de novembre, faillit déchaîner une catastrophe. La disciphne militaire disparut parmi les troupes des garnisons et des dépôts. Le drapeau rouge fut hissé sur les casernes et des Conseils de soldats prétendirent s'emparer du pouvoir. Durant un moment, ils s'efforcèrent d'entraîner dans leur mouvement les socialistes belges. L'accueil qui leur fut fait à la Maison du Peuple de Bruxelles dissipa nettement leurs illusions. En face de l'Allemagne divisée contre elle-même, les Belges formaient un front unique. L'unanimité de leur résistance pendant la guerre survivait à la paix. Durant quelques jours, étonnés et perplexes, ils assistèrent aux combats de rues entre troupes révoltées et troupes (Cimetière Militaire de Saint-Symphorien. ) (Cliché Lefrancq.) Pierres tombales du soldat canadien G.L. Price tombé au champ d'honneur, sur le sol belge, le 11 novembre 1918 à 10 h. 58. O.L. Price fut enterré d'abord au cimetière communal d'Havré puis au cimetière de Saint-Symphorien (près de Mons). C'est très probablement le dernier soldat allié mort au combat, deux minutes avant l'armistice. (Bruxelles, Musée Royal de l'Armée.) Le Roi-Chevalier. Dessin signé (Joseph) Nuyttens (né à Anvers en 1880) et daté de (19)18. (Cliché Jacobs.) . ■ î p ! , ■ h; I f ■''ii; il' ■ M / 'i 1 I El '11,' A : li-V' uy}' h): ■ "ir 1 • 'fmir (le colonel), T. n: 327. 366. Bnnp"' homme politique français, T. IV : 164. Bandol (Jean de), voy. Henne-quin de Bruges. Banki-Bazar, dans le Bengale, T. m : 110. Banning (Emile), T. rV : 227, 231. Bapaiime, dép. du Pas-de-Calais, arr. d'Arras, T. n : 412. Bara (Jules), T. rV : 184. Barbancon (Albert de Ligne, prince de), T. n: 399, 403, 404. Barbaris (Jacques de), architecte Italien, T. n : 178. Barbençon. arr. de Charleroi, T. n: 472 n. Bardono, (Lambert), échevin d'Ypres, T. 1: 242 n. Bari (les), marchands wallons à Anvers, T. n : 158. Barlandus (Adrien), humaniste, T. n : 176, 238 n. Bnr-le-Duc. dép. de la Meuse, T. m : 14. — T. rv : 299. Barlemont (Noël), grammairien, T. n : 190. Barnardiston (le colonel), T. IV : 241. Barot (Odilon), T. IV: 71. Barrère, conventionnel, T. EŒ : 300. Barrct (J.A.), chanoine, T. m : 395. Barrot, ministre de France à Bruxelles, T. rV: 97. Bar-sur-Aube, T. 1: 176, 205. Bar-sur-Seine, T. II: 32, 42. Bartels (A), Journaliste, T. ni: 463, 464, 482. — T. IV : 32, 39, 42, 76. Bassano (le duc de), T. IV: 34 n. Bassenge (les), démocrates liégeois, T. m : 297, 331, 359. Bassenge (Jean-Nicolas), homme politique liégeois, T. m : 181, 193, 257-260, 262, 266, 341, 370. Bassenge (Lambert), T. m: 346, 386. Hast (M.J. de), érudit, T. m : 390, 473. Bastiat (Frédéric), T. IV : 102, 190. Batembourg. près de Bois-le-Duc, T. n: 255. Batenberg (Jean de), anabaptiste, T. n : 207. Batbvani < rharles-Joseph, comte de), T. m: 135. Barthélémy (Anne de), carmélite, T. n : 468. Bassigny (le sire de), T. H: 342, 388, 389. Baudelaire (Charles), T. IV: 160, 166. Baudouin, archevêque de Trêves, T. 1: 265. Baudouin, Jurisconsulte français, T. : n : 263 n. Bim-lon n (le faux), T. 1: 149, 229, 243 n. Baudouin (le prince), neveu de Léopold II, T. rv : 238. Baudouin I""-, comte de Flandre, T. I : 46 47. 72. 80 8^ Baudouin n, comte de Flandre, T. I : 47, 72. Baudouin IV, comte de Flandre, T. I : 66, 73, 74. Baudouin V (de Lille), comte de Flandre, T. I: 61, 62, 74, 79, 86, 87. Baudouin VT, comte de Flandre, T. I : 62, 76. Baudouin Vn, comte de Flandre, T. I: 80, 87, 312. Baudouin Vm, comte de Flandre, voir Baudouin V, comte de Flandre et de Hainaut. Baudouin IX, comte de Flandre, voir Baudouin VI, comte de Flandre et de Hainaut. Baudouin n, comte de Hainaut, T. 1: 95. Baudouin V, comte de Flandre et de Hainaut, T. 1: 105, 140, 142, 144, 146-148, 155 n., 172, 204, 209, 210, 261, 297, 372. Baudouin VT, comte de Flandre et de Hainaut, empereur latin de Constantinople, T. 1: 148-151, 172, 197, 204, 209-211, 219, 269. Baudouin H, comte de Gulnes, T. I: 210, 213. Baudouin d'Avesnes, T. 1: 211. Baudouin de Condé, poète, T. I : 210. Baudouin de Courtenay, comte de Namur, T. 1: 167. Baudouin Baidzo, tuteur d'Ar-noul II de Flandre, T. 1: 73. Bautersem, arr. de Louvain, T. IV : 26. Bauwens (industriel), T. ni: 372, 379, 382, 384, 397, 414. — T. IV : 155. Bavai, dép. du Nord. arr. d'Avesnes, T. I: 19, 20, 23, 121. — T. H: 93, 185, 189. — T. m : 25. Bave (Josse), secrétaire au conseil privé, T. n : 251. Baven (Claes), échevin de Bruges, T. 1: 295 n. Bavière (Charles-Théodore, duc de), T. m : 126. Bavière (Clément-Auguste), électeur de Cologne, T. m : 179. Bavière (Ernest de), évêque de Liège, archevêque de Cologne, T. n : 369, 370, 394, 428-431, 4.34 439 n — T. ni: 82. 87 175. Bavière (Ferdinand de), évêque de Liège, archevêque de Cologne, T. n : 431-438. — T. m : 80, 81. Bavière, Jean-Théodore del. évêque de Liègp. t. ni: 177. "iRO. Bavière (Joseoh-Clément de),évê-qile de Liège, T. ni : 57, 66, 79, 91-93, 175, 179. Bavière (Maxlmillen-Emmanuel, électeur de), gouverneur des Pays-Bas, T. m : 28, 30, 32, 33, 41-44, 50, 57-59, 65-67, 74, 77, 78 n., 91-93, 102, 105, 106, 108, 126, 160. Bavière (Maximllien-Henri de), évêque coadjuteur de Liège, T. II : 368, 438. — T. m : 15, 22, 29, 79, 80-90, 175, 259, 281. Bavière, voy. aussi Albert, Henri, Jean, Guillaume. I il Bayard, homme de guerre français, T. n : 65. Béatrice de Toscane, femme de Godefrold le Barbu, T. I: 62, 79. Beaucaire (la foire de), T. IV : 18. Beaucamps, dép. du Nord, arr. de Lille, T. n: 257. Beaufort (le comte de), T. m: 207. Beaufort (le duc de), T. m : 399, 407, 409, 410. — T. rv: 32. Beauharnais (Eugène de), T. FV : 13, 16, 34 n. Bcaujeu, voy. Anne, Pierre. Beaujonc, houillère, T. m : 380. Bcaiilieu, général autrichien, T.m : 294, 313. Beaumont, arr. de Thuln, T. m : 28, 125, 145, 253. Beaumont, en Argonne, dép. des Ardennes, T. 1: 201 n. Beauneveu (André), artiste, T. I : 491-493. Beaurains, arr. de Dînant, T. HT : 251. Beauvais, T. I : 420, 423. Beau valet (Jean), chapelain de Sainte - Gudule à Bruxelles, T.n: 225. Beauvoir (Philippe de Lannoy, sire de), T. n : 281. Bccardus, archlprêtre de Fûmes, voy. Brundus (Rlchardus). Beck (Jean), baron de Beaufort, homme de guerre, T. n : 414. Bedfort (le duc de), voy. Jean Plantagenêt. Bedmar (Alonso de la Cueva, marquis de), T. n : 400, 401, 477. — T. m : 58-60, 64, 64 n., 66. Beeckman (Guillaume), bourgmestre de Liège, T. n : 433. Beernaert (Aug.), T. IV : 193, 197, 200, 202. 204, 206, 208, 209, 224, 227, 231, 232, 243. Begge (Sainte), T. I: 35, 222 n. Bedon (le baron de), T. m: 144, 212. Beirendrecht, arr. d'Anvers, T. I : 191. Belgiojoso (Louis-Charles, comte de), T. m: 130, 135, 140 n., 197, 204. 211. 217. 220. 221, 256. Belgrade, T. m : 30, 222. Bellarmin (le P. Robert), T. H: 466. BpIIp (Christine), bourgeoise d'Ypres, T. 1: 242 n. Bellechose (Henri), artiste, T. I: 491, 493. Bellemare, commissaire de police, T. m : 399. Belliard (le général), T. IV: 18, 21, 22. Beloeil, arr. d'Ath, T. m.- 145, 168. Bender, général autrichien, T. m : 226, 250, 273, 274, 281, 294, 295, 313 Beneden (J.-B. et Kd.), T. IV : 171, 248. Benedetti, diplomate français, T. IV: 132, 138. Beneke (Paul), pirate allemand, T. 1: 494. Benezech, ministre français, T.m: 372. Benoît (Peter), T. IV: 162. Benoît xm, pape, T. I: 396. Benoît XIV, pape, T. ni : 162. Bentivoglio (Le Cardinal Gui), nonce du pape à Bruxelles, T. n : 393, 400, 482, 508. — T. m : 133. Berbice, T. m : 414. Berchem, près d'Anvers, T. m : 508, 510. Berchem (Roland van), luthérien, T. n : 201. Berchmans (Jean), Saint, T. H: 470. Bérenger, comte de Namur, T. I : 64. Bérenger, évêoue de Cambrai, T. I : 52, 110. Bérenger, évêque de Verdun, T. I: 52. Berg (le comte van den), T. n : 255. Berg (Guillaume van den), beau-frère du prince d'Orange, T. n : 281, 287. Bcrgaigne (Joseph de), archevêque de Cambrai, T. H : 416. Bergeyck (le comte de), T. m : 24, 25 38, 41-43. 59, 60. 62, 63, 67, 70, 71, 108, 110, 147. Bergh (le comte Henri de), T. n : 391, 399, 402-404, 408, 433, 436. Berghe (van den), architecte, T. U: 185. Berghes (Adrien de), dit Dolhain, T. II: 280, 338. Berghes (Alphonse de), archevêque de Mallnes, T. m : 48. Berghes (Georges-Louis de), évêque de Liège, T. m: 177-180, 190, 265. Berghes (Robert de), évêque de Liège, T. n : 420, 422, 424, 460. T. ra : 189. Berghes (le marquis de) [Jean de Glymesl, T. n: 170 n., 237, 238 n., 244, 246, 250, 254, 272. Berghes (le sire de) [Jean de Berghes], T. II: 238n. Berghes, voy. aussi Antoine, Corneille, Henri, Maximllien, Robert. Bergman (Georges), T. m : 481. Berg-op-Zoom, T. 1: 468, 474, 496, 498. — T. n : 168. 169 n., 171 n., 205, 368, 369, 388, 398, 416, 447. — T. m : 124, 402. Bergues-Saint-Winnoc, T. 1: 90, 196, 241, 303, 304, 306, 308, 465. T. II: 141, 143, 145, 169 n., 170 n., 362, 364, 502, 562. — T. m: 14, 16, 19. Bériot (Ch. A. de), violoniste, T. : m : 391. — T. IV : 162. Berkel (Th.-Victor van), graveur, T. m: 172. Berlaymont (Charles, comte de), T. H: 226, 228, 235, 236, 247, 253, 255, 259. — T. IH : 269, 276, 292, 297-299, 302, 315, 384. Berlaymont (Charles, vicomte de), T. m: 463. Berlaymont (Florent, comte de), T. n : 374 n., 468. 483. Berlaymont (Louis de), archevêque de Cambrai, T. H : 429. Berlin, T. m : 428. — T. IV : 83, 198, 322, 323, 326, 340, 345, 363, 376, 396, 414. Bemardiston (colonel), T. IV : 284, 303. Bernadotte, général français, T. m: 313, 366, 402. Bernardin de Sienne, réformateur religieux, T. 1: 498. Berne, T. 1: 421. — T. HT : 372. Bernier (les frères), conseillers du comte de Hainaut, T. 1: 330. Bernin (G.-L.), artiste, T. m: 170, 190. Berryer (Pierre), avocat, T. III: 399, 400. Bertha de Hollande, reine de France, T. 1: 76. Bertholet (Laurent), jurisconsulte liégeois, T. n : 439 n. Bertholet (le P. Jean), historien, T. m : 160. Berthout (les), marchands wallons à Anvers, T. H : 158. Berthout (les), seigneurs de Ma-lines, T. I: 268, 336. Bertrand (Louis), T. IV: 186 n. Bertrandon de la Broquière, voy. La Broquière. Bertuin (Saint), T. 1: 38 n. Bertulphe, prévôt de Salnt-Dona-tien à Bruges, T. 1: 106 n. Berwick, T. 1: 200 n. Berzeele (le sire de), T. II: 327, 342. Besançon, T. 1: 383. — T. m : 395 Bethléem, T. 1: 389 n. Bethmann - Holweg, T. IV : 389, 406. Béthune, T. I: 211, 952, 255. — T. n : 36. 47, 255, 339, 340, 413, 462. — T. ra: 67, 77. Béthune-Charost (le comte de), T. m : 292. Beudens (Olivier), inquisiteur, T. H : 202. Beurse (les van der), famille bru-geolse, T. 1: 482 n. Beuterich (le Docteur), con-selller du palatin Jean-Caslmlr, T. n : 346. Beveren, arr. de Courtrai, T. I : 192. Beveren, dans le pays de Waes, T. n : 366. — T. m : 26. Beveren (le sire de), voy. Adolphe et Philippe de Bourgogne. Beveren (Victor Van), T. IV : 184. Bevershoutsveld, arr. de Bruges, T. 1: 192. Bex (Pierre de), bourgmestre de Liège, T. n : 436, 437. — T. En : 80, 81. Bexon (C.L. de), évêque de Namur, T. m : 394. Beyts (J.F.), préfet, T. m : 361. Bèze (Théodore de), réformateur, T. n : 242, 301. Biervliet (Christian van), marchand brugeols, T. 1: 295 n. Bignon (L.P.E.), homme politique français, T. m : 515. Bijns (Anna), poétesse flamande, T. II : 182, 188. Binche, T. I: 18, 180, 338. — T. n : 74, 93, 147, 186, 195, 327, 394. — T. m : 20, 25, 253. Binder (baron von), diplomate autrichien, T. m : 425, 452 n. Biolley (R.), T. IV : 78, 155. Birmingham, T. H : 142. Blrnbaum, préfet des Forêts, T. m : 363. Biron (Armand de Gontault, sire de), T. n : 362, 364. Blron (le duc de), général français, T. ni : 294. Birten, près de Xanten, T. 1: 45. Bismarck (le prince de), T. rV : 99, 123, 132, 133, 138, 142, 239, 303. Bissing (von), T. IV : 318, 322-325, 354, 356, 360 n., 363-365, 372-374, 378-382, 385, 386, 391, 393, 396, 398, 406, 407, 410. Bladelin (Pierre), trésorier de Philippe le Bon, T. I: 386, 478, 494, 497, 498, 502 n. Blanc (Louis), T. IV : 251. Blanche de Castille, reine de France, T. 1: 155. Blanche de Valois, femme de l'empereur Charles IV, T. I : 266. Blankaerden, lignage brabançon, T. 1: 441. Blankenberghe, T. 1: 190, 192. — T. II : 370, 409. — T. in : 77. Blnrgnies, membre du Congrès, T. ni: 523. Blauhuys, château de Marc Lau-rln, près de Bruges, T. n : 182. Blenheim (la bataille de), T. m : 58, 66. Blocq (le P. Jean du), T. n: 516. Bloemardinne, hérétique, T. I : 502 n. — T. n : 193. Blois, T. H: 49, 50. Blois (Louis de), abbé de Lles-sles, T. H: 195, 458. Blomberg (Barabara), T. n : 309. Blommaert (Ph.), T. IV : 175. Blondeel (Lancelot), peintre, T. n : 184. Bloyere (Henri de), bouremestre de Bruxelles, T. H: 302, 312. Bobadilla, capitaine espagnol, T. n : 368. Bocholt, chanoine de Liège, T. m: 91. Bodel (Jean), poète, T. I: 209. Bodin (Jean), écrivain français, T. n : 374 n. — T. ra : 38. Boduognat, roi des Nervlens, T. 1: 18. Boendale (Jan van), poète brabançon, T. I: 216. 264, 485, 486. Boghen (Louis van), architecte, T. n : 55, 105, 185. Boine Broke (Jean), marchand douaisien, T. 1: 292. Boislecomte, ministre français à Bruxelles, T. rV : 34 n., 54 n. Bois-le-Duc, T. 1: 199. — T. n : 19, 81. 168, 175, 178. 196, 232, 234, 255, 257, 261, 275, 298, 351, 359, 366, 369, 399, 401, 402, 410, 414, 416, 420, 452, 453, 456, 458, 460, 462, 470. — T. ra : 49, 172, 182, 451, 468. Bois-le-Duc (Nicolas de), érudit, T. H: 199, 201. Boisot, gentilhomme belge, T. n : 242. Boisschot (Jean-Baptiste de), membre du Conseil privé, T. n : 302. Bolssy d'Anglas, T. ra : 337. Bollandus Oe P. Jean), T. H : 466. Bologne (Jean de), sculpteur, T. Il: 186. Bologne (Thomas de), architecte Italien, T. n : 192 n. Bolsward, T. H : 78. Boma (Congo), T. IV: 231. Bommel (Zaltbommel), prov. de Gueldre, T. Il: 384. Bommel (C.R.A. van), évêque de Liège, T. m : 457. Bommenede, prov. de Zélande, à l'ouest de Brouwershave, T. n : 295. Bomy, près de Thérouanne, T. n : 77. Bonaparte, voy. Napoléon. Bonaparte (Lucien), T. m: 357. Boniface Vra, pape, T. I: 207, 241, 249, 251. Boniface IX, pape, T. 1: 395. Bonivet (Henri Gouffier, sire de), agent du duc d'Anjou, T. n : 312. Bonn, T. 1: 19, 52, 160. — T. III : 75, 249. — T. rv : 176. Bonne d'Artois, femme de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, T. 1: 375. Bonne de Bourbon, nièce de Philippe de Valois, roi de France, T. 1: 345. Bonneval (le comte de), T. III : 105. Bononi (Jean-François), évêque de Verceil, nonce du pape à Cologne, T. n : 430, 456. B'onvlsi (les), marchands de Luc-ques à Anvers, T. n : 157. Boonen (Jacques), archevêque de Mallnes. T. II : 402. 407. 408, 412, 413, 466. — T. ra : 46, 47, 118. Borcette, près d'Aix-la-Chapelle, T. in : 194 n. Bordas-Dumoulin, T. IV : 76. Bordeaux, T. n : 357. Borgerhout, faubourg d'Anvers, T. n : 280, 345, 358. — T. ra : 508. Borluut (Jan), patricien gantois, T. 1: 248. Biirne (Louis), poète allemand, T. ra: 483. Bornhem, arr. de Mallnes, T. I : 65, 94, 332. Borselen (les), nobles hollandais, T. I: 347. Borselen (Frans van), mari de Jacqueline de Bavière, T. I : 377. Bosch (Jérôme), peintre, T. II : 187. Bosch (du), démocrate gantois, T. ra : 359. Bossche (Pierre van den), homme politique gantois, T. 1: 366. Botta-Adorno (Antoine, marquis dp1, T. m: 98, 128, 135, 1.36, 140 n., 147, 148, 162. Bouchain, dép. du Nord, T. I : 338. — T. n : 404. — T. III : 24, 25, 67. Bouchard d'Avesnes, mari de Marguerite, comtesse de Flandre et de Hainaut, T. I: 164. Bouchante, arr. d'Eecloo, T. I : 82 n. Bouchaute, en Zélande, T. ra : 26. Bniifflors Clp maréchal de). T. nt: 29, 30, 32, 57, 59, 60, 66, 67, 91, 123. Bougeant (le P.), T. III : 190. Bouillon, T. I: 59, 95, 389 n. — t. n : 77 — T. m : 84-86. 92, 119 n., 193, 327, 416. Bouillon (Henri de la Tour d'Auvergne, duc de), T. n: 373. Bouillon (Frédéric-Maurice de la Tour d'Auvergne, duc de), T. n: 406 n. 415 435. Bouges, arr. de Namur, T. n : 330, 358. Boulanger, Ingénieur, T. ra : 42. Boulogne, T. I : 19, 23. — T. n : 238 n.. 386. — T. IV : 293. Boulogne (Robert de), fonctionnaire bourguignon, T. 1: 501 n. Bourbourg. dép du Nord, T. I : 65, 88, 190, 196, 241. — T. ra : 16. Bourg-en-Brease, T. II : 54, 55. Bourges, T. n : 102, 228. Bourgogne (Louis, duc de), petlt-flls de Louis XIV, T. in : 58. Bourgogne, voy. Adolphe, Charles le Téméraire, David, Jean, Marie, Philippe le Bon. Bourlgnon (Antoinette), T. Il : 470. Bournonville (Alexandre de Hé-nin-Liétard, duc de), T. H: 403, 404. Bousbecnue, dép. du Nord, arr. de Lille, T. I: 353. Boussu, arr. de Thuin, T. 1: 57. T. Il : 120. Boussu (Jean de Hénin-Llétard, comte de), T. Il: 217, 280, 281, 288, 313, 321, 341. Bouteville, commissaire de la Ré-DuhliQue en Belgique. T. ra : .331-.336, 338, 348 n., 372. Boutillier (Jean), Jurisconsulte, T. 1: 4R3 n. Bouts (Thierry), peintre, T. I: 493. Bouvignes. T. I: 400, 401, 408, 432. — T. n : 93, 493. — T. ni : 28, 154, 273, 294. Bouvines, entre Lille et Tournai, T. I: 117, 149, 154, 157, 158, 160, 168, 224, 249. — T. UI : 292. Bovy, cabaretier à Spa, T. UI : 258. Boven (Guillaume), sculpteur, T. D: 186. Brabant, voy. Jean, Wenceslas. Bracamonte (Gonçalo de), officier espagnol, T. Il : 269. Braeckenier, Journaliste, T. III : Braelieleer (H. De), T. IV: 160. Bralne-le-Comte, T. m : 253. BraHSchaet, arr. d'Anvers, T. II : 87. Bray (Gui de), pasteur calviniste, T. II : 212 n., 240, 241, 251, 252, 260, 261. Brazza (Savorgnan de), T. IV: 226. Bréda, T. II: 168, 205, 229, 230, 235, 251, 293, 294, 297, 302, 305, 322, 344, 370, 398, 408-412, 414, 416, 447, 461, 462. — T. UI : 66, 123, 238, 239, 242, 306. Brederode (les), nobles hollandais, T. I : 347. Brcderodo (Henri, baron de), T. II : 231, 238 n., 252, 260, 261, 263 n., 272. Breedene, arr. d'Ostende, T. II : 388. — T. m : 476. Bresson, agent français à Bruxelles, T. IV: 16, 18, 34 n. Brest-Litovsk, T. IV : 414. Bretaene, voy. Anne, François II. Breuche de la Croix, écrivain, T. II : 514. Brèze (Urbain de Maillé-Brézé), maréchal de France, T. II : 410. Brialmont (le général H.), T. IV : 124 n. Brialmont (le général M.), T. IV : 98, 99, 128, 212, 224, 239, 240, 292. Briavoinne (N.), T. IV: 53, 75. Brigode, secrétaire de dom Gerbe-ron, T. m : 64. Brimeu (Marie, comtesse de), T. II : 452. Brisac, T. I : 421. Bristol, T. 1: 325 n. Brizé-Fardin, chimiste, T. III : 391. Brizueia (le Père Inigo de), évê-que de Ségovie, T. n : 392, 400, 476. Brockhaiisen (baron von), diplomate prussien, T. III : 430 n. Broederlam (Melchlor), peintre, T. 1: 493, 502 n. Broederlam (Pierre), échevin d'Ypres, T. I: 242 n. Broglie (Maurice, prince de), évê-que de Gand, T. III : 394-396, 402 n., 411, 426, 432, 433, 438-440, 448, 451, 457, 461. Brogne, arr. de Namur, T. 1: 64, 65. Brocqueville (le comte de), T. IV :, 243. ' Brosius (le P.), T. III : 209, 242, 246. Brou, près de Bourg-en-Bresse, T. n : 54, 55, 71, 185, 186. Brou (Alexandre de), T. m: 238, 254 n. Brou (Colonel de), T. III: 240. Brouckère (Ch. de), T. III: 456, 459. 460, 523. — T. IV : 19. Brouckère (Henri de), T. IV : 96, 112, 113, 116, 269. Brouwer, avocat bruxellois, T. III : 254 n. Brouwershaven. dans l'Ile de Schouwen, Zélande, T. 1: 377, 387. — T. II : 295. Bruegel (Pierre), peintre, T. II : 185, 187, 515. Bruges, T. 1: 37 n., 46, 72, 77, 88, 89, 104, 119, 123, 124, 127, 128, 135-137, 143, 150, 152, 154, 169-173, 175-177, 180-182, 184, 192, 198, 202 n., 205, 217, 218, 220, 227, 230, 232-235, 239-241, 245-248, 251, 252, 254, 255, 260, 280, 284, 287, 290-293, 295 n., 297, 298, 300-306, 309, 310, 310 n., 314, 315, 319, 322, 324, 330, 339, 346, 352, 354-360, 362, 366, 367 n., 380, 382, 387, 388, 391, 409, 415, 417, 432-439, 460, 462, 465-468, 471-476, 491, 493, 494, 496-498, 501. — T. II : 20, 23, 25, 27. 42 n., 63, 71, 82, 85, 100, 117, 124, 135-140, 142, 144-147, 152, 153, 157, 158, 160, 165, 166, 172 n., 175, 182, 185. 186, 188, 191, 232, 234, 244, 262 n., 279, 304, 334, 344, 352, 364, 365, 369, 388, 412, 413, 426, 446, 452, 453, 455, 456, 459-461, 468, 490, 492, 496, 498, 501, 502, 516. — T. in: 20, 39, 66, 67, 71, 72, 110, 111, 123, 138, 139, 141, 147. 151, 152, 154, 172, 214, 239, 298, 303, 305, 306, 313, 326, 358, 383, 388, 400, 402, 451, 476, 481, 488, 496, 504, 509. — T. rv : 80, 113, 116, 149, 193, 199, 240, 262, 264, 265, 373, 396. Brugman (Jean), mystique, T. I: 500. Bru^hl, près de Bonn, T. ni: 79, Brully (Pierre), pasteur calviniste, T. II : 240, 262 n. Bru^n (Adolphe), diplomate, T. H : Brundus (Richardus), pseudonyme de Jean Beckaert, théologien, T. n : 400, 479. Brune, général français, T. m : 347. Brunon, archevêque de Cologne, T. I : 50-54, 57, 60, 109, 110. — T. n : 233. Brunswick (le duc de), général prussien, T. m : 294, 295. Brusthem, près de Saint-Trond, T. I : 409, 439. Bruxelles, T. I : 58, 121, 127, 137, 150, 153, 162, 175, 185, 186, 199, 218, 267, 283-286, 337, 344, 348, 371, 373, 409-412, 431-435, 443 n., 451, 458, 459, 462, 465, 468, 470, 476, 491, 493, 494, 496-498, 500, 501. — T. n : 18, 25, 39, 40, 44, 51, 54, 58, 61, 63, 64, 74, 75, 77, 81, 88, 93-95, 101, 103, 106, 112, 114, 117, 125, 126, 131 n., 140, 146-148. 153, 161, 162, 168, 175, 184, 185, 187, 195, 201, 203, 205, 215-217, 219-221, 225-229, 231, 234, 235, 237, 244, 248, 249, 251, 252, 255, 257-260, 262, 263 n., 268-270, 273, 274, 277-279, 281. 282, 288, 290-292, 295, 298-300, 302, 304-306, 310, 312, 314, 315, 319-321, 323-328, 333-335, 338, 339, 342, 350-354, 364-366, 371, 373, 378, 381-384, 386, 387, 391, 393-395, 397-402, 404, 405, 407-410, 412, 413, 420, 425, 427, 428, 435, 436, 449, 456, 458, 459, 461, 462, 468, 477, 482, 491-493, 496, 497, 499, 502, 516. 518 n. — T. III : 11, 17-19, 22, 23, 27, 29, 30, 32, 33, 37-44, 49, 51, 56, 58, 60, 63, 64, 66-68, 72, 74, 81, 84, 85, 97, 100, 101, 104-109, 114, 115, 117, 118, 122-124, 128, 130, 134-138, 140, 142, 147, 149, 152-154, 160-162, 165, 167, 168, 170, 172, 173, 176, 178, 182, 184, 188, 192, 193, 197, 201, 204, 211-216, 219-222, 225, 226, 229-232, 238-242, 244-250, 252, 253, 255, 256, 258-260, 262, 269, 274, 276, 277, 279-281, 292-300, 302, 303, 305, 307-309, 313, 315, 317, 318, 320, 322 n., 323, 326, 330-332, 338, 344, 345, 348 n., 357, 360, 361, 363, 368, 370, 372-374, 386, 388, 395, 399-402, 406, 408-410, 412, 414-416, 420, 425, 426, 429, 431, 432, 436, 437, 440, 443, 444, 446, 448, 451, 456, 457, 461, 464, 468, 469, 473-476, 481-484, 486-497, 499, 507. 512. — T. I\' : 12-16. 18, 20, 22. 23. 27, 32. 33, 41-43, 46, 48, 57, 60, 62, 67, 71, 76, 82, 83, 85, 90, 92, 95-97, 102, 115, 119, 130, 132, 137, 139, 144, 145, 149, 152, 155, 159, 162, 164, 166, 170, 176, 178, 181, 184, 190, 192, 194, 200, 202, 211, 214, 215, 225-229, 232, 234, 238, 239, 241, 247-ffi2, 264-266, 281-283, 286, 292, 298, 300, 305, 309, 312, 316, 320, 323, 325, 343-346, 349, 352-354, 356-358, 363, 364, 375, 376, 380. 387, 389 396. 403, 405, 409, 411, 416, 422, 424. Bruxelles (Philibert), membre du Conseil privé, T. n : 93, 277. Bruyne (le sergent De), T. IV : 229. Bucer, réformateur, T. n : 212 n., 240. Buchel (Arnold van), T. II : 171 n., 191. Bucheiius (Arendt), écrivain, T. II : 371. Bnequoi (Charles d° Lnntjeval), comte de), T. II : 368, 391. Buenos-Ayres, T. m : 41. Biilow (le comte de), ministre prussien, T. rV : 11, 222 n., 254 n. BUlow (F.G. von), général prussien, T. m: 401, 402, 406, 414. Bulscampveld, arr. de Fumes, T. 1: 192. — T. m : 144. Bulwer (H.-L.), T. IV : 48. Burchard, évêque d'Utrecht, T. I : 69. Bure (Idelette de), femme de Calvin, T. n : 106 n. Buren, province de Gueldre, T. II : 120. Buren (Anne de), voy. Anne de Buren. Buren (le comte de), voy. Florent d'Egmont. Buren (le comte de) [Maximilien d'Egmont], T. II: 66, 87, 119, 230. Buren (Philippe - Guillaume de Nassau), comte de, T. m : 313, 384. Buren (le sire de), T. 1: 406. Buren (Vincent de) homme politique liégeois, T. 1: 413 n., 485. Burger (H.), T. IV: 164. Burgos, T. II : 51. Burgundus (Nicolas), historien, T. II : 508. Burlet (Jules de), T. IV : 208. Burtin (F.-X.), T. m : 144. Bus (François du), membre du Conseil, T. III : 523. Busbeke (Ogier de), diplomate, T. II: 127, 378. Busleyden (François), conseiller de Philippe le Beau, T. II : 46, 47, 178. Busleyden (Jérôme), T. II : 178-180, 195, 198. Busnois (Antoine), musicien, T. I : 494. Bussy (le comte de), T. m : 26. Busterman (Joos), curé à Gand, T. II: 196. Butkens (Christophe), historien, T. III : 45. Buzenvai (Paul de), diplomate français, T. lï : 3TO. Bylandt (van), fonctionnaire hollandais, T. m : 364. Bylant (de), général hollandais, T. m : 486. c Cade (Guillaume), bourgeois de Saint-Omer, T. 1: 173. Cadenet (le sieur de), diplomate français, T. II: 433. Cadix, T. H : 157. Cadogan (lord), T. m : 77. Cadoudal (Georges), T. m : 361. Cadzant, près de l'Ecluse, T. I : 314, 325 n. — T. II : 41, 80, 82. Caiilaux (Joseph), ministre français, T. IV : 241. Caiilaux (Madame), T. IV: 284. Calais, T. I : 320 323, 350, 352, 360, 367 n., 380, 422, 424, 436, 438, 467, 468, 491. — T. II : 27, 144, 221, 369. 378, 379. — T. IV: 23, 96, 361, 362. Calenberg (le comte de), T. m : 174 n. Cali-xte II, pape, T. 1: 79, 82 n. Calloigne (J.R. van), sculpteur, T. m: 391. Cailoo, arr. de Saint-Nicolas, T. II : 33, 411. Calvaert (Denis), peintre, T. n : 185. Calvin (Jean), T. H: 239-242, 263 n. Calvo (de), gouverneur de Maes-tricht, T. m: 25. Camarra (don Esteban de), T. III: 17. Cambacérès (J.J.R.), T. HI : 400, 436. Cambier (le lieutenant), T. IV : 225. Cambon (J.), conventionnel, T. m : 310 n., 436. Cambrai, T. I: 21, 23-25. 27, 29, 30. 37 n.. 38 n., 41, 45, 50, 51, 54, 58, 61, 65, 68. 69. 73 76, 79, 90. 91, 100, 110, 113, 121, 123, 127, 128, 132-135. 148, 179, 180. 209, 212, 227, 242, 271, 344, 378, 402, 475. — T. n : 15. 26. 56, 57, 68, 70. 71, 88, 89, 120, 194, 195, 231, 232, 292, 357, 361, 373, 380, 409, 420, 452, 456, 468, 502. — T. ni: 14, 15, 18, 19, 24, 25. Cambron, abbaye, T. 1: 149. Campana (Pedro), voy. Kempe-neere (Pierre de). Campeggi (Laurent), cardinal, T. II: 202. Campen, T. H : 70, Campensis (J. van Campen), humaniste, T. n : 181. Campie (dei), banquiers italiens à Bruges, T. Il: 25. Campin (Robert), peintre, T. I : 493. Campo-Basso, condottière, T. I : 422, 425. Camus (A.G.), conventionnel, T. ni : 303, 391. Candida (Jean), graveur italien, T. 1: 494. Candido (P.), voy. Witte (Pierre). Canisius (le P. Pierre), T. H: 457. Cantelmo (les lignes de), T. II : 368. Canterbury, T. Il : 210. Cantimpré (Thomas de), écrivain ecclésiastique, T. 1: 106 n., 201 n., 502 n. Canto (Alfonso del), contador espagnol, T. n : 234. Canton, T. ni: 109, 110. Canut, roi de Danemark, T. I : 78, 79. Cap (Le), T. m : 414. Capacinni, internonce du pape à Bruxelles, T. m : 458. Caprara, cardinal, T. III : 360. Caprycke, arr. d'Eecloo, T. 1: 353. Caracena (le marquis de), gouverneur espagnol, T. III : 15, 17, 18, 33 n., 37. Carausius, général romain, T. I : 22. Cardinal-Infant, voy. Ferdinand. Cardinal Mercier, voy. Mercier. Cardon (Pierre), T. ni: 40, 41, 46. Carlier (J.-G.), peintre liégeois, T. m : 190. Carlos (Don), fils de Philippe II, T. n : 221, 309, 322. 354, 358. Carnot (Lazare), T. in : 312, 313, 316, 401, 402. Carnoy (J.B.), T. IV : 171. Carondelet (François), doyen de Cambrai, T. n : 2, 403, 404. Carondelet (Jean), archevêque de Palerme, T. Il: 62. Carondelet (Jean), chancelier de Bourgogne, T. n : 30, 35, 37, 47, 66, 73, 74, 175, 178. Carrières (le Sr. de),T. ni: 83. 84, 94 n. Carthagène, T. n : 228. Casembrodt, secrétaire du comte d'Egmont, T. Il : 238 n., 252. Casimir IV, roi de Pologne, T. I : 389 n. Cassander (Georges), théologien, T. Il: 212 n., 231, 241, 251, 262 n. Cassel. dép. du Nord, T. 1: 19, 23, 76. 78, 88, 154, 192, 252, 262, 280, 303, 308-310, 313, 315, 324, 353, 468, 477. — T. H : 141, 346, 413 462, 512. — T. m : 24, 25. — T. IV : 396. Casteleyn (Matthys de), rhétori-cien, T. n : 188. Castel-Bodrigo (don Manuel de Moura, marquis de). T. Il, 413, 415. — T. m : 18, 19, 21, 23, 36, 82, 123. Castiau (Adelson), T. IV : 76, 85, 104. Castlereagh (Lord), T. ni : 407, 410, 411, 413, 414, 421. — T. IV: 10. Catharina Belgica (de Nassau) fille du prince d'Orange, T. n : 353 Catherine, duchesse de Gueldre, T. n : 26. Catherine, fille de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, T. I : 362. Catherine H, impératrice de Russie, T. m: 220. Catherine de France, femme de Charles le Téméraire, T. 1: 384, 417. Catherine de Médicis, reine de France, X. n: 234, 357. Catinat (le maréchal de), T. m : 32, 58. Cauchy (F.P.), géologue, T. m: 474. Caudebec, dép. de la Seine-Inférieure, arrond. d'Yvetot, T. n : 370. Cavaignae (le général), T. IV : 92. Cavalli (S.), ambassadeur vénitien, T. n : 282 n. Caxton (William), érudit anglais, T. 1: 497. Ceie (Jean), érudit, T. I: 500. Celiarius (Chrétien), érudit, T. n: 166. Celles (A.P.. comte de), T. ni: 361, 435, 483. Celles-Molenbaix, arr. de Tournai, T. m : 246, 470 n. Centurioni (M.), marchand génois à Anvers, T. n : 157. Cervantes (Michel), T. Il : 444. César, T. I: 17, 18. Ceuta, T. I: 389 n. Chaban (de), préfet de la Dyle, T. m: 363. Challemel-Lacour. homme politique français, T. TV : 164. Chalons, T. 1: 389 n. Chalons (Philibert de), T. Il: 354. Chaltin, officier, T. IV : 229. Champagney (le sire de) [Frédéric Perrenot de Granvelle], gouverneur d'Anvers, T. n : 160, 305, 313, 315, 325, 326, 341, 342, 371. 374 n. Champagny (J.B. de), duc de Ca-dore.T. ni : 358. Champaigne (Philippe de), T. in: 172. Championnet. général français, T. m : 313. Champs (Gérard des), T. I: 389. Chnngarnier (le général), T. FV : 95. Chantonay (le sire de) [Thomas Granvelle], T. n: 237. Chapelle d'Armentières, dép. du Nord, arr. de Lille, T. H : 257. Chapelle Grenier (Bols Grenier), dep. du Nord, arr. de Lille, T. H: 257. Chapelle-lez-Herlalmont, arr. de Charlerol, T. m : 154. Chapuis (Grégoire), T. ni: 307. Charbonnier, général français, T. III : 312, 313. Charlemaçne, T. 1: 35-37, 39, 40, 46, 48 n., 50, 122, 199. — T. H : 94. Charlemont, dép. des Ardennes, T. n : 88, 106. — T. m : 26, 36, 85. 92, 416. Charlerol, T. m : 18-20, 23-25, 30, 32, 36, 42, 75, 77, 123, 153, 154, 303, 313, 402, 417, 468. 505. — T. IV : 77, 137, 200, 247, 251, 264, 266, 335. 337, 401. Charles, archiduc d'Autriche, voy. Charles VI, empereur. Charles, archiduc d'Autriche, fils de l'empereur Léopold II, T. HI: 274, 307, 308, 309, 329, 338. Charles, comte d'Egmont, frère de Lamoral, T. n : 228. Charles, duc de Berry et de Guyenne, voy. Guyenne. Charles, marquis de Bade, T. I : 413 n. Charles, prince de Naples, T. tV : 16. Charles I®'', comte de Nevers T. I: 390 n. Charles H, duc de Lorraine, T. n : 226. Charles IV, duc de Lorraine, T. n : 413. Charles VI, empereur, T. n : 274. — T. ni : 33 67, 68, 70, 71, 75, 77, 78, 97-105, 108-113, 115, 117, 119, 119 n., 120 n.. 121, 122, 127. 128, 133, 135, 136, 148, 175, 176, 221. — T. rv : 12. Charles Vn, empereur, T. III : 180. Charles I»"-, roi d'Angleterre, T. H: 398. Charles H, roi d'Angleterre, T. m: 15, 17. Charles H, roi d'Espagne, T. m : 18, 26-28 30, 32, 33, 33 n., 36, 39, 51, 51 n., 55-57, 63, 65, 71, 77, 78, 98, 105, 114, 125, 133. Charles HI. roi d'Espagne, voy. Charles VI, empereur. Charles V, roi de France, T. I : 350, 351, 363, 492, 493. — T. II : 14. Charles VI, roi de France. T. I : 359, 360. 362, 363, 365, 434, 455. Charles Vil. roi de France, T. I : 378-380. 384. 385, 389 n., 392, 404, 417. 439. — T. H : 31, 433. Charles VIII, roi de France, T. Et: 34, 36, 38-42 44, 46, 47. 54, 55, 83, 86, 100, 101, 173, 176. Charles IX, roi de France, T, II : 280. — T. m : 87. Charles X, roi de France, T. m : 448, 462, 482, 484, 489, 512. Charles d'An.iou, frère de Louis IX, roi de France, T. 1: 167. Charles de Belsique. T. IV : 238. Charles de Croy, évêque de Tournai, T. H: 120. Charles d'Eçmont, duc de Guel-dre, T. H: 44, 47, 48, 50, 51, 56, 57, 69-71, 76, 86, 87, 101, 119. Charles de France, duc de Lotharingie, T. I: 57, 58. Charles de Lorraine, T. III : 304, 361, 429. — T. rv : 18. Charles de liuxembourg:, voy. Charles-Qulnt. Charles TV de Luxembourg, empereur. T. I: 266. 329, 345-349, 363, 366 n.. 370, 373, Charles de Valois, lieutenant de Philippe le Bel, T. 1: 241. Charles du Hautbois, évêque de Tournai, T. H: 195. Charles IV le Bel, roi de France, T. I: 266, 306, Charles le Bon. comte de Flandre. T. I: 81, 87, 90. 106 n., 124, 135, 136, 140, 143, 172, 246. Charles le Chauve, empereur, T. I: 36, 39, 40, 43, 45, 47. 109. Charles le Gros, empereur, T. I : 40, 41, 43. Charles le Simple, roi de France, T. I: 44, 45, 47, 57. Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, T. I: 144, 362. 382-385, 389 n., 392, 393, 406-412, 414 n., 415-425. 426 n., 428 440, 441 446, 449, 452, 454, 456-462. 463 n., 464 n., 466, 467, 471-474, 480-484. 494, 497, 498. 500. — T. II : 13-16. 19. 20. 22, 24-27, 27 n., 29 30, 35, 36, 42. 44, 45, 48. 50, 56, 57, 59, 60, 62, 65, 66. 69-71, 80, 85, 88, 90, 97, 98, 111, 112, 116, 122, 128, 129, 138, 176, 189, 217, 229, 232. — T. ni : 87, 131, 175, 199, 267, 278. — T. IV : 231. Charles-Quint, T. 1: 286, 387, 455. —T. H: 48, 49, 51, 53-66, 68-71, 76, 77, 82-95, 101-104, 106, 109, 110, 112-114, 116-121, 124-131, 136, 141, 146, 149, 150, 153, 154, 156-159, 161, 163, 165, 166, 175, 178-182, 187, 189, 194, 196, 200-203, 207, 209, 210, 215-219, 222, 225-230, 232, 233, 240, 247, 248, 252, 254, 259, 267, 268, 284, 286, 290, 292, 304, 309, 310, 315, 324, 346, 353, 354, 361, 365, 383, 401, 420 422, 423. 449, 452, 453, 455, 458, 459, 475, 478-480, 483, 506. — T. m 16, 26 33, 35, 55, 56, 58, 61, 65, 81, 93, 98, 103, 113, 118, 137, 141, 175, 201, 277, 324, 326, 419, 463, 470. — T. IV: 128, 154, 260, 266, 282 n., 309, 389. Charles, démocrate montois, T. m: 304. Charlotte, princesse d'Angleterre, T. m : 452 n. — T. rv : 36. Charlotte, princesse de Belgique, impératrice du Mexique, T. IV : 97, 129, 224. Charlotte de Bourgogne, fille de Jean de Nevers, T. n : 42 n. Charras (le colonel), T, IV : 97. Chassé, général hollandais. T. m: 415, 510, 511, 516. — T. IV : 26, 30, 35. Chasteler (le marquis de), T. IH: 143 154 346 Chast'ellain (Georges), écrivain. T. 1: 386, 387, 415, 437, 440, 466, 489, 490. — T. n : 189. Chastoi, T. HI : 26. Chatam, près de Londres, T. m: 20. Chatam (lord), T. m : 365. Château-Porcien, dép. des Ardennes, T. m : 14. Châtelet, près de Charlerol, T. n : 93. — T. m : 183. Chatelineau (le Sr. de ), T. m: 154. ChâtiHon (Gaspar de Coligny, sire de), maréchal de France, T. H: 410. Châtillon (Jacques de), gouverneur de Flandre sous Philippe le Bel, voy. Jacques. Chaumont. arr. de la Haute-Marne, T. m: 410, 414. Chauny, dép. de l'Aisne, T. n : 219. Chaussard (Publicola), commissaire de la Convention, T. ni : 142 304. Chauvelin, préfet de la Lys, T. m: 363. Chauvency, dép. des Ardennes, T. m : 16. ChazaI (Félix, baron), T. ni: 498 n., 505, 516 n., 518. ChazaI (le général), T. IV: 75, 119, 124 n., 140 n. Chênedolle (J.L. Lioult de), écrivain, T. m : 455. Chênée. arr. de Liège, T. m : 184, 186. Chépy, commissaire de la Convention, T. m : 304. Cheratte, arr. de Liège, T. m : 184. Cherson, dans la Russie méridionale, T. m : 220. Chestret (le chevalier J.-R. de), T. m : 262, 265, 270 n. Chevalier (Michel), T. IV : 54 n., 102. Chèvremont, près de Liège, T. I : 45, 51. Chevrot (Jean), évêque de Tournai, T. I: 385, 402, 441, 455. Chièvres, T. m : 26. Chièvres, voy. Guillaume de Croy. Chigi (Agostlno), marchand sien-nols, à Anvers, T. n : 157. Childéric, roi Franc, T. 1: 29, 32 34 Chimay,' T. H : 120. 327, 494. — T. m : 28 125, 153. Chimay (Charles de Croy, prince de, duc d'Arschot), T. n: 364, 369, 406 n., 452. Chimay (Philippe de Croy, prince de), T. m: 26, 28, 30. Chinon, T. 1: 241. Chiny, T. HI : 26, 32. Chiroux (les), parti à Liège, T. n: 435, 437. Choiseul (le comte de), T. III: 87. Chrétien de Troyes, poète, T. I : 209, 210. Christian H, roi de Danemark, T. n: 68, 75-77, 226. Christian Œ, roi de Danemark, X. n : 76, 87, 186. Christian (G.I.), mathématicien, T. ra : 391. Christine, duchesse de Lorraine, T. n : 226. Christophe, prince palatin, T. H : 291. Christophe d'Oldenbourg, prétendant au trône de Danemark, T. H: 76. Christus (Pierre), peintre, T. I : 493. Cieéron (Quintus), T. 1: 18. Clney, T. I: 410. — T. ni: 81, 90. Cisoing, abbaye près de Lille, T. I: 187. Civilis, officier romain, T. 1: 19. Clancarty (Lord), T. m : 409, 421, 432. 512. Claremont, le château de, T. IV : 36. Clarence (le duc de) tGeorges d'York], T. n: 22. — T. m: 414. Claude, fille de Louis XII, roi de France, T. n : 49. Claudine de Chalons, femme de Henri de Nassau, T. n : 229. Clausen, près de Luxembourg, T. n: 187. Claus de Werve, sculpteur, T. I : 493. Clémence, femme de Robert II de Flandre, T. 1: 79, 97 n. Clément V, pape, T. 1: 266. Clément Vn, pape, T. 1: 359, 360. — T. n : 75, 118, 181, 202, 225. Clément Vm, pape, T. n : 464. Clément XI, pape. T. m : 73. Clément Xrv, pape, T. m : 163. Clemmen (Josse), industriel gantois, T. m : 149, 155. Clénard (Nicolas), humaniste. T. Il: 160. 181, 182. Clerfayt, général autrichien, T. m : 294, 312. Clermont-sur-Meuse, arr. de Huy, T. 1: 95, 124. — T. m : 15. Clesse (Antoine), T. IV : 186 n. Clèves, voy. Adolphe, Anne Guillaume, Jean, Philippe, Svbille. Clodion. roi Franc, T. 1: 24, 29, 37, 47. Cloots (P.-J.), négociant hollandais, T. m: 109. Clotaire n, roi franc, T. 1: 26. Clough (Richard), diplomate anglais, T. H: 171 n. Clovis, T. I: 25, 26, 30, 37. — T. n: 63. Cluppelslagers, révoltés dans le comté de Looz, T. 1: 404. Cluysenaar (J.P.), T. IV : 160. Cobden (Richard), T. TV : 102. Cohenzl (Charles-Philippe, comte de), T. m: 98 135. 136 140 n.. 162, 165-168. 172, 181, 207, 208, 227, 368, 386. 439. Cohenzl (Philippe, comte de), T. ni: 136 248. Cobham (Eléonore), maltresse, puis femme de Humphrol de Glocester, T. 1: 377. Coblence, T. 1: 314. Cobourg (le prince de), T. m: 306, 307, 312, 313, Cochon, préfet des Deux-Nèthes, T. m : 363. 384 n. Coekerin (établissements), T. rV: 338, 383. Cockerill (John). Industriel, T. ni: 378, 380, 382. 466. 467. — T. IV : 41, 54 n., 59, 155. Cocquiel (les), marchands wallons à Anvers. T. H : 158. Coeberger (Wenceslas), T. n : 497, 502. 516. Coehorn (Menno de), général hollandais, T. m : 32, 66, 93. Colbert. ministre de Louis XIV, T. m : 41, 58. 60. Coello (Alonso Sanchez) peintre, T. n: 226. Coene (Jacques), artiste, T. I: 491. Coevorden, prov. de Drenthe, T.n: 370. Cogels, représentant d'Anvers, T. rV: 109. Colaert (Jacob), marchand, T. n : 143. Colchester, T. n : 241. Colet (John), érudlt anglais, T. H: 178 197. Colette (Sainte), T. I: 499. Coligny (Gaspard de), amiral de France, T. n : 219, 246, 252, 280, 282. Collaud, général français, T. m : 345. Colleoni (Bartolomeo), condottiè-re, T. I: 422. Collinet, T. IV : 360. Cologne, T. I: 19, 23, 39, 53, 66, 95, 107. 126, 127, 150, 161, 162 274. 287, 383, 412, 421, 499, 500. — T. n: 22, 23, 38, 176, 210, 232, 261, 262, 272, 347, 353, 354, 368, 370, 420, 424, 430, 431, 438, 452, 512. — T. m: 22, 82, 90, 92, 413, 487. — T. IV : 60, 176. Coloma (don Carlos), T. n: 407. Colomb (Christophe), T. n: 157. Colomban (St), T. I: 34. Colon (Fernand), T. H : 182. Colveren (les), lignage brabançon, T. 1: 441. Colyns (Alexandre), sculpteur, T. n : 186, 187. Côme, T. 1: 200 n. Commines, T. I : 353, 468. — T. n: 413 414. — T. ni : 16, 76. Commines (Philippe de), T. I: 388, 402, 424, 442, 459, 460, 497, 498. — T. n : 14, 20, 31, 32, 119, 189. Compiègne, T. 1: 241, 313, 401. — T. m : 74. — T. rv : 31. Condé, arr. de Valenclennes, T. I : 41. — T. n: 22, 244, 344. — T. III: 15, 19, 24, 25, 75, 76, 154, 312, 375, 416. Condé (Charlotte de Bourbon, princesse de), T. n: 394. Condé (Henri II de Bourbon, prince de), T. n, 394. Condé (Louis II de Bourbon, prince de), T. n: 412, 413. — T. in : 361. Condé (le prince de), T. ni: 13-16. 20, 23. 24, 81. Condé (le prince de) [Louis l®"-], T. n: 252, 280. Condorcet (le marquis de), T. ni: 169, 530 n. Conecte (Thomas), prédicateur, T. 1: 498. Coninck-Outerive (de), préfet de Jemappes, T. III: 361, 363, 422, 435. Coninxloo (Pierre de), T. H: 71 n. Coninxloo (G. van), peintre, T. n: 447. Conon de Béthune, poète, T. I : 209, 213. Conrad, évêque d'Utrecht, T. I : 69. Conrad, fils de l'Empereur Henri IV, T. I: 70. Conrad n, empereur, T. 1: 60. Conrad m, roi des Romains,T. I : 142. Conrad de Franeonie, roi d'Allemagne, T. I : 44. Conrad de Hoehstaden, archevêque de Cologne, T. 1: 159. Conrad le Bouge, duc de Lotharingie, T. I: 50 51. 61. Conscience (Henri), T. IV: 168, 175. Considérant (Victor), T. IV : 75. 76. 83, 164. 251. Constance Chlore, empereur romain, T. I: 23. Constant (Beniamln), T. ni: 455, 459, 474, 527, 530 n. — T. IV : 159. Con.stant-Bebeeque (J.V. de), général hollandais. T. m : 415, 499, 500, 501, 503. — T. IV : 24. Constantin, empereur romain, T. I: 23. Constantin, grand-duc de Russie, T. IV: 36. Constantinople. T. 1: 79, 149, 287. Contarini (Zaccaria), ambassadeur vénitien, T. n : 109. Conway (Edouard), T. IV: 37, 54 n., 128. Copenhague, T. n : 76. Coppenhole (Jean van), démagogue gantois. T. n : 36. 41. Coppin (Nicolas), Inquisiteur, T. n : 203. Coppin. hérétique, T. n : 203 206. Conuilhat, officier, T. IV: 229. Corbie. T. n: 60. Cordoba (Gonzalo de), général espagnol, T. n : 398. 399. Cordoue (Gonzalve de), homme de guerre espagnol. T. n : 49. Corneil, bfttard de Philippe le Bon. T. I: 382. Corneille de Bersrhes. évêque de Liège, T. n: 106. 120. Cornelissen (Norbert), T. ni: 387, 330. Cornélius (Guillaume), hérétique, T. I: 228. Cornet de Grez, homme politique, T. m: 217. 247. 249. 252. Cornillon, près de Liège, T. I : 71. Cornut (Albérlc). agent du roi de France Louis VIII, T. 1: 154. Cort (le P. de), T. IH : 48. Cortenberg, près de Louvain, T. I: 180, 334, 336, 435. Cortenberg (Abbaye de), T. n : 195. Cort-Helligers, général hollandais, T. nt: 502. Corvey, T. ni: 428. Cosmas, évêque de Prague, T. I : 110. Coste (de la), ministre hollandais, T. ni : 452 n. Coster (Charles De), T. IV : 166. Coster (Jean de), grammairien, T. n: 176. Cotta, officier romain, T. 1: 18. Coucke (Pierre), peintre et architecte, T. H: 148, 184, 186. Couillet, arr. de Charlerol, T. m : 154. Courtois (Alexandre), commissaire de la Convention, T. ni : 303, 306. Courtrai, T. I: 41, 153, 168, 216, 220, 224, 232, 246, 248-253, 260, 262, 273, 288, 290, 305, 306, 318, 360, 420, 436-438, 449. — T. II: 37, 71, 83, 139, 140, 145, 170 n., 182, 191, 205, 334. 342, 359, 413, 461, 498. 502, 518 n. — T. ni: 20. 25-29, 32, 75, 143, 151, 165, 172, 252, 294, 344, 396, 402, 426, 469, 488. — T. IV : 62, 264, 335. Court-Saint-Etienne, arr. de Nivelles, T. m : 42. Coutereel (Pierre), maire de Lou-vain. T. 1: 273, 286. Coutisse, arr. de Namur, T. m : 272. Couturier (Quentin), hérétique, T. n : 206. Couvin, T. I: 94, 95, 397, 400. — T. m: 81. Coxie (Michel), peintre, T. n: 148, 184, 515. Coxie (Albert de), président du Conseil Privé, T. m : 59. Craon (le sire de) [Georges de la Trémoiile], T. n: 14, 15. Crassier (le baron de), érudlt, T. m: 190. Crayer (Gaspard de), peintre, T. m : 44. Crécy, T. I: 324, 345, 349. Crémone (François de), lecteur à l'Université de Louvaln, T. H: 178. Crespel, le capitaine, T. IV : 225. Crespin, abbaye, arr. de Valen-ciennes, T. 1: 34. Crétin (Guillaume), écrivain français, T. I: 490. Crétineau-Joly. T. FV : 97. Crôvecœur (le fort de), devant Bois-le-Duc, T. H: 386. Crèvecœur (Philippe de), seigneur d'Esquerdes, T. n : 15. Cromwell (Olivier), T. m : 14-16. Croy (Antoine, sire de), T. I : 385, 401. Croy (Charles de), voy. Chimay. Croy (Jean, sire de), T. I: 385. Croy (Lamberte de), T. n : 463, 468. Croy, voy. Agnès, Charles, Eusta-che, Guillaume, Jacques, Philippe, Robert. — Voy. aussi Ar-schot, Roeuix, Crugeoi (Aiart), avocat artésien, T. n: 338. Crumpipen (les), fonctionnaires, T. m: 211. Crumpipen (Joseph de), chancelier de Brabant, T. m : 167, 224. Crumpipen (Mlle de), T. m : 296. Crusen (André), archevêque de Mallnes, T. m : 48. Cruvkenbours (le comte de), général hollandais, T. m : 415. eues (Nicolas de), cardinal, T. I: 498. Cuincy (le baron de), T. H: 514. Culembourg, T. H : 175. Cuiembourcr (le comte de) [Florent de Pallant], T. H: 238 n., 252. Çuniga (Don Diego de), T. II: 299. Çunisa (Don Juan de), T. H: 378, 379. Curtius (Jean), financier, T. n : 503 n. Curtius (Pierre), évêque de Bruges. T. n: 234, 4,55, 459. Cuveiier, T. IV : 258. Cuyck, prov. de Brabant Septentrional, T. n : 132 n. Czernicheff, adjudant du Tsar, T. m : 452 n. D Dadizeele, arr. de Roulers, T. m : 292. Dadizeele (Jean de), T. 1: 501 n. — T. n: 190. Daeie (E.D. van), T. m : 392 n. naens (l'abbé), T. IV: 215, 220. Dagobert I", T. 1: 27. Dalhem, arr. de Liège, T. 1: 160. — T. n : 327, 400, 413, 416. — T. m: 194 n. Dahlen, près de Jullers, T. n : 273, 274. Daine (le général), T. IV : 20, 26, 34 n., 41. Dambry (Walter), peintre liégeois, T. m : 190. Damhouder (Josse de), jurisconsulte, T. n : 127. Damme, T. 1: 152, 170-172, 192, 218, 220, 227, 241, 300, 360, 471, 485, 496. — T. n : 41, 135. — T. ra : 75. Dampviiiiers, dép. de la Meuse, T. 1: 371. — T. m : 16. Dandelin (G.P.), mathématicien, T. ra : 474. Daniel (maître), légiste en Brabant, T. 1: 202 n., 325 n. Danton, T. m: 296, 303. Dantzig, T. n : 212 n., 287, 494. Daret (Jacques), peintre, T. I : 493. Datenus (Pierre), ministre calviniste, T. I: 285, 333, 335, 336, 345, 352. Datin (les frères), hommes politiques liégeois, T. 1: 399, 400, 413 n. Datin (Watler), maire de Liège, T. 1: 413 n. Daun (le comte de), T. m : 114, 117. Daussoigne-MéhuI, musicien, T. m : 476. David (Gérard), T. Il : 184. David (J.-L.), peintre, T. m : 391, 476. — T. rv : 159, 160. David de Bourgogne, évêque de Térouanne, puis d'Utrecht, T. I : 402. — T. Il : 70, 114, 195. Davison (William), ambassadeur anglais, T. H: 320. Dpcazpviile. lez - Saint - Etienne T. IV: 202 n. Dechamps (Ad.), T. IV: 46, 116, 121, 122. Decker (Pierre De), T. IV: 97, 107, 113, 115, 116, 139. 175, 176. Dedoyar (le P. de), T. ra: 209. Defacqz (E.), T. IV : 72. Defrance, Peintre et riéTnocrate liégeois, T. m : 258, 297. Defré (Louis), T. IV : 76. Defrécheux (Nicolas), T. IV : 167. Defuisseaux (Alfred), T. IV: 196, 200. Deken (Guillaume de), bourgmestre de Bruges, T. 1: 273, 308, 309, 310 n., 320. Delacroix, conventionnel, T. ra : 303. Delchef (André), poète wallon, T. rv : 167. Delcommune, officier, T. IV: 229. Delcour (Jean), sculpteur, T. ra : 170, 190. Deleloe (Jeanne), T. n : 470. Delfosse (Noël), T. IV : 91. Deift. T. I : 501. — T. H : 78, 175, 353 Deifziji. sur l'Ems, en face d'Em-den, T. n : 261. Delhasse (les frères), T. IV : 75, 76. Delilie (J.) poète, T. ra : 391, 473. Delius, commissaire civil en Belgique, T. ra : 407, 409. Delloye. journaliste, T. m : 330. Delneufcourt, administrateur à Mons, T. ra : 318. Delplancq, conseiller des finances, T. m: 156 n. Del Rio (Louis), jurisconsulte, T. II: 270, 276 302. Delvaux (Laurent), sculpteur, T. in : 172. Demaistre (Pierre), médecin de Marguerite d'Autriche, T. n : 72 n. Demarteau (Gilles), graveur liégeois, T. ra: 191. Demerary, T. III : 414. Denain, dép. du Nord, T. ni : 24, 67. Dentelln (duché de), T. 1: 30. Denys (Gérard), doyen des tisserands à Gand, T. 1: 326 n. Deny» (Hector), T. IV : 182. Denyg (Thomas), savetier gantois, T. 1: 326 n. Denys de Byckel, chartreux, T. I : 498. Dérivai, écrivain, T. ni : 142, 156 n. Desandrouln (le vicomte de), T. ra : 154. Desciiamps (Eustache), poète français, T. 1: 488. Deschamps (Michel), publiclste, T. ra : 194 n. Deschanel (Emile), T. IV: 95, 164. Désirant (le P. Bernard), T. ra : 67. Desmoulins (Camille), T. ra: 254 n., 286. Desmousseaux, préfet de l'Ourthe, T. ra : 363, 401. Despautere, voy. Spauteren (Jean van). Desroches (Jean), T. ra: 165. — T. rv : 174, 176. Destelberghen, arr. de Gand, T. ra: 438. Dettingen, en Franconle, T. ra : 123. Deurwardere (de), administrateur à Bruges, T. ra : 318. Deux-Ponts (Charles II, duc de), T. ra : 126, 127. Devaux (Jules), T. IV: 37, 46. Devaux (Paul), T. ra : 456, 523. T. rV : 67, 70, 71, 99, 128, 164. Devaux (Philippe), militaire liégeois, T. ra : 295. Devaux (major), T. ra : 239. Deventer, T. 1: 487, 499, 501. — T. n : 175, 176, 178, 232, 369, 370, 452, 453. Deventer (Jacques de), géomètre, T. n: 141. Dewez (J.-B.), architecte, T. m: 173. Deynze, T. I : 66, 220, 353. — T. n : 335. — T. ra : 312, 491. Dhanis, officier, T. IV : 229, 231. Diederic van Assenede, traducteur, T. I : 213, 214. Dieghem, arr. de Bruxelles, T. m : 497. Diekirch, T. III : 426. Dierickx (C.L.), érudlt, T. ra: 391. Dierks (Vincent), théologien, T. n : 180. 201. Dierks (Willem), réformé, T. H: 204. Diest, T. 1: 180, 285. — T. n : 282, 327, 364. — T. ra : 231, 345, 346. 507. Dietrich von Miirs. archevêque de Cologne, T. 1: 421. Dietrischstein (le cnmte iVTauHcp de), ministre autrichien, T. rv : 32, 54 n., 72 n. Digneffe, député aux Cinq-Cents, T. ra : 346. Di.ion. T. I: 360, 492, 493, 498. — T. n : 14. Dillenbourg, près de Nassau, T. n: 272. 280. Dillens (Julien), T. IV : 160. Dilinn de cor"te rtp), généra! français, T. ra : 294. D1 Marchi, ingénieur italien, T. n : 167, 263 n. Dinant. T. I : 94, 121, 123, 126-128, 151, 153, 154, 159, 180, 181, 217, 228, 266, 284, 286, 287, 346, 392, 397, 408, 409, 412, 424, 432, 433, 443 n. 485. — T. n: 93, 98, 426. 428, 460, 493 504 n. — T. m : 24, 26. 32, 84-86. 89. 92. 273 313, 417. — T. rv : 108. 297, 335, 424. Dionysius (Henri), jésuite, T. H: 210. Dino (la duchesse de), T. rV : 11. Dison, arr. de Verviers, T. ra : 152 378 Dixmiide, T. 1: 497. — T. n : 364. T. m : 16, 28, 29. 32, 76, 156 n., 163, 476. — T. IV : 292. Dîvmiide (Baron de), voy. Jacques. Dixmude (Olivier de), chroniqueur, T. 1: 443 n., 452, 481 n. Dorkum, T. n : 78. Dodoens (Rembert), botaniste, T. n: 182. Doel, arr. de Saint-Nicolas, T. ra : 77, 130. Dnhm (Christian del. aeent tiaue prussien, T. in : 260, 267, 268, 279. Dolhain, voy. Berghes. DoTTiiniquin (Le), peintre, T. n: 185. Donceel, homme politique liégeois, T. ra : 267. Dony (J.-J.), Inventeur, T. ra: 380. Dordrecht, T. 1: 124. 127. 222 n., 265, .346, 352. 354, 374, 377, 432, 465, 467, 475, 476. Dormael, arr. de Louvaln, X. n : 486. Dorothée, fille de Christian II de Danemark, T. n : 76. Dorpius (Martin), humaniste, T. H: 176, 182, 204. Dotrenere (Th.). T. m: 422, 436, 454, 508. — T. rv : 15, 41. Douai, T. I: 72, 88, 124, 127, 128, 137, 156 n., 174-177, 180, 184, 198, 205, 209, 212, 220, 224, 229, 230, 234, 239-241, 249, 250, 252, 255, 260, 261, 297, 298, 301. 319, 349, 350, 362, 447, 478, 480. — T. n : 32, 71. 148, 186, 190, 191, 224, 275, 278, 304, 340, 343-346, 350, 351, 371, 408, 444, 453, 460, 461, 463, 466. 468, 502, 507, 515. T. ra: 19-21, 67, 252, 291, 292, 400. Douffet (Bernard), peintre liégeois, T. ra : 190. Doulcet de Pontecoulant, T. ra : 363, 401, 506. Doullens, dép. de la Somme, T. n: 60, 378. Dour, arr. de Mons, T. n : 445, 449. — T. ra : 118, 205. Dourdan, dép. de Selne-et-Olse, arr. de Rambouillet, T. H : 373. Doutreloup (Mgr), évêque de Liège, T. IV : 218. Douvres, T. I : 176. Douvrin (André de), sommelier de Charles-QuInt. T. n : 225. Douza (Janus), T. n : 192 n. Downs (les), près de Douvres, T. n : 489. Drake (Francis), marin anglais, T. n : 369. Dranoutre, arr. d'Ypres, T. n : 3 69 n.. 244. Drieux (Reml), évêque de Bruges, T. n: 262 n. Dringenberg (Louis), érudlt allemand, T. 1: 500. — T. n : 176. Droncpien. dans le Brabant septentrional, T. I: 264. Droste von Vischering (Mgr), archevêque de Cologne, T. IV : 32. Dubois (Adrien), valet de chambre de Charles-Quint, T. n : 309. Dubois (Ambroise), peintre, T. n : 185. Dubois (F.), T. ni : 422. Dubois (Nicolas), professeur à Louvaln, T. ra : 52 n. Dubroeucq (Jacques), sculpteur et architecte, T. H: 186-188. Ducarne (le général), T. IV : 241, 284, 303. Ducci (Gaspar), homme d'affaires italien à Anvers, T. n : 162,163. Duepétiaux (Edouard), T. ra : 456, 494, 495, 499, 509. — T. IV : 72 n., 75, 181, 184. Diidiey, voy. Leicester. Dudzeeie, arr. de Bruges, T. I : 191. Diifay (Guillaume), musicien, T. I: 494. Duivpnvoorde (!es1. nobles hollandais, T. I: 347. Duivenvoorde (Guillaume de), T. 1: 340 n. Dujon (François), ministre calviniste, T. U: 286. Dûment (André), T. IV: 171. Dumortier (B.). T. IV : 46. 186 n. Dumoulin (Charles), Itirlscon-sulte français. T. n : 235. Dumouriez, T. m : 253. 272, 281, 294-296, 300, 302, 303, 306-308, .'Il 2-314. ,319. 326, 336,' 337, 343, 352, 369, 427. Dunes (abbaye des), près de Fur-nes, T. 1: 188, 190, 191, 255 n. — T. n : 257. Dunes (bataille des), T. ra: 10, 16, 17. Dunkerque. T. 1: 23. 192, 196. — T. n: 205, 362, 364, 369, 387, 398, 399, 411, 413, 414, 462, 464, 468, 488, 489, 497. — T. ra : 14- 17. 20, 312. — T. IV : 361, 362, 396. Dupiessis-Mornay, écrivain français, T. IT: 286, 301, 329, 335, 336, 338, 354. Duprat (Pascal), T. IV : 164. Duquesnoy (François), sculpteur, T. ra: 170. Duquesnov (Jérôme), sculpteur, T. ra : 170. Durand, évêque de Liège, T. I : 110. Durand (dom). bénédictin français, T. ra : 107, 160. Duren, T. n: 88, 228, 286, 287, 395 Dusseidorf, T. III : 413. — T. IV : 396. Duurstede, près d'Utrecht, T. I : 32, 37, 41, 122, 123. Duval de Beaulieu (le comte), T. ra : 363. Duvergier de Hauranne (G.), homme politique français, T. IV: 95. Duvivier (Jean), graveur, T. ra ; 190. Duvivier (J.H.), chanoine, T. ni: 343, 358, 394, 395, 438. Duyse (P. van), T. IV: 169. Dyck (Antoine van), T. Il : 397, 517. — T. ra : 44. Duyn (comte van der), gouverneur hollandais, T. ra : 425, 435. Dynter (Edmond de), chroniqueur, T. I : 463 n. Eberhard, duc de Franconie, T. I : 45, 48 n. Echternach, abbaye, T. 1: 43. Eck (le baron d'), T. m : 90. Eclelaere, arr. de Gand, T. n : 147. Edclinck (Gérard), graveur, T. III: 172. Edmond, comte de Cambridge, T. I: 350, 366 n. Edouard I»'', roi d'Angleterre, T. I : 177, 235-237, 239-241, 264, 312. Edouard n, roi d'Angleterre, T. 1: 325 n. Edouard m, roi d'Angleterre, T. 1: 264, 271, 308, 312-314, 317-320, 322-324, 325 n., 331, 344, 346, 347, 349-351, 353, 363, 366 n., 376, 380, 467, 488. — T. Il : 65. 106. Edouard IV, roi d'Angleterre, T. I: 417, 419, 420, 422. 424, 426 n., 467. — T. II : 22, 27, 31, 69. Edzard I»'', comte d'Ostfrlse, T. H: 69. Eecke, arr. de Gand, T. n : 169 n. Eecloo, T. I: 353. — T. II : 335. Eekeren, arr. d'Anvers, T. HI : 66. Eename, près d'Audenarde, T. I : 60, 65, 74. Eçbert, archevêque de Trêves, T. I: 93. Egbert de Liège, écrivain, T. I : 67, 110. Eginhard, biographe de Charle-magne, T. 1: 35. Egmont, prov. de Hollande septentrionale, T. n: 120. — T. rV: 145, 309. Egmont (Nicolas d'), théologien, T. H: 180, 181, 201. Egmont (le comte d'), T. m: 30, 108, 197. Egmont (Lamoral, comte d'). T. n: 21, 120, 217, 221, 223, 228-231, 234-237, 247, 249, 252. 254-256. 258, 259. 270, 272, 273, 298, 342, 404, 425. Egmont (Louis, comte d'), T. H: 384. 403, 404. 413. Egmont (Philippe, comte d'), T. n: 305. 321, 327, 341, 342, 347, 350. 370. Elderen (Jean-Louis d'), évêque de Liège, T. m : 29, 90-92, 177. Eléonore. sœur de Charles-Quint, reine de France, T. n : 94. Eleuthère (St), T. I: 26. Elisabeth, femme d'Albert II, roi des Romains, T. 1: 389 n. Elisabeth, reine d'Angleterre, T. H: 241, 248, 274, 277, 280, 284, 289, 300, 310, 315, 320, 326-329, 345. 357, 362, 368, 369, 371, 378, 386. 391, 468. — T. m : 197. Elisabeth, reine des Belges, T. IV: 211, 238. 304. Elisabeth Bone Feeme, femme de Gérard de Gand, T. I: 221 n. Elisabeth de Goeriitz. T. I: 369-371, 373, 374, 382, 398. Elisabeth de Vermandois, femme de Philippe d'Alsace, T. I : 145. 155 n., 209. EInone. T. I: 26. 34, 36. Eioi (St), T. I: 27. Elsenborn (camp), T. IV : 283. Elsloo, près de Maestricht, T. I : 41. Elstrude, femme de Baudouin II de Flandre, T. 1: 47. Elverdinghe, arr. d'Ypres, T. I : 192. Emden. T. II : 69, 169 n., 206, 208, 210, 241, 248, 261, 273, 280, 284, 331. Emmanuel-Philibert, duc de Savoie. gouverneur des Pays-Bas, T. n: 93, 217, 219-221. Emmerechts, notaire, T. m : 254 n. Emmerich. T. ni : 343, 358. Emmich (général von), T. IV : 291. Enden (F.-A. van den), espion, T. m : 34 n. Engels (F.), T. IV : 76. Enghien. T. II : 147, 257. — T. HI: 30, 170 n., 253, 306, Enghien (le duc d'), voy. Condé (Louis II, prince de). Englebert I«^ comte de Nassau, T. H: 26, 35, 229, 354. Englebert H, comte de Nassau, T. II: 192 n., 229. Englebert de La Marck, évêque de Liège, T. I: 332, 333, 335, 347, 394, 395. Engran, évêque de Cambrai, T. I : 52. Enguerrand, comte de Flandre, T. 1: 46. Enguerrand de Marigny, conseiller de Philippe le Bel, T. I : 168 n., 254, 256 n. Enguinegatte, voy. Guinegate. Enkhuvsen, prov. de Hollande septentrionale, T. II : 281, 283, 288. Ensival, arr. de Vervlers, T. H : 423. — T. m : 194 n., 378. Enzinas (Francisco de), écrivain espagnol, T. II : 191. Epinoy, près de Binche, T. II : 120. Epinoy (Christine de Lalaing, princesse d'), T. II: 361. Epinoy (Guillaume de Melun, prince d'), X. II: 343. Epinov (le prince d') [Pierre de Melum, T. II: 252, 343 349, 361, 403. 404. Eracle, évêque de Liège, T. 1: 52, 95, 110, 113. Erard de La Marck, évêque de Liège, T. II : 53, 63, 70. 98, 102-106, 118, 151, 192 n.. 203, 422, 425. — T. III : 82, 189. Erasme. T. Il: 72 n., 73, 105, 127, 166, 174, 175, 178-183, 185 188-190, 196-201, 203, 204, 211 n., 231, 238 n., 251, 453, 505, 506. — T. m: 157. Erasso (Francisco de) conseiller de Philippe II. T. II : 276. Erfurt, T. H : 163. Erluin, abbé de Gembloux, T. I : 63. Erluin, évêque de Cambrai, T. I : 110. Ermengarde, duchesse de Lim-bourg,T. I: 161. Ermengarde, fille de Lothalre I", T. 1: 43. Ernest, archiduc d'Autriche, gouverneur des Pays-Bas T. n : 372, 373, 377, 378, 464, 476, 477. Ernest, duc de Saxe-Cobourg, T. rV: 54 n., 72 n., 90. Ernst (S.P.), érudit, T. III : 340, 390. Erquinghem, dép. du Nord, arr. de Lille, T. n : 257. Erzberger, T. IV : 414. Escaubecque (le sire d'), T. H: 192 n. Escovedo (Pedro de), secrétaire de don Juan d'Autriche, T. n : 299. Escurial d'), T. H: 249. Espen (Guillaume van), cano-niste, T. m: 46, 67, 116-119, 158, 161, 162, 174 n. Espierre (le pont d'), arr. de Courtrai, T. n : 22. Esneux, arr. de Liège, T. HI : 313 Espagnac (d'), jacobin français, T. m : 299. Esquerdes, voy. Crèvecœur. Esquerdes (le sire d'). T. II: 21. 31, 34, 36, 39, 40, 42, 119. 255. Essen (Jean van) réformé, T. n : 203. Essequibo, T. III : 414. Estaires, dép. du Nord, arr. d'Ha-zebrouck, T. 1: 353. — T. n : 445. Estienne, démagogue bruxellois. T. ni : 307. Estrades (Godefrold, comte d'), maréchal de France, T. m : 14, 17, 24, 83, 84. Ethelwolf, roi anglo-saxon, T. I : 47. Etichove, arr. d'Audenaerde T. II: 147, 445. Etienne, évêque de Liège, T. I : 51, 64, 109. Etienne Marcel, voy. Marcel. Eudes de Paris, roi de France, T. I: 43, 47. Eugène III, pape, T. 1: 156 n. Eugène de Savoie (le prince), T. ni : 67, 75, 101, 105, 108, 114, 116, 117. Eupen, T. Il : 449. — T. III : 118, 152, 194 n., 205, 378, 382, 416. Eupen (Pierre van), pénitentier d'Anvers, T. m: 238. 241, 244-246, 249, 252, 269 272-274, 280, 304, 339, 343, 358. Eustache de Croy, évêque d'Ar-ras, T. Il: 120. Eustache Persant de Roquefort, évêque de Liège, T. 1: 395. Evain, le général, T. IV : 48. Everaert (ou Evrard), parlementaire belge envoyé au prince d'Orange, T. m : 509, Everaert (Cornélls), rhétoricien, T. Il: 143. Everard de Hainaut, artiste, T. I : 491. Everard de La Marck, frère de l'évêque de Liège, Erard de La Marck, X. II : 98, 100, 101. Eversham, près d'Ypres, X. 1: 65. — X. n : 257. Evesham, en Angleterre, X. Il : 142, 257. E.velmans (R.J.I.), général français, X. ni : 496. — X. IV : 16. Eycit (Hubert van), peintre, X. I : 490, 493. Eyck (Jean van), peintre, X. I : 456, 471, 490, 493, 494. Eyck (H. et J. van), peintres, X. Il : 175, 182, 183. Eynde (Jérôme van den), avocat bruxellois, X. Il : 302. F Fabert (le maréchal), X. III : 81. Fabricius (André), érudit, X. II : 429. Fabry, démocrate liégeois, X. III : 297. Ffbrv (Hyacinthe), X. III: 258, 259, 262, 266, 267, 269, 270 n., 523. Fabry (Jean-Jacques), X. in : 260. Fabvier (le général), X. IV: 16. Fachoda, X. IV : 231. Fadrique (don), fils du duc d'Al-be. X. n : 276, 281 2S6-288 ^41, Fagel, greffier des Etats-Généraux, X. III : 128. Faidherbe (Luc), artiste, X. II: 516, 517. — X. m : 44, 170. Faînoult, nréfet de 1 ' F c a u t, X. ra: 357, 362-364, 378, 379, 382, 384, 388, 390, 443. Falaise, dép. du Calvados, X. I : 241. Failly (le général De), T. IV: 26. Falck (A.R.), X. ni: 416, 452 n., 456. — X. IV : 171. Falkenhausen (von), X. IV : 318, 382, 386, 405, 410. Fallersleben (Hoffmann von) X. rV : 175, 176, 386. Fallet de Beaumont (E.A.), évêque de Gand, X. m : 394. Famagouste, en Chypre, X. 1: 287. Famars, près de Valenclennes, X. I: 23. 121. Farnèse (Alexandre), duc de Parme, X. H: 160, 225, 309, 327, 330, 337, 341, 344-346, 350, 353, 357, 359-362, 364-372, 390, 391, 398, 399, 416, 429, 430, 445, 446, 450, 456, 461, 462, 464, 475, 485-487, 490, 491, 495, 501. — X. III : 9, 14, 27, 28, 40. Farnèse (Elisabeth), femme de Philippe V, roi d'Espagne, X. m : 110. Farnèse (Octave), mari de Marguerite de Parme, X. II : 225, 226, 358. Farnèse (Pierre - Louis), X. II : 226. Fastoul (Baude), poète, X. I : 209. Fauquemont, dans le Limbourg hollandais, X. I: 267, 327, 400, 413, 416. Favart (M""»), X. m : 124. Fayt-lez-Manage, arr. de Charle-rol, X. ni : 23, 24. Fayt-lez-Seneffe, arr. de Charle-rol, X. IV : 185. Fehrnnius. canoni.ctp. T. III : 118, 162, 200, 204, 208, 244. Feiier (le Père F.X.), polémiste, X. m : 193 209. 232, 242, 246, 2.52. — T. IV : 150. Felner (le baron de), X. m : 501. Felz, diplomate autrichien, X. m : 384 n. Fénélon, archevêque de Cambrai, X. m : 52 n. Fera (la comtesse de la), X. n : 484 n. Ferdinand (le cardinal-infant don), gouverneur des Pays-Bas, X. Il : 382, 409. 410, 440 n. Ferdinand (duc de Saxe-Cobourg), X. IV : 58. Ferdinand, Infant d'Espagne, X. m : 110. Ferdinand I", roi de Naples, X. I : 426 n. Ferdinand H, empereur, X. II : 399, 414. Ferdinand m, empereur, X. m : 14, 15. Ferdinand d'Autriche, frère de Charles-Quint, X. II : 61, 63, 64, 73, 92, 215, 216, 226, 229. Ferdinand le Catholique, roi d'Espagne, X. Il : 34, 40, 46, 49, 50, 54, 57, 61, 94. Ferdinand-Joseph, fils de Maxl-milien-Emmanuel de Bavière, X. m : 32, 33. Ferla (le comte de), châtelain d'Anvers, X. m : 407. Ferla (don Gomez Suarez de Fl-gueroa, comte, puis duc de), ministre de Philippe II, X. n : 372, 459. Fernand de Xolède, bâtard du duc d'Albe, X. Il : 269. Ferrand, général autrichien, - T. ni : 305, 363. Ferrand de Portugal, comte de Flandre et de Hainaut, X. I : 149-154, 224, 241, 312, 417. — X. Il : 71. Ferrare, X. II : 176, 382. Ferrl de Clugny, évêque de Tournai, X. Il : 14, 195. Fétis (François),X. IV : 162. Feuquières (M. de Pas, marquis de), X. Il : 411. Fe.vhe, près de Liège, X. 1: 268. Flévé, officier, X. IV : 229. Fillastre (Guillaume), évêque de Tournai, X. 1: 385, 441, 455, 502 n. Fini (Thomas et Barthélémy), conseillers de Robert de Bé-thune, comte de Flandre, X. I : 330, 340 n. Finkenstein, ministre prussien, X. III : 266. Fion (J.J.), général, X. III : 343. Fischer (Otokar), X. IV: 404. Fisco, ingénieur, X. III : 173, 254 n. Fisen (le P.), historien, X. III: 190. Flahaut (le comte de), X. IV : 10. Flémalle (Bertholet), peintre liégeois, X. m : 190. Flémalle-Haute, arr. de Liège, X. II : 503 n. — X. III : 186. Flessingue, X. H : 41, 61, 94, 200, 224, 261, 262, 280, 281, 284, 299, 300, 333, 367, 369, 388, 487. — X. m : 313, 365, 402. Fleurangps (le sire de), voy. Robert III de la Marck. Fleurbaix, dép. du Pas-de-Calais, arr. de Béthune, X. Il: 257. Fleurus, arr. de Charleroi, X. n : 318. — X. ni : '.^9, 313. 314 319, 328, 369, 376, 386, 402, 427. — X. IV : 194, 299, 315. Fleussu (Stanislas), membre du Congrès, X. IV : 54 n. Flines (abbaye de), près de Lille, X. 1: 262. Flobecq, X. 1: 202 n. Flodorf (le comte de), X. III: 91. Florence, X. 1: 266, 273, 319, 459, 468, 471, 475. — X. H : 138, 185, 225. — X. m : 248. Florennes, arr. de Phllippeville, X. I : 60, 67, 187. — X. H : 472 n. Florent I""', comte de Hollande, X. I : 76, 162, 168. Florent HI, comte de Hollande, X. 1: 166. Florent IV, comte de Hollande, X. I: 166. Florent V, comte de Hollande, X. I : 166, 208, 237, 238, 240, 241. Florent d'Egmont, comte de Bu-ren, X. Il : 70. Floris (Corneille), architecte et sculpteur, X. n : 185, 186, 188. Floris (Frans), peintre, X. H: 105, 148, 175, 185-188, 515. Flote (Guillaume), voy. Vézelay. Flote (Pierre), conseiller du roi Philippe le Bel, X. 1: 262. Foere (l'abbé de), X. in : 441. Foillan (Saint), X. I: 34. Foiquin, abbé de Lobbes, X. I : 107, 111. Fonck, avocat bruxellois, X. ni : 254 n. Fonck (Jean), prévôt de N.-D. d'Utrecht, membre du Conseil Privé, X. Il : 302. Fontaine (les), marchands vi^al-lons à Anvers, X. Il : 158. Fontaine-l'Evêque, arr. de Charleroi, X. n: 412. Fontenoy, arr. de Tournai, X. m : 123. Foppens (Adrien), écrivain, X. III : 28, 34 n. Foppens (J.-F.), érudit, X. ni: Forest, près de Bruxelles, X. I : 65. — X. m : 484. Fiirster (Georges), X. m : 59,184. Fosse, X. I: 397. Fosses, X. 1: 34, 94. — X. m : 81. Fossion (le Docteur), X. IV : 78. Fouché (Joseph), duc d'Otrante, X. III: 358, 392. Foulle (M.), X. ni: 144. Foullon (le P.), historien, X. III : 190. Foulques, archevêque de Reims, X. 1: 47. Fourier (Ch.), X. IV : 76, 251. Foy (M.S. comte de), homme politique français, X. ni: 483. Fralkin (Ch.-A.), T. IV: 160. Franc de Bruges, T. m : 138, 139. Francfort-sur-le-Main, T. I : 293. — T. II: 210, 235. — T. III: 279, 280. Franchimont, château, près de Spa, T. II : 98, 150. Franchimont (le pays de), T. III : 306, 316. Franck (César), T. IV : 162. Franck (Louis), T. IV : 258, 340 n., 360 n., 408, 409. Francken (Nicolas), peintre, T. II : 185. Franckenberg (Jean-Henri, comte de), archevêque de Mallnes, T. m : 207, 230, 234 n., 275, 340, 339, 34.S. 451. Franckendicke, en Zélande, T. I : 191. François, prince de Saxe-Cobourg, T. IV : 35. François I""-, voy. François II, empereur. François II, duc de Bretagne, T. II : 40. François II, empereur (François empereur d'Autriche), T. m: 134, 278, 307, 309, 325, 329, 388, 361, 400, 410, 411, 418 n., 431. — T. IV : 52. François I"', roi de France, T. II : 59, 61, 63-66, 68, 70, 71, 76, 77, 82-84, 86-90, 94, 98, 101, 102, 106, 116, 119. 157, 179, 189. François de Sales (Saint), T. II : 470, 511. François Ackerman, voy. Aclter-man. François Sonnius, voy. Sonnlus. Françoise de Savoie, femme de Henri de Nassau, T. II : 229. Francomont, arr. de Verviers, T. IIX : 194 n. Francon, évêque de Liège, T. I : 41. Francquart (Jacques), architecte, T. II : 516. Francqui (Emile), T. IV: 229, 343, 352, 357. Frédéric, comte palatin, gendre de Christian II de Danemark, T. II : 76. Frédéric V, comte palatin, roi de Bohême, T.II : 395. Frédéric H, duc de Haute-Lotha-rlngle, T. I : 60. Frédéric II, empereur, T. 1: 154. Frédéric m, empereur, T. 1: 382, 384, 417, 421-424. — T. II : 22, 23, 25, 26, 35, 40, 43, 89. Frédéric, prince des Pays-Bas, T. III : 434. 415. 429, 4.37, 482, 489, 493, 496, 499, 500-502, 507. Frédéric I®"', roi de Prusse, T. m : 64 n. Frédéric U, roi de Prusse, T. ni : 97, 122, 125, 126, 133, 137, 161, 168, 179, 200, 428. Frédéric-Auguste, roi de Pologne, T. III : 64 n., 180. Frédéric-Guillaume I»', roi de Prusse, T. III : 179, 186. Frédéric-Guillaume II, roi de Prusse, T. ni : 197, 247, 248, 264, 266, 267, 271, 427, 491, 492. Frédéric-Guillaume m, roi de Prusse, T. IV : 94. Frédéric-Guillaume IV, rol de Prusse, T.IV : 58, 59, 242. Frédéric-Henri, fort près d'Anvers, T. m : 131. Fréderlc-Hcnri, prince d'Orange, voy. Nassau. Frédéric Barberousse, empereur, T. I : 140-142, 145, 146, 148, 149, 155 n., 372, .411. Frédéric de Bade, évêque d'Utrecht, T. H: 70, 195. Frédéric de Bar, duc de Haute-Lotharlngle, T. I: 53. Frédéric dp Hnlstein, roi de Danemark, T. n : 68, 75, 76. Frédéric de Namur, évêque de Liège, T. 1: 69, 140, 141. Frédéric de Luxembourg, duc de Basse-Lotharlngle, T. 1: 62. Frédéricq (Paul), T. IV: 171. Frédérique de Prusse, femme du roi Guillaume T. m : 427. Frédérique de Prusse, mère du roi Guillaume I»"-, T. m : 427. Frelinghien, dép. du Nord, arr. de Lille, T. n : 257. French (général), T. IV: 292. Frère-Orban, T. IV : 72, 84, 99, 102, 104, 108-110, 112, 115, 116-118, 121, 129, 130, 133, 136, 145, 146, 148-151, 181, 189-191. Fréron, procureur général à Liège, T. ni : 258, 260. Frescobaldi (les), marchands Italiens à Anvers, T. Il : 157, 162. Freyr, arr. de Dînant, T. III : 251. Frias (Fernando), T. n : 460. Frison, représentant des Deux-Nèthes, T. III : 346. Froissart (Jean), chroniqueur, T. I : 270, 315, 485, 488-490. — T. n : 189. Fuensaldana (le comte de), gouverneur espagnol, T. III : 13-15. Fuentès (Pedro Enriquez de Aze-vedo, comte de), gouverneur des Pays-Bas, T. Il : 371-373, 382 n. Fuentès (le comte de), châtelain de Cambrai, T. n : 407, 476. Fugger (les), marchands allemands à Anvers, T. n : 157, 162. Fulbert, évêc(ue de Cambrai, T. I : 51, 110. Fulda, T. m : 428. Fumay, dép. des Ardennes, T. III : 26. — T. IV : 319. Furfooz, arr. de Dinant, T. 1: 17. Fumes, T. I : 88, 89, 192, 196, 241, 247, 303, 304, 308, 435. — T. II : 132 n., 257, 364, 485 497, 515. — T. m : 14, 16, 19, 20, 29, 32, 75-77 123, 125. — T. IV : 333. Fiirstenberg (François, comte de), T. m : 80, 82, 83. Fiirstenberg (Guillaume, comte de), T. in : 80, 82, 83, 87, 89, 90. Fiirstenberg (Herman, comte de), T. m : 86. Fiirth, T. IV : 52. Fynnes (Jean de), bourgeois de Lille, T. n : 190. Fyon (J.-J.), T. m: 261, 265. Fyon (Melchlor), T. m : 270 n. G Gachard (L.P.), T. IV: 171, 172. Gaesbeek, près de Bruxelles, T. n : 238 n., 270. Gaesbeek (le sire de), T. 1: 442. Galaretta (Francisco de), secrétaire de Philippe IV, veedor de l'artillerie aux Pays-Bas, T. n : 413. Galbert, écrivain, T. 1: 138 n. Galéas Marie Sforza, duc de Milan, T. I: 424, 426 n. Galen (von), diplomate prussien, T. in : 430 n., 448, 452 n. Gall (St), T. I: 34. Gailait (Louis), T. IV : 159. Gailas (Matthias), général autrichien, T. n: 410. Gallo (J. Lopez), marchand espagnol, X. n: 157. Gama (Vasco de), T. n : 157. Gamerage, homme d'affaires, T. in: 202. Gand, T. I : 26, 41, 72, 73. 76, 88, 89, 119, 121, 123, 127, 136, 137, 152, 154, 175, 178-182, 184, 192, 198, 202, 205, 214, 217, 218, 220, 227, 228-230, 232-234, 239-241, 245, 247-249, 275, 279, 280, 284, 291, 293, 296 n., 297-301, 303- 305, 309, 315, 317-320, 322-324, 339, 346, 350, 354, 356-360, 362, 375, 376, 380, 388, 391, 392, 397, 399, 401, 407, 409, 420, 425, 432-440, 449, 462, 465, 466, 468, 475, 476, 479, 491, 493, 496, 497, 499, 500. — T. n : 15, 17, 18, 20-23, 27 n., 30, 32-34, 36-42, 53, 63, 75, 77, 80-82, 84, 85. 87, 88, 118, 124, 138-140, 142, 145, 147, 153, 175, 176, 185, 205, 221, 232, 234, 235, 255, 257, 258, 259, 262 n., 305, 306, 312-314, 324, 328, 332-336, 340, 342, 344, 346, 350, 352, 365, 369, 380, 388, 402, 412, 413, 436, 44&, 447, 449. 450, 452, 456, 460-462, 464, 466, 468, 472 n., 483, 485, 486, 492, 493, 495, 496-498, 501, 502, 504 n., 511, 515, 516. — T. m : 20, 24, 39-41, 48, 49, 52 n., 63, 67, 71, 75, 87, 110, 118, 123, 138, 139, 142, 147, 149, 151, 153-155, 156 n., 165, 172, 200, 202, 207, 211, 214, 239, 241, 252, 253, 266, 274, 297, 298, 303, 305, 306, 312, 313, 315, 316, 326, 339, 358-360, 372, 374, 378, 379, 382-384, 388, 390, 392 n., 394-397, 401, 402, 411, 414-417, 421, 426, 432, 438, 440, 444-446, 448, 451, 452 n., 463, 466-469, 472, 474-476, 476 n., 486, 488, 496, 500, 505, 519, 520. — T. IV : 15, 20, 34 n., 38, 39, 41, 42, 44, 67, 76-79, 82, 85, 86 n., 113, 115, 116, 119, 121, 137, 144, 147, 162, 170, 175, 176, 180-182, 185, 194, 205, 206, 214, 215, 217, 218, 221, 234, 248, 251, 262, 264-266, 274, 277, 280, 292, 312, 335, 338, 368, 388-391, 393, 396, 404 n., 408, 411, 416, 424. Gand (le vicomte de), voy. Me-lun. Gansfort (Wessel), théologien, T. Il : 198, 199. Garnier, préfet de Jemappes, T. m: 363. Gastanaga (le marquis de), gouverneur espagnol, T. m : 29, 30, 37, 40, 41, 98. Gattinara (Mercurlo de), T. n : 55, 59, 62, 71 n., 72 n., 74, 94, 131 n., 175, 179, 181. Gautier d'Arras, poète, T. 1: 209. Gautier d'Epinai, poète, T. 1: 209. Gavere, arr. de Gand, T. 1: 401, 439, 440, 449. — T. Il : 34, 41, 83, 120, 229. — T. m: 16, 154. Gavre (le comte de) [Jacques de Flennes], T. H: 66. Gavre (le prince de), T. m : 361. Gay (George I.), T. IV : 344, 360 n. Gebhart, duc de Lotharingie, T. I: Geefs (Guillaume), T. IV : 160, 164. Geer (Louis de), marchand, T. n: 440 n. Geerarts (Marc), peintre, T. n: 185. Geertruidenberg, prov. hollandaise du Brabant Septentrional, T. n: 229, 230, 288, 315, 370, 372. — T. m : 306. Geldenhauer (Gérard), secrétaire de Philippe de Bourgogne, évêque d'Utrecht, T. n : 184, 199. Gele (van), officier, T. IV : 229. Gembloux, T. I: 65, 67, 111, 114 n., 240. — T. n : 93. — T. m : 327-329, 333, 339, 341, 342, 345, 486. Gembloux (Abbaye de), T. Il: 195. Genappe, arr. de Nivelles, T. I : 384, 404. — T. m: 218, 230, 330. Genck, arr. de Hasselt, T. m : 269. Gendebien (Alexandre), T. m : 483, 494, 500, 514. — T. IV : 19, 33, 34 n., 39, 47, 86 n. Gendebien (Jean-François), T. m: 249, 422, 496, 502, 504, 507. Gênes, T. I: 172, 352, 475. — T. H: 161, 484 n. Genève, T. H: 239, 240, 242, 251, 252, 255, 260. — T. m : 372, 451. — T. IV : 262, 282, 356. Genlis (François de Hangest, sire de), T. n: 274, 281. Gennep (prov. hollandaise de Llm-bourg), T. n: 412. Gent (Otto van), gouverneur d'Emmerich, T. H : 399. Gentbrugge, T. IV : 338. Genval, arr. de Nivelles, T. m : 155 n. Georges n, roi d'Angleterre, T. ni: 123. George m, roi d'Angleterre, T. rV: 36. Georges d'Autriche, évêque de Liège, T. n: 106, 216, 262 n. Georges de Bade, évêque de Metz, T. 1: 413 n. Georges de Saxe, podestat de Frise, T. n: 69. Georges-Hans, comte palatin, T. n : 495. Georges Podiébrad, roi de Bohême, T. I: 419. Georgius, facteur d'orgues, T. I : 36. Gérard (Balthazar), T. n : 365. 424. Gérard, comte de Lotharingie, T. I: 51. Gérard IV, comte de Jullers, T. I : 280. Gérard, duc de Jullers, T. 1: 420. Gérard I'"', évêque de Cambrai, T. I: 54, 67, 69, 113. Gérard n, évêque de Cambrai, T. I: 67, 133. Gérard d'Alsace, duc de Haute-Lotharlngle, T. 1: 81 n. Gérard de Brogne (St), T. I: 64-66, 72, 134. Gérard de Gand, chevalier, T. I : 221 n. Gérard de Groesbeek, évêque de Liège, T. n : 170 n., 241, 262 n. Gérard (le maréchal), T. IV : 26, 27 30 92 Gérard benys, voy. Denys. Gerbaid, évêque de Liège, T. I : 36. Gerberge, femme de Gislebert, duc de Lotharingie, T. 1: 81 n. Gerberge, femme de Lambert de Louvaln, T. 1: 58. Gerberon (Dom), janséniste, T. III: 49, 64. Gerbert, archevêque de Reims, T. 1: 54, 59. Gerbier (Balthazar), peintre et agent politique, T. n : 404. Gerlache (E.C. de), T. ni : 390, 452, 464 n., 523. — T. IV : 163. Germain (Jean), évêque de Châ-lon, chancelier de l'Ordre de la Toison d'Or, T. 1: 415. Germaine de Foix, femme de Ferdinand d'Aragon, T. Il : 50. Gertrude, fille de Robert le Frison, T. 1: 138 n. Gertrude (Ste), T. 1: 35, 38 n. Gertrude de Hollande, femme de Robert le Frison, T. I : 76. Gervais, archevêque de Reims, T. 1: 82 n., 137 n. Gervais de Praet, T. I: 135. Géry (St), T. I : 26. Gestel (van), historien, T. IH : 159. Geulinckx (Arnold), philosophe, T. n : 509. — T. ni : 46. Gevaert (Fr.-Aug.), T. IV : 162. Gezelle (Guldo), T. IV : 169. Gheel, T. m : 230. Ghesquière (J.-H.), bollandlste, T. ni: 165, 174 n. Gheyn (M. van den), musicien, T. m : 173. Gheynst (Jeanne van der), maltresse de Charles-Qulnt, T. H: 225. Ghisbrecht de Bréderode, prévôt d'Utrecht, T. 1: 402. Ghistelies, arr. d'Ostende. T. I : 220, 353. Ghistelies, (le sire de), T. I: 191. Ghiin, arr. de Mons, T. IH : 153. Gianibelli, ingénieur Italien, T. H: 367. Gi^eppe (Barrage de la), T. IV : Giles'(Pierre), érudit, T. H: 175, 183. Gilles de Binche, musicien, T. I : 494. Gilles de Lessines, philosophe, T. I: 215. Gilles d'Orval, chroniqueur, T. I : 150. Giilet, représentant en mission, T. m: 315. Girardin (Emile de), T. rV' : 164. Gisèle, fille de Lothalre II, T. I: 43. Gislebert, duc de Lotharingie. T. I: 44, 45, 47, 50, 51, 57-60. 65, 69-71, 92, 140. Gislebert, père de Régnier au Long-Col, T. 1: 43.- Gislebert de Mons, chancelier de Baudouin V de Halnaut, T. I : 147. Givet, T. m: 26, 32, 92, 293, 294, 416. — T. rV : 319. Glajon (Philippe de Stavele, sire de), T. n: 217, 223, 228. Glocester (le duc de), voy. Hum-phrol. Glymes (Jacques de), T. H: 302, 342. Gobbelschroy (P.S.J. van), ministre, X. m : 435, 449, 450, 452 n. — X. rV : 41. Goblet (le général), X. rV : 19. 29. Goblet d'Alviella (le comte Eugène), X. IV : 166. Goch, prov. rhénane, au sud de Clèves, X. n: 410. Goclenius (Conrard), humaniste, X. H: 176, 181. Godebold, évêque d'Utrecht, X. I : 69. Godecharle (G.-L.), statuaire, X. m : 172. — X. rV : 160. Godefroid, (duc de Basse-Lotha-ringle, comte de Louvaln), X. I: 92, 140, 141. Godefroid, duc de Basse-Lotha-rlngle, X. I: 53, 57. Godefroid, fils de Jean III, duc de Brabant, X. 1: 345, 348. Godefroid, vlklng, X. I : 41, 43. Godefroid m, duc de Brabant, X. 1: 150. Godefroid de Bouillon, duc de Basse-Lotharlngle, X. 1: 69-71, 79, 92, 95, 108. 219. Godefroid de Claire, émailleur, X. I: 217. Godefroid de Fontaines, philosophe, X. I: 215. Godefroid de Verdun, duc de Basse-Lotharlngle, X. I: 59, 60. Godefroid le Barbu, duc de Basse-Lotharlngle, X. I : 61, 62, 66, 67, 74, 79, 95. Godefroid le Bossu, duc de Basse-Lotharlngle, X. I: 62, 63, 67, 69, 70, 76, 78, 80, 92. Godefroid le Captif, comte de Verdun, X. I : M-61, 92. Goes, dans l'île de Zuldbeveland, en Zélande, X. n : 154, 281. Goes (le comte de), X. ni: 68. Goes (Hugues van der), peintre, X. 1: 471, 493. — X. H : 183. Goethals (C.A.E. baron), général, X. m : 518. Goffin (Hubert), houllleur, T. m: 380. Goltz (von der), T. rv : 316, 317, 318, 323, 353, 354, 363, 367, 375. Goltzius (Hubert), artiste et antiquaire, T. U: 105, 182, 185. Cornez (Ruy), ministre de Philippe II, T. II: 218, 459. Gonj^niea (Antoine de), T. II : 305. Gontrode, arr. de Gand, T. II : 449. Gonzaga (Fernando), ministre de Charles-Qulnt, T. n : 94. Gonzagua (Octavlo), T. n : 309, 315, 327, 341. Goor, arr. d'Anvers, T. IV : 220. Gorcum, prov. de Hollande-Mérl-dlonale, T. H: 281, 286. Gorrevod (Laurent), conseiller de Marguerite d'Autriclie, T. n : 55. Goslar, T. 1: 126, 127, 201 n. Gossart (Jean), peintre, T. n : 175, 178, 184-187. Gossec (F.-J.), T. Ht: 391. Gosselies, T. m : 500. Gosson, avocat artésien, T. II : 338, 340, 343. Gossuln, conventionnel, T. m : 303. Gossuin, fabricant d'armes liégeois, T. m : 186. 262. Gothelon I»"-, duc de Lotharingie, T. I: 60, 61. Gothelon II, duc de Basse-Lotharingie, T. 1: 61, 62. Goubeau d'Hovorst, directeur général, T. ra : 439. Swtnîa; Tr 1: 501. — T. n : 175, 280. Gourieff, diplomate russe, T. HI : 417, 516 n. — T. IV : 34 n. Gouvy, T. rv : 56. Goux (Pierre de), chancelier de Philippe le Bon, T. 1: 456. Grabowsky, T. IV : 404. Gracian (le P. Jérôme), T. H: 468. Gramaye (Jean-Baptiste de), éru-dit et agent politique, T. n : 398, 468, 469. Grammaye (Thomas), fonctionnaire des Finances, T. n : 127. Gramme (Zénobe), T. IV : 248. Grammont, T. I: 65, 94, 192, 324, 332. — T. n : 83, 147, 327, 486. — T. ni : 16, 26, 305, 306, 491. Grana (le marquis de), gouverneur espagnol, T. m : 27-29, 40, 41, 98. Granier de Cassagnac (B.-A.), T. IV: 95, 112. Granson, T. I: 421, 425, 461. Granvelle (Antoine Perrenot de), cardinal et ministre de Philippe n, T. H: 110, 113, 116, 187, 217. 218, 221, 224, 224 n., 226, 228-231, 233, 237, 238 n., 241, 243, 246, 252, 255. 259, 267, 274, 279, 280, 289, 296 n., 353, 357, 359, 374 n., 401, 429, 452, 455, 458, 475. — T. IH: 50, 135, 459, 463. Granvelle (Nicolas Perrenot de), ministre de Charles-Quint, T. H: 94, 227. Granvelle, voy. aussi Champa-gney, Chantonay. Granvllle (Lord), T. m : 413. Grapheus (Corneille), humaniste, T. n: 181, 191 n., 199, 201. Grave, dansleBrabant-Septentrlo-nal, T. 1: 264. — T. H : 291, 368 390, 416. Gravellnes, T. 1: 170, 200 n., 478. — T. H: 221, 229, 341, 344, 409, 413, 468. — T. m : 16. Gravlus (le P. Jean), T. H: 514. Greef (Guillaume De), T. IV : 182. Greenwich, T. n : 87. Grégoire VD, pape, T. I: 66-69, 78, 82 n. Grégoire IX, pape, T. 1: 165. Grégoire Xm, pape, T. II : 327, 378. Grégoire XVI, pape, T. m : 523. — T. rv : 65, 113. Grégoire (Ernest), oranglste, T. ni : 506. — T. rv : 15, 41, 54 n. Grenoble, T. 1: 425. Grétry, T. IH : 173, 190, 191, 391. — T. rv : 162. Grey (Lord), T. m : 530. — T. IV: 10, 21, 34 n. Grey (Sir Edward), T. IV : 354. Grignoux (les), parti à Liège, T. H: 435-438. Grijspere (de), T. m : 150. Grlmaldl, amiral génois, T. I : 251. Grimaldi (A.) marchand génois à Anvers, T. H: 157. Grlmberghe, près de Bruxelles, T. 1: 91, 194. — T. m : 300. Grlmberghe (le prince de),T. ni : 154. Grobbedonck (le sire de), voy. Schetz (Gaspar). Groesbeek (Gérard de), évêque de Liège, T. U: 274, 313, 422-425, 427-430, 460. — T. DI : 80, 87, 90 Groesbeek (J.-P. de), T. m : 81. Grol, prov. de Gueldre, T. II : 373, 378, 391. Grolier, bibliophile français, T. II: 182. Groningue, T. I : 360. — T. II : 69, 70, 76, 78, 176, 198, 209, 232, 273, 349, 372, 373, 452. — T.IH: 444. Groote (De), T. IV: 160. Groote (Gérard de), fondateur des Frères de la Vie Commune, X. I : 486, 487, 499, 500. — T. II: 179, 193. Gruuthuse (le sire de), voy. Louis de Bruges. Guerronière (De La), T. IV : 134. Groovestins, T. m : 456, 498 n. Guadaleste (le marquis de), T. H: 391. Gualterrotti (les), marchands Italiens à Anvers, T. n : 157, 162. Guastalla, prov. de Reggio (Italie), T. ni : 125. Gueldre, T. n : 416. Gueldre (le duc de), voy. Adolphe, Charles d'Egmont. Gui de Canne, dictateur de Liège, T. II: 100. Gui de Damplerre, comte de Flandre, T. 1: 117, 163, 167 169, 171, 173, 174, 176, 179, 180, 190, 192, 198, 204, 206, 210, 230, 232-241, 245-247, 251, 252, 254, 277, 290, 297, 312, 314, 318, 329, 339, 355, 372, 374, 388, 434, 439. — T. H : 71. — T. rv : 335. Gui de Namur, fils de Gui de Damplerre, T. I: 241, 248, 249, 251, Guichardln (Louis), T. n: 85, 109, 141, 144, 149, 155, 158, 161, 162, 167, 169 n., 191, 238 n., 488. Guiches (le maréchal de), T. n : 412. Guide (Le), peintre, T. H: 185. Giiidetti (Tommaso), marchand italien, T. 1: 471. Guillaume, comte de Namur, T. I : 396. Guillaume, comte de Sallsbury, T. I: 154. Guillaume, duc de Bavière, T. n : 23. Guillaume, duc de Jullers, T. n : 48, 424, 429. Guillaume, duc de Saxe, T. I : 382, 385, 389 n. Guillaume, évêque d'Utrecht, T. I: 63, 68. Guillaume, prince d'Orange, fils de Guillaume l'f, T. m : 429, 437, 446, 452 n., 464 n., 473, 476, 482, 489-491, 495, 507, 508, 510, 516 n., 519, 529, 530. Guillaume n, abbé de Saint-Trond,T. 1: 204. Guillaume I»', comte de Hollande, T. I : 150, 160, 166. Guillaume n, comte de Hollande, roi des Romains. T. 1: 166, 167. Guillaume V, comte de Jullers, T. I: 268. Guillaume I", duc de Gueldre, T. I: 365, 502 n. Guillaume I®"-, duc de Normandie, T. I: 47, 73. Guillaume H, empereur d'Allemagne, T. rv : 212, 222 n. 241, 248, 252, 281. Guillaume IV , landgrave de Hesse, T. n : 251. Guillaume I""', roi des Pays-Bas, T. m: 312, 313, 327, 343, 347, 401, 406, 411, 413-417, 418 n., 419-422. 426-430, 430 n., 431, 433-436, 438-456, 459, 462, 463-465, 467-469, 484, 488. 491, 492, 499, 508, 512, 514, 515, 520. 524, 525, 527-530. — T. IV : 10-12, 18-20, 22- 24, 28-33, 34 n., 36, 41, 45, 46, 55, 56, 66, 73, 91, 100, 104, 105, 111, 112, 149, 151, 154, 159, 160, 163, 174, 176, 185, 242, 247, 263, 404. Guillaume H, roi des Pays-Bas, d'abord Prince d'Orange, T. rv : 12, 15, 24, 26, 27, 34 n., 36, 42, 54 n., 57 n. Guillaume n, Stadhouder de Hollande, T. m : 14. Guillaume m, Stadhouder de Hollande, prince d'Orange, roi d'Angleterre, T. m: 10, 23-25, 28-30, 32, 43, 83. Guillaume V, stadhouder de Hollande, T. m : 306, 312, 427. Guillaume I®' d'Avesnes, comte de Halnaut et de Hollande, T. I: 251, 253-255, 262, 264, 268-271, 313, 314, 344, 488. Guillaume II [d'Avesnes], comte de Halnaut, de Hollande et de Zélande (Guillaume IV, comte de Hollande), T. 1: 344, 346. Guillaume ni [de Bavière], comte de Halnaut, de Hollande et de Zélande (Guillaume V, comte de Hollande), T. 1: 346, 347. Guillaume IV [de Bavière], comte de Halnaut, de Hollande et de Zélande (Guillaume VI, comte de Hollande), T. I: 363, 370, 373, 395, 396, 400, 493. —T. H: 69. Guillaume de Clèves, duc de Gueldre et de Jullers, T. Il: 86, 88. Guillaume de Crèvecœur, fils de Gui de Damplerre, T. 1: 241. Guillaume de Croy, évêque de Cambrai, archevêque de Tolède, T. n : 62, 120, 194. Guillaume de Croy, seigneur de Chlèvres, T. n: 51, 54, 55, 57-62, 94, 131 n.. 176, 179, 230. Guillaume de Dampierre, fils de Guillaume de Dampierre et de Marguerite, T. I: 165. Guillaume de Dampierre, mari de Marguerite, comtesse de Flandre et de Halnaut, T. I: 165, 210. Guillaume de Deken, voy. Deken. Guillaume de Julémont, chanoine de Liège, T. 1: 266. Guillaume de Jullers, l'alné, petit-fils de Gui de Damplerre, T.I : 241, 247. Guillaume de Jullers, le cadet, petit-fils de Gui de Damplerre, T. I: 247-249, 252. Guillaume de Juliers, neveu du comte de Flandre Gui de Damplerre, T. I: 278, 303. Guillaume de La Marck, mam-bourg du Pays de Liège, T. I : 442. — T. n : 26, 31-33, 40, 42, 97-101, 194. Guillaume de Moerbeke, philosophe, T. 1: 215. Guillaume de Nassau, prince d'Orange, dit le Taciturne, T. Il: 40, 66, 207 210, 216, 217, 223, 226, 229-237, 238 n., 239, 247, 249- 252, 255, 256, 258-261, 272-274, 279-289, 291, 293, 295, 300, 302, 305-307, 311-313, 315, 319-330, 332, 333, 335, 336, 338-345, 349, 351-358, 362, 364-368, 370, 379, 384, 387, 392, 423, 425, 461, 473, 474. — T. m: 419, 463, 495, 500, 505. Guillaume de Normandie (Guillaume Cliton), comte de Flandre, T. 1: 105, 135, 136, 143, 166, 246, 262, 297. — T. H : 277. Guillaume de Savoie, évêque de Liège, T. I: 199. Guillaume d'Tpres, prétendant au comté de Flandre, T. I: 135. Guillaume le Breton, chroniqueur, T. 1: 152, 154, 155 n., 171, 175, 242 n. Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, roi d'Angleterre, T. I: 74, 78, 124. Guillaume-Frédéric, prince d'Orange, voy. Guillaume I", roi des Pays-Bas. Guillaume Fllastre, évêque de Tournai, T. 1: 389 n. — T. n : 194. Guillaume Fitz Osbern, comte de Hereford, T. 1: 76. Guillaume Lindanus, voy. Linda-nus. Guimard, architecte, T. m : 173. Guinegate, dép. du Pas-de-Calais, T. n: 26, 29, 35, 57, 128. Guines, dép. du Pas-de-Calais, arr. de Boulogne, T. n : 378. Guise, dép. de l'Aisne, T. m : 14. Guise (François, duc de), T. n: 221, 235, 244. Guizot (François), T. rV : 34 n., 37, 59, 60, 72, 76, 84, 113, 115. Gunther, évêque de Salzbourg, T. I: 110. Guyenne (Charles de France, duc de Berry et de Guyenne, frère de Louis XI), T. I: 419, 420. — T. I: 500. Guyse (Jacques de), chroniqueur, T. I: 500. H Habay, arr. de Virton, T. m : 27. Habsbourg, T. IV : 94. Hadewige, abbesse d'Aywlères, T. I: 502 n. Hadewych (la sœur), écrivain brabançon, T. 1: 486, 502 n. Haecht, arr. de Louvaln, T. n : 485. Haeghen (Pierre van der), avocat bruxellois, T. n : 302. Haelen, arr. de Hasselt, T. m : 75, 76. — T. IV : 292. Haer (Florent van der), historien, T. n: 508. Haeren, près de Bruxelles, T. I : 137 n. Haerne (Mgr de), T. IV: 46, 153. Haeze (de), imprimeur, T. ni: 254 n. Hagenbach (Pierre de), lieutenant de Charles le Téméraire, T. 1: 418, 421. Haï, T. 1: 365, 493, 498. — T. H : 378, 462, 507. — T. m : 29, 165, 253, 305, 358. Halen (Don Juan van), T. m : 502, 507, 509, 516 n. Halen (Simon van), ruwaert de Flandre, T. 1: 319, 320, 340 n. Hallewljn (François de), seigneur de Sweveghem, T. n : 324. Haisbuyl (Philippe), maître d'école, T. n : 191. Ham, dép. de la Somme, arr. de Péronne, T. 1: 435. — X. n : 378. Ham (le fort de), I. ni : 360. Hamal (J.-N.), musicien, T. m : 172, 191. Hambourg, X. I : 287, 472. — X. n : 160, 282 n. — X. lU : 110, 111. — X. IV : 264. Hambursin, officier, X. IV: 229. Hamelin (M™"), X. m: 436. Hames (Nicolas de), roi d'armes de la Toison d'Or, X. Il: 252. Haneron (Antoine), précepteur de Charles le Téméraire, X. 1: 415. Hannusse, officier, X. IV : 229. Hannut, arr. de Waremme, X. ni : 230. Hanssens, officier, X. IV : 229. Hansweert (le canal de), X. IV : 133 Hanswijck (N.-D. d') à Malines, X. m : 44. Harcourt (le comte de), X. m : 14, 32. Hardenberg, ministre prussien, X. ni : 415. Hardewyck, prov. de Gueldre, X. n : 287. Harlebeke, arr. de Courtral, X. I : 353. — X. m : 154. Harlem, X. I: 377. — X. U : 78, 175, 206, 232, 234, 281, 287-289, 367, 452, 453. — X. m : 444. Harlindls (Sainte), X. 1: 36. Haro (Diego de), marchand espagnol, X. II : 157. Haro (Don Louis de), X. III : 22. Harrach (le comte), X. ni: 38, 113, 115, 122, 135, 166. Hartgar, évêque de Liège, X. I : 36, 41, 107. Hartemberg (le baron d'), X. m : 343. Hasnon, abbaye, X. 1: 34. Hasselt, X. 1: 404. — X. H : 170 n., 263 n., 423, 424, 430. — X. m : 89, 231, 269, 346. — X. IV : 26, 31, 62. Hasselt, prov. d'Over-Yssel, X. n : 175. Hasselt (A. Van), X. rV : 164, 169. Hastière, abbaye, X. 1: 34. Hattem, X. n : 287. Hatto, comte de Hollande, X. I : 51. Hatzfeld (le prince de), ambassadeur prussien, X. m : 430. Haug (les), marchands allemands à Anvers, X. n : 157. Haultepenne (Claude de Berlay-mont, sire de), X. n : 364, 368, 369. Haussonville (le comte de), X. IV : 95. Hauthem - Saint - tiévin, arr. d'Alost, X. m: 451. Hautmont, abbaye, X. 1: 34. Hautschlld (Lubertus), érudlt, X. 1: 497. Hauwaert, arr. de Louvaln, X. n : 485. Hauzeur - Simonon, commissaire du Directoire, X. m: 346. Havelange (J. J.), recteur de l'Université de Louvaln, X. m : 341. Havet (Antoine), évêque de Namur, I. n : 455. Havré (Charles-Philippe de Croy, marquis d'),X. H: 305, 313, 326, 349, 384. Hazart (le P. Corneille), X. ni: 52 n. Hecq, officier, X. IV : 229. Hedwlge, femme de Régnier IV de Halnaut, X. 1: 58. Heeck, près de Munster, X. n : 176. Heele, X. Il : 255. Heer (le baron de), X. ni : 144. Heer (Lucas de), peintre, T. n : 185. Heerlen, dans le Llmbourg hollandais, T. I: 264. Heers (Raes de), démagogue liégeois, T. I: 404, 406, 408, 409, 413 n., 485. — T. U : 98, 99. Heeswijck (le chevalier de), T. m : 193, 209. Hégius (Alexandre), érudlt, T. I : 500. — T. n : 176. Heidelberg, T. U: 240. Heiligerlee, prov. de Gronlngue, comm. de Scheemda, T. II : 76, 273. Heimon, évêque de Verdun, T. I : 110. Hein van Aken, traducteur, T. I : 216. Heine (Henri), poète allemand, T. m : 483. Heinsius (Antoine), T. m : 76. Helnslus (Daniel), érudlt, T. II : 447, 507. Helchin, arr. de Courtral, T. I : 306. Helder (Le), T. m : 413, 427. Helleputte (Georges), T. IV : 220. Helmont (Jean-Baptiste van), savant, T. II : 505. Heltewage (Henri), marchand allemand à Anvers, T. 1: 475. Helvetlus (Claude), philosophe, T. m : 169. Hembyse (Jean de), T. n : 324, 333, 336, 340, 345, 346, 364, 365, 436. Hendric van Veldeke, poète, T. I : 213. Henin (Don Jorge de), T. n : 400, 497. Henkart (Pierre-Joseph), poète liégeois, T. III: 181, 279. Hennebel (Jean), professeur à Louvaln, T. m : 51, 64. Hennequin de Bruges, artiste, T. I : 491, 493. Hennequin de Liège, artiste, T. I : 492. Henri, comte de Champagne, T. I : 146. Henri, duc de Bavière, T. 1: 45, 49. Henri, évêque de Norwlch, T. I : 260. Henri, fils de Glslebert, duc de Lotharingie, T. 1: 49. Henri, fils de Gui de Damplerre, T. I: 256 n. Henri, fils de Jean III, duc de Brabant, T. 1: 345, 348. Henri I", comte de Louvaln, T. I : 60. Henri m, comte de Louvaln, T. I : 91, 92, 106 n. Henri m, comte de Luxembourg, T. 1: 265. Henri IV, comte de Luxembourg, puis empereur sous le nom de Henri VII, T. I: 265, 266, 278. Henri I", duc de Brabant, T. I : 59, 137, 146, 147, 149-151, 153, 154, 157, 159, 160, 162. Henri H, duc de Brabant, T. I : 59, 159, 160, 200 n. Henri m, duc de Brabant, T. I : 159-161, 210. Henri II, empereur, T. 1: 54, 60, 73, 81 n., 93. Henri m, empereur, T. 1: 61, 62, 67, 79. Henri IV, empereur, T. 1: 52, 62, 67, 69-71, 79, 82 n., 132. Henri V, empereur, T. 1: 70, 79, 132, 133, 139, 140, 143. — T. H : 35. Henri VI, empereur, T. 1: 95,142, 148, 149, 151. Henri VU, empereur, T. 1: 254, 256 n., 366 n. Henri vn, empereur, voy. Henri IV, comte de Luxembourg. Henri I", roi d'Angleterre, T. I : 135. Henri n, roi d'Angleterre, T. I : 144. Henri m, roi d'Angleterre, T. I : 176. Henri V, roi d'Angleterre, T. I : 375, 380. Henri VI, roi d'Angleterre, T. I : 380. Henri VII, roi d'Angleterre, T. n : 40, 46, 50, 51, 54, 137, 138, 248. Henri VIII, roi d'Angleterre, T. II: 57, 58, 60-62, 65, 68, 87, 137, 240, 248. Henri I", roi de France, T. 1: 61, 74, 80. Henri n, roi de France, X. H : 83, 89, 219. Henri m, roi de France, T. n : 300, 327, 357, 362, 364-366, 368, 370. — T. ni: 197. Henri IV, roi de France, T. n : 358, 365, 370-373, 378, 379, 389, 391, 39:^, 394, 398, 406 n., 5r2. T. m : 286. Henri de Bavière, évêque d'Utrecht, T. 1: 366 n. — T. II : 71. Henri de Berghes, évêque de Cambrai, T. II : 178, 194. Henri de Dînant, homme politique liégeois, T. 1: 182, 229, 243. Henri de Gand, philosophe, T. I : 215. Henri de Gueldre, évêque de Liège, X. 1: 182, 199, 255 n., 332. Henri de Limbourg, duc de Basse-Lotharingie, X. 1: 70, 98 n., 140. Henri de Verdun, évêque de Liège, X. I: 67, 69, 96, 332. Henri l'Aveugle, comte de Namur, X. 1: 141, 155 n. Henri le Navigateur, X. IV : 224. Henri l'Oiseleur, roi d'Allemagne, X. I : 45, 73, 139. Henri-Chapelle, arr. de Vervlers, X. m : 68. Henry, officier, X. IV : 229. Hensciien (le P. Godefroid), X. H : 466. — X. m : 45, 159. Herbert, comte de Vermandols, X. I : 47, 59. Herbouviiie (d'), préfet des Deux-Nèthes, X. m : 363, 391. Herentiiais, I. I: 285. — X. n : 282. Hériger, abbé de Lobbes, X. I : 111. Heriin (Michel), X. II: 264 n. Herman, évêque de Metz, I. I : 110. Herman, évêque de Ramsbury, X. 1: 110. Herman, landgrave de Hesse, X. 1: 424. Herman de Mons, comte de Hai-naut, X. I: 61, 62. Herman de Beiciienau, écrivain, X. 1: 137 n. Herman de Xournai, chroniqueur, X. 1: 66, 90, 97 n., 106 n., 124. Herpener (Pierre), rhétorlcien, X. U: 189. Herreyns (Guillaume), peintre, X. m : 172. Herstai, X. 1: 35. — X. m : 81, 179. Hertling (chancelier von), X. IV : 408, 414. . Hertoghe (Marc de), X. H: 483. Hertzberg (E.-F., comte de), homme d'Etat prussien, X. m : 237, 247, 260, 266, 267. Herve, X. m: 147, 165, 208, 258, 259, 272. Herwart (les), marchands allemands à Anvers, X. n : 157. Hesdln, dép. du Pas-de-Calais, X. I : 387. — X. n : 93, 411, 462. Hesius (le P. Guillaume), I. II : 508, 516. Hesperange, duché de Luxembourg, X. ni: 26. Hessels (Jacques), conseiller au Conseil de Flandre, X. n : 342. Hessier (Georges), cardinal, X. n : 22. Hessus (Eobanus), érudlt, X. n: 163, 191 n. Heule, arr. de Courtral, X. IV : 150. Heusch (De), officier, X. rv : 229. Heusden, dans le Brabant septentrional, X. 1: 264. Heusy (le chevalier de), X. m : 184. Heylissem, arr. de Louvaln, X. m : 66. Heyns (Pierre), grammairien, X. n : 190, 192 n. Heyst-sur-Mer, X. ID : 77. Hèze (Guillaume de Homes, baron de), X. n, 302, 313, 315, 327, 341, 342, 360, 361. Hézelon, évêque de Toul, X. I: 110. Hiidegaersbergh (Willem van), écrivain néerlandais, X. 1: 486, 502 n. Hincmar, archevêque de Reims, X. 1: 47. Hindenbourg, X. IV : 382. Hlrn (F.J.), évêque de Tournai, X. m : 394-396. Hoboken (van), X. m : 430 n. Hocheporte, près de Liège, X. I : 399. Hochstaedt, voy. Blenhelm. Hochstetter (les), marchands allemands à Anvers, X. n : 157, 162. Hoesem (Jean de), chroniqueur liégeois, X. 1: 276, 333, 334, 488. Hodimont, arr. de Vervlers, X. n : 445, 449. — X. m : 118, 152, 188, 189, 194 n., 205, 378. Hoeimaker (le P. Henri), X. n : 516. Hoeks (les), parti en Hollande, X. 1: 346, 347, 366 n., 374, 376, 377, 441, 465. — X. U : 33, 40, 70. Hoen (C.-H.), théologien, X. n : 199, 211 n. Hoene (général von), X. IV : 376. Hoensbroecii (Constantin - François, comte de), évêque de Liège, X. m : 177, 256-258, 260, 263, 265-268, 278, 279, 281, 307. Hoesselt, arr. de Tongres, X. I : 280, 281, 295 n. Hofer (Andréas), X. m : 346. H^gendorp (G.K. van), X. m : Hoffmann (Melchlor), anabaptiste, X. H: 78, 206, 207. Hoffmann von Fallersleben, X. IV : 175, 176, 386. Holienloiie (Philippe, comte de), X. n : 366, 368, 369. Hohenlohe (Wolfgang, comte de), beau-frère du prince d'Orange, X. n: 293. Hoiienzollern (Léopold de),X. IV: 137. Holbacli (Thlry, comte d'), philosophe, X. m : 169, 254 n. Hoilander (le pseudo D'), X. H: 95 n. Hoilare (Marlnus de), marin hollandais, X. n : 399. Hoiiogne-sur-Geer, arr. de Wa-remme, X. U : 33, 100. Holvoet (B.J.), X. m : 422, 435. Hondschoote, arr. de Dunkerque, X. I : 192, 353, 468. — X. n : 141, 143, 145, 148, 161, 164, 169 n., 170 n., 207, 242, 244, 257, 426, 449, 490, 493. — X. m : 29, 150, 152, 312. Hondt (de), bourgeois de Bruxelles, X. n : 216. Honnecourt, dép. du Nord, arr. de Cambrai, X. n : 412. Honoré des Moustiers, sergent de Philippe le Bel, X. 1: 234. Hoogstraeten, I. U : 120, 186, 390. X. m : 230. Hoogstraeten (le comte de), voy. Lalaing (de), Antoine I«"- et Antoine II. Hoogstraeten (Jacques de), théologien, X. n: 201. Hoogvorst (Emmanuel van der Linden, baron d'), X. m: 486, 489, 490, 493, 494, 496, 497, 501, 502, 504. Hoogvorst (les frères d'), X. IV : 20. Hoop (van der), avocat, x. m : 228. Hoorebeke-Sainte-Marie, arrondissement d'Audenaerde. X. n : 445, 449. — X. m : 118, 205. Hoorn, prov. de Hollande septentrionale, sur le Zulderzee, X. n : 255 Hoovér (Herbert), X. IV : 343,344. Hopperus (Joachim), ministre de Philippe II, X. n : 276, 291, 294, 310. Horebout (les), peintres, X. n : 185. Horion (le comte de), X. m: 193. Hornes (le comte de) [Philippe de Montmorency], X. n: 21, 235-237, 238 n., 247, 250, 255, 256, 258-261, 270. 272, 273, 298, 342, 404, 425. — X. m : 197. Hotman (François), publiclste français, X. n : 301. Horst (le baron de), X. m : 409, 411. Houcliard, général français, X. m : 312, 427. Houcke, port sur le Zwln, X. I : 170. — X. n : 485. Houdelot (d'), préfet de la Dyle, X. m : 363, 390, 400. Houdetot (M""»), X. ni: 395. Houffalize, X. I : 164. Hougarde, X. 1: 60, 94. Houpllnes, dép. du Nord, arr. de Lille, X. n: 257. Houthem, arr. de Fûmes, X. n : 169 n. Houwaert, poète flamand, X. n : 188. Houzeau (Nicolas), inquisiteur, X. n: 202. Hove (Anna), anabaptiste, X. H: 449 Hove'(le baron de), X. m: 228. Hovinnes (Charles de), président du Conseil Privé, X. n : 479. — X. in : 18. 47. Hovfen, général hollandais, X. m : 505. Huart d'Autel, sénéchal du Luxembourg, T. I : 370-372. Hubald de Liège, professeur à Paris, X. I: 110. Hubert (Saint), X. 1: 27. Hucbald de Saint-Amand, écrivain, X. 1: 36, 109, 113. Huet (Fr.), X. IV : 76, 85. Hugo (Victor), X. IV : 95, 160, 164, 185. Hugonet (Guillaume), chancelier de Bourgogne, X. 1: 456. — X. n : 14, 16, 20, 21, 30, 62, 98, 123. Hu|ues, fils de Lothalre II, X. I : Hugues d'Atiiis, a ge n t de Louis VIII, roi de France, X. I : 155. Hugues de Châlons, évêque de Liège, X. 1: 199, 243 n. Hugues d'Oignies, orfèvre, X. I : 2i7. Hugues de Pierrepont, évêque de Liège, X. 1: 151, 153, 154, 159, 194, 199. Hugues Capet, roi de France, X. 1: 58. Huleu (J.F.), vicaire général de Mallnes, X. m: 340. Hulft (le sieur de), X. ni: 68. Hulst, en Zélande, X. 1: 82 n., 190, 353. — X. n : 38, 334, 364, 370, 378, 409, 411, 413, 416. Hulst (François van der). Inquisiteur, X. n: 201-203. Hulthem (C.J. van), érudlt, X. m : 386, 390, 473. Humbercourt (Gul de Brlmeu, sire de), X. 1: 410, 411. — X. n : 14, 20, 21, 62, 97, 98, 257. Humières (le maréchal d'),X.m: 29. Humpiirol, duc de Glocester, X. I : 376-378, 380, 388 n. Hurlbloc (Pierre), homme politique gantois, X. 1: 434. Huss (Jean), réformateur, X. n : 193 Huy, X. I: 32, 52, 94, 121, 123, 126, 127, 132, 151, 153, 154, 159, 180, 181, 228, 266, 276, 278, 279, 407, 409, 412. — X. n : 99, 181, 373, 428, 430, 433, 436, 460, 495, 502. — X. m : 24, 32, 66, 75, 84, 89-93, 186, 273, 417, 487, 494.— X. IV : 20. Huyssens (le P. Pierre), architecte, X. n: 467, 516. Huyttens, industriel gantois, X. m: 414. Hymans (Paul), X. IV: 244. Hyoens (Jean), homme politique gantois, voy. Yoens. Hythodée, personnage de l'Utopie de Th. Morus, X. n : 158. Ibarra (Esteban de), diplomate espagnol, T. n : 372. Ida, femme de Renaud de Dam-martin, X. 1: 156 n. lena, X. m : 428. Immon, fidèle de Glslebert, duc de Lotharingie, X. 1: 52. Inda (Cornelimunster), abbaye, X. I: 41. Ingelmunster, arr. de Courtral, X. I: 241. Innocent n, pape, X. 1: 155 n. Innocent IV, pape, X. 1: 165, 201 n. Innocent Vn, pape, X. 1: 396. Innocent XI, pape, X. m : 50. Innocent XH, pape, X. ni : 50. Inspruck, X. n: 46, 47, 50, 186. lolande, comtesse de Salnt-Pol, T. I: 210. Irénée, évêque de Lyon, X. 1: 21. Isaac, comte à Cambrai, X. 1: 51. Isabeau de Bavière, femme de Charles VI, roi de France, X. I : 363, 369, 375. Isabelle (l'archiduchesse), [infante d'Espagne, souveraine des Pays-Bas], X. H: 128, 370, 372, 373, 379-381, 383, 384, 388-393, 398-407, 444, 462, 464, 465, 468, 469, 476, 482, 489, 495, 497, 502, 503 n., 508, 510, 512, 514-517. — X. m: 30, 44, 74, 114, 133, 135. — X. IV : 55, 56. Isabelle, femme de Gui de Damplerre, X. 1: 256 n. Isabelle, femme du roi d'Angleterre Edouard II, X. 1: 271. Isabelle, fille de Guillaume comte de Hainaut, X. 1: 269. Isabelle, reine de Castille, X. n : 46, 50, 54. Isabelle, soeur de Charles-Quint, femme de Christian II de Danemark, T. n: 68. Isabelle, sœur de Jeanne de Castille, X. n : 48. ! - n Isabelle d'Angleterre, fille d'Edouard III, roi d'Angleterre, T. 1: 324. Isabelle de Hainaut, femme de Philippe-Auguste, T. I: 144, 146, 147, 154, 155 n. Isabelle de Portugal, femme de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, T. I: 380, 384, 415. Issoudun, dép. de l'Indre, T. I : 241. Itta, femme de Pépin de Landen, T. I: 35. Ivoy (Carlgnan), dép. des Arden-nes, T. 1: 371. — T. II : 87. — T. ni: 16. Jacob van Maerlant, poète, T. I : 214-216, 224. Jacobs (Victor), T. IV : 137, 139, 140, 191, 192, 199. Jacqueline de Bavière, comtesse de Hainaut, Hollande et Zélande, T. I : 373-378, 388 n., 398, 402, 452, 488. Jacquemart de Hesdin, artiste, T. 1: 491. Jacques (Baron J. de Dixmude), officier, T. IV : 229, 231. Jacques I", roi d'Angleterre, T. n : 389, 394, 398. Jacques n, roi d'Angleterre, T. ni: 29. Jacques de Bade, archevêque de Trêves, X. 1: 413 n. Jacques de Baerze, sculpteur, T. I: 493. Jacques de Bourgogne, sire de Fallais, T. II: 263 n. Jacques de Croy, candidat à l'évê-ché de Liège, évêque de Cambrai, T. II: 100, 101, 120, 194. Jacques de Chatillon, gouverneur de Philippe le Bel en Flandre, T. I: 245-248, 256 n., 262, 288, 302. — T. II: 277, 279. Jacques de Guise, écrivain, T. I : 211. Jacques de Hemricourt, écrivain, T. I: 181, 221 n., 332, 334, 394, 396, 488. Jacques Le Blond, bourgeois de Douai, T. I: 242 n. Jacques Peit, voy. Peit. Jacques van Artevelde, voy. Arte-velde. Jacques Van Thienen, architecte, T. 1: 496. Jacques de Vitry, cardinal, T. I : 220, 499. Jamolet (Jean), Inquisiteur à Liège, T. n : 423. Jansenius (Corneille), évêque de Gand, T. n : 275. Jansenius (Corneille), évêque d'Ypres, T. H: 408, 455, 466, 512. — T. m : 47-49, 63, 119. Janson (Paul), T. IV : 151, 152, 202, 211. Jansen, officier, T. IV : 229. Janssone (Segher), démagogue brugeols, T. 1: 309. Janvilles, près de Chartres, T. I : 241. Jardon (H.A.), général, T. m: 345. Jauregui (Antoine de), T. n : 489. Jaureguy (Jean), T. n : 354, 362. Jaurès (Jean), T. IV : 249, 252. Jean, archiduc d'Autriche, T. III : 346. — T. rv: 68. Jean, fils du duc Jean III de Bra-bant, T. I: 269. Jean, peintre à Liège, T. 1: 113. Jean m, comte d'Egmont, T. II : 228. Jean IV, comte d'Egmont, T. n : 228. Jean I®"', comte de Hainaut et de Hollande, T. I: 167, 168, 235, 237-241, 248, 249, 251, 269. Jean I®"', comte de Hollande, T. I : 241. Jean 1=' (de Dampierre), comte de Namur, T. I: 190, 241, 246-248, 250, 252, 254, 255 n., 290, 297, 301, 302, 306. Jean II, comte de Namur, T. I : 268. Jean m, comte de Namur, T. I : 375, 388 n., 502 n. Jean, comte de Nevers, voy. Jean sans Peur, duc de Bourgogne. Jean H, comte de Nevers, T. I : 386, 440. Jean I®"-, duc de Brabant, T. I : 158, 159, 161-163, 179, 198, 264, 265. Jean n, duc de Brabant, T. I : 159, 208, 235, 264, 284, 285, 336, 475. Jean III, duc de Brabant, T. I : 164, 264-270, 285, 312, 313, 335- 337, 344, 345, 348, 488. Jean IV, duc de Brabant, T. I : 338, 373-377, 431, 450, 451, 502 n. — T. II : 320. Jean I", duc de Clèves, T. 1: 383. — T. II : 22. Jean II, duc de Clèves, T. 1: 502 n. — T. II : 31, 32. Jean III, duc de Clèves et de Ju-liers, T. II: 86. Jean VI, évêque de Cambrai, T. II: 194. Jean l'f, roi de Portugal, T. I : 380. Jean d'Albret, roi de Navarre, T. II: 35, 61. Jean d'Arkel, évêque de Liège, T. I : 335, 395. Jean d'Avesnes, fils de Marguerite, comtesse de Flandre et de Hainaut, T. I: 142, 166, 167, 168, 374. — T. n : 26. Jean d'Avesnes, comte de Hainaut (Jean I®"') et de Hollande-Zélande (Jean II), voy. Jean I®"-, comte de Hainaut. Jean de Bavière, comte palatin du Rhin, T. n : 229. Jean de Bavière, évêque de Liège, T. I: 373, 374, 376, 377, 393, 395-398, 403, 493, 502 n. Jean de Beaumetz, artiste, T. I : 491. Jean de Bourgogne, évêque de Cambrai, T. I: 402. Jean de Cambrai, artiste, T. I : 492. Jean de Condê, poète, T. 1: 210. Jean de Dinant, bourgeois de Liège, T. 1: 201 n. Jean d'Enghien, évêque de Liège, T. I: 199. Jean d'Eppes, évêque de Liège, T. I : 199. Jean de Gand, artiste, T. 1: 491. Jean de Ghistelles, noble flamand, T. I: 246. Jean de Hainaut, sire de Beau-mont, T. I: 268, 270, 271, 488. Jean de Hasselt, artiste, T. I : 493. Jean de Heinsberg, évêque de Liège, T. I: 383, 393, 398, 399, 402, 498, 502 n. — T. H : 194. Jean de Hocsem, voy. Hocsem. Jean de Homes, évêque de Liège, T. n : 42, 99-101, 105, 194. Jean de I^yde, anabaptiste, T. H : 78. Jean de La Marck, candidat à l'évêché de Liège, T. H: 99, 100. Jean de Luxembourg, général de Philippe le Bon, T. 1: 376. Jean de Montfort, duc de Bretagne, T. I: 351. Jean de Montreuil, érudit, T. I : 497. Jean de Namur, T. II : 279. Jean de Keisighem, précepteur de Philippe le Bon, T. 1: 388 n. Jean de Renesse, chevalier zélan-dais, T. I: 248. Jean de Ruysbroeck, architecte, T. 1: 496. Jean de Swinaerden, bourgeois de Gand, T. 1: 191. Jean de Thuin, traducteur, T. I : 210. Jean de Touraine, fils de Charles VI, roi de France, T. 1: 373. Jean de Valenciennes, architecte, T. I: 496. Jean de Wallenrode, évêque de Liège, T. I: 398. Jean de West, évêque urbaniste de Tournai, T. 1: 359. Jean de Woluwe, artiste, T. I : 493. Jean l'Aveugle, comte de Luxembourg, puis roi de Bohême, T. I: 265-269, 312, 313, 328, 345, 366 n. Jean le Bon, roi de France, T. I : 349, 350, 492. Jean sans Peur, duc de Bourgogne, T. I: 202 n., 363, 369-375, 380, 384, 393, 396, 400, 434-437, 448, 450, 456, 459, 460, 467, 484. — T. II : 44, 194. Jean sans Terre, roi d'Angleterre, T. I: 149, 151, 152, 154, 226, 235, 312. Jean van Heelu, poète, T. 1: 159, 161, 208, 216. Jean-Casimir, comte palatin, T. II: 322, 326, 328, 336, 340-342, 345, 346. Jean-Frédéric, duc de Saxe, T. n : 86. Jean-Guillaume, duc de Clèves et de Jullers, T. H : 394. Jean - Guillaume de Neubourg, comte palatin, T. m : 30. Jean-Sigismond, électeur de Brandebourg, T. U : 394, 395. Jean Breydel, bourgeois de Bruges, T. 1: 255 n. Jean Chevrot, évêque de Tournai, T. H : 194. Jean Froissart, chroniqueur, voy. Froissart. Jean Paléologue, empereur de By-zance, T. 1: 389 n. Jean '•e Huy, sculpteur, Jean Piantagenet, duc de Bedfort, T. 1: 375-377, 388 n., 389 n. Jean Yoens, voy. Yoens. Jeanne, comtesse de Flandre et de Hainaut, T. 1: 149, 154, 155, 168 n., 184, 196, 204, 205, 210, 218, 229. Jeanne, duchesse de Brabant, T. I : 269, 271, 345, 346, 348, 353, 362-365, 370, 373, 488. Jeanne d'Albret, nièce de François I«',T. n : 87, 280. Jeanne de Castille, femme de Philippe le Beau, T. II : 46-49, 61. Jeanne de Normandie, petite-fille de Philippe de Valois, roi de France, T. 1: 345. Jeanne de Ilétiiel, mère de Louis II de Nevers, T. 1: 272 n. Jeannin (Pierre), diplomate français, T. H: 392. Jehan de Banche, bourgeois de Douai, T. 1: 242 n. Jehin (Abbé), T. HI : 258. Jemappes, arr. de Mons, T. m : 291, 292, 295, 296, 298, 307, 313, 314, 328, 358, 361, 368, 401. — T. rv : 299. Jenneval (L.A. Dechez, dit), T. ni: 498 n., 506. Jérusalem, T. 1: 71, 79, 82 n., 219, 358. Jette, près de Bruxelles, T. I : 65. Jodoigne, T. I : 162, 199. — T. HI: 400. Jolimont, dép. de Fayt-lez-Se-neffe, arr. de Charleroi, T. rV : 185, 217, 218. Jolivet (M.-N.), secrétaire du résident français à Liège, T. m : 194 n. Joiiy (A.E. baron), membre du Gouvernement Provisoire, T. HI: 501, 502, 504. Joly (Gui), juriste français, T.IH: 33 n. Jonghe (B. de), historien, T. III : 159. Jordaens (Jacques), peintre T. H: 452, 517. — T. m : 44. Joris (David), anabaptiste, T. II: 207. Joseph n, empereur, T. H : 68, 128, 233. — T. m : 51, 59, 63, 97, 98, 113, 121, 126, 127, 130-135, 140, 144, 146, 164, 167, 172, 193, 197-201, 204-213, 216, 217, 220-224, 227, 230-232, 233, 235, 237, 238, 241-244, 248, 251, 252, 256-259, 262, 266, 275, 277, 295, 302, 308, 309, 324, 334, 335, 338, 340, 358, 359. 361, 364-368, 371, 375, 376, 394-396, 412, 422 427-429, 432. 438, 441, 442, 450, 456, 520, 526. — T. rv : 22, 34 n., 39, 91, 150. 242, 266, 404. Joséphine, l'impératrice, T. m : 360. Josse, marquis de Moravie, T. I : 370, 371. Jottrand (L.), T. HI : 456, 464 n., 529. Jourdan, général français, T. HI : 312-314. Jottrand (Lucien), T. : 76. Juan (don), frère de Jeanne de Castille, T. n : 46, 48, 54. Juan d'Autriche (don), fils de Philippe IV, T. II : 412, 413. — T. III : 15-18, 21, 27, 37, 48. Juan d'Autriche (don), gouverneur des Pays-Bas, T. H : 228, 290, 299, 304, 306, 307, 309, 310, 311, 313-315, 319-321, 323-328, 330, 332, 339-342, 346, 350, 351, 358, 372, 427, 428, 477. Judith, femme de Baudouin I®'' de Flandre, T. I: 47. Jules II, pape, T. II : 226. Julie de Saxe-Cobourg, sœur de Léopold I""-, T. IV : 36. Julien, empereur romain, T. I : 23. Juliers, T. H: 394, 395, 398. — T. III : 413. Juliers (le duc de), voy. Guillaume, duc de Juliers. Juliien (Isidore), membre du Congrès, T. in: 523. Jumet, arr. de Charleroi T. m : 153. Junius (François de Jon), pasteur calviniste, T. n : 252, 262 n., 263 n. Junius de Jonghe, homme politique, X. n : 286, 302, 329. Jupille, T. I : 35. Jurbise, T. IV : 62. Juste de Gand, peintre, T. 1: 493. Juste Lipse, voy. Lipse. K Kablljauws, parti en Hollande, T. I : 346, 347, 366 n., 374, 402, 441, 465. — T. Il : 33. Kaisersfeld, diplomate autrichien, T. ni : 430 n., 452 n. Kampen, prov. d'Overyssel, T. n : Kats "(Jacob), T. IV: 42, 82. Kaunitz (M"» de), T. III: 30. Kaunitz (le prince de), T. III : 124, 125, 127, 128, 130, 134-138, 140, 142, 161, 165, 167, 168, 207, 220, 221, 248. — T. IV : 34 n. Kautsky, T. IV : 4C4. Kauwenstein (la digue de), près d'Anvers, T. Il : 367. Kékulé (A.), T. IV: 171. Keldermans (les), architectes, T. II: 185. Keller, commandant de Bruges, T. ni: 347. Kemmel, arr. d'Ypres, T. Il : 169 n., 244. Kemp (John), tisserand flamand, T. I: 353. Kempeneere (Pierre de), dit Pedro Campana, peintre, T. n : 185. Kennis (G.-G.), musicien, T. III: 173. Kent (le duc de), T. IV: 36. Kerkhem ( Maerclte - Kerckem ), arr. d'Audenaerde, T. Il : 148. Kerchove (Ch. de), T. IV : 340 n., 384 n. Kercichoven (Van), officier, T. IV : 229, 231. Kerpen, seigneurie dans le Lim-bourg, T. ni : 81. Kervyn de Lettenhove (le baron), T. IV : 171. Kessels (Mathieu), T. IV : 160. Kettenisse, en Zélande, T. m : 77. Keverberg (Ch. L. J. de Kessel, baron de), T. III : 435, 472. Key (Adrien), peintre, T. Il: 185. Keyser (Nicaise de), T. IV : 159. Keyser (Nicolas de), T. IV: 185. Killem, dép. du Nord, arr. de Dunkerque, T. II : 169 n. Kinker (Jean), T. III : 474, 475. Kléber, général français, T. III : 313. Knocke, le fort de, près d'Ypres, T. ni: 14, 32, 75, 76, 77, 123. Kohier, général, T. IH : 251, 273, 274. Kbnigsegg (Lothaire, comte de), T. m: 71, 77, 78, 80, 100, 102, 103, 105, 122, 135. Kossuth, homme politique hongrois, T. IV : 97. Kraft (François), musicien, T. III : 173. Kruysschans, le fort de, près d'Anvers, T. III : 131. Kuhimann (M. von), T. IV : 414. Kulberg (de), T. ni : 137. Kurth (Godefroid), T. IV: 171, 219. Kuyck (Otton, sire de), T. 1:264. La Bassée, dép. du Nord,, arr. de Lille, T. n: 412. — T. III: 19. La Bouverie (Jean de), conseiller bourguignon, T. Il : 28 n. La Brielle, dans l'Ile de Voorne, Hollande Méridionale, T. I : 476. — T. n: 98, 279-281, 331, 424. La Broquière (Bertrandon de), voyageur, T. 1: 389 n., 497. La Chaussée (le P.), T. Il: 514. Lacoste, préfet des Forêts, T. in : 363 La Cueva, voy. Bedmar. Ladam (Nlcalse), écrivain, T. Il: 189. Ladislas, roi de Hongrie, T. I : 382, 384. Laeffelt, arr. de Tongres, T. m : 124, 132 n. Laeken, T. III: 67, 173, 273. — T. IV : 123, 226, 237. La Fayette (le marquis de), T. m: 237, 252, 253, 254 n., 294, 297, 483, 494, 530. — T. IV: 13, 22. La Feuillade, ténor, T. III : 484. 498 n. La Fontaine, villa de Granvelle près de Bruxelles, T. II : 228. Lagny, dép. de Seine-et-Marne, X. I: 205. Lagonissa (Fabio de), nonce du pape à Bruxelles, T. U : 396 n. La. Gorgue, dép. du Nord, arr. d'Hazebrouck, T. 1: 353. — T. II : 255. — X. m : 77. La Grange (Pérégrin de), pasteur calviniste, T. Il : 260. La Hamaide, arr. d'Ath, X. II : 228. La Haye, X. 1: 374, 452, 458, 459. — X. U: 70, 78, 114, 198, 199, 222 n., 353, 391-393, 400, 403, 405, 406, 408, 409, 416, 437, 449. — X. m : 416, 422, 425, 427, 429, 469, 481, 489, 492, 495, 508, 512. — X. IV: 19, 33, 41, 282, 345, 425, 426. La Hérauglère, homme de guerre, X. II: 373. La Hulpe, arr. de Bruxelles, X. m : 155 n. Laircsso (Gérard de), peintre liégeois, X. m : 190. Lairueis (Servais), X. U: 470. Lalaing, près de Douai, X. II : 120. Lalaing (Antoine I""- de), comte d'Hoogstraeten, X. II : 63, 66, 73, 78, 95 n., 119. Lalaing (Antoine II de), comte d'Hoogstraeten, T. n : 207, 220, 231, 234, 238 n., 252, 258-261, 272, 374 n., 461. Lalaing (Charles de), T. II : 132 n. Lalaing (Georges de), sire de Rennebourg, X. n : 349. Lalaing (Jacques de), X. H: 119. Lalaing (Josse de), X. n : 119. Lalaing (Marguerite de), X. II : 468. Lalaing (Philippe de), X. II: 119, 305, 313, 314, 321, 326-330, 341-344, 354, 359. Lallemand (le général), X. IV : 16. La Louvière, X. IV : 379, 401. La Marche (Olivier de), écrivain, X. I: 426 n., 497. — X. n. 42 n. La Marck (Adolphe de), évêque de Liège, X. m : 87. La Marcit (Auguste d'Arenberg, comte de), X. m : 237, 247, 250, 253, 254 n., 276. La Marck (Englebert de), évêque de Liège, X. ni: 87. La Marck (Erard de), évêque de Liège, X. III: 82, 189. La Marck (Guillaume de), X. I : 442. La Marck, voy. aussi Everard, Jean, Robert et Lumey. Lamarque (le général), X. rv : 11, 22. Lamartine, X. : 85, 86 n. Lambermont (le baron), X. IV : 106, 227, 229, 231. Lambert, Abbé de Lobbes, X. I : 107. Lambert, comte de Louvain, X. I : 57-60, 91, 92, 159. Lambert (St), X. 1: 27, 222 n. Lambert d'Ardres, chroniqueur, X. I: 98 n., 210. Lambert de Waterioos, chroniqueur, X. 1: 104. Lambert le Bègue, prêtre liégeois, X. 1: 220, 222 n. — X. II : 470. Lambert (baron), X. IV : 343. Lambrechts, administrateur à Bruxelles, ministre du Directoire, X. m : 318, 330, 339, 347. Lamennais (H.F.R. de), X. IH : 457, 474, 480, 523. — X. IV : 113, 159, 178, 251. La Merveille, capitaine de vaisseau, X. m : 109. Lamoot, érudlt, X. m : 170. Lamorinière (le général), X. IV : 95. La Motte (Valentin de Pardleu, sire de), X. n : 341, 344, 346, 364. La Moussaye, diplomate français, X. III: 482. Lampcrnisse, arr. de Fûmes, T. I: 304. Lampsoniiis (Dominique), érudlt, T. n: 105, 185. Lanchals (Pierre), trésorier de Maximillen d'Autriche, X. II: 37. Lancken (docteur von der), X. IV: 326, 376, 384 n. Landen, arr. de Waremme, X. n : 486. Landrecies, dép. du Nord, arr. d'Avesnes, X. II : 414. — T. HI : 14-16, 427. Landri de Waben, traducteur, T. I: 210. Lancastro (le sire de), T. II : 255. Langemarck, arr. d'Ypres, X. 1: 353. Langen (Rodolphe de), humaniste, X. II : 176. Langius, philosophe, I. II : 105, 182. Langrand-Dumonceau, X. IV: 130, 135, 136, 139, 140, 236. Languet (Hubert), écrivain français, X. Il: 286, 338. Lanjuinais (J.D. comte), homme politique français, X. m : 527. La Nièpe (Baudouin de), précepteur de Jean sans Peur, I. I : 388 n. La Nonette, dép. du Puy-de-Dôme, X. 1: 241. Lannoy, dép. du Nord, arr. de Lille, X. II: 260. Lannoy (Charles de), vice-roi de Napies, X. U: 62, 66, 94. Lannoy (le comte de), X. III : 104. Lannoy (Guillebert de), X. 1: 497. Lannoy (Hugues de), I. I: 444 n. — X. II: 45. Lannoy (Philippe de), X. II : 261. La Noue (François de), I. II : 281, 286, 338, 345, 352, 354, 366. Lanrezac (général), X. IV : 292. Laon, X. I : 58, 73, 108, 134, 204. La Panne, X. IV : 23, 260, 299, 310. La Perle, fort près d'Anvers, X. m : 75. La Baudlëre (le Sr de), X. HI : 86. La Boche, X. I: 265. La Rochelle, I. n : 280, 281. La Bochepot, agent du duc d'Anjou, X. II: 329. La Buelle, X. IV : 309. La Bueile (Sébastien), bourgmestre de Liège, X. II: 433-436. Lasman, président de séminaire, X. lU: 48. Lasne, arr. de Nivelles, X. m : 155 n. Lassus (OrlEindus), musicien, X. n : 187. Latewaert (Loy), traducteur, X. I: 213. Latomus (Barthélémy), philologue, X. II: 182. La Xour d'Auvergne (maison de), X. m : 85, 327, 417. La Xour d'Auvergne (le prince de), X. m : 179. La Xour d'Auvergne (Théodore-Emmanuel de), T. m : 91. La Tour-Dupin, préfet de la Dyle, X. m : 363, 400, 402 n. Laurensz (Joos), président du Grand Conseil de Mallnes, X. II: 201. Laurent (François), X. TV : 119, 145, 149, 151, 166, 171, 180. Laurent, représentant en mission, T. III: 315. Laurin (Jean), seigneur de Wa-tervllet, X. II: 55, 182. Laurin (Jérôme), X. n : 171 n. Laurin (Marc), numismate, X. n : 178. Lausanne, T. II : 240. — X. ni : 372. Lausnay (de), avocat bruxellois, T. m : 254 n. Laveleye (E. de), X. IV : 76, 119, 145, 152, 166, 171. Lavlgerie (cardinal), X. IV : 229. Layens (Mathieu de), architecte, T. 1: 496. Léau, X. I: 127, 150, 153, 173, 201 n., 229, 284. — X. n : 327. — X. ra: 25, 66, 230. Lebeau (Joseph), X. ni : 456, 523. — X. rv : 16, 20, 21-23, 28, 35, 48, 51, 53, 59, 63, 68, 70, 72 n. Le Bel (Jean), chroniqueur, T. I: 270, 488, 489. — T. H : 189. Le Blan (P.-J.), musicien, X. m : 173. Lebrocquy (Pierre), journaliste, X. m : 475. — X. IV : 42. Lebrun (Pierre), journaliste, X. m : 193, 208, 209, 211, 258, 269. Le Cateau-Cambrésis, X. 1: 79. Le Catelct, dép. de l'Aisne, arr. de Saint-Quentin, X. n : 373. Leclercq, fonctionnaire, X. m : 137. Le Clercq (Gilles), avocat tour-nalsien, X. II : 252. Leclercq (M.N.J.), membre du Congrès, X. m : 526. Leclercq (N.), X. IV : 64. Leclercq (OI.), X. ni: 422. L'Ecluse, en Zélande, X. I: 170, 180, 224, 300, 303, 304, 310 n., 320, 323, 386, 436, 437, 472. — X. n: 19, 41, 102, 135, 136, 368, 369, 387, 390, 488. — T. in : 124, 130. Le Crotoy, à l'embouchure de la Somme, X. II : 60. Le Daim (Olivier), T. n : 15 Ledeganck (Charles), X. IV : 168. Le Duc (Ambroise), X. Il: 340, 343. Ledru-Bollin, X. IV : 86. Leempoel (van), professeur à Louvain, X. ni: 236. Leeuwarden, X. U : 78, 175, 232, 257, 452. Leeuwergem, arr. d'Alost, X. m : 154. Leeuw-Saint-Pierre, près de Bruxelles, X. 1: 187. Le Fayat, charbonnage, X. in : 154. Lefébure (L.), X. n : 503 n. Lefebvre (Plat), Industriel tour-naisien, X. m : 149, 156 n. Lefèvre (le P. Pierre), X. n: 458. Lefèvre D'Etaples, réformateur français, X. n: 198. Leffinghe, arr. d'Ostende, X. U : 388. Leflo, (le général), X. IV : 97. Leganès (clon Diego Mesia Fellpez de Guzman, marquis de), X. n : 401. Le Gouffre, charbonnage, I. m : 154. Lehardi, avocat bruxellois, X. m : 254 n. Le Havre, X. IV: 253, 292, 299, 300, 301, 314 n., 320, 342, 389, 399, 404, 425, 426. Leicester (Robert Dudley, comte de), X. U : 328, 368, 369, 370, 447. Leiningen (la princesse de),T. IV: 36. Le Jardinet, abbaye dans le Na-murols, près de Walcourt, I. n: 195. Lejeas (F.A.), évêque de Liège, X. m: 395. Lekeu, X. IV : 328 n. Lelewel (J.), X. IV : 76. Lemaire (Isaac), navigateur, X. n : 447. Lemaire (Jacques), marchand, X. U: 447. Lemaire, officier, X. IV : 229. Le Maire des Belges (Jean), écrivain, X. I: 490. — X. H: 56, 174, 189, 211 n. Le Maisnil, dép. du Nord, arr. de Lille, X. n : 257. Léman (le général), X. FV : 291, 292. Le Marinei, officier, X. IV : 229. Lembeke, arr. d'Eecloo, X. 1: 353. Lemonnier (Camille), X. IV : 166. Lemonnier (l'échevin), X. IV : 314 n. Le Muislt (Gilles), abbé de Saint-Martin de Tournai, X. I: 179, 192, 215, 243 n., 249, 255 n., 324. Lens, dép. du Pas-de-Calais, arr. de Béthune, X. U: 412, 414. — I. ni: 13. Lens (A.-C.), peintre, X. m: 172, 197, 391. Lens (Gelnote van), capitaine gantois, X. 1: 326 n. Lensaeus (le P. Jean), écrivain, T. n: 347, Léofrlc, évêque d'Exeter, X. I: 110. Léon IX, pape, X. 1: 62. Léon X, pape, T. H: 118, 180, 200. Léon xn, pape, X. m : 452. Léon Xin, X. IV : 150, 213, 219, 309 Leoni (Leone), artiste italien, X. 1: 187. Leoninus (Elbertus), professeur à Louvain, diplomate, X. n : 293, 325, 326. Léopold, archiduc d'Autriche, X. n: 394, 465. Léopold rv, duc d'Autriche, T. I : 362. Léopold I»"-, empereur, X. m : 15, 27, 28, 30, 32, 42, 58, 65, 67, 90, 114. Léopold n, grand-duc de Toscane, puis empereur, X. m : 167, 220, 248, 249, 252, 253, 271-281, 307. Léopold I"', prince de Saxe-Co-bourg-Gotha, roi des Belges, X. n : 355. — X. IV : 13, 21-23, 26-33, 34 n., 35-38, 41, 43, 47-49, 56-59, 63, 71, 72, 90, 91, 93, 94, 96-98, 108, 112, 116, 123, 124 n., 127, 130, 132, 135, 153, 242, 253, 263, 269. Léopold n, roi des Belges, T. IV : 59, 94, 127-130, 134, 135, 150, 154, 157, 190-193, 197, 199, 204, 208, 213, 222 n., 223-228, 231-233, 236-239, 241, 242, 254 n., 269, 279. Léopold de Belgique, X. IV : 238. Léopold - Guillaume, archiduc d'Autriche, gouverneur des Pays-Bas, I. n: 413, 477. — X. m : 13-15, 44, 46-48, 81. Léopoldville (Congo), X. IV : 226, Le Plat (Josse), professeur à Louvain, X. ni: 166. Le Plessis-Les-Xours, X. U : 27, 355-357, 474. Le Quesnoy, dép. du Nord, X. I i 180, 270, 347, 435, 488. — X. n i 21. — X. m: 15, 16, 312, 416. Lerme (Don Francisco Gomez de Sandoval, duc de), X. U: 397, 469. Le Eœulx, arr. de Soignles, X. n : 463. Le Boy (Jacques), historien, X. ni: 45. Le Sauvage (Jean), chancelier de Bourgogne, X. U : 59, 60, 62, 113, 175. Lesbroussart (Ph.), écrivain, X. ni: 387, 473, 494. Lessines, X. I: 202 n. Lessius (le P. Léonard), X. n : 465, 466, 508. — X. m : 45. Lesurre, grand vicaire de Gand, X. m: 438. Leuchtenberg (Auguste, duc de), X. IV : 13-16, 18. Leuze, X. HI : 30, 253. Levae (Adolphe), X. m : 456. I. rv : 174. Levif, chancelier du duc de Bretagne, X. 1: 390 n. Levoz (Noël-Joseph), X. m: 258, 259, 260. Leyde, X. 1: 19, 377. — X. n : 78, 140, 145, 170 n., 172 n., 175, 192 n., 206, 207, 291, 292, 367, 443, 507. — X. m : 39, 46, 166, 187, 194 n., 444, 472. Leys (Henri), X. IV : 160. Leysele, arr. de Fûmes, X. H : 169 n. Libotton, avocat bruxellois, X. m: 254 n. Libry-Bagnano, X. m : 463, 484. — X. IV : 163. Lideric, comte en Flandre, X. I : 46. Lidwine de Schiedam, (sainte), X. I: 499. Liebrecht, officier, X. IV : 229. Liebknecht, X. IV : 323. Liedekerke, le sire de, X. 1: 163. Liefkenshoek, tort d'Anvers, X. H: 366. — T. ni: 18, 29-31, 130, 131. Liège, X. 1: 27, 41, 42, 51, 52, 54, 61, 64, 65, 67, 69, 71, 76, 92, 94-96, 107, 109-111, 113, 114, 121, 123, 124, 127, 128, 132, 134, 141, 148, 150, 151, 153, 159, 161, 162, 179, 181, 182, 193, 217, 220, 221 n., 225, 228, 266, 267, 274-280, 283, 284, 286, 289, 291, 295 n., 334-336, 346, 373, 392-399, 402, 404, 407-412, 413 n., 416, 417, 420, 421, 424, 432-434, 439, 440, 470, 480, 485, 488, 497, 498, 500. — X. n : 22, 33, 38, 40, 42, 44, 47, 53, 56, 57, 66, 69, 70, 93, 95, 97-106, 118, 145, 151, 161, 166, 175, 178, 185, 186, 194, 195, 205, 216, 231, 232, 238 n., 241, 292, 304, 313, 351, 403, 419, 420, 423-427, 429-438, 460, 461, 463, 468, 482, 494, 495, 497, 498, 502, 507. — X. m: 15, 22, 24, 29, 32, 49, 75, 79-87, 90-93, 106, 107, 147, 168, 170, 175-184, 186-188, 190-193, 197, 208, 228, 236, 247, 255-260, 262, 263, 265-269, 278, 279, 281, 296, 298, 303, 307, 313, 316, 322 n., 326, 330, 331, 341, 355, 357-359, 363, 370, 374, 381-383, 386, 388, 390, 394, 395, 401, 402, 417, 444, 451, 456, 463, 468, 473-476, 487-489, 491, 494, 496, 497, 504, 505. — X. IV : 15, 20, 22, 26, 34 n., 41, 62, 78, 79, 82, 99, 104, 119, 147, 162, 163, 170, 194, 197, 198, 200, 202, 206, 215, 218, 219, 244, 247, 251, 253, 262, 264-266, 278, 279, 281, 283, 284, 286, 288, 292, 293, 295-297, 305, 312, 335, 337, 338, 361, 375, 401, 423. Lierre, X. 1: 285, 496. — X. n : 192 n., 344, 462. — X. IH : 75, 76, 230, 344, 401, 402, 451, 506, 507. — X. rv : 175, 307. Liessies, abbaye de Maubeuge, X. 1: 65, 187, 201 n. Liesvelt (Thierry van), avocat bruxellois, X. U: 302, 312, 326, 330, 338. Lietbert, évêque de Cambrai, X. I: 114 n. Ligne, arr. de Tournai, X. n : 120. Ligne (Charles-Joseph, prince de), X. m : 134, 144, 145, 160, 168. Ligne (Charles-Joseph II, prince de), X. ni: 239. Ligne (Claude-Lamoral, prince de), T. m: 105, 168. iV-29 Ligne (le prince de), T. IV : 72 n., 85, 149. Ligne (la princesse de), T. rv : 72 n. Lille, T. I: 74, 77, 87, 121, 124, 127, 130, 137, 152, 175, 184, 198, 209, 212, 220, 224, 239, 241, 249, 250, 252, 253, 255, 260, 261, 297, 298, 301, 309, 319, 349, 350, 358, 362, 433-435, 446-451, 458-460, 462, 480, 498. — T. n: 32, 71, 83, 114, 117, 141, 145, 147, 148, 164, 166, 170 n., 190, 205, 206, 210, 240-242, 254, 255, 260, 277-279, 304, 338, 340, 342, 343, 346, 350, 351, 405, 408, 462, 468, 469, 487, 490, 493, 494, 497, 502. — T. IH : 19-21, 24, 29, 32, 39, 66, 67, 75, 76, 170, 252, 277, 291-294, 316, 369, 402. — T. rv : 85, 86. Lilloo, fort d'Anvers, T. II: 366, 367, 447, 487. — T. m : 131. — T. rv : 29-31. Llmbourg, T. 1: 82 n. — T. n : 170 n., 327, 400, 410, 460. — T. m: 24, 66, 84, 214. Limbourg (les frères de), artistes, T. I : 491, 493. Limbourg (Jean-Philippe de), T. m: 184. Limminghe (le comte de), T. III : 216, 217, 223, 228, 309. Limpens (de), T. III: 137, 167. Lindamis (Guillaume), évêque de Gand, T. H: 234. Lindamis (Guillaume), évêque de Ruremonde, T. n : 457. Linden, arr. de Louvaln, T. II : 486. Linden (Jean van der), abbé de Ste-Gertrude, à Louvaln, T. II : 302, 347. Lingen, en Westphalie, sur la rive droite de l'Ems, T. n : 378, 391. Lingen, prov. de Frise, T. n : 369. Linguet (Simon), polémiste, T. III: 174 n. Lionne, ministre de Louis XIV, T. m : 19. Lippe (le prince de), T. m : 91. Lipse (Juste), T. 1: 342. — T. n : 175, 429, 466, 469, 505, 507. Lipsius (Martin), humaniste, T. II: 181. Lisbonne, T. II : 157, 159, 160. Lisola (le baron de), T. m : 83, 84. Lissa (Gérard de), T. I: 389 n. Lisseweghe, arr. de Bruges, T. I : 170, 191, 218. Liudolf, fils d'Otton I", T. 1: 50. Liverpool (lord), T. m : 420. Lobbes, abbaye, T. I: 34, 63, 64, 67, 100, 106 n., 109, 111. Lobkowitz (le prince de), évêque de Gand, T. EŒ : 251. Lodron (Albert, comte de), T. n : 269. Loebell (J.-W.), T. IV : 39, 42, 54 n. Loeillet, musicien, T. m : 172. Logne, T. m : 327. Lokeren, T. m: 379, 469. — T. IV: 264, 408. Lombaert (Lambert), peintre, T. n: 105, 175, 185-187. Lombardzyde, arr. d'Ostende, T. I: 192. Lomellini (G.), marchand génois à Anvers, T. n : 157. Lomme (Jannin), artiste, T. I : 492. Lommersum, seigneurie en Limbourg, T. m : 81. Loncin (fort), T. IV : 292. Londono (Sancho de), officier espagnol, T. n : 269. Londres, T. I: 124, 170, 176, 177, 181, 184, 230, 241. — T. H : 93, 160, 162, 241, 248. — T. m : 432, 512, 514, 529, 530. — T. IV: 11, 21, 28, 32. 33, 36, 59, 184, 339, 343, 345, 354, 365, 389, 426. Longastre (le sire de), T. n : 343. Loo, arr. de Dixmude, T. 1: 65. — T. m : 76. Loochristy, arr. de Gand, T. III : 251, 252. Loos (Abbaye de), près de Lille, T. n: 257. Looz, T. in: 89, 265. Loren (Baudouin van der), poète flamand, T. 1: 358, 432, 485. Lorraine (le duc de) [Antoine], T. n: 87. Lorraine (Charles IV, duc de), T. ni: 15, 81. Lorraine (Charles-Alexandre de), gouverneur des Pays-Bas, T. m: 97. 123, 124, 134, 135, 137, 139, 140, 147-149, 161, 168, 172, 197, 199, 201. Lorraine (François III, duc de), T. ni : 140 n. Los Covos, ministre de Charles-Quint, T. n : 94. Lothaire I»', empereur, T. 1: 39, 41, 140, 141. Lothaire, roi de France, T. I : 53, 57, 59, 73. Lothaire II, roi de Lotharingie, T. 1: 39, 43, 48 n., 55, 376, 383, 424. Lothaire de Hochstaden, T. I : 148, 155 n. Lothaire de SuppUmbourg, empereur, T. I : 155 n. Lothaire, officier, T. IV : 229. Lottum (le comte de), T. m : 407, 409. Louchard (les), bourgeois d'Ar-ras, T. 1: 173. Loudon, dép. de la Vienne, T. I : 241. Louis, duc de Guyenne, dauphin de France, T. I: 366. Louis, duc de Veldenz, T. II : 22. Louis, landgrave de Hesse, T. I 382. Louis rv, comte de Looz, T. I 268, 272 n. Louis I®', roi d'Espagne, T. II 110. Louis IV d'Outre-Mer, roi de France, T. I: 45, 57, 73, 81 n, Louis V, roi de France, T. 1: 80 88. Louis VI, roi de France, T. I 82 n., 135, 136, 143, 145, 155 n. 163, 312. Louis Vn, roi de France, T. I 143, 144. Louis vm, roi de France, T. I 151, 154. Louis IX, roi de France, T. I 155, 157, 161, 174, 210. Louis X, roi de France, T. 1: 249 255. Louis XI, roi de France, T. I 144, 224, 384-387, 390 n., 392 404, 406-412, 416-425, 440, 441 458, 463 n., 471. — T. H : 13-16 19-27, 30-33, 36, 38, 53, 83, 86, 87, 98-100, 145, 355, 433, 437. — T. ra : 87, 190, 278. Louis xn, duc d'Orléans, puis roi de France, T. H: 47-50, 53, 54, 56-58, 65, 101, 173, 176. Louis xm, roi de France, T. II : 389, 394, 398, 399, 403, 408, 433, 435. — T. m : 35, 87. Louis Xrv, roi de France, T. n : 88, 179, 414, — T. m : 10, 14, 16-30, 32, 33, 35, 38-51, 55-68, 74-79, 82-87, 89-93, 97, 102, 103, 121, 123-127, 133, 134, 150, 169, 172, 175, 184, 200, 285, 286, 306, 324, 327, 343. — T. IV : 94, 232, 330 396 Louis' XV, roi de France, T. m : 115, 121, 122, 124, 125, 149, 180. Louis XVL roi de France, T. III : 121, 126, 127, 131, 145, 202, 225, 277, 328, 338, 361, 394. Louis XVm, roi de France, T. m: 411, 416, 422, 428, 436-438, 440. Louis n, roi de Hongrie, T. n : 73. Louis de Bavière, empereur, T. I : 261, 271, 280, 314, 344, 346, 347. Louis de Bavière, frère de Guillaume III, comte de Hainaut, T. I: 347. Louis de Bourbon, évêque de Liège, T. 1: 383, 393, 401-404, 406, 408-410, 421, 439, 485. — T. n : 14, 26, 70, 97-99, 101, 104, 194. —- T. m: 278. Louis de Bruges, sire de la Grut-huse, T. 1: 497, 501 n. — T. H : 28 n., 33. Louis de Looz, prétendant au comté de Hollande, T. 1: 150, 166. Louis de Lorraine, comte de Vau-démont, T. n : 26. Louis de Maie, comte de Flandre, T. I: 274, 299, 324, 330, 339, 340, 340 n., 345, 348-360, 362-364, 366 n., 367 n., 375, 394, 396, 428, 434, 447-449, 467, 468, 471, 475, 484, 492, 493. — T. H : 24, 71, 114, 141. Louis de Nevers, comte de Flandre, T. I: 205, 256 n., 262, 264, 267-270, 279, 294, 297, 298, 301, 302, 306, 309, 312-320, 323, 324, 331, 344, 345, 349, 356, 359, 362, 436. — T. n : 320. Louis I"' de Nevers, fils de Robert de Béthune, T. : 254, 255, 256 n., 262, 272 n. Louis le Bègue, roi de France, T. 1: 40. Louis l'Enfant, roi d'Allemagne, T. I: 44. Louis n le Jeune, fils de Louis le Germanique, T. 1: 40, 43. Louis le Pieux, empereur, T. I: 36, 39, 40, 46, 50, 122. Louis van Velthem, chroniqueur, T. 1: 153, 247. Louis-Napoléon, roi de Hollande, T. m : 421, 443, 444. Louis-Philippe I»', roi des Français, T. m: 483, 484, 492, 494, 499, 505, 507, 509, 512, 524, 526, 529. — T. rv : 10-14, 16, 18, 19, 22, 26-28, 31, 33, 37, 39, 41, 43, 58, 60, 63, 64, 71, 72, 72 n., 82, 85, 86, 93, 108, 115, 134. Louise de France, fille de François I«', T. II: 61. Louise de Savoie, mère de François I", T. II : 70. Louise-Marie d'Orléans, reine des Belges, T. IV : 31. Loupoigne (Charles de), dit Jac- quemin, T. ra : 329, 330, 347. Lousberg, industriel, T. ra: 372, 384. Louvain, T. I: 41, 42, 58, 92, 95, 121, 127, 150, 162, 175, 176, 186, 189, 199, 225, 229, 264, 266, 275, 283-286, 337, 344, 378, 409, 415, 431, 451, 465, 468, 496, 498, 501. — T. H: 39, 40, 43, 87, 147, 153, 168, 175, 176, 178, 180, 181, 190, 191, 195, 196, 199, 203, 205, 208, 232, 262 n., 275, 277, 282, 289, 312, 314, 327, 350, 384, 408, 410, 412, 429, 430, 443, 450, 453-455, 458-461, 466, 468, 486, 506, 507, 516. — T. m : 66, 116, 138, 147, 154, 183, 208, 218, 227, 229, 230, 231, 242, 244, 292, 296, 298, 299, 303, 307, 338, 340, 341, 358, 401, 443, 444, 450, 476, 487, 493, 494, 496, 502. — T. rv : 15, 26-28, 36, 62, 66-68, 71, 85, 144, 151, 159, 170, 176, 181, 202, 219-221, 251, 266, 297, 298, 312, 324, 335, 344, 375, 388, 398, 408, 424. Louvain (Université de), T. m : 45, 46, 48-50, 64, 114, 118, 137, 154, 157, 158, 166, 167, 189, 193, 208, 223, 225, 236. Louvois, ministre de Louis XIV, T. m: 20, 21, 24, 28, 29, 36, 58 84 123 124 Louvrex' (M.-G. de), Jurisconsulte, T. m : 190. Lovel (lord), T. H : 46. Lovendeghem, arr. de Gand, T. II: 449. Lowendal (le comte de), T. m : 124. Loye (M. de), T. m : 238. Loyola (Ignace de), T. H: 459. Loyola (le P. Emllien de), T. H: 458. Loysel, préfet de la Meuse Inférieure, T. ra : 363. Lubbeek, arr. de Louvain, T. n : 485. Lubeek, T. I: 287. — T. n : 75, 76, 153. Luckner, général français, T. ra : 294. Lucques (le duc de), T. IV : 34 n. Ludendorf (général), T. IV : 291, 382. Ludgarde de Luxembourg, femme d'Arnoul de Hollande, T. 1: 93. Luipo, abbé de Saint-Trond, T. I : 106 n. Lumbres (Ghislaln de Fiennes, sire de), T. n : 328, 338. Lumey (le sire de) [Guillaume de La Marck], T. H: 98, 242, 280, 285, 286, 326, 424. Lumm (von), T. IV: 325, 326, 339 Lunden (colonel), T. ra: 240. Luther, T. II: 63, 175, 179, 180, 198-207, 212 n., 239, 241, 251. —T. rV: 309. Luxembourg, T. I: 180, 382, 425. — T. n : 86, 87, 187, 309, 311, 383, 409, 462. — T. III: 26-28, 32, 74-77, 103, 130, 147, 165, 200, 201, 208, 213, 214, 239, 250, 251, 274, 295, 296, 313, 320, 324, 326. — T. IV : 28, 31, 56. Luxembourg (le maréchal, duc de), T. ra: 21, 24, 25, 29, 30, 32, 83, 91. Lyon, T. 1: 409, 425. — T. H : 49, 160, 425. — T. ra : 379, 394. Lyon, avocat liégeois, T. III : 262. Lyons (Isabelle de), maltresse d'école, T. n: 191. M Maanen (C.F. van), ministre hollandais, T. m : 421, 429, 435, 440, 459, 461, 463, 464 n., 481, 482, 484, 492, 493, 498 n. Mabillon (dom Jean), T. II; 469. T. ra : 45. Macdonald (E.-J.), général français, T. ra: 401, 402. Mack, général autrichien, T. in : 311, 312. Mac Lagan, membre du Congrès National, T. IV: 34 n. Mae-Mahon (le maréchal de), T. IV : 138. Mae-Nény, voy. Nény. Maçon, T. II : 42. Macors, bourgmestre de Liège, T. III : 87, 107. Madier-Montjau, homme politique français, T. IV : 95, 164. Madrid, T. II: 66, 68, 70, 71, 76, 89, 215, 224, 227, 234-237, 238 n., 349, 256. Maekeblide (le P. Louis), T. II: 457. Maerlant (Jacques van), poète flamand, T. I: 484-486. — T. IV : 168. Maeseyck, T. 1: 36. — T. II : 423, 424, 430. — T. III : 179, 269, 280. Maestrieht, T. I : 19, 23, 26, 27, 32, 37, 41, 44, 50, 51, 95, 113, 122, 123, 127, 132, 150, 154, 159, 180, 181, 247, 266, 275, 287, 396, 406, 409, 412. — T. II : 100, 103, 106 n., 170 n., 205, 206, 232, 255, 260-262, 305, 323, 324, 327. 341, 345, 346, 350, 359, 399, 405, 408, 410, 411, 414, 416, 422-424 428, 429, 434-436, 449. 461, 494. — T. III : 23-26, 83, 84, 91, 124, 130 180, 306, 307, 313, 322 n., 324, 326, 401. 413, 468, 502, 505, 511, 515, 530. — T. IV : 28, 56. Maeter, arr. d'Audenaerde, T. II : 445. Maeterlinck (Maurice), T. IV : 166, 248, 249, 280. Mahaim (Ernest), T. IV : 298 n., 340 n., 360 n., 367, 384 n. Mahaut, comtesse d'Artois, T. I : 491. Maintenon (M"" de). T. ra : 134. Maison (N.-J.), général français, ra : 401, 402. Maisons (le Sr. de), T. III: 83. Malbrancq (le P. Jacques), T. H : 508. Maldere (P. van), musicien, T. ra : 173. Maie, orès de Bruges, T. I : 180, 255 h., 359, 435. Malfeyt, officier, T. IV : 229. Malines, T. I: 94, 121, 127, 175, 176, 268, 269, 309, 312, 313, 328, 332, 344, 345, 348, 352, 358, 362, 364, 375, 409, 432, 440, 446-449, 458, 462, 468, 475, 480, 494, 496. — T. II: 35, 38, 42, 44, 45, 55, 59, 61, 71, 74, 84, 112, 124, 129, 135, 140, 150, 171 n., 186, 189, 195, 211 n., 232, 233, 258, 275, 278, 282, 286, 298, 304, 315 325, 347, 353. 359, 367, 403, 413, 426, 452, 453, 455-457, 462, 470, 476 n.. 491, 502, 512. 516. — T. m : 19, 41, 43, 47, 48, 50, 63, 64, 72, 102, 106, 117, 152, 227, 244, 274, 298, 303, 326, 358, 394, 395, 413, 439, 507, 508. — T. IV : 52, 66, 120, 155, 184, 197, 295, 298, 310, 335, 338, 375, 402, 408. Malknecht (le baron), T. III: 58. Mallarmé, commissaire du Directoire, T. ra : 343, 346. Malmédy, T. ra : 416. — T. IV : 240, 283. Malonne, abbaye, arr. de Namur, T. 1: 34. Malou (Jules), T. IV: 113, 140, 145, 146, 149, 152, 191, 193. Malouel (Jean), artiste, T. 1:491. Malplaquet, arr. de Charleroi, T. ra : 9, 67. Manage, arr. de Charleroi, T. IV : 62. Manare (le P. Olivier), T. 11:461. Manassès, évêque de Cambrai, T. I: 69, 79, 95, 133. Manchester, T. II : 142. — T. III : 379, 466. Mancicidor (Juan), T. II: 392, 476. Mangelli, internonce, T. in : 47. Mann (l'abbé), T. m: 143, 144, 165, 208. Mannheim, T. in : 172, 173. Mannllch (les), marchands allemands à Anvers, T. II : 157. Manrique (Juan), ministre de Philippe II, T. n : 218. Mansfeld (Charles, comte de), T. n : 274, 297-299, 302, 327, 360, 361, 368-373. Mansfeld (Ernest de), T. II : 368, 398. Mansfeld (Pierre-Ernest, comte de), T. II: 187, 231, 252, 255, 259-261, 369, 370-372. Mansion (Colard), Imprimeur, T. I: 497. — T. II: 175. Marant (l'abbé), T. III : 208. Marc (le Bade, mambourg du pays de Liège, T. 1: 406, 408. Marceau, général Irancais, T. lU : 313. Marcel (Etienne), prévôt des marchands de Paris, T. 1: 274, 356. Marche, en Famenne, T. II : 313-315, 427. — T. m : 165. Marchienne, abbaye, arr. de Douai, T. I : 34, 149. Marci d'abbé de), T. lU : 143, 165, 166. Marck, dép. du Pas-de-Calais, X. I : 23. Mardick, dép. du Nord, arr. de Dunkerque, T. II : 411, 413. — T. III : 15. Marguerite, comtesse de Flandre et de Hainaut, T. I : 149, 165, 167, 171-174, 189, 198, 204, 210, 218, 230, 233, 303. Marguerite, fille de Jean III, duc de Brabant, épouse de Louis de Maie, comte de Flandre, T. I : 345 348 Marguerite, fille de Jean sans Peur, duc de Bourgogne, T. I : 366, 378. Marguerite, fille de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, T. I : 363. Marguerite, reine de Navarre, T. U: 315, 328, 425, 427. Marguerite d'Angleterre, femme de Jean II, duc de Brabant, T. 1: 208, 264. Marguerite d'Autriche, gouvernante des Pays-Bas, T. IX : 29, 31-33, 35. 42, 46, 53, 56-59, 62, 64, 66, 68, 70, 71, 73-75, 77, 82, 90, 94, 101-103, 105, 112, 113, 116, 118, 136, 153, 176 178, 181, 184,185, 189,199, 201-203, Sîll n., 225, 226, 230, 232, 236, 237. Marguerite de Bavière, femme de Jean sans Peur, duc de Bourgogne, T. I : 363. Marguerite de Brabant, femme de Henri IV de Luxembourg, T. I: 265. Marguerite de Flandre, comtesse de Hainaut, T. 1: 144. Marguerite de Flandre, femme de Philippe II le Hardi, duc de Bourgogne, T. 1: 349-351, 359, 362, 364, 370. Marguerite de Flandre, fille de Louis de Maie, T. II : 14, 23. Marguerite de France, femme de Jean I^', duc de Brabant, T. I : 161, 368 n. Marguerite de France, femme de Louis de Nevers, comte de Flandre, T. I : 255, 368 n. Marguerite de Hainaut ou de Bavière, fille de Guillaume I"^', comte de Hainaut, femme de l'empereur Louis de Bavière, comtesse de Hainaut, T. 1: 271, 339, 346, 347, 488. Marguerite de Parme, gouvernante des Pays-Bas, X. U : 113, 167, 187, 207, 222, 224-227, 234-237, 241, 243, 244, 246, 247, 249, 252, 254-261, 264 n., 268, 269, 274, 284, 298, 314, 326, 358-360, 383, 401, 422-424. 454, 460, 503, 510. — X. III: 134, 135. — X. IV: 192. Marguerite de Valois, reine de France, T. II: 105. Marguerite d'York, femme de Charles le Téméraire, X. I : 417, 471, 472, 497, 498. — X. II : 14, 15, 21, 27. Maria, reine de Portugal, X. IV : 58. Marie, duchesse de Bourgogne, X. I: 389 n., 416, 418-421, 458, 462, 473, 474, 484. — X. II : 14- 16, 18, 20-32, 44, 53, 61, 82, 97, 98, 111, 124, 216. Marie, fille de Charles-Qulnt, X. n: 90. Marie, fille de Ferrand et Jeanne de Flandre, X. I : 155. Marie, fille de Henri I", duc de Brabant, X. I : 154. Marie, fille de Henri III, duc de Brabant, X. 1: 161, 210. Marie, tille de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, X. 1: 362. Marie, reine de Hongrie, gouvernante des Pays-Bas, X. U : 73, 76, 77, 82, 86-88, 90, 92-94, 103, 106, 109, 113, 116, 117, 125, 128, 153, 161, 175, 181, 184, 186, 187, 189, 206, 207, 211 n.. 217, 222, 225-228, 268, 315, 353, 383, 420, 459. Marie d'Angleterre, fiancée de Charles-Qulnt, puis femme de Louis XII, roi de France, X. II : 51, 57, 58. Marie de Brabant, femme de Renaud m, duc de Gueldre, X. I : 348. Marie de Champagne, fe.nme de Baudouin VI, comte de Flandre et de Hainaut, X. 1: 210. Marie de France, fille du roi Philippe V de Valois, X. 1: 268. Marie d'Harcourt, femme de Renaud IV, duc de Gueldre, X. I : 388 n. Marie de Luxembourg, femme de Charles IV, roi de France, X. I : 266. Mario de Médicis, reine de France, X. II : 517. Marie d'Oignies, religieuse, X. I : 220. — X. II : 470. Marie Stuart, reine d'Ecosse, X. II : 310, 311. Marie Xudor, reine d'Angleterre, X. II : 93, 216, 224, 228, 241, 244. Marie-Anne d'Autriche, régente d'Espagne, X. m : 19. Marie-Anne d'Autriche, femme de Charles-Alexandre de Lorraine, X. m : 123, 134. Marie-Anne de Neubourg, femme de Charles II, roi d'Espagne, X. m : 30. Marie-Antoinette, femme de Ma-xlmllien-Emmanuel de Bavière, I. m : 30. Marie-Antoinette, reine de France, X. m : 202, 232 n. Marie-Christine, gouvernante des Pays-Bas, X. m : 199, 201, 219, 220, 222, 249, 253, 2Yi, 292, 295, 307, 308. Marie-Flisabeth (l'archiduchesse), gouvernante des Pays-Bas, X. III: 114, 117, 118, 122, 124, 134, 135, 160, 163, 176, 206. Marie-Henriette, reine des Belges, X. IV : 94. Marie-José de Belgique, X. IV : 238. Marie-Louise, l'impératrice, X. IH : 363, 366. Marie-Xhérèse, impératrice, T. III : 97, 98, 102, 111, 113, 114, 118, 121-128, 131, 133-136, 139, 142, 145, 146, 150, 154, 155, 161, 162, 167, 168, 176, 180, 189, 199, 200, 201, 204, 205, 209, 211, 232 n., 273, 274, 308, 336, 361, 367, 369, 376, 390, 442, 526. — X. IV : 154, 159. Marie-Xhérèse d'Espagne, femme de Louis XIV, X. m : 17, 22 33 n. Mariembourg, arr. de Dînant, X. n : 88, 93, 106. — X. m : 119 n., 179, 416, 417, 505. — X. IV : 21, 36. Mariemont, arr. de Thuin, comm. de Morlanwelz, X. II: 74, 93, 186. — X. m : 28, 40, 122, 153, 173. Marihaye, houillère, X. III : 380. Marino (Cavalli), ambassadeur vénitien,!. H : 158, 171 n. Marlborough (le duc de), X. III : 66-68, 71, 93. Marlhorough-House, (à Londres, X. IV : 21, 36. Mariy, près de Versailles, X. III : 184. Marmion (Simon), peintre, X. I : 493. Marmont (A.F.L., duc deRaguse), X. m : 499. Marne (le P. de), historien, X. III : 160. Marnix (Jean de), conseiller de Marguerite d'Autriche, X. n : 55, 63. Marnix (Jean de), sire de Toulouse, X. n: 242, 252, 261. Marnix (Philippe de), X. II : 189, 242, 252, 264 n., 272, 283, 285, 286, 293, 302, 306, 312, 325, 326, 328-330, 338, 340, 355, 364, 366, 367, 509, 511. — X. IV: 166. Maroilles, abbaye, arr. d'Avesnes, X. 1: 34. Maroilles (Frédéric d'Yve, abbé de), X. n: 347. Marot (Jean), poète français, X. I: 490. Marquette (abbaye de), près de Lille, X. n: 257. Marseille, X. 1: 32, 175. — X. n : 160. Marsin (Ferdinand, comte de), X. m : 19, 23, 66. Martène (Dom), bénédictin français, X. m : 107, 160. Martens (Thierry), Imprimeur, X. I : 500. — X. II : 175, 176. Martignac (J.-B. de), ministre français, X. ni : 455. Martin (le P. Mathieu), X. n : 514. Martin Rythovius, voy. Ryth-vlus. Martin V, pape, X. I : 374, 398. Martini (le baron de), X. III : 200, 211, 233 n. Marville, dép. du Nord, X. III : 16. Marville (Jean de), sculpteur, X. I : 492, 493. Marx (Karl), X. IV: 76, 77, 184, 185, 248, 251, 281. Masi (Cosimo), secrétaire d'Alexandre Farnèse, X. II : 372, 475. Masius, philologue, X. U : 182. Masius (Gilbert), évêque de Bols-le-Duc, X. H : 470. Massi (Francisco), X. II : 309. Massillon, houillère, X. m : 380. Masson (Fulgence), X. IV : 246. Masul (J.B.), X. IV : 75. Materne (Saint), X. I: 21. Matfried, comte en Lotharingie, X. I: 51. Mathias (archiduc d'Autriche, gouverneur des Pays-Bas), I. II: 323-330, 339, 345, 346, 350-352, 357, 360, 429. Mathilde, femme de Philippe de Thiette, I. 1: 256 n. Mathilde, femme de Régnier V de Hainaut, X.1: 60. Mathilde de Flandre, femme de Guillaume le Conquérant, X. I : 74. Mathilde de Lancastre, femme de Guillaume III, comte de Hainaut, X. 1: 347. Mathilde de Portugal, femme de Philippe d'Alsace, I. 1: 146,149, 155 n. Mathilde de Xoscane, femme de Godefrold le Bossu, X. 1: 62. Matthys (Jean), anabaptiste, X. II : 206. Matuszewic, ministre russe, X. IV : II, 12, 34 n. Maubeuge, X. I: 34, 338, 385. — X. U : 93, 184, 195, 462. — X. m : 25, 75, 76, 312, 315, 416, 427. Mauguln (François), homme politique français, T. III : 483. — I. IV : 22. Mauny (Gautier de), chevalier hennuyer, X. 1: 488. Maurice de Nassau, prince d'Orange, voy. Nassau. Maurilius, évêque de Rouen, X. I : 110. Maus (Octave), X. IV : 166. Max (Adolphe), bourgmestre, T. rv : 309, 327, 342, 410. Maxlmien, empereur romain, T. I : 22. Maximilien, archiduc d'Autriche, empereur du Mexique, X. rV : 97. Maximilien, frère de l'empereur Joseph II, X. m : 256. Maximilien n, roi des Romains, X. n: 235, 272, 284, 293, 377. Maximilien d'Autriche, empereur, X. I : 419, 421, 446, 473. — X. II : 22-65, 69, 70, 74, 81, 83, 86, 89, 90, 98-102, 106, 109, 111-113, 116, 119, 123, 124, 127-129, 135, 138, 157, 161, 176, 184, 196, 229, 232. Maximilien de Berghes, évêque de Cambrai, X. II : 120. Maximilien-Emmanuel de Bavière, X. IV : 52. Mayence, X. ni : 358. iMayence, (l'électeur de) [Albert de Brandebourg], X. II: 87. Mayenne (Charles de Lorraine, duc de), X. II : 370, 372. Mazarin (le cardinal), T. II : 412-414, 416. — X. m : 14-17, 22, 81. Mcan (Charles de). Jurisconsulte, X. m : 190. Méan (François de), évêque de Liège, X. m : 281, 307, 422, 439, 440, 450, 451. Meaux, X. 1: 80. Médard (Saint), X. 1: 38 n. Medemblick, sur le Zuiderzee, prov. de Hollande Septentrionale, X. n : 75. Médicis (les), banquiers florentins, X. 1: 471, 481 n. Médicis (Alexandre de), mari de Marguerite de Parme, X. II : 225. Medina Celli (Juan de la Cerda, duc de), X. II: 281, 284, 288, 296 n. Medina Sidonia (le duc de), X. H : 369. Meenen (P.F. van), X. III: 459, 496 523 Meer'de baron de), X. III : 343. Meere (van der), ami de Cli. Ro-gler, X. IV : 86 n. Meere (le général Van der), X. IV : 57, 86 n. Meerendré, arr. de Gand, X. II : 449. Meerhout, arr. de Turnhout, X.II : 485. — X. m : 304. Meersen, près de Maestrlcht, 1.1 : 39, 40, 44. — X. II : 410. Meeus (le comte F. de), X. IV : 155. Meghem (le comte de) [Charles de Brlmeu], X. II: 231, 255-257, 259, 261. Meghen (Lancelot de Berlaymont, comte de), T. U : 315. Melanchton (Philippe), T. U: 199. Meldert, arr. de Louvaln, X. III : 395. Meilinet (le général A.F.), I. III : 506, 508, 510. — X. IV : 76. Melo (don Francisco de), X. n : 412, 413, 415, 465. Melun, X. 1: 154. Melun (François de), prince d'Epinoy, X. II: 120. Melun (Robert de), vicomte de Gand, puis marquis de Roubaix, X. H : 273, 341, 360, 361. Memling (Hans), peintre, X. I: 471, 493, 494. — X. U : 183. Mendès (Diego), marchand portugais à Anvers, X. II : 157. Mendoça (Bernardlno de), ministre de Philippe II, X. II : 218. Mendoça (Diego Hurtado de), ministre espagnol, I. II : 68. Mendoça (Mencia de), femme de Henri de Nassau, X. II : 229. Mendoza (don Francisco de), amiral d'Aragon, X. U : 382, 388, 389, 484 n. Menin, X. H: 335, 342, 345, 346, 413. — X. m : 29, 67, 75-77, 123, 238, 252, 294, 312, 417, 427. — X. IV : 31. Mennessier, poète, X. 1: 210. Menno Simons, voy. Simons. Mercatel (Raphaël de), abbé de Salnt-Bavon, à Gand, X. II : 238 n. Mercator (Gérard), géographe, X. II: 181, 182. Mercier (le cardinal), X. IV: 251, 309, 310, 314 n., 325, 375, 376, 389, 402, 408, 416. Merckere (Gérard de), amiral hollandais, X. II : 75. Mercy-Argenteau (F.J., comte de), X. m : 135, 140 n., 253, 274, 276, 281, 282 n., 494. Merlcourt (Théroigne de), X. m : 277, 292. Merlin de Douai, conventionnel, X. m: 303, 321, 346, 436. Mérode (le comte de), I. 111:78, 105. Mérode (Charles, comte de) X. m : 363, 400, 422. Mérode (Félix, comte de), X. m : 496, 502, 504, 509, 517. — X. IV : 12, 19, 65, 231. Mérode (Frédéric, comte de), X. III : 506, 508, 530 n. Mérode (Henri, comte de), X. m : 309. Mérode d'Ongnies (Anne-François, comte de), X. II : 418 n. Mérode-VVesterloo (comte H. de), X. IV: 231. Mersch (Jean-André van der), général, X. HI: 197, 238-240, 246, 248, 250, 252, 275, 303. Merville, dép. du Nord, arr. d'Ha- zebrouck, X. II : 255. Merxem, arr. d'Anvers, X. III : 402. Messines, près d'Ypres, X. 1: 65, 124, 175, 176, 353. — X. II : 243, 257, 335. Metdepenningen, administrateur à Anvers, T. m : 318. Meteren (Emmanuel van), X. II : 190. Metsius (Laurent), évêque de Bois-le-Duc, X. II : 275. Metsys (Quentin), peintre, I. n : 175, 183-186. Metternich (le prince de), X. III : 384 n., 411, 433, 439, 514. — I. IV : 29, 32, 36, 57, 85, 268. Metternich-Wlnneburg (le comte de), X. m : 135, 140 n., 276, 281, 308. Metz, X. 1: 39, 41, 194, 295 n. — X. n: 93, 228. — X. III: 357. — X. IV : 138. Meulen (van der), avocat, X. III : 40, 41. Meulen (van der), peintre, X. III : 19. Meunier (Constantin), X. IV : 160, 162, 248. Meurier (Gabriel), pédagogue, X. n : 190. i - , Meurs, prov. rhénane au sud-est de Dusseldorf, T. II : 368, 378. Meuting (les), marchands allemands à Anvers, T. U : 157. Mevissen (G. von), T. IV : 90. Meybosch (Pierre), T. II: 503 n. Meyendorff (le baron de), diplomate russe, T. m : 452 n. Meyer, administrateur à Gand, T. m: 318. Meyer (Antoine), T. n : 471 n. Meyer (Jacques), chroniqueur, T. 1: 144, 325 n. Meyere (Jacques de), historien, T. U : 176, 192 n. Mey van Streefkerk (de), T. m : 429. Mézières, X. 1: 194. — T. II : 65, 119. Michaelis (le chancelier), X. IV : 406. Michaux, botaniste, X. m : 166. Michel-Ange, X. II : 175, 184, 185. Michelle de France, femme de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, X. 1: 366, 375, 502 n. Micoud d'Umons, préfet de l'Our-the, X. m : 388, 400. Middelbourg, en Flandre, X. I : 478, 496, 502 n. Middelbourg, en Zélande, X. I : 354, 473. — X. II : 135, 154, 208, 232, 234, 281, 285, 288, 291, 300, 446, 452, 487. Mier, diplomate autrichien, X. m : 452 n., 464 n., 486. Mignon (Léon), X. IV: 160. Miguel (don), neveu de Jeanne de Castiile, X. H: 48. Milan, X. II : 49, 59, 85, 220. Minkelers (Jean-Pierre), physicien, X. m: 166, 380. Mirabeau, X. m: 131, 237, 247, 259, 297. Mirabel (le marquis de), X. II: 407. Mirabelle (les), banquiers italiens, X. 1: 319. Miraeus (Aubert), érudit, X. H: 508. Miraeus (Jean), évêque d'Anvers, X. H: 455. Miranda, général français, X. m : 296, 307. Mirwart, arr. de Neufchâteau, X. I : 95. Modet (Herman), ministre calviniste, X. n: 423. Moha, arr. de Huy, X. 1: 151. Mohacz, en Hongrie, X. n : 73. — X. III: 30. Moke (H.-G.), X. IV: 164. Molanus (Jean), érudit, X. H: 190, 514, 515. Molé (le comte), ministre français, X. m : 512, 514. — X. IV : 59. Molenbeek-Wersbeek, arr. de Lou-vain, X. H: 485. Molinaeus (Jean), Juriste, I. II : 506. Molinet (Jean), chroniqueur, X.I: 490. — X. U : 189. Molkte (le maréchal von), X. rv : 138. Mollins, près de Liège, X. 1: 399. Mombaer (Jean). X. II: 195. Mondez (J.-B.), X. EH: 143. Mondoucet, agent du duc d'Anjou, X. n: 329. Mondragon (Christophe de), colonel eSDagnol, X. II : 281, 285, 358, 364, 369, 373. Monge (Gaspard), X. m: 358, 401. Monikendam, X. n : 78. Monikereede, sur le Zwin, X. II : 485. Voy. aussi Munikerede. Monon (Saint), X. 1: 34. Mons, X. I: 50, 59, 92, 147, 180, 189, 193, 338, 339, 376, 496. — X. n: 19, 27 n., 132 n., 145, 166, 186, 195, 196, 203, 258, 281, 282, 286, 329, 339, 344, 462, 468, 469, 483, 502, 515, 516. — X. III : 22, 25, 29, 32, 48, 49, 63, 67, 74, 75, 123, 125, 138, 142, 154, 160, 172, 214, 216, 239, 240, 252, 253, 274, 295, 298-300, 303, 305. 312, 315-317, 322 n., 326, 338, 363, 375, 383, 392 n., 417, 487, 494, 496, 505. — X. IV: 19, 31, 62, 86, 200, 205, 264, 292, 325, 335, 337, 338, 375, 411. Mons (J.B. van), X. m: 391. Mons-en-Pévèle, dép. du Nord, X. I : 252, 253. Monstrelet (Jean), chroniqueur, X. 1: 369, 443 n., 490. Montaigu (N.-D. de), près de Diest, X. H: 469, 507. Montai, général français, X. m : 23, 32. Montalembert (Charles, comte de), X. IV: 120, 197. Montansier, actrice française, X. III : 300. Montdidier, dép. de la Somme, X. II : 60. Montecuculli (Raymond, comte de), X. II: 399. — X. lU: 23,24. Montegnée, près de Liège, X. I : 413 n. Montenaeken, près de Salnt-Trond, X. 1: 153, 396, 498. Montereau-sur-Yonne, X. 1: 374, 380. Monterey (le comte de), gouverneur espagnol, X. m : 22-24, 38, 49, 60, 84. Montesquieu, X. in : 139, 167, 169, 200, 212, 213. Montfort, près d'Esneux s/Our-the, X. 1: 410. Montfort (Montfoort), province d'Utrecht, X. m : 77. Montigny (Emmanuel-Philibert de Lalaing, baron de), X. II: 327, 341-346, 359, 364. Montigny (le baron de) [Florent de Montmorency], X. II : 231, 235, 236, 241, 254, 268, 270, 272, 274. Montil-lez-Xours, X. n : 40. Montlhéry, dép. Seine-et-Oise, X. 1: 241. — X. n : 119. Montmédy, X. I: 371. — X. lU : 15. Montmorency (Anne de), connétable de France, X. U: 219, 235. Montoyer (L.-J.), architecte, X. m: 173. Montreuil, dép. du Pas-de-Calais, sur la Canche, X. n : 60. Mont-Saint-Eloy, abbaye en Flandre, X. n : 346. Monulphe, X. 1: 38 n. Mook, près de Grave, X. II : 291. Morat, X. I: 425. Morberius (Walter), X. H: 105. Moreau (J.-V., général français), X. m: 312, 352, 401. Moreau de Séchelles, X. m : 124. Morel (Charles), X. IV : 34 n. Moresnet, arr. de Verviers, X. n : 150. — X. m : 417. Moretus (Balthasar), X. III : 46. Morillon, X. IV : 404. Morillon (Maximilien), grand-vicaire de Granvelle, X. n : 132 n., 171 n., 192 n., 250, 252, 257, 263 n., 279, 280, 286, 296 n., 424, 461. Moro (Antonio), peintre, X. n : 185. Morus (Thomas), X. D: 158, 178, 179, 183, 191 n., 197, 200. Morville, arr. de Philippeville, X. IV: 152 n. Moser, érudit allemand, I. m : 97. Mosselman (Jean), artiste, I. I: 492. Mouche, conseiller de Philippe le Bel, X. I: 158. Moucheron (Balthasar de), marchand, X. n: 158. Moulart (Mathieu), évêque d'Ar-ras, X. n: 338, 343, 344, 352, 386, 387. Mountjoy (lord), X. II: 178. Mouscron, arr. de Tournai, X. m : 117. Mouscron (Jean), bourgeois de Bruges, X. n : 184. Mousket (Philippe), poète, X. I: 211, 229. Mouzon, dép. de l'Aisne, X. I : 146. — X. m : 14. Mouzon (Louis-René de Ficquel-mont, abbé de), X. H: 433, 435, 436. Moyson (Emile), X. rV : 182, 184. Muelenaere (De), X. IV : 48. Muhlberg, en Saxe, X. n : 89-91. Mulken (Arnold van), architecte, X. n: 105, 185. Mulrepas, lignage limbourgeois, I. 1: 441. Munikerede, port sur le Zwin, X. I: 170. Voy. aussi Monikereede. Munster, X. H: 78, 80, 176, 193, 206, 207, 415. Murât (Achille), I. rV : 34 n. Murmellius (Jean), humaniste, X. n: 176. Murray (le comte Joseph), X. m : 130, 220, 222-225. N Naarden, prov. de Hollande-Septentrionale, X. n : 287. Nagell (van), X. m: 418 n. Namur, X. 1: 18, 64, 127, 149, 180, 409, 411, 432, 485. — X. II : 93, 106 n., 149, 195, 232, 250, 304, 315, 319, 320, 322, 326, 330, 350, 351, 360, 384, 404, 409, 420, 427, 452, 462, 468, 493, 516. — X. m : 18, 19, 28, 30, 32, 36, 51 n., 66, 67, 74, 75, 77, 123, 130, 138, 142, 144, 147, 150, 153, 156 n., 163, 173, 206, 209, 214, 239, 240, 244, 250, 251, 274, 296, 298, 303, 306, 316, 326, 358, 402, 417, 426, 451, 463, 473, 476, 487, 494, 496, 505. — X. IV : 22, 62, 98, 198. 202, 253, 284, 288, 292, 295, 297, 361, 398-401, 423. Nancy, X. I: 392, 424, 425, 441, 456, 462, 480. — X. m : 134, 173. Napics, X. I: 287, 424, 459. — X. II : 49, 61, 62, 220, 225, 227, 228. Napoléon I»^ X. H : 47, 120. — X. m: 142, 351, 352, 354, 356-360, 362-366, 374, 375, 382, 384 n., 388, 392-399, 401, 402, 407, 410-416, 420-422, 426. 427, 430, 432, 435, 438, 441, 450, 454, 465, 467, 468, 483, 484, 489, 494, 511. — X. rv : 16, 36, 56, 94, 299, 362, 372, 384 n. Napoléon m, X. IV : 37, 92-100, 106, 106 n., 112. 119, 120, 132-135, 141, 142, 239, 242, 279. Napoléon (Jérôme), X. IV: 96. Nassau (Englebert I", comte de), X. n: 26, 35, 229, 354. Nassau (Englebert II, comte de), X. n: 192 n., 229. Nassau (Ernest de), X. n : 388. Nassau (Frédéric - Henri de), prince d'Orange, X. n : 368, 399, 400, 402, 403, 405, 408, 410-413, 415, 434, 435, 449, 474. — X. m : 313. — X. rv : 41, 56. Nassau (Guillaume, comte de), prince d'Orange, voy. Guillaume. Nassau (Guillaume-Louis, comte de), X. H: 368. Nassau (Henri de), X. H: 59, 63, 65, 103, 119, 191 n.. 192 n., 199, 229, 230, 291, 354. Nassau (Henri de), Sr. d'Over-kerke, X. m : 66. Nassau (Jean IV, comte de), X. n: 229, 344, 398. Nassau (Jean, comte de Slegen), X. n: 322. Nassau (Lnuls, comte de). X. H: 76, 77, 251, 252, 255, 256, 261, 262, 272, 273, 280, 281, 284, 291, 342. — X. ra : 197. Nassau (Maurice, comte de), X. n : 364, 368-373, 378, 386-388, 390, 391, 395 398, 399, 464, 474, 488. — X. ni : 313. — X. IV : 56. Nassau (René de, prince d'Orange, X. H: 87, 229, 354. Nassau, voy. Adolphe, Buren et Catharlna-Belglca. Nassau - Dillenbourg (Guillaume I", comte de), X. H: 229. Nassogne, abbaye, arr. de Marche, X. I : 34. — X. m : 250. Nausburg (Frédéric de), prétendu prince-électeur,X. n : 244. Navagero, ambassadeur vénitien, X. H: 130. Navez (F.J.), peintre, X. m: 476. X. IV : 159, 160. Neau, voy. Eupen. Needham (l'abbé), X. ni: 165, 194 n. Neerwlnden, arr. de Waremme, X. m: 9, 32, 91, 307, 328, 369. Neeryssche, arr. de Louvaln, X. ni: 347. Nelis, évêque d'Anvers, X. m : 156 n., 193, 207, 228, 234 n., 246, 308. Nemours (le duc de) [Gaston de Folx], X. n : 49. Nemours (le duc de), X. m: 514. — X. rV: 13-16, 18, 19, 21, 36, 58. Nény (Patrice), X. m: 98, 109. Nény (Patrice-François, comte de), X. m: 137, 140, 162, 165-167, 204, 207, 211, 233 n., 273, 368. Nesselrode (comte de), ministre russe, X. m : 418. — X. IV : 12, 90. Nessonvaux, arr. de Verviers, X. m: 205. Neubourg (Antoine - Ulric de), — X. m: 90, 91. Neubourg (Eiéonore de), femme de l'empereur Léopold I»"-, X. m: Neubourg (Jean-Guillaume de), X. ni: 103. Neuenar (Adolphe, comte de), X. Il : 368, 369. Neufchâteau, X. m : 313, 426. Neuss, près de Dusseldorf, X. I : 19, 416, 422-425, 497. — X. Il : 368. Neuve-Eglise, arr. d'Ypres, X. I : 468. — X. n : 143. 169 n. Neuveforge (Louis de), X. m : 22, 23. Nève (J.B. de), X. m : 464. Nevele (M. de), X. III : 49. New York, I. n: 160. Ney (M.), maréchal de France, X. ni: 499. Neyen (le P. Jean), X. H: 391. Nicolas, duc de Calabre, X. I : 420. Nicolas I»', empereur de Russie, X. IV : 10, 94. Nicolas I®', pape, X. 1: 48 n. Nicolas V, pape, X. I: 389 n. Nicolas de Bruxelles, artiste, X. 1: 493. Nicolas de Senlis, écrivain, X. I : 210. Nicolas Zannekin, voy. Zannekin. Nicole (Pierre), X. in : 64. Nicopoli, X. 1: 389 n. Niederfiillbach (fondation de), X. IV: 233. Niellon (Charles), X. m: 506-508, 510. Nieppe, dép. du Nord, arr. d'Ha-zebrouck, X. n : 169 n. Nieuport, X. I: 127, 170, 192. — X. n: 364, 369, 388. 389, 446, 503 n. — X. m: 28. 32, 75, 76, 111, 123, 125, 126, 147, 369, 417, 476. — X. IV : 264, 292. Nieuport (le commandeur de), X. m : 391. Nimègue, X. I: 61, 150, 242, 420. — X. n : 175. — X. m : 25, 26, 86, 286, 369, 370, 424, 459. Nina (le cardinal), X. IV : 150. Ninove. X. 1: 439. — X. ni : 16, 26, 154, 491. — I. rv : 373. Niort, dép. des Deux-Sèvres, X. I : 241. Nivardus, poète, X. 1: 211, 212. Nivelles, X. I: 34, 35, 150, 162, 180, 199, 346. — X. n : 93, 298, 327, 462. — X. m: 154, 165, 172, 230, 305, 338, 445. — X. IV : 398. Noallles (le vicomte de), X. ni: 372 Noircarmes (Jean de), X. n: 326, 424. Noircarmes (le sire de) [Philippe de Sainte-Aldegonde], X. H: 255, 259, 260, 261. Noorthof, en Zélande, X. 1: 191. Noot (Henri van der), homme politique brabançon, X. m : 197, 198, 217, 218, 223, 228, 236-239, 241, 244, 245 247-250, 252, 256, 259, 260, 262, 269, 272-274, 233 n., 304, 343, 362, 413. — X. IV : 392 Noot (Jean van der), poète flamand, X. H: 88. Norris (Jean), colonel anglais, X. n : 345, 370. Norwich O'évêque de), voy. Henri. Norwich, X, n : 241, 248. Notger, évêque de Liège, X. I : 54, 67, 95, 110, 111, 113, 114 n., 268. Nothomb (A.), X. IV : 140 n. Nothomb (J.B.), X. m : 456, 523, 525. — X. rv : 22, 34 n., 68, 69, 140 n., 160, 163. Novare, X. II: 226. Noyers, dép. de l'Yonne, X. n : 32. Noyon, X. n: 61, 219. Nukerke, arr. d'Audenaerde.X. n: 147, 225, 244. Nuremberg, X. IV : 52. Nypels (L.P.), général, X. m: 518. Nyssens (Albert), X. IV : 205. Nysten (P.H.), médecin, X. m : 391. o Ockeghem (Jean), musicien, T. I : 494. — X. n : 187. O'Connell, X. m : 461. Odelbold, évêque d'Utrecht, X. I: 54. Odevaere (J.D.), peintre, X. m : 391. Odon de Xournai, évêque de Cambrai, X. I: 79, 95, 113. Ogler (Guillaume), écrivain flamand, T. II : 511. Ohaln, arr. de Nivelles, T. III : 155 n. Olenles (Hugues d'), moine orfèvre, T. I: 491. Olbert de GemWoux, écrivain, T. I: 111, 114 n. Oldenbarnevelt (Jean van), grand-penslonnalre de Hollande, T. n: 379, 388. Oldenseel, prov. d'Overyssel, T. Il: 3T8 391 Oléron (l'ile d'), T. III : 346, 359. Olhain (le sire d'), T. H: 255. Ollvarès (le comte-duc d'), T. n : 397, 398, 400, 402, 412, 489. Omalius d'Alloy (J.B. d'), T. m : 467. Orner (St), T. 1: 26. Onufrlus, évêque de Trlcarlo, légat du pape à Liège, T. 1: 410. Oostbourg, en Zélande, T. 1: 220. Oostkerke, arr. de Bruges, T. I: 170. Opstraet, professeur à Louvaln, T. m: 64. Orange, voy. Anna Paulowna, Bu-ren, Frédéric, Frédéric-Henri, Guillaume I®', Guillaume V, Guillaume prince d'Orange, Guillaume-Frédéric, Guillaume le Taciturne, Maurice de Nassau, Philibert de Châlons, René de Nassau. Orange (le prince d'), Voy. Guillaume II, roi des Pays-Bas. Orange (la princesse d'), T. m: 237, Orban (H.J.), T. IV: 20, 155. Orchies, dép. du Nord, T. I: 260, 261. 301, 319, 349, 350, 362, 447, 480. — T. n : 32, 71. — T. m : 76. Orchimont, arr. de Dînant, T. I: 371. Oreye, arr. de Waremme, T. I : 295 n. Orléans, T. II : 48, 244. Orléans (Clémentine d'), T. IV : 58. Orléans (le duc d"), voy. Louis XII, roi de France. Orléans (le duc d') [Charles, fils cadet de François I"], T. n : 87. Orléans (Louis, duc d"), T. I: 365, 370. Orléans (Louls-Phlllppe, duc d'), T. in: 237. Orléans (Gaston d'), frère de Louis XIII, roi de France, T. H: 378, 408, 413. Orley (Bernard van), peintre, T. n : 175, 184, 187. Ornans, dép. du Doubs, T. II : 227. Orts (P.), T. rV: 129. Orval (l'Abbaye d'), T. IH : 117, 145, 173, 312. Ossenesse, en Zélande, T. 1: 190. Ostende, T. 1: 465. — T. II : 370. 387-391. 468, 485, 487-489. 496. — T. m: 13, 39, 41, 66, 67. 77. 108-111. 123. 125. 126, 130, 147, 148, 188. 202, 206, 212, 305, 313, 347, 369. 397, 402, 416, 417, 476. _ T. IV : 52, 156, 194, 223, 224. 263, 264, 292, 339. Otbert, évêque de Liège, T. I: 68, 69, 71, 79, 95, 124, 140. Othée, arr. de Liège, T. I: 374, 393, 396, 397, 400, 401, 407, 409, 439. Otton, duc de Lotharingie, T. I : 58. Otton, fils de RIcuin, T. I: 49, 50. Otton. fils du roi de Bavière, T. rV : 16. Otton I»', empereur, T. 1: 45, 49, 50, 52. 53, 61. 64. 67, 70. 73, 97. 109, 117, 139, 259. — T. H : 233. Otton n, empereur, T. 1: 57, 59, 268. Otton rv de Brunswvck, empereur, T. I: 149, 15Ô, 151, 153, 154. Oudenbosch (Adrien d'), chroniqueur, T. I : 403, 413 n., 485. Oudenbourg, arr. d'Ostende. T. I : 20, 37 n., 65. — T. n : 27 n. Oudenfort (Robinet d'), T. n : 15. Oudewater, prov. de Hollande-Méridionale, T. H : 295. Ougrée-Marlhaye, T. IV : 236, 383. Oultremont (Adrienne, comtesse d'), T. IV: 57. Oultremont (Charles d'), évêque de Liège, T. ni: 177, 180, 181, 184. Oultremont (Emile, comte d'), T. m : 496. — T. rv : 199. Outremeuse (Jean d'), chroniqueur liégeois, T. 1: 488. Overbury (Th.), T. D: 487. Overkerke, voy. Nassau (Henri de). Overmeire, arr. de Termonde, T. ni : 344. Pache, ministre de la Guerre en France, T. ni : 300. Pacheco (Hernando), Ingénieur militaire, T. n : 281. Padoue, T. H : 228. Paepe (César De), T. IV: 182, 184. Paep^ (Jacques de), érudit, T. II : Paepe (Léon de), jurisconsulte, T. m : 18, 38, 52 n. Page, (W.H.), T. IV : 343. Pageot, fermier des postes, T. ni : 62. Paix (le chanoine de), T. m : 193. Palatin (le comte), voy. Frédéric. Palazol (le P.), T. m : 51. Palfyn (Jean), T. ni: 46. Pallavlcini (Antonietto), évêque de Tournai, T. n : 195. Pallavicino, nonce du pape, T. m: 34 n. Palmerston (Lord), T. m : 530. —T. rV: 10, 21, 22, 27-29, 31, 33, 34 n., 36. 38, 94. Pameele (Guillaume), président du Conseil Privé, T. H : 475. Pannins (Pierre), T. n: 464. Papebroch (le P. Daniel), bol-landlste, T. n: 466. — T. ni: 45, 159. Pappenbeim (Godefrold - Henri, comte de), T. n : 400, 434. Paquot (Jean), érudit, T. in : 166. Parc (l'abbé de), T. ni: 228. Pardieu (Valentln de), voy. la Motte. Paris, T. I: 262, 266, 267, 274, 287, 295 n., 306. 309, 319, 350. 359, 363-365, 369, 375, 385, 386, 404, 417, 434, 446, 449, 455, 458, 488, 491, 493. 494, 499, 500. — T. H: 15, 36, 47, 49, 59, 66, 101, 153, 166, 176, 178, 181, 182, 195, 234. 235. — T. m : 14, 23, 46. 48. 49, 63, 67, 109, 114, 144, 160, 168, 169, 172, 190, 191, 197, 202, 231, 238, 247, 250, 252, 253. 256, 257, 261, 276, 277, 279, 293, 295, 298, 299, 301, 303, 307, 312, 315, 320, 324, 332, 338, 368, 372, 378, 390, 391, 399, 429. 437. 445, 448, 455, 473, 474, 476, 481-483, 486, 489, 492-496, 499, 503, 505-507, 516 n., 523. — T. IV : 11-14, 16, 19, 21-23, 36, 40, 59, 62, 67, 82, 83, 85, 86, 90, 92, 93, 95, 114, 138, 143, 156, 160, 162, 242, 249, 250, 252, 266, 280, 287, 345, 426. Paris (Université de), T. I: 110, 111, 113, 215. Paris (Simon), doyen des petits métiers à Gand, T. 1: 326 n. Parme, T. H : 226. — T. m : 125. Parme (Marguerite de), T. ni: 463. Parme (Philippe de), T. ni: 125, 126. Parme (le prince de), voy. Far-nèse. Pascal (Biaise), T. m: 47. Pascal n, pape, T. 1: 79. Pasquallgo. ambassadeur Italien, T. n: 58. Passy, près de Paris, T. m: 379. Patsendrles, lignage llmbourgeols, T. I: 441. Patyn. fonctionnaire, T. m: 137. Paul n. pape, T. n: 97, 101. Paul m, pape, T. n: 209, 225, 226. Paul rv, pape, T. H: 226, 232, 454. Paul V, pape, T. n : 506. Paulée (la Cle). T. m : 372. Pavie, T. H: 66, 74, 102, 119. Paven (Pontus), chroniqueur, T. n: 339. Paver (vice - chancelier von), -r. IV : 414. Pecnuius (Pierre), T. II: 394, 395, 400, 479, 508. Pede (H. van). T. H: 185. Pedlnger (J.), fonctionnaire autrichien, T. n: 131 n. Peel (Sir Robert). T. IV: 102. Peereboom (A. Van Den), T. IV : 124 n., 129, 130. Pelt (Jacques), démagogue flamand, T. I: 306, 316. Penaranda (Gaspar de Braca-monte, comte de), T. n: 415. Pérès de la Haute-Garonne, conventionnel, T. m : 331, 336, 363. Perez (Antonio), ministre de Philippe II, T. H: 299. Pérez (Antoine), jurisconsulte, T. n : 508. Perez (Marco), marchand portugais à Anvers, T. n : 157, 171 n. Pérler (Casimir), ministre de Louls-Philippe, T. IV : 10, 19, 21, 22. Périn (Charles), T. IV : 144, 149, 151, 181. Péronne, T. I: 149, 410, 421. — T. n: 14, 15, 60, 77, 103. Perreal (Jean), architecte, T. n : 54, 55. Perrln d'Auglcourt, poète, T. I : 210. Perwez (le sire de), T. I: 397. Peterinckx (François), industriel tournaislen, T. m : 149. Pétrarque, X. I. : 500. Phalempin, abbaye, près de Lille, T H: 257. Philibert de Chaions, prince d'Orange, T. n : 229. Philibert n, duc de Savoie, T. n : 54 73 Philippe' (Guillaume), T. ni: 52 n. Philippe (le P.), T. H: 399. PWIippe, comte d'Egmont, T. n : Pmnppe, comte de Flandre, T. rV: Philippe, comte de Namur, T. I : 149, 150, 151. Philippe, comte de Nevers, fils de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, T. 1: 370, 375. Philippe, comte de Thlette, fils de Gui de Dampierre, T. 1: 251-253, 256 n. Philippe n, roi d'Espagne, T. n : 40, 61, 62, 68, 85, 88, 89, 91-95, 102, 106, 109, 110, 114, 116, 120, 127-129, 131. 136, 145, 157, 166, 167, 181, 187, 194, 196, 211 n., 215-219, 221-224, 226-237, 238 n., 239, 243, 244, 247-250, 254, 256, 258, 259, 261, 262, 267, 268, 272, 274, 275, 277, 279-281, 283, 284. 288-295, 297, 299, 300, 302, 304, 305, 309, 310, 312, 314, 320, 322, 323, 326, 327, 328, 330, 332, 344, 346, 347, 349, 353, 354, 357-359, 361, 362, 365, 368-372. 377-384, 386, 387, 389, 392, 397, 408, 416, 417, 420, 422, 428-430, 452-456. 459-461, 474, 475, 478, 482, 487, 488, 490, 506, 512. — T. m: 9, 18, 35, 122, 140, 141, 197, 201-204, 210, 212, 214, 277, 309, 358, 394, 450, 451, 459, 461, 463, 495, 499. Philippe m, roi d'Espagne, T. n : 386, 387, 390-392, 395, 400, 444, 488. Philippe rv, roi d'Espagne, T. n : 398-403. 406-409. 412-414, 417, 444, 468, 477, 482, 488, 503 n. — T. m : 10, 11, 13, 15-18, 36, 39, 56. — T. rv : 56. Philippe V, roi d'Espagne, T. m : 33, 55, 56. 58-60, 63-65. 67, 68, 74, 75 100. 104, 105, 110, 113, 114, 115, 120 n.. 134, 214. Philippe I"', roi de France, T. I : 69. 74, 76, 144, 145. Philippe n Auguste, roi de France. T. I: 137, 144-154, 156 n., 157, 160, 171, 194. 205, 224. 241, 255. 259, 297, 312, 351, 417. — T. irr : 292. Philippe m le Hardi, roi de France, T. 1: 161, 233. 234, 260. Philippe rv le Bel, roi de France, T. I: 117, 136. 157. 158. 163, 168, 169, 175-177. 198, 221 n., 224, 232-242. 243 n., 245-247, 249-251. 253-255. 259-262. 264, 266, 267, 277, 290. 297, 298. 301, 302, 312. 314. 350, 434. 4.39, 440. — T. n: 15, 26, 2,32. Philippe IV de Valois, roi de France, T. H : 106. Philippe V de Valois, roi de France. T. 1: 249, 255. 262. 267. 268, 297, 308, 312, 313. 315. 317, 318, 320. 324. 344, 345, 489. Philippe d'Alsace, comte de Flandre, T. I : 136. 137. 144-149, 151, 154. 156 n.. 166. 170. 172. 180, 190 195. 197. 198, 204, 209, 219, 240. 297. 350. Philippe de Bourgogne, évêque d'Utrecht, T. H: 70, 178, 195, 199. 204. Philinne de B"urfognR. sire de Beveren, T. H: 23, 33, 34, 66. Philippe de Clèves. sire de Ra-vensteln. T. H: 14. 35 39-42, 47, 59, 66, 70, 86. 100, 156, 176, 184, 199. 283, 289. Philippe n de Croy, duc d'Ar-schot, T. H: 120. Philippe de Harvengt, abbé de Bonne-Espérance, T. 1: 221 n. Philippe de Heinsberg, archevêque de Cologne, T. 1: 159. Philippe de Leyde, juriste hollandais, T. I: 330, 395. Philippe de Rouvre, duc de Bourgogne, T. 1: 349, 350, 368 n. Philippe de Saint-Pol, duc de Bra-bant, T. I: 376-378, 401, 451, 481 n. Philippe de Souabe, roi des Romains, T. I: 149, 150, 154. Philippe le Beau, duc de Bourgogne, roi de Castllle. T. I: 443 n. — T. n : 26-29, 32-35, 38, 40, 42-51, 52 n., 53, 55, 57, 59-61, 68, 69, 74, 90, 101-103, 109, 110, 112, 114, 119, 120, 124, 127-129, 135, 136, 138, 144, 154, 157, 165-167, 171 n., 176, 178, 185, 191 n., 216, 229. — T. m: 26, 35. — T. IV : 154. Philippe le Bon, duc de Bourgogne, X. I: 156 n., 269, 299, 338, 342, 362, 374-388, 389 n., 393, 400-408, 411, 415-417, 420-423, 435-442, 451, 452, 455-462, 466-473, 476-478, 480, 483. 484, 488, 494, 497, 498. — X. n : 25, 29, 31, 36, 40, 44, 45, 59, 62, 69-71, 83, 88-90, 109-112, 114, 121, 122, 129, 138, 141, 157, 164, 195, 216, 235, 284, 291, 301, 355, 419. — X. m : 87, 122, 131, 175, 199. — X. rv : 35. Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, X. I: 294, 350, 351, 359-365, 369, 373-375, 416, 418, 428, 434, 437, 446-451, 455-459, 463 n., 465, 467, 492, 493, 498. — X. H: 14, 23, 24, 61. Philippe van Artevelde, voy. van Artevelde. Philippeville, X. H: 88, 106, 327. — X. m : 119 n., 416, 417, 505. — X. IV : 10, 31, 133. Philippine de Flandre, fille de Gui de Dampierre, X. 1: 235-237, 240. Philippine de Hainaut, fille du comte Guillaume I®"' de Hal-naut, femme du roi Edouard III d'Angleterre, X. I: 243 n., 271, 346, 488, 489, 492. Philippine, dans la Flandre Zé-landaise, X. n : 171 n. Philippus-Polder, X. H: 171 n. Phull (von), diplomate russe, X. m: 452. Piatoli (l'abbé), X. m: 413. Picard (Edmond), X. IV : 166. Piccolomini (Octave), X. n: 410-413. Pichegru, général français, X. IH: 312-314, 329, 361, 427. Pie n (Aeneas Sylvius Piccolomini), pape, X. I: 386, 389 n. Pie rv, pape, X. n : 454. Pie V. pape, X. n : 268. Pie VI. pape, X. ni: 223. Pie vn, pape, X. ni : 358, 395. Pie IX, pape, X. IV : 135. 144. Plerlot, vicaire, X. m : 209. Pierre Andricas, voy. Andrlcas. Pierre de Beaujeu, régent de France, X. n : 34. Pierre de Bruxelles, artiste, X. I : 491. Pierre de Coninc, chef pnnulalre à Bruxelles. X. 1: 216. 224, 246, 248, 250, 288. 316, 346. Pierre Coutereel, voy. Coutereel. Pierre Curtius, voy. Curtius. Piquignv, près d'Amiens. X. 1: 73. Piret (J.-J.), avocat liégeois, X. m: 258. Plrmez (Eudore), X. IV : 196, 222. n. Plrmez (Octave), X. IV : 166. Pisani de la Gaude, évêque de Namur, X. m : 451. Pisoni, architecte, X. m : 173. PIstorius. voy. Bakker (Jan de). Pltt (William), homme d'Etat anglais, X. m: 237, 311, 413. Plaines (Gérard de), conseiller de Marguerite d'Autriche. X. n: 63. Plaines (Thomas de), chancelier de Bourgogne, X. n : 47, 55, 59, 113. Plaisance, X. H: 226, 236, 238 n. — X. m : 125. Plancius (Pierre), érudit, X. n : 505. Plantin (Christophe), Imprimeur, X. n: 151, 161, 192 n. Plasschendaele, dép. d'Ouden-bourg, arr. d'Ostende, X. n : 388. Plectrude, mère de Gérard de Bro-gne, T. 1: 64. Pletinckx (Ch.J.P.), X. ni: 501, 509. Poelaert (Joseph), X. IV : 162. Poele (J. van), architecte, X. n: 185. 1*1 PoRge (Le), humaniste Italien, T. n: 176. Poirters (le P. Adrien), écrivain flamand, T. n: 511, 512. — T. ni : 390. Poitiers (Guillaume de), T. n : 459. Polanen (les), nobles hollandais, T. I: 347. Polanes (les), famille noble du Brabant, T. n : 229. Pol de Limbourg, artiste, T. I : 493. Polignac, (J.A., prince de), ministre français, T. m: 481. PoIIeur, arr. de Verviers, T. m : 261, 269, 279. Pollnitz (le baron de), T. m: 176, 184. Pomponne (Simon, marquis de), T. m : 22. Ponsonby (Lord), T. IV : 15, 16, 19, 21, 22, 34 n., 41. Pontecoulant, voy. Doulcet. Ponthier (De), officier, T. IV : 229. Pontus-Heuterus, T. H : 508. Poperinghe, T. 1: 180, 192, 310 n., 322, 468. — T. n: 169 n., 207, 257. — T. m : 25, 76. Poppon, abbé de Stavelot, T. I : 66-68, 81 n., 111. Portails, ministre français, T. m : 394. Portiez de l'Oise, conventionnel, T. III: 321, 331, 336. Portinari (Bernardo), marchand italien, T. I: 481 n., 494. Portinari (Tommaso), banquier italien, T. I: 460, 471, 474, 494. — T. n : 25, 161. Porto-Carrero, capitaine espagnol, T. H: 378. Potter (Dire), écrivain néerlandais, T. 1: 486, 502 n. Potter (Louis de), T. m: 439, 455, 461, 463, 464. 482-484, 490, 492, 494, 496, 498 n., 504-506, 517, 520, 522, 524, 530 n. — T. rv : 19, 22. 32, 39, 46, 53, 57, 74, 163, 176. Pottier (l'abbé), T. IV : 219. Poucques, arr. de Gand, T. n : 119. Pradt (D. de), archevêque de Ma-lines, T. m : 395, 402 n. Praepositus (Jacques), réformateur, T. n: 198, 201. 207. Praet (Louis, sire de),T. H: 113. Praot (J.B. van), érudit, T. m : 391. Praet (Jules Van), T. rV : 37, 75, 123, 128, 163. Precipiano (Guillaume de), archevêque de Malines, T. m : 50, 51, 52 n., 64. Prêt (rte), capitaliste anversois, T. III: 109. Prés (Josquin des), musicien, T. I: 494. Priclfaert (J.), théologien,T. m : 163. Prie (le marquis de), T. Ht: 60, a 01-105, 108-110, 112, 115-117, 135. Prieur de la Marne, T. m : 436, 437. Primatice (Le), peintre, T. H : 185. Prisches, près d'Avesnes, T. I : 201 n. Proli, capitaliste anversois. T. IH: 109, 112, 144. 202, 212. 368. Proudlion (P.-J.). T. IV: 95, 99, 106 n., 164, 166, 179, 182, 184. Provins. T. I: 205. PrUm, abbaye, T. 1: 41, 43, 82 n. Pruneaux (le sire des), agent du duc d'Anjou, T. n : 329. Pruystinck (Loy), hérétique, T. n : 206. PutPanus (Erycius), T. II : 406, 507. Puvseerur (Jacques, marquis de), T. m : 59. Pyn (Liévln), chef-doyen à Gand, T. n : 82. Q Qnaregnon, arr. de Mons. T. I : 193. Quarès (Johannes), Tournaisien, T. I: 294 n. Quentovic (Estaples), port, T. I : 37, 41, 122. Quesnel (le P.), T. IH : 49, 64, 115. Quetelet (Fr.), T. IV : 75, 171, 172. Quetelet (L.-A), T. m : 474. Quiévrain, arr. de Mons, T. m : 153, 294. — T. rv : 86, 86 n. Quinet (Edgard), T. rv : 164. Quirini (Vincent), ambassadeur vénitien, T. n : 51, 101. Quiros (le comte de), T. ni: 30, 33, 43, 59. R Babatta (Da), banquiers italiens à Bruges, T. H : 25. Rabelais, T. H: 189, 231. Racour, arr. de Waremme, T. II : 486. Badewijn (Florent), érudit, T. I : 500. Radinghem, dép. du Nord, arr. de Lille, T. II: 257. Baepsaet (J.-J.), T. m : 390, 410, 422, 473. Baes de Heers, voy. Heers. Bagnacaire, roi franc, T. 1: 29. Baick, musicien, T. III : 173. Raikem (J.-J.), membre du Congrès, T. m : 496. Bamel, représentant du peuple, T. ni: 384 n. Bamihrdus, prêtre à Cambrai et hérétique, T. 1: 68, 133. — T. ni: 107. Bamiliies, arr. de Nivelles, T. m: 9, 66-68, 71, 75, 93. Bamleh, en Palestine, T. I : 389 n. Bammekens, port de Middelbourg, T. n: 288. Bansonnet (J.-P. de), colonel, T. m: 259, 260, 262. Baoul (Louis V.), T. m : 473. Baoul, comte de Cambrai, T. I : 47, 48 n., 144. Baoul rv, comte d'Eu, T. 1: 268. Baou.Y (A.-P.), T. m : 320. Baphaël, peintre, T. H : 175, 184, 185. Rapondi (Dino). banquier italien, T. I : 460. — T. n : 161. Basse de Grez, porte-étendard de Jean I»' de Brabant, T. I : 221 n. Basseghem (Adrien-Vilain, sire de), T. n: 33, 36. Bassenghien (Maximllien-Vilain, baron de), T. H: 277, 289, 297, 324. Bathod, évêque d'Utrecht, T. I : 109. Rathenau (plan Walter), T. IV : 364, 380. Bather. évêque de Liège, T. 1: 52, 64, 109. Ratisbonne, T. 1: 383. — T. m : 18, 22, 23, 28. 40, 92. Bavenstein (le sire de), voy. Adolphe et Philippe de Clèves. Bausin (Etienne), Jurisconsulte liégeois. T. n: 433. Bavnal (Guillaume), T. m : 163, 168. 193, 257. Bé (l'Ile de), T. ni: 346, 359. Bedouté, cafetier à Spa, T. m : 259. Bega (H.-J.), professeur à Lou-vain, T. m : 158. 174 n. Bésinard, évêque de Liège, T. I : 95. Béginon, chroniqueur T. 1: 43. Bégnier H, frère de Gislebert, duc de Lotharingie. T. 1: 81 n. Bégnier m de Hainaut. T. I : 50, 52, 57, 60, 65, 81 n.. 117. BésTiier FV de Hainaut, T. I : 57-59. Bégnier V de Hainaut, T. I: 60, 92. Bégnier an r,ong Col. T. 1: 43. 44, 47, 49, 50. 55 57, 64, 69, 70. 71, 83, 84, 91, 93. Beiffenbere- (F.-A., baron de), T. m: 473. Beims, T. 1: 28 54, 105, 107, 217, 385. — T. n : 27, 232. 452, 469. Bcinhold (J.G. de), ministre des Pavs-Bas à Rome, T. m : 439, 456. Remacle (St), T. I: 27. Bemagen, sur le Rhin. T. 1: 19. Rembrandt (Paul). T. II: 443. Remi (le P.). T. H: ,514. Bcmi Drieux. vov. Drieux. Bemouchamos (J.), T. FV : 167. Bemusat (P. De), T. rv : 95. Benaix, T. H : 132 n., 334. — T. ni: 26. Benard (Simon), homme politique, T. n : 217, 236, Benardi, bourgmestre de Liège, T. ni: 87, 107. Benaud. comte de Boulogne, T. I : 152, 154. Benaud. comte de Gueldre, T. I : 161-163. Benaud n, comte, puis duc de Gueldre T. I: 268, 280. Benaud HI, duc de Gueldre, T. I : 345, 348. Renaud IV, duc de Gueldre, T. I : 388 n., 396. Renaud, sire de Fauquemont, T. I: 264, 267. René de Vaudemont, duc de Lorraine, T. I : 424, 425. Bené I®"- d'Anjou, duc de Lorraine, roi de Provence et de Naples, T. 1: 384, 389 n., 424. Benée de France, fille de Louis XII, T. Il: 59, 60. Benichon (Michel de), agent espagnol, T. n : 374 n. Benier de Huy, fondeur, T. I : 113, 114 n. Beningheist, arr. d'Ypres, T. II : 244. Renoz (J-B.), architecte, T. ni: 191, 258. Bennebourg (Georges de), voy. Lalaing. Benty, dép. du Pas-de-Calais, T. Il: 93. Renula (Ste). T. 1: 36. Bequesens (Don Louis de), gouverneur des Pavs-Bas, T. II : 160, 285, 288, 290-294, 296 n., 297, 302, 310, 327, 332, 338, 341, 368, 371, 379, 399, 427, 455, 461, 477, 488. Besoins (Rutger), humaniste, T. n : 181. Rethel, dép. des Ardennes, T. m : 14. Beuchlin, humaniste, T. Il : 176. Bevin, dép. des Ardennes, T. III : 26. Beynier (Augustin), T. HI : 279. Beyphins (L.-A.), T. HI : 436, 454, 475, 508. — T. rv : 41. Bheinberg, prov. rhénane au nord de Dusseldorf, T. H: 368-370, 378, 391, 408. Bhodes, T. 1: 389 n. Bibadeneira (le P.), T. II: 458, 459. Bicci (Sclpion), T. IH : 281. Richard, duc de Normandie, T. I : 73. Richard, évêque de Saint-Vannes, T. 1: 66, 81 n., 82 n. Bichard H, roi d'Angleterre, T. I : 359, 360, 362, 363. Bichard Cœur de IJon, roi d'Angleterre. T. I: 148, 149. Bichard de Cornouailles. roi des Romains, T. 1: 160, 167. Bichardot (Jean), président du Conseil Privé, T. H : 360. 361, 371, 372, 379, 382, 387, 389, 391, 392, 475, 479, 508. Bichelieu (le cardinal de), T. II : 398, 403. 408, 409, 412-415, 435. — T. m: 17, 22, 74, 97, 127, 190. Bichemont (le général de), T. IH: 481. Bicher, chroniqueur, T. 1: 45. Bicher, évêque de Liège, T. I : 51. Richiide, comtesse de Hainaut, T. I: 62, 74, 76, 82 n.. 91, 92, 98 n., 395. Ridder (A. De), T. rV : 258. Ridder (Gustave De), T. FV : 53. Rieger, juriste allemand, T. m : 200. Rijnvisch (Jean), marchand gantois, T. I: 173. Rimenam, arr. de Malines, T. n : 330. Binai do (Paolo). conseiller d'Alexandre Farnèse. T. H : 475. Rio-Nunez (Guinée), T. rV : 62. Risquons-Tout. dép. de Mouscron, T. IV: 86, 92. Ri th ovin s (Martin), évêque d'Ypres. T. n : 455 Bivière (Raes de la), voy. Heers. Bîxensart, arr. de Nivelles, T. ni: 155 n. Roanne, près de St-Etienne, T. IV: 51. Robaulx de Soumoy (De), T. IV: 18. Robert, comte de Namur (?), T. I: 42. Robert n, comte d'Artois, lieutenant de Philippe le Bel, T. I : 248, 250. Robert, moine à Cambrai, T. I : 52. Robert d'Artois, frère de Louis IX de France, T. I: 155, 161, 267, 320, 491. Robert de Berghes, évêque de Liège, T. II : 106, 120, 262 n., 420, 422, 424, 460. — T. m : 189. Robert de Béthune, comte de Flandre, X. 1: 174. 200 n., 241, 251-255. 260-262, 290. 297, 298, 302, 303, 319, 339, 349. Bobert de Cassel, fils de Robert de Béthune, T. 1: 255, 262, 298, 304-306, 309, 482 n. Robert de Croy, évêque de Cambrai, T. n: 120. Bobert de Jérusalem, comte de Flandre, T. 1: 312. Bobert II de Jérusalem, comte de Flandre, T. 1: 69, 79, 80. Bobert de Paris, roi de France, T. 1: 45, 64, 73. Robert de Thorote, évêque de Liège, T. I: 199. Robert n de la Marck, seigneur de Sedan, T. II : 56, 64, 71, 102. Robert m de La Marck, sire de Fleuranges, T. n : 98, 102. Robert le Frison, comte de Flandre, T. I: 66, 68, 76-80, 82 n., 86-88, 104, 124, 134, 144. 248. Robert le Pieux, roi de France, T. 1: 73. Roberti (le P. Jean), T. II: 507. Bobertson (E.-G.), physicien, T. m : 391. Robespierre, révolutionnaire français, T. II : 269. — T. m : 288, 313, 328, 331. Bobiano (le comte de), T. ni: 426. Bobson (J.-J.), musicien, T. III : 173. Bochambeau (le comte de), général français, T. ni : 294. Boche, agent français, T. IH : 340. Bochefort, T. HI : 313. Bocourt, arr. de Liège, T. III : 123, 132 n., 505. Rocroi, dép. des Ardennes, T. Il : 412. — T. m : 10, 13, 14. Roda (Jérôme de), T. Il : 270. 297-299, 304, 305, 311. Rode (Hinna), théologien, T. H: 199, 211 n. Rode (le chevalier de), T. HI : 254 n. Bodenbach (Albert), T. IV : 169. Bodenbach (Constantin), membre du Congrès, T. HI : 530. Bodenmacher, duché de Luxembourg, T. HI : 26. Bodolphe, abbé de Saint-Trond, T. 1: 108, 114 n. Bodolphe H, empereur, T. H: .323, 328, 355, 358, 372, 377, 386 393. Bodolphe de Bourgogne, roi de France, T. 1: 45. Rodolphe de Diepholt, évêque d'Utrecht, T. 1: 377, 402, 443 n. Rodolphe de Habsbourg, empereur, T. I: 160, 161, 163, 167, 168. — T. n : 26. Boelandt (L.-J.), architecte, T. IH : 476. Boëll (W.F., baron), ministre hollandais, T. IH: 430 n. Boentgen (G.M.), homme d'affaires hollandais, T. HI : 467. Roeskilde, en Danemark, T. II : 186. Rœulx (le sire, puis comte du) [Adrien de Croy], T. H: 66, 83, 87, 305. Rœulx (Jean de Croy, comte de), T. H: 273. Roevere (Antoine de), rhétori-cien, T. 1: 484. Roger, châtelain de Gand, T. I : 202 n. Roger, châtelain de Lille, T. I : 211. Roger, duc de Poullles, T. 1: 79. Roggieri, préfet, T. m : 401. Bogier (Charles), T. HI : 456, 482, 491, 494, 495, 498 n., 500-502, 504, 506, 507, 510, 511, 522, 526, — T. IV : 48, 53, 63, 68, 70-72, 75, 83, 84, 95, 99, 102, 109, 112, 116, 117, 130, 133, 135, 153, 163, 177, 181. Bogier (Flrmin), T. IH : 456. Rohan-Guéménée (le prince de), archevêque de Cambrai, T. HI : 256, 278, 279, 281. Roland (Bartel), T. H: 436, 437. Rolduc, prov. hollandaise de Lim-bourg, T. H: 400, 413, 416. — T. IH: 416. Bolin (Jean), évêque d'Autun, cardinal, T. I: 455. Bolin (Nicolas), chancelier de Bourgogne, T. 1: 385, 455, 456, 494, 497, 498. — T. Il : 114. Bollier (Emm.-Benolt), T. HI : 345, 346. Bomberg (les frères), financiers, T. IH: 147, 202. Bome, T. H: 56 100, 101, 118, 179, 182, 184, 185, 193, 199, 201, 202, 235, 240, 251. Romero (Julian), officier espagnol, T. H : 269, 291, 298-300. Bomont (le comte de) [Jacques de Savoie], T. H : 26 34. Bongy, arr. de Tournai, T. HI : 205, 206. Ronsard, T. H : 189. Roose (Pierre), président du Conseil privé, T. n : 400, 404, 406, 409, 412-414, 479. — T. m : 47. Koosebeke, voy. West-Roosebeke. Bops (Félicien), T. IV : 160. Boquelaure (J.-A. de), archevêque de Mallnes, T. III : 394, 395. Borik, vlklng, T. 1: 41. Bosen (Foulques Uten), chevalier flamand, T. I: 326 n. Bosimboz (Jean de), précepteur de Charles le Téméraire, T. I: 415. Bossem (Martin van), homme de guerre, T. II : 70, 87, 228. Bossi (le marquis de), T. III : 100. Bosso (Le), peintre, T. n : 185. Bosult, dép. du Nord, arr. de Va-lenclennes, T. II : 470 n. Rothschild (la banque), T. m : 516 n. Rotterdam, T. H: 78, 280, 281. — X. ni : 432, 470. — T. IV : 264, 344. Rothard, évêque de Cambrai, T. 1: 101, 110. Roubaix, T. H : 493. — T. TV : 182 Roubaix (le marquis de), voy. Melun. Bouen, T. I: 22, 73, 274, 359. — T. n : 370. — T. m : 379. Boulers, T. I: 353. — T. HI : 174 n., 344. — T. TV : 339. Bouppe (N.-J.), maire de Bruxelles, T. ni: 330, 346, 347, 359, 490. Rousseau (Jean-Baptiste), T. III: 160. Rousseau (J.-J.), T. III: 48, 167, 168, 191, 200, 212, 213, 257. Bousseau (P.), polémiste, T. m : 167, 193. Boussel (Adolphe), T. m: 497. Bouveroy (Charles), T. III: 186 n. Boux, arr. de Charlerol, T. TV : 194. Bouyer de l'Hérault, T. HI : 436. Boye, dép. de la Somme, T. II : 60. Boyer-Collard (P.-P.), homme politique français, T. HT : 455. Bubempré (le bâtard de), T. I: 387, 501 n. — T. ni: 104. Bubens (Plerre-Paul), T. n: 185, 398, 399, 405, 443, 469, 514 516, 517. — T. m: 44, 162, 170, 172, 190. 197. — T. TV : 160. Bude, sculpteur, T. n : 186. Buotffer, écrivain, T. n : 53. Bupelraonde, T. H : 351, 409. Bupert, abbé de Saint-Laurent, T. 1: 111. Buprecht, comte palatin, T. I : 422. Ruprecht von der Pfalz, roi des Romains, T. I: 364. 365, 370. Buremonde, T. H: 232, 273, 282, 399, 410, 416, 420, 452, 462. — T. m: 102, 107, 165, 206. — T. IV: 28. Rutli d'Ans, théologien, T. m : 49, 50, 64, 72, 118. Ruusbroec (Jan), mvstlque brabançon, T. 1: 336, 354, 486, 488, 499, 502 n. Ru.xthiel (H.-J.), sculpteur, T. HI: 391. Byckel (Denys De), théologien, T. n: 193. Byckere (P. De), membre du Congrès, T. TV : 34 n. Byhove (François de la Kethulle, sire de), T. H: 324, 333, 336, 340, 342. 345, 365, 436. Byswyck (Herman van), hérétique, T. n : 198. Ryswyk (Th. van), T. TV : 168. Rythovlus (Martin), évêque d'Ypres, T. Il: 234. Sabine de Bavière, femme de La-moral, comte d'Egmont, T. n : 229. Sabinus, officier romain, T. I : 18. Sabran (le P.), T. ni: 51. Sadatpatnam, dans l'Indoustan, T. m: 109, 110. Saint - Aclieui, près d'Amiens, T. m: 448, 473. Saint-Amand, abbaye, T. I: 36, 65, 72, 100. 107. Saint-Amand, dép. du Nord, arr. de Valenclennes, T. n : 470 n. — T. ni: 73. Saint-André, abbaye de Câteau-Cambrésls, T. I: 65. Saint-André, (le fort de), T. n: 386. Saint - André (Jacques d'Albon, sire de), maréchal de France, T. Il : 235. Saint-André-lez-Bruges, T. I : 65. Saint-Aubert, monastère à Cambrai, T. n : 194. Saint-Bavon, abbaye à Gand, T. I: 34, 36, 65, 128. — X. Il : 85, 195. Saint-Bernard, abbaye près d'Anvers, X. I: 65. — X. n: 298. 452. Saint-Bernard (l'abbé de), X. m : 238, 239. Saint-Bertin, abbaye à Salnt-Omer, X. I: 34, 41, 65, 72, 187, 463 n. Saint-Denys, près de Paris, X.1: 64. Saint-Denys en Brocqueroie, près de Mons, X. 1: 65, 114. — X. n : 195. Saint-Dizier, dép. de la Haute-Marne, X. 1: 202 n. —^ X. n : 229. Saint-Domingue, X. m : 42. Saint-Donat (le fort de), X. m: 77, 130. Saint-Stienne, dép. de la Loire, X. m : 186. — X. TV : 51. .Saint-Genois (J. de), X. IV : 164. Saint-Ghislain, X. n : 281, 329, — X. m : 15, 19, 24, 123. Saint-Ghislain, abbaye, X. 1: 34, 65. Saint-Hubert, X. Il : 56. — X. m : 182, 313. 345. Saint-Hubert, abbaye, X. 1: 34, 35, 104, 111. Saint-Jacques, abbaye à Liège, X. I: 65, 95, 113, 217. Saint-Jean d'Acre, X. 1: 147, 215, 219. Saint-Job, le fort de, X. IH : 130. Saint-Laurent, abbaye à Liège, X. I: 65, 95. Saint-Laurent, faubourg de Liège, X. 1: 411. Saint-Mard, arr. de Virton, X. nî: 26. Saint-Martin, abbaye à Tournai, X. I: 66, 179. — X. n : 195. Saint-Michel, abbaye à Anvers X. n : 103. Saint-Michel (le fort de), X. III: 77. Saint-Nicolas, X. H : 498. — — X. ni: 142. 379 402, 469, 500. — X. TV : 77, 264. Saint-Nicolas, abbaye à Olgnles, X. n: 195. Saint-Omer, X. I : 20, 41, 73 127, 129, 136, 137, 151, 156 n., 177, 205, 297, 306 320, 463 n., 499. — X. n: 15, 21, 36, 195, 232 339, 340, 403, 411, 452, 456, 460, 463, 468, 490, 504 n. — X. m: 16, 24, 25, 67. Saint-Paul, le fort de,X. m : 130. Saint-Philippe, le fort de, X. ni: Saint-Pierre, abbaye à Gand, X. I: 26, 34, 36, 46, 65, 100, 107, 128 135 233 Saint-Pierre (chapitre de), à Lou- vain, X. 1: 190. Saint-Pol (le comte de), X. I: 246. Saint-Quentin. X. Il : 15, 36, 160, 219. 229, 249. Saint-Sauve, abbaye à Valenclennes, X. I : 36, 65. Saint-Sauveur, abbaye à Ham près de Béthune, X. 1: 65. Saint-Servais, abbaye à Maes- tricht, X. I : 43, 58, 133. Saint-Simon (le duc de), X. m : 36, 42, 59. 64 n.. 94 n. — X. IV : 54 n.. 75, 76. 116. Saint-Xrond, X. H: 102, 256, 423, 430. 502, 518 n., — X. in : 24, 89, 346. Saint-Xrond. abbaye. X. 1: 34, 3,5. 41. 65, 94. 100. 107. 111. 113. 127, 141, 159, 174. 180. 187, 188. 194, 204. 277. 408, 409. Saint-Vaast, abbaye à Arras, X. I : 34, 66, 72. 100, 128, 180. — X. n: 339, 344, 346, 371. 468. Saint-Valéry (sur Somme), X. H: 60. Saint-Vannes, monastère à Verdun, X. I: 66. Saint-Venant, dép. du Pas-de-Calais, arr. de Béthune, X. Il : 413. —X. ni: 14-16, 18, 67, 77. Saint - Vincent (Grégoire de), X. m : 45. Saint-Vincent (le P. de), X. Il : 466, 508. Saint-V!th, X. III : 416. Saint-Winnoc, abbaye à Bergues, X. 1: 65. Sainte-Aldegonde, abbaye en Hal-naut, X. I: 190. Sainte-Beuve, X. IV : 163. Sainte-Gertrude, abbaye à Nivelles, X. I: 34, 35. Sainte-Gertrude (l'abbé de), voy. Linden (Jean van der). Sainte-Hélène, l'Ile de, X. ni : 108. Sainte-Marguerite, faubourg de Liège, X. 1: 278, 411. Sainte-Menehould, dép. de la Marne. X. III : 14. Sainte-Waiburge, près de Liège, X. I: 399, 410. Sainte-Vl'audru, abbaye à Mons, X. I: 34. Salamanque, X. n : 275. Salins, dép. du Jura, X. I: 425. — X. n: 32. Salm (Frédéric, prince de), X. TV: 12. Salm-Refferscheid (le prince de), évêque de Tournai, X. m : 119. Salm-Salm (le prince de), évêque de Tournai, X. m : 206, 256. Sanderus (Antoine), X. ni: 15, 45. Sandt (docteur von), X. IV : 316, 401. Sandwich, X. n: 241, 248. San-Juan (Pedro de), X. H: 476. Santa-Cruz (don Alvarez de Ba-zan, marquis de), général espagnol, X. n : 399, 402. Santo - Xhomas de Guatemala, X. IV : 62, 223. Santvliet, arr. d'Anvers, X. m : 66. Saphir (Simon), marchand gantois, X. I: 152, 173, 226. Saragosse, X. m : 503. Sarasa (le P. Alphonse-Antoine de), X. n: 508. Saravia (André), X. H: 263 n. Sarrasin (Jean), abbé de Salnt-Vaast, X. n: 339. Sart-Dame-Aveline, arr. de Nivelles, X. IV : 145, 152. Sart-lez-Spa, X. ni: 379. Sarton (Hubert), ingénieur, X. TCt: 184. Sartorius, chanoine, X. m : 233 n. Sasbout (Arnold), chancelier de Gueldre, X. n: 297, 302, 304, 326. Sas-de-Gand, dans la Flandre Zé-landaise, X. n: 364, 369, 413. — X. ni: 124. 239. Savary (A.-J., duc de Rovigo), ministre de la police, X. ni : 399. Savery (Roland), peintre, X. H: 185. Savoie (Thomas, prince de), T. n: 410. Savoie (Yolande de France, duchesse de), X. I: 423-425. Savoye-Bolin, préfet, X. in : 401. Saxe (aément de), X. m: 180. Saxe (l'électeur de) [Jean-Frédéric le Magnanime], X. H: 86, 87. Saxe (Maurice de), maréchal de France, X. m : 123, 124, 180. Saxe-Xeschen (Albert de), gouverneur des Pays-Bas. X. m : 199, 201, 219, 220, 222, 249, 292, 294, Saxe-Weimar (Bernard, duc de), général hollandais. X. m : 507, 510. 516 n. — X. IV : 24, 26. Saxe-Weimar (Charles - Auguste, duc de), X. HI: 406. 408. 415. Sa-xe-Zeil (le cardinal de), X. IH: 179. Say (J.B.), X. TV : 102, 190. Scarini (Sylvestre), X. n: 501. Schaibel (docteur), X. TV : 414. Schaumbourg (le comte de), beau-frère du prince d'Orange, X. H: 287. Schenk (le fort de), dans l'Ile de Betuwe, X. n : 410, 415. — X. m: 23. Schenk (Georges), gouverneur de Frise, X. H: 70. 76. Schetz (les), marchands flamands à Anvers, X. Il : 158. 460. Schetz (Gaspard), seigneur de Grobbendonck, X. H: 163, 237. Scheveningen, près de La Haye, X. HT: 401, 413. 428. Schiedam, X. H: 78. 280. Schieringers, parti en Frise. X. H : 69. Schlieffen (Martin, comte de), général, X. m: 247, 248, 267. Schockaert, fonctionnaire, X. m : 38. Schoenfeld (Nicolas, baron de), général, X. ni: 248, 250, 251, 268, 272-274. Schoepfiin (J.-D.), érudlt, X. ni: 162, 165, 166. Schollaert (François), X. IV: 213, 232, 243. Schomberg (le maréchal de), X. ni: 24. Schoonbeke (Gilbert van), homme d'affaires anversols, X. n : 160, 161. Schoonhoven, prov. de Hollande-Méridionale, X. n : 281, 295. Schoot (le P. André), X. n : 466. Schore (Louis de), maître des requêtes du Conseil Privé, X. n : 77, 95 n. Schrant (J.-M.), X. ni: 448, 450, 451, 455, 472, 474, 475. Schroeder (J.G. de), général, X. m : 232, 239, 240. Schuermans, procureur du Roi à Bruxelles, X. m : 476, 486, 498 n. Schwarzbourg (Gunther, comte de), beau-frère du prince d'Orange, X. H : 293. Schwendi (Lazare), X. n : 355, 357. Schwertfeger (colonel), X. TV : 298 n. Sclessin, près de Liège, X. I : 201 n. Scott (Walter), X. IV : 164. Scotus (Pierre), gramalrlen, X. H: 176. Scribani (le P. Charles), X. n: 508. — X. m: 45. Scribanius, érudlt, X. Il: 158. Secrétan (Philippe), X. m : 232. Secundus (J.), humaniste, X. n: 191 n. Sedan, X. n : 64, 65, 77, 98, 101, 102, 243. — X. ni : 82. — X. TV: 138, 239. Sedulius, poète, X. I: 36, 41, 42, 107. Segher Dengotgaf, traducteur, X. I : 213, 214. Segher Janssone, voy. Janssone. Seghers (Daniel), peintre, X. n : 467. Seignelay (J.B., marquis de), X. m: 34 n. Seller (les), marchands allemands à Anvers, X. II : 157. Selles (Jean de Nolrcarmes, baron de), X. H : 346. Sélys-Longchamps (le baron de), X. m : 363. Semlin, en Hongrie, X. HI : 226, 228. Seneffe, arr. de Charlerol, X. m : 153. Senfft de Pilsach (le baron de), X. m : 260, 267. Senior (W.), X. TV : 108. Senlis, X. 1: 47, 295 n. — X. H : 42-44, 47, 48, 101. Seraing, X. m : 184, 260, 262, 467, 469. — X. TV : 62, 184. Serajevo, X. TV : 284. Serlio (Sebastien), architecte, X. n: 186. Serlippens, avocat, X. m : 254 n. Serres (Olivier de), agronome français, X. n : 495. Servais (St), X. I: 21. Servandoni - d'Hannetaire (Eugénie), X. m : 174 n. Servandoni d'Hannetaire (J.-N.), X. m : 174 n. Sevenberghe (Gérard van), prétendu prince-électeur, X. n : 244. Séville, X. n: 130, 182, 185, 402, 489. Sforza (François-Marie), duc de Milan. X. n : 77. Shaler (M.K.), X. TV : 343. Shaiv, écrivain, X. ni : 142, 170, 207, 389. Sheffield, X. H: 142. Sibylle, sœur de Guillaume, duc de Clèves, X. Il : 86. Sichem. arr. de Louvaln, X. H : 364, 485, 486. Sickingen (Franz von), chevalier allemand, X. n : 65. Siegenbeck, écrivain, X. ni : 475. Siévès. X. ni: 264, 269, 446. Siegfried, abbé de Gorze, X. I : 55. Siegfried de Westenburg, archevêque de Cologne, X. I: 162, 163. Sigebert HT, roi franc, X. 1: 27. Sigebert de Gembioux, écrivain, X. I: 68, 79, 82 n., 111. Siger de Brabant, philosophe, X. I: 215. Siger de Courtrai, chevalier, X. I: 315. Sigismond, archiduc d'Autriche, X. m: 17. Sigismond de Habsbourg, duc d'Autriche, X. I: 421-423. Sigismond de Luxembourpr. emne-reur, X. 1: 156 n., 371-374, 377-380, 382-384, 389 n., 400, 418, 419, 475. — X. n : 25, 40, 69, 89 Simon (Jean), carrossier, X. m : 149, 254 n. Simon de Boulogne, traducteur, X. I: 210. l'i: Simon van Halen, voy. Halen. SimoniB (Eug.), T. IV : 164. Simons (Menno), anabaptiste, T. n: 207. Simons (Pierre), T. IV: 53, 167. Simrock (Karl), T. IV : 175. Sinzendorff (le comte de), chancelier de l'empereur Charles VI, T. m: 68, 75, 93, 128, 135. Sinzendorff (Mlle de), T. m: 30. Sittard, dans le Limbourg Hollandais, T. 1: 264. — T. n : 88, 399. Sluse (le baron de), T. m : 257. Sluse (René de), mathématicien, T. m : 190. Sluter (Claus), sculpteur, T. I: 492, 493. — T. n : 186. Slvliens, arr. d'Ostende, T. m : 40, 147. Smet (J. de), T. IV : 328 n. Smet (Martin de), éplgraphlste, T. n: 182. Smet De Nayer (comte de), T. IV: 209, 210. Smissen (Alfred van der), général, T. IV : 19, 41, 196. Smissen (Jacques-Louis Van der), général. T. IV : 57. Snaeskerlte, arr. d'Ostende, T. n : 388 Sneek, T. H: 78. Snellaert (D.), chanoine, T. m : 159. Snvders (François), peintre, T. Il: 517. Solvay (Ernest), T. rV : 248, 342, 360. Socrate, surnom de Louis Sanctus de Beerlngen, T. n : 191 n. Soignes (la forêt de), T. IH : 27. Soijmies, T. H: 327. — T. m : 253 Soignies. abbaye, T. 1: 34. Soims (le prince de), T. II: 378. Solre (Jean de Croy, comte de), T. n : 401. Solre (Philippe de Crov, comte de), T. n : 384. 391, 406 n. Sonderbnrg, (château de), dans l'Ile d'AIsen, T. n : 75. Sonnins (François), évêque de Bois-le-Duc. T. H : 234. Sonnins (François), évêque d'Anvers, T. H : 275, 455. Souburer, dans l'Ile de Walcheren, T. H: 94. Souches (le comte de), T. m : 23, 84. Soiiham, général français, T. m : 312. Soiitman (Pierre), graveur, T. II: 517. Spa, T. n : 252. 315, 371, 423, 425. — T. m: 177, 182, 191, 257-259. Spaen (van), T. m: 418 n. Spandau, T. m : 186. Spauteren (Jan van), grammairien, T. n: 176. Spiegel (van de), grand-pensionnaire de Hollande, T. m : 2.37. Spieibere, en Franconie, T. m : 105. Spielthoorn (Ch.-L.), T. IV : 76, 82, 85. Spiennes, arr. de Mons, T. 1: 17. Spineiii (Nicolas), graveur italien. T. I: 494. Spinola (Ambroise). T. II: 390-395, 398, 401. 402. 464. 466, 476, 480, 487, 488, 517. — T. IH: 23. Spinola (Frédéric), T. n : 387, 390, 398. Spraneer (Barthélemv), peintre, T. H: 185. Sprimont, arr. de Liège, T. in : 313. Spring (A.), T. IV : 171. Spronck (Walter), marchand gantois, T. 1: 152. Spy. arr. de Namur. T. 1: 17. Stahl. T. rV: 360 n. Standonck (Jean). T. II: 195. Stanley (Henri-M.), T. IV: 225, 226. Stappen (van der). T. IV : 160. Starhay, général autrichien, T. III: 347. StarhemberK (Georges, prince de), T. m: 135, 136, 140 n., 201, 204. Starhemberer (Cîundakar, comte de), T. m : 111. Stas (J.S.), T. IV: 171. Stassaert (de), fonctionnaire, T. m : 137, 167. Stassart (G.-I. de), T. m : 361, 390, 473, 496. Stavele (Philippe de), voy. Gla-jon. Stavelot, T. Et : 429. — T. HT : 265, 326, 327. 345, 384 n. — T. IV : 240, 283. Stavelot (Jean de), chroniqueur, T. 1: 485, 488, 502 n. Stavelot-Malmédy. abbaye, T. I : 27, 34, 41, 43, 67, 104, 111, 187. Stavoren, province de Frise, T. I : 346. — T. n: 69. Steenbergen, près de Berg-op-Zoom, T. n : 364. Steenhaut, président du Conseil Privé, T. m: 137. Steenkerke, arr. de Soignies, T. m: 30. Steens, échevin de Bruxelles, T. rV: 402. Steenwerek, dép. du Nord, arr. d'Hazebrouck, T. n : 244. Steenwijck. prov. d'Overyssel, T. n: 370. Stein, monastère près de Gouda, T. n : 178. Stembert, arr. de Verviers, T. II : 423. Stenay, dép. de la Meuse, T. m : 15. Steppes, dépendance de Monte-naeken, près de Saint-Trond, T. I: 153. Sterck (les), marchands flamands à Anvers, T. II : 158. Sterckx (Mgr), T. IV : 121. Stevens (Alfred), T. IV: 160. Stevens (Corneille), grand-vicaire de Namur, T. in : 358, 366 n., 393, 395. Stevensiveert, prov. hollandaise de Limbourg, T. n : 408, 409. — T. m : 77. Stévin (Simon), mathématicien, T. H: 447, 505, Stichelbaut, écrivain, T. ni: 390. Stilicon, T. 1: 23. Stobbaerts (J.), T. IV: 160. Stockmans (Pierre), T. m : 18, 38. 47. Stockmar (le baron C. de), T. FV: 36, 58, 175. 242. Stoevere (Gérard de), bourgeois de Gand, T. I: 479. Stoffberg (Pierre). Industriel allemand. T. n : 151. Stiiçer (professeur à Louvain), T. m : 208. Stoke (Melis), chroniqueur, T. I: 208. Stordeur (Jean de), calviniste liégeois, T. n: 106 n. Storms (officier), T. IV : 229. Straalen, prov. rhénane au sud de Gueldre, T. H: 398. Straeten (Antoine van), bourgmestre d'Anvers, T. n : 221, 270. Straeten (les van der) marchands flamands à Anvers, T. n: 158. Straeten (F. van der), T. m : 441. Straeten (Pierre van der), T. n : 163. Strailhe (Goes de), chef militaire liégeois, T. I: 411. Strasbourg, T. I : 383. — T. H : 240, 279. 414. — T. HT : 27. Stravius, internonce. T. ni : 47. Stuart (C:îiarles-Edouard), T. m: 123. Stuart (Lord). T. IV : 34 n. Siialem (Renkin), ingénieur, T. m: 184. Suavius (Henri), T. n: 105. Sudermans (Henri), marchand allemand à Anvprs, T. 1: 475. Sue (Eugène), T. IV : 68, 185. Suède (prince Gustave de), T. IV: 34 n. Suger, abbé de Saint-Denys, T. I : 114. Suniga (don Juan de), père de Requesens, T. n : 290. Surlet (Jean), praticien liégeois, T. I: 294 n. Surlet de Choekier (E.L.). régent de Belgique. T. TV: 18-20, 23. Susteren, abbaye, T. 1: 44. Suvée (J.B.), T. ni: 391. Suvée (Joseph), artiste, T. IH : 172. Suvs (T.F.), architecte, T. m : 391. Swaene (Michel de), écrivain, T. n: 531. Sweertius (François), érudit, T. H: 508. 512. Syagrius, général romain, T. I : ,30. Sybille d'An.iou. femme de Thierry d'Alsace, T. 1: 219. T Tacauelin (Pierre), précepteur de Philippe le Bnn, T. 1: 388 n. Tacauet (le P. André), T. n: 508. Taffin (Françoise), T. H: 470. Taffin (Jacques), T. H: 319, 335, 338. Tafur (Pierre), marchand espagnol, T. I: 367 n. Taici (Monseigneur), T. rV : 298 n. Taiieyrand (le prince de), T. m : 514. — T. rV : 10, 11, 21, 34 n., 49, 372. Tamines, T. IV : 297. Tanchelin, hérétique, T. 1: 68, 220. — T. n: 193. Tant (Angelo di Jacopo), marchand italien à Bruges, T. I : 502 n. Tapper (Ruard), T. H : 201, 458. Tausius, soldat romain, T. I : 37 n. Taxis (le prince de), T. m: 62. Ta.xi8 (Jean-Baptiste de), diplo-mate,T. H: 372, 373. Taxis (Jean-Baptiste de), général, T. n: 364, 368, 370. Tedesco (avocat), T. IV : 82. Téiigny (Odet de), fils de La Noue, T. n: 366. Temploux, près de Namur, T. n : 326. Teniers (David), T. n: 517. — T. m: 44, 170. Ter-Doest. abbaye près de Bruges, T. n : 453. Termes (le maréchal de), T. II: 221. Termonde, T. 1: 97 n.. 190, 220, 322, 324, 359, 449, 481 n., 493, 501 n. — T. n : 34. 38, 190, 259, 282. 298, 335, 346, 362. 365, 369, 518 n. — T. m : 19, 67, 75-77, 107, 123, 310 n., 417, 476. — T. FV : 62, 373. Termuyden, port sur le Zwin, T. I: 170. Terneuzen, (canal de), T. n: 153, 235. Térouanne, T. 1: 19, 21. 26, 28, 37 n., 41, 81, 90, 107. 121, 251. — T. n: 21, 36, 57, 93, 103. 118, 231. Terranova (le duc de), T. n : 347. Tervueren. près de Bruxelles, T. I: 180, 372, 435. — T. m : 135, 149, 496. — T. rV : 42, 232. Teste, homme politique français, T. rV: 41. Tetdon. évêque de Cambrai, T. I : 52, 60, 65. Teylingen, près de Leyde,T. I : 377. Thpmseke (Georges det. maître des requêtes, T. n : 178. Théoduin, évêaue de Liège, T. I : 62, 67, 69. 76. 92. 132. ThAophano, impératrice, T. 1: 54, 93. Thérèse-Cuné.gonde, femme de Maximllien-Emmanuel de Bavière, T. m : 32. Théron (Jean), T. n : 302. ,340. Tiiéry (Léonard), T. n: 185. Tlipux, arr. de Verviers T. m : 261. Theux (le comte de), T. IV : 33, 68. 70-72, 104, 140. Thibaut, comte de Blois, T. I : 80. Thibaut de Bar. évêque de Liège, T. I: 168, 266. 277, 278. Thielt. T. I: 353. — T. m : 476. — T. rV: 80. Tliielt-Notre-Dame. arr. de Louvain, T. n: 485. Thiennes (le comte de), T. m : 422, 426. Thierry, comte de Verdun, T. I : 69. Thierry H, comte de Hollande, T. I: 93. Thierry ni, comte de Hollande, T. I: 82 n. Thierry IV, comte de Hollande, T. I: 61. 63. Thierry V, comte de Hollande, T. I: 76. 78. Thierry VI. comte de Hollande, T. I: 166. Thierry m, sire de Fauquemont, T. I: 268. Thierry d'Alsace, comte de Flandre, T. I: 135, 1.36, 142, 144. 163, 166, 172, 204, 207, 219, .358, 373. Thierry de Heinsberg, T. 1: 267. Thierry de Perwez, évêque de Liège, T. I: 396. 397. 413 n. Thierry de Saint-Trond, abbé de Saint-Pierre de Gand, T. 1: 107. Thierry van der Are, évêque d'Utrecht, T. I: 166. Thiers (Ad.), homme politique français, T. m : 527. — T. IV : 95, 142. Thionville, T. 1: 382. 457. — T. n: 221, 382, 409, 411, 412. — T. HI : 16. Thoisy (Jean de), évêque de Tournai, chancelier de Philippe le Bon, T. 1: 441, 456. Tholen, prov. de Zélande, T. n : 281. Thomas de Savoie, mari de Jeanne de Flandre et de Hai-naut, T. I: 164. Thomassin (L.F.), fonctionnaire, T. m: 388, 400. Thonissen (J.J.), T. IV: 171. Thorbeeke (Jean-Rodolphe), homme politique hollandais, T. m : 474, 515. Thore, voy. Burger. Thorn, dans le Limbourg hollandais, T. I: 65. Thorn (J.B.), membre du Congrès, T. m : 523. Thourout, T. I : 25. 124, 175, 176. Thuin, T. 1: 397, 400. — T. m : 89, 92, 183. Thulemeyer, résidant prussien à La Have, T. m : 130. Thymo (Pierre A.), pensionnaire de Bruxelles. T. 1: 501 n. Thys, indu.striel luxembourgeois, T. m: 156 n. Thys, officier, T. FV : 229. Tieken de Terhove (le général), T. rV : 26. Tiel, sur le Waal, T. I: 123, 127. Tielemans (Fr.), membre du Congrès, T. m : 464, 483, 523. — T. rV : 19. Tien-Tsin, en Chine. T. IV : 236. Tiibourg, T. ni: 42. 194 n. Tilly (Jean 't Serclaes, comte de), T. n: 368. 407, 4.33. Tinctoris (Jean), musicien, T. I: 494. Tintange, arr. de Bastogne, T. FV: 56. Tippo-Tib, chef arabe au Congo, T. FV: 229. Tirimont (le comte de), T. ni: 59. Tirlemont, T. I : 150, 162. 199. — T. H: 56, .327, 373. 410. 4.30, 486. — T. ni : 24. 81, 230, 231, 240, 296, 307, 346, 502. — T. IV : 95. 408. Tirpitz (amiral von), T. IV : 396. Titelman (Pierre), inquisiteur, T. n: 243. T'Kint, avocat bruxellois, T. m : 254 n. Tobin (Jacques). T. m : 109. Tolède, T. ni: 15. Tombeur (M. de), T. ni : 117. Tombeur, officier. T. FV : 229. Tongerloo, arr. d'Anvers, T. II : 298, 452, 453. Tongerloo (l'abbé de), T. ni: 238. Tongres, T. I: 18-21. 23, 26, 27, 36. 38 n., 41, 121. 159. 409, 410. 411. — T. n : 502. — T. m: 24, 83, 89. Torcy (J.-B., marquis de), T. m: 59, 64 n. Torts, avocat bruxellois, T. m : 238, 254 n. Torrentius (Laevinus). évêque d'Anvers, T. n : 105, 420, 424, 429, 439 n., 446, 457, 502. Tourcoing, T. 1: 468. — T. H : 493. — T. m : 150, 312. Tournai, T. I: 20, 21, 23. 24, ?6. 27, 30, 32, 37. 37 n., 38 n., 66, 72, 79, 81, 90, 304, 111, 114, 121, 124, 130. 137. 147, 148, 156 n.. 179, 180, 192, 204, 207, 209, 211. 212. 215. 217, 238, 222 n., 229, 230, 243 n., 246, 249, 251, 274, 293, 318, 320-322, 344, 359, 362, 378, 402, 455, 470, 476, 491-494. 502 n. — T. n : 22, 57, 63, 65. 66, 71, 118, 120. 145, 147, 148, 161, 164, 180, 182, 390, 194, 195, 205, 207, 210, 225, 231, 232, 236, 237, 240-244, 246, 252, 254, 255, 2.=^7, 258, 260, 261, 262 n., 264 n., 278, 280, 304, 325, 332 n., 335, 338-340, 343, 346. 348 n., 350, 353, 361, 362, 364. 365. 424. 449, 450, 452, 453, 459, 460, 462. 464, 487, 494, 502, 515. 516. — T. m: 19. 20, 67, 72, 75-77, 103, 136, 123, 149, 173, 214, 231, 252, 253, 294, 300. 305. 313. 358, 394-396. 402, 417. 426, 451. 463, 473, 505. — T. FV : 42, 62, 86 n., 295, 373. Tournai (l'évêque de Tournai), T. IV : 150. Trajan, T. I : 19. Trauttmansdorff (Ferdinand, comte de), T. m: 127, 135, 140 n.. 145, 197. 204. 221, 224-232, 239-241, 257, 263, 308, 439. Trazegnles (le marquis de), T. IV: 15. Trazegnles (la marquise de), T. FV : 54 n. Treilhard, conventionnel, T. in : 303. Treslong (Guillaume, sire de), T. H: 281. Trêves, T. 1 : 19-21, 53, 67, 141, 160, 421, 422, 459. — T. m : 358, 407, 448. Trévise, T. 1: 389 n. Triest (Antoine), évêque de Gand, T. n: 458, 466, 504 n., 510, — T. m : 46, 47. Trieste, T. III : 109, 110, 156 n., 202. Trip, général hollandais, T. m : 415. Tristan l'Ermite, conseiller de Louis XI, roi de France, T. I : 406. Trois-Vierges, Grand-Duché de Luxembourg, T. II : 472 n. Tromp (Martin), marin hollandais, T. II: 411. Trooz, arr. de Liège, T. III : 186. Trooz (Jules de), T. IV: 232. Truchsess (Gérard), archevêque de Cologne, T. n : 368, 430. Trudon, (St), T. 1: 38 n. T'Serclaes (Everard), patriote brabançon, T. 1: 348. T'Serclaes (le comte de), T. m : 91. Turenne (le maréchal de), T. III : 14-16, 19, 23, 24, 123. Turgot (Anne-Robert), T. m : 150, 200, 368, 371. Turnhout, T. II: 191. — T. m : 230, 239, 241. Tacher (les), marchands allemands à Anvers, T. n : 157. Tvler, (Wat), démagogue anglais, T. I: 274, 304, 354. Tvmpel (Olivier van den), militaire, T. n : 350, 366. Tyndal (William), réformateur anglais, T. II : 212 n. Tyrone (Hugh O'Nell, comte de), T. n: 394. u Uccle, T. ni : 484, 500. Ulloa (dona Magdalena de), T. II: 309. Ulm, T. H: 157. Ulmar, prévôt à Arras. T. 1: 107. Uloa (Alonzo de), officier espagnol, T. n: 269. IJltan (St). T. I: 34. ITpsal. T. n : 186. Urbain II. pape, T. 1: 114 n. Urbain IV, pape, T. 1: 359, 362. Ursel (Conrad-Albert, comte, puis duc d'), T. m: 47, 75, 104. Ursel (le duc d'), maire de Bruxelles. T. m: 363, 408, 416, 431, 489, 490. Ursel (Wolfgang-Gulllaume, duc d'). T. m: 197, 237, 247, 248, 250-252 Ursel (la duchesse d'), T. m : 232, 237, 238. Ursmar, abbé de Lobbes, T. I : 107. Usselinckx (Willem), marchand, T. II: 447. Utenhove van Heemskerke. député aux Etats-Généraux, T. m : 451. Utrecht. T. I: 28, 37. 41. 51-5.3, 61. 63. 65, 69, 79, 94, 109, 110, 124, 127. 166, 271. 377, 402, 473, 499-501. — T. H : 31, 33. 47, 69, 70. 78. 90, 95, 103, 112, 114, 118, 119, 125, 1.35, 175. 176, 191, 195, 199, 204, 210, 229, 231, 232, 261, 277, 281, 304, 305, 325, 344. 356, 399, 452. — T. m : 75, 77, 406, 444, 451. V Vaast (St), T. I: 26. Vaddere (de), juriste belge, T. HI: 34 n. Vadier (M.G.), T. IH : 436. Vaernewijck (Marc van), écrivain flamand, T. n : 192 n., 263 n. Vaslio (Antonio del), marchand espagnol, T. n : 157. VagHo (Francisco del), marchand espagnol, T. n : 157. Valaze (le général), diplomate français, T. m : 499. Val-des-Eeoliers, abbaye à Mons, T. n: 195. Valdor (Jean), graveur, T. m: 172, 174 n. Valence, T. n : 103 n., 382. Valence, général français, T. m : 296. Valenclennes, T. 1: 37, 45, 73, 74, 92, 121-123, 127, 137, 154, 180, 189, 209, 212, 217, 229, 235, 237-239, 251, 270, 313, 338, 339, 385, 490, 491, 502 n. — T. H : 19, 22, 84, 117, 145, 148, 161, 164, 166, 172 n., 189, 205, 220, 236, 237, 241-244, 246, 252, 254, 255, 257, 258, 260-262, 280, 281, 282 n., 298, 304, 305, 325, 338-340, 347, 424, 449, 450, 462, 487, 490, 502. — T. ni : 15, 24, 25. 75, 76, 186, 294, 299, 312, 416, 500. — T. IV: 86. Valcke, officier, T. IV : 229. Valhuon (Guillaume le Vasseur, sire de), T. EC : 346. Valkenborph (Lucas van), peintre, T. II: 185. Valmy, en Argonne, T. m : 294, 295. Vandenesse (Guillaume), T. ni: 50, 64. Vandenpeereboom (Jules), T. IV: 210. Vanderkindere (Léon), T. TV : 171, 178. Vanderstraeten (E.), T. IV: 178. Vandervelde (Emile), T. IV : 207, 211, 246, 252, 314 n. Vandevelde (les frères), T. TV : 229. Vannerus (J.), T. IV : 258. Vargas (Jean de), fonctionnaire espagnol, T. n : 270, 276, 299, 300. Varin (Jean), graveur, T. m : 172, 190. Varnewijk (Willem van), capitaine gantois, T. 1: 326 n. Vasto (le marquis del), T. n : 369. Vauban (le maréchal de), T. ni: 19. 20, 24, 30, 32 67, 84, 312, 442. Vaudemont (Marguerite de), T. n: 408. Vaux (le sire de), T. II: 341. Vehlen (le comte de), T. IH : 109. Velasco (don Inigo de), gouverneur espagnol, T. m : 21. Velasquez (Diego), T. H: 398, 444. Vclbruek (François-Charles del, évêque de Liège, T. m : 177, 181, 192, 193, 256, 257. Velde (van de), grand vicaire, T. m: 394, 395. Velden (van) T. m : 46. Veldener (Jean), imprimeur, T. H: 175. Velthem (Lodewijk van), chroniqueur flamand, T. 1: 432. Vendôme (le duc de) [Antoine de Bourbon], T. H: 87. Vendôme (le duc de). T. IH : 67. Venise, T. I: 170, 172, 175, 287, 352, 424, 459, 471, 472, 474. — T. n: 46. 133, 151, 160, 161, 228. — T. m : 30, 153. Venlo, prov. hollandaise du Lim-bourg, T. n: 368. 399, 416. — T. m : 77, 313, 401. — T. IV : 28. Verberte, dép. de l'Oise, T. I: 295 n. Vercinpétorix, T. I : 18. Verdiiffo (Francisco), colonel espagnol. T. n: 364. 368, 373. Verdun. T. I: .52, .59, 61, 267. Vere, dans l'Ile de Walcheren, T. 1: 476. — T. n : 135. 154. VerRennes (Charles, comte de), T. III : 126. 256. Verhaeren (Emile), T. TV : 166, 248, 249, 280. Verhagen (P.-J.), peintre, T. m : 172. Verheven (Pierre), musicien, T. IH: 173. Verhoeven (Abraham), T. m: 46. Verlooy (avocat). T. ni: 170, 238, 254 n.. 305. 389, 475. Verrevcken (Louis), secrétaire de l'Audience, T. n : 379, 391. Verrière, général français, T. m : 299. Verschaffelt (P.-A.), sculpteur, T. m : 172. Vervier (C.A.), poète flamand, T. m : 475. — T. TV : 175. Verviers, T. 1: 470. —- T. n : 145, 423, 493. — T. in : 42. 147. 152, 182-184, 187, 189, 191, 194 n., 209. 259. 261, 262, 265, 269, 307, 320, 370, 378, 379. 382, 396. 397, 426, 452 n., 487. — T. IV: 22, 34 n.. 60. 77, 78, 102, 137, 139, 174, 184, 205, 212, 218, 260, 264, 281, 291, 337. Vervins, dép. de l'Aisne, T. n: 379, 381, 487, 494. Verwée (Alfred), T. TV: 160. Vésale (André), T. Il: 182. Vet (Mgr), T. m : 451. Vetkoopers, parti en Frise, T. n : 69, 70. Veuillot (Louis), T. IV : 113, 251. Vézelay, l'abbé de (Guillaume Flote, conseiller du comte de Flandre Louis de Nevers), T. I: 262. Vianen, prov. de Hollande Méridionale, T. Il : 260, 261. Victoria, reine d'Angleterre, T. TV: 33, 36, 58. 59, 94. Victriee (St), T. I: 21, 38 n. Vieille-Montagne, usine, T. m : 380, 417. Vienne, T. 1: 201 n. — T. H : 23, 215. — T. m : 28, 30. 58, 75, 89, 98, 101, 108. 109, 112-119, 122, 124-131, 133-139, 164-166, 181, 204, 208, 211, 216, 220, 221, 226, 227, 277. Vierset (le baron de), T. ni: 84. Vieux-Bourg-de-Gand, T. IH : 26. Vieuxtemps (Henri), T. IV : 162. Vigne (Paul De), T. TV : 160. Vigneron de La Haye, avocat, 174 n. Viglius Ab Aytta, président du Conseil Privé. T. n : 127, 218 226, 228, 231, 235, 241, 247, 248-250, 276, 277, 297-299, 302, 304, 459. Vignacourt (Mlle de), T. H: 514. Villain xmi, comte, T. m : 138, 456. — T. IV : 46. 97. Villa-Hermosa (le duc de), gouverneur espagnol, T. m : 24, 26, 27. Villalobar (marquis de), T. TV: 346, 354, 376, 411. Villani (.Tean), chroniqueur, T. I: 260, 325 n. Villars (le maréchal de), T. m : 30, 65-67. Villavicenzio (Lorenzo da). moine espagnol, T. H: 166, 196, 207, 234 Villaviciosa, T. n : 61. Villela (Juan de), T. H: 476. Villèle (J. comte de), ministre français. T. m : 448, 455. Villeroi (le maréchal de), T. ni: 32, 66, 67, 93. Villiers (Jean de Montigny, sire de), T. n: 272, 273. Villiers (Pierre Lolseleur de), prédicateur du prince d'Orange, T. n: 286, 322, 329, 335, 338, 340, 355. Vilvorde, T. I : 150. 284, 450, 466. — T. n: 36. .^21. — T. m: 123, 155, 230, 489, 493, 496. Vineennes, T. m : 395. Vincent (le baron), T. m : 411, 414. Vinci (Léonard de), T. H : 184. Vinçotte (Thomas), T. TV : 160. Vinogradoff (Paul), T. TV : 202 n. Violette (Guillaume de la), bourgmestre de Liège. T. 1: 403, 410. Virginal, arr. de Nivelles, T. m : 155 n. Virton. T. ni: 26. Virv (de), préfet de la Lys, T. ni: 363, 382. 389. Visch (Jean de), bailli d'Ingel-munster. T. n: 342. Visconti (le comte), T. IH : 115, 135. Visé. T. I: 82 n.. 126. — T. m : 24, 86, 280. — T. TV: 260, 291. Vishaven (Corneille), T. n: 458. Vitelli (Chiaplno), ingénieur italien, T. n: 269. Vitzthnm. musicien, T. ni : 172. Vive-Saint-Bavon, arr. de Thielt, T. I: 241. Vivès (Louis), humaniste, T. H : 127, 141. 166. 179. 196. Vivre (Gérard de), T. n : 190. Voes (Henri), réformé, T. n : 203. Voet (Marguerite), bourgeoise d'Ypres, T. I: 242 n. Volkepliem, près d'Audenaerde, T. n : 147. Vollenhove (van). T. TV : 346. Voltaire, T. H: 179, 196, 197. — T. m: 48, 147, 160, 167-170, 174 n.. 191. 200. 396. Vonck, chimiste. T. m: 166. Vonck (Jean-François), homme politique brabançon, T. m : 197, 198, 236-238, 241, 246, 250 251, 254 n., 269, 293, 297, 337. 338. Voormezeele, près d'Ypres, T. I : 65. — T. n: 257. Vos (Corneille de), peintre, T. Il : 517. Vos (Martin de), peintre, T. n : 185. Vosterman (Luc), graveur, T. n: 517. Vottem, arr. de Liège, T. 1: 278. Vover d'Argenson, préfet des Deux-Nèthes, T. IH : 363. 390, 399. Vranckx (Corneille), polémiste, T. n : 470 n. Vredenbourg (la dame de), T. n: 285. Vredius (Olivier), érudit, T. n : 508. Vriendt (Corneille de), voy. Flo-ris. Corneille. Vriendt (Frans de), voy. Florls, Frans. Vrindts (Jos.), T. IV : 167. Vroenhoven (le comté de), en Llmbourg, T. m, 130. Vyvere (Jean van den), chroniqueur gantois, T. n : 485, 486. w Wachtendonek, prov. rhénane, au sud de Gueldre, T. n : 369. Wacken (Antoine de Bourgogne, sire de), gouverneur de Zélande, T. H: 281. Wacken (Edouard). T. IV : 164. Waelhem, arr. de Mallnes, T. ni : 508 Waelhem (fort). T. TV: 292. Waentig (H.), T. IV: 360 n. Waghemakere (Dominique de), architecte, T. II: 185. Wagram, T. HI : 366, 428. Wahis (officier), T. IV : 229. Wala, évêque de Metz, T. 1: 41. Walcher, évêque de Cambrai, T. I: 69, 79, 133. Walcheren (l'Ile de), T. nï : 352, 365, 366. Walckiers (le vicomte Edouard), banquier [banque Nettlne et fils], T. m: 202. 237, 250, 253, 254 n., 276, 299. 368. Walcourt, T. I: 400. — T. H: 437. — T. m : 29. Waldeck (le prince de), T. m : 29, 91. Waldrade, maltresse de Lothaire II, T. I: 48 n. Walef (le baron de), écrivain, T. m: 90. Waleran, sire de Fauquemont, T. I: 161. Walewski (le comte), ministre français, T. IV : 97, 98. Waller (Max), T. TV: 166. Walleivein (Adrien). T. n: 192 n. Walpole (Robert), T. ni: 111. Walter de Marvis. évêque de Tournai, T. I: 192, 196, 201 n., 217. Wambeke (van), commissaire du Directoire, T. m : 346. Wappers (Gustave), T. TV: 159, 160, 164. Warbeck (Perkin), T. n: 46. Warcmme, T. I : 408. — T. n : 472 n. — T. TV : 78. Warfusée (René de Renesse, comte de), T. n: 403, 436. Warhem, arr. de Dunkerque, T. I : 192. Warneton. T. I : 438. 468. — T. H: 141, 413. — T. m : 25. 76, 77. Warnltoenig (L.-A.), T. HI : 201 n., 450, 455. 474. Waroux (les), lignage hesbignon, T. 1: 276, 279, 334, 366 n., 441. Warvick (Richard Nevill, comte de), T. I: 419, 420. — T. n : 69. Waterloo, T. m: 306, 416, 425, 473, 499, 500. — T. TV : 99, 267. Watervliet (Walter). chapelain de Charles le Téméraire, T. I : 498. Watou. arr. d'Ypres, T. I: 192. Watten, près de Dunkerque, T. 1: 65. — T. n : 369. 468. Wattignies, dép. du Nord, T. m : 312 Warrimont (Mlle), T. m : 233 n. Wasa (Gustave), T. n: 186. Wasmes, arr. de Mons. T. m : 154. Wattrelos, dép. du Nord, arr. de Lille. T. n: 260. Wat Tyler, voy. Tyler. Wauters (Alphonse). T. TV : 171. Waxweiler (Emile), T. TV : 248. Wavre, arr. de Nivelles, T. m : 230, 487. 491. 497, 502. Waudrn (Ste). T. I : 91. Wavrin (Waleran de), T. I: 389 n. Waulsort, abbaye. T. 1: 34. Wazon. évêque de Liège. T. I : 54, 61, 67, 95, 106 n., 110. Weemaels, négociant, T. m : 254 n. Weert, près de Ruremonde, T. H: 260. Weert (Jean de), T. n: 410. Wehlen (Mlle de), T. m : 30. Weingarten, T. m : 428. Wellington (le duc de), 415-417, 441, 492, 512, 514, 515, 530. M l! !! Il: < ii' fi m - SI 1 1' W' i hUil'. 't! l ri-'-! ii I (i; II f i-i H! ; ,1 ;!! lli.;-' ! i ; i : Itl . : j i ' ; ( Welser (les), marchands allemands à Anvers, T. II : 157. Wenceslas de I/UxembonrR, duc de Brabant. T. 1: 286, 337-339, 348, 353, 362, 363, 366 n., 488, 489. — T. II : 23. Wenemar, patricien gantois, T. I : 205. Wenzel de Luxembourg, rol des Romains, T. 1: 363, 364, 370, 371, 373. Werbrocck, maire d'Anvers,T. III: 399, 400. Wérimbold, bourgeois de Cambrai, T. 1: 201 n., 225. 227, 242 n. Wervicq, T. I : 353. — T. III : 76. Wc8el, X. n : 210. Wesemael, arr. de Louvain, T. II : 486. Wesembeke (Jacques de), diplomate, T. II: 127, 272, 281. Wcssem (près de Ruremonde), T. rV : 56. Westcapelle, dans l'Ile de Wal-cheren, T. 1: 167. Westerloo, arr. de Turnhout, T. n : 364. West-Rocsebeke, arr. de Roulers, T. I: 273, 360, 366, 368 n., 397, 435, 439, 498. Wetteren, arr. de Termonde, T. H: 364. Wetzlar, T. ni : 79, 175, 176, 181, 262. Weustenraed (Théodore), T. rV : 75, 164, 169. Wevelfthem, arr. de Courtrai, T. in : 117. Weyden (Roger van der), peintre, T. I: 415, 490, 493, 502 n. — T. n: 182. Weyer (Sylvain van de), T. ni: 456, 490, 496, 502, 504, 506, 509, 514, 515, 526. — T. FV : 19, 28, 31, 70, 85, 86, 90, 109, 132. Wezel, T. H : 284, 399. — T. ni : 396. Wezeren, arr. de Waremme, T. I : 502 n. Whitlock (Brand), T. IV : 346. AVlbald, abbé de Stavelot, T. I : 111, 142. Wibold, évêque de Cambrai, T. I : 52. VVichers (H.-L.), directeur général, T. m: 435. Wiclif (John), réformateur, T. Il : 193. VVielant (Philippe), Jurisconsulte, T. n : 28 n., 127. Wieringen, Ile dans le Zulderzee, T. I: 377. Wiertz (A.), T. IV: 160. Wijk, près de Maastricht, T. I: 159. VVijk-bij-Durstede, prov. d'Utrecht, sur le Lek, T. n : 70. AVilde (Jean de), homme politique liégeois, T. 1: 410, 413 n., 485. VVillebroeck (canal de), T. n : 153. — T. m : 42. Willebroeck, près de Malines, T. n: 321. Willem, auteur de Relnaert, T. I : 213, 214. Willems, avocat bruxellois, T. m: 254 n. Willems (J.-F.), T. ni: 392 n., 475. — T. rV : 175. Willems (Pierre), T. rV : 171, 250. Willibrord (St), T. I: 28, 38 n. Wilson (le président Woodrow), T. IV: 404. Wimpheling: (Jacques), érudit allemand. T. 1: 500. Windeshelm, abbaye près de Zwolle, T. I: 499. Windhorst, homme politique allemand, T. IV: 251. Winendale, près de Bruges, T. I : 180, 240, 435. — T. ni : 67. Winsrfield, diplomate anglais, T.n: 109. Winzingerode, général russe, T. in : 401, 402. Wirion, général français, T. m : 330. Witt (Jean de), grand pensionnaire de Hollande, T. m : 10, 15, 17, 20, 22, 23, 51 n., 127. Witte (Pierre), dit Candido, peintre, T. n: 185. Wltte (Jean de), théologien, T. H: 182. Wittenberg, T. n: 179, 198, 199. Wittenhorst (le baron de), T. n: 391. Woeste (Charles), T. IV : 139, 149, 191-193, 199, 202, 204, 207, 243. Wolbodon, évêque de Liège, T. I : 67, 110. Wolf, juriste allemand, T. ni : 200. Wolfgang, duc de Bavière, T. Il : 280. Wolfgang-Guillaume, comte palatin, T. n : 394. Wolsey (le cardinal), ministre de Henri VIII d'Angleterre, T. H: 65. Wondelghem, près de Gand, T. I : 357. Woodville (Antoine), beau-frère du roi d'Angleterre Edouard IV, T. Il: 22. Worcester, T. Il : 142. Worringen, près de Cologne, T. I : 162, 163, 168, 208. Woyna (le comte de), T. IV : 90. Wullenwever (Jûrgen), bourgmestre de Lubeck, T. Il : 75. Wulveringhen, arr. d'Ypres, T. n : 169 n. Wyts (Gilles), érudit, T. H: 166. Wytschaete, arr. d'Ypres, T. Il : 244. X Xanten, T. I: 19. Xhendelesse, arr. de Verviers, T. ni : 184. Xhovémont, près de Liège, T. I : 399. Y Yarmouth, T. I: 314. Yoens (Jean) ou Hyoens, homme politique gantois, T. 1: 273, 356, 357. York, T. I: 271. York (le duc d'), T. m: 312. Young (Arthur), T. III : 367. Y'pres, T. I: 88, 121, 124, 127, 137, 154, 175, 176, 179, 180, 184, 192. 198, 201 n., 202 n., 205, 207, 219, 220, 227, 230, 239, 241, 248, 249, 254, 262, 284, 291-293, 297, 298, 300, 301, 304-306, 309, 310, 310 n., 315, 322, 324, 339, 346, 354, 356-358, 360, 391, 432, 434, 435, 449, 454. 465, 466, 468. 474, 497. — T. Il: 19, 33, 38, 82, 83, 117, 132 n., 139-142, 145, 153, 166, 169 n., 202, 207, 232, 234, 238 n., 257, 278, 334, 342, 344, 352, 364, 365. 449, 452, 455, 456, 461, 468, 496, 498, 504 n., 515. — T. ni: 14, 16. 24, 2.5, 41, 49, 75-77. 103, 119, 123, 125, 143, 163, 165, 206, 313, 358, 417, 426, 476. — T. IV : 62, 333. Yolande de Bourgogne, mère de Louis I'"' de Nevers, T. I : 272 n. Ysenburg (Victor van), fonctionnaire bourguignon, T. 1: 501 n. Ysendike, en Zélande, T. 1: 220. Yssche (Antoine de Wittem, sire d'),T. Il: 311. Zaandam, près d'Amsterdam, T. m : 148. Zaepel (J.-E.), évêque de Liège, T. in : 394. Zalt-Bommel, prov. de Gueldre, T. II: 175. Zaman, écrivain, T. III : 138. Zandum, en Zélande, T. 1: 191. Zandviiet, polder, T. I: 191. Zannekin (Nicolas), démagogue flamand, T. 1: 273, 304, 305, 308, 316, 346. Zantfliet (Cornell), chroniqueur, T. I: 412 n., 485. Zeebrugge, T. IV : 234, 264. Zele, arr. de Termonde, T. m : 155 n. Zetterman, écrivain flamand, T. rV : 168. Zevenbergen, prov. de Brabant septentrional, près de Bréda, T. n: 106. Zierikzee, en Zélande, T. 1: 252, 253. 476. — T. n: 281, 295, 298, 300. Zipaeus (Martin), humaniste, T. Il: 204. Zondadarl, nonce du pape, T. III : 223. Zonnebeke, près d'Ypres, T. I : 65. Zorn (Valère), conseiller de Ferdinand de Bavière, T. n: 432, 433. Zoude (Charles), membre du Congrès, T. m : 523. Zuniga (Balthazar de), ambassadeur espagnol, T. n : 389. Zutphen, T. I : 422. — T. H : 286, 364, 366, 368-370. Zutphen (Henri de), moine au-gustln, T. Il: 201. Zuylen van Nievelt (le comte de), T. m: 414. Zweder de Culembourg, évêque d'Utrecht, T. I: 377. Zwentibold, roi de Lotharingie, T. I: 43-45, 48 n., 50, 51, 53, 383, 424. Zwevezeele, près de Courtrai, T. I: 481 n. Zwingll, réformateur, T. n : 211 n., 212 n. Zwolle, T. n: 70, 175, 287. Zylius (le P. O.), T. m: 33 n. TABLES DES ILLUSTRATIONS REMARQUES GENERALES. — Les pages des illustrations dont les notices sont erronées, sont suivies du renvoi aux corrections (entre parenthèses). La mention « cf. errata » reporte le lecteur à la liste publiée dans ce tome IV, pp. 427-429. La mention « cf. errata, tome ..., p. ...» renvoie aux listes publiées à l'une des pages 514, 522 ou 534 des tomes I, II ou III. Les noms cités erronément dans les notices ne sont pas repris dans ces tables : leur présence y serait contre-indiquée. TABLE I. - ONOMASTIQUE Noms de personnes et de lieux cités dans les notices REMARQUES. — Cette table est l'œuvre de M""® J. Paquet. Les chiffres romains (gras) renvoient aux tomes; les chiffres arabes, aux pages. Ces derniers sont de deux sortes : gras pour les noms faisant l'objet d'une illustration ou auxquels celle-ci se rapporte directement (auteur de l'image reproduite, témoignages illustrant de manière directe l'histoire d'une localité ou la vie d'un personnage); maigres dans les autres cas (simple mention). Ceci afin de permettre au lecteur de distinguer l'essentiel de l'accessoire. Dans la mesure du possible, les personnages signalés par leur titre dans les légendes ont été identifiés par leur nom. Les princes régnants sont rangés sous leurs prénoms respectifs. Le plus souvent, les membres des grandes familles sont groupés sous le nom patronymique. Tel est aussi le cas pour les évêques dont le nom de famille est connu. Les lieux de naissance et de décès des personnes ne sont pas reportés dans la table. Les noms de personnes précédés d'une préposition sont rangés sous le nom propre. A Aa (Marguerite van der, épouse de Louis de Gruuthuse), T. I, 496. Abbeloos (Jean-Baptiste, Mgr), T. IV, 252. Abel (Bernard et Arnold), T. n, 56. Abonnel (Jean), T. I, 398. Abry (Léon), T. IV, 137. Abts (François), T. m, 487. Abts-Ermens (Marie), T. m, 487. Acar (Charles-Louis), T. m, 527. Ackermans (H.), T. IV, 342. Acqua (Cesare dell'), T. IV, 99, 129. Acqiii, T. m, 439. Adams (Robert), T. H, 370. Addison (Joseph), T. m, 440. Adélaïde de Bourgogne (épouse de Henri III, duc de Basse-Lotharingie), T. I, 158. Adélaïde (princesse d'Orléans) : voyez Orléans. Adélaïde de Saxe-Melningen (épouse de Guillaume IV, roi d'Angleterre), T. IV, 23. Adolphe (duc de Gueldre, tl477), T. II, 23. Adrien VI (pape), T. n, 201; T. m, 227; T. IV, 391. ^gldlus (Pierre), T. H, 175. Aerschot, T. IV, 394, 424. Aerschot (duc d', 1577) : voyez Croy (Philippe de). Aerts (Ferry), T. H, 505. Aerts (Guillaume), T. II, 119, 182. Affaitadi (Jean-Charles), T. n, 161. Afflighem (abbaye), T. m, 133. Agnès (Sainte), T. H, 41. Aguilon (François), T. II, 459. Aichspalt (Pierre, archevêque de Mayence), T. I, 280. Alnz et ae (éditeur), T. m, 501. Airoldl (internonce), T. m, 117. Aitslnger (Michel), T. n, 250, 255, 278, 302, 310, 321, 323. Alx (lie d'), T. ra, 415. Aix-la-Chapelle, T. n, 63, 373; T. ni, 182, 203; T. rv, 317. Albe (Fernando Alvarez de Toledo, duc d'), T. n, 184, 221, 259, 268, 2G9 (?), 271, 273, 274, 275, 286, 287, 289 (cf. errata), 309, 360, 373, 379, 448. Alberdingk Thljm (Joseph), T. IV, 176. Alberdlngk Thljm (Paul), T. IV, 176. Albert (archiduc), T. I, 262; T. H, 360, 378, 381, 385, 388, 392, 393, 400, hors-texte 404-405, 469, 477, 478, 481, 486, 497, 501, 502, 509, 515; T. m, hors-texte 40-41, 48, 304. Albert (bailli de la terre de Namur), T. 1,207. Albert n (comte de Namur), T. m, 169. Albert I«' (roi des Belges), T. III, 471; T. IV, 189, 211, 237, 239, 259, 270, 275, 277, 281, 286, 287, 288, 290, 302, 303, 309, 312, 321, 349, 376, 421. Albert de Bavière (comte de Halnaut), T. I, 332, 374. Albert de Saxe-Cobourg-Gotha (époux de la reine Victoria), T. IV, 40. Alcala de Henares, T. n, 50. Aldeneyck (abbaye), T. I, 35. Aldobrandino (cardinal), T. n, 457. Alençon (comte d", c. 1337), T. I, 316. Alexandra (épouse d'Edouard VII, roi d'Angleterre), T. IV, 23 (cf. errata). Alexandre (Saint, pape), T. I, hors-texte 112-113. Alexandre VU (pape), T. m, 117. Alexandre I" (tsar), T. m, 405, 409, 430; T. IV, 57. Alkmaar, T. H, 358. Alkmaar (maître d'), T. n, 164. Alost, T. I, 188, 261; T. IH, 329; T. IV, 66, 112, 204, 218. Alsloot (Denis Van), T. n, 393, 501. Altgil (nom mérovingien), T. I, 53. Alton (général, comte d'), T. m, 225. Amand (caricaturiste), T. IV, 203. Amand (Saint, évêque de Maestricht), T. I, 28. Ambolse, T. II, 56. Ambresln (Lambert d'), T I, 207. Amerbach (Boniface), T. H, 176. Amiens, T. I, 177, 313; T. m, 329. Voyez également Saint-Achenl. Amsterdam, T. II, 516; T. III, 20, 28, 111, 335, 396, 410; T. IV. 230, 376. Andenne, T. IV, 297 (?), 424. Anderlecht, T. n, 201, hors-texte 300-301. André (Saint), T. I, 385, 455, 457; T. II, 120; T. m, 56. Androuet Ducerceau (Jacques), T. I, 232. Anieus (médailleur), T. n, 292 (cf. errata, T. n, p. 522). Anjou (duc d', 1700) : voyez Philippe V d'Anjou (roi d'Espagne). Anjou (duc d', 1556-1584) : voyez Valois (François de). Anne (Sainte), T. H, hors-texte 60-61. Anneessens (François), T. I, 180; T. m, 105. Ans, T. IV, 52. Voyez également Moulin. Anselme de Liège, T. I, 146. Ansembourg (comte Marchant d'), T. m, 175. Ansembourg (famille d'), T. IH, 191. Anspach (Jules), T. IH, 497. Anthonlsz (Corneille), T. H, 92, 203. Antoine (Saint), T. I, 455, 457. Antoine de Bourgogne (duc de Brabant), T. I, 371. Antoine de Bourgogne (Grand Bâtard), T. I, 359, 386, 479. Antoine de Palerme, T. II. 154. Antoing, T. I, 441. Antoine (famille), T. m. 71. Antonello de Messine : voyez Messine (Anto-nello de). Anvers, T. I, 51, 129 (cf. errata), hors-texte 176-177, 180, 476, 477; T. H, 27, 63, 68, 84, 85, 94, 129, 133, 144, 148, 150, 153, 154, 156, 157, 158, 161, 162, 165, 187, 189, 201, 203, 232, 243, 254, 270, 273, 275, 276, 286, 304, 307, 357, 358, 361, 366, 367, 389, hors-texte 404-405, 416, 448, 449, 454, 455, 457, 459, 460, 462, 478, 485, 491, 502. T. HI, 42, 48, 128, 142, 159, 163, 215, 320, 328, 355, 356, 361, 364, 367, 387, 398, 401, 411, 465, 472, 514,, 528; T. rv, 26, 28, 29, 51, 52, 84, 100, 102, 106, 112, 120, 133, 136, 150, 152, 177, 185, 192, 201, 213, 214, 216, 240, 250, 266, 294, 295, 307, 335, 345, 351, 377, 387, 395, 405, 407, 408, 410, 419, 420, 424. Voyez également Saint-Michel (abbaye). Appien (Pierre), T. H. 144. Apponyi (Rodolphe), T. IV, 134. Arago (Emmanuel), T. IV, 83. Arberg (Nicolas, comte d'), T. m, 239. Arbre (famille de 1'), T. H, 208. Ardres, T. m, 153. Arenberg (Charles d', duc d'Aerschot et de Croy), T. m, 123. Arenberg (Claire-Eugénie d'), T. H, 415. Arenberg (Marie-Louise Pignatelll, duchesse d'), T. m, hors-texte 136-137. Argenteau (seigneur d', XIV« siècle), T. I, 401. Aristote, T. I, 214. Arkel (Jean d', prlnce-évêque de Liège), T. I, 333 Arlon, T. D, 48, 233; T. III, 411; T. IV, 69, 112, 318. Armenuiden, T. II, 147. Arnolfini (Giovanni), T. I, 493. Arnoul I'=f[ le Vieux] (comte de Flandre), T. I, 74 (?) (cf. errata). Arnoul II (comte de Flandre), T. I, 58. Arnoul (Saint, évêque de Soissons), T. I, 80. Arnoul de Binche, T. I, 187, 218. Arnoux (Charles-Albert, vicomte d') : voyez Bertall. .\rras, T. I, 44, 86, 349, 394, 472, 489; T. H, 30, 31, 40, 233, 344, 345, 347. Voyez également Saint-Vaast (abbaye). Arschot Schoonhoven (Ph.-J.-M., comte d'), T. ni, 523; T. IV, 17, 30. •m « il I i ^ Ml : . 1 I t ■ .lï ! I ' î ; !'! . i t ■ ii I?? 1 ' V "i H ■f-J Artevelde (Jacques van), T. I, 316, 317, 322, 324. Artevelde (Philippe van), T. I, 360. Asborne (J.C.), T. II, 465. Assche, T. IV, 271. Assclie (Simon van), T. I, 435. AssonlevHle (Christophe d'), T. n, 302. Ath, T. in, 20; T. IV, 15, 112, 120, 149, 318. Athénagore (théologien), T. m, 438. Athls-sur-Orge, T. I, 254. Attavaiite (miniaturiste), T. n, 522 (erratum de la p. 385, et non de la p. 359). Aiibert (David), T. I, 234, 439, 445, 484; T. II, 15. .\ubry (E.), T. IV, 203. Audenarde, T. I, 123, 174, 186, 187, 205, 218, 357; T. II, 40, 515; T. III, 10, 57, 69; T. IV, 112. Audenarde (seigneur d', entre 1275 et 1291), T. I, 186, 205. Aiierbach (Jean-Godefrold), T. III, ICI. Augsbourg, T. I, 181; T. II, 36, 90, 125, 216. Augustin (Saint), T. n, 199. Aumale (duc d') : voyez Orléans (Henrl-Eug.-Phil.-Louls d'). Authon, T. III, 61. Averbode, II, 452. Avesnes (Baudouin d'), T. I, 165. Avesnes (Jean d', comte de Hainaut), T. I, 164, 165. .\zeglio (Taparelli de Lagnasco, marquis d'), T. IV, 134. Azevedo (Pedro Enriquez de, comte de Fuen-tès), T. n, 373. B Backer (H. De), T. IV, 412. Bade (Marc de. Gouverneur-régent de Liège), T. I, 402. Baenst (Jean de), T. II, 132. Baenst (Paul de), T. n, 152. Baenst (famille de), T. H, 152. Baer (Jean de la), T. III, 14. Bailleu (géographe), T. m, 28. Bailleul, T. H, 243. Balderic, voyez Liimbert II. Balderic (évêque de Liège), T. I, 33. Baldzo (Baudouin), T. I, 38. Baie, T. n, 180, 239, 242. Balthazar (Alf.), T. IV, 305. Balzac (H. de), T. IV, 165. Banneux, T. III. 182. Banneway, T. m. 182. Banning (Emile), T. IV, 199, 213, 228. Bar (Thibaut, comte de), T. I, 165. Bara (Jules), T. IV, 193, 203. Barba (Adrien), T. n, 450. Barbe (Sainte), T. II, 14, 25. Bardoul (Adrien), T. II, 367. Bar-le-Duc, T. II. 355. Barnardiston (colonel anglais), T. IV, 302. Baronville, T. III, 265. Bartel van der Kooi (Guillaume), T. m, 449. Barteloes (marchand de cuir), T. m, 41. Bartels (Jules-Théodore), T. IV, 76. Barthélémy (Sophie), T. III, 454. Bartolozzl (F.), T. in, 224. Basset (éditeur), T. m, 274. Bastogne, T. Hl, 411; T. IV, 112. Bathen (Jehan), T. II, 199. Battel (Jean van), T. II, 60. Battice, T. III, 182. Baudeloo (abbaye, territ. de Sinaai), T. IV, 66. Baudémont (moine), T. I, 28. Baudouin I" [Bras de Fer] (comte de Flandre), T. m, 71. Baudouin V [de Lille] (comte de Flandre), T. I, 76. Baudouin VIII (comte de Flandre), T. I, 92, 154. Baudouin IX [de Constantinople] (comte de Flandre), T. I, 135, 143, 144, 145. Baudouin IV (comte de Hainaut), T. I, 178. Baudouin V (comte de Hainaut) : voyez Baudouin Vm (comte de Flandre). Baudouin d'Avesnes : voyez Avesnes. Baudouin de Dampierre : voyez Dampierre. Baudous (Robert), T. n, 190, 350. Baudoux (industriel), T. IV, 195, 272. Baugniet (Charles), T. m, 440, 323, 527; T. rV, 47, 69, 90, 174. Baugniez (membre du Congrès National), T. IV, 22. Bauwens (Liévin), T. III, 379, 396. Bavai, T. I, 121. Bavière (Albert de, comte de Hainaut) : voyez Albert de Bavière. Bavière (Ernest de, prince-évëque de Liège), T. n, 425 (cf. errata, T. II, p. 522). Bavière (Ferdinand de, prince-évêque de Liège), T. II, 430, 437. Bavière (Guillaume de, comte de Hainaut) : voyez Guillaume de Bavière. Bavière (JacqueMne de) : voyez Jacqueline de Bavière. Bavière (Jean de, prince-évêque de Liège), T. I, 394, 398. Bavière (Jean-Théodore de, prince-évêque de Liège), T. m, 180; T. IV, 264. Bavière (Joseph-Clément de, prince-évêque de Liège), T. m, 91, 93. Bavière (Joseph-Ferdinand de), T. lU, 304. Bavière (Louis de, empereur) : voyez Louis de Bavière. Bavière (Marguerite de) : voyez Marguerite de Bavière. Bavière (Maximilien-Emmanuel de, gouverneur des Pays-Bas), T. III, 29, 42, 43, 72, 73, 74, 100, 304. Bavière (Maximilien-Henri de, prince-évëque de Liège), T. II, 429; T. m, 80, 81, 82, 83, 85, 88. Bayeux, T. I, 250. Béatrice de Courtrai, T. I, 226. Beauduin (L.), T. IV, 353. Beaufays, T. III, 182. Beaufort (famille de), T. ni, 47. Beaufort-Spontin (F.A.A., duc de), T. 111,406. Beaugrant (Guyot de), T. H, 185. Beauharnais (Joséphine de), T. m, 327, 390. Beaulieu (chevalier de), T. m, 20, 79. Beaumont, T. III, 411. Beaune, T. I, 457. Beaurain (Jean de), T. II, 413. Beauraing, T. III. 411. Beausaint, T. III, 375. Beauvais, T. I, 433. Beauvais (évêque de, c. 1337), T. I, 316. Beauvillier (Paul, duc de), T. m, 55. Beckberghe (Josse de), T. II, 473. Beckere (Pierre de), T. n, 25. Becoud (Guillebert de), T. I, 448. Bedmar (Marquis de) : voyez Cueva (Alonso de La). Beeckmann (François), T. m, 472. Beelen Bertholff (baron de), T. n, 385. Beemaert (Auguste), T. IV, 193, 203 (?). Beistegui (Carlos de), T. m, 289. Belgiojoso (Louis-Charles, comte de), T. III, 216; T. rV, 55. Belleforest (François de), T. II, 144. Bellerus (J.), T. H, 123. Beloeil, T. m, 143. Below (von, ministre d'Allemagne à Bru.xel- les), T. IV, 285. Benavides (don Luis de, marquis de Cara- ceiîa), T. m, 19. Bender (famille), T. IV, 55. Benecke (Paul), T. I, 492. Benezech de Saint-Honoré (Pierre), T. I, 108. Ben Hoseïn (dey d'Alger), T. IV, 13. Benoit (Peter), T. IV, 163. Benoit (Saint), T. m, 192. Benoni-Verelst, T. II, 180. Bentinck (ministre du Grand-Duché de Luxembourg à Londres), T. IV, 134. Berchem, T. IV, 26, 395. Berchem (Henri van), T. II, 150. Berckel (Théodore van), T. m, 333. Berg (Adam), T. II, 188. Bergen-op-Zoom, T. I, 171. Berglie (Christophe Vanden), T. II, 81. Berghe (Laurent van den, abbé de l'abbaye des Dunes), T. n, 494. Berghes (Georges-Louis de, prince-évêque de Liège), T. III, 380. Berginne (Philippe van), T. I, 298. Bergues-Saint-Winoc, T. II, 139, 179. Berlaymont (Charles, comte de), T. H, 253, 302. Berlaymont (Th.-A., comte de), T. m, 261. Berlin, T. H, 69; T. m, 305; T. IV, 221, 228, 285, 379, 385, 394, 410. Berlo (Arnould de), T. II, 423. Berlo (famille de), T. III, 88. Berlo (Godefroid de, évêque de Namur), T. ra, 169, 207. Bernard (Saint), T. I, 66, 67. Bernier (Charles), T. IV, 246. Bernier (Etienne), T. III, 360. Bernini (Glovannl-Lorenzo), T. III, 77. Bernstorff (Albert), T. rV, 134. Berry (duc de, t 1416) : voyez Jean de France. Berry (Charles, duc de), T. m, 55. Berryer (P.), T. IV, 301. Bertall (caricaturiste), T. IV, 180. Berterham (J.), T. m. 43. Berthault (P.G.), T. m, 278, 317. Berthout (Jean, seigneur de Mallnes), T. I, 281. Bertrix, T. D, 233. Besançon, T. II, 62, 226. Bethmann-Hollweg (ThéobaM von), T. IV, 285, 385, 395. Béthune, T. I, 322; T. H, 337. Béthune (baron J. de), T. I, 297. Béthune (Robert III de, comte de Flandre) : voyez Bobert III de Béthune. Beurden (Alphonse Van), T. IV, 213. Beverhoudsveld, T. I, 339 (cf. errata); T. n, 19. Beverloo, T. IV, 137. Bévierre (Edmond), T. IV, 272. Beyaert (Henri), T. I, 364; T. IV, 105. Bèze (Th. de), T. II, 422. Biarritz, T. m, 289. Bidault (ingénieur), T. IV, 155. Billy (Robles de), T. n, 366. Binche, T. I, 178; T. D, 460. BirUen (seigneur de, XIV» siècle), T. I, 401. Bismarck (Otto-Edouard-Léopold, prince de), T. rV, 142. Blssing (Maurice Frelherr von), T. IV, 302, 311, 322, 323, 379, 391, 394. Bladelin (Pierre), T. I, 449. Bladelin (famille), T. U, 152. Blaeu (Joan), T. n, hors-texte 468-469, 511. Blaeu (Willem Jansz.), T. n, hors-texte 468-469. Blanc (Louis), T. IV, 180. Blanchard (Inspecteur de la Rép. fr.), T. III, 316. Blanchard (famille), T. II, 208. Blankenberghe, T. n, 412. Blarenberghe (L.-N. van), T. m, 173. Blendeff (Lambert), T. III, 158. Blenheim, T. III, 57, 69. Bles (Henri Met de), T. n, 436. Blois (Louis de, abbé de Liessles), T. II, 195. Blommaert (Philippe), T. IV, 174. Blondeel (Lancelot), T. II, 185. Blucher (Maréchal), T. III, 327. Bodegraven, T. III, 13. Bodel (Jean), T. I, 206. Bodin (Jean), T. III, 37. Boendale (Jan van), T. I, 486; T. IV, 427 (erratum du T. I, p. 211). Boevé (J. de), T. IV, 412. Boeyens (Adrien) : voyez Adrien VI (pape). Bogaert (G. van den), T. IV, 412. Boghem (Louis Van), T. II, 70. Bohême (roi de, c. 1337), T. I, 316. Boilly (Louis-Léopold), T. ni, 303. Bois-le-Duc, T. I, 281; T. U, 179, 232, 397, 454; T. ra, 313. Boisschot (Ferdinand de, comte d'Erps), T. II, 480. Boisschot (Jean-Baptiste de), T. II, 270. Boissy (Louis de), T. m, 168 (cf. errata T. III, p. 534). Boizot (Louis-Simon), T. III, 218. Bol (Hans), T. II, 165. Bologne, T. II, 454. Boma, T. IV, 227, 228. Bonimel (C.R.A. Van, évêque de Liège), T. IV, 114, 115. Bon (colonel baron de), T. III, 203. Bonaparte : voyez Caroline Bonaparte (reine de Naples); Jérôme Bonaparte (roi deWest-phalie); Joseph Bonaparte (roi d'Espagne); Napoléon I»"", Napoléon 111. Boniface Vm (pape), T. I, 239, 253. Bonn, T. IV, 408. Bontemps (Pierre), T. II, 76. Boon (G.J.R.), T. IV, 16. Boonen (Jacques, archevêque de Mallnes), T. n, 415. Borch Le Jeune (Gérard Ter), T. II, 407. Borcht (famille Van der), T. m, 47. Bordeaux, T. II, 48. Bordier du Bignon (Jacques), T. m, 381. Borluut (Philippe), T. II, 478. Borms (A.), T. IV, 383, 409, 411. Borms (Th.), T. IV, 412. Born (seigneur de, XIV" siècle), T. I, 263. Borrel (Valentin-Maurice), T. III, 484, 517. Borremans (Henri), T. IV, 55. Borremans (Jean), T. II, 138. Borselen (Frans van, 4« époux de Jacqueline de Bavière), T. I, 378. Bosche (Gilles van den), T. I, 500. Bossche (D. van den), T. IV, 305. Bosschere (Godefroid de), T. I, 472. Botta-Adorno (ministre plénipotentiaire), T. ni, 182. Bottger (J.), T. IV, 296. Bouchain, T. III, 57. Bouchaute, T. I, 216. Boucher (citoyen de Paris), T. ra, 336. Boucher (M.), T. III, 61. Boudewyns (Arnould), T. II, 367. Boufflers (Louis-François, marquis de), T. ra, 87, 177. Bouillon, T. I, 60, 61, 401 (cf. errata); T. II, 425, 437; T. III, 82, 83, 204; T. IV, 138. Boulain (Sylvain), T. H, 505. Boum-Kelkou (caricaturiste), T. IV, 193. Bouquéau (membre du Congrès National), T. rv, 17. Bourbon (duc de, c. 1337), T. I, 316. Bourbon (Louis de, prince de Condé), T. m, 15. Bourbon (Louis de, prince-évêque de Liège), T. n, 18. Boure (Félix-Antoine), T. IV, 155. Bourgault (C.), T. m, 177. Bourg-en-Bresse, T. II, 70. Bourgogne (duc de, c. 1337), T. I, 316. Bourgogne (Louis duc de, [1700]), T. IH, 55. Bourquet (citoyen de Paris), T. IH, 336. Bouteville (Louls-Ghislaln de), T. m, 329. Bouts (Thierry), T. I, 436. Bouttats (Gaspard), T. II, 316. Bouvier (Gilles le), T. I, 407. Bouvignes, T. I, 186, 400, 424; T. H, 123; T. III, 83. Bouvllle (M. de), T. m, 61. Bouvines, T. I, 151 (cf. errata). Boveroulle (architecte), T. IV, 396. Bovesse (Joseph), T. m, 155. Boze (Joseph), T. ra, 287 (?). Braakensiek (Johann), T. IV, 230. Brachon (Jean), T. H, 70. Braecke (Pierre), T. IV, 273. Braekeleer (Ferdinand De), T. IV, 28. Braekeleer (Henri De), T. IV, 159. Braemt (Joseph), T. IH, 446; T. IV, 46, 219. Bralne-L'Alleud, T. ra, 329, 415. Braine-le-Comte, T. IV, 52. Brancart (François), T. ra, 277. Brasseur (Georges), T. IV, 396. Brasseur (H.), T. IV, 115, 116. Braun (G.), T. U, 250, 279, 313, 337, 419. Brecht, T. H, 147. Brecht (Johann-Helndrlch), T. m, 268. Brécla, T. H, 237, 293, 355, 398, 411. Bréderode (Henri, baron de), T. II, 92, 244, 250. Brce (Mathieu-Ignace Van), T. UI, 401. Brème, T. II, 150. Brenet (Nicolas), T. in, 363. Brescia, T. H, . 358. Bretagne (duc de, c. 1337), T. I, 316. Breu (Jan de), T. UI, 149. Breydel (Jan), T. I, 249; T. IV, 199. Briaerde (Lambert de), T. II, 110. Brialmont (Henri-Alexis), T. IV, 100, 199, 213, 216, 240. Brisac, T. I, 422. Bristol (J.), T. m, 74. Broeck (J. Van den), T. IV, 385, 410. Broeucq (Jacques du), T. II, 156, 360. Broglie (M.J.M., prince de, évêque de Gand), T. m, 424, 439, 460. Bronbyvester, T. II, 147. Broqueville (Ch. de), T. IV, 292, 301. Broquoy (Glllaln), T. II, 450. Brou : voyez Bourg-en-Bresse. Broucard (Jean), T. I, 298. Brouchoven (Jean de, comte de Bergeyck), T. in, 42 (cf. errata). Brouchoven (Nicolas de), T. II, 385. Brouckère (H. de), T. III, 522; T. IV, 17, 114. Brouwer (Guillaume de), T. III, 112. Brown (Ford Madg.), T. IV, 168. Bruce (Jean), T. UI, 70. Bruce (lord Thomas, comte d'Allesbury), T. m, 70. Brucghe (Jean vander), T. I, 470. Bruegel l'Ancien (Pierre), T. II, 154, 189, 235, 253, 269 (?), 271. Bruegel le Jeune (Pierre), T. II, 155 (?) (cf. errata, T. II, p. 522), 269 (?). Bruges, T. I, 89, 90, 118, 123, 126, 130, 228, 235, 238, 249, 250, 262, 267, 274, 286, 292, 293, 298, 299, 300, 301, 305, 322, 359 (cf. errata), 397, 438, 459, 466, 473, 485, 492, 493, 496; T. n, 19, 35, 36, 55, 62, 119, 134, 135 (cf. errata), 136, 137, 152, 163, 165, 167, 168, 182, 183, 185, 222, 232, 331, 335, 359, 447, 487, 493, 496; T. III, 42, 43, 86, 137, 138, 147, 198, 215, 356, 365, 374, 389, 440, 463; T. IV, 51, 52, 67, 199, 305, 327, 381, 428 (erratum du T. I, p. 265). Brûlez (F.), T. IV, 411, 412. Brûlez (L.), T. IV, 394. Brunen (Marguerite, épouse de Guillaume Wenemaer), T. I, 301. Brunet (E.), T. IV, 301. Brunnow (Philippe, baron puis comte de), T. IV, 134. Brunon (Saint, archevêque de Cologne), T. I, 51, 52. Brunswick (Eric de), T. U, 94. Brunswick (Frédéric, duc de), T. IV, 13. Bruxelles, T. I, 51, 76, 93, 94, 135, 180, 281, 364, 365, 371, 429, 432, 467, 480, 499, 500; T. n, 48, hors-texte 60-61, 69, 90, 91, 94, 113, 129, 140, 142 (cf. errata), 148, 196, 217, 222, 225, 250, 272, 283, 312, 321, 322, 360, 366, 381, 392, 393, 400, 455, 457, 460, 465, hors-texte 468-469, 473, 501, 502, 510; T. III, 14, 29, 35, 36, 40, 41, 43, 44, 47, 56, 70, 72, 104, 113, 125, 133, 136, 142, 164, 168, 169, 203, 212, 215, 219, 220, 223, 226, 272, 277, 302, 304, 305, 329, 342, 356, 377, 383, 388, 392, 408, 414, 419, 431, 433, 436, 439, 442, 453, 454, 459, 469, 471, 480, 484, 485, 486, 487, 492, 494, 495, 496, 497, 501, 502, 503, 504, 505, 506, 510, 515, 521, 523, 526; T. IV, 21, 25, 26, 42, 44, 45, 48, 51, 52, 55, 68, 70, 75, 76, 77, 81, 94, 96, 97, 98, 105, 108, 114, 122, 129, 138, 146, 151, 153, 163, 164, 168, 169, 170, 177, 189, 192, 193, 196, 200, 201, 218, 220, 228, 230, 231, 237, 243, 253, 261, 262, 263, 265, 266, 272, 275, 281, 285, 296, 297, 302, 305, 308, 310, 312, hors-texte 312-313, 315, 324, 325, 329, 332, 334, 341, 345, 347, 351, 355, 367, 372, 373, 379, 385, 397, 399, 400, 401, 406, 408, 409, 410. Voyez également Anderlecht, Etterbeek, Koekelberg, La Cambre (abbaye), Laeken, Saint - Jacques - sur - Coudenberg (abbaye), Schaerbeek, Uccle. Bruyckere (Petrus Bernardus de), T. 111,304. Bruyn (De, élève de l'Athénée d'Anvers), T. IV, 150. Bruyn (Abraham De), T. II, 341, 500. Bruyn (G. De), T. m, 35. Brys (A.), T. IV, 411. Buckenberg, T. H, 156. Budapest, T. n, 153. Buissonville, T. m, 83. BUlow (Charles von), T. IV, 297. Bulow (Henri, baron von), T. IV, 9, 26, 260. Buis (Charles), T. I 135; T. rV, 192, 203. Bure (Idelette de, épouse de Jean Calvin), T. n, 422 (?) Bure (Lambert de), T. H, 422. Buren, T. rV, 296. Buren (Anne de, épouse de Guillaume d'Orange), T. II, 231. Burger (H.) : voyez Thoré. Burgos, T. n, 50. Burney (Edouard), T. IV, 38. Busleyden (Jérôme), T. H, 48, 175. Busieyden (famille), T. m, 47. Bussche (P. van den), T. IV, 286. Buys (Corneille), T. m, 128. Buys (Willem), T. m, 74, 75. C Cabet (Etienne), T. IV, 180. Cadzant, X. I, 315. Caillaus (Collart), T. I, 323. Calais, T. H, 370, 377; T. m, 153. Calderone (marchand), T. II, 161. Callières (De, diplomate), T. m, 32. Calvin (Jean), T. n, 241, 242, 341, 422. Cam (Diego), T. IV, 224. Cambaccres (J.J.R.), T. in, 436. Cambier (H.), T. IV, 229. Cambio (Arnoldo dl), T. I, 239. Cambrai, T. I, 127, 174, 344, 489; T. H, 48, 56, 68, 123, 232, 233. Cambron (abbaye), T. n, 195. Cam Hy (empereur de Chine), T. II, 463. Campitoglio (Onofrlo), T. II, 70. Campenhout (François Van), T. III, 510, 511. Campensis (G.), T. H, 302, 310. Campion (Philippe), T. n, 450. Campmans (abbé de l'abbaye des Dunes), T. m, 389. Camus (Armand), T. m, 305. Candida (Giovanni), T. I, 416; T. n, 24, 44. Canelle (A.), T. IV, 63, 64, 89. Canettemont (Pas-de-Calais), T. II, 147. Cange (Ch. du Fresne Du), T. II, 144. Canterbury, T. II, 208. Cantimpré (Thomas de), T. I, 214. Canton, T. m, 112. Cantré (J.), T. IV, 392. Caraman-Chimay (Joseph, prince de), T. IV, 193 203 Cardon (Antoine-Alexandre), T. m, 136, 239. Cardon (Hyacinthe), T. m, 472. Carlier (A.), T. IV, 397. Carnot (Lazare), T. UI, 318. Caroline Bonaparte (épouse de Joachlm Mu- rat, roi de Naples), T. III, 364. Caron (Jacques le), T. n, 40. Carondelet (Jean), T. H, 17, 62. Carpentier (Martin), T. n. 450. Carton de VViart (H.), T. IV, 259, 286, 301. Caselli (Charles), T. UI, 360. Cassel (Allemagne), T. IV, 375. Cassel (Flandre), T. I, 304. Cassini (César-Francois), X. HI, 203. Casteau, X. IV, 305. Castel (famille du), X. n, 208. Castel-Rodrico (marquis de) : voyez Moura (Francisco de); Moura (Manuel de). Castiau (Adelson), X. IV, 90. Castlereagh (Henri-Robert-Stewart, vicomte de), X. m, 405, 411. Castro (de, marchand), X. n, 161. Cathcart (Willlam-Shaw, comte de), X. m, 405. Catherine (Sainte), X. n, 14, 80. Catherine de Habsbourg, X. II, 53. Catherine de Médicis, X. II, 325. Catherine de Wurtemberg (épouse de Jérôme Bonaparte, roi de Westphalle), X. rn, 364. Catoir (E.), X. H, 450. Cauer (Charles), X. IV, 59. Causé (Henri), X. n, 460. Cauwel (Pierre), X. m, 117. Cazals, X. IH, 190. Cazin (famille), X. m, 153. Celin (Adrien), X. n, 17. Celle-Schloss, X. IV, 310, 408. Celles-lez-Dlnant, X. I, 99. Cérisoles, X. n, 76. César (Jules), X. I, 391, 433. Ceuninck (De, général), X. IV, 301. Chabord (Joseph), X. m, 353. Châlons (évêque de, c. 1337), X. I, 316. Châlons (Claude de), X. H, 355. Châlons (Hugues de, prince-évêque de Liège), X. I, 196, 275. Châlons (René de), X. n, 355. Chaltin (capitaine), X. m, 499 (cf. errata, X. m, p. 534), 509. Chaltin (Louis), X. rV, 229. Chamlssot (famille), X. m, 381. Champagne (Philippe de), X. II, 408. Champion, X. IV, 293. Champmol (Chartreuse à Dijon), X. I, 358, 361, 305. Charbonnier (N.), X. I, 455. Charle-Albert (artiste), X. IV, 103. Charlemagne (empereur), X. I, 34, 36, 44, 54, 80. Charleroi, X. HI, 469; X. IV, 52, 112, 138, 195, 198, 267, 397. Charles (archiduc d'Autriche), X. HI, 308. Charles IV (empereur), X. I, 343, 344, 345. Charles VI (empereur), X. n, 385; X. m, 73, 99, 100, 101, 103; X. IV, 400. Charles (Prince, comte de Flandre), X. IV, 259 287 321 Charles Et' (roi d'Espagne), X. HI, 27, 56, 104. Charles m (roi d'Espagne) : voyez Charles VI (empereur). Charles V (roi de France), X. I, 266, 351 (cf. errata), 479. Charles VI (roi de France), X. I, 360, 395, 468. Charles VEC (roi de France), X. I, 213, 383, 407. Charles Vm (roi de France), X. II, 33. Charles X (roi de France), X. I, 159; X. IV, 13. Charles XIH (roi de Suède), X. m, 405. Charles-Albert (roi de Sardaigne), X. IV, 73 (?). Charles le Bon (comte de Flandre), X. I, 89, 90, 133, 134. Charles le Chauve (empereur), X. I, 40, 41, 44; X. m, 71. Charles le Gros (empereur), X. I, 42. Charles de Lorraine (duc de Basse-Lotha-ringie), X. I, 59. Charles Martel, X. I, 397, 439, 445. Charles-Quint (empereur), X. I, 476; X. H, 53, 55, 57, 58, 59, 60, hors-texte 60-61, 61, 63, 64, 65, 66, 68, 73, 75, 79, 82, 83, 84, 86, 87, 88, 89 90, 91, 92, 93, 94, 100, 102, 109, 110, 115, 117, 119, 120, 122, 124, 125, 126, 128, 129, 143, 185, 200, 201, 203, 216, 221, 235, 297, 300, 306, 311, 355, 360, 501; X. m, 25, hors-texte 40-41, 227; X. IV, 75, 400. Charles le Simple (roi de France), X. I, 46. Charles le Xéméraire, X. I, 369, 386, 397, 404, 409, 415, 416, 417, 419, 420, 423, 429, 434, 440, 442, 456, 458, hors-texte 480-481; X. II, 21, 23; X. m, 86, 177. Charlet (Nicolas-Toussaint), X. m, 397. Charlevllle, X. m, 329. Charlier (dit Jambe de bois), X. IV, 13. Charlotte (princesse de Belgique, impératrice du Mexique), X. IV, 89, 99, 102, 109. Charlotte (princesse de Galles), X. IV, 37, 38, 40, 41. Charlotte de Prusse (épouse de Nicolas I""-), X. m, 377 (?) Chartres, X. I, 225, 229, 242. Chassé (baron), X. m, 514. Chateaubriand (R. de), X. IV, 165. Châtel (Tanguy du), X. I, 373. Châtelineau, X. IV, 52. Châtillon (Guy de), X. 1, 487 (?) Chazal (baron Félix), X. IV, 83, 120, 121. Chênedollé (Charles de), X. HI, 456. Chestret (de, citoyen de Liège), X. m, 266. Chevotet (Jean-Michel), X. H, 145. Chevron (Jean-Noël) X. m, 314, 443. Chevrot (Jean, père de Jean Chevrot, évêque de Tournai), X. I, 455. Chevrot (Jean, évêque de Tournai), X. I, 369, 440, 455, hors-texte 480-481. Chevrot (Simon, abbé de Goallles), X. I, 455. Chièvres, X. IV, 318. Childéric (roi des Francs), X. I, 29 (cf. errata). Chimay, X. m, 411. Chimay (prince de, XVII» siècle), X. n, 225. Chimay (prince de, vers 1880-1890) : voyez Caraman-Chimay (Joseph). Chinard (acteur), X. m, 303. Chinard (Joseph), X. m, 339. Chiny, X. IV, 318. Christian II (roi de Danemark), X. H, 74. Christian m (roi de Danemark), X. II, 183. Christus (Petrus), X. I, 387 (?) (cf. errata). Churchill (John, duc de Marlborough), X. H, 320; X. m, 57, 66, 67, 69, 70; X. IV, 23. Ciney, X. I, 327. Citeaux (abbaye), X. I, 103, 104, 125. Claeissins (Antoine), X. H, 447. Claeissins le Jeune (Pierre), X. H, 359, 487. Claeys (R.), X. IV, 394. Clairbois (bourgeois de Liège), X. m, 299. Clancarty (comte de), X. m, 405, 411. Clarck (J.-H.), X. HI, 414. Cleef (Jean III van), X. m, hors-texte 40-41. Clément VII (pape), X. H, 200. Clément XIV (pape), X. IV, 69. Clément d'Alexandrie, I. HI, 438. Clémentine (princesse de Belgique), X. IV, 225 259 Clemmen "(Josse), X. m, 141. Clerck (Pierre de), X. n, 333. Clermont, X. I, 75. Clercq (René De), X. IV, 409. Cleve (Jean III van) : voyez Cleef. Clèves (Adolphe de, sire de Ravenstein), X. n, 18. Clèves (Josse de), X. H, 88, 205. Clèves (Philippe de, sire de Ravenste.'n), X. n, 31, 39. Cleyhnens (Monseigneur), X. IV, 395. Cliton (Guillaume, comte de Flandre), X. I, 134. Clouet (François), X. H, 219, 231, 277. Clouet (Jean), X. n, 56, 77. Clovis (roi des Francs), X. I, 27. Clugny (Ferry de, évêque de Tournai), X. II, 194. Cluny (abbaye), X. I, 68. Cobenzl (J.-C.-P., comte de), X. III, 134, 147, 162. Coca, X. n, 50. Cochin (Nicolas, 1610-1686), X. m, 79. Cochin (Nicolas, 1715-1790), X. m, 185. Cock (De, pensionnaire des Etats de Bra-bant), X. m, hors-texte 216-217. Cockerill (John), X. m, 380, 466; X. IV, 80. Cocq (H.), X. n, 84. Cocx (Marguerite), X. n, 465. Codde (Adrien), X. n, 447. Coebergher (Wenceslas), X. n, 469, 502. Coello (Alonso Sanchez), X. n, 227, 311, 458. Coello (Claudio), X. m, 27. Coene (Henri de), X. m, 410. Cogen (Félix), X. III, 396. Colars de Douai, X. I, 216. Colbert (J.-B.), X. m, 31. Colignon (François), X. m, 79. Coliçny (Gaspard de), T. H, 277. Colladon (Nicolas), T. U, 422. Collaerts (A.), T. II, 105. Colman (Deslderius), T. II, 125, 217. Coloene, T. I, 125, 227, 283; T. II, 222, 233, 253, 278, 279, 302, 310, 313, 321, 323, 337, 419, 511; T. m, 82, 89, 411; T. IV, 296. Voyez également Saint-Pantaléon (abbaye). Cologne (Roderic de), T. III, 70. Colombe (Jean), T. I, 489. Colombe (Michel), T. II, 70. Colonna (comte de), T. II, 415. Colson (O.), T. IV, 397. Colyns de Noie (Robert), T. II, 473. Comblain-au-Pont, T. IV, 332. Comines, T. II, 179. Commines (Philippe de, seigneur d'Argentan), T. n, 14, 31, 32. Commodien (poète), T. III, 438. Compiègne, T. I, 250 (?); T. IV, 30. Compostelle, T. I, 227. Condé, T. m, 376. Condé : voyez Bourbon (Louis de). Coninc(k) (Pierre de), T. I, 246 (cf. errata T. I, p. 514), 250; T. IV, 199. Coninxheim, T. I, 23. Connaught (Arthur-William, duc de), T. IV, 259. Conrad II Le Salique, T. I, 51. Consalvi (Hercule), T. III, 360. Conscience (Henri), T. IV, 106, 168. Constance-Chlore (empereur), T. I, 24, 25. Constantin le Grand (empereur), T. I, 24, 25. Constantlnople, T. I, 286. Conte (Jacopino del), T. II, 458. Cooman : voyez Mol (Henri de). Cooreman (Gérard), T. IV, 259. Coornhert (Thierry), T. II, 189. Copenhague, T. n, 183, 332. Coppée (Evence, baron), T. IV, 341, 353. Coppin (Feuillen, baron de), T. m, hors- texte 504-505. Coppres (seigneur de, 1578), T. II, 345. Coquilhat (Camille), T. IV, 229. Corbugy (dessinateur), T. IV, 333, 370. Corcket (messager), T. I, 365. Coremans (Ed.), T. IV, 408. Corneille (Pierre), T. m, 168. Coron (éditeur), T. IV, 15. Cortenberg, T. I, 337, 338; T. III, 10; T. IV, 288. Corvin (Mathias, roi de Hongrie), T. II, 385. Coster (Charles de), T. IV, 164. Coster (Kateline de, épouse de Jacques van Artevelde), T. I, 324. Cotta (Henri), T. lU, 399. Couderborgh (Asscheric van der), T. I, 158. Courbe (Wilbrode), T. m, 329. Court (Joseph-Désiré), T. IV, 30. Courtrai, T. I, 123, 246, 248, 249, 250, 251, 253, 302, 471; T. n, 137 (cf. errata), 144, 165; T. IV, 52, 84, 112, 199, 275, 361. Coussemaker (de), T. III, 510. Coutereel (Pierre), T. I, 281. Coutreaux (Marie de, épouse d'Arnould de Berlo), T. n, 423. Coutzen (collectionneur), T. rv, 30. Coxyde, T. n, 494. Voyez également Dunes (abbaye des). Coxle (Michel), T. II, 113, 147 (cf. errata). Coysevox (Antoine), T. III, 15 (cf. errata). Cozette (Michel-Henri, fils), T. III, 121. Crabbe (Jean, abbé de l'abbaye des Dunes), T. II, 13. Crabeth (Thierry), T. II, 256. Cracovie, T. II, 153. Cran (Jules), T. IV, 259. Cranach le Vieux (Lucas), T. n, 197. Crâne (Walter), T. IV, 202. Craton, T. I, 111. Crécy (Verjus de), T. m, 32. Crefeld, T. IV, 393. Cregny (Maréchal de), T. m, 28. Crémieux (Adolphe), T. IV, 83. Crépln (Louis), T. III, 364. Créqui (Ingelram II de, évêque de Cambrai), T. I, 174, 205. Crespel (L.), T. IV, 229. Cretet (Emmanuel), T. III, 360. Creuzburg, T. IV, 393. Crèvecoeur : voyez Bouvignes. Criol (Quentin), T. II, 447. Crocq (Jean), T. IV, 203. Croeser (baron de), T. III, 365. Croiacens (Pierre de), T. I, 479. Crorabrugghe (Joseph Van), T. IV, 47. Crombrugghe (Victor Van), T. II, 81. Cromois (Jean, abbé de Saint-Jacques à Liège), T. II, 421. Crompton (Samuel), T. m, 379. Croy (Charles de, duc d'Aerschot), T. II, 434, 465; T. IV, 428 (erratum du T. II, p. 359). Croy (Charles-Alexandre de, marquis d'Ha- vré), T. n, 320. Croy (Charles-Philippe de, marquis d'Havré), T. II, 320. Croy (Ferdinand-Gaston-Lamoral de, comte de Rœulx), T. m, 59. Croy (Guillaume de, seigneur de Chièvres), T. n, 58. Croy (Philippe de, duc d'Aerschot), T. II, 323 (cf. errata). Croy (famille de), T. III, 47. Crumpipen (Joseph de), T. m, 222 (cf. errata). Cueva (Alonso de La, marquis de Bedmar), T. n, 385, 400. Cuniga (Don Juan de, Gouverneur général des Pays-Bas), T. m, 22, 38, 117. Curtius (Ernest), X. IV, 221. Curtius (Jean), T. II, 424. Curtius (Marcus), T. III, 77. Custos (Dominique), T. II, 281, 373. Cuyck (Albert de, prlnce-évêque de Liège), T. I, 72, 143. Cuyck (seigneur de, XIV» siècle), T. I, 263. Cyprien (théologien), T. III, 438. D Dadenborgh (Herman van), T. II, 307. Daens (Augustin-Adolphe), T. IV, 218. Uagobert I" (roi des Francs), T. I, 30. Daine (Nicolas-Joseph), T. IV, 27. Dalberg (Emmerich-Joseph, duc de), ï. III, 405. Damase (Saint, pape), T. I, 22. Damhouder (Joost), T. II, 123, 126, 199. Dam(m)artin (Raes de), T. I, 331; T. II, 149. Damme, T. I, 171, 209, 217, 287, 299, 301, 352, 419, 472. Voyez également Nieuwe Damme. Damplerre (Baudouin de), T. I, hors-texte 176-177. Damplerre (Guillaume de, fils de Gui de Damplerre), T. I, hors-texte 176-177. Damplerre (Guillaume de, fils de Marg. de Constantlnople et de Guillaume de Damplerre), T. I, 164, 165. Damplerre (Gui de, comte de Flandre et de Namur) : voyez Gui de Damplerre. Damplerre (Gui II de, comte de Namur) : voyez Gui II de Dampierre. Dampierre (Jean de, fils de Marg. de Constantlnople et de Guillaume de Dampierre), T. I, 165. Dampierre (Jean I"' de, comte de Namur) : voyez Jean I""- (comte de Namur). Damplerre (Jean II de, comte de Namur) : voyez Jean II (comte de Namur). Dandeniaux (sieur), T. III, 381. Dansaert (P.), T. III, 508. Dantzig, T. I, 492. Dartois (Jacques), T. m, 2G1, 299. Datin (Walter), T. I, 398 (cf. errata); T. II, 149. Daumier (Honoré), T. IV, 92. Daun (maréchal autrichien), T. III, 123. David (Gérard), T. n, 135. David (J.-B.), T. IV, 174, 176, 218. David (Jacques-Louis), T. m, 289, 315 (?), 390, 394; T. IV, 26. David d'Angers (Pierre-Jean), T. m, 318, 437. David de Bourgogne (évêque d'Utrecht), T. n, 194. Davignon (Julien), T. IV, 285. Dawe (Georges), T. IV, 24, 37. Dawe (Henri), T. IV, 24. Debucourt (Louis), T. m, 333. Dechamps (Adolphe), T. IV, 115, 120. Dechamps (Victor, cardinal-archevêque de Malines), T. IV, 120, 252. Decker (Conrad), T. II, 3G6. Decker (J. De), T. IV, 411. Decker (Pierre De), T. IV, 102, 115. Dedel (Salomon), T. IV, 200. Dedoncker (Victor), T. IV, 122. Defacqz (Eugène), T. IV, 44. Defrance (Léonard), T. m, 279, 314. Degroot (Charles), X. II, 17. Deharveng (abbé), X. n, 233, 451. Dehesselle (Nicolas-Joseph, évêque de Namur), X. IV, 115. Delacenserie (Louis), X. I, 473; X. II, 135; X. rv, 199. Delacroix (Charles-Constant), X. in, 305. Delacroix (Léon), X. IV, 408. De la Croix (auteur cartons tapisserie), X. m, 173. De la Rue (sieur), X. m, 249. Délateur (Elisabeth), X. m, 388. Delcloche (Paul-Joseph), X. m, 180. Delcour (Jean), X. m, 85, 86, 192. Delebecque (Louis, évêque de Gand), X. IV, 116. Delemme (citoyen liégeois), X. III, 510. Delepierre (O.), X. IV, 168. Delfosse (Noël), X. IV, 90. Delft, X. n, 351, 362; X. m, 111. «De Locht » (hameau) : voyez Brecht. Delpérée (Emile), X. IV, 221. Delvaux (A.), X. IV, 397. Demannez (Joseph), X. IV, 143, 171. Demarteau (Gilles), X. III, 185. Demillecamps (Léon), X. IV, 365. Demot (Emile), X. IV, 272. Dens (P.), X. IV, 177. Derez (industriel), X. IV, 361. Desandrouin (Gédéon), X. m, 153. Desandrouin (J.-J.), X. III, 153. Desandrouin (J.-T.-Fr.), X. m, 153. Descartes (René), X. II, 506. Deschamps (A), X. IV, 20. Desmarais (Thomas), X. m, 473. Desmasure (Pierre-François), X. IV, 84. Desoer (François-Joseph), X. m, 192. Despautëre (Nicolas), X. II, 179. Des Prés (Josquin) : voyez Prés (Josquln des). Desprez (famille), X. II, 208. Detilleux (Servais), X. rV, 292. Devaux (Paul), X. IV, 67. Deventer, X. II, 232; X. III, 449. Deventer (Jacques de), X. II, 140, 243. Deville, X. IV, 318. Devolder (J.), X. IV, 193. Devreese (Godefroid), X. IV, 275, 328, 353. Devreux (Godefroid), X. IV, 207. Deivandre (Nicolas-François), X. III, 181. Dewasme (lithogr.), X. III, 458. Dewez (Laurent), X. III, 35. Dewez (Louis), X. m, 272. Deynze, X. I, 301. Dhanis (Francis), X. IV, 225, 229. Dhondt (J.), X. IV, 427 (erratum du X. I, p. 78). Diekmann (L.), X. IV, 239. Diepenbeek (seigneur de, XIV» siècle), X. I, 401. Dierckens (F.), X. IV, 267. Diericx (Pierre), X. II, 134. Diest, X. II, 140, 490; X. IV, 43. Diest (seigneur de, XIV» siècle), X. I, 263. Diest (Gilles Van), X. n, 154, 286. Digneffe (Barthélémy), X. ni, 327. Dijon, X. m, 369. Voyez également Champ- mol (chartreuse). Diligem (abbaye), X. II, 415. Dillens (Adolphe), X. m, 421. Dillens (Julien), X. IV, 58, 170. Dinant, X. I, 31, 111 (cf. errata), 128, 400, 449; X. II, 156, 460; X. m, 182, 411, 441; X. IV, 112, 296, 424. Dioclétien (empereur), X. I, 24. Dison, X. m, 152, 182; X. IV, 338. Dixmude, X. IV, 112, 326. Does (Jean van der), X. II, 189. Dôle, X. n, 221. Dolendo (Barthélémy), X. H, 237. Domela Nieuwenhuis Nyegaard (A.E.H.), X. rv, 412. Domela Nieuwenhuis Nyegaard (J.D.), X. IV, 389, 412. Donauwiirth, X. m, 57. Donceel (XVI» siècle, habitant de Liège, X. H, 105. Donceel (XVIII» siècle, patriote liégeois), X. m, 209. Doncker (Victor de) : voyez Dedoncker. Donckier (ingénieur), X. IV, 155. Dongnies (Philippe), X. H, 447. Dooselaere (Is. Van), X. IV, 395. Dordrecht, X. H, 494. Dortmund, X. I, 141; X. II, 156. Dosveld (L.), X. I, 83. Dottignies, X. IV, 338. Douai, X. I, 179, 322, 422, 455; X. m, 437. Doufflet (Gérard), X. II, 434 (?). Doulcet-Pontécoulant (préfet du département de la Dyle), X. III, 397. Doullens, X. m, 329. Dour, X. m, 411; X. IV, 52. Dourdan, X. III, 61. Dreppe (Joseph), X. m, 240, 311. Dresde, X. H, 287. Driesens (abbé), X. H, 233 (cf. errata), 451. Droz (Jean-Pierre), X. m, 363. Dubois (Nicolas), X. m, 49. Du Bois (Paul), X. IV, 251, 279, 353. Dubourg (M.), X. III, 414. Dubufe (Claude-Marie), X. IV, 269. Ducarne (général), X. IV, 302. Ducpétiaux (Edouard), X. III. 487. Ducreux (Joseph), X. III, 121 (cf. errata). Dudley (Robert, comte de Leicester), X. II, 342 (?) (cf. errata), 309. Dudzele, X. I, 184. Duhamel (A.), X. IV, 32. Dujardeyn (P.L.), X. IH, 235. Dumon (A., ministre des Travaux Publics), X. IV, 102. Dumon (E), X. IV, 385, 412. Dumont (architecte), X. IV, 267. Dumont (André), X. IV, 271. Dumont (Edmond-Joseph-Hyacinthe, évêque de Tournai), T. IV, 151. Dumouriez (Charles-François), X. III, 296, 297, 298, 401. Dunes (abbaye des, à Bruges), X. ni, 389. Dunes (abbaye des, à Coxyde), T. I, 302; X. n, 13, 494; X. HI, 389. Dunkerque, X. H, 413, 511; X. III, 203, 312. Dupont (A.), X. III, 181 (?). Dupont de L'Eure (Jacques), X. IV, 83. Dupré (G.), X. n, 391. Duquesnoy (François), X. III, 48, 172. Duquesnoy (Jérôme), X. III, 48. Durer (Albert), X. II, 38, 63, 64, 133. Dusseldorf, X. III, 411, .501. Dussen (B. van), X. ni, 74, 75. Dutillieu (Jef), X. IV, 372. Duurstede, X. I, 31, 37, 44. Duval de BeauHeu (comtesse), X. IV, 99. Duvivier (Henri-Joseph), X. III, 436. Duyek (E.), X. IV, 190. Dyck (A. Van), X. H, 402, 403, 431. Echstein (colonel), X. IV, 290. Ecluse (L'), X. I, 209, 307 (cf. errata), 321. Edam, X. H, 147; X. m, 474. Edouard (Prince Noir), X. n, 208. Edouard I" (roi d'Angleterre), X. I, 234, 236. Edouard m (roi d'Angleterre), T. I, 234, 266, 267, 312, 313, 317, 319, 321, 322, 324, 354. Edouard VII (roi d'Angleterre), T. IV, 23, 259. Edouard VIII (roi d'Angleterre), T. IV, 23. Ee (Adrien van der), T. I, 371. Eecloo, T. IV, 112. Eelen, T. IV, 271. Eename (abbaye), T. I, 175. Eencns-Carlier (famille), T. m, 507. Eggen (J.L.M.), T. IV, 394. Egmont (Charles d', duc de Gueldre), T. II, 48, 84, 85. Egmont (Lamoral, comte d'), T. II, 228, 240, 246, 257, 270, 272 (cl. errata), 274; T. IV, 158. Eindhoven, T. II, 510. Elbeuf, T. n, 140. Elderen (J.-L. d', prlnce-évêque de Liège), T. in, 255. Elderen (seigneur de, XIV« siècle), T. I, 401. Eléonore de Habsbourg, T. H, 53, hors-texte 60-61, 184. Eleuthère (Saint, évêque de Tournai), T. I, 472. Elewijt, T. n, 517 (?). Elinghen, T. III, 153. Elisabeth (reine d'Angleterre), T. II, 249, 324, 369. Elisabeth (reine des Belges), T. IV, 211, 245, 259, 279, 287, 303, 304, 309, 321. Elisabeth de Goerlitz (duchesse de Luxembourg), T. I, 379. Elisabeth de Valois : voyez Valois. Eiiiot (général), T. m, 250. Eismer (Wouter van), T. H, 156. Eist (baron van der, secrét. gén. Mlnlst. Aff. Etrang.), T. IV, 286. Emin Pacha (Mehemed), T. IV, 227. Emmanuel-Philibert (duc de Savoie) : voyez Savoie. Emmich (Otto von), T. IV, 295, 300. Enghien (Jean III d', prlnce-évêque de Liège), T. I, 190. Englebienne (avocat), T. IV, 197. Epinal, T. IV, 109. Epinoy (comte d', 1562) : voyez Melun (Hugues de). Eppeghem, T. IV, 394. Eracle (évéque de Liège), T. I, 53. Erasme, T. H, 48, 174, 175, 176 (cf. errata, T. n, p. 522), 177, 178. Erembald (forgeron), T. I, 228. Erfurt, T. m, 409. Ernando, T. H, 275. Ernest d'Autriche (archiduc), T. H, 373, 473. Erp (Henri Van), T. II, 367. Erskine (avocat de la Couronne (Grande- Bretagne), T. m, 396. Ertinger (Franz), T. III, 79. Escaille (sieur de 1'), T. m, 133. Eschbach (F.), T. IV, 196, 200. Escovedo (Pedro de), T. II, 300. Escurial, T. Il, 93, 247, 383. Esher, X. IV, 38. Espach (Jean de), T. I, 416. Espen (Z.B. Van), T. m, 72, 165. Espierre, T. II, 23. Esterhazy (Paul-Antolne), T. IV, 9, 26. Etampes (comte d', c. 1337), T. I, 316. Etienne (évêque de Liège), T. I, 53. Etienne (évêque de Tournai), T. I, 143. Etterbeek, T. IV, 331. Eugène IV (pape), T. I, 501. Eugène de Savoie : voyez Savoie. Eupen, T. m, 152, 182, 411; T. IV, 296. Eupen (Pierre van), T. III, 247, 297. Evence (Saint), T. I, hors-texte 112-113. Everbecq, T. IV, 318. Evrard (Guillaume), T. III, 204. Eyck (Jean van), T. I, 372 (?), 380, 438, 453, 469, 493; T. IV, 162. Eynatten, T. III, 144. Eynatten (baron d'), T. m, 155. Eynde (Ferdinand Van den), T. m, 172. Fabry (citoyen de Liège), T. m, 266. Fagel (grand pensionnaire de Hollande), T. m, 75. Fagnolles, T. I, 140. Faille (Alphonse délia), T. m, 472. Faipoult (Guillaume), T. m, 354. Faiaën, T. I, 270. Falck (A.R.), T. HI, 411, 473. Falkenhausen (von, général), T. IV, 398,406. Falieur (O.), T. IV, 197. Falloise (famille de la), T. II, 149. Falmagne, T. m, 273, 274. Farabert (évêque de Liège), T. I, 53. Farciennes, T. II, 118. Farinatl (Pado), T. n, 453 (?). Fariseau (Pierre), T. IV, 77. Farman (Maurice), T. IV, 290. Farnèse (Alexandre, duc de Parme), T. H, 184, 352, 359, 360, 363, 364, 365, 366, 367, 371, 372, 373. Fassin (Charles), T. IV, 21 (?). Fauquemont (seigneur de, XIV» siècle), T. I, 263. Fayn (Etienne), T. m, 262. Febronlus (J.) : voyez Hontheim (Jean-Nicolas von). Feller (François-Xavier de), T. IH, 210, 272. Fer (N. de), T. III 20, 85. Ferdinand V (roi d'Aragon), T. II, 50. Ferdinand VII (roi d'Espagne), X. III, 405, 504. Ferdinand (rol-régent de Portugal), X. IV, 40. Ferdinand d'Autriche (dit le cardinal-infant), X. n, hors-texte 404-405, 409, 410, 474; X. m, 10. Ferdinand de Habsbourg, X. II, 53, 59. Féré (Pierrot), X. I, 472. Ferrand de Portugal (comte de Flandre), X. I, 152. Ferraris (Joseph, général-major, comte de), X. ni, 203. Voyez également Zichy-Ferra-ris. Fexhe-le-Haut-Clocher, X. m, 261, 263, 266. Fiers (sculpteur), X. IV, 105. FlUastre (Guillaume, abbé de Saint-Bertln, évêque de Toul), I. I, 237, 248, 429, 440. Flandre (comte de, c. 1337), X. I, 316. Fiaveau Decort (Henri-Joseph de), X. IH, 176. Flémalle, X. I, 20. Flémalle (Henri), X. III, 81. Fléron (de, avocat), X. II, 432. Fleurus, X. HI, 146, 308, 413. Fleury-Duray (général belge), X. IV, 84. Flobecq, X. IV, 318. Floreffe, X. U, 454; X. IV, 63. Florence, X. I, 322, 492; X. H, 460. Florennes, X. III, 411. Florenville, X. IV, 233. Florls (Corneille) : voyez Vriendt (Corneille De). Floris (Frans), I. II, 187. Floriszoon : voyez Adrien VI (pape). Florkin (armurier), X. HI, 189. Foere (Léon De), X. m, 440. Fois (Nomi de), X. IH, 134. Folcuin (abbé de Lobbes), X. I, 109. Fonck (A.), I. IV, 296. Fonseca (famille de), X. Il, 50. Fontainebleau, X. III, 128, 394, 398. Fontenoy, X. IH, 124. Forest (Jesse de), X. II, 450. Forgeur (J., membre du Congrès National), X. m, 519. Forgeur (J., vlc-gén. de l'arch. de Malines), X. m, 424. Fornier (A.), X. IV, 394. Fosse, X. I, 128; X. IV, 370. Fossez (François des, seigneur de Scardan), X. H, 78. Fossombrone (Italie), X. I, 494. Fossoul (Everard-Urbaln de), X. m, 176. Fouchet (ténor), X. IH, 485 (?). Foulon (Fr.), X. IV, 397. Fouquet (Jean), X. I, 383. Fourment (Hélène, épouse de Rubens,) X. II, 417 (?). Fourmois (Théodore), X. IH, 512. Fox (Industriel londonien), X. m, 396. Foys (Louis du), X. H, 156. Fragonard (Jean-Honoré), X. EŒ, 317. Fraikin (Charles), X. m, 521; X. IV, 107, 115, 171, 189. Fraikin (P.), X. IV, 397. Framerie (Martin), I. II, 450. Francart (Jacques), X. H, 469. Franchimont, X. I, 407; X. H, 98. Francfort-sur-le-Main, X. m, 204. Franck (César), X. IV, 161. Franck (Louis), X. IV, 395, 408. Francken (Fr.), X. H, 497. Franckenberg (Jean-Henri, comte de, archevêque de Malines), X. m, 335. François I"' (empereur), X. m, 70. François H (empereur), X. m, 227, 307, 308, 405. François I" (roi de France), X. H, 65, 68, 76, 77, 86, 102. François d'Assise (Saint), X. IH, 369. François Borgia (Saint), X. H, 460. François de Valois : voyez Valois. François-Ferdinand d'Autriche (archiduc), X. IV, 253, 284. François-Joseph (empereur d'Autriche), X. IV, 230. Francon (évêque de Liège), X. I, 53. Francquen (P.), X. H, 385. Francqui (E.), X. IV, 229, 341, 349, 353. Frangipani (nonce à Bruxelles), X. H, 457. Frasnes, X. m, 329. Frédéric I'"' [Barberousse] (empereur), X. I, 141 (cf. errata). Frédéric IH (empereur), X. I, 420; X. H, 26. Frédéric-Guillaume I"' (roi de Prusse), X. m, 268. Frédéric H [Le Grand] (roi de Prusse), X. HI, 129, 179. Frédéric HI (roi de Prusse), X. m, 405. Frédéric-Guillaume IH (roi de Prusse), X. HI, 430. Frédéric-Guillaume IV (roi de Prusse), X. IV, 73, 95. Frédéric le Joyeux (duc de Saxe), X. I, 280. Frédéric (Léon), X. IV, 156. Frédéricq (P.), X. IV, 393. Frère-Orban (H.J.W.), I. IV, 83, 103, 104, 117, 120, 146, 147, 193, 203, 204. Freyn (Charles De), X. IV, 182. Friant (Louis), X. HI, 413. Frlbourg-en-Brlsgau, X. H, 176. Froissart (Jehan), X. I, 267, 304, 315, 319, 321, 355, 356, 357, 359, 360, 487. Fromont (Libert), X. II, 506. Froschauer (imprimeur), X. II, 36. Froidmont, X. IV, 334. Fry (William), X. IV, 37. Fuentès (Pierre, comte de) : voyez Azevedo (Pedro Enriquez de). Fugger (Antoine), X. H, 160. Fugger (Jacques), X. II, 153. Fugger (Jean-Jacques), X. n, 160. Fumay, X. IV, 318. Furfooz, X. I, 26. Fumes, X. I, 237, 309; X. II, 62, 120, 505; X. in, 76; X. IV, 112, 312. Furstenberg (Françols-Egon, prince de), X. m, 82. Furstenberg (Guillaume-Henri, prince de), X. m, 82. G Gachard (Louls-Prosper), X. IV, 171. Gaesbeek (seigneur de, XIV® siècle), X. I, 263. Gaesbeek (sire de, 1477) : voyez Homes de Baucignies (Philippe de). Gagern (H.C.E. von), X. m, 417. Gaiffier d'Hestroy (E. de), X. IV, 286. Gailly (commissaire de la Rép. fr.), X. HI, 316. Gallait (Louis), X. IV, 49, 65, 158. Gallard (R.-Fréd., évêque de Meaux), X. rv, 30. Galle (Ph.), X. H, 298. Galliot du Pré (imprimeur), X. n, 299. Gailo (Marzlo-Mastnill, marquis de), X. m, 409. Gallwitz (Max von), X. IV, 293, 295. Gamond, X. m, 134. Gand, X. I, 32, 87, 123, 125, 126, 175, (cf. errata), 194, 229, 236, 250 (cf. errata), 261, 282, 286, 288, 289, 297, 298 (cf. errata), 311, 314, 316, 322, 356, 435, 450, 469 (?); X. n, 15, 18, 33, 34, 35, 37, 78, 80 (?), 81, 82, 84, 139, 143, 146, 180, 222, 229, 232, 270, 297, 305, 306, 323, 332, 333, 361, 365, 366, 459, 483, 496, 502; X. m, 25, 37, 39, hors-texte 40-41, 43, 48, 50, 60, 99, 136, 141, 142, 147, 151, 152, 209, 213 (cf. errata), 215, 237, 239, 316, 320, 356, 357, 364, 368, 371, 374, 379, 382, 385, 396, 421, 426, 439, 441, 443, 468, 472, 473, 474; X. IV, 16, 42, 47, 51, 52, hors-texte 56-57, 57, 58, 66, 71, 74, 75, 93, 108, 112, 116, 138, 143, 145, 175, 176, 181, 199, 201, 205, 210, 212, 217, 218, 267, 302, 307, 319, 324, 345, 351, 357, 363, 366, 368, 381, 389, 390, 391, 392, 393, 394, 395, 408, 409, 417. Voyez également Saint-Bavon (abbaye), Saint-Pierre au Mont Blandin (abbaye). Gantois (P.), X. II, 450. Garat (Dominique), X. m, 354. Gardin (Jehan du), T. H, 156. Gardiner (Sir Robert), X. FV, 35. Garemyn (Jean-Antolne), X. m, 147. Garin (Jean), X. H, 367. GastaBaga (Franclsco-Antonlo de Agurto, marquis de), X. m, 42 (cf. errata). Gaston d'Orléans : voyez Orléans. Gattinara, X. n, 61. Gausmann (Fritz Wllhelm), X. IV, 296. Gauthier (Th.), X. IV, 165. Gauthier de Xhérouanne (chroniqueur), X. I, 133. Gavre (Charles-Emmanuel-Joseph, prince de) X. m, 169. Gavre (Guillaume de), X. IV, 428 (erratum du X. I, p. 330). Gavre (famille de), T. III, 47. Gedinne, X. m, 411. Geefs (Alexandre), X. rV, 104. Geefs (Guillaume), X. m, 515, 521; X. rV, 114. Geefs (Joseph), X. IV, 67. Geerarts (Mare) : voyez Gheeraerts. Geert (Jacques Van), X. IV, 374. Geerts (Charles), X. II, 183. Geiger (Plerre-J.-N.), X. m, 308. Geldrop, X. H, 454. Gellée (Jakemars), X. I, 208. Gelmers (Albert), X. n, 193, 206. Gelre (héraldiste), X. I, 263, 268, 343, 371, 401. Gembloux, X. I, 109; X. n, 329, 379. Gembloux (abbaye), X. I, 400. Genappe, X. m, 329. Gendebien (Alexandre), X. HI, 454, hors-texte 504-505, 520; X. IV, 32. Gendebien (Barthélémy), X. IV, 17. Genève, X. H, 239. Gentz (chevalier Friedrich von), X. m, 405. Genval, X. IH, 143. Georges IV (roi d'Angleterre), X. m, 405; X. IV, 35, 40. Georges V (roi d'Angleterre), X. IV, 23. Georges (Saint), X. I, 409; X. H, 199; X. IV, 427 (?) (erratum du X. I, p. 162). Georges d'Amboise (cardinal d'Ambolse), X. n, 56. Gérard H (évêque de Cambrai), X. I, 132, 133. Gérard (Balthazar), X. II, 362. Gérard (Etienne-Maurice, maréchal), X. IV, 27. Gérard (François), X. HI, 509. ! ■ ^It. 1i .:■! II. i. i I ! !( iS' ^ t. y y','] m Î'I ; ^■Ji^if.l'fi i il! ift'! .1 ! ■ ■ 8i:V 1 r i î TABLE ONOMASTIQUE Gérard (lithographe), T. IV, 03. Gérard de Brogne (Saint), T. I, BO. Gérard le Diable (châtelain de Gand), T. I, 175, 289. Gérard de Gand, T. Il, 131 (?). Gérard de Rotselaer (sénéchal de Brabant), T. I, 329. Gerlach (Hauptmann), T. IV, 371. Gerlache (E.C. de), T. m, 522, 523; T. IV, 22. Gerlier (lithographe), T. IV, 97. Géronsart, T. I, 207; T. II, 485. Géruzet (J.), T. IV, 63, 80, 97, 122, 154, 218. Geyr de Schweppenbourg (Maximilien, baron de, abbé de Visé, chanoine de Saint-Lam-bert), T. m, 2(>l. Gezelle (Guido), T. IV, 167, 169. Gheel van Spanbroeck (C. van), T. III, 75. Gheeraerts (Marc), T. II, 324 (cf. errata), 335. Ghein (Guillaume Van den), T. II, 147. Ghein (Pierre I" Van den), X. II, 147. Gheldolf (Albert-Eugène), T. IV, 42. Ghémar (photographes), T. IV, 111, 131. Gheyn (J. De), T. II, 350. Ghlselin (Claude), T. II, 450. Ghlslain (A.), T. IV, 305. Ghistelles (Arnulf de, abbé de Villers-la- Ville), T. I, 182. Ghistelles (Charles, seigneur de), T. II, 359. Ghlin, T. IV, 350. Giambelli (Frederico), T. II, 360. Gibraltar, T. III, 250. Gibson (Hugh), T. IV, 347. Glèbel (Jean), X. UI, 431. Giellée (Jakemars) : voyez Gellée (Jake-mars). Gilbray (James), T. m, 395. Gilles d'Orval, T. I, 140. Gilles Li Muisis (abbé de Saint-Martin à Tournai), T. I, 355. Gillo (lithographe), T. III, 527. Girault (architecte), X. IV, 153. Girodet-Trloson (A.-L.), T. ni, 359, 398. Gisla (dame), X. IV, 427 (erratum du X. I, p. 100). Gislebert (duc de Lotharingie), X. I, 40. Gislebert de Mons, I. I, 92. Gittens (Frans), X. m, 398. Givet, X. m, 312; X. IV, 318. Glain, X. I, 318. Glatz, X. IV, 310. Glimes (P. de), X. III, 224. Glocester (Humphred de, époux de Jacqueline de Bavière), X. I, 377, 379. Glosencamp (Herman), X. II, 185. Gobbelschroy (Pierre van), X. m, 449, 473. Gobert Ungénieur belge), X. IV, 84. Goblet (Firmin), X. lU, 472. Goblet d'Alviella (E.), I. IV, 259, 301. Godefroi(d) (receveur de Hainaut), X. I, 186. Godefroid I""- (duc de Basse-Lotharingie), X. I, 62. Godefroid III [Le Bossu] (duc de Basse-Lotharingie), X. I, 62. Godefroid IV [de Bouillon] (duc de Basse-Lotharingie), X. I, 02, 73 (?) (cf. errata). Godefroid [Le Barbu] (duc de Basse-Lotharingie, duc de Brabant), X. I, 92, 94. Godefroid n (duc de Brabant), X. I, 94. Godefroid III (duc de Brabant), X. I, 94. Godefroy (Jean), X. UI, 405. Goderan (moine de Lobbes), X. I, 110. Godin (Jean), X. H, 307. Goens (Pierre), X. m, 381. Goer (G.A. de), X. m, 261. Goes (Hugo van der), X. I, 459. Goes (Robert), X. U, 332. Goesin (P.F. de), X. m, 237. Goethals (Jean), X. II, 448. Goetsbloets (P.-A.-J.), X. m, 320, 328, 387. Goetz (Karl), X. IV, 387. Goffin (Hubert), X. III, 381. Goffinet (baron A.), X. IV, 341. Golenvaux (Fernand), X. IV, 390. Goltz (Colmar Freiherr von der), X. IV, 310, 310, 380. Goltzius (Hubert), X. H, 105, 303. Gomez (Jaclnto), X. n, 384. Gommaire (Saint), X. H, 400. Gonella (Mathieu, nonce), X. IV, 116. Gonthier (Linard), X. II, 401. Gordon (Charles-George), X. IV, 226. Gortter (Guillaume de), X. H, 310. Gosée (François de, seigneur de Macque- noise), X. m, 381. Goslinga (S. van), X. m, 74, 75. Gossart (Jean), X. II, 151 (?), 190 (?). Gosschalk (Jos. H.), X. n, hors-texte 300-301. Gosse (Nicolas), X. IV, 17. Gosse (Thomas), X. m, 409. Gosselies, X. m, 146, 329. Gosson, I. II, 345. Gossuin (Constant), X. ni, 303. Gossuin (Gérard), X. II, 149. Gothelon I»' (duc de Basse-Lotharingie), X. I, 02. Gottingen, X. IV, 411. Goubaud (Innocent), X. III, 425. Gouda, X. n, 256, 279, 358. Gourgaud (baron de), X. III, 415. Goussencourt (comte de), X. IV, 325. Gracht (Quentin van den), X. H, 337. Graillet (citoyen), X. m, 256. Gramme (Zénobe), X. IV, 250. Grammont, X. n, 144. Grandpré, X. m, 295. Granson, X. I, 423. Granvelle (Antoine Perrenot de), I. II, 90, 92, 173, 184, 216, 221, 225 (cf. errata), 226, 227 (cf. errata), 234, 236, 253, 274, 284. Grapheus (Corneille), X. II, 154. Grasset Saint Sauveur (J.), X. III, 324. Gravesande (A. van 's), X. II, 446. Gravesend, X. III, 396. Graz, X. II, 22. Grégoire II (pape), X. I, 28. Grégoire XVI (pape), X. IV, 122. Grégoire (Antoine), X. m, 363. Grenade, X. II, 50. Grétry (A.-E.-M.), X. IV, 194. Grimani (Dominico, cardinal), X. II, 151. Grimbergen, X. II, 148. Grimbergen (abbé de, 1646), X. II, 415. Grivegnée, X. IV, 378. Groenendael, X. I, 487. Groesbeek (Gérard de, prince-évêque de Liège), X. II, 419, 420, 422, 435. Groningue, I. II, 232. Groolaers (J.-P.), X. IV, 122. Groot (Guillaume De), X. IV, 228. Groot (Michel De), X. Il, 516. Groth-Hansen (K.), I. IV, 163. Grunenberg (J.), X. II, 198. Gruntlial (H.), X. IV, 295. Grupello (Gabriel de), X. III, 56; X. IV, 429 (erratum du X. m, p. 42) (?). Grupont, X. UI, 83. Grasset (Jean), X. H, 379, 389, 474, 477. Gruuthuse (seigneur de) : voyez Louis de Bruges. Gruuthuse (Jean de), X. II, 167. Gui (fils de Gui de Dampierre), X. I, 234, 250. Gui de Dampierre (comte de Flandre et de Namur), I. I, 165, hors-texte 176-177, 186, 233, 234, 236, 237, 250 (?), 252, 254. Gui II de Dampierre (comte de Namur), X. I, 259. Guichardin (Louis), X. II, 144, 150, 156, 157, 357. Guillaume I""- (comte de Hainaut), X. I, 267. Guillaume HI (comte de Hainaut), X. I, 344. Guillaume IV (comte de Hainaut), X. I, 372, 395. Guillaume V (comte de Hollande) : voyez Guillaume III, (comte de Hainaut). Guillaume VI (comte de Hollande) : voyez Guillaume IV (comte de Hainaut). Guillaume V (comte de Jullers) [Guillaume I»', duc de Jullers], X. I, 259. Guillaume I" (comte de Namur), X. II, 223. Guillaume II [Le Riche] (comte de Namur), X. I, hors-texte 204-205. Guillaume II (empereur d'Allemagne), X. IV, 240, 292, 374. Guillaume IV (landgrave de Hesse), X. H, 287. Guillaume [Le Conquérant] (duc de Normandie, roi d'Angleterre), X. I, 79. Guillaume IV (roi d'Angleterre), X. IV, 23. Guillaume I"' (roi des Pays-Bas), X. III, 133, 227, 327, 406, 410, 412, 423, 424, hors-texte 424-425, 427, 428, 429 (cf. errata), 430, 431, 433, 435, 442, 443 444, 449, 451, 460, 401, 468, 469, 473, 488, 502, 514, 528; X. IV, 13, 29, 47, 48, 55, hors-texte 56-57, 58, 65, 71, 74, 113, 114. Guillaume II (roi des Pays-Bas), X. III, 327, 430, 453, 473, 494, 512, 514, 528; X. IV, 16, 57, 149. Guillaume (Saint), X. H, 136. Guillaume de Champagne (archevêque de Reims), X. I, 143. Guillaume de Dampierre (fils de Gui de Dampierre) : voyez Dampierre. Guillaume de Dampierre (fils de Marguerite de Constantinople) : voyez Dampierre. Guillaume V de Nassau (stadhouder de Hollande) : voyez Nassau. Guillaume d'Orange (prince de Nassau) : voyez Nassau. Guillaume - Frédéric - Charles d'Orange - Nassau : voyez Nassau. Guillaume III d'Orange : voyez Nassau. Guinegate, X. II, 56. Guise (Charles de, cardinal de Lorraine), X. II, 274. Guise (Jacques de), X. I, 391, 418, 433, 439, 446, 478, hors-texte 480-481. Guizot (François), X. IV, 18. Gulbransson (O.), I. IV, 230. Guyenne (duc de, c. 1337), X. I, 316. H Haarlem, X. II, 232; X. IV, 114. Habay, X. m, 381. Hacher (Jean), X. III, 381. Haeeht (Guillaume van), X. II, 187. Haeck (Jean), X. n, 113. Haeghen (baronne van der), X. III, 141. Haeghen (Van der, photographe), X. IV, 205. Haelst (Jan van), X. I, 298. Haerens (E.), X. IV, 394. Haerne (Mgr Désiré de), X. III, 520 (cf. errata); X. IV, 155. Haerne (F. de), X. IV, 288. Hagemans (Paul), X. IV, 420. Hagenauer (Jean), X. III, 126. Hagenbach (Pierre de), X. I, 422. Hageveld, X. IV, 114. Hal, X. I, 365, 490; X. H, 147, 260; X. III, 308; X. IV, 305. Halen (don Juan van), X. III, 504, 508 (cf. errata). Hallet (M.), I. IV, 341. Haluin (Jean de), X. II, 17. Hamal (seigneur de, XIV^' siècle), X. I, 401. Hamal (Jean-Noël), X. III, 157. Hambourg, X. I, 474; X. II, 150; X. III, 396. Hamont (Michel de), X. II, 217. Hanau X. III, 337. Hannau (P.), X. IV, 397. Hansbeke, X. II, 496. Hanssens (Edmond), X. IV, 229. Hardenberg (Charles-Auguste, prince de), X. m, 405, 411. Hardenpont (J.-B.), X. III, 380. Hardinghen, X. IH, 153. Haren (W. van), X. III, 32. Harlay Bonnueil (N.A. de), X. III, 32. Haro (Luis de), X. III, 17. Harraeh (comte), X. IV, 385. Harrewyn (J.), X. m, 37, 99, 104. Harris (William), X. I, 250. Hart (Laurent-Joseph), X. IH, 525; X. IV, 44, 69. Hartgar (évêque de Liège), X. I, 53. Hasselt, X. II, 425; X. III, 182, 341, 345, 523; X. IV, 65, 112, 276, 396, 411. Hastière, X. II, 465. Hastings, X. I, 77. « Hausbuehmeister », X. II, 36. Haussy (De, ministre belge), X. IV, 83. Havay, X. IV, 383. Havre (Le) : voyez Le Havre. Havré, X. II, 320; X. IV, 420. Hayme de Bomal (famille de), X. m, 327. Haze (sieur de, vers 1631), X. II, 465. Heckt (Guillaume van der), X. IV, 154. Heere (Lucas de), X. II, 297 (cf. errata); X. IV, 428 (erratum du X. II, p. 142). Heers (Gérard de), X. I, 410. Heers (Jean de), X. I, 410. Heiligerlee, X. H, 273. Heine (Henri), X. IV, 387. Heine (Th.), X. IV, 230. Heins (Armand), X. I, 469; X. IV, 145, 194, 195. Heinsberg, X. H, 118. Heinsberg (Jean de, prince-évêque de Liège), X. I, 398. Heinsberg (Philippe de, archevêque de Cologne), X. I, 125. Helleputte (Georges), X. IV, 222, 243, 301. Helman (Isidore), X. III, 351. Helman (Jean), X. U, 149. Hemelryck (Jean-Louis Van), X. III, 433, 445. Hemptinne (famille de), X. III, 407. Hemricourt (Jacques de), X. I, 331. Hendriekx (H.), X. IV, 108. Hendrlckx (Paul), I. IV, 320. Henkart (Pierre-Joseph), X. III, 256, 279. Hennequin de Liège, X. I, 206. Henquinez (H.), X. FV, 397. Henri H [L'Aveugle] (comte de Luxembourg), X. I, 140. Henri IV (comte de Luxembourg), X. I, 163. Henri I"' (duc de Brabant), X. I, 147, 150, 160. Henri H (duc de Brabant), X. I, 100. Henri m (duc de Brabant), X. I, 158, 208. Henri IV (empereur), X. I, 69. Henri VII (empereur), X. I, 105, 280. Henri H (roi d'Angleterre), X. I, 312. Henri III (roi d'Angleterre), X. I, 174. Henri VH (roi d'Angleterre), X. II, 47. Henri VIII (roi d'Angleterre), X. II, 04. Henri I''"- (roi de France), X. I, 195. Henri II (roi de France), X. I, 270; X. II, 219, 222, 223, 325. Henri m (roi de France), X. II, 142, 361. Henri IV (roi de France), X. II, 391; X. III, 373. Henri de Carinthie (roi de Bohême), X. I, 280. Henri de Flandre (seigneur de Ninove), X. I, 329 Henri III de Gueldre (prince-évêque de Liège), X. I, 196 (cf. errata), 276. Henri de Hainaut (empereur de Constantinople), X. I, 146. Henri de Luxembourg (roi des Romains) : voyez Henri VII (empereur). Henri d'Orléans : voyez Orléans. Henriette (princesse de Belgique), X. IV, 259. Henriquel-Dupont (Louis), X. HI, 509. Henrlquez (Henri), X. III, 381. Henry (J.C.E., major), X. IV, 261. Hensehenius (Godefroid), X. H, 400. Hensmans (Martin), X. III, 451. Hérain (Jean), X. IV, 275. Herbosch (Pierre), X. III, 41. Herbouville (Charles, marquis d'), X. 111,355. Hériger de Lobbes, X. I, 146. Hermalle (famille Henri de), X. III, 89. Hermalle-sous-Huy, X. I, 277; X. III, 89. Herman (Michel), X. m, 263. Herrera (Juan), X. n, 247. Hersleven (J.), X. IV, 365. Herstal : voyez La Préalle. Hertling (Georges, comte von), X. IV, 407. Herve, X. IH, 182. Hess (peintre), X. IV, 74. Hesse (landgrave de, 1576) : voyez Guillaume rv. ; Hessels (André), T. n, 367. Heusch (sire de, 1740), T. m, 345. Heuvel (Jules Van den), T. IV, 286. Heuvelmans (F.), T. IV, 411. Héverlé, T. H, 99, 118; T. IV, 326. Voyez également Parc (abbaye de). Hex, T. m, 175, 256. Heyden (Pierre van der), T. II, 334. Heylbroeck (Séraphin J.), T. m, 139 (cf. errata). Heylissem (abbaye), T. II. 199. Heynderyckx (C.), T. IV, 357. Heyndrickx (K.), T. IV, 411. Heynsius (A.), T. III, 32. Heyst-op-den-Berg, T. IV, 222. Highs (Thomas), T. III, 379. Hildesheim, X. III, 82. Hilduin (évêque de Liège), X. I, 53. Hill (Rowland, lord), I. IV, 61. Hillegaert (Paul van), T. n, 397. Hinckaert (Philippe), X. I, 456. Hirtzhorn (Godefrold), I. II, 222. Hoboken, X. IV, 350. Hocsem (Jean de), X. I, 276. Hodlmont, I. III, 152, 182. Hoeck (J. Van den), X. U, 416. Hoefnagel (Georges), X. II, 273, 279, 337, 419. Iloensbroech (C.-F. de, prince-évéque de Liège), X. m, 255, 257, 260, 268, 279. Hoffmann (P.), X. IV, 394. Hoffmann von Fallersleben (A.H.), X. I, 108. Hoffschmidt (C. d ), X. IV, 83. Hogenberg (François), X. II, 91, 215, 250, 254, 255, 272, 278, 279, 283, 302, 310, 313, 321, 323, 329, 337, 345, 419, 459. Hogendorp (G. Ch. van), X. IV, 429 (erratum du X. m, p. 429). Hohenzollern-Sigmarlngen (M.L.A.C., princesse de, comtesse de Flandre), X. IV, 259. Holbeln le Jeune (Hans), X. n, 178. Hollar (Wenceslas), X. II, 416 (cf. errata); I. m, 90. Hollebeke (Bruno Van), X. m, 427. Holzminden, X. IV, 393. Hondius (J.), X. II, 477, 511. Hondschoote, I. II, 140. Hondt (Lambert de), X. m, 57 (?) Honnold (William L.), X. IV, 347. Hontheim (Jean Nicolas von), I. m, 204, 240. Hontoir (Arnold de), X. m, 91. Hoochstraeten (Michel van), X. II, 203. Hooghe (R. de), X. II, 366; I. m, 13. Hoogstraeten, X. II, 193, 266. Hoogvorst (baron E.C. van der Linden d'), X. m, 487, 496, hors-texte 504-505, 520. Hooren (Melchlsedech van), I. II, 243, 322. Hoover (Herbert), X. IV, 342, 343. Hore(n)bout (Gérard), X. II, 151 (?) (cf. errata). Hornes (Arnould de, prlnce-évêque de Liège), X. I, 407; X. IV, 428 (erratum du X. I, p. 401). Hornes (Jean de, évêque de Liège), X. I, 407; X. n, 99, 104. Hornes (Marguerite de, épouse d'Everard de La Marck), T. Il, 104. Hornes (Philippe de), X. n, 240, 272 (cf. errata), 274; I. IV, 158. Hornes (famille de), X. II, 104, 149. Hornes (seigneur de, XIV» siècle), X. I, 263. Hornes de Baucignies (Philippe de, sire de Gaesbeelf), X. II, 17. Hornu, I. IV, 305. Horst (N. Van der), X. II, 445. Houdon (Jean-Antoine), X. III, 296, 391. Houtart (baron Francis), X. IV, 37. Houtman (J.P.), X. UI, 500. Huart (baron Albert d', sénateur), X. IV, 259. Huart (baron Edouard d'), X. m, 523. Huber-Liebenau (von, général), X. rv, 371. Hubert (Saint, évêque de Maestrlcht), X. I, 28, 282, 333. Hubert (A., ministre), X. IV, 301. Hubert (Alfred), X. IV, 164. Hugo (Victor), X. IV, 96, 165. Hugonet (Guillaume, chancelier de Bourgogne), X. n, 21. Hugues (abbé de Lobbes), I. I, 109. Hugues (évêque de Liège), X. I, 53. Hugues (prévôt de Saint-Martin à Ypres), X. m, 117. Hugues d'Oignies, X. I, 215. Hugues de Pierrepont (prlnce-évêque de Liège), X. I, 151. Hugues de Sainte-Sabine (cardinal-légat), X. I, 218. Huldenberg, I. m, 329. Huist, X. n, 414. Huist (Jean-Baptiste van der), X. m, 461. Hulthem (C.J. Van), X. III, 505. Humbeeck (Van, parlementaire), X. IV, 203. Humbercourt (Gui de Brlmeu, sire de), X. n, 21. Humbert (René), X. m, 268. Humboldt (Guillaume, baron), X. m, 405. Humphred de Glocester : voyez Glocester. Hunin (J.), X. m, 238. Hurtado de Mendoza (Diego, comte de Me- llto), X. n, 94. Huxelles (Nicolas du Blé [ou Bled], marquis d'), X. ni, 75. Huy, X. I, 31, 37, 44, 51, 67, 185, 275; X. H, 99; X. m, 67, 193, 363; X. IV, 112, hors-texte 168-169. Huys (Fr.), X. II, 154. Huyssens (Pierre), X. H, 459, 515. Hymans (Paul), X. IV, 241, 286, 301. léna, X. rv, 393. Ignace de Loyola (Saint), X. H, 458; X. IV, 98. Imschoot (A.-J. Van), X. m, 229. Infantado (duc de 1'), X. m, 406. Inghen (Wouter van), X. I, 209. Ingram (Rex), X. III, 29. Ingres (J.-A.-D.), I. m, 314, 362. Innocent Vm (pape), I. II, 36. Innocent X (pape), I. m, 48, 51. Innsbruck, X. H, 22, 49, 153. Irebu, X. IV, 228. Isabelle (archiduchesse), X. I, 262; X. H, 360, 381, 384, 385, 392, 400, 403, hors-texte 404-405, 445, 446, 469, 477, 478, 481, 486, 497, 501, 502, 509, 515; X. m, hors-texte 40-41, 48, 304. Isabelle (reine de Castllle), X. II, 50. Isabelle de France (épouse d'Edouard II, roi d'Angleterre), X. I, 313. Isabelle de Habsbourg (sœur de Charles-Quint), X. II, 53, hors-texte 60-61. Isabelle de Portugal (épouse de Philippe le Bon), X. I, 382, 451. Isabey (Jean-Baptiste), X. m, 405; X. IV, 31. Isembourg (comte d', début du XVII» siècle), X. n, 225. Jackson (John), X. m, 491. Jacmln (Ingénieur), X. IV, 305. Jacob (P.), X. IV, 165. Jacobs (Victor), X. IV, 136, 203. Jacobsen (Jacob), X. H, 366. Jacqueline de Bavière (comtesse de Hainaut), X. I, 91, 372, 377, 378, 379, 380. Jacquemln (Charles) : voyez Loupoigne. Jacquemon de Nivelles, X. I, 216. Jacques H (roi d'Angleterre), X. m, 87. Jacques « Dalmonde », X. EC, 17. Jacques de Dixmude (Jules, baron), X. IV, 229, 303. Jagher (Arent de), X. H, 78. Jakemme (épouse de Georges de Munter, fille de Jean vander Brucghe), X. I, 470. Jamaer (Victor), X. m, 433. Jansenius (C., évêque d'Ypres), X. H, 506; X. m, 48, 49, 51, 115 (?), 117. Janson (Paul), X. IV, 67, 138, 203. Janssen (Ch.), X. IV, 341. Janssen (E.), X. IV, 341. Jardin (Edouard Du), X. IV, 166. Jaspar (H.), X. IV, 341. Jean I»' (comte de Namur, fils de Gui de Dampierre), X. I, hors-texte 176-177, 234, 252, 261. Jean n (comte de Namur), X. I, 259. Jean m (comte de Namur), X. I, 376. Jean I" (duc de Brabant), X. I, 162, 165. Jean H (duc de Brabant), X. I, 262, 270, 281. Jean m (duc de Brabant), X. I, 259, 263, 268 (cf. errata), 322, 329, 345. Jean IV (duc de Brabant), X. I, 371, 372; X. ni, 158. Jean in (roi de Portugal), X. H, 184. Jean VI (roi de Portugal), X. m, 405. Jean (Saint), X. I, 351. Jean d'Avesnes : voyez Avesnes. Jean l'Aveugle (roi de Bohême, comte de Luxembourg), X. I, 259; X. n, 223. Jean n le Bon (roi de France), X. I, 347. Jean de Bruges, X. n, 41. Jean-Casimir (comte palatin), X. n, 327, 342 (?). Jean de Flandre (prlnce-évêque de Liège), X. n, 429. Jean de France (duc de Berry), X. I, 372, 489 (cf. errata). Jean de Hainaut (sire de Beaumont), X. I, 259. Jean sans Peur (duc de Bourgogne), X. I, 370, 371, 373, 374, 394, 395, 397, 448. Jean-Baptiste (Saint), X. I, 361. Jean-Frédéric de Saxe, X. n, 89. Jeanne de Brabant (duchesse de Brabant), X. I, 281, 338, 344, 348, 350, 359. Jeanne de Castllle (épouse de Philippe le Beau), X. n, 46, 50, 53. Jeanne de Constantlnople (comtesse de Flandre), X. I, 210. Jeanne de Kent (épouse d'Edouard, prince Noir), X. n, 208. Jehay, X. n, 149. Jemappes, X. m, 294, 301, 356, 361, 384. Jenneval (Louis Déchez, dit), X. m, 510. Jérôme Bonaparte (roi de Westphalie), X. m, 364. Jérusalem, X. I, 212. Jésus-Christ, X. I, 56, 146, hors-texte 176-177, 213, 216, 333, 351; X. H, 13, 25, 55, 152, 181, 183, 190, 194, 200, 385; X. m, 85, 114, 226, 341, 369; X. IV, 116. Jimenez : voyez Ximenez. Jode (Pierre de), I. n, 507. Johns (H.), X. m, 523. Johnson (R.), X. IV, 311. Joinville (prince de) : voyez Orléans (Fran-çols-Ferd.-Phil.-Louis-Marie d'). Joliment, X. IV, 184. Jolly (André-Edouard), X. m, hors-texte 504-505, 520. Jonckx (A.T.M.), X. IV, 411. Jonghellnck (Jacques), X. n, 221, 229, 273. Jordaens (Jacques), X. m, 46. Joris (David), X. n, 204. Joseph n (empereur), X. I, 338; X. II, 385; X. m, 121, 128, 129, 136, 200, 201, 202, 204, 208, 210, 212, 215, 218, 221, 222, 227, 228, 236, 240, 275, 335, 406, 451. Joseph Bonaparte (roi d'Espagne), X. III, 354, 360, 504. Joséphine (princesse de Belgique), X. IV, 259. Jourdain (Jules), X. IV, 270. Jouvenel (Adolphe), X. IV, 83, 90, 113. Juan d'Autriche (don), X. n, 300, 309, 310, 311, 313, 314, 315, 320, 379, 435. Juan de Flandes, X. H, 46. Judith (fille de Charles le Chauve), X. m, 71. Jullers, X. m, 411. Juliers (Guillaume de, petit-fils de Gui de Dampierre, l'alné), X. I, 237, 238. Juliers (Guillaume de, petit-fils de Gui de Dampierre, le cadet, frère du précédent), X. I, 249, 250, 261. Juliers (Guillaume V de) : voyez Guillaume V (comte de Juliers). Juliers (Walram de, archevêque de Cologne), X. I, 259. Julio (G.), X. IV, 230. Jumet, X. rV, 195. Juste (Th.), X. IV, 19, 98. Juste-Upse, X. H, 407, 410. Justin (théologien), I. m, 438. K Kalken (F. Van), X. m, 42. Kaunitz-Bietberg (Wenceslas-Antoine, comte de), X. m, 126, 203, 222. Kay (horloger anglais), X. m, 379. Keldermans (R.), X. I, 476; I. H, 173. Kellermann (général), X. m, 264. Kellogg (Vernon), X. rv, 347. Kemp (John), X. I, 354. Kempe (Gilles de), X. I, 317. Kenyon (chef d'atelier à Manchester), X. in, 379, 396. Kerchove (Jan van den), X. m, 37. Kerckhove (Benoit vande), X. n, 182. Kerckhoven (Vanden, dessinateur), X. m, 502 Kerrickx (G.), X. m, 72. Key (A.T.), X. n, hors-texte 300-301. Keyser (D. De), X. IV, 262. Keyser (Isabelle De), X. IV, 128. Kilianus (Cornélius), X. n, 144 (cf. errata, X. n, p. 522). Klmpe (R.), X. IV, 412. Kinable (Jean), X. m, 181. Kindt (Adèle), X. m, 482. Klnsoen (F.), X. m, 455 (?). Kleef (J. Van) : voyez Clèves (Josse de). Klerk (Jan de) : voyez Boendale (Jan van). Knauer (Mario), X. IV, 173. Knlphuisen (comte van), I. m, 74, 75. Knocke, X. m, 76. Knbtel (H.), X. m, 408. Kockaert (Jean-Baptiste), X. m, 526. Koehler (colonel), X. m, 250. Koekelberg, X. IV, 367. Koersel, X. m, 40. Kolderer (Jôrg), X. n, 49 (?). Kolln, X. m, 123. Kijnigsegg (Lothaire, comte de), X. m, 100. Kriiger (Franz), X. IV, 95. Kruszewski (Ignace), X. IV, 50. KUchler (Rodolphe), X. IV, 295. Kurth (Godefrold), X. m, 86; X. IV, 221. Labadye (Charles-Toussaint), X. m, 329. Labls (Jean, évêque de Tournai), X. rv, 116. La Bourlotte (homme de guerre), X. n, 377. Labrador (Pedro-Gomez-Havela, comte de), X. m, 405. La Brlelle, X. H, 278. Labrousse (L.F.), X. ni, 324. La Cambre (abbaye à Bruxelles), X. IV, 139, 275. La Clef, X. m, 182. Lacroix (A.), X. IV, 164. Lactance (écrivain), X. m, 438. Lados (baron), X. n, 385. Laeken, X. n, 445; X. IV, 120, 123, 173, 219, 321. Laermans (Eugène), X. IV, 244. Laethem (Jacques van), X. n, 47. Lagae (Jules), X. rV, 353. Lagye (Victor), X. IV, 68. La Haye, X. I, 484; X. n, 255, hors-texte 300- 301, 358; X. in, 37, 65, 75, 203, 424, 434. Lahoese (De, graveur), X. m, 469. La Hulpe, X. ni, 143. Lalaing (Antoine de), X. n, 66. ! i ! f I i ; li:'!! ïfiHll: i'iii: iiji'l,:::; Lalaing (comte Jacques de), T. IV, 251. Lalaing (Philippe de, comte d'Hoogstraeten, t 1555), T. U, 119. Ijilaing (Philippe de), T. II, 347 (cf. errata, T. II, p. 522), 359. La Marck (Adolphe de, prlnce-évêque de Liège), T. I, 105, 259, 277, 327, 335. La Marck (Englebert de, prlnce-évêque de Liège), T. I, 333 (cf. errata). La Marck (Erard de, prlnce-évêque de Liège), T. II, 100, 101, 103, 105. La Marck (Everard IV de), T. H, 104. La Marck (Guillaume de), X. H, 321. La Marck (Guilaume de, seigneur de Lum- mel, dit «la Barbe»), T. n, 99, 104. La Marck d'Arenberg (Jean de), T. n, 99. La Marck (Robert de), T. U, 102. La Marck (famille), T. I, 407; T. II, 104, 149. Lamartine (Alphonse de), T. IV, 84. Lamb (Markus zum), X. n, 327. Lambermont, I. IV, 338. Lambermont (baron Auguste), X. IV, 213, 228. Lambert II (comte de Louvaln), X. I, 93. Lambert (Saint, évêque de Liège), X. I, 56 (cf. errata), 132, 333; X. H, 103, 420, 426, 429; X. m, 86, 87. Lambert (G.), X. IV, 271. Lambert (Mathieu), X. IV, 30. Lambert II de Bruges (évêque de Thérouan- ne), X. I, 143. Lambert de Saint-Omer, X. I, 29. Lambres (seigneur de, 1204), T. I, 206. Lambrichts (J.), X. IV, 385, 410. Lamennais (H.F.R. de), X. m, 456. La Montoire : voyez Zutkerqiie. Lampson (Dominique), X. IV, 428 (erratum du X. n, p. 184). Landas (Nicolas de), X. H, 270. Landen, X. IV, 52. Langenbergb (G.), X. IV, 341. Langres (évêque de, c. 1337), X. I, 316. Lannoy (Ch. De), X. IV, 333. Lannoy (Ghlllebert de), X. I, 440. Lannoy (Mathieu de), X. n, 367. Lannoy (famille de), X. III, 47. La Noue (François de), X. II, 353. Lanquesaint, X. II, 147. Lantmeter (Philippe de), X. II, 367. Lanvin (Jacques-Firmln) : voyez Hugo (Victor). Laon (évêque de, c. 1337), X. I, 316. La Panne, X. IV, 309. La Plante (dépend, de Namur), X. I, 22. La Préalle, X. IV, 265. Larmoyer (bourgeois de Liège), X. m, 299. Laroche, X. I, 84, 96; X. m, 375. La Bue (de, graveur), X. III, 216. La Ruelle (Sébastien de), X. n, 433, 434, 438. Las Navas (marquis de), X. II, 94. Lasne, X. m, 143. Lassus (Roland de), X. n, 188. Latour (C.F.), X. m, 240. La Xour d'Auvergne (Henri, prince de),X. IV, 134. La Xour du Pin (Frédéric-Séraphin, marquis de), X. m, 405 (cf. errata). Launay (Robert de), X. m, 354. Laurana (Francesco), X. II, 17. Laurent (Saint), X. L hors-texte 176-177; X. n, 247. Laurin (Jérôme), X. II, 173. Lauters (Paul), X. IV, 25. La vallée (préfet du département de Jemap- pes), X. ni, 361. Laveleye (Emile de), X. IV, 143. Lawrence (Sir Thomas), X. IV, 10, 39. Layens (Mathieu de), X. I, 495. Lazare (Saint), X. H, 167. Lebeau (Joseph), X. IV, 21, 60. Le Blond (éditeur), X. m, 25. Leboucq (Jacques), X. I, 349 (?); X. H, 228 (?). Le Brun (Charles), X. III, 173. Lebrun (Pierre), X. III, 210. Le Brun [Tondu] (Pierre), X. m, 311. Le Cateau, X. m, 312. Lecheilles (Jacques de), X. n, 450. Leclerc (famille), X. H, 208. Leclercq (Julien), X. IV, 20. Ledesma (capitaine-ingénieur), X. n, 366. Ledoux (Louis), X. m, 62. Ledru-Bolin (Alexandre), X. IV, 84. Leefdael, X. IH, 42. Leefdael (seigneur de, XIV siècle), X. I, 263. Leenen (commissaire de police à Liège), X. IV, 297. Leeuwarden, X. II, 232. Lefebvre (Charles), I. IV, 341. Lefebvre (famille), X. n, 208. Le Havre, X. IV, 345. Voyez également Sainte- Adresse. Le Hon (Charles), X. IV, 17. Leide, X. H, 275, 293, 354, 446; X. m, 500. Leide (Jean de), X. n, 203. Leigb (comte de Lancaster), X. m, 379. Leipzig, X. n, 198; X. IV, 108. Leizel (B.-F.), X. m, 223. Le Jeune (Grégoire), X. II, 450. Le Loup (Remacle), X. m, 178, 259, 380. Lemaire (H.), X. IV, 341, 349. Lemaître (V.), X. IV, 142. Léman (Gérard), X. IV, 290, 292. Lemarié (imprimeur), I. m, 268. Le Marlnel (Paul), X. IV, 229. Le Marteau, X. HI, 182. Lemercier (éditeur), X. IV, 43. Le Mire (Aubert), X. II, 385, 455. Le Mire (Jean, évêque d'Anvers), X. II, 455. Lemonnler (Camille), X. IV, 168. Lemonnler (Maurice), X. IV, 399. Lemonnler (dessinateur et lithographe), X.IV, 74. Lennick-Saint-Quentin, X. I, 364. Lenoncourt (Robert de), X. IV, 427 (erratum du X. L P- 27). Le Nôtre (André), X. III, 145. Leoben, X. HI, 409. Léon XH (pape), X. III, 450; X. IV, 114. Léon xm (pape), X. IV, 151, 220, 252. Léonard (Saint), X. II, 199. Leoni (Leone), X. II, 90, 115, 200, 268 (?). Leoninus (Albert), X. H, 270. Léopold (duc de Brabant, fils de Léopold II), X. IV, 239. Léopold (empereur), X. III, 44, 56, 101. Léopold H (empereur), X. m, 227, 244, 275. Léopold I" (roi des Belges), X. III, 435, 440, 521; X. IV, 14, 22, 23, 24, 25, 27, 30, 31, 35, 37, 38, 39, 40, 41, 43, 44, 45, 47, 48, 49, 61, 62, 74, 82, 83, 89, 90, 93, 94, 97, 98, 99, 102, hors-texte 104-105, 105, 107, 109, 111, 113, 120, 122, 123, 127, 149, 189, 266, 268, 270. Léopold n (roi des Belges), X. IV, 74, 89, 96, 102, hors-texte 104-105, 108, 109, 116, 127, 128, 129, 130, 131, 137, 140, 142, 153, 155, 190, 191, 193, 199, 209, 213, 215, 219, 221, 225, 226, 227, 228, 230, 231, 232, hors-texte 232-233, 235, 236, 238, 239, 259, 270, 276. Léopold ni (roi des Belges), X. IV, 259, 279, 287, 321. Léopold-Guillaume (archiduc d'Autriche, gouverneur des Pays-Bas), X. II, 403, 510; X. m, 14, 15, 43, 45, 117. Léopoldville, X. IV, 223. Lépante, X. H, 300, 315. Le Petit (Alfred), X. IV, 183. Le Plat (Gilles), X. EU, hors-texte 40-41. Le Poivre. (Pierre), X. H, 360, 366. Le Boux (Jean), X. II, 450. Leroux (Pierre), X. IV, 180. Leroy (Plerre-Jean-Baptiste), T. HI, 431. Leroy (famille), X. II, 208. Lessines, X. IV, 318. Leuthem, X. HI, 123. Leuze (Hainaut), X. IV, 318. Lewis [I"] (Frédéric-Christian), X. IV, 39. Lexhy (Libert de, seigneur de Jeneffe et de Lémont), X. H, 149. Leyden : voyez Leide. Leyen (Henri II de, prlnce-évêque de Liège), X. I, 407; X. HI, 86. Leyen (Nicolas van), X. H, 26. Leyniers (Urbain), X. HI, 103; X. IV, 400. Lhermite (Jehan), X. H, 340. Libert (G.), X. H, 425. Liberti (nom mérovingien), X. I, 53. Libramont, X. HI, 83. Lichtervelde (famille de), X. IH, 71. Liédet (Loyset), X. L 397, 439, 445, 484 (?). Liedts (Ch.), X. HI, 519, 522. Liefkenshoek, X. III, 528. Liefrlnck (Jean), X. H, 275. Liège, X. I, 51, 55, 111, 141, 150, 393, 409, 432; X. H, 48, 97, 104, 105, 233, 419, 421, 424, 425, 426, 427, 428, 429, 431, 432, 433, 434; X. HI, 79, 83, 85, 86, 87, 88, 89, 90, 176, 177, 178, 182, 185, 188, 189, 190, 191, 192, 210, 255, 256, 261 (cf. errata X. HI, p. 534), 262, 263 (cf. errata X. m, p. 534), 264, 265, 266, 267, 268, 269, 277, 279, 280, 299, 305, 311, 314, 325, 327, 329, 332, 344, 356, 362, 370, 374, 393 (?), 411, 443, 473, 480, 488, 492, 495, 499, 504, 510; X. IV, 19, 27, 52, 60, 80, 90, 112, 114, 117, 118, 138, 143, 194, 213, 217, 220, 221, 230, 240, 251, 290, 292, 295, 297 (?), 314, 345, 351, 356, 366, 368, 393, 397. Voyez également Saint-Jacques (abbaye), Saint-Laurent (abbaye). Llenhart (historien), X. m, 268 (cf. errata). Lierre, X. H, 454, 465; X. IH, 10, 369; X. IV, 291. Liesse, I. H, 460. Liesvelt (Thierry van), X. H, 270. Lieven (Christophe), X. IV, 26. Liez (N.), X. IV, 134. Ligne (Charles-Joseph de), X. IH, 123, 169, 173. Ligne (Claire-Marie de Nassau, princesse de), X. H, 415. Ligne (Claude-Lamoral II de), X. m, 145. Ligne (Eugène, prince de), X. IV, hors-texte 104-105, 149. Ligne (Jean de, comte d'Arenberg), X. 11,256. Ligny (A.), X. FV, 68. Ligny (J.), X. IV, 15. Ligny-en-Barrois, X. H, 355. Lille, X. I, 237, 322, 372, 448, 449; X. II, 473; X. m, 21, 57; X. IV, 84. Lillieroot (N.), X. ra, 32. Lillo, X. IH, 128, 528. Limbourg, X. IH, 215. Limbourg (Simon de, prlnce-évêque de Liège), X. m, 86. Limoges, X. H, 147. Lincoln, X. I, 354. Linden (Joseph Van der), X. IH, hors-texte 504-505. Linden d'Hoogvorst (baron E.-C. van der) : voyez Hoogvorst. Linné, X. I, 317. Liotard (Jean-Etienne), X. III, 122 (cf. errata). Lisbonne, X. H, 153; X. IV, 224. Lisseweghe, X. I, 170. Voyez Xer Doest (abbaye). Hvienus [Lievin ou Lieven] (pelntre-mlnla-turlste), X. H, 151 (?). Livingstone (David), X. IV, 227. Lixaldius (Fr.), X. H, 287. Lobbes (abbaye), X. L 109, 110. Lobbrecht (François), X. I, 238. Lobo (Joachim, comte de), X. IH, 405. Lodelinsart, X. IV, 197, 272. Lodron (comte), X. II, 90. Logne : voyez Vieuxville. Lombartzyde, X. I, 465; X. IV, 331. Loncin, X. IV, 199, 291, 292. Londres, X. H, 273, 501; X. HI, 224, 396, 414, 440, 490; X. IV, 9, 23, 24, 26, 37, 61, 74, 133, 134, 149, 230, 260, 347. Longren (M.-F. Van), X. IH, 40. Loo (Florimond Van), X. IV, 180. Loonbeek, X. IH, 329. Loornis (F.O.W.), X. IV, 422. Lootins (Alexandre), X. H, 183. Lootins (Jeanne), X. H, 183. Looz, X. I, 318; X. IH, 175. Looz (François), X. IV, 120. Looz-Corswarem (duc de), X. III, 381. Lopez (marchand), X. H, 161. Lorgnier (médecin-major), X. IV, 304. Loriquet (Jean), X. IV, 98. Lorraine (Charles de, duc d'Aumale), X. H, 225 Lorraine (Charles de, duc de Basse-Lotharingie) : voyez Charles de Lorraine. Lorraine (Charles de, duc de Mayenne), X. H, 371. Lorraine (Charles de, gouverneur des Pays-Bas), X. n, 385; X. m, 70, 134, 135, 136, 139, 147, 155, 167, 169, 203, 304, 342. Lorraine (Louis de, cardinal de Guise), X. H, 274. Lorraine (Louise de, épouse de Henri III, roi de France), X. H, 142. Lorris (Guillaume de), X. I, 207. Lostelneau (sieur de), X. H, 405 (cf. errata). Lothaire I»' (empereur), X. I, 44. Lothaire IH (empereur), X. I, 54. Lothaire H (roi de France), X. I, 58. Lotther (Melchlor), X. H. 198. Loubet (Emile), X. IV, 230, 281. Louis (comte de Looz), X. I, 259. Louis (fils de Robert de Béthune, comte de Nevers), X. I, 261. Louis (Dauphin, fils de Louis XV), X. HI, 124. Louis IH (empereur), X. I, 108. Louis HI (roi de Bavière), X. IV, 302. Louis VIH (roi de France), X. I, 407. Louis IX (Saint, roi de France), X. I, 164, 231 (cf. errata), 407. Louis X [Le Hutln] (roi de France), X. I, 253. Louis XI (roi de France), X. I, 402, 405, 407, 419; X. H, 14, 17, 20, 30, 32. Louis XII (roi de France), X. H, 41, 49, 56. Louis XIH (roi de France), X. H, 401. Louis XIV (roi de France), X. IH, 18, 19, 22, 24, 29, 30, 31, 37, 51, 55, 65, 68, 71, 75, 77, 79, 83, 87, 89, 100, 186. Louis XV (roi de France), X. IH, 124, 125, 185, 245; X. IV, 69. Louis XVI (roi de France), X. m, 129, 268, 286, 288, 319, 370. Louis XVIH (roi de France), X. m, 405. Louis H (roi de Hongrie), X. H, 113, 385. Louis de Bavière (empereur), X. I, 279. Louis de Bruges (seigneur de Gruuthuse), X. I, 429, 473, 496; X. H, 17, 41, 167. Louis de France (grand dauphin), X. IH, 55. Louis le Germanique (roi de Germanie), X. I, 44. Louis le Gros (roi de France), X. I, 128. Louis de Maie (comte de Flandre), X. I, 329, 349, 351 (?) (cf. errata), 353, 372. Louis de Nevers (comte de Flandre), X. I, 261, 262. Louis le Pieux (empereur), X. I, 40. Louis-Philippe (roi des Français), X. m, 481, 509; X. IV, 15, 17, 18, 30, 31, 38, 40, 45, 49. Louise d'Angoulême, X. H, 68. Louise-Marie (reine des Belges), X. IV, 30, 31, 40, 89, 99, 109, 123, 269, 339. Loupoigne, T. IH, 329. Loupoigne (Charles de), X. m, 329. Louvain, X. I, 131, 179 (cf. errata), 180, 217, 281 (cf. errata), 337, 338, 462, 491, 495, 497, 501; X. H, 24, 48, 144, 147, 175, 179, 180, 199, 200, 201, 222, 270, 454, 455, 506; X. IH, 37, 49, 72, 155, 158, 165, 227, 264, 329, 335, 449, 451, 473, 495, 496; X. IV, 27, 43, 45, 51, 52, 63, 65, 112, 114, 143, 176, 224, 252, 299, hors-texte 312-313, 388, 391, 394, 407, 424, Voyez également Héverlé et Sainte-Ger-trude (abbaye). Louveciennes, X. IH, 186. Louvrex (famille de), X. III, 89. Liiwenhielm (Charles - Auguste Nordberg, comte de), X. IH, 405. Loybos (van), X. II, 460. Loyet (Gérard), X. I, 409. Lubeck, X. I, 474; X. H, 150. Lucques, X. I, 278, 493. Luders, X. HI, 82. Luft (Hans), X. H, 202. Lufungula (chef noir), X. IV, 224. tulle (Raymond), T. I, 253. Luluabourg, T. IV, 228, 229. Lummel, X. H, 99. Lumor (E.), T. IV, 377, 394. Luther (Martin), T. II, 197, 198, 200, 202, 341. Lutma le Vieux (J.), T. H, 405. luttre, T. IV, 52. Luttwitz (Frelherr von), T. IV, 310, 325. Luxembourg, T. II, 253, 432; T. III, 28, 215, 228, 321, 356, 411, 528; T. FV, 11, 134. Luxembourg (Baudouin de, archevêque de Trêves), T. I, 265, 280. Luydinck (Paul), T. n, 157. Luytgaerens (Jean, chanoine) T. IV, 395. Lyna (F.), T. I, 343. Lyon, T. m, 83, 143. M Maanen (C.F. van), T. III, 439. Mabillon (Dom Jean), T. I, 108. Macaire (Robert), T. IV, 180. Macao, T. m, 112. Macar (Adolphe de), T. IV, 229. Madou (Jean-Baptiste), T. m, 501, 504; T. IV, 25. Madrid, T. H, 123, 125, 140, 225, 247, 259, 300, 315, 501. Madyol (Jacques), T. IV, 345. Maekeblijde (Louis), T. n, 457. Maerlant (Jacob van), T. I, 166, 167, 209 (?), 212, 214. Maes (chanoine de Saint-Martin à Ypres), T. m, 117. Maeseyck, T. I, 35; T. IV, 112. Maestricht, T. I, 31, 51, 59, 160, 178 (cf. errata), 274; T. n, 360, 399, 425; T. HI, 356, 411, 528. Maeterlinck (Maurice), T. IV, 280. Magnus Maximus (empereur), T. I, 24. Magnussen (Slgurd, roi de Norvège), X. I, 286. Maillart (Phlllppe-J.), X. m, 326. Maisières, X. IV, 296. Malapar (Louis de), X. n, 367. Maldeghem (Romain-Eugène Van), X. IV, 89. Maler (Hans), X. II, 22. Malines, X. I, 267, 273, 281, 313, 489; X. H, 21, 45, 48, 51, hors-texte 60-61, 62, 116, 138, 141, 147, 148, 173, 232, 270, 284, 286, 404, 457, 460, 499, 502, 517; X. m, 40, 100, 150, 155, 203, 238, 242, 301, 335, 366, 411; X. IV, 26, 51, 52, 65, 112, 122, 252, 266, 283, 352, 365, 394. Malines (seigneur de, XIV« siècle), X. I, 263. Malmédy (abbaye) : voyez Stavelot (abbaye). Malou (Jean-Baptiste, évêque de Bruges), X. IV, 116. Malou (Jules), X. IV, 142, 192, 193. Malouel (Fol), X. I, 489. Malpiaquet, X. III, 57, 68. Malte (Martin), X. HI, 50. Mambour (citoyen de Mons), I. m, 329. Manage, X. IV, 305. Manassès (évêque de Cambrai), X. I, 133. Manchester, X. m, 379, 396. Mancicidor (Jean de), X. II, 477. Mann (abbé), X. m, 103. Mannheim, X. HI, 136. Mansfeld (Charles de), X. II, 371. Mansfeld (Pierre-Ernest de), X. n, 253, 299, 302, 326, 360. Manutius (Aldus), X. II, 202. Maquet (Henri), I. IV, 231, 275. Marcke, X. rv, 338. Marbais (seigneur de, 1530), X. n, 123. Marbehan, X. m, 381. Marbot (Alfred de), X. III, 268. Marc-Aurèle (empereur), X. I, 34. Marcellin (évêque d'Amiens), X. I, 86. Marche (de, avocat), X. II, 432. Marche-en-Famenne, X. II, 313; X. m, 210, 411; X. IV, 112, 350. Marchienne (seigneur de, KIY"! siècle), X. I. 401. Marende (Jean de), X. II, 112. Marguerite d'Autriche (gouvernante des Pays-Bas), X. I, 489; X. n, 29, 54, hors-texte 60-61, 66, 67, 68, 69, 70, 112, 173, 187, 221. Marguerite de Bavière (épouse de Jean sans Peur), X. I, 374. Marguerite de Bourbon, T. II, 70. Marguerite de Bourgogne (comtesse de Hal-naut), X. I, 379. Marguerite de Brabant (épouse de Louis de Maie), X. I, 351 (?) (cf. errata). Marguerite de Constantinople (comtesse de Flandre), X. I, 165, 172, 173. Marguerite de Maie (comtesse de Flandre), X. I, 358, 362. Marguerite de Parme (gouvernante des Pays-Bas), X. II, 227, 245, 246, 250, 284. Marguerite d'York (épouse de Ch. le Téméraire), X. I, 419; X. II, 14, 15, 173. Marianne (princesse des Pays-Bas, fille de Guillaume !»■■), X. III, 430. Marie (Vierge), X. I, 103, 185, 213, 300, 308, 333, 351, 454, 479, 490, 491; X. II, 25, 69, 152 (cf. errata), 156, 167, 190; X. III, 341, 369; X. IV, 263, 275. Marie de Bourgogne (duchesse de Bourgogne), X. I, 416; X. n, 13, 14, 16, 17, 18, 20, 22, 23, 24, 25, 27, 29; X. m, 86. Marie de Hongrie (gouvernante des Pays-Bas), X. H, 53, hors-texte 60-61, 79, 86, 90, 91, 113, 173, 184, 320, 385. Marie Xudor (reine d'Angleterre), X. H, 184, 218. Marie-Amélie (épouse de Louis-Phlllppe, roi des Français), X. IV, 15, 30. Marie-Antoinette (reine de France), X. HI, 121, 173. Marie-Elisabeth d'Autriche (gouvernante des Pays-Bas), X. HI, 113, 116. Marie-Henriette (reine des Belges), X. IV, 96, 102, 109, 135, 137, 167, 225, 239, 259, 276. Marie-José (princesse de Belgique), X. IV, 287, 321. Marie-Louise (impératrice), X. HI, 327, 364. Marie-Madeleine (Sainte), X. I, hors-texte 176-177. Marie-Xhérèse (reine de France), X. HI, 19, 31. Marie-Thérèse d'Autriche (impératrice), X. H, 385; X. m, 70, 121, 122, 123, 125, hors-texte 136-137, 152, 155, 159, 203, 204, 335, 436; X. IV, 69, 96, 130. Mariemont, T. H, 393; X. HI, 106, 173, 203, 380, 420; X. IV, 22, 154. Marienweerd (abbaye), X. I, 212. Marignan, T. H, 76. Marin (Jacques), X. IV, 353. Marlborough (duc de) : voyez Churchill (John). Marlet (membre du Congrès National), X. IV, 17. Marly, X. m, 186. Marne (J.B. de), X. IH, 160. Marnix [de Salnte-Aldegonde] (Charles, grand maréchal de la Cour), X. rv, 102. Marnix de Sainte-Aldegonde (Philippe), X. H, 189, 248 (cf. errata), 356, 367, 511 (cf. errata). Marseille (Olllvler de), X. HI, 162. Martelange, X. m, 411. Martens (Frédéric), X. HI, 465. Martens (L.), T. IV, 153. Martens (Thierry), T. H, 174, 175, 200. Martin (Charles), T. H, 512. Martin (Jean-Baptlste), X. m, 21, 29 (?), 113. Martin de Louvain, X. I. 323. Martinet (dessinateur), X. m, 483. Marvis (Walter de, évêque de Tournai), X. I, 219. Marx (Karl), T. IV, 77. Mary (épouse de Georges V, roi d'Angleterre), X. IV, 23. Maseré (Mlle), X. IV, 263. Masnuy Saint-Pierre, T. IV, 305. Massart (Théophile), X. IV, 184. Masson (F.), T. HI, 364. Mathias (archiduc), X. H, 319, 342. Mathias (Saint), T. H, 65. Mathilde [de Flandre] (épouse de Guillaume le Conquérant), X. I, 77 (cf. errata), 79. Matuszewic (diplomate russe), X. IV, 9, 26. Maubeuge, X. I, 92; X. H, 201, 460. Maurin (Antoine), X. IV, 43. Maurisset (graveur), X. HI, 376. Max (Adolphe), X. IV, 259, 310, 328, 399. Maximilien (archiduc d'Autriche, empereur du Mexique), X. IV, 99. Maximilien d'Autriche (empereur), X. I, 488; X. H, 23, 24, 25, 26, 29, 30, 35, 36, 37, 38, 44, 49, 55, 56, hors-texte 60-61, 69, 173, 201. Maximilien d'Autriche (électeur de Cologne), X. HI, 129. Mazarin (Jules, cardinal), X. m, 17, 190. Mazerolles (Philippe de), X. I, 359. Mazius (Arnould), X. H, 313. Méan (François de, prince-évêque de Liège, archevêque de Malines), X. IH, 436, 450. Méan (famille de), X. IV, 217. Médicis (famille), I. I, 459, 492. Voyez également Catherine de Médicis. Meere (Van der, général), T. IV, 48. Meersch (J.A. Van der) : voyez Mersch (J.A. Van der). Meert (Hlppolyte), T. IV, 409. Meert (Léo), X. IV, 411. Meester de Heyndonck (Anatole de), X. IV, 99. Meester de Heyndonck (François de), X. IV, 99. Meganck (J.), X. H, 367. Meire (Gérard van der), X. II, 151 (?) Mellaerts (J.F.), X. IV, 222. Mellier, T. IH, 381. Mellinet (Anne-Francois), X. IV, 26, 84. Mélot (Egide), X. IV, 105. Melun, X. I, 152. Melun (Hugues de, comte d'Eplnoy), T. H, 92. Melun (Robert de), X. H, 347. Memlinc (Hans), X. I, 466, 492 (cf. errata X. I, p. 514); X. H, 14, 136, 151 (?). Memlinc (Herman), X. I, 492. Ménard (Quentin, archevêque de Besancon), X. I, 455. Mendoza (Francisco de, amiral d'Aragon), X. II, 387. Mèneville, X. I, 231 (cf. errata). Menln, X. m, 76. Mercator (Gérard), X. H, 180. Mercier (Désiré, cardinal), T. IV, 251, 252, 259, 311, hors-texte 312-313, 328, 374. Merlin (Philippe, de Douai), T. m, 305, 437. Mérode (comte Félix de), X. IH, hors-texte 504-505, 520; T. IV, 17. Mérode (comte Frédéric de), T. HI, 511. Mérode (Guillaume de), X. II, 367. Mérode (comte J. de), X. IV, 341. Mérode (Richard IV de), X. II, 118. Mérode (Werner de), X. IV, 22. Mersch (F.J. Van der), X. IH, 245. Mersch (J.A. Van der), X. HI, 214, 238, 245. Mertens (F.H.), X. IV, 168. Merveldt (Maximilien comte de), X. IH, 409. Merxplas, X. IV, 338. Méryon (Charles), X. I, 232. Mesnager (Nicolas Le Ballllf, dit), X. HI, 75. Messine (Antonello de), X. H, 151 (?) Met (Christophe de la), T. I, 490. Metdepenningen (Hlppolyte), I. IV, 58. Meteren (Emmanuel van), X. H, 190. Metsys (Jean), X. H, 156. Metsys (Quentin), X. H, 59 (?), 159, 174 (?), 177, 181. Metternich (Clément - Wenceslas - Lothalre, prince de), X. m, 405, 417; X. IV, 59, 73. Metz, T. I, 34, 70. Meulen (François Van der), X. HI, 21, 31. Meulen (Jean Van der), X. m, 44. Meung (Jean de), X. I, 207. Meunier (Constantin), X. IV, 160, 173, 179. Meyer (Henri de), T. H, 411. Meyssens (Corneille), X. m, 82. Meyssens (Jean), X. IH, 82. Meyt (Conrad), X. H, 70. Meyt (Thomas), X. H, 70. Meytens [le Jeune] (Martin von), X. HI, hors-texte 136-137 (?). Micault (Marguerite), X. H, 110. Michaut (Auguste-François), X. HI, 430, 442. Michaux (citoyen de Paris), X. HI, 336. Michel (Saint), X. I, 480; X. IV, 103, 355. Michel Ange, X. H, 183. Micoud d'Umond (Charles), X. m, 381. Middelbourg, X. I, 449; X. H, 232, 279, 281. Miélot (Jean, chanoine de Salnt-Plerre à Lille), X. I, 460, 484. Mighuna et VVeizenar (comtesse de), X. HI, 436. Mignon (Léon), X. IV, 215. Milan, X. H, 153, 364. Milhaud (J.-B.), T. IH, 315. Millot (Claude), X. m, 268. Minnaert (M.), X. IV, 394, 412. Minuit (Pierre), X. H, 450. Mirabeau ( Vlctor-Riquetl, marquis de), X. HI, 181. Miraeus (A.) : voyez Le Mire (A.). Miraflores, X. H, 50. Miry (Charles), X. IV, 175. Mobbertingen (seigneur de, XIV® siècle), X. I, 401. Modave, X. IH, 83. Mol (Henri de), X. I, 500. Mollijns (Jean), X. H, 148. Molniser (Boldln), X. I, 216. Moltke (Helmuth von), X. IV, 285. Moncada (don Francisco de, marquis d'Ay- tona), T. H, 402. Moncornet (B.), X. H, 437. Mondragon (Christophe), X. H, 281. Mone (Jean), X. H, 66. Monnet (Charles), X. IH, 351. Monnin (Marc-Antoine), X. IH, 409. Monod (Gabriel), X. IV, 221. Mons, X. I, 83, 91, 92, 129, 136, 165, 172, 176, 190, 197, 365, 379; X. H, 18, 39, 48, 158, 186, 270, 343, 360, 426, 460, 462, 477; X. HI, 29, 59, 62, 73, 142, 146, 202, 210, 212, 215, 218, 220, 264, 294, 300, 330, 376, 384, 495, 519; I. IV, 20, 52, 67, 112, 114, 121, 271, 293, 305, 318, 325, 422. Mons-en-Pévèle, X. I, 229, 251, 252; X. IV, 199. Monseu (sieur), X. IV, 196. Monstrelet (Enguerrand de), X. I, 373, 377, 395, 489. Montagne (M. de la), X. II, 450. Montaigle : voyez Falaën. Montaigu, X. H, 393, 469. Montald (Constant), X. IV, 248. Montalivet (Jean-Pierre Bachasson, comte de), X. HI, 361. Mont-Benoît (abbaye), T. H, 62. Montereau, X. I, 370, 373. Monterey (comte de) : voyez Cuniga (don Juan de). Montignies-Saint-Christophe, X. I, 121 (cf. errata). Montorgueil : voyez Dinant. Montoyer (L.J.), X. HI, 133, 227. Montplainchamp, X. IV, 233. Mont-Saint-Amand, X. IV, 174. Mont-Saint-Jean, X. IH, 415. Moor (Clément de), X. H, 447. Mora (Francisco de), X. H, 247. More (Thomas), X. H, 48, 175, 197. Moreau (Alphonse de), X. IV, 193. Moreau (famille de), X. IH, 89. Moreel (Guillaume), X. H, 136. Moretus (Balthazar), I. H, 462. Morlanwelz, X. IH, 435; T. IV, 154. Moro (Antonio), X. H, 83, 105, 184, 218, 230, 234, 235, 245, 248. Mortier (comte Barthélémy Du), X. IV, 49. Mortier (Pierre), X. HI, 20, 28. Morus (Thomas) : voyez More (Thomas). 1 il 'MB Mosschere (Guillaume de, châtelain de Cour- trai), T. I, 250 (?) (cf. errata). Moucheron (Balthazar), T. n, 367. Moulin (dépend. d'Ans), T. I, 432. Moulinas (G.), T. IV, 397. Moulins (maître de), T. I, 454. Moullart (Mathieu, évêque d'Arras), T. H, 347. Mounier (famille), T. H, 208. Moura (don Francisco de, marquis de Castel-Rodrlgo, gouverneur-général des Pays-Bas) T. III, 19. Moura (don Manuel de, marquis de Castel- Rodrlgo), T. n, 415. Mouscron, T. IV, 52, 84. Mouscron (Alexandre), T. n, 183. Mouscron (Jean), T. U, 183. Mousitet (Philippe), T. I, 210. Mouza (André de), T. m, 381. Moyson (Emile), T. IV, 180. Mozin (Charles), T. III, 465. Muhlberg, T. H, 89. Mulcken (Aert Van), T. II, 97. Mulier (Guillaume), T. II, 78. Muller (Fr.), X. m, 501. Mulweba, T. IV, 228. Munich, T. II, 188, hors-texte 300-301; T. IV, 230, 410. Munich (Lucas), T. n, 229. Munster (Westphalle), T. II, 156, 203, 407, 415, 416 (cf. errata), 417; T. IV, 326. Munster (Sébastien), T. II, 144, 239. Munsterbilsen (abbaye), T. I, 100. Munter (Georges de), T. I, 470. Muquardt (Ch.), T. IV, 108, hors-texte 168-169. Murât (Achille), T. IV, 15. Murât (Joachim, roi de Naples), T. m, 364. Murbach, T. m, 82. Muyden (H. van), T. IV, 230. Myns Heeren (Jean), T. H, 156. N Naarden, T. HI, 22. Naissant (Jean), T. IV, 83. Nampoa, T. III, 112. Namur, T. I, 18, 31, 92, 128, 186, 416; T. H, 45, 123, 232, 313, 465, 492, 515; X. m, 31, 74, 76, 83, 106, 142, 146, 169, 215, 231, 358, 460, 473, 474, 527; T. IV, 52, 112, 121, 138, 213, 240, 293, 295, 296, 396. Voyez également La Plante. Nancy, T. I, 415; T. III, 268. Nantriberi (nom mérovingien), T. I, 53. Napoléon 1" Bonaparte (empereur), T. m, 289, 314, 327, 351, 353, 354, 355, 357, 359, 361, 362, 363, 364, 365, 366, 380, 381, 390, 391, 394, 395, 396, 398, 409, 413, 415, 439, 460; T. IV, 15. Napoléon m (empereur des Français), T. IV, 74, 95, 98. Narbonne, T. H, 56. Narbonne-Lara (comtesse de, fin XVIIIe siècle), X. IV, 21. Nassau (Anna Paulowna, princesse d'Orange) : voyez Paulowna. Nassau (Claire-Marie de, princesse de Ligne) : voyez Ligne. Nassau (Ernest-Casimir de), T. n, 397. Nassau (Frédéric-Henri de), T. n, 397, 399, 405, 414, 454. Nassau (Guillaume d'Orange, prince de), T. n, 92, 156, 221, 230, 231, 240, 272, 276, 279, 281, 286, 287, 288, 294, hors-texte 300-301, 303, 309, 319, 321, 351, 353, 354, 355, 358, 362. Nassau (Guillaume de, roi des Pays-Bas): voyez Guillaume I»"- (roi des Pays-Bas). Nassau (Guillaume II de, prince d'Orange, puis roi des Pays-Bas) : voyez Guillaume n (roi des Pays-Bas). Nassau (Guillaume III d'Orange, Stadhouder de Hollande), T. III, 44, 70, 87. Nassau (Guillaume V de, Stadhouder de Hollande), T. III, 434. Nassau (Guillaume-Fr.-Ch. d'Orange, prince des Pays-Bas), T. lU, 430, 502, 507, 528. Nassau (Guillaume-Louis, comte de), T. II, 389 Nassau (Henri III, comte de), T. I, 105; T. II, 355. Nassau (Maurice de), T. n, 394. Nassau (famille de), T. U, 237; T. ni, 411. Navarre (roi de, c. 1337), T. I, 316. Navez (François-Joseph), T. III, 407, 475, 523 Necker (Jacques), T. m, 370. Neerwinden, X. III, 306. Nélis (Corneille-François de, évêque d'Anvers), T. III, 227. Nemours (L.-C.-P.-R. d'Orléans, duc de) : voyez Orléans. Nesselrode (Charles-Robert, comte de), T. m, 405. Neuenkirchen, T. HI, 411. a Neuf-Avesnes », T. II, 450. Neufchâteau, T. H, 233; T. ni, 489; T. IV, 112, 233. Neumagen, T. I, 19. Neumann (Jacob-Friedrich), T. m, 267, 273. Neumann (L.-T.), T. in, 308. Neuville-en-Condroz, X. m, 83. Nevele (famille van), T. m, 71. New-York, T. U, 450, 467; T. IV, 347. Neyen (Jean de), T. n, 477. Nicaise (Saint), T. I, 161. Nicolas I«' (tsar), T. UI, 377. Nicolas de Bruges, T. I, 491. Nieuport, T. I, 465; T. U, 389. « Nieuw Amsterdam », T. II, 450. Nieuwe Damme, T. U, 496. Nieuwenhuyzen (Jean), T. lU, 474. Nieuwenhuyzen (Martin), T. III, 474. Nil-Saint-Martin, T. in, 329. Nll-Saint-Vincent, T. I, 336. Nimègue, T. m, 25. Nimy, T. IV, 99. Ninove (Léon), T. IV, 365. Nivelles, X. I, 44, 76, 147, 216, 371; T. m, 329; X. IV, 112. Nivelles (abbaye), X. I, 76. Nivot (orfèvre), X. m, 354. Noailles (Anne-Jules, duc de), X. III, 55. Noailles (Louls-Joseph, comte de) X. UI, 405. Noircarmes (Jean de), X. n, 347 (cf. errata I. n, p. 522). Noirmont (Dunoyer de), X. m, 268. Noisin (Antoine), X. U, 70. Noort (Lambert Van), X. II, 156. Noot (Gheldof van der), X. Il, 20. Noot (Henri-Charles-Nicolas van der), X. m, hors-texte 216-217, 224, 236, 247, 249, 297. Noot (Thomas Vander), X. U, 196. Noot (famille van der), X. m, 47. Norbert (Saint), X. U, 199; X. m, 158. Normandie (duc de, c. 1337), X. I, 316. Noronha (ile F. de), X. in, 107. Notger (prlnce-évêque de Liège), X. I, 55 (cf. errata), 56 (cf. errata X. I, p. 514); X. n, 97. Nothomb (J.-B.), X. m, 519, 522; X. IV, 22, 69, 120. Noye (Sébastien Van), X. H, 225 (?). Noyon, X. U, 233. Noyon (évêque de, c. 1337), X. I, 316. Nuremberg, X. n, 64, 153. Nuyttens (Joseph), X. IV, 421. Nyssens (Albert), X. IV, 206. o Obrie (J.), X. IV, 394. Odevaere (Joseph), X. m, 365. Odon (évêque de Tusculum), X. I, 164. Ogier (G.), X. n, 516. Chain, X. m, 143. Glanda (Francesco de), X. IV, 428 (?) (erratum du X. n, p. 289). Oldenbarnevelt (Jean van), X. n, 389. Omer (Saint, évêque de Thérouanne), X. I, 29. Oneux, X. m, 182. Ongeval (P. Van), X. IV, 397. Ongkena (Charles), X. IV, 58. Oombergen (famille), X. IV, 218. Oostakker, X. m, 371. Oostkerke, X. I, 170. Ophovius (Michel, évêque de Bois-le-Duc), X. n, 454. Opitz (Georges), X. m, 400. Oporinus (Jean), X. n, 180. Orange-Nassau (famille d') X. IV, hors-texte 56-57. Voyez également Nassau. Orban (Henri-Joseph), X. IV, 117. Ordonez (Bartholomé), X. n, 50. Orion (caricaturiste), X. IV, 230. Orléans (Adélaïde, princesse d', sœur de Louis-Philippe), X. IV, 30. Orléans (Clémentine, princesse d', fille de Louis-Philippe), X. IV, 30. Orléans (Ferdinand-Philippe-Louis-Charles-Henri, duc d'), X. IV, 17, 30. Orléans ( Françols-Ferdinand-Philippe-Louls-Marie d', prince de Joinville), X. IV, 30. Orléans (Gaston d'), X. in, 18. Orléans (Henrl-Eugène-Phillppe-Louis d', duc d'Aumale), X. I, 489; X. IV, 30. Orléans (Louis-Charles-Philippe-Raphaël d', duc de Nemours), X. IV, 15, 17, 18, 30. Orléans (Marie, princesse d', fille de Louis-Philippe), X. IV, 30. Orley (Bernard Van), X. n, 57, 67, 69 (?), 73, 113. Orme (Ed.), X. m, 414. Orquois (Jean), X. H, 70. Ors, X. m, 312. Orteiius (Abraham), X. n, 189. Os (Thierry Van), X. n, 367. Oseberg, X. I, 43. Ostende, I. I, 123, 479; X. n, 387, 496; X. m, 38, 42, 43, 107, 111, 112, 343; X. IV, 52, 112, 225, 320, 338, 381. Otbert (prlnce-évêque de Liège), X. I, 73 (cf. errata). Othon I»"- (empereur) : voyez Otton I"' le Grand. Otton (duc de Basse-Lotharingie), X. I, 59. Otton I"' [le Grand] (empereur), X. I, 47 (cf. errata X. I, p. 514), 51. Otton II (empereur), X. I, 50. Otton m (empereur), X. I, 59. Otzwald (Dr.), X. IV, 394. Oudenburg : voyez Saint-Pierre (abbaye). Oudenburg (seigneur d', fin du XI» siècle), X. I, 80. Ougrée, X. IV, 380. Oultremont (Charles d', prlnce-évêque de Liège), X. m, 261. Oultremont de Warfusée (Emile, comte d'), X. IV, 22. Oultremont de Wégimont (Charles, comte d', neveu du prlnce-évêque), X. III, 261. Ouvertus (François), I. m, 202. Ouwerx (Christian), X. II, 432. Overstraeten (F.-J. Van), X. UI, 334. Overstraeten (Louis Van), T. IV, 262. Oxford, X. I, 246, 250, 252; T. H, hors-texte 300-301. Pacciotto d'Urblno, X. H, 275. Pacinotti (Antonio), X. IV, 250. Paderborn, X. IV, 296. Paelen (Georges van der), X. I, 438. Paelinck (Joseph), X. ni, 423, 427; X. IV, 47. Paepe (César De), X. IV, 182. Paix (chanoine de), X. ni, 190. Palabala, X. IV, 228. Palerme, X. n, 62. Palloy (P.-F.), X. m, 294. Palmella (Pedro de Sousa Holstem, comte de), X. m, 405. Paimerston (H.-J.-T., vicomte de), X. IV, 9, 10, 24, 26, 260. Pannemaeker (Guillaume), X. Il, 87. Pantoja de la Cruz (Juan), X. II, 380. Pape (Gilles-Simon de), X. n, 515. Papebrochius (Daniel), I. H, 460, 466. Parc (abbaye de, à Héverlé), X. I, 141; X. ni, 158. Pardo (Sllvestre, chanoine de Notre-Dame d'Anvers), X. n, 286. Paré (Ambrolse), X. n, 320. Paris, X. I, hors-texte 176-177, 213, 234, 304, 351, 355; X. H, 20, 69, 299, 355, 366; X. m, 19, 20, 25, 28, 79, 85, 153, 185, 190, 203, 218, 264, 274, 278, 291, 292, 294, 295, 311, 351, 354, 363, 364, 376, 389, 390, 391, 396, 400, 406, 409, 439, 446, 481, 483; X. IV, 15, 43, 83, 84, 92, 131, 143, 149, 156, 161, 221, 230, 250. Voyez également Sainte-Geneviève (abbaye). Paris (Matthieu), X. I, 214. Pas [ou Passe] (Crlspln de), I. H, 363, 430. Pasquier (Etienne-Louis, baron puis duc), X. IV, 30. Passy, X. m, 379, 396. Pastorana (Antoine), X. m, 41. Paul (Saint), X. I, 41, 53. Paul rv (pape), X. n, 232, 451 (cf. errata). Paulin de Noie (Saint), X. I, 122. Paulowna (Anna, princesse d'Orange, épouse de Guillaume II), I. m, 327, 430; X. IV, 57. Pauw (Théophile De), I. IV, 366. Pavie, X. H, 65, 73, 185. Payen (Camille), X. IV, 91. Peccl (Joachim) : voyez Léon Xm (pape). Peckius (Pierre), X. n, 270. Peene (Hlppolyte van), X. IV, 175. Peeters (sculpteur), X. m, 355. Peeters-Divoort, X. H, 193. Pékin, X. II, 463. Pépin (Jean), T. I, 483; I. IV, 428 (?) (erratum du X. I, p. 351). Pépin le Bref (roi des Francs), X. I, 37. Perez (Antonio), X. n, 300. Pérln (Charles), X. IV, 143. Péronne, X. m, 329. Perréal (Jean), X. n, 70. Perrenot (Antoine) : voyez Granvelle. Perrenot (Nicolas, seigneur de Granvelle), I. n, 180, 216, 221 (cf. errata), 226. Perrucel (François), X. H, 208. Péruwelz, X. IV, 318. Petit (Gabrielle), X. IV, 306. Petit-Hilst, X. m, 341. Petit-Rechain, X. m, 152, 182. Petrus (Henri), X. n, 239. Pevensey, X. I, 77. Philibert le Beau de Savoie : voyez Savoie. Philippe (comte de Flandre, fils de Léopold I"), X. rv, 89, 102, hors-texte 104-105, 109, 129. Philippe (comte de Nevers et de Rethel, fils de Philippe le Hardi), X. I, 371. Philippe n (roi d'Espagne), X. Il, 84, 90, 91, 92, 94, 126, 129, 144, 156, 184, 200, 216, 217, 218, 220, 222, 223, 225, 235, 237, 246, 247, 250, 251, 253, 273, 276, 283, 284, 286, 287, 290, 300, 301, 309, 312, 313, 322, 340, 342, 345, 347, 357, 360, 361, 363, 379, 380, 381, 383, 384, hors-texte 404-405, 424, 435, 501; X. m, 462. PWIl^pe m (roi d'Espagne), T. H, 400, 409, Philippe rv (roi d'Espagne), X. n, 401, 409, 475, 508; T. m, 19, 36. Philippe V [d'Anjou] (roi d'Espagne), X. H, 385; I. in, 42, 44, 55, 58, 59, 73. Philippe n [Auguste] (roi de France), X. I, 139 (?), 143, 145, 210. Philippe m [le Hardi] (roi de France), X. I, 231. Philippe rv [le Bel] (roi de France), X. I, 229, 232, 234, 235, 237, 246, 252, 253, 254. Philippe VI [de Valois] (roi de France), X. I, 304, 305, 313, 316. Philippe (Saint), X. H, 39. Philippe d'Alsace (comte de Flandre), I. I, 125, 143. Philippe le Beau (roi de Castllle), T. Et, 29, 35, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51 (cf. errata), 53, 62, 66, 99, 167. Fhilippe le Bon (duc de Bourgogne), T. I, 234, 237, 248, 270, hors-texte 368-369 (cf. errata), 369, 371, 374, 375, 376, 378, 379, 381, 382, 385, 386, 387 (cf. errata), 391, 397, 398, 402, 412, 418, 433, 439, 440, 445, 446, 447, 449, 451, 455, 457, 458, 460, 467, 478, hors-texte 480-481, 484, 488; T. H, 111, 223; T. IV, 400. Philippe de Chartres, T. n, 70. Philippe de Croy : voyez Croy. Philippe le Hardi (duc de Bourgogne), T. I, 359, 361, 362, 363, 365, 371, 449, 468, 490. Philippe de Heinsberg (archevêque de Cologne) : voyez Heinsberg. Philippe le Noble (marquis de Namur), T. I, 146. Philippeville, T. m, 16; T. IV, 112, 365, 371. Philippine de Flandre, T. I, 234. Philippine de Hainaut (épouse d'Edouard III) T. I, 266, 267. Philips (Marle-Theresla), T. m, 304. Piat (Saint), T. I, 472. Picard (A.), T. IV, 394. Piccinino (LuclO), T. H, 364. Pickery (Henri), X. IV, 162. Picot de Buissaizon (A.-B.), T. ni, 286. Picqué (Charles), T. m, hors-texte 504-505. Pie V (pape), T. n, 315. Pie VI (pape), T. m, 335, 424. Pie VII (pape), T. m, 360, 394, 424. Pieneman (Jean), T. III, 428, 429 (cf. errata). Pierre [I"] (évêque d'Arras), T. I, 143. Pierre (Saint), T. I, 22; T. II, 207. Pietersz (Adrien), T. H, 392. Pilati (Bonifazlo de), T. H, 453 (?). Pinnoy (Joseph), T. III, 458. Pinot (Olivier), T. IV, 109. Pintelon (L.K.), T. IV, 412. Pirenne (Henri), T. I, 128, 328, 447; T. H, 17, 36, 120, 246, 354, 432, 446, 464, 498; T. III, 49, 374, 427, 441; T. IV, 25, 118, 181, 221, 328, 389, 393, 427 (erratum du T. I, p. 100). Pirenne (M™" H.), T. IV, 393. Pirenne (Robert), T. IV, 393. Pisani de la Gaude (C.F.J., évêque de Namur), T. m, 460. Pisoni (Gaetano Matteo), T. m, 169. Pitt (William, fils), T. m, 395. Pizzoni (G.M.) : voyez Pisoni. Plantin (Christophe), T. H, 94, 129, 144, 157, 189 357 361 « Playne »'(Thomas de La): voyez Thomas de I.a Play ne. Pletinckx (Ch. J. P.), T. m, 508. Plunkett (famille), T. m, 436. Pluvius (humaniste), T. n, 189. Poelaert (Joseph), T. IH, 521; T. IV, 123, 163. Poilvache, T. H, 223. Pol de Limbourg : voyez Malouel ieben (François), X. IV, 100. Xolède, X. n, 275, 466. Xoledo (Juan Bautlsta de), X. n, 247. Xoledo (Marle-Léopoidine de), X. m, 406. Xollenaere (Jean de), X. n, 447. Xongerloo (abbaye), X. n, 465; X. III, 273. Xongres, X. I, 19, 275; X. III, 23, 182; X. IV, 112. Xoovey (E.), X. IV, 80, 108, 168-169 (hors-texte). Xornaco (Victor de), X. IV, 134. Xoul (Henri de, prlnce-évêque de Liège), X. I, 73 (cf. errata). Xournai, X. I, 29, 44, 107, 112, 113 (cf. errata, X. I, p. 514), 130, 144, 145, 219, 251, 288, 315, 319, 322, 323, 355, 472, 498; X. II, 223, 233, 359, 512; X. ni, 76, 124, 148, 160, 215, hors-texte 424-425, 436, 472, 507; X. IV, 49, 52, 112, 113, 151, 306, 350. Xownsend (F.-H.), X. IV, 287. Xrafalgar, X. III, 504. Xrajan (empereur), T. I, 20. Xraut (Wolf), I. n, 38. Trauttmansdorff (Ferdinand, comte de), T. m, 222, 225. Trente, T. I, 110; T. II, 453. Trêves, T. I, 24, 121, 265, 420; T. II, 233. Triest (Antoine, évêque de Gand), T. n, 467; T. III, 48. Triest (Antoine, avocat au Conseil de Flandre), T. n, 502. Triest (Prosper), T. m, 472. Triquet (Père), T. III, 505. Trognesius (Joachim), T. II, 457. Troie, T. I, 210. Tronchiennes, X. III, 379, 396; T. IV, 80. Troyes, T. II, 401. T'Serclaes (Everard), T. I, 364. T'Serclaes (Jean, comte de Tllly), T. II, 431. T'Serclaes (Nicolas-Jacques), T. m, 47. T'Serclaes (famille), T. m, 47. T'Serstevens (éditeur), T. III, 72. Tubize, T. III, 469; T. IV, 52, 348. Tucci (capitaine), T. n, 366. Tudor : voyez Marie Tudor. Tunis, T. n, 89. Turenne, T. m, 31. Turgis (L.), T. IV, 131. Turin, T. I, 372. Turinetti (Hercule-Joseph) : voyez Prié. Turnhout, T. m, 229, 238, 245; T. IV, 112, 118, 305. Tuycum (Philippe van, abbé de Parc), T. m, 158. u Uccle, T. IV, 170, 369. Ulvenhoiit (Ginneken), T. II, 147. Undershell (industriel londonien), T. 111,396. Uppenbroeck (Lambe't, abbé de l'abbaye des Dunes), T. I, 302. Urbain H (pape), T. I, 68, 75. Urbain VIII (pape), T. n, 454. Ursel (famille d'), T. m, 89. Utenhove (Jean), T. II, 208. Utrecht, T. H, 118, 201, 232, 344, 346; T. III, 65, 75, 89, 100, 335, 442, 500. Uytvanck (Joseph van), T. I, 491 (cf. errata). Uzos, T. IV, 121. V Valcltenborch (Lucas van), T. n, 495. Valckenler (Pierre), T. m, 107. Valenciennes, T. I, 108, 233, 376, 467; T. U, 156; T. IV, 84. Valmy, T. m, 295. Valois (Elisabeth de, épouse de Philippe II), T. n, 384, hors-texte 404-405. Valois (François de, duc d'Anjou), T. n, 320, 325 (?), 342, 356, 361. Valois (Philippe VI de) : voyez Philippe VI de Valois (roi de France). Val-Saint-Lambert (abbaye), T. I, 432. Vambelll (Gilles), T. H, 70. Vancouver, X. IV, 346. Vandenberghe (A.), X. rV, 394. Vandenbranden (Aimé), T. rV, 57. Vandenpeereboom (Jules), T. IV, 193, 203. Vanderkelen (sieur), T. ni, 510. Vanderkindere (Léon), T. IV, 170. Vandermaelen (Ph.), T. IV, 42. Vanderstraeten (beau-frère de l'étudiant Ver- speyen), T. IV, 116. Vandertaelen (Guillaume), T. m, 167. Vandervel (orfèvre), X. III, 249. Vandervelde (Emile), X. IV, 207, 246, 301, 323. Vansynokel (aut. guide ch. de fer), X. IV, 51. Vanthielen (lithographe), X. IV, 112. Varin (Jean), X. m, 190. Vauban (Sébastien Le Prestre, marquis de), X. m, 20, 85. Vaux : voyez NII Saint-Vincent. Velasquez (Alonso), X. n, 366. Velasqiiez (Diego Rodriguez de Siiva y), X. n, 398, 475; X. m, 36. Velbriiek (François-Charles de, prince-évêque de Liège), X. m, 175, 181, 189, 256. Veldeke (Henri van), X. I, 213. Velp(en) (Rollof van), X. I, 491. Velpius (H.A.), X. III, 36. Venise, X. n, 151, 153, 202; X. m, 394. Venlo, T. III, 89, 411. Venne (Adrien Pietersz. Van de), X. II, 392. Verbiest (Ferdinand), X. n, 463. Verboeckhoven (Eugène), X. m, 479 (cf. errata); X. IV, 268. Vervoeckhoven et Cie (édit.), X. IV, 164. Verdin-Lecarme, X. IV, 350. Verdugo (Francesco de), X. II, 372. Verdussen (Guillaume), X. III, 48. Vere (sire de, 1477), X. II, 17. Verhaegen (Pierre-Théodore), X. IV, 169. Verhaeren (Emile), X. IV, 248. Verhees (E.), X. IV, 385. 410, 411. Verheugen (Louis), X. IV, 214. Verheyden (Rik), X. IV. 352. Verhoeven (Abraham), X. m, 48. Verlinden (Ch.), X. IV, 427 (erratum du X. I, p. 78). Vermeersch (Emile), X. m, 487. Vermeyen (Jean-Corneille), T. n, 62, 82, 101, 103, 122. Vernieuwe (T.), X. IV, 385, 394. Verreyken (Louis), T. II, 379, 389, 477. Versailles, T. m, 77, 121, 153, 186, 187, 329, 394; X. IV, 17. Verschaffelt (Pierre), X. m, 136, 171. Verspeyen (étudiant de l'Univ. de Gand), X. IV, 116. Versteganus (R.), X. H, 449. Verviers, X. m, 182, 189, 411; X. IV, 52, 112, 155, 201. Vervins, X. D, 379. Vervoort [le Vieux] (Michel), X. m, 63. Verwée (Alfred), X. rV, 158. Vésale (André), X. H, 180. Veuiilot (Louis), X. IV, 98. Veydt (L.), X. IV, 83. Veyrat (Adrien), X. m, 463, 515, 520. Vianen (A. van), X. H, 389. Vicence, X. m, 460. Victoria (reine d'Angleterre), X. IV, 40, 61, 104-105 (hors-texte). Vienne, X. H, 22, 37, 234, 432; X. III, 203, 221, 308, 405, 412; X. IV, 230. Vieuxville, X. I, 95, 105; X. IH, 325. Viglius (ab Aytta), X. II, 92 (?), 195, 229 (cf. errata), 298. Vigne (F. de), X. I, 297. Vigne (Paul de), X. IV, 199. Vigny (A. de), X. IV, 165. Vilain xnil (Charles-Ghislain, vicomte), X. in, 519, 522; X. IV, 22. Villalobar (Don Rodrigo, marquis de), X. IV, 345, 351. Vlllanl (chroniqueur), X. I, 250. Vllleroy, X. m, 35, 41, 104. Villers-la-Ville (abbaye), T. I, 182, 183; T. m, 340. Viilers-Perwin, X. IV, 151. Viivorde, X. I, 180; X. n, 148; X. m, 40; X. IV, 302, 323, 396. Vincennes, X. m, 439. Vincent (Charles, baron de), T. m, 409. Vincent (lithographe), T. m, 459 (cf. errata), 507 (cf. errata). Vinchenne (ingénieur belge), T. IV, 84. Vinck (F.), X. IV, 90. Vinck (architecte), X. II, 505. Vlnçotte (Thomas), X. IV, 167. Vinkeles (Renier), T. in, 128, 428. Vlrgllius de Bologne, T. Il, 154. Virginal, X. m, 143. Vlrneburg (Henri de, archevêque de Cologne), X. I, 280. Virton, T. HI, 523; X. IV, 112, 318. Visch (Matthieu de), X. m, 135. Visé, X. IV, 290, 394. Visscher (Claes Jansz.), X. Il, 395. Vitellius (Renier), X. n, 144. Vitzthunib (Paul), X. m, 302. Vivès (Louis), X. n, 165. Vlamlnck (Jacques J.F. De), X. III, 158. Voenius (Otto), X. n. 352, 455. Volders (J.) (fin XVIIe-début XVIII'î siècle), X. m, 70. Volders (Jean), T. IV, 182. Vollenhoven (Maurice van), X. IV, 345, 355. Volsum (J.-B. van) : voyez Volxsom. Voltaire, X. m, 13, 161. Volxsom (J.-B. van), X. m. 59. Vonck (Jean-François), X. m, 210, 240. Vorsterman (Guillaume), X. n, 27, 63, 68, 203. Vos (Judocus de), X. in, 57. Vredius (O.), X. I, 76; X. Il, 598. Vreese (W. De), X. IV, 394, 409. Vrelant (Guillaume), X. I, 385 (?); X. n, 194. Vriendt (Corneille de), X. n, 150, 156, 183. Vriendt (Sam De), X. IV, 326. Vries (A. de), T. H, 356. Vrijburgh (Adrien), X. m, 172. Vroom (H.-C.), X. H, 386. Vyvere (A. Van de), X. IV, 301. W X. I, 476; Waard (C. Van), X. m, 410 (?). Wael (Léopold de), X. IV, 192. Waelhem, T. m, 511; X. IV, 26. Waghemakere (Dominique de), X. n, 156, 157. Waghemans (dessinateur), X. m, 239. Waha, X. I, 96. Wahls (Théophile), X. IV, 229. Walhem (A.), X. m, 425 (cf. errata). Wal (H.-A.-J., baron de), X. m, 265. Walcheren, X. I, 372. Walckiers (Edouard de), X. m, 133. Walcourt, X. n, 434; X. m, 411; X. IV, 350. VValdeck (Adolphe de, prince-évêque de Liège), X. I, 196. Waldemar (marquis de Brandebourg), X. I, 280. Walhain (Arnouid de), X. I, 336. Walley, X. n, 147. Walllncourt, T. I, 489. Wallot (Jean), X. H, 119. Walram (duc de Juliers), X. IV, 427 (?) (erratum du T. I, p. 162). Wamesius (Jean), T. H, 270. Wapper» (Gustave), X. IV, 168. Warburg (H.), X. Il, 36. Ward (Herbert), X. IV, 233. Waremme, X. IV, 112. Warfusée (Alix de, épouse de Raes de Dam- martin), X. I, 331; X. Il, 149. Warfusée (famille), X. III, 47. Warneton, X. III, 76. Warocqué (Isidore), T. IV, 154. Warocqué (Nicolas), X. III, 380, 435; X. IV, • 154. Washington, X. IV, 347. Wasmes, X. IV, 201, 305. Wassenberg, X. I, 162. VVateiet (Charles), X. IV, 151. Waterloo, X. in, 141, 413, 415; T. IV, 27. Waterloos (Adrien), X. ni, 19. Waulsort, X. I, 18. Wauquelln (Jean), I. I, 369, 391, 418, 433, 439, 446, 478, hors-texte 480-481, 484. Wauters (A.-J.), T. IV, 234. Wauters (Emile), T. IV, 228, 243. Wauters (Etienne), T. n, 199. Wavrin (Roger de, évêque de Cambrai), X. I, 127. Weede (E. de), X. m, 32. Weede (Jhr. van, ministre plénipotentiaire), X. IV, 345. Weert (Jean de), X. n, 367. VVehren, X. H, 147. Weissenbruch (imprimeur), X. UI, 522. Wellington (Arthur Wellesley, duc de), X. m, 141, 405, 491; X. IV, 61. Wenceslas de Luxembourg (duc de Brabant), T. I, 281, 338, 344, 348, 350. Wenemaer (Guillaume), T. I, 204, 301 (cf. errata). Werbroeck (Jean-Etienne), T. m, 401. VVerf (Adrien Van der), T. m, 67, 70. Werve (Philippe de), T. H, 17. Wervicq, T. m, 71. Wesembeek (avocat au Conseil de Brabant), T. n, 270. Wesenbeke (Jacques van), T. n, 276. Wespin (Perpète), X. ni, 85. Wessenberg (Jean, baron de), X. m, 405, 417; X. IV, 26. Westerburg (Siegfried von, archevêque de Cologne), X. I, 163. Weyden (Rogier van der), X. I, 372 (?), 375, 386, 417, 449, hors-texte 480-481 (?); X. m, 433; X. IV, 428 (erratum du X. I, p. 368-369 hors-texte et du X. I, p. 387). Weyer (Jean-Sylvain van de), X. m, 490, hors-texte 504-505, 520; X. IV, 22, 26, 120, 133, 134, 192, 260. Wezemael (seigneur de, XIV siècle), X. I, 263. Whltlock (Brand), X. IV, 345, 351. Wibald (abbé de Stavelot), T. I, 105, hors- texte 112-113. Wlck (von, Oberstleutnant), T. IV, 319. Wiener (Ch.), T. IV, 122. Wiener (Léopold), T. IV, 105, 219. Wierlex (Jean), T. H, 303, 319, 511. Wildens (Jean), T. n, 485. Wilhelmine (épouse de Guillaume I'"' de Nassau, roi des Pays-Bas), T. m, 430. Wiil (John Martin), T. ni, 306. Willebroeck, X. n, 148; X. m, 40, 155. Wiilems (Jan-Frans), X. IV, 174, 176, 218. Willems (Michel de), X. m, 191. Wlllemssens (Louis), T. m, 22. Wilmart (G.-H.), X. m, 47. Windsor, X. IV, 61. Winne (Llévin De), T. IV, 93, 98, 140. Winterhaiter (François-Xavier), X. IV, 95, 135. Wiasant, I. I, 267. Witt (Jean de), X. m, 434. Witt (Fréd. de), X. m, 90. Wittenberg, X. H, 198, 202. Woeste (Charles), T. IV, 193, 203, 204, 218. Wolff (Simon), T. in, 16. Worms, T. H, 200. Worringen, X. I, 162, 163. Wouters (chevalier E. de), X. IV, 341. Wren (Christophe), X. IV, 23. Wurtemberg (Albert, duc de), X. IV, 391. Wynendael, X. UI, 57. X Ximenez de Cisneros (Francisco), T. Il, 50. Y Ypres, T. I, 123, 135, 169, 284, 285, 291, 300, 322, 352; X. H, 232; X. m, 76, 117, 454; X. IV, 112, 192, 330, 428 (erratum du X. I, p. 250). Yrseluis (Mathias, abbé de Saint-Michel à Anvers), X. n, 467. Yves (comtesse d'), X. m, 505. Yzenbaert (Josse), X. n, 447. Ziihringen (Raoul de, prince-évêque de Liège), X. m, 86 (cf. errata). Zandycke (Henri Van), T. n, 447. Zangrius (Jean-Baptiste), X. n, 479. Zanzibar, X. IV, 227. Zedelghem, X. I, 49. 74. Zeebrugge, X. IV, 383. Zichy-Ferraris (comtesse), X. ni, 203. Zierickzee, X. Il, 295. Zimmer (architecte), X. m, 223. Zittau, T. m, 267, 273. Zoffani (Jean), X. m, 293. Zurich, X. IV, 230. Zutkerque (Pas-de-Calais), X. I, 448. Zutterman (Jean), X. H, 119. Zwammerdam, X. m, 13. Zwentibold (roi de Lotharingie), X. I, 45. ri) ^ I n TABLE II. -- SYSTEMATIQUE REMARQUES. — Pour être clair, concis et aussi complet que possible, on a groupé les illustrations sous de grandes rubriques, des renvois fréquents reportant le lecteur d'un sujet particulier à ces rubriques. Quant aux renvois consignés dans celles-ci, ils sont de deux sortes : les uns reportent aux rubriques connexes; les autres à des illustrations dans lesquelles le même sujet figure à titre de détail. Ils permettront un examen approfondi à celui qui procédera à une enquête exhaustive dans un cas précis. Le texte même des commentaires, aussi bien que l'image reproduite, ont servi de critère de discrimination entre motif principal et détails d'une illustration. Abbayes et couvents : Plan, T. I, 183. Cf. Architecture religieuse. Activistes : et. Guerre 1914-1918 (Activistes, Conseil de Flandre, Jong Vlaanderen, Université de Gand). Affiches : Elections 1862, T. IV, 120. Elections 1884, T. IV, 139. Elections fin XIX« s., T. IV, 210. Empire français. T. m, 361, 397. Guerre 1914-1918 : cf. Guerre 1914-1918. Révolution française, T. n, 300, 343. Révolution belge 1830, T. m, 496, 519. Royaume des Pays-Bas, T. m, 412. Théâtre XYIII" s., T. m, 168. Université de Louvain 1833, T. IV, 65. Agriculture : Charrette et paysan, T. I, 205. Charrue et paysan, T. I, 102, 181. Cueillette, T. I, 102. Faucheur, T. I, 184. Fermes : cf. Architecture civile. Guerre 1914-1918, T. IV, 332, 333. Instruments aratoires, T. I, 205. Moisson, T. I, 102, 103; T. H. 151. Paysans, T. I, 479; T. rv, 156, 333. Semeur, T. I, 184. Tonte, T. n, 151. Vendange, T. I, 101, 102. Cf. marchés, métiers. XI" s., T. I, 102. XII» s., T. I, 101, 103. XIII» s., T. I, 181, 182, 184, 205. XV» s., T. I, 479. XV-XVI» s., T. n, 151. XIX» s., T. rv, 156. 1914-1918, T. rv, 332, 333. « Album amicorum » : T. n, 189. AIIEUBLEMBNT : Armoires : XVI« s., T. n, 105 (cf. errata). XVII» s., T, n, 488. Coffres : XIII» s., T. I, 352. XIV» s., T. I, 250 (cf. errata), 280, 411 (cf. errata). XV« s., T. II, 116. XV» s., (?), T. I, 235. XVI» s., T. n, 141. Date indéterminée, T. I, 333. liUstre : XVII» s., (?), T. n, 415. Sièges : Vn»-XII» S., T. I, 30. Cf. Miniatures, sceaux. Anatomie : XVI» s., T. n, 180. Anticléricalisme : Cf. Eglise. « Antigueux » : Cf. a Gueux ». «Apologie du prince d'Orange» (1581) : T. n, 354. Aquarelles : Cf. Peinture. Arbalètes : Cf. Armes. Arbres de la liberté : Révolution française, T. m, 342. Révolution belge, T. m, 497; T. IV, 55. AKCHITECTURE CIVILE: Banque : XIX» s., T. rv, 105. Barrage de la Giieppe : T. IV, 155. Beffrois : XIII» s., T. I, 285. XIII» s. et suiv., T. I, 118, 226, 323; T. m, 137. XIV» s., T. I, 298 (cf. errata). XV»-XVI» s., X. n, 40. XVI«-XVII» s., T. n, 139. XVII» s., T. m, 62. Bourse (Bâtiment : XVI» s., T. II, 157. Chalet : XIX» s., T. rv, 225. Châteaux : XIII» s., T. I, 450. XIV»-XVI» s., T. n, 237. XVI» s., T. n, 149, 393; T. m, 173. XVI» s. et suiv., T. m, 71. XVII» s., T. n, 320; T. m, 89, 139. XVIII» s., T. m, 139, 175, 380; T. IV, 38. Cf. Architecture militaire, (Châteaux forts). Cheminées : XVI» s., T. n, 185. XVIII» ou XIX» s., T. m, 436. Cryptes (et Caves) : XIII» s., T. I, 175. XV» s., T. I, 171. XIX» s., T. EŒ, 515. Ecoles et universités (Bâtiments; dates de construction) : XVII» s., T. m, 389; T. IV, 66, 113. XVIII» s., T. m, 227; T. IV, 299. XVIII«-XIX» s.,T. m, 447. XIX» s., T. m, 443, 451, 473; T. IV, 267, 275. Fermes : XIII» s., T. I, 182. XVII» s., T. n, 494; T. m, 40. XVIII» s., T. m, 144. Halles : XIII» s., T. I, 135, 169, 228, 285, 291. XIII» s. et suiv., T. I, 226. XIV» s., T. I, 267, 273, 437. XIV»-XVI» s., T. I, 277. XV»-XX» s., T. I, 435. XVI» s., T. n, 134, 137 (cf. errata), 492. Hôpitau.v : XIII» s., T. I, 274, 293; T. H, 163. Hôtels et palais : XIII»-XIV» s., T. I, 232. XV» s., T. I, 473. XVI» s., T. H, 48, 97, 173, 225, 226, 351, 515; T. ra, 90. XVI»-XVII« s., T. II, 515. XVII» s., T. n, 381, 424, 468-469 (hors-texte), 505; T. m, 345, 434; T. IV, 396. XVIII» s., T. m, 133, 141, 165, 191, 327, 434; T. rv, 21, 218, 327. xvm»-xix» s., T. m, 280 (cf. errata); T. rv, 55. XIX» s., T. ni, 443, 453, 473; T. IV, 48, 163, 189, 408. Hôtels de ville: XIII» s., T. I, 188. XIV» s„ T. I, 307 (cf. errata). XV s., T. I, 171, 301, 472, 480, 495; T. H, 144, 322. XV-XVI» s., T. m, 177. XVI" s., T. n, 40, 156 (cf. errata). XVI»-XVII» s., T. n, 505; T. m, 25. XVII» s., T. m, 345. XVIII» s., T. m, 189, 255; T. IV, 400. Maisons : XII» s., T. I, 123, 126 (cf. errata). 130. XIII» s., T. I, 175 (cf. errata), 288, 289, 300. XIV» s., T. I, 299. XIV» s. et suiv., T. H, 135. XIV»-XV» s., T. I, 469; T. H, 501. XV» s., T. I, 299, 419; T. H, 137. XV»-XVI» s., T. II, 493. XVI» s., T. n, 81, 119, 138, 150, 162, 490. XVII» s., T. n, 404; T. m, 35, 41, 474; T. IV, 217. XVIII» s., T. rv, 23,77. XIX» s., T. rv, 184, 217. XIX«-XX» s., T. IV, 267. Mont de Piété: XVII» s., T. H, 502. Monuments : XIX» s., T. ra, 521; T. IV, 138, 173. Cf. Monuments funéraires (XVI», XVII» et XIX» s.). Palais : Cf. ci-dessus : Hôtels et Palais. Ponts : Dit «romain», T. I, 121 (cf. errata). XIII»-XIV» s., T. I, 275. Théâtre : XIX» s., T. IV, 177. ARCHITECTURE MILITAIRE Casernes : XVII» s., T. m, 16. Châteaux-forts : XI»-XII» s., T. I, 84, 87, 96. XI»-XII» S. et suiv., T. I, 60. XII» s., T. I, 61 (cf. errata), 91, 312. XII» s. et suiv., T. I, 105, 407; T. II, 98. XII»-XIII» s. (?), T. I, 140. XIII»-XIV» s., T. I, 270. XIV» s. (?), T. I, 277. Date indéterminée, T. H, 223. Cf. Miniatures. Fortifications : II» s., T. I, 19. XII» s., T. I, 127, 131, 136, 142, 178, 189. XII» S. (?), T. I, 129 (cf. errata), 135, 180. XII»-XV» S., T. I, 471. XIII» s., T. I, 160, 171, 178, 233, 274. XIII»-XIV» s., T. I, 288; T. H, 365. XIV» S., T. I, 275, 283, 327, 364, 400; T. m, 302. C. XIV» S., T. I, 336. XV» S., T. n, 33. XVI» s., T. I, 476; T. n, 275. XVII» S., T. ra, 20, 28, 66. XIX» s., T. IV, 100, 133, 152, 199. XIX»-XX« S., T. rv, 216. XX» s., T. rv, 291. Cf. Miniatures, Géographie (Plans de villes.) ARCHITECTURE RELIGIEUSE : Abbayes et couvents : XII» s., T. I, 32 (Cf. errata). XIII» s., T. I, 182; T. ra, 340. XVI» s., T. n, 247. xvi»-xvn« s., T. n, 465. XVII" s., T. n, 452; T. m, 389; T. IV, 139. XVIII=-XIXe s., T. m, 447. Chapelles : XI»-XII» s.,T. I, 91 (cf. errata). XII« s., T. I, 89. XIV® s., T. n, 208. XVI® s., T. n, 182. Cryptes : X® s. (?), T. I, 59. XI® S., T. I, 67. XIX® S., T. IV, 123. Eglises : X"-XI« s., T. I, 55. XI® s T I 99 XII® s'., T. i, 112, 179, (Cf. errata), 184. XIII® s., T. I, 170, 187, 217, 218, 219, 281 (cf. errata); T. m, 340. XIII®-XIV® s., T. I, 309; T. m, 314. XIV® s., T. I, 217. XV® s., T. I, 500. XV®-XVII® s., T. n, 247. XVII® s., T. n, 459, 469, 515. XVIII" s., T. m, 169. XIX® s., T. IV, 144, 262. Date Incertaine, T. I, 95. Cf. Miniatures. Eglise (Construction A') : XII®-XIII® s., T. I, 214. Eglise (Tribune d') : XV® s., T. I, 496. Séminaires (dates de construction) : XVII® s., T. m, 389. XVIII® s., T. m, 209. Synagogue : XIX® s., T. TV, 262. Temples protestants : XVII® s., T. n, 446. XIX" s., T. TV, 262. Cf. ci-dessus Chapelles (XIV® s.). Cf. Géographie (Vue de villes). ARCHIVES : Bref pontifical : T. m, 450. Bulles pontificales : XV" S., T. I, 501. XVI" s.. T. H, 232. Censier - Rentier - Terrier : XIII® s., T. I, 186, 205. Chambre des Comptes : T. I, 448. Cf. Comptes ci-dessous et la rubrique indépendante Chambre des Comptes. Chartes et diplômes : VI®-VII® s., T. I, 33. X" s., T. I, 47 (cf errata, T. I, p. 514), 58. XI® s., T. I, 100 (cf. errata). XII® s., T. I, 92, 93 (cf. errata), 125, 143. XIII® s., T. I, 145, 164, 165, 172, 174, 205, 206, 207, 216, 218. XIV» s., T. I, 246, 337, 338, 345 (cf. errata), 432. XV® s., T. I, 376; T. H, 18, 24. XVI" s., T. n, 84, 102, 216, 313, 381. XVII® s., T. m, 88. XVIII® s., T. m, 228, 275. Cf. Traités ci-dessous. Chirographes : XI® s., T. I, 100 (cf errata). XIII» s., T. I, 195 (cf. errata, T. I, p. 514). Comptes (manuscrits) : XIII® s., T. I, 197. XIV» s., T. I, 194 (cf. errata, T. I, p. 514), 249, 316. XV» s., T. I, 365, 398 (cf. errata). XVI» s., T. n, 78, 287. (Grand) Conseil de Bourgogne : T. n, 17. Conseil de Brabant : T. n, 510; T. m, 105. Conseil des Finances : T. m, 152. Conseil privé : T. m, 205. Correspondance : XIV» s., T. I, 305, 317, 322, 324, 332. XV» s., T. I, 379, 397, 416, 468; T. H, 20, 45, 61, 86. XVI» s., T. n, 61, 86, 195, 246, 276, 371, 457. XVII» s., T. n, 400, 432; T. m, 50. XVIII® s. T. ra, 221, 222, 305, 316. XIX® s., T. m, 456, 511, 514, 519; T. IV, 48, 60, 252. XX" s., T. IV, 302, 312. Diplômes : Cf. Chartes ci-dessus. Registre de bourgeoisie : XV® s., T. I, 492. Registre capitulalre : XVII® s., T. n, 427. Registre de Castel Rodrigo (1646) : T. n, 415. Registre au.v cens : Cf. Censier ci-dessus. Registre de chancellerie : XIV" s., T. I, 353. XV® s., T. I, 379. Registre d'échevinage : XV® s., T. I, 447 (cf errata). Registres de sociétés et d'institutions : T. m, 420, 472; T. TV, 176. Tonlieu (Tarif) : XV" s., T. I, 477. Traités et actes diplomatiques : Alliance anglo-flamande; lettres additionnelles (1297), T. I, 236. Alliance contre Jean III de Brabant (1332), T. I, 259. Alliance de Louis XI et de Liège (1465), T. I, 402. Argllllers (1521), T. H, 68. Anvers (capitulation, 1585), T. II, 367. Arras (1482), T. n, 30. Athis-sur-Orge (1305), T. I, 254. (La) Barrière (1713), T. m, 74. Bruxelles (Union de, 1577), T. n, 312. Cambrai (ratification, 1530), T. n. 123. Concordat napoléonien (1801) ,T. m, 360. Londres (1839), T. TV, 260. Londres (1867), T. TV, 134. Madrid (ratification, 1530), T. n. 123. Marche-en-Famenne (1577), T. n, 313; ratification, T. n, 435. Melun (1226), T. I, 152. Munster (1648), T. D, 417. Pyrénées (1659), T. m, 17. Réconciliation des provinces wallonnes avec Philippe U (1579), T. n, 347. Rijswijck (1697), T. m, 32. Saint-Trond (annexe, 1518), T. H, 100. Trêve de Douze Ans (1609), T. H, 389. Utrecht (Union d', 1579), T. n, 346. Utrecht (1713), T. m, 75. Vienne (accession des Pays-Bas, 1815), T. m, 417. XXIV Articles (1831), T. TV, 26. Varia : T. I, 332, 354; T. H, 465; T. m. 288, 325, 371, 444; T. TV, 219, 285, 286. XIX» s., T. TV, 171. Cf. Ameublement (Coffres), Autographes, Colonies (Congo belge), Enseignement (Lois), Hanse germanique, Monogram- Armada (L') (1588) : T. n, 370. Armée belge (1831-1914) : Armes, T. TV. 100, 136. Aviation, T. IV, 290. Ecole militaire, T. TV, 139, 275. Exemptions de service militaire, T. TV, 79, 214. Fortifications, T. TV, 100, 133, 152, 199, 216, 291. Grenadiers (1850), T. TV, 91; (1885), T. IV, 198. Loi du 12 novembre 1909, T. IV, 219. Loi de 1913, T. TV, 241. Manœuvres (1880), T. TV. 137. Réorganisation, T. TV, 26, 50. Soldats, T. IV, 215. Uniformes. T. TV, 26, 82, 108, 128. 136, 140, 242, 278. Armée belge (1914-1918) : Cf. Guerre 1914-1918 (Opérations militaires, Soldats belges). ARMES Arbalètes : XIII® s., T. I, 158. XIV" s., T. I. 297, 315. XVI® s., T. n. 301. XVIII" s., T. m, 136. Bombes et torpille : xvn» s., T. m, 30. XIX" s., T. TV. 29. 1918, T. IV, 383. Boucliers : IX®-XI" s. : cf.Dessins. XII® s., T. I, 144. XIV® s., T. I, 279. XVI® s.. T. n, 135. Cf. Miniatures. Canons ; XV» s., T. I, 311, 424 (cf. Miniatures). XVI® s., T. n. 287. XVII» s., T. ni. 16. XVIII» s., T. m. 250. XIX® s., T. m, 496; T. IV : 100. Couteau : XV» s., T. I, 409. Epées, glaives et sabres : V® s., T. I. 29. IX» s., T. I, 46. XIII"-XIV® s., T. I, 240, 292, 318. XIV® s., T. I, 318. XV® s., T. I, 441. XVI® s., T. n, 125, 261. XVI»-XVII» s., T. n, 476. XVIII® s., T. m, 102, 232, 277, 347. XIX® s., T. ni, 492, 499, 508, 509. Fusils : XVII» s., T. n, 405; T. IH, 60. XVIII" s., T. m, 189. XVIII®-XIX® s., T. m, 393. XIX® s., T. m, 508; T. TV, 136. « Goedendag » : T. I, 245, 250 (cf. errata), 252 (cf. errata), 297. Lances : IX® s., T. I, 41. IX»-XI» s., : cf. Dessins, Tapisseries. Machines de siège : XIII' s., T. I, 166, 167. XIV®-XV® s., T. I, 406. XVI® s., T. n, 366. XVII® S., T. n, 387. Pistolets : XVIII® s., T. ni, 127. XIX® s., T. TV, 150. Cf. Masses d'armes, Miniatures, Soldats. Armoires : Cf. Ameublement. Armoiries : Cf. Héraldique. Armures : Cf. la rubrique suivante. ART MILITAIRE : Armures : XIII"-XIV« s., T. I, 229. XV® s., T. I, 409, 442, 461. XV"-XVI« s., T. n, 25. XVI® s., T. n, 37, 64, 89, 125, 217, 301, 332, 364, 372, 382. XVI°-XVII® s., T. n, 388. XVII® s., T. m, 84. Cf. Miniatures, Peinture. Casques : XIII" s., T. I, 148. XV® s., T. I, 387 (cf. errata), 422. XV®-XVI" s., T. n, 39. XVI" s., T. n, 372. XVII" s., T. m, 84. XIX® s., T. TV, 41. Cf. Armures ci-dessus. Miniatures, Sculpture. Tente de campement : XV» s., T. I, 404. Cf. Architecture militaire. Armes, Soldats. ART RELIGIEUX: Autel portatif : XII" s., T. I, 95. Croix et crucifix : XI" s., T. I, 62. XII®-XIII® s., (remanié), T. m, 114. XV® s., T. I, 451. XVII® s., T. n, 448; T. m, 85. XIX® s., T. TV, 305. Date indéterminée, T. m, 226. Fonts baptismaux : XII® s., T. I, 49, 74, 107 (cf. errata pour chacune de ces pages), 111, 141. Ivoires : VI®-VII® s., T. I, 53. IX®-X® s., T. I, 64. X® s T I 50 X®-XÏ» s'., "T. 1, 56 (Cf. errata, T. I, p. 514). Orfèvrerie : Calice, T. I, 64. Croix, T. I, 451. Crosse, T. n, 199. Ostensoirs, T. n, 456; T. TV, 326. Plat de reliure, T. I, 215. ^ „ Reliquaires, T. I, 112-113 (hors-texte), 146, 409; T. H, 103. XI" s., T. I, 64. XII" s., T. I, 112-113 (hors-texte). XIII® s., T. I, 146, 215. XV® s., T. I. 409, 451. XVI® s. T. n, 103, 199. XVI®-XVII® s., T. n, 456. Date Incertaine, T. TV, 326. Peigne liturgique : IX®-X« s., T. I, 64. Peinture : XV® s., T. I, 449, 454; T. H, 13. XVI" s., T. n. 181, 190. XVII® s., T. m, 369. Sculpture : , , XII® s., T. I, 71, 113 (cf. errata). XIII® s., T. I, 161, 185, 216. Xni" ou XIV» s., T. I, 111 (cf. errata). XV® s., T. I, 66, 455, 490, 491. XVI® s., T. n. 183. XVII® s., T. m, 192. Cf. cl-dessus Croix et crucifix, Fonts baptismaux. Tissus et broderies : XV» s., T. I, 385. XVI® s., T. n. 326. ^ ^ XVII» s., X. m, 115 (cf. errata). XVIII® s., T. m, 159. Cf. Architecture religieuse. Assignats : T. m, 319, 370. Astronomie : XVII® s., T. n, 463. Autel portatif : Cf. Art religieux. Autographes : T. I, 92, 276, 397, 416. T. n, 20, 45, 61, 68, 86, 92, 102, 161, 176, 189, 195, 216, 242, 276, 300. 312, 313, 346, 347, 367, 371, 389, 415, 432, 435, 450, 477. T. m, 17, 32, 74, 75, 88, 109, 134, 190, 221, 222, 228, 288, 298, 305, 360, 413, 417, 450, 456, 508 (cf. errata), 510, 511, 514, 519, 522. T. TV, 18, 22, 24, 26, 48, 60, 102, 134, 148, 164, 169, 175, 219, 226, 232, 241, 246, 252, 260, 286, 297, 302, 306, 312, 374, 375, 406, 412. Cf. Archives (correspondance), Monogrammes. Bannières : XIII®-XIV" s., T. I, 245 (= bannières sculptées, cf. errata). XIV® s., T. I, 297. XV»-XVI» s., T. n, 167. xvn» s., T. m, 39. Cf. Drapeaux. 'lit' « ' Il I !!' îd'l I '15 ï iiiii' ■il il i.: il: II!: ■ h ': < 1 i I i ' 1 TABLE SYSTEMATIQUE ^""cS^^Àrchitccture civile. Guerre 1914-1918 (Finances), Métiers, Société Générale de Belgique. Barrage de la Giieppe : T. IV, 155. Bastille (Pierre de la) : T. in, 294. Beffrois : Cf. Architecture civile. Bibliothèque: Catalogue XI» s., T. I, 109. Bienfaisance: XIII» s., cf. Architecture civile (Hôpitaux). XIV» s., T. I, 204. XV» s., T. n, 164. XV»-XVI» s., T. II, 167. XVI» s., T. n, 165,168. XVII» s., T. II, 499, 502. XVII»-XVIII» s., T. 111,40-41 (hors-texte). Cf. Paupérisme. Biens nationau.v (1798) : T. ni, 371. « Blancs becs » : T. m, 123. Boerenbond : T. rv, 222. Boiserie : XVII»-XVIII« s., T. III, 40-41 (hors-texte). Boite au.t lettres : Cf. Communications. Bollandistes : T. n, 466. Bourse (Bâtiment) : Cf. Architecture civile. Brabançonne (La): T. m, 510, 511. Briquet de Bourgogne : T. n, 120. Cf. Miniatures, Monnaies. Broderies : Cf. Tapisseries, Tissus. Bulle d'or brabantine (1349) : T. I, 345 (cf. errata). Bulles d'or : XIII» s., T. I, 144, 145. XVI» s., T. n., 117 (matrice) (cf. errata). Cachets : xvn» s., T. m, 88. XIX» s., T. m, 360. 518. Cf. Archives (Traités). « Cahier de doléances » (1789) : T. m, 265. Calendriers : Dosseray (1887), T. IV, 197. Républicain (1793-1794), T. m, 333. Calvinisme : Cf. Eglise (Réforme). Canaux : Cf. Communications. Caricatures : XVI» s., T. n, 274, 334, 341, 342. XVI»-XVII» s., T. n, 207. XVII» s., T. II. 350. 395; T. m, 22. 25. XVIII» s., T. m. 129, 208, 225, 248, 271, 331 332 373 XIX» s.', T. ' m, 395, 406, 445, 457, 458, 488, 514, 528; T. IV, 9, 13. 19, 20, 43, 45, 70, 84, 98, 119, 120, 138, 142, 180, 183. 193, 203, 210, 230. XX» s., T. IV, 311, 370, 394, 409, 410, 425. Carte civique (1798) : T. m, 334. Cartes de ravitaillement : 1795, T. m, 336 (Cf. errata, T. m, p. 534). 1914-1918, T. rv, 350, 365. Cartes : Cf. Géographie. Cartographie : Cf. Géographie. Casernes : Cf. Architecture militaire. Casques : Cf. Art militaire. Catholique (Parti) : Cf. Partis politiques. « Cercles » des Pays-Bas (1787) : T. m, 215. a Cession des Pavs-Bas » à Albert et Isabelle (1598) : T. n, 381. Chambre des Comptes (XV" s.) : T. I, 447 (Cf. errata), 448, 449; T. H, 45. Chambres de rhétorique : XVI» s., T. n, 187. Chansons : Cf. Musique. Chapelles : Cf. Architecture religieuse. Chaperons blancs : T. I, 356, 357. Charbonnacres : Cf. Mines. Charte de Cortenberg (1312) : T. I, 337. Chartes : Cf. Archives. Châsse : XIII» s., T. I, 216. Chasubles : Cf. Art religieux (Tissus). Chateau.v et châteaux-forts : Cf. Architecture civile et Architecture militaire. Châtellenies : Flandre (1200), T. I, 193. Cheminées : Cf. Architecture civile. Chemins de fer : Cf. Communications. Chevalerie : XIII» S., T. I, 191 (cf. errata). XIV» s., T. I, 269, 330 (cf. errata). XV» s., T. I, 496. XVI»-XVII» s., T. II, 122. Chirographes : Cf. Archives. Chroniques (dates de composition) : XI»-XII» s., T. I, 70 (cf errata). XIII» s., T. I, 146, 210. XIV» s., T. I, 276, 486 (cf. errata et T. I, p. 514). XIV-XV» s., T. I, 331. Clefs : IV» s., T. I, 22. VIII» s., T. I, 28. XIV» s., T. I, 474. XVII»-XVIII» s., T. ni, 93. XVIII» s., T. m, 138 269. XVIII»-XIX» s. (?), T. m, 361. Date Incertaine, T. m, 60. Clergé : Cf. Eglise. Cocarde : XVIII» s., T. m, 277. Coffres : Cf. Ameublement. « Collège philosophique » : Cf. Eglise. Colonies : Amérique, XVII» s.., T. H, 450. Chine, XX» s., T. IV, 235. Congo belge, T. IV, 223-230, 232-234. Colonne du Congrès national : T. m, 521. Comité National de Secours et d'Alimentation : Cf. Guerre 1914-1918. Commerce : Chambre de Commerce d'Anvers (1913), T. IV, 387. Cf. Communications, « Compagnie... », Marchands, Marchés, Métiers, Navires, Commission for Kelief in Belglum : Cf. Guerre 1914-1918. COMMUNICATIONS : Boîte aux lettres : XVIII» s., T. in, 146. Canaux : Bruxelles-Charlerol (1827-1832), T. m, 469 (plan). Bruxelles-Sambre (XVII» s.), T. m, 43 (pelle commémorative, cf. errata T. m. p. 534). Bruxelles-Willebroeck (1560), T. n, 148; T. ni, 40 (plan). Gand-Bruges (1753, «Coupure» à Gand), T. m, 147 (peinture) (cf. errata). Gand-Bruges-Ostende (1613), T. n, 496 (plan). Gand-Terneuzen (1827), T. m, 468 (plan). Louvaln-Mallnes (1750-1752), T. m, 155 (brouette). Mons-Condé (1807-1814), T. m, 376 (plaque commémorative). XVIII» s. (1766), T. m, 147, (jeton). Chemins de fer : XIX» s., T. rv, 51, 63, 266. Ecluses : XV» s., T. I, 465. Cf. Barrage de la Glleppe. Fonts : Dit « romain », T. I, 121 (cf. errata). XII»-XV» s., T, I, 471. XIII»-XIV» s., T. I, 275, 288. 1918, T. rv, 381. Ports : Anvers (XVI» s.), T. H, 133. Anvers (1631), T. H, 485. Anvers (XVIII«-XIX« s.). T. IH, 367. Anvers, (1914-1918), T. IV, 335. Ostende (XVIII» s.), T. m, 38. Ostende (1727), T. m, 111. Boutes : Liège-Sedan (1665), T. m, 83 (plan). Liège (principauté; partie orientale, 1712- 1787), T. m, 182 (plan). XVIII» s. (1766), T. m, 147 (jeton). Compagnie des Indes : T. m, 106, 111. Compagnie d'Ostende : T. m, 107. 109, 112. a Compromis des communes » (1884) : T. rv, 192. « Compromis des Nobles » (1566) : T. n, 250, 284. Comptes (manuscrits) : Cf. Archives. Concession Caroline (1540) : T. n, 82, 84. Concordat (1801) : T. m, 360. Conférence de Bréda (1575) : T. n, 293. Conférence de Londres (1830-1831) : T. rv, 9. Confréries : Cf. Corporations. Congo belge : Cf. Colonies. Congrès national (1830-1831) : Cf. Révolution beige (1830). Congrès de Vienne (1815) : T. in, 405, 417. (Grand) Conseil de Marie de Bourgogne (1477) : T. n, 17. Conseils provinciaux : XVII» s., T. n, 510. XVIII» s., T. m, 163, 223. Conseils royau.x et princiers (XIV» et XV» s.); T. I, 316, 369, 440, 445, 446, 480-481 (hors-texte); T. n, 14. Conseils : Cf. Archives. Constitution belge (1831) : T. m, 522; T. IV, 68. Contrefaçons (XIX» s.) : T. IV, 165. Coopératives : XIX» s., T. rv, 179, 181, 217, 222, 267. Corporations : XV» s., T. n, 165 (afflige), XVI» s., T. n, 80, 138, 141 (coffre), 162 (malsons). XVII» s., T. n, 510 (collier); T. m, 41 (maison), 56 (plaque armoriée). Cf. Métiers. Costumes : XV» s., T. I, 439, 498. XVI» s., T. n. 290, 500. XVIII» s., T. m, 323, 324. XIX» s., T. m, 389, 426, 446, 485, 492; T. rv, 96, 190. XIX»-XX» s., T. IV, 249. Cf. également passim. Cour (souveraine) de Hainaut : T. n, 482. Croisades : T. I, 75. Croix et crucifix : Cf. Art religieux. Cryptes : Cf. Architecture civile et Architecture religieuse. Davidsfonds : T. IV, 176. Déclaration des Droits de l'homme... (1791) : T. m, 288, 330. Décorations : Croix de Fer (1833), T. m, 512. Croix commémorative de 1830, T. m, 512. Déportés (1914-1918), T. IV, 376. Etoile d'Honneur (1831), T. m, 512. Garde Civique (1830), T. IV, 46. Ordre de l'Etoile Africaine (1888), T. rv, 232-233 (hors-texte). Ordre de la Jarretière, T. IV, 130. Ordre de Léopold (1832), T. IV, 49. Ordre Royal du Lion (1891), T. IV, 232- 233 (hors-texte). Ordre du Lion Belgique (1815), T. ni, 481. Ordre de Saint-Etienne (1764), T. IV, 130. Prisonniers politiques (1914-1918), T. IV, 376. Cf. Ordres de noblesse et passim T. m (2» partie) et T. IV (1» partie). Démocratie chrétienne : Cf. Partis politiques. Démographie : Brabant (1437-1526), T. n, 166. Salnt-Nlcolas-Waes (1631-1650), T. H, 498. Bruxelles, Gand, Anvers, Mons, Namur (XVIII» s.), T. m, 142 (cf. errata). Virginal, Rlxensart, Genval, La Hulpe, Ohaln, Lasne (1709-1784), T. in, 143. Départements de l'Escaut, de la Lys et de l'Ourthe (1801- 1816), T. m. 374. Pays-Bas (1820-1825), T. m, 470. Flandres (1845-1850), T. IV, 82. Villes de plus de 100.000 hab. Densité (1846-1880), T. rv, 157. Dentelles : Fin XVI» s.. T. n, 486. XVIII» s., T. m, 136-137 (hors-texte), 150; T. rv, 263. XIX» s., T. m, 377. XX» s., T. rv, 360. Dessins ( + Lavis, Pastels) : IX» a., T. I, 39, 45. X» s., T. I, 46, 57. XI» s.. T. I, 63, 86 (cf. errata), 109. XII» s., T. I, 69, 80, 110. XIII" s., T. I, 174, 186, 205, 214. XIV» s., T. I, 1.57 (cf. errata), 343. XV" s., T. I, 372, 465; T. n. 23. 36, 137. XV«-XVI» s., T. I, 479; T. n, 63. XVI» s., T. I, 349, 363, 394, 422, 423, 489; T. n, 31, 49 56, 133, 143, 149, 153, 178, 187, 189, 228, 256, 273, 277, 365. XVI«-XVII« s., T. n, 327. XVII» s., T. I, 262, 348. 419; T. H. 197, 310, 360, 438, 493; T. m, 36, 47. XVIII» s., T. m, 59, 61 (lavis : cf. errata), 107, 122 (pastel), 202, 217 (pastel), 218, 219, 227, 268, 278, 291, 311, 330. XVIII»-XIX» s., T. m, 367. XIX= s., T. I, 232, 291; T. U, 93; T. ni, 314, 388 (pastel ?), 398, 419, 425, 454, 483, 501; T. IV, 32, 91, 98, 166, 178, 194-196, 200, 207, 209. XX« s., T. IV, 245 (pastel), 287, 288, 292, 349, 364, 365, 370, 371, 375, 377, 394, 396, 411, 421. Devises : T. I, 415, 451, 457 (cf. errata); T. D, 251; T. m, 10, 123, 224. Cf. Médailles. Diagrammes : Assignat (cours, 1791-1794), T. m, 319. Charbon (1831-1900), T. IV, 235. Charbon (1914-1918), T. IV, 336. Commission for Relief In Belgium (envois, 1914-1918), T. IV, 342. Déportations (1916-1917), T. rv, 371. Electeurs (nombre, 1850-1895), T. IV, 206 (cf. errata). Enseignement (instruction c. 1850), T. IV, 273. Enseignement (population scolaire, 1875- 1886), T. IV, 141. Exemptions militaires (1838-1841), T. IV, 79. Indigence (1843-1850), X. IV, 78. Jésuites (recrutement, 1595-1626), T. n, 464. Langues parlées (1866-1900), T. IV, 177. Ministères (longévité, 1847-1878), T. IV, 146. Ouvriers (nombre, 1913-1918), T. IV, 378. Parlement (composition, 1847-1848), T. rV, 110. Parlement (composition, 1850-1851), T. rv, 112. Parlement (composition, 1892-1914), T. rv, 274. Parlement (composition, 1894), T. IV, 206. Prix des denrées (1914-1918), T. IV, 332, 333. Réfugiés (1915), T. rv, 424. Repas (Croix Verte, Gand, 1916), T. rv, 357. Sidérurgie (1914-1918), T. IV, 337. Travail des femmes et des enfants (c. 1850), T. rv, 273. Dlnanderies : XIIo s., T. I, 124. XV» s., T. I, 396. Diocèses : Cf. Eglise. Diplômes : Cf. Archives (CSiartes et Diplômes). Drapeaux : XV s., T. I, 408, 415; T. H, 34 Cf. Miniatures. XVI" s., T. II, 129, 310. XVIII» s., T. m, 123, 198, 242, 308, 313 (cf. Gravures). XVIII'-XIX» s., T. m, 301. XIX" s., T. m, 366, 426. 489, 495 (cf. Gravures); T. IV, 71, 181, 225. XX" s., T. rv, 422. Cf. Bannières. Ecluses : Cf. Barrage de la Gileppe et Communications. Ecoles : Cf. Architecture civile et Enseignement. Economie : Liberté économique, T. IV, 104, 143. Cf. Agriculture, Cartes de ravitaillement, Communications, Démographie, Diagrammes, Guerre 1914-1918, (renvois figurant sous la rubrique Economie),Industries, Marchés, Métiers, Mines, Monnaies, Ouvriers, Usines. Edit perpétuel de Marche-en-Famenne (1577): T. n, 313. Ratification, T. II, 435. Edit de tolérance (1781) : T. m, 205. Edit de VVorms (1521) : T. n, 200. EGLISE : Anticléricalisme : XIII» ou XIV® s., T. I, 276. XVI« s., T. n, 193, 334. XVI»-XVII» s., T. n, 207. XVII» s., T. n, 350. XVIII» s., T. m, 163, 271, 331. XIX» s., T. m, 438, 456, 458 ;T. IV, 69, 70, 119. Biens nationaux (Révolut. Franç.) : T. m, 371. Catéchisme (1610) : T. n, 457. Catholiques anglais réfugiés : T. n, 465. Clergé : XI» s., T. I, 71, 93 (cf. errata), 103. XII» s., T. I, 71, 86, 103, 104 (cf. errata). XII»-XIII» s., T. I, 52. XIII» s., T. I, 68, 176. XIV» s., T. I, 265, 400 (cf. errata). XV» s., T. I, 80 (cf. errata), 365. XVI» s., T. n, 193, 195. XVII» s., T. n, 427; T. m, 86. XVIII» s., T. m, 240, 273, 274, 337. Cf. la table I (noms de personnes) et, sous cette même rubrique : Anticléricalisme, Frères de la Vie commune, Jésuites. « Collège philosophique » : T. m, 450, 451. Concordat (1801) : T. m, 360. Croisades : T. I, 75. Diocèses : XI» s., T. I, 88. Avant 1559, T. H, 233. 1559, T. n, 232. 1570, T. n, 451 (cf. errata). Fête-Dieu (fondation, 1252) : T. I, 218, Frères de la Vie commune : T. I, 499. Image pieuse : XVII» s., T. II, 460. Inquisition : XVII» s., T. n, 466. Jansénisme : XVII» s., T. ni, 48, 49, 51, 63, 114, 115. XVIII» s., T. m, 72, 117. Jésuites : XVII» s., T. II, 457-464, 466; T. HI, 47; T. rv, 66, 113. XVIII» s., T. ni, 164, 210. XIX» s., T. m, 447, 472; T. IV, 66, 69. « Jugement doctrinal » (1817) : T. III, 432. Missions (catholique et protestante) : XIX» s., T. IV, 228. Nonciature : XVI» s., T. n, 457. Processions : XVI» s., T. n, 447. XVII» s., T. n, 445. Réforme : XVI» s., T. n, 78, 197, 198, 200, 202-208, 239, 241, 242, 246, 254, 255, 341. XVII» s., T. n, 432, 446 (cf. Emigration). Cf. ci-dessus. Anticléricalisme (XVI», XVII» s.) Serfs (d'Eglise) : XI» s., T. I, 100. Sermons : XIII» s., T. I, 176. XIV» s., T. I, 253. Cf. Architecture religieuse, Art religieux. Archives, « Grondwet », « Tôt nut \'an 't Algemeen », Enseignement (Universités, Louvain). Elections : Empire germanique XIV» s., T. I, 280 343 Empire'français, T. m, 363 (carte). Congrès National, T. m, 519 (affiche). 1831-1914 : T. I\', 67, 68, 83. 110, 112, 120, 139, 144, 206, 210, 274. Emaux : XII» s., T. I, 95, 112-113 (hors-texte). Emeutes, 1886 : Cf. Socialisme. Emigration : XIV» s., T. I, 354. XVII» s., T. n, 450. Emigrés : Révolution française, T. m, 383, 406. Restauration, T. m, 436, 437. ENSEIGNEMENT : Etat de l'Enseig. au milieu du XIX» s., T. rv, 273. Ecoles : II» s., T. I, 19. XVII» s., T. m, 50. XVIII» s., T. m, 166, 387. XIX» s., T. m, 440, 473; T. IV, 141, 150. Liberté: T. IV, 68. Lois, XIX» s. : 1850, T. rv, 113. 1879, T. rv, 148. 1914, T. rv, 246. Universités : XIII»-XIV« s., T. I, 214. Bruxelles, T. IV, 169, 170. Charleroi, T. IV, 267. Gand. T. m, 443, 473; T. IV, 116, 391, 392, 394, 417. Liège, T. m, 443; T. IV, 397. Louvain, T. I, 491, 497, 501;T. II, 506; T. m. 158, 165, 227, 451; T. IV, 65, 143, 252, 299, 391. Paris, T. I, 213. Cf. Architecture civile (Ecoles), Eglise (Jésuites). Eperons d'Or (Bataille, 1302) : T. I, 245 (cf. errata), 248, 249, 250 (cf. errata), 251, 253; T. IV, 199, 275. Epigraphie : romaine, T. I, 20. carolingienne, T. I, 44. XI» s., T. I, 62, 96. XV»-XVI» s., T. I, 298. XVIII» s., T. m, 376, 380, 441 (cf. errata), 473. XX» s., T. rv. 401. Cf. Bulles d'or, Ivoires, Médailles, Monuments funéraires. Pelles et Plaques commémoratlves. Sceaux, Tapisseries. Epitaphes : Cf. Monuments funéraires. Escaut (Rachat du péage, 1863) : T. rv, 106. Etalns (Plats) : XVIII» s., T. m, 212, 304. Etats généraux : XVI» s., T. n, 91, 304, 332. Régime hollandais, T. m, 434, 514. Etats provinciaux : XVI» s., T. II, 123, 229, 338, 343, 482. XVII» s., T. m, 218. XVIII» s., T. m, 221 (cf. « Cahier de doléances »). Etuves: Cf. Mœurs (XV» et XVI» s.). Evêchés : Cf. Eglise (Diocèses). Eventails : XVIII" s., T. m, 216-217 (hors-texte), 323. XX» s., T. rv, 360. Expositions : Anvers (1885), T. IV, 250. Bruxelles (1880), T. IV, 153, 154. Liège (1905), T. IV, 251. Mons (1806), T. m, 384. Régime hollandais, T. ni, 446. Faïence : XVIII" s., T. m, 111, 161, 210. XIX» s., T. rv, 62, 99. Cf. Porcelaine. Féodalité : Hommage féodal, T. I, 139, 313. Investiture, T. I, 80. Cf. Chevalerie, Parlement de Paris. Fermes : Cf. Architecture civile. Ferronnerie : XIII» s., T. I, 148, 228. XIV» s. (?), T. I, 300. XV" s., T. I, 190. XV»-XVI» s., T. I, 298. XVI» s., T. n, 332. XVII» s. (?), T. n, 499. XVIII» s., T. m, 149. Fête-Dieu (fondation, 1252) : Cf. Eglise. Flamingants : Cf. Activistes (renvois). Langues, Vlaem-sche Leeuw. Flandre (Symboles 1917-1918) : T. rv, 413, 415. Folklore : Boite aux lettres, XVIII» s., T. m, 146. Images populaires, XIX» s., T. rV, 109, 210; XX» s., T. IV, 295, 296, 321, 354, 359 Livre scolaire, XIX» s., T. m, 440. Ommegang, XVII» s., T. n, 501. Tapisserie, XIX» s., T. IV, 96. Cf. Mœurs. Fonderie : Cf. Usines. Fontaines : XVIII» s., T. m, 70, 259. XIX» s., T. m, 368. Fonts baptismaux : Cf. Art religieux. Forges : Cf. Usines. Fortifications : Cf. Architecture militaire. Franc-Maçonnerie : XVIII" s., T. m, 190, 192, 212, 313. XIX» s., T. IV, 44, 58. Francs-tireurs : Cf. Guerre 1914-1918. Frères de la Vie commune : Cf. Eglise. Fresques : Cf. Peinture. Frontisme : Cf. Guerre 1914-1918. « Furie espagnole » (1576) : T. n, 307. Garde civique : T. rv, 46, 85, 271. Gendarmerie : Cf. Armes (Pistolets, XIX» s.). Guerre 1914-1918. GEOGRAPHIE : '^'"^^Barrière (Places de la, 1715), T. m, 76. Bataille de Bouvines (1214), T. I, 151 (cf. errata). _ ____ Bataille de Bruxelles (1830), T. m, 506. Bataille de Waterloo (1815) (carte d'état- major), T. in, 415. _ ^^^ Belgique (novembre 1830), T. m, 528. Belgique (juin 1831), T. IV, 11. Belgique (1839), T. IV, 56. Belgique occupée (1914-1918), T. IV, 318. Brabant (XV»-XVI» s.), T. n, 114. Campagne des Dix Jours (août 1831), T- rv, 27. Charles d'Egmont (domaines c. 1530), T. n, 85. Chemins de fer (1840), T. IV, 52. Communes flamandes hostiles au Conseil de Flandre (1917), T. IV, 403. Départements (1794-1814), T. m. 356. Département de Jemappes (1799-1800), T. m, 326. Diocèses (XI» s.). T. I, 88. ___ Diocèses (avant 1559), T. H, 233. Diocèses (1570), T. n, 451 (cf. errata). Dunkerque (blocus, 1639), T. H, 413. Empire (XVI» s.), T. n, 91. Escaut (1832), T. IV, 42. Ferraris (carte chorographique, c. 1777), T. m, 203. Flandre (plaine, X» s.), T. I, 78 (ci. errata). Flandre (châtellenles, 1200), T. I, 193. Flandre (1274), T. I, 238. Flandre (fin XIII« s.), T. I, 247 (cf. errata). Foires de Champagne (XIIIi'-XIV'' s.), T. I, 260. Fortifications d'Anvers (1809-1906), T. IV, 216. Franc de Bruges (XVI= s.), T. II, 487. Frontière Brabant-Halnaut (XII« s.), T. I, 189. Frontière franco-belge (1659-1676), T. m, 26. Frontières (projets, 1813-1814), T. m, 411. Frontière linguistique (fin XIX® s.), T. IV, 261. Habsbourg (Etats, XVI" s.), T. II, 91. Hulst (siège, 1645), T. II, 414. Jésuites (collèges, 1542-1625), T. II, 461. Katanga (1891), T. IV, 234. Liège (principauté, XV s.), T. I, 392. Liège (principauté, XVI= s.), T. n, 428. Liège (principauté, routes, XVIII'^ s.), T. m, 182. Liège-Sedan (route, 1665), T. m, 83. Luxembourg (comtés de la région, XI' s.), T. I, 85. Opérations militaires (Guillaume d'Orange, 1568-1572), T. H, 294 (cf. errata, T. n, p. 522). Opérations militaires (1794), T. m, 312. Opérations militaires (août 1831), T. IV, 27. Opérations militaires (août 1914), T. IV, 293. Opérations militaires (mars-novembre 1918), T. IV, 414. Pacification de Gand (1576), T. n, 305. Pays-Bas (XIV« s.), T. I, 328. Pays-Bas (XV» s.), T. I, 452. Pays-Bas (XVI« s., Charles-Quint), T. n, 124. Pays-Bas (XVI» s., XVII Provinces), T. II, 310. Pays-Bas (XVII» s., Archiducs), T. n, 481. Pays-Bas (projet de partage, 1635), T. II, 412. Pays-Bas (1711), T. m, 73. Pays-Bas (1716), T. m, 100. Pays-Bas («Cercles», 1787), T. m, 215. Pays-Bas (Révolution brabançonne), T. ni, 241. Pays-Bas (royaume, 1815-1830), T. m, 467. Philippe II (Etats), T. H, 220. Route Liège-Sedan (1665), T. m, 83. Routes de la principauté de Liège (XVIII» s.), T. m, 182. Unions d'Utrecht et d'Arras (1579), T. n, 344 (cf. errata). Villas romaines, T. I, 21. Cartographie : XVI» s., T. n, 140. 180, 243. XVIII» s., T. ra, 203. Paysaces: XX» s., T. rv, 233, 265. Cf. Gravures, Peinture. Plans de villes : Anvers (1565), T. H, 154. Bailleul (XVI» s.), T. n, 243. Bruges (XII» s.), T. I. 126. Bruges (1562), T. H, 335 (cf. errata). Bruxelles (1830), T. m, 506. Hondschoote (XVI» s.), T. II, 140. Liège (fin XVII» s.), T. m, 85. Luxembourg (XVII» s.), T. m, 28. Maastricht (1579), T. H, 360. Maastricht à632), T. n, 399. Mons (1845), T. IV, 67. Turnhout (1789), T. ni, 238. Cf. Architecture militaire (Fortifications, XVII» s.) Vues de villes : Anvers (XVI» s.), T. n, 154, 165, 243, 491. Anvers (1631), T. n, 485. Anvers (c. 1830), T. m, 465. Béthune (1580), T. n, 337. Bruges (XV s.), T. I, 359 (cf. errata); T. n. 19. Bruges (XVI» s.), T. H, 331 (cf. errata). Bruxelles (1746), T. m. 125. Bruxelles (XX» s.), T. IV, 265. Dunkerque (XVII» s.), T. n, 511. Gand (XV" s.), (?), T. I, 469. Gand (1540), T. n, 143, 297. Gand (1789), T. m, 239. Gand (XVIII» s.), T. m. 213 (cf. errata), Genève (1550), T. Il, 239. Gouda (XVI» s.), T. n. 279. Huy (c. 1850), T. IV, 168-169 (hors-texte). Léopoldville (1884), T. IV, 223. Liège (156.3-1580), T. n, 419. Liège (1693), T. m. 79. Liège (1737), T. m, 178. Liège (Amercœur, 1788), T. m, 262. Mons (1691), T. m, 29. Namur (1575), T. n, 313. Namur (1692), T. m, 31. Ostende (1727), T. m, 111. Ostende (fin XIX» s.), T. IV, 225. Saint-Ghislain (1503), T. H 149. Saint-Quentin (1557), T. Il, 215. Walcourt (XVII» s.), T. n, 434. Cf. Communications. Géométrie : XI» S., T. I, 109. Gildes : Cf. Corporations. « Goedendag » : Cf. Armes. Gouvernement provisoire (1830) : Cf. Révolution belge (1830). Gravures ( + Aquatintes, eaux-fortes, lithographies) : XV» s., T. I, 404, 462. XVI» s., T. n: 27, 37, 38, 55, 63, 68, 84, 91, 92, 94, 101, 129, 144, 148, 150, 154, 156, 157, 165, 175, 180, 190, 196, 199, 202, 203, 215, 227, 237, 239, 243, 250, 254, 255, 257, 267, 272-275, 278, 279, 281, 283, 291, 293, 298, 302, 303, 310, 313, 314, 319, 322, 323, 329, 334, 335, 337, 341, 342, 345, 357, 361, 370, 373, 419, 446, 449, 459, 479, 500, 511, XVI«-XVII» s., T. n, 122, 207, 363. XVII» S., T. I, 76; T. n, 350, 366, 387, 399, 405, 413, 414, 416, 430, 437, 452, 460, 462, 477, 496, 511, 512, 516; T. m, 13, 20, 25, 28, 37, 40, 51, 79, 80, 82, 85, 90, 104. XVIII» s., T. n, 413; T. m, 55, 65, 66, 70, 87, 99, 102, 106, 111, 125, 126, 128, 129, 136, 139 (cf. errata), 178, 185, 186, 208, 214, 216, 220, 223, 224, 225, 238-240, 248, 249. 250 (cf. errata), 251, 259, 262, 267, 271, 273, 274, 295, 306, 308, 324, 331, 332, 333, 380. XVIII»-XIX» s., T. m, 317, 329, 354. XIX» S., T. n, 225; T. ni, 314, 351, 389, 395, 397, 399, 405, 406, 409, 410, 414, 428, 431, 440, 443, 445, 446, 454, 458, 459, 465, 479, 480, 487, 488, 494, 500-504, 506, 507, 509, 510, 512, 514, 523, 526-528; T. IV, 9, 13, 15, 16, 19, 24, 25, 35, 37-39, 43, 47, 48, 55, 57, 61, 63, 64, 67-70, 73, 74, 76, 80, 83, 84, 89, 90, 97, 108, 109, 117, 119, 120, 122, 131, 143, 153,154.164.168-169 (hors-texte), 171, 174, 180, 202, 218, 266. XX» s., T. rv, 246, 341, 415, 426. Grèves : Cf. Socialisme. « Grondwet » (1815) : T. m, 423-425. Cf. « Infâmes » (Ordre des). « Guerre de la Marmite » (1784) : T. m, 128. Guerre des Paysans (1798) : T. m, 341, 347. Guerre franco-allemande (1870) : T. rv, 138. GUERRE 1914-1918 : Activistes : T. rv, 389, 390, 392, 397, 405-407, 409, 410 (cf. également ci-dessous : Conseil de Flandre, Gendarmerie, Jong Vlaanderen, Ijangues). Administration allemande : T. IV, 307, 316, 317, 319, 325, 406. Affiches et ordonnances : T. rv, 288. 300, 310, 322, 344, 369, 386, 391, 398. Agriculture : T. rv, 332, 333. Assassinat de Sarajevo : T. rv, 253, 284. Belgique et pays amis : T. IV, 346, 354, 355, 360, 376 (cf. également ci-dessous : Comm. for Relief..., Ministres protecteurs). Caricatures : T. IV, 311, 370, 394, 409, 410, 425. Chômage : T. rv, 368-370, 372, 378 (cf. également cl-dessous : Déportations). Comité Nat. de Secours et d'Alimentation : T. rv, 341, 348-350, 353. Commission for Relief in Belgium : T. rv, 342-348, 360. Communications et Transports : T. rv, 367, 381. Conseil de Flandre : T. rv, 385, 394, 411 (cf. également ci-dessus : Activistes). Déportations : T. IV, 326, 370, 371, 373-377, 393. Destructions : T. rv. 283, 290, 299, 325, 330, 331, 381, 383, 388. Destructions d'usines : T. rv, 361, 377, 378, 380, 381. Drapeau : T. rv, 422. Economie : Cf. sous cette même rubrique : Agriculture, Chômage, Comité National de Secours et d'Alimentation, Commission for Relief in Belgium, Communications et Transports, Destructions d'usines. Finances, Industries, Monnaies, Ports, Prix, Ravitaillement, Réquisitions.. Espionnage : T. rv, 305, 306, 334, 396, 401 (cf. également cl-dessous Frontière hollando-belge, « Mot du Soldat »). Etappengebiet : T. rv, 318. Famille royale : T. rv, 303, 304, 309, 321. Finances : T. IV, 322, 329, 338, 339. Flandre (Symboles) : T. IV, 413, 415. « Fondés de pouvoir » du Conseil de Flandre: T. IV, 411. Francs-tireurs : T. rv, 288, 289, 296, 326. Frontière hollando-belge : T. rv, 305, 308. Frontisme : T. IV, 416. Gendarmerie flamande : T. rv, 411. Gouvernement belge : T. IV, 301, 425. Gouvernement général : T. rv, 318. Gouverneurs généraux : T. IV, 316, 323, 406. Industries : . , T. rv, 336, 337 (cf. également ci-dessus : Destructions d'usines). Insignes : T. IV, 346, 392. « Jong Vlaanderen » : T. rv, 389, 412. Kommandantur : T. rv, 327. Langues (question des) : T. rv, 398. Magistrats communaux : T. IV, 310, 396, 399. Magistrature belge : T. rv, 409. Massacres (populations civiles) : T. IV : 297, 364. « Meldeamt : T. rv, 307. Ministres protecteurs : T. rv, 345, 351, 355. Mobilisation : T. rv, 253. Monnaies : T. IV, 338, 339, 368. « Mot du Soldat » : T. rv, 308. Occupation (Scènes) : T. rv, 315, 324, 362, 365, 367, 371, 391. Œuvres de bienfaisance : T. IV : 348, 357, 359 (cf. également ci-dessus : Comité Nat. de Sec. et d'Aliment., Comm. for Relief in Belgium). Opérations militaires : T. rv, 290, 291, 293-295, 312, 362. Ordonnances ; Cf. ci-dessus : Affiches. Pangermanisme : T. IV, 387. Passeurs d'hommes : T. rv, 305. Ports : T. rv, 335. Presse : T. IV, 312, 313, 390, 397. Prisonniers politiques : Cf. ci-dessus : Déportations. Prix : T. rv, 332, 333. Proclamations : Cf. cl-dessus : Affiches. Ravitaillement : _ ___ T. IV, 314, 332, 350, 352, 356, 365, 367. Réfugiés : T. IV, 423-426. Réquisitions : T. rv, 331, 363, 366. Résistance du peuple belge : T. rv, 287, 307, 310, 311, 327, 373, 395, 403, 407 (Cf. également ci-dessus : Espionnage). Soldats allemands : T. rv, 302, 315, 319, 324, 362, 419, 420. Soldats belges : T. IV, 292, 303, 323 (cf. également sous cette même rubrique : « Mot du Soldat », Tombes). Souvenirs : T. rv, 300, 314, 346, 359. Timbres : T. IV, 317. Tombes de soldats : T. IV, 298, 420. Tribunaux allemands : T. IV, 363, 401. Ultimatum allemand (et réponse du gouvernement belge) : T. rv, 254, 285, 286. Université de Gand : T. rv, 391, 392, 394, 417. Universités (Liège et Louvain) : T. IV, 391, 397. Wallingants : T. IV, 397. Tser : T. rv, 340. . . < Gueux » : « Antigueux'» : T. II, 260. Cf. Infâmes (Ordre des). Halles : Cf. Architecture civile. Hanse germanique : T. I, 474; T. H, 150, 493. Héraldique : XIII» -XIV s., T. I, 281. XIV s., T. I, 263, 268, 279, 329, 344, 371, 401 (cf. errata), 490. XV s., T. I, 346, 386, 393, 408, 451, 456: T. II, 99. XV-XVI" s., T. n, 51 (cf. errata). XVI' s., T. I, 213; T. II, 60, 64, 87, 109, 110, 112 (cf. errata), 113 (cf. errata), 129, 146, 158, 165, 222, 229, 299, 310, 326, 343, 357, 479. XVI'-XVII» s., T. n, 340. XVII» s., T. II, 429, 478, 482, 508, 510; T. m, 56. XVII» ou XVIII« s., T. m, 199 (cf. errata). XVIII» s., T. ni, 106, 125, 242, 253, 260. XIX» s., T. m, 366, 377; T. IV, 56-57 (hors-texte). Briquet de Bourgogne, T. n, 120 (cf. Miniatures, Monnaies). Cf. Décorations, Monnaies et passlm. Hôpitaux : Cf. Architecture civile. Hôtels et hôtels de ville : Cf. Architecture civile. Iconoclastes (1566): T. n, 255, 284. Images populaires : Cf. Folklore. IMPRIMERIE : Atelier et Presse : XVI» s., T. H, 188-189 (hors-texte). XVIII» s. (?), T. m, 385. Contrefaçons : XIX» s., T. IV, 165. Journaux : XVII» s., T. m, 48. XIX» s., T. m, 392, 457, 460; T. IV, 20, 75, 201. XX» s., T. IV, 238, 254, 313, 390, 397. Uvres, Placards et principales impressions : Incunables (—1501), T. I, 499; T. II, 36. Post-Incunables (1501-c. 1540), T. H, 165, 175, 200, 202. XVI» s., (c. 1540-1600), T. n, 144, 198, 203, 236, 242, 246, 272, (cf. errata), 286, 333, 354. XVII» s., T. n, 432, 457, 462, 463, 512, 516; T. m, 15, 19, 36, 37, 49. XVIII» s., T. m, 72, 160, 190, 192, 204, 237, 276, 292, 330. XIX» s., T. m, 438; T. IV, 81, 143, 164, 165, 179. XX» s., T. rV, 240. Reliures : XVI» s., T. H, 81, 202, 299. XVII» s., T. n, 410, 433; T. m, 505. XVIII» s., T. ra, 116. XX» s., T. rV, 417. Cf. Scriptorium. Inaugurations des souverains et Joyeuses Entrées : Albert I»"- (1909), T. IV, 237, 239, 259. Albert et Isabelle (1599 et 1600), T. IV, 385, 477. Charles VI (1717), T. m, 103. François d'Alencon (1582), T. H, 361. Guillaume I" (1814-1815), T. m, 410, 431, 433. Joseph II (1781), T. m, 202. Léopold I" (1831), T. rV, 25. Léopold II (1865), T. IV, 127, 129. Philippe V d'Anjou (1702), T. m, 59. Cf. également ci-dessous Joyeuse-Entrée de Brabant. Industries : Cf. Dentelles, Expositions, Guerre 1914-1918, (Destructions d'usines. Industries), Machines, Métiers, Mines, Usines. « Infftmes » (Ordre des) (1829) : T. m, 462. Inquisition : XVII» s., T. n, 466. Ivoires : VI»-VII» s., T. I, 53. IX»-X» s., T. I, 64. X» s., T. I, 50. X»-XI» s., T. I, 56 (cf. errata, T. I, p. 514). XII» s., T. I, 159. XII» s. (?), T. I, 36 (cf. errata), 54 (cf. errata), c. XVIII» s., (?), T. IV, 224. Jansénisme : Cf. Eglise. Jésuites : Cf. Eglise. Jetons : Cf. Médailles. Journaux : Cf. Imprimerie. Joute : XIII» s., T. I, 191 (Cf. errata). Cf. Tournoi. Joyeuse-Entrée de Brabant : 1356, T. I, 338. 1477, T. II, 24. Joyeuses-Entrées : Cf. Inaugurations des souverains. . i ■ • SI ■■ Il < ' ■ I' TABLE GENERALE DES MATIERES m. — Le bilan d'un demi-siècle............................................................ Page 153 Progrès accomplis par la Nation. — La bourgeoisie belge. — Caractère de l'industie belge. — L'agriculture. — Augmentation de la prospérité nationale. — La peinture. — La sculpture. — L'architecture. — La musique. — La littérature française. — La littérature flamande. — Les sciences. — Notes. rV. — La question linguistique et la question sociale............................................. Page 173 Situation privilégiée du français. — Les Flandres et l'Allemagne. — Premiers symptômes du mouvement flamand. — Le libéralisme économique. — La charité et la philanthropie. — Premiers essais d'organisation ouvrière. — Influence de l'Internationale. — Le parti socialiste belge. — Le parti ouvrier belge. — Notes. LIVRE IV De 1884 à 1914. I. — Avant la revision constitutionnelle...................................................... Page 189 Le régime censitaire au point mort. — La loi scolaire de 1884. — Démission du ministère de 1884. — Les émeutes de 1886. — Répression des émeutes. — Le Congrès catholique de 1886. — La question du service militaire. — Agitation en faveur du suffrage universel. — Vote de la revision constitutionnelle. — Notes. IL —■ La revision et ses conséquences ...................................................... Page 203 Les projets de revision. — Le vote plural. — Le Parlement de 1894. — Le parti catholique après la revision. — Le pouvoir royal après la revision. — Nécessité d'une réforme électorale. — Vote de la représentation proportionnelle. — La grève générale de 1902. — Réorganisation de l'armée. — La jeune droite et la législation sociale. — Les lois linguistiques. — Transformation des partis après la revision. — L'organisation socialiste. — Le parti catholique et la législation sociale. — Le Boerenbond. — Les associations ouvrières chrétiennes. — Notes. m. — Le Congo et l'expansion belge......................................................... Page 223 Indifférence du pays pour l'expansion. — Visées coloniales de Léopold II. — L'Association internationale du Congo. — L'Etat indépendant du Congo. — Intervention financière de la Belgique. — Premier projet de reprise du Congo. — Progrès dans l'industrialisation du pays. — Développement de l'exportation. — Entreprises belges à l'étranger. — Notes. IV. — A la veille de la guerre............................................................ Page 237 Avènement d'Albert — Imprévoyance du pays. — Dangers de la situation internationale. — La Belgique « pays artificiel ». — Les partis à l'avènement d'Albert I". — La grève générale de 1913. — Vote de l'instruction obligatoire. — Aspect nouveau de la question flamande. — La Belgique en 1914. — La cohésion nationale. — La civilisation belge. — L'ultimatum du 2 août 1914. — Notes. LIVRE V La Belgique et la Guerre mondiale. Avant-propos ................................................... L — La Belgique à la veille de la guerre .............................. Le pays et ses habitants. — L'organisation politique. — Etat du pays à la veille de la guerre. n. — L'invasion du pays ..................................................... La violation de la neutralité. — L'invasion. — Notes. in. — Situation générale du pays pendant l'occupation.................................... Une nation emprisonnée. — L'attitude du peuple. — Notes. IV. — L'organisation de l'occupation................................................ L'établissement du système. — Le système en action. — Notes. V. — La crise économique et sociale ............................................. Causes et progrès de la crise. — L'agriculture. — L'industrie. — Les banques. — Notes. VL — La «Commission for Relief in Belgium » et le «Comité National de Secours et d'Alimentation» ... L'établissement et l'organisation. — Le fonctionnement et l'œuvre accomplie. — Notes. Vn. — L'exploitation du pays ................................................... L'exploitation rationnelle et la déportation des travailleurs. — L'exploitation à outrance. — Notes. VIII. — La séparation administrative................................................ Jusqu'au 21 mars 1917. — Le Conseil de Flandre. — La séparation administrative. — Notes. IX. — L'activisme ............................................................ Jusqu'au « cès de justice» (7-10 février 1918). — L'activisme en action. — Notes. X. — La débâcle ............................................................ L'administration. XI. —' La diaspora............................................................ Notes. Annexes. Errata .................................................................. Index des noms et lieux cités ................................................... Tables des illustrations : I. — Onomastique. Noms de personnes et de lieux cités dans les notices II. — Systématique ....................................... m. — Collections utilisées .................................... Table générale des matières ....................................... Notes. Page 257 Page 259 Page 283 Page 299 Page 315 Page 329 Page 341 Page 361 Page 385 Page 405 Page 419 Page 423 Page 427 Page 430 Page 451 Page 464 Page 473 Page 477 COMPLEMENTS A L' HISTOIRE DE BELGiaUE DE 1914 A 1940 M !!■ 'i par JOHN BARTIER Chargé de cours à l'Université Libre de Bruxelles FERNAND VAN LANGENHOVE Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, délégué permanent de la Belgique auprès de l'O.N.U FERNAND BAUDHUIN Professeur à l'Université de Louvain GASTON-DENYS PERIER Maître de conférences à l'Institut universitaire des Xerritoires d'outre-mer GUSTAVE VAN WELKENHUYZEN Membre de l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises MATHIEU RUTTEN Professeur à l'Université de Liège PAUL FIERENS Conservateur en clief des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique RAYMOND DINJEART Lieutenant-colonel B.E.M., professeur à l'Ecole de Guerre I H;'! î' r p'Jii ■.îili I ! r.i i l'.v" ;!! f; S AVERTISSEMENT 'HISTOIRE DE BELGIQUE d'Henri Pirenne se termine à la guerre de 1914-1918. Il ne pouvait évidemment être question pour nous de compléter une œuvre qui [orme un ensemble, conçu et exposé dans une même pensée de l'auteur. Nous avons cru intéressant, cependant, d'ajouter en complément à l'HISTOIRE DE BELGIQUE d'Henri Pirenne, quelques études, dues à des spécialistes particulièrement qualifiés : MM. J. Bartier, F. Baudhuin, P. Fie-rens, G.-D. Périer, M. Rutten, F. Van Langenhove, G. Van Welkenhuyzen, sur les principaux aspects politiques, économiques et culturels de l'histoire de notre pays depuis 1914-1918. Pour compléter les pages magistrales où Henri Pirenne évoque cette première occupation allemande dont il a personnellement connu les rigueurs, nous croyons utile de joindre, en appendice, un exposé succinct dû au colonel B.E.M. R. Dinjeart, professeur à l'Ecole de Guerre, des événements militaires que couronne l'armistice du 11 novembre 1918. Cette documentation permettra au lecteur de suivre le développement de notre histoire au cours du dernier demi-siècle qui fut si particulièrement riche en événements. LES EDITEURS. LA POLITIQUE INTERIEURE par John BARTIER Chargé de Cours à l'Université Libre de Bruxelles E 1884 à 1914, le parti catholique avait gardé le pouvoir. Cette continuité gouvernementale avait coïncidé avec une lente transformation des institutions politiques et sociales. Au suffrage censitaire avait succédé le suffrage universel « tempéré par le vote plural ». Le système majoritaire avait été remplacé par la représentation proportionnelle. Les Flamands avaient obtenu le redressement de quelques-uns de leurs griefs, tandis que plusieurs lois amélioraient le sort de la classe ouvrière. La Grande Guerre allait accélérer cette évolution. En pays occupé comme au Havre, l'intérêt national mettait un frein aux querelles de partis et obligeait à l'union. Les anciens adversaires collaboraient, ici au Comité National de Ravitaillement ou dans des commissions clandestines, là au gouvernement (1). Cette entente ne devrait-elle pas être maintenue après la fin des hostilités jusqu'au moment où tous les problèmes nés de la guerre auraient été résolus ? A mesure que le conflit se prolongeait, cette opinion gagnait du terrain parmi les hommes politiques. Dans les derniers mois de la guerre, la majorité d'entre eux en était venue à admettre qu'après la victoire, un gouvernement d'union nationale aurait à diriger le pays et à réaliser plusieurs réformes. Parmi elles figuraient la création d'une université flamande et l'adoption du suffrage universel, soit pur et simple, comme le voulaient les sçcialistes et la plupart des libéraux, soit avec un double vote pour le père de famille, comme le souhaitaient les catholiques (2). Ainsi quoi qu'on en ait dit, les conversations de Lophem (3) ne furent pas à l'origine de la politique d'après guerre. Lorsque, le cabinet Cooreman ayant démissionné le 13 novembre 1918, le roi Albert le remplaça par un ministère présidé par M. Léon Delacroix, le seul élément de surprise fut la personne même du nouveau chef de Cabinet ou plus exactement, du Premier ministre, pour laisser à M. Delacroix le titre qu'il fut le premier à adopter en Belgique (4). En effet, M. Delacroix dont la carrière au Barreau avait été brillante, s'était jusqu'alors tenu éloigné de la vie politique. Mais il avait joué un rôle important au Comité d'Alimentation, et ancien disciple de Beernaert, il jouissait de la confiance du cardinal Mercier, en même temps que de celle d'Emile Francqui, (Cliché Jacobs.) Façade du Palais de la Nation (Bruxelles), siège du Sénat et de la Chambre des Représentants. Ancien Palais du Conseil de Brabant, puis des Etats Généraux sous le régime hollandais; construit par B. Gulmard et Ph.-J. Sandrié (1779-1783); Incendié en 1820 et en 1883. Le fronton, œuvre de Qodecharle (1781), a été restauré en 1820, 1898 et 1951-1952. grand homme d'affaires qui avait tenu une place considérable dans la Belgique occupée. C'est sans doute à ces puissantes amitiés que Delacroix dut sa désignation (5). Si les partis étaient d'accord sur le principe même des réformes, ils différaient pourtant d'opinion sur l'étendue qu'il convenait de leur donner et sur les moyens de les réaliser. Ces divergences de vues furent sensibles après le retour du gouvernement à Bruxelles. Il eut à tenir compte de l'opinion d'un Parlement élu avant guerre et où subsistait une majorité catholique. Elle comprenait un noyau de vieux conservateurs tels que Woeste qui n'appréciaient que médiocrement l'esprit de Lophem. Leur résistance explique pourquoi la déclaration ministérielle du 28 novembre et les adresses des Chambres marquaient un recul sur le discours du trône du 22 (6). Le problème le plus délicat qu'eut à résoudre le Parlement fut celui des élections. En droit strict, elles devaient être réglées par l'ancienne loi électorale. Après seulement, on pourrait envisager la revision de l'article 47 de la Constitution et l'établissement du suffrage universel. Mais les masses toléreraient-elles que la constituante soit élue par ce suffrage plural qu'elles détestaient ? Le Parlement mit plusieurs mois à résoudre cette difficulté. La solution fut d'autant plus malaisée à trouver que chaque parti désirait faire élire le nouveau Parlement selon le système le plus favorable à ses propres intérêts. Au bout de plusieurs mois de tractations, on aboutit à un compromis : la loi du 10 avril 1919. Les socialistes obtenaient le suffrage universel masculin avec droit de vote à partir de vingt et un ans, mais les catholiques faisaient •H I,; I ; ! f!:" I , I I j|!|! î'i.' iî^ !r •a If, li^:; ili •!' : jii ■■ M I .' ■ ■ D' ' ^•IhiikiV^ ■i.iii,::,;,:'^ t'ii!!/ vi ■ i Ir IV''/' ,1 j •. l'.'i il'■ : I ;.■ i ' 1 { . 1 ; , ■ triompher le principe du vote féminin aux élections communales et les libéraux, celui de l'apparentement (7). Les élections du 16 novembre 1919 modifièrent fortement la composition de la Chambre. Tombant de 99 à 73 sièges, le parti catholique perdait sa majorité absolue. La nouvelle assemblée ne comprenait plus que 34 libéraux au lieu de 45. Les socialistes passaient de 40 à 70 sièges tandis que quatre allaient à des partis éphémères et cinq aux frontistes (8). Le Parlement du 16 novembre resta fidèle à l'union nationale. Le deuxième ministère Delacroix, et le ministère Carton de Wiart qui lui succéda continuèrent à exécuter les promesses de Lophem. La Constituante reprenant et complétant la loi du 10 avril 1919 réserva aux hommes le droit de suffrage, mais accorda aux partisans du vote des femmes une légère concession : la promesse que celui-ci pourrait entrer en pratique par une loi votée à la majorité des deux tiers des voix, mais sans revision constitutionnelle. On réforma le Sénat. A côté de membres élus directement et de ceux désignés par les conseillers provinciaux, cette assemblée en compterait désormais d'autres qui tiendraient leur mandat d'elle-même. On espérait que ces sénateurs cooptés seraient choisis parmi des personnalités éminentes que leurs occupations éloignaient des associations politiques. En fait, « la bénignité des sénateurs porta bientôt leur choix de préférence vers des camarades de parti blackboulés lors des élections les plus récentes» (9). Au surplus, on unifia les durées des mandats à la Chambre et au Sénat et on décida d'élire à l'avenir aux mêmes dates et sans renouvellement partiel les deux Chambres. C'est peut-être dans le domaine de la législation sociale que les gouvernements tripartis accomplirent l'oeuvre la plus considérable. La loi dite Vandervelde fit disparaître l'alcoolisme en interdisant aux cabaretiers la vente du genièvre. La loi d'octobre 1919 créant une « Société Nationale des habitations à bon marché » et celle de 1920 sur les pensions de vieillesse furent également bienfaisantes. Trois autres lois eurent encore plus d'importance : celle d'octobre 1919 qui, modifiant le régime fiscal réduisit dans les revenus de l'Etat la part des impôts indirects en élevant des droits successoraux et en instituant une taxe progressive sur les revenus; celle de mai 1921 qui par la suppression de l'article 310 du code pénal rendit plus aisé l'exercice du droit de grève; celle, enfin, du 14 juin 1921 qui établit la journée des huit heures et la semaine des six jours (10). En octobre 1921, le Parti Ouvrier Belge qui menait campagne pour un service militaire de six mois entra en conflit avec les deux autres partis. Le ministre Anseele ayant présidé à La Louvière une manifestation antimilitariste, fut prié de démissionner par M. Carton de Wiart, ce qui entraîna la retraite des autres membres socialistes du Cabinet. Quelques semaines plus tard, le 20 novembre, on procéda à de nouvelles élections. Le parti catholique en sortit renforcé. Les libéraux tout en perdant un siège augmentèrent, mais de peu, leur pourcentage de voix. Les frontistes perdaient également un siège et, des petits partis, ne survivait qu'un représentant des « Anciens Combattants ». Tout en n'abandonnant que deux mandats, le Parti Ouvrier Belge subissait un grave échec, car son «avance... à peu près ininterrompue depuis 1894 était, du moins momentanément, enrayée» (11). Cet arrêt de la progression socialiste était d'autant plus significatif que la Belgique, depuis l'armistice avait traversé une période de troubles sociaux. Sans doute, ils n'avaient pas atteint la même ampleur que dans d'autres pays européens, mais cependant on avait compté 170.000 grévistes en 1919, 290.000 en 1920, et encore 122.000 en 1921 (12). En somme, en se résignant au suffrage universel, la bourgeoisie avait fait preuve de la même habileté que le ministère Rogier, empêchant la contagion révolutionnaire de 1848 d'atteindre la Belgique par quelques concessions faites à temps. Le 3 décembre 1921, le Congrès du Parti Ouvrier Belge décida de ne plus participer au gouvernement. Il se constitua alors, sous la direction d'un banquier catholique, M. Theunis, qui, à l'époque, n'appartenait pas au Parlement, un ministère catholique-libéral. La formation de cette coalition fut favorisée par le fait que la querelle scolaire qui avait si longtemps opposé libéraux et catholiques s'était assoupie depuis 1919. D'un côté, l'enseignement libre primaire avait obtenu des subsides. En revanche, entre les deux guerres, par une convention tacite, le portefeuille de l'Instruction publique fut presque toujours réservé à des ministres d'une sûre «laïcité» (13). Ce point écarté, peu de chose séparait la plupart des libéraux de l'aile conservatrice du parti catholique. Les deux groupes pensaient de même sur les questions économiques et fiscales. Ils ne souhaitaient pas pour l'heure de nouvelles transformations sociales et n'entendaient pas céder aux exigences du mouvement flamand. Enfin, les uns comme les autres voulaient assurer la sécurité de la Belgique par une armée forte et une entente avec l'Angleterre, et la France, ou à son défaut avec la seconde de ces puissances uniquement. Mais à elles seules les voix libérales et conservatrices ne constituaient pas une majorité. Pour l'établir, celles des démocrates-chrétiens étaient nécessaires. Ces derniers représentaient des intérêts fort différents de ceux défendus par les « vieille droite ». De plus, leur clientèle se recrutant surtout en Flandre, ils souhaitaient la transformation du régime linguistique et désapprouvaient l'accord militaire avec la France. A bien des égards, ils étaient donc plus près des socialistes que du reste de la majorité. Pour s'assurer leur fidélité, M. Theunis dut, à plusieurs reprises, leur faire des concessions auxquelles conservateurs et libéraux ne consentirent pas volontiers. Ces querelles entravèrent l'action du Premier ministre. S'il parvint à réprimer, en 1923, la dernière des grandes grèves : celle des chemins de fer; si sa politique fisceile réussit (14), il ne fut pas toujours aussi heureux. La majorité ne parvint pas à se mettre d'accord sur le problème de l'université flamande. On en vint à un compromis — la loi Nolf du 31 juillet 1923 qui dédoublait l'Université de Gand en sections française et flamande. Dans chacune d'elles, un tiers des cours devait être fait dans la langue de l'autre ! Le plan de défense nationale imaginé par le ministre Devèze n'eut pas plus de succès. Les démocrates-chrétiens n'acceptèrent les quatorze mois de service militaire souhaités par lui que moyennant l'abandon du système de recrutement qu'il préconisait (15). Ces querelles intestines amenèrent plusieurs remaniements du Cabinet 'Theunis. Le second, en mars 1924, ne fut assuré qu'« en écartant les questions irritantes de politique intérieure» (16), comme le souhaitait le parti libéral. Mais cette abstention ne pouvait se prolonger et, en février 1925, le gouvernement Theunis préféra recourir à de nouvelles élections. Elles eurent lieu le 5 avril. Comme celles qui avaient eu lieu en France, l'année précédente, elles furent marquées par une forte poussée à gauche. Les socialistes gagnèrent dix sièges tandis qu'apparaissaient pour la première fois deux députés communistes. Si les catholiques ne perdaient que deux sièges, les libéraux en abandonnaient dix. Enfin, on enregistrait un progrès du frontisme qui avait désormais six représentants. La crise ministérielle qui s'ouvrit alors fut longue. Les socialistes victorieux entendaient rentrer au gouvernement et estimaient que le soin de le former leur revenait. Mais M. Vandervelde échoua dans cette mission. Il avait d'abord songé à un ministère d'union nationale que le refus des Tableau comparatii de la composition de la Chambre des Hepiésentants après les élections législatives de 1914 et 1919. !! libéraux, désireux de rentrer dans l'opposition, rendit impossible; puis les catholiques n'acceptèrent pas d'entrer dans un ministère présidé par un socialiste. On arriva pourtant, après de longs pourparlers, à une coalition de la droite et du Parti Ouvrier Belge, mais sous la présidence d'un démocrate-chrétien : M. Prosper Poullet. Plusieurs portefeuilles avaient été réservés à des catholiques modérés et à des « techniciens ». Les démocrates-chrétiens, en effet, n'avaient pas voulu payer leur collaboration avec les socialistes de la rupture du parti catholique. La composition du ministère avait donc été déterminée par le souci de rassurer les conservateurs. Mais cette concession, de même que la prudence montrée par le gouvernement en matière sociale, fut inutile. Une partie des conservateurs vota comme les libéraux, contre le ministère, tandis qu'une autre s'abstenait. Cette hostilité ne fit que grandir lorsque le ministère Poullet voulut ramener le service militaire à dix mois (16). Lors de la remise au Musée de l'Armée des drapeaux des régiments supprimés, à la suite des réformes militaires, le Premier ministre, qui assistait à la cérémonie, fut hué et la manifestation manqua de se terminer en émeute (17). Bientôt, le Cabinet Poullet allait connaître des difficultés bien plus grandes. Le ministre des Finances, M. A.-E. Janssen avait tenté de stabiliser le franc dont la valeur n'avait cessé de décroître depuis la fin de la guerre. Pour être mené à bonne fin, son projet nécessitait le recours à des emprunts étrangers en même temps que le maintien de la confiance accordée jusqu'alors à l'Etat par les porteurs de Bons du Trésor. Mais les épargnants, les banquiers belges et les financiers anglo-saxons n'épaulèrent pas le gouvernement Poullet-Vandervelde. Quelques mois après la formation du ministère, par suite de retraits, la valeur des Bons du Trésor avait déjà diminué d'un milliard (18). En mars 1926, on dut renoncer à conclure de nouveaux emprunts extérieurs, les prétentions des prêteurs éventuels étant exorbitantes. Dès lors, M. Janssen ne parvint plus à maintenir la stabilisation. Entre le 10 et le 13 mars, un mouvement de panique entraîna l'échange de plus de quatre cents millions de francs contre des devises étrangères et le passage de la livre du cours de 107 à celui de 121.50 (19). Pendant six semaines encore, le gouvernement lutta vainement pour enrayer la chute du franc. On courait à l'inflation. Le 4 mai, à la (Chambre, le Cabinet fut violemment attaqué par les libéraux. L'un de leurs meilleurs orateurs, M. Paul-Emile Janson, dans un discours resté célèbre, s'exclama : « Sans avoir le moindre sentiment de haine pour personne — dont la guerre et nos malheurs communs ont effacé jusqu'à la trace — je vous dis que nous vous demandons de vous en aller.» (20). Pourtant, comme le Parlement ne lui avait pas manifesté sa méfiance par un vote, M. Poullet n'obéit pas sur-le-champ à l'« Allez-vous en » de M. Janson. Mais sa position devint bientôt intenable, car trois ministres : MM. Carton et Rolin-Jacquemyns, puis M. Janssen, lui-même, démissionnèrent. Abandonné par les éléments modérés, M. Poullet se retira le 11 mai, deux mois avant qu'en France le ministère cartelliste Herriot ne s'écroule, lui aussi, sous l'effet d'une crise monétaire, analogue à celle de la Belgique. Ce fut le leader des catholiques conservateurs, M. Henri Jaspar qui succéda au chef des démocrates-chrétiens. Il présida un gouvernement d'union nationale où figurait, à côté des représentants des trois partis, M. Emile Francqui. Bien que ministre sans portefeuille, Francqui inspira la politique financière du nouveau Cabinet. Il parvint, au bout de quelques mois, à arrêter la chute du franc et à le stabiliser au cours de 175 fr. pour une livre sterling. Ce résultat ne fut obtenu qu'au prix d'une lourde aggravation des impôts et de l'abandon par l'Etat de l'exploitation des chemins de fer (21). La tâche du ministère Jaspar fut favorisée par la loi du 16 juillet sur les pouvoirs spéciaux (22). Elle avait pour effet de permettre au gouvernement d'agir pour un temps sans l'approbation du Parlement. Ce dernier se résigna à l'abandon de ses prérogatives pour diverses raisons. La crise était si grave qu'on ne pouvait espérer la résoudre sans sacrifier le formalisme juridique; la mesure avait aussi l'avantage de laisser uniquement au gouvernement la responsabilité de décisions impopulaires; enfin, les socialistes avaient eu soin, avant d'accorder leurs concours à M. Jaspar, d'obtenir la promesse qu'il ne serait pas touché aux lois sociales et qu'on adopterait même une nouvelle réglementation des loyers (23). Dans sa déclaration ministérielle, M. Jaspar avait au surplus promis formellement que son gouvernement ne poursuivrait pas d'autre objectif que la stabilisation du franc. Lorsqu'elle fut réalisée, M. Francqui démissionna, mais le Cabinet d'union nationale resta au pouvoir, car pour l'heure il n'y avait pas d'autre possibilité. Un ministère libéral-conservateur n'aurait pas eu l'appui du Parlement de 1925 et une nouvelle alliance entre catholiques et socialistes se serait heurtée aux mêmes oppositions que le ministère Poullet. De plus, comme les élections communales d'octobre 1926 leur avaient été fort défavorables, les socialistes préféraient ne pas provoquer une nouvelle crise ministérielle, qui aurait pu entraîner en fin de compte la dissolution du Parlement et le recours aux urnes (24). (Bruxelles, propriété comtesse H. Carton de Wiart.) Le comte Henry Carton de Wiart (Bruxelles, 1869-Uccle, 1951). Photographie prise en 1931. La trêve des partis se prolongea jusqu'à l'automne de 1927. Le 8 octobre, M. Vandervelde la rompit, en prononçant, à Tri-bomont, un discours où il réclamait de nouvelles réformes sociales et la réduction du service militaire à six mois. Le ministre de la Défense nationale, M. de Broqueville, et M. Jaspar n'étaient pas hostiles au principe d'un service militaire court, mais ils n'entendaient pas l'instituer avant d'avoir consulté les autorités militaires. En revanche, le Parti Ouvrier Belge souhaitait une décision rapide et voulait sans plus attendre forcer le Parlement à se prononcer. Cette mésentente entre les ministres socialistes et leurs collègues des autres partis provoqua, le 21 novembre, la démission du ministère. Dès le lendemain, M. Jaspar reformait un autre Cabinet où les portefeuilles détenus dans la combinaison précédente par des socialistes étaient attribués à des libéraux et à des démocrates-chrétiens. Le retour des socialistes à l'opposition allait être plus durable qu'après leur retraite du ministère Carton de Wiart, puisqu'ils ne revinrent au pouvoir qu'en mars 1935. De tous les gouvernements de l'après-guerre, le deuxième ministère Jaspar, qui dura jusqu'en mai 1931, fut celui qui fournit la plus longue carrière, bien que l'entente fiit loin de régner dans son sein. A nouveau, les libéraux et les conservateurs se querellaient avec les démocrates-chrétiens à propos du service militaire et de la question flamande. Aussi la loi de milice du 14 septembre 1928 fut-elle le résultat d'un compromis, la réduction du temps de service à huit mois et non à six, comme le souhaitaient les démocrates-chrétiens, étant payée du recrutement provincial. Cette mesure, ainsi que la promesse de ne plus confier l'encadrement des soldats flamands qu'à des officiers parlant parfaitement le néerlandais, annonçaient la division de l'armée en grandes unités régionales (24). L'entente se fit moins facilement encore sur le principe de l'amnistie. Les catholiques flamands la désiraient, mais les libéraux craignant qu'elle ne parût un désaveu des sanctions prises contre les activistes au lendemain de la guerre, y étaient opposés. Ici encore, on finit par transiger. On renonça à restituer à l'ensemble des condamnés leurs droits politiques, mais une nouvelle procédure rendit plus aisé l'octroi de réhalîilitations individuelles. Si cet arrangement empêcha la chute du ministère, il fut loin de satisfaire l'opinion flamande comme le montrèrent d'abord les 10 (Photographie appartenant à l'Institut E, Vandervelde [Bruxelles].) Portraits de députés socialistes (1894-1921). 1 : C. Demblon. — 2 : J. Mansart. — 3 : E, Vandervelde. — 4 : E. Anseele. — 5 : E. Berloz. — 9 : Shinler. — 10. Léonard. : L. Bertrand. — 7 : Brenez. — 8 : J. Destrée. — quatre-vingt-trois mille suffrages qui, à Anvers, lors d'une élection partielle, se portèrent, le 9 décembre 1928, sur le nom d'un activiste encore emprisonné : Auguste Borms; puis les élections législatives du 26 mai 1929. Les frontistes, en effet, gagnèrent cinq sièges, tandis que les catholiques en perdaient deux. Pourtant, les élections furent, dans l'ensemble, favorables au gouvernement. Les libéraux, lîénéficiant du fait que le redressement financier de 1926 avait été l'œuvre d'un des leurs, Emile Franc-qui, et de la période de prospérité qui avait suivi la stabilisation, passèrent de vingt-trois à vingt-huit sièges. En revanche, les fautes imputées, peut-être injustement au ministère Poullet-Vandervelde, cotîtèrent huit mandats aux socialistes. Ces résultats montraient que le pays approuvait la politique économique du gouvernement, mais que l'ère des revendications flamandes n'était pas close. Aussi M. Jaspar voulut-il compléter les lois linguistiques. Il réussit à faire voter, en février 1930, la flamandisation de l'Université de Gand, mais libéraux et démocrates-chrétiens ne parvinrent pas s'accorder sur les autres projets de loi. Bien plus, la crise économique qui atteignait la Belgique à la fin de 1930 divisa, elle aussi, la majorité, les démocrates-chrétiens et quelques députés libéraux désavouant, comme l'opposition, les réductions de traitement imposées par le gouvernement aux agents de l'Etat. Pourtant, il ne se trouva pas au Parlement une majorité pour renverser le Cabinet Jaspar. Sa chute fut provoquée le 21 mai 1931 par la démission du ministre M. Bovesse, qui reprochait à M. Jaspar d'avoir accepté un amendement à une loi relative aux fortifications sans consulter les libéraux (25). Le gouvernement Renkin se recruta dans les mêmes partis que le ministère Jaspar, mais comprit plus de partisans des revendications flamandes. Il fit voter, le 28 juin 1932, une loi sur l'emploi des langues dans l'administration et, le 14 juillet, deux autres qui le réglaient dans l'enseignement primaire et moyen. Nous reviendrons plus loin sur ces mesures, mais indiquons, dès à présent, que leur préparation suscita au sein du gouvernement des différends comparables à ceux qu'avait provoqués la flamandisation de l'université gantoise, et que la loi du 14 juillet sur l'enseignement moyen ne fut adoptée que par 81 voix contre 12 et 63 abstentions (26). On peut même penser que la législation linguistique aurait rencontré une opposition bien plus forte, si la crise économique n'avait en s'aggravant fait passer la question flamande au second plan. En 1932, les exportations belges étaient tombées au-dessous de la moitié du chiffre qu'elles représentaient en 1929 (27). Avec des rentrées de fonds plus restreintes, l'Etat devait faire face à des dépenses accrues. L'augmentation du chômage forçait à lui seul l'Etat à payer en secours près d'un milliard, là où trois ans auparavant il ne versait que quarante millions. L'intention prêtée au ministère Renkin de combler le déficit budgétaire en diminuant les pensions de vieillesse déclencha, en juillet, une grève imposante. Née dans le Borinage, elle s'étendit rapidement sur le reste du Hainaut et le Brabant wallon. Le nombre des grévistes dépassa bientôt cent cinquante mille. Devant l'ampleur et la violence du mouvement, qui fut marqué par l'incendie d'un château et le contrôle exercé sur les routes par les piquets de grève, le gouvernement fit appel au corps mobile de gendarmerie et à l'armée. Grâce au déploiement de ces forces, la grève fut brisée au bout de quelques jours (28), mais elle amena cependant le gouvernement à « faire un arrêt dans sa politique de déflation» (29). A la suite des élections communales du 9 octobre 1932, les libéraux estimèrent le moment venu de dissoudre le Parlement. M. Renkin s'y refusa et ne parvenant pas à faire triompher ses vues au Conseil des Ministres, démissionna — chose curieuse — à l'insu de ses collègues. La retraite du Premier ministre entraîna la chute du gouvernement (30). Celui qui le remplaça et que présidait M. de Broqueville fut, encore une fois, formé de libéraux et de catholiques. Il n'eut d'autre programme que de procéder aux élections. Elles se déroulèrent le 27 novembre et, seules de l'entre-deux-guerres, fu- rent dans une certaine mesure influencées par la question scolaire, libéraux et socialistes s'étant prononcés contre les subsides aux écoles libres, tandis que le clergé recommandait aux fidèles de ne voter que pour des candidats favorables à l'enseignement catholique. Bénéficiant à la fois de l'apaisement momentané apporté en Flandre par les dernières lois linguistiques et de la répugnance manifestée par certains libéraux à l'anticléricalisme renaissant de leur parti, les catholiques gagnèrent trois mandats, mais le mécontentement provoqué par les mesures de déflation valut aux socialistes trois nouveaux sièges et deux aux communistes. Un député indépendant, quatre libéraux et trois frontistes firent les frais de l'opération. En définitive, ni la renaissance des anciennes querelles ni même l'angoissante situation économique n'avaient modifié profondément la composition du Parlement. Aussi l'alliance entre libéraux et catholiques se maintint-elle et M. de Broqueville, après avoir toutefois modifié la composition de son ministère, revint au pouvoir. Comme ses prédécesseurs, M. de Broqueville ne parvint pas à rendre solide l'union des partis qui formaient la majorité sur laquelle il s'appuyait. En janvier 1934, il manqua de devoir démissionner parce que certains ministres désiraient restituer leurs emplois aux fonctionnaires jadis révoqués pour activisme, tandis que les autres s'opposaient farouchement à cette mesure. La chute du gouvernement ne fut alors évitée que par l'intervention du roi. Le souverain proposa, en effet, au Conseil de régler les demandes en réintégration par une procédure qu'approuvèrent les deux clans (31). Mais cette unanimité fut brève. Pour éviter la rupture de la coalition, M. de Broqueville, qui avait acquis au cours de sa longue carrière une réputation d'exceptionnelle habileté, dut mettre en œuvre tous ses talents. Il procéda à plusieurs remaniements ministériels, appelant l'un, écartant l'autre pour satisfaire les catholiques sans mécontenter les libéraux; pour s'assurer la fidélité des Flamands sans perdre celle des Wallons. Cette politique de dosage était d'autant plus malaisée à conduire que la prospérité belge ne se rétablissait pas. Certes, le déficit du budget ordinaire fut beaucoup moins prononcé pendant les deux années suivantes qu'en 1932 (32), mais ce résultat ne fut atteint que par la compression des dépenses publiques et l'accroissement des impôts. Pour réaliser ces mesures impopulaires, le gouvernement dut réclamer les pouvoirs spéciaux. Le Parlement les lui renouvela à plusieurs reprises, mais chaque fois leur octroi fut précédé d'épineuses négociations, les démocrates-chrétiens et certains libéraux répugnant aux mesures de déflation. Bien plus, au sein du Cabinet, les ministres les plus compétents en matière économique prônaient des méthodes différentes. Leur hostilité aux vues du ministre des Finances, M. Sap, entraîna même le retrait de MM. van Zeeland et Ingenbleek. Le gouvernement de Broqueville ne survécut pas à cette crise interne et disparut le 11 novembre 1934 (33). Ainsi (Bruxelles, exemplaires des Archives de la Ville, fonds Fauconnier, carton 2, dossier «Contre la guerre» [= I]; carton 4, dossier Elections législatives [= 2 et 4]; carton 3, dossier Elections législatives [= 3].) (Ciiclié Bijtebier.) Affiches électorales (1925-1932). 1 r Afficiie communiste (1929). — 2 : Afficiie catholique (1932). — 3 : Affiche socialiste (1925). — 4 : Affiche libérale (1929). le vieil homme d'Etat abandonnait le pouvoir quelques mois après la mort tragique d'Albert I" dont il avait été le conseiller de dilection (34). Le nouveau roi, Léopold III, confia alors le gouvernement à M. Theunis. Il fit appel d'une part à des hommes politiques catholiques et libéraux et de l'autre à plusieurs « techniciens i>, pour employer une expression du temps, qui comme lui n'appartenaient pas au Parlement. Le Premier ministre était connu pour sa compétence en matière de finances. La même raison expliquait la présence à ses côtés de MM. Francqui et Gutt. En effet, le nouveau gouvernement voulait non seulement poursuivre l'oeuvre de déflation, mais aussi assurer la défense du franc. Un programme aussi vaste, aussi difficile pouvait-il être mené à bien dans la lutte des partis ? Il semble que M. Theunis ait estimé très vite qu'il fallait revenir à l'union nationale. Il esquissa une tentative de rapprochement du côté des socialistes. Elle échoua (35). Par ailleurs, une notable partie des économistes et des financiers loin d'approuver les conceptions monétaires de M. Theunis, estimait qu'une dévaluation était inévitable et qu'elle favoriserait notre commerce international. On assista bientôt à une fuite de capitaux, que le gouvernement ne parvint pas à empêcher, pas plus qu'il ne réussit à persuader le gouvernement français d'appuyer la défense du franc belge (36). M. Theunis, sentant la nervosité de l'opinion et craignant qu'un débat parlementaire ne déchaîne « une panique sans nom » ne rende tout redressement monétaire impossible et préférant ne pas «engager la politique du suivant» (37), démissionna le 19 mars. Sa chute marqua la fin d'une époque, celle qui avait débuté à Lophem. Dans le monde entier, l'après-guerre avait été marquée par de profonds bouleversements politiques; et pour n'en citer que deux, le communisme s'était solidement implanté en Russie et la démocratie parlementaire avait fait place, dans plusieurs pays, à des régimes autoritaires. Sans doute, la Belgique avait Rentesdal » un McriTKa mprima, pouf donnar, dam catta bataiSa décitiva, la darniar cawp aux annamit du paufla. Nout vout damandont da Targant; da eat argant qui ait i vaut, qua vOM aval Oégnt pa>v«tralta«ail,pattou«fancai:daeat ARSENT QUI EST P R O P 11 E . Dam la matura da wot moyani. taitai a- tacnfica. la plut qrand Mcrifiea polaibla. H l'aqit du lakit du payt. Vami d'utganca votr» obola au C. C. P. «M7S (F«i4i Ctmkmt 0«4r««>, 121. Im R*yiv |ai de c^uoi «inii.iol c ni i a i too|.iccU|?> t'iiL Miyic Cc\ pic'.'ïciUc CPoiii-fiilton t'I ( oui- toi'i'Uio lie (.'fur.'» ccxfl.>cl<>. 0» ao.iCPc oticjoial a. If ' - <-» û y {/ l/'c-^.-/. (Bruxelles, Ministère des Affaires Etrangères, section des Traités originaux.) (Cliché Jacobs.) Signatures des plénipotentiaires belge (H. Jaspar) et luxembourgeois (E. Heuter) ou bas de la convention du 21 juillet 1921 créant une union économique d'une durée de cinquante ans entre les deux pays. La France était placée devant le même problème. Elle l'aborda sous l'empire de ses traditions protectionnistes. Elle crut qu'elle pourrait continuer à exclure l'Allemagne du bénéfice de son tarif minimum. L'Allemagne refusa de conclure dans ces conditions; ayant recouvré sa liberté d'action, temporairement limitée par le Traité de Versailles, elle riposta aux droits différentiels français par des mesures analogues. Après de longues négociations infructueuses, la France se résigna à concéder à l'Allemagne l'application du tarif minimum, mais elle prit auparavant la précaution d'en relever considérablement le niveau. L'Union économique belgo-luxembourgeoise était ainsi menacée d'un double préjudice : d'une part, elle allait rencontrer en France une concurrence allemande par rapport à laquelle elle avait bénéficié depuis la guerre d'un régime privilégié; d'autre part, elle allait se heurter à une barrière douanière sensiblement renforcée. Ces circonstances provoquèrent l'ouverture de nouvelles négociations qui aboutirent le 24 avril 1927. C'était, cette fois, un accord de grande envergure, le plus large qui fiit intervenu entre les deux pays depuis 1881. La France avait renoncé à sa politique d'autonomie tarifaire qui, depuis 1891, l'avait paralysée dans l'élaboration de ses conventions commerciales; de substantielles réductions de droit étaient consenties de part et d'autre. La Belgique avait ainsi régularisé ses relations commerciales, d'une part avec la France, d'autre part avec l'Allemagne, c'est-à-dire avec ceux de ses voisins dont le protectionnisme menaçait l'Important débouché que, de longue date, ses exportations y trouvaient. Cette tâche accomplie, la Belgique prit une part de plus en plus large dans l'effort poursuivi par la Société des Nations en vue de faciliter le commerce international. Elle participa aux conférences qui furent réunies à cet effet et y appuya constamment les solutions les plus libérales, qu'elles eussent pour objet la suppression des restrictions aux importations et exportations, la simplification, la stabilité et l'abaissement des tarifs douaniers, l'unification de leur nomenclature ou l'application de la clause de la nation la plus favorisée. Elle y trouvait, en effet, des dispositions qui coïncidaient avec sa politique traditionnellement orientée dans le sens de la liberté des échanges. Cependant, de graves menaces commençaient à poindre à l'horizon. Le courant protectionniste devenait de plus en plus fort en Angleterre. L'un des principaux arguments dans ce sens était que le Royaume-Uni était à peu près seul à poursuivre une politique libérale, tandis que la plupart des pays s'entouraient de barrières de plus en plus élevées. Sans doute, le gouvernement travailliste, qui était arrivé au pouvoir en 1929, y était-il opposé, mais qu'arriverait-il le jour où il ferait place à un autre gouvernement ? Pour conjurer ce péril, l'idée naquit de proposer une stabilisation générale des tarifs douaniers suivie d'une action concertée tendant à leur abaissement. La délégation belge sonda le terrain tandis que touchait à sa fin la première partie de la conférence des réparations de 1929. Les hommes d'Etat qui s'étaient réunis à La Haye se séparèrent, pour se retrouver peu de temps après à Genève, à la Xe Assemblée générale de la Société des Nations. Hymans lança l'idée dans le débat général, au début de la session. Il demanda que, devant les menaces d'aggravation du protectionnisme, un engagement collectif fût pris de ne plus hausser les tarifs douaniers. Mais ce ne serait là qu'une mesure conservatoire, en attendant la réalisation de dispositions plus hardies. Le véritable but était réduction progressive des tarifs douaniers. Prévoyant qu'une partie des Etats seulement serait disposée à s'engager dans cette voie, le chef de la délégation belge dénonça l'injustice qu'il y aurait à étendre aux récalcitrants, à la faveur du traitement de la nation la plus favorisée, le bénéfice des abaissements de tarifs convenus dans des accords généraux. Il reprenait pour le compte de la Belgique une suggestion faite par le Comité économique de la Société des Nations : « Le remède proposé consisterait à préciser dans les traités de commerce bilatéraux que la clause de la nation la plus favorisée qui y serait inscrite ne peut donner droit au bénéfice des conventions économiques plurilatérales dès que celles-ci sont accessibles à tous les Etats et tendent à améliorer les relations économiques entre les peuples. Une telle réserve peut être considérée comme parfaitement légitime. Le gouvernement belge, en ce qui le concerne, est déterminé à l'adopter désormais pour règle. » Enfin, comme les Etats disposés à libérer leurs échanges des entraves qui en contrarient le développement seraient sans doute pour la plupart des Etats européens, « on pouvait voir dans ce groupement l'une des formes de l'idée généreuse suggérée par M. Briand à l'Europe» (15). Une proposition fut formellement présentée par les délégations belge, britannique et française : elle tendait à une action économique concertée pendant laquelle les Etats qui y participeraient s'abstiendraient de toute élévation des tarifs. Mais la Conférence internationale qui fut convoquée à Genève, en janvier 1930, se heurta à de graves difficultés provenant des pays les plus protectionnistes. Il fut impossible de réaliser la trêve douanière telle qu'elle avait été conçue primitivement. La Convention com- Palais de la Société des Nations à Genève. Mis aujourd'hui à la disposition des « Nations-Unies ». merciale qui fut adoptée à titre de compromis ne put entrer en vigueur (16). Cet échec ne mit pas fin aux efforts poursuivis par la Belgique en vue d'éviter l'étranglement du commerce international. Répondant à une initiative de la Norvège, elle conclut, le 22 décembre 1930, avec les Pays-Bas et les autres pays scandinaves, auxquels se joignit la Finlande, l'accord d'Oslo. Celui-ci n'interdisait pas le relèvement des tarifs douaniers, mais il le soumettait à une procédure de notification et de négociations préalables, de nature à réduire autant que possible les préjudices qu'il pourrait causer aux parties contractantes. En 1931, la crise économique avait profondément atteint l'Angleterre, provoquant un changement de gouvernement, la dévaluation de la livre et l'avènement du protectionnisme. Celui-ci semblait devoir conduire à un renforcement du régime de la préférence impériale. Ainsi la menace, que la Belgique depuis plusieurs années s'efforçait d'écarter, se précisait et s'aggravait. Elle affectait des débouchés qui alimentaient l'activité de ses principales industries, à la fois ceux qu'elles trouvaient dans le Royaume-Uni et ceux qu'elles trouvaient dans les anciennes colonies d'outre-mer, à présent devenues des Dominions indépendants. Une conférence impériale allait être convoquée à Ottawa dans le courant de l'été; le temps pressait. Le gouvernement belge fit une tentative suprême afin de conjurer au moins partiellement le péril. Le roi Albert lui-même l'y encouragea dans une lettre adressée à son Premier ministre, et qui eut un grand retentissement. D'étroits contacts avaient été maintenus entre les représentants belges et hollandais au cours des négociations entreprises dans le cadre de l'action -.....— ---------- économique concertée. Ils se renouvelèrent à l'occasion de l'examen des initiatives que les circonstances rendaient nécessaires. On se mit rapidement d'accord sur un projet de traité. Les parties contractantes s'engageaient non seulement à ne pas relever les tarifs existants, mais à les réduire progressivement : de dix pour cent immédiatement, puis par quatre paliers successifs de dix pour cent jusqu'à un total de cinquante pour cent en quatre ans. Elles s'engageaient enfin réciproquement à ne créer aucune nouvelle prohibition, restriction ou entrave quelconque, hormis des cas spéciaux, et à supprimer dès que possible celles qui existaient (17). La Convention fut paraphée le 16 juin 1932 à Ouchy, près de Lausanne, où la Conférence des Réparations venait de commencer ses travaux; elle fut signée à Genève le 18 juillet 1932. Elle était ouverte à l'adhésion des autres Etats. Son entrée en vigueur était subordonnée à la condition, inspirée du principe déjà énoncé par Hymans en 1929, que ceux qui n'y adhéreraient pas ne se prévaudraient pas de la clause de la nation la plus favorisée pour réclamer le bénéfice gratuit des réductions qu'elle prescrivait à ses signataires. Sa conclusion fut officiellement notifiée à tous les gouvernements qui furent in- vités à y participer. Elle eut un grand retentissement; mais elle aussi ne put être mise en vigueur, parce que plusieurs Etats, et particulièrement le Royaume-Uni, tout en refusant d'y participer, ne voulurent pas renoncer au droit que leurs accords leur conféraient, de réclamer le bénéfice unilatéral des avantages qu'elle stipulait. En 1933, la Conférence Economique de Londres avait été un nouvel échec. On était au plus profond de la dépression économique. La plupart des pays souffraient d'un chômage étendu; beaucoup étaient aux prises avec de grandes difficultés en ce qui concernait leurs paiements extérieurs et avaient été amenés à les soumettre à de rigoureuses restrictions. Dans toute l'Europe centrale, orientale et méridionale, ainsi qu'en Amérique latine, ces restrictions formaient désormais les principaux obstacles aux échanges commerciaux. Les autres pays, voyant leurs débouchés extérieurs se rétrécir et le chômage grandir, protégeaient de plus en plus leur marché intérieur. La Belgique perdit progressivement le bénéfice de la plupart des concessions tarifaires qui lui avaient été faites dans les accords commerciaux négociés au cours de la décade antérieure. Il n'y eut dans cette sombre période qu'une éclaircie permettant d'espérer le retour à un régime plus favorable aux échanges commerciaux. L'avènement d'une administration démocrate aux Etats-Unis amena l'adoption de la politique commerciale à laquelle le secrétaire d'Etat Cordell Hull attacha son nom et dont l'objet était de réaliser, par des concessions réciproques, une libération progressive du commerce. Ici aussi, la Belgique fut à l'avant-garde. Elle conclut, au début de 1935, l'accord qui inaugurait en Europe cette nouvelle politique des Etats-Unis, à laquelle la deuxième guerre mondiale devait donner une ampleur alors insoupçonnée. III. - LE PROBLEME DE LA SECURITE LE DESARMEMENT DE L'ALLEMAGNE. — La Belgique n'avait pas trouvé dans une revision des traités de 1839 les sûretés nouvelles qu'elle cherchait. Par contre, le Traité de Versailles avait considérablement réduit l'appareil militaire avec lequel l'Allemagne, qu'elle avait pour voisine sur la plus grande partie de sa frontière orientale, avait dominé l'Europe. Il imposait en même temps la démilitarisation de la Rhénanie, qui avait été la place d'armes où s'étaient rassemblées les forces qui avaient envahi la Belgique. A ces sûretés de caractère permanent s'ajoutaient des dispositions temporaires destinées à assurer l'exécution du traité et prévoyant l'occupation de la rive gauche du Rhin et des têtes de pont de Cologne, Coblence et Mayence par les armées alliées pendant une période de cinq, dix ou quinze années, suivant la zone. LE PACTE DE LA SOCIETE DES NATIONS. — La Conférence de la Paix ne s'était pas bornée à réduire les armements (Bruxelles, Musée Royal de l'Armée, section des photographies, photo n» 14850.) Soldats belges gardant le pont de Dusseldorf-Ober-Cassel tandis que des civils allemands écoutent le bruit de la fusillade à Dusseldori (1919). de l'Allemagne et des autres Etats ennemis. Sous l'inspiration du Président Wilson, elle avait édifié un système général de sécurité et de garanties mutuelles. La délégation belge avait joué un rôle de premier plan dans son élaboration. Au sein de la commission à qui fut conférée cette mission, elle fut le principal porte-parole des petits Etats (18). Elle fut désignée par la Conférence de la Paix pour faire partie du Conseil au cours du premier exercice, et elle fut constamment réélue jusqu'en 1926 (19). De plus, par un vote quasi unanime, l'assemblée appela Hymans à la présidence de sa première session. Les garanties de sécurité qu'instituait le Pacte résultaient notamment des dispositions en vertu desquelles tous conflits éventuels devaient être soumis soit à l'arbitrage ou au règlement judiciaire, soit à l'examen du Conseil de la Société des Nations, tandis que des sanctions étaient prévues contre tout Etat qui recourrait à la guerre en violation de ses engagements. Le recours à la guerre n'était cependant pas illicite en toutes circonstances. Il subsistait dans l'organisation de la paix une fissure par où la guerre pouvait réapparaître. Le gouvernement belge participa activement aux efforts qui furent accomplis pour y remédier, soit par le projet de traité d'assistance mutuelle de 1923, soit par le protocole de Genève de 1924 (20). Les mêmes efforts conduisirent à la signature, le 27 août 1928, du pacte général de renonciation à la guerre, dit « Pacte Kellog », où la Belgique figura parmi les premiers signataires. Enfin, le gouvernement belge vit toujours une sérieuse garantie de paix dans le développement des procédures de règlement pacifique des différends internationaux. Il fut un fidèle adepte de la Cour Permanente de Justice Internationale. Par une déclaration du 25 septembre 1925, il reconnut pour une durée de quinze années la juridiction obligatoire de la Cour, conformément à la clause facultative de son statut. C'est dans le même esprit qu'il conclut de nombreuses conventions d'arbitrage et prit une part importante à l'élaboration de l'acte général pour le règlement pacifique des différends internationaux que l'assemblée de la Société des Nations adopta le 26 septembre 1928. L'ACCORD MILITAIRE FRANCO-BELGE. — La sécurité de la Belgique trouvait dans le Pacte de la Société des Nations des garanties d'ordre général. Fallait-il essayer de les renforcer par des accords spéciaux avec les grands alliés de la guerre qui prolongeraient dans la paix la solidarité née au cours de la lutte poursuivie contre l'ennemi commun, en lui donnant un caractère contractuel permanent ? La circulaire adressée le 25 avril 1915 aux chefs de mission mentionnait parmi les objectifs que la Belgique poursuivrait à .< ht Ctv Ovcif^e. 1 C'LiaX^eti") l'avenir, outre la pleine indépendance et la revision des traités de 1839, une neutralité librement adoptée. Mais l'attitude du gouvernement évolua vers la fin de la guerre. Dans des instructions qu'Hymans adressait le 2 septembre 1918 aux chefs de mission, il les invitait à ne plus faire allusion à la possibilité de pratiquer après la guerre une politique de neutralité volontaire, qui devait cependant prévaloir une dizaine d'années plus tard. L'idée grandit que la Belgique devait chercher auprès des grandes puissances qui l'avaient libérée la garantie directe d'un appui dans le cas d'une nouvelle agression allemande. Les Etats-Unis s'étaient séparés de leurs associés de la guerre. Le rejet du Traité de Versailles par le Sénat excluait leur participation à la Société des Nations; il faisait en même temps tomber les deux traités interdépendants que Clemenceau avait signés à Versailles, en même temps que le Traité de Paix, respectivement avec Wilson et Lloyd George, et qui assuraient à la France, en cas de tout acte non provoqué d'agression dirigé contre elle par l'Allemagne, l'assistance des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne. Sans être partie à ces traités, la Belgique en eût, en fait, partagé le bénéfice, une agression contre elle étant assimilée à une agression contre la France. C'est donc vers la France et la Grande-Bretagne que la Belgique se tourna. Elle leur demanda la garantie de leur assistance éventuelle. Le gouvernement britannique ayant posé des conditions jugées inacceptables, elle se rabattit sur l'idée d'un simple accord militaire anglo-franco-belge. Les pourparlers se poursuivirent sur cette base parallèlement avec chacun des deux gouvernements amis. La Belgique continuant à se heurter, du côté britannique, à des objections insurmontables, se résigna à ne conclure, pour le moment, qu'avec la France. Le 7 septembre 1920, un accord militaire fut signé par les deux chefs d'état-major et le maréchal Foch. Son principal objet était d'énoncer les dispositions de caractère technique à prendre en raison de la participation des armées belge et française à l'occupation de la rive gauche du Rhin, pour parer à une nouvelle agression allemande, mais il n'était pas sans prêter à des équivoques sur le plan politique (21). Dans des lettres datées respectivement du 10 et du 15 septembre, et qui seules furent rendues publiques, le gouvernement belge et le gouvernement français donnèrent leur approbation à l'accord militaire qui lui-même, en raison de sa nature, demeura secret. La Belgique, pas plus que la France d'ailleurs, n'avait renoncé à obtenir la garantie de la Grande-Bretagne. Elle reprit les pourparlers avec celle-ci à la Conférence de Cannes, en janvier 1922. Un projet fut élaboré et discuté entre les représentants des deux pays. Il stipulait que, dans le cas d'une attaque directe non pro- bt. m .-L Xot (X-CCe/tC/ , (Bruxelles, établissements Fonson.) Armoiries de S.M. la reine Elisabeth (à gauche) et du roi Albert (à droite). Armoiries peintes sur papier et provenant du Palais Royal. (Cliché Le Maire.) (Liège, Archives du Musée de la Vie Wallonne, dossier 55 G, n° 28563.) Woodrow Wilson (Staunlon [Virginie], 185G-Washington, 1924). président des Etats-Unis d'Amérique de 1913 à 1921. Portrait mis en vente à Liège le 5 novembre 1918 au profit d'une œuvre de bienfaisance. voquée de l'Allemagne contre le territoire de la Belgique, la Grande-Bretagne viendrait immédiatement au secours de celle-ci avec toutes forces navales, militaires et aériennes et que la Belgique employerait toutes ses forces militaires, navales et aériennes pour défendre ses frontières. Le texte fut définitivement arrêté par les deux gouvernements. L'accord, cependant, ne fut jamais signé en raison de l'échec des négociations franco-britanniques au sort desquelles le gouvernement anglais persista à lier sa conclusion (22). LA POLITIQUE DE LOCARNO. — Tandis que la Belgique cherchait à appuyer sa sécurité à la fois sur la France et la Grande-Bretagne, c'est dans l'entente de ces deux pays qu'elle voyait la principale garantie contre un retour agressif de l'Allemagne. Malheureusement, des dissentiments graves s'étaient produits entre ces deux puissances. Ils étaient apparus à plus d'une reprise déjà au cours de la Conférence de la Paix. Ils se répétèrent au sujet de l'application du Traité de Versailles, dès son entrée en vigueur. Le gouvernement belge y trouva l'occasion d'exercer sa mission conciliatrice. Il la poursuivit inlassablement au Conseil Suprême comme aux Conférences des Réparations. L'adoption du Plan Davs^es et l'évacuation de la Rhénanie, conformément aux accords intervenus à la Conférence de Londres, rétablirent l'harmonie entre la Grande-Bretagne et la France qu'avait affectée l'occupation de Francfort, Darmstadt et Ha-nau en 1920, comme celle de la Ruhr en 1923; elles provoquèrent en même temps une détente entre la France et l'Allemagne. Des échanges de vues s'engagèrent dans un nouveau climat; leur but était de consolider la paix de cette région du Rhin où elle avait été si souvent troublée ou rompue dans le passé. Ils aboutirent le 7 octobre 1925 aux accords de Locarno, qui furent solennellement signés à Londres, le l""' décembre 1925. Les dispositions du pacte rhénan, comme celles des conventions d'arbitrage qui l'accompagnaient, n'avaient plus de pointe contre l'Allemagne et avaient dépouillé le caractère unilatéral d'un traité imposé par des Etats vainqueurs à un Etat vaincu. Elles étaient imprégnées d'un esprit nouveau qu'on appela « l'esprit de Locarno ». Elles créaient des obligations réciproques et des garanties mutuelles. Ces garanties, d'après le Préambule, avaient un caractère complémentaire : elles venaient s'insérer dans le cadre du Pacte de la Société des Nations et des traités en vigueur entre les parties contractantes. Le Pacte rhénan stipulait assistance immédiate à la victime en cas de violation flagrante des engagements pris de ne se livrer à aucune attaque ou invasion, de même qu'en cas de contravention flagrante aux articles 42 ou 43 du Traité de Versailles prescrivant la démilitarisation de la rive gauche du Rhin. Le préambule constatait d'autre part « l'abrogation des traités de neutralisation de la Belgique ». Un système nouveau était substitué à l'ancienne neutralité. Il comportait la garantie de la France et de la Grande-Bretagne, qui étaient déjà garants des traités de 1839. Une garantie nouvelle s'y ajoutait : celle de l'Italie. L'un des principaux objectifs de la politique étrangère de la Belgique depuis la fin de la guerre était enfin réalisé (23). Mais la principale innovation en ce qui concerne la Belgique résidait dans le fait que celle-ci n'était plus, comme dans le système d'autrefois, un élément essentiellement passif. Sa position était à présent analogue à celle des autres signataires. Si elle bénéficiait de la garantie de la Grande-Bretagne et de l'Italie, en plus de celle de la France, c'était exactement comme la France et l'Allemagne. De plus, elle n'était pas seulement garantie, elle était à son tour garante de ces deux puissances. Libérée de la servitude que constituait une neutralité imposée, elle assumait des responsabilités égales à celles des grandes puissances; une partie de l'opinion belge ne tarderait pas, quand la situation de l'Europe redeviendrait menaçante, à les trouver excessives. D'autre part, les rapports respectifs de l'Allemagne et de la Belgique subissaient une transformation dont beaucoup ne mesurèrent pas immédiatement la portée. Suivant le mécanisme du traité, la position de la Belgique à l'égard de l'Allemagne devenait semblable à sa position à l'égard de la France. Si elle était garante de celle-ci en cas d'agression allemande, elle l'était au même titre que l'Allemagne en cas d'agression française. D'une manière générale, la Belgique participe aux changements qui se produisent dans la position de l'Allemagne. De moins en moins celle-ci sera traitée comme un Etat vaincu, soumis, en raison de l'agression armée et de la violation des traités qu'il a commises, aux mesures répressives des Etats vainqueurs. Avec une rapidité croissante, elle reprend sa place, sur un pied d'égalité, parmi les grandes puissances de l'Europe. Ainsi qu'il avait été convenu à Locarno, elle entre dans la Société des Nations et devient un membre permanent du Conseil, dont les (Bruxelles, exemplaire du Musée Royal de l'Armée, section des photographies, photo n» 16389.) Paul Hymans (Ixelles [Bruxelles], 1865-Nice, 1941). sessions offrent des occasions périodiques de rencontres et de conversations. Les entretiens se poursuivent sur le plan de la coopération internationale. Briand et Stresemann sont les deux principaux protagonistes. Avant tout, l'Allemagne veut libérer son territoire de l'occupation étrangère; la France réclame l'exécution préalable des dispositions du Traité de Versailles en matière de désarmement. La Belgique est partie intéressée; elle est l'une des puissances occupantes; son ministre des Affaires étrangères assiste, avec le représentant de la Grande-Bretagne, à plusieurs de ces entretiens. Un accord intervient à la Conférence de La Haye en 1929 et 1930 : l'évacuation complète s'effectuera cinq ans avant l'expiration du terme de quinze ans fixé par le Traité de Paix. L'aboutissement logique de la nouvelle politique de réconciliation franco-allemande et de consolidation de la paix est l'Union Européenne. Briand en lance l'idée et s'en fait l'apôtre. En 1929, dans l'intervalle des deux sessions de la Conférence de La Haye, il la présente à la Société des Nations et l'y fait admettre. Ainsi s'ouvre un nouveau champ de coopération. La Belgique s'y engage délibérément. Le but poursuivi s'accorde avec ses intérêts permanents, du point de vue de sa sécurité comme du point de de vue de ses activités économiques. Pendant un court moment, il est permis de croire que l'Europe, après la grande tourmente, va retrouver son équilibre et que les forces de stabilisation vont l'emporter sur celles qui s'attaquent au statut international issu des traités de paix. LA NEUTRALITE DE FAIT. — L'opposition au nouvel ordre européen n'était pas limitée à l'Allemagne; elle se manifestait aussi dans des pays alliés et dans de nouveaux Etats dont les traités avaient déçu les aspirations nationales. Tout le monde était conscient de la précarité des solutions données aux problèmes territoriaux de l'Europe orientale; des mouvements révisionnistes, dans certains cas accompagnés de voies de fait et de recours à la force armée, en étaient résultés. L'avènement du régime fasciste de 1921 avait fait apparaître un nouvel élément perturbateur. Il avait provoqué une opposition grandissante entre l'Italie et la France. Celle-ci était à la tête des Etats attachés au maintien du statu quo et à la stricte observation des traités de paix. L'Italie, de plus en plus, se rangeait dans le camp des Etats révisionnistes et accentuait le caractère impérialiste et Zone démilitarisée réoccupée par les troupes allemandes en mars 1936. militariste de sa politique. En tant que puissance révisionniste rivale de la France, elle se rapprochait de l'Allemagne et faisait parfois bloc avec elle. Cette situation préoccupait le gouvernement belge et l'avait amené à entreprendre la restauration et la modernisation du système fortifié. En 1930, le Parlement avait voté un projet de loi à cet effet. Le désir qu'avait la Belgique, au moment de la paix, d'appuyer sa sécurité à la fois sur la France et la Grande-Bretagne, n'avait pu recevoir qu'une réalisation imparfaite dans l'accord franco-belge de 1920. D'autre part, la Société des Nations avait commencé à fonctionner; son autorité avait grandi; elle avait remporté des succès, sans avoir encore subi d'échec sérieux. L'accord de Locarno avait réalisé un système plus large et plus équilibré que celui auquel on songeait en Belgique au lendemain de la paix. Il rangeait l'Italie parmi les garants de la Belgique, à côté de la France et de la Grande-Bretagne. Enfin, il consacrait la normalisation des relations entre les Etats que la guerre avait placés dans des camps opposés. Ces diverses circonstances exerçaient leur influence sur l'orientation de la politique belge. L'agression allemande avait brutalement poussé la Belgique vers les puissances occidentales et lié intimement son sort au leur; mais à mesure que les années passaient et que les forces politiques et économiques recommençaient à agir en Europe, en fonction, non plus de circonstances éphémères, mais de leurs éléments permanents, la Belgique tendait à réoccuper sa position traditionnelle d'équilibre. Assurément, ce n'était plus celle que le Traité de 1839 avait définie. Mais, sous réserve d'adapter les modalités d'application aux nouvelles dispositions du Statut de l'Europe, le principe fondamental restait le même. Ces idées ne tardèrent pas à se traduire dans les débats parlementaires. Le 23 mai 1922, déjà, le vicomte Poullet qui, trois ans plus tard, allait être appelé aux fonctions de Premier ministre, se prononçait, à la Chambre des Représentants, en faveur d'une politique de neutralité volontaire; il reprenait la même idée dans son rapport sur le budget du ministère des Affaires étrangères pour l'exercice de 1931. Après avoir évoqué les alarmes suscitées par de récents incidents, et notamment le succès du mouvement hitlérien aux élections allemandes, il constatait qu'« il ne faut pas être obligatoirement neutre pour pratiquer en fait une politique de neutralité, politique qui se recommande d'ailleurs à un petit Etat, dépourvu d'ambitions territoriales, au détriment de ses voisins, et désireux de maintenir et de développer les relations pacifiques qu'il entretient avec la généralité des pays du monde ». Hymans intervenant dans le débat comme ministre des Affaires étrangères, prononce, le 4 mars, un important discours, dont les termes avaient été soigneusement pesés. Il y précise la position de la Belgique et conclut en ces mots : « La Belgique saura, s'il le faut, se défendre, et, fidèle à son passé, à ses traditions, à ses instincts de loyauté, elle remplira toutes ses obligations internationales. Elle ne prendra les armes que pour sauvegarder son territoire et son indépendance et pour remplir les devoirs que lui dicte son statut. » Dès le lendemain, Vandervelde, auquel Hymans avait récemment succédé au ministère des Affaires étrangères et qui était à présent le chef de l'opposition, donnait son entière adhésion aux opinions du rapporteur et du ministre. « Cette politique, disait-il, à part quelques fluctuations au lendemain immédiat de la guerre, n'a cessé d'être la politique de la Belgique, aussi bien sous le régime des Traités de 1839, que sous le régime nouveau créé par le Traité de Versailles et par le Traité de Locarno. » L'année suivante, le vicomte Poullet répétait plus clairement encore les mêmes idées et la Commission des Affaires étrangères donnait à nouveau son approbation unanime à son rapport. « Notre pays, éci-ivait-il, pratique une politique de neutralité volontaire, dans toute la mesure compatible avec les stipulations du Pacte de la Société des Nations et des Accords de Locarno. » (24) L'entente était donc complète à cet égard entre les grands partis, qu'ils fussent de la majorité ou de la minorité. L'accord militaire franco-belge de 1920 se conciliait-il avec cette politique ? C'était une question de plus en plus souvent évoquée. La manière dont l'accord se présentait était quelque peu insolite. Le secret qui entourait ses dispositions opératives suscitait une méfiance qui était particulièrement vive dans l'opinion flamande. Les plus radicaux dénonçaient l'accord comme un instrument qui inféodait la Belgique à la France. Au cours du débat relatif au renforcement de la défense nationale, le parti socialiste, alors dans l'opposition, l'avait aussi critiqué. Les adversaires de l'accord étaient ainsi en majorité. Plusieurs incidents avaient d'ailleurs révélé qu'il était une cause d'équivoque entre les deux pays. Certaines autorités françaises lui donnaient une portée que le gouvernement belge ne lui attribuait pas et tendaient à en faire un véritable traité d'alliance militaire. Le maréchal Pétain, au cours d'une conversation avec l'ambassadeur de Belgique à Paris, en 1930, avait tenu des propos qui avaient alarmé le ministre des Affaires étrangères (25). Ces circonstances avaient déterminé Hymans à mettre la situation au point. Il s'agissait surtout d'indiquer clairement que, depuis la conclusion du Pacte rhénan, l'accord militaire de 1920 était subordonné à celui-ci. Vandervelde, ministre des Affaire étrangères à l'époque, s'était déjà exprimé dans ce sens (26). En 1931, les deux gouvernements furent plus explicites. Ils s'entendirent pour souligner le caractère essentiellement technique de l'accord. Suivant l'interprétation commune qu'en donna Hymans dans son discours du 4 mars 1931, le Pacte rhénan définissait les engagements qui, seuls avec ceux du Pacte de la Société des Nations, liaient les deux gouvernements en matière d'assistance mutuelle (27). LA POLITIQUE D'INDEPENDANCE. — Les préoccupations qu'inspirait au gouvernement la poussée des forces nationalistes opposées à la consolidation de l'ordre international allaient recevoir bientôt d'impressionnantes confirmations. En septembre 1931, le Japon accomplissait dans le nord de la Chine son premier coup de force qui l'amenait à se retirer de la Société des Nations. Celle-ci était d'ailleurs demeurée impuissante devant la violation manifeste du Pacte. La crise économique qui, dès l'automne de 1929, avait provoqué l'effondrement des marchés financiers aux Etats-Unis, prenait dans le monde entier et particulièrement en Europe centrale, une ampleur croissante. Le mécontentement qui couvait dans les nations insatisfaites trouvait de nouveaux aliments dans le chômage et la misère. Leur nationalisme prenait un caractère de plus en plus virulent et agressif. Le mouvement hitlérien accomplissait des progrès surprenants. Le Traité de Versailles était l'un des principaux objets de ses attaques. Le 30 janvier 1933, Hitler devenait Chancelier du Reich. Son avènement imprévu allait précipiter les événements. Dès le 14 octobre de la même année, l'Allemagne se retire avec fracas de la Société des Nations et de la Conférence du Désarmement. Elle rompt par le fait même avec la politique de rapprochement et de collaboration inaugurée à Locarno. Le 14 juin 1934, Hitler et Mussolini ont leur première entrevue à Venise. Neuf mois plus tard, le 16 mars 1935, l'Allemagne répudie les dispositions militaires, navales et aériennes du Traité de Versailles; elle annonce S.M. le l'introduction de la conscription après avoir déclaré, quelques jours auparavant, qu'elle reconstitue une aviation militaire. Elle procède à un réarmement accéléré et à une mobilisation de toutes ses ressources. Le 2 octobre de la même année, l'Italie envahit l'Ethiopie en violation flagrante du Pacte de la Société des Nations. Le 7 mars 1936, l'Allemagne réoccupe militairement la rive gauche du Rhin et répudie le Traité de Locarno. Le 17 juillet, la guerre civile éclate en Espagne; l'Italie et l'Allemagne y prennent une part qu'elles dissimulent à peine. L'une et l'autre ont, comme le Japon, quitté la Société des Nations. Celle-ci, tenue en échec par l'Italie, a de nouveau révélé son impuissance. En l'espace de quelques années, l'état de l'Europe est complètement bouleversé. La Grande-Bretagne et la France sont affaiblies; la première a réduit d'une manière imprudente ses forces armées; la seconde est en proie à des troubles sociaux qui affectent ses ressources économiques et financières. L'une et l'autre sont passives ou hésitantes; elles se montrent impuissantes à suivre le rythme accéléré de événements. En Allemagne et en Italie, par contre, comme au Japon, la fièvre nationaliste croît. Les dirigeants sont grisés par le succès de leurs coups d'audace. Ils ont acquis une foi aveugle dans la politique des faits accomplis. La conscience du danger grandit en Belgique. Les mesures prises en 1930 pour renforcer la défense nationale ne sont plus (Photo R. Marchand.) loi Léopold III. quatrième roi des Belges de 1934 à 1951. Photographie prise en 1934. suffisantes. Une conflagration peut éclater d'une façon soudaine. La couverture du pays ne le protège pas contre un tel risque. Pour l'assurer en tout temps, il faut prolonger le temps de service. C'est à quoi pourvoit un nouveau projet de loi dont le Parlement est saisi en janvier 1936. Mais il se heurte à l'opposition d'une grande partie de l'opinion. Elle est due dans une large mesure à la méfiance que suscitent les engagements internationaux contractés par la Belgique; on craint qu'ils ne l'entraînent dans des conflits lointains (28). Cette méfiance continue d'être dirigée, en particulier, contre l'accord militaire franco-belge, malgré l'interprétation dont il a fait l'objet en 1931. Les ministres des Affaires étrangères de Belgique et de France conviennent, le 15 février 1936, d'ouvrir de nouvelles négociations. Au début de 1936, le secrétaire général belge renoue avec son collègue français les conversations engagées cinq ans auparavant. Elles aboutissent cette fois à une entente qui permet à M. van Zeeland de déclarer à la Chambre, le 11 mars 1936, que l'accord franco-belge de 1920 n'existe plus (29). Cependant, l'opposition au projet militaire n'a pas encore désarmé. La Belgique restait tenue, en vertu du Pacte rhénan, à participer à une -guerre entre l'Allemagne et la France, soit d'un côté, soit de l'autre, en cas d'agression non provoquée de (Bruxelles, Collection Al"" J.-E. Vandervelde.) Emile Vandervelde (Bruxelles, 186S-1938). Portrait peint par le baron J. Opsomer. l'une de ces puissances contre l'autre. Une telle éventualité paraissait improbable dix ans auparavant. Il n'en était plus de même à présent. La garantie que la Belgique avait donnée ne semblait plus aussi théorique qu'autrefois. Elle était devenue une réalité concrète et entraînait des obligations qui paraissaient dépasser les possibilités du pays. Or, le 7 mars 1936, le chargé d'affaires d'Allemagne notifiait au ministre des Affaires étrangères la répudiation du Pacte de Locarno par son gouvernement et la réoccupation de la zone démilitarisée de la Rhénanie. Le 10 mars, les puissances locar-niennes autres que l'Allemagne se réunissaient à Paris. Le gouvernement français, bien qu'il n'eût pas riposté immédiatem.ent, réclamait une action énergique; le gouvernement britannique n'y était pas favorable; la Belgique se déclarait prête à s'associer à toute mesure sur laquelle la Grande-Bretagne et la France se mettraient d'accord. Avec la Belgique, la France faisait appel à la Société des Nations qui adoptait, le 19, une résolution proposée par ces deux Etats, constatant que le gouvernement allemand avait contrevenu à l'article 43 du Traité de Versailles et, par le fait même, au Traité de Locarno. Le jour même, les représentants des puissances locarniennes réunis à Londres s'entendaient sur un projet d'arrangement dans lequel, tout en déclarant que les obligations de garantie du Traité de Locarno subsistaient entièrement, elles envisageaient la revision du statut de la Rhénanie et l'établissement de pactes d'assistance mutuelle ouverts à tous les signataires du Traité de Locarno. Des négociations, auxquelles le gouvernement belge prit part, se poursuivirent pendant plusieurs mois entre les puissances locarniennes, sans réaliser aucun progrès. A mesure que leur succès parut plus improbable, le gouvernement devint davantage conscient des modifications profondes survenues dans la situation internationale depuis la conclusion des accords de Locarno; il se rendait mieux compte de l'impossibilité de rétablir le statu quo. Tandis que ces pourparlers étaient en cours sur le plan international, ceux qui avaient pour objet, sur le plan de la politique intérieure, de réaliser la prolongation du temps de service à l'armée, continuaient à se heurter à de gros obstacles. Le gouvernement d'union, composé de catholiques, de socialistes et de libéraux ne parvenait pas à surmonter les préventions résultant des engagements internationaux contractés par la Belgique. L'accord militaire franco-belge n'étant plus en cause, c'est le Pacte rhénan qu'elles visaient. Des hommes politiques, dont le concours était nécessaire, ne consentaient à de nouveaux sacrifices mili- taires que si le rôle de l'armée belge était désormais limité à la défense du territoire. Le Roi entreprit auprès de ses ministres un nouvel effort pour les convaincre de la nécessité de mieux assurer cette défense, tout en donnant des apaisements à ceux qui redoutaient que les obligations internationales de la Belgique n'entraînassent pour elle des risques excessifs. Ce fut l'objet d'un exposé qu'il leur fit au cours d'un conseil, le 14 octobre 1936. « La Belgique, leur dit-il, doit contribuer à la paix de l'Europe occidentale en entretenant un appareil militaire de taille à dissuader un quelconque de ses voisins d'emprunter son territoire pour attaquer un autre Etat; mais ses engagements ne doivent pas aller au-delà. Sur ces bases, ajoutait-il, je crois l'opinion belge unanime. » Ce n'était pas là une improvisation. Depuis quelques mois, le gouvernement avait mis à l'étude des formules qui, tenant compte de l'état présent de l'Europe, tendaient à réduire les responsabilités de la Belgique. Les conversations qui eurent lieu avec des membres des délégations britannique et française, au cours de la session de septembre de l'assemblée de la Société des Nations à Genève, leur avaient fait prévoir l'évolution de la politique belge dans ce sens (30). Cette politique trouva à Londres et à Paris une compréhension croissante. « Les gouvernements britannique et français reconnurent qu'en raison des longs délais qui semblaient devoir s'écouler avant qu'on pût mettre sur pied un nouveau pacte occidental, il convenait de procéder, en ce qui concerne la Belgique, à une mise au point des anciens accords, tenant compte de la situation nouvelle» (31). A cet effet, ils prirent l'initiative d'adresser au gouvernement belge une déclaration dont le texte lui avait été officieusement soumis au préalable. Dans cette déclaration, datée du 24 avril 1937, « ils prirent acte de la détermination à plusieurs reprises et publiquement affirmée par la Belgique de défendre avec toutes ses forces ses frontières contre toute agression ou invasion et d'empêcher que le territoire belge ne soit utilisé en vue d'une agression contre un nouvel Etat, comme passage ou comme base d'opérations par terre, par mer ou dans les airs. En conséquence, ils déliaient la Belgique des engagements d'assistance résultant pour elle du Traité de Locarno, tout en maintenant les engagements d'assistance qu'ils avaient eux-mêmes contractés à son égard» (32). Le gouvernement du Reich ne tarda pas à adopter la même position. Le 13 octobre 1937, il adressait au gouvernement belge une déclaration analogue. Se référant à la politique d'indépendance de la Belgique, il constatait que son inviolabilité et son intégrité étaient d'un intérêt commun pour les puissances occidentales et il confirmait sa détermination de n'y point porter atteinte. « La fidélité de la Belgique au Pacte de la Société des Nations et aux obligations qu'il comporte pour ses membres» était bien un principe constant de la politique belge. Mais depuis quelques années, des doutes avaient surgi au sujet de l'étendue des obligations qui étaient ainsi visées. La première agression japonaise contre la Chine, en 1931, avait déjà révélé que les grandes puissances elles-mêmes ne leur reconnaissaient qu'un caractère facultatif. Le système coercitif prévu par le pacte fut expérimenté en 1935, lors du conflit italo-éthiopien. Le ministre des Affaires étrangères n'avait pas hésité à associer la Belgique à l'action commune en déclarant qu'elle irait jusqu'au bout de ses obligations. Mais les grandes puissances ne voulurent pas, dans l'application des sanctions, s'exposer au risque d'un conflit armé. Le 4 juillet 1936, l'assemblée reconnaissant l'échec des mesures répressives, y mettait fin. Quelques jours auparavant, le l"' juillet, les ministres des Affaires étrangères du Danemark, d'Espagne, de Finlande, de Norvège, des Pays-Bas, de Suède et de Suisse avaient dégagé la leçon des événements et formulé, dans une déclaration commune, des réserves au sujet du caractère obligatoire des dispositions relatives aux mesures coercitives (33). La Belgique, encore liée par le Traité de Locarno, ne s'associa pas à cette déclaration; mais elle était, de son côté, arrivée aux mêmes conclusions, et c'est dans ce sens que le gouvernement prit position, dès la fin de 1936, dans les explications qu'à plusieurs reprises il fut amené à fournir au Parlement sur la portée de l'article 16 du pacte. Une fois dégagée des obligations qu'elle avait contractées à Locarno, la Belgique rejoignit, avec le Luxembourg, le Groupe d'Oslo, formé des Etats scandinaves, de la Finlande et de la Hollande. Les relations avec celle-ci étaient devenues particulièrement étroites et confiantes. Les ministres des Affaires étrangères des sept Etats réunis à Copenhague les 23 et 24 juillet 1938 déclarèrent publiquement qu'ils considéraient « le système de sanctions comme ayant acquis, dans les conditions actuelles et par la pratique suivie pendant les années passées, un caractère non obligatoire (34). Ils confirmèrent cette position dans le débat qui s'engagea à ce propos au cours de la dix-neuvième session de l'assemblée de la Société des Nations, en septembre de la même année. Le représentant de la Belgique souligna que l'interprétation ainsi donnée au Pacte n'était aucunement arbitraire; « c'est celle, dit-il, à laquelle les membres de la Société des Nations ont toujours conformé leur attitude ». La Belgique, qui faisait de nouveau partie du Conseil, y était précisément témoin de la prudence des grandes puissances à l'égard de la nouvelle agression commise contre la Chine et des interventions étrangères dans la guerre civile d'Espagne. Le représentant de la Grande-Bretagne adopta à l'assemblée une attitude analogue. Vingt-neuf Etats firent des déclarations attribuant expressément un caractère non obligatoire au système coercitif créé par le pacte. Six Etats seulement soutinrent que le système avait un caractère obligatoire (35). LA NEUTRALITE DURANT L'ETAT D'ALERTE. — Tandis que se déroulaient ces débats, Nuremberg retentissait des harangues forcenées de Hitler. Après le coup accompli en mars 1938 contre l'Autriche, l'affaire tchécoslovaque, en septembre, portait de nouveau la tension internationale à un point extrême. La Belgique, comme plusieurs pays voisins, prenait des mesures de précaution et procédait à une mobilisation partielle. La politique de neutralité volontaire qu'Hymans avait définie en 1931 devant le Parlement unanime et qu'on avait depuis appelée politique d'indépendance pour la distinguer de la neutralité contractuelle, comportait deux exceptions : les obligations résultant du Pacte rhénan et celles qui dérivaient du système coercitif de la Société des Nations. L'une et l'autre avaient à présent disparu. L'évolution de la situation internationale avait produit ce résultat et le gouvernement y avait délibérément contribué. Devant le danger grandissant d'un nouveau conflit mondial, il avait le souci de ne point continuer à assumer des obligations qu'une large partie de l'opinion trouvait excessives et qu'il n'était pas sûr de pouvoir remplir. Si l'existence de la nation devait être à nouveau menacée, il fallait que devant le péril, toutes ses forces fussent unies dans l'accomplissement d'un seul devoir impérieux et indiscutable : la défense du pays; elle retrouverait ainsi l'élan unanime qui l'avait animée en 1914 (36). L'accord de Munich intervenu le 28 septembre 1938 provoqua dans l'opinion qui en avait suivi, haletante, les péripéties dramatiques, un immense soulagement. Ce ne fut qu'un court répit. Dès le mois de mars 1939, Hitler avec une hâte qui ne laissait plus guère de doute sur ses intentions, recourait à de nouvelles voies de fait et, avec une audace accrue, occupait la Tchécoslovaquie. Dès lors, beaucoup perdirent toute illusion et abandonnèrent l'espoir qu'il fût possible de l'arrêter autrement que par la force. Par ses accords de garantie avec les Etats les plus menacés, la Grande-Bretagne manifesta qu'elle était déterminée à y recourir au besoin. Au début de l'été, le conflit paraissait sur le point d'éclater en Pologne. Les événements se déroulaient avec une impitoyable fatalité. Quel que fût le sentiment d'impuissance, la Belgique, devant l'immensité du danger, fit une tentative désespérée de le conjurer. L'inspiration en venait du roi Léopold. Les ministres des Affaires étrangères des Etats du Groupe d'Oslo se réunirent d'urgence à Bruxelles le 28 août et adoptèrent le texte d'une déclaration dont le Roi, s'adressant au monde entier, donna lecture, le jour même, au Palais de Bruxelles, au nom des sept chefs d'Etat. C'était un appel lancé à l'opinion publique la conjurant de ne pas s'abandonner à l'idée que la catastrophe était désormais inévitable. Il réclamait un règlement pacifique. Mais, ajoutait-il, « que l'on ne s'y trompe pas, la paix que nous voulons est la paix dans le respect des droits de toutes les nations. Une paix durable ne peut être fondée sur la force, mais sur un ordre moral. » La reine Wilhelmine et le roi Léopold ne s'en tinrent pas là. Ils offrirent leurs bons offices à l'Angleterre, la France, la Pologne, l'Allemagne et l'Italie. Rien ne pouvait plus arrêter le cours des événements. Le l'"' septembre, l'armée allemande pénétrait en Pologne. L'Allemagne ayant refusé de retirer ses troupes, le 3 septembre, l'Angleterre et la France se considérèrent en état de guerre avec elle. L'offre de bons offices de la reine Wilhelmine et du roi Léopold fut renouvelée le 7 novembre, sur proposition du gouvernement néerlandais, à la suite d'informations secrètes, relatives à une attaque allemande imminente contre la Belgique et les Pays-Bas. Une seconde alerte se produisit à la mi-janvier, et il est à présent établi qu'à ce moment, comme en novembre 1939, Hitler était sur le point de déclencher l'offensive à travers la Belgique et la Hollande. Cependant, à la veille du conflit, le 26 août, l'ambassadeur d'Allemagne avait spontanément proclamé la ferme décision du gouvernement du Reich de s'en tenir aux termes de la déclaration allemande du 13 octobre 1937, suivant laquelle le Reich ne porterait en aucune circonstancé atteinte à l'inviolabilité et" à l'intégrité de la Belgique et respecterait, en tout temps, le territoire du royaume. L'Angleterre et la France avaient d'ailleurs donné, de leur côté, l'assurance qu'elles respecteraient pleinement la neutralité belge. La position de la Belgique ne prêtait à aucune équivoque. Le gouvernement l'avait clairement définie avant le conflit. Aucun engagement ne l'obligeait de participer à la guerre. Le Pacte rhénan, à supposer qu'il eût encore, lié la Belgique,. n'eût pas Le sous-lieutenant aviateur Xavier Henrard, abattu dans le ciel des Ardennes par un avion allemand au début de mars 1940. été applicable, car il ne visait pas l'éventualité d'une agression contre la Pologne. D'autre part, l'action de la Société des Nations, qui n'eût pu être que facultative, ne fut pas requise. Ainsi donc, même si la Belgique fût demeurée liée, elle eût encore été libre d'agir au mieux des circonstances. Dans ces conditions, que fallait-il faire ? Malgré qu'aucun traité ne l'y obligeât, convenait-il que la Belgique participât à la guerre aux côtés de l'Angleterre et de la France ? Suivant le principe de la sécurité collective, on aurait pu concevoir que la Belgique se fût jointe à une action que toutes les principales puissances eussent solidairement entreprise en vue de réprimer l'agression allemande. Une telle action commune était hors de question. L'Union Soviétique avait pactisé avec l'Allemagne et s'était, de son côté, rendue coupable d'agression contre la Pologne, contre la Finlande ensuite. Les Etats-Unis étaient dominés par la préoccupation de demeurer en dehors du conflit. La France elle-même était hésitante. Les influences défaitistes y étaient puissantes et la position du gouvernement chancelante. Si la Grande-Bretagne faisait preuve d'une grande résolution, ses armements, comme ceux de la France, présentaient de terribles faiblesses. Le Moniteur publia donc, le 3 septembre 1939, la déclaration de neutralité de la Belgique. Mais cette neutralité n'était pas identique à celle que définissaient autrefois les traités de 1839 : elle ne faisait l'objet d'aucun engagement. Le gouvernement avait pleine liberté d'y mettre fin à tout moment. Ce n'était pas là une faculté purement théorique. La Hollande semblait plus menacée que la Belgique. Le gouvernement envisagea l'hypothèse où les Pays-Bas seraient attaqués alors que la Belgique elle-même serait momentanément épargnée. Son attitude en semblables circonstances fut définie par le ministre des Affaires étrangères dans un discours qu'il prononça le 19 décembre à la Chambre. « Je désire, déclara M. Spaak, garder les mains entièrement libres et juger de la situation, tous les éléments étant connus. Mais j'ajoute avec fermeté qu'il serait insensé de proclamer qu'un tel événement nous laisserait indifférents. En ce qui me concerne, et je suis sûr de traduire les sentiments du gouvernement unanime, je sens très profondément tout ce qui lie la Belgique aux Pays-Bas. » Le sens de ces paroles fut parfaitement compris. Il était conforme à la « politique d'indépendance » telle que la concevait le gouvernement belge, et il avait l'approbation à peu près unanime de l'opinion publique (37). Depuis octobre 1939, une puissante armée allemande était massée le long des frontières belges et hollandaises. En janvier 1940, l'atterrissage accidentel d'un avion allemand transportant les plans d'une offensive avait apporté la preuve que le Reich projetait une agression. Fallait-il provoquer l'entrée des armées franco-anglaises en Belgique, sans attendre l'agression ? La suggestion en fut discrètement faite à plus d'une reprise. Le gouvernement ne la suivit pas. A la suite des contacts discrets établis par le commandement, il savait que les armées franco-anglaises ne pouvaient, en cas d'appel, dépasser la ligne Anvers-Namur. Dans l'hypothèse la plus favorable, une bataille se fût livrée au cœur du pays, dont une grande partie n'eût pu être mise à l'abri de l'invasion. La neutralité de la Belgique donnait, par contre, à l'Angleterre et à la France, un répit nécessaire pour poursuivre leurs préparatifs. Un appel préventif à ces puissances n'eût pas supprimé la supériorité considérable que les puissances pacifiques avaient laissé prendre aux puissances agressives. La percée de Sedan et les désastres de mai 1940 n'en eussent pas été évités. Le seul résultat eût été de précipiter les événements. Une initiative de la Belgique eût d'ailleurs été politiquement impossible. Les débats parlementaires le révélèrent jusqu'à la veille de l'agression allemande : la position adoptée répondait au vœu d'une opinion quasi unanime. Même ceux qui en avaient été primitivement adversaires, y étaient à présent, pour la plupart, ralliés. Toute tentative de s'engager dans une autre voie eût porté gravement atteinte à l'unité nationale et compromis la force de résistance du pays. Au contraire, au moment de l'épreuve suprême, celui-ci montrait une résolution semblable à celle qui l'avait animé en 1914. L'effet s'en était fait sentir jusque dans les rangs des rexistes et des nationalistes flamands. Les éléments subversifs qui furent ailleurs d'une grande aide à l'envahisseur, furent en Belgique, à peu près inexistants. « Après l'agression allemande, des voix se sont parfois élevées à l'étranger, demandant aux Belges à quoi avaient servi leur politique des mains libres et tous leurs efforts en vue d'écarter la guerre de leur territoire. Il est vrai que cette politique n'a empêché ni l'agression allemande, ni l'invasion. Elle pouvait, peut-être, en réduire quelque peu le risque, mais il n'était pas en son pouvoir de le supprimer. Seules la clairvoyance et la force armée des grandes puissances auraient pu y réussir. Mais la position adoptée par la Belgique et la constance avec laquelle elle s'y est maintenue, lui ont néanmoins valu des avantages d'une valeur inestimable. Ce sont elles qui ont cimenté l'union nationale et fortifié la commune volonté de résistance, au moment où le pays allait affronter l'une des plus terribles épreuves de son histoire : une agression d'une violence inouïe, le choc brutal d'un désastre imprévu et immérité, les souffrances morales et les privations d'une nouvelle occupation hantée par le spectre de la famine. Voilà les sauvegardes essentielles qu'il fallait assurer à la Belgique alors qu'une formidable tourmente menaçait son existence.» (38). C'est en ces termes que, pendant la guerre, le gouvernement justifia la ligne de conduite qu'il avait suivie conformément au vœu de la nation. Chasseurs ordennois. Photographie reproduite dans Le Patriote Illustré du 7 janvier 1940, p. 6. NOTES (1) Beyens, Deux Politiques, «Le Flambeau», 30 avril 1922, p. 412. (2) P. Van Zuyien, Les Mains libres, « Politique extérieure de la Belgique », 1914-1940, p. 32. (3) R. Fenaux, Hymans, p. 196. (4) La Position internationale de ta Belgique, imprimerie du « Moniteur Belge », 1934, pp. 8-10 et 22-24. (5) La Position internationale de la Belgique, pp. 10-11: Van Zuyien, op. cit., pp. 53-63; pp. 88-93. (6) Van Zuyien, loc. cit., pp. 96-99 et 160-193. (7) La Position internationale de la Belgique, pp. 5-6. (8) Henri Pirenne, La Belgique et la Guerre mondiale. (9) Tardieu, La Paix, pp. 250-252, (10) Fenaux, op. cit., p. 243. (11) Furst, De Versailles aux experts, p. 167. (12) Van Zuyien, op. cit., pp. 231-238. (13) O. Louwers, Le Problème colonial du point de vue international, pp. 124-125. (14) H. Rolin, La Politique de la Belgique dans la Société des Nations, pp. 24 et suiv. (15) Henri-A. Rolin, La Politique de la Belgique dans la Société des Nations, pp. 81-82. (16) JW. Suetens, « Une Année d'action économique concertée », Bull, d'in-form. et de Docum. de la Banque Nationale de Belgique, VI® année, vol. 1, n° 9 du 10 mai 1931. (17) M. Suetens, «Les Conditions actuelles des échanges internationaux», Bull. Banque Nationale de Belgique, V1I« année, voL II, n" 4 du 25 août 1932. (18) Rolin, op. cit., pp. 5 et suiv. (19) Ibid., pp. 24 et suiv. (20) Ibid., pp. 50 et suiv. (21) Van Zuyien, loc. cit., pp. 93-94 et 103-131; Général Van Overstraeten, Albert l"-Léopold III, « Vingt Ans de politique militaire belge », 1920-1940, p. 36. (22) Henri Jaspar, « La Conférence de Cannes de 1922 », Revue Générale, 15 août 1937; Van Zuyien, loc. cit., pp. 132-141. (23) La Position internationale de la Belgique, p. 19. (24) Budget du Ministère des Affaires Etrangères pour l'exercice 1932, Chambre des Représentants, séance du 8 juin 1932. (25) lis trouvèrent leur confirmation au procès de RIom, en 1942; voir lieutenant colonel P. Tissier, The Riom Trial, p. 41. (26) Van Zuyien, op. cit., pp. 247-264. (27) La Position internationale de la Belgique, p. 21; voir aussi Van Zuyien, op. cit., pp. 247-264. (28) Belgique, « La Relation officielle des événements 1939-1940 », p. 4. (29) La Position internationale de la Belgique, II, pp. 7, 25; Van Zuyien, op. cit., pp. 339-340. (30) La Position internationale de la Belgique, II, p. 27. (31) Ibid., p. 13. (32) Ibid., p. II. (33) Ibid., p. 17. (34) Ibid., p. 20. (35) Ibid., p. 20. (36) Belgique, « Relation officielle », p. 6. (37) Belgique, « Relation officielle », pp. 23-24. (38) Belgique, « La Relation officielle des événements », pp. 27-28. L'EVOLUTION ECONOMIQUE DE 1918 A 1940 par Fernand BAUDHUIN Professeur à l'Université Je Louvain SPECTS GENERAUX. — L'entre-deux-guerres fut pour la Belgique une période d'évolution rapide et profonde, si bien qu'à la veille de la seconde guerre mondiale, la situation du pays était largement différente de ce qu'elle était au début du siècle. Néanmoins, certaines caractéristiques devaient continuer à se manifester en 1939 comme en 1914. Tout d'abord, le caractère de pays transformateur s'était maintenu, en dépit de changements notables subis par l'économie mondiale. Il s'était cependant atténué, en raison de la renaissance du protectionnisme que l'on peut attribuer à la grande crise économique qui commença en 1930, et à la suite de laquelle beaucoup de pays s'étaient repliés sur eux-mêmes. Néanmoins, la Belgique continuait à recevoir et à préparer, à l'intention des autres nations, des matières premières auxquelles elle faisait subir une certaine préparation. C'était le cas pour la laine, travaillée à Verviers et ensuite réexportée; durant l'entre-deux-guerres, ce procédé avait été appliqué aux métaux congolais, qui étaient raffinés dans les usines du nord du pays et ensuite expédiés à l'étranger. D'un autre côté, les avantages de la position géographique, et ceux qui résultent de la possession du port d'Anvers, sont demeurés aussi importants que jadis, en dépit des entraves ima- ginées par le protectionnisme. Rapidement, la Belgique est devenue un grand entrepôt pour l'Europe occidentale, et le port d'Anvers s'est fortement développé au cours des vingt ans qui séparent les deux guerres. Si l'on observe une carte économique de la Belgique, par exemple celle qui montre la situation des industries métallurgiques, on constate qu'à côté des centres traditionnels que sont Charleroi et Liège, deux autres régions, celles de Bruxelles et d'Anvers se sont enrichies durant l'entre-deux-guerres, de nombreuses industries de ce genre, et sont devenues des centres métallurgiques également fort importants. La Belgique du dix-neuvième siècle était caractérisée par sa vaste expansion à l'étranger. Elle avait construit des chemins de fer et ensuite des tramways dans le monde entier; elle avait créé des usines de tout genre, qui étaient dirigées de Bruxelles, et financées par des capitaux belges. Durant l'entre-deux-guerres cette tendance a persisté, mais elle a changé nettement de direction. Le nationalisme étranger n'a pas permis à la Belgique de reprendre, après la première guerre, son rôle traditionnel, notamment en matière de chemins de fer et de tramways. Mais nous nous sommes tournés vers le Congo, qui arrivait précisément au moment où il avait besoin de capitaux et d'hommes qu'il pouvait trouver dans un pays comme la Belgique. C'est donc le Congo, et subsidiairement la (Cliché Claes.) Navires ancrés au dock Léopold au port d'Anvers. l-^lilî 1 (Photographie du Musée de ia Vie Wallonne [Liège], n» 50.097 A.) Pavillon du verre et de la céramique à l'exposition de Liège de 1930. Campine, que les Belges ont mis en valeur au cours de cette période. Leur expansion a été réelle, mais elle a été réalisée dans des voies nouvelles, dictées par un souci évident de sécurité. Un autre aspect de l'évolution générale a été raffinement incontestable de l'économie belge au cours de l'entre-deux-guerres. On dira que cet affinement était déjà en cours, lorsque le premier conflit éclata, mais son allure s'est ensuite fortement accélérée. La proportion de main-d'œuvre occupée à des travaux primaires, dans l'industrie lourde, s'est sensiblement réduite, au profit de celle consacrée à des industries de perfectionnement. La Belgique cessait donc d'être un pays de produits bruts, quoique cependant elle ait continué à produire des matières pondé-reuses. Mais ceci ne constituait pas pour elle une infériorité; c'était l'exploitation d'un avantage naturel, celui de sa position géographique et aussi du caractère rationnel de ses moyens de transport. Un autre aspect général de la situation économique de la Belgique fut que contrairement à ce qu'on avait dit tout d'abord, la première guerre n'avait pas ruiné le pays. Quelles avaient été ses pertes durant le premier conflit ? Elles avaient été chiffrées parfois jusqu'à 30 milliards, dans des relevés officiels qui prétendaient exprimer des valeurs en francs-or de 1914. En fait, nous avons calculé que les dommages directs de la guerre devaient être de l'ordre de 3 ou 4 milliards de francs de 1914, ce qui représentait 6 ou 8 pour cent de la fortune nationale d'avant guerre. A cela s'ajoutaient des dommages indirects, constitués notamment par la perte de capitaux placés à l'étranger, causés surtout par la révolution russe, par les dévaluations et par le nationalisme naissant. Au total, la Belgique avait été sérieusement atteinte, mais non ruinée, pas plus d'ailleurs que les autres pays belligérants. Ceci explique que grâce à un effort énergique réalisé au cours des années qui ont suivi la guerre, la Belgique pouvait se considérer comme restaurée dès le début de 1924. C'est à partir d'alors qu'elle put recommencer à progresser. Elle avait perdu ainsi dix ans d'activité, mais du moins elle se trouvait à pied d'œuvre. Son élan fut surtout visible après la stabilisation monétaire de 1926. Celle-ci, réalisée à un niveau trop bas pour le franc, fit naître une prospérité excessive et fut une des causes de la gravité de la crise qui s'est déclenchée à partir de 1930. LES QUATRE PHASES. — L'histoire économique de la Belgique de l'entre-deux-guerres peut se diviser en quatre périodes, de climat fort différent. De 1919 à 1925, nous assistons à la restauration du pays et à la reconstruction de ce qui avait été détruit par la guerre. Ce travail est réalisé sans grande discipline, mais il a le grand avantage d'être achevé sans délai, et de nous remettre rapidement en possession de l'outil économique indispensable. La seconde période va de 1926 à 1929 et elle est caractérisée par une brusque expansion de nos moyens. A ce moment, nous avons retrouvé notre stabilité monétaire, mais le niveau où le franc avait été placé était trop bas, si bien que nos prix avaient une marge de hausse qui joignit ses effets à ceux des facteurs inflationnistes de l'économie mondiale. Il en résulta qu'en 1929 nous étions particulièrement vulnérables, et nous avons ainsi été pleinement atteints par la crise qui allait éclater alors. La grande crise « des années 30 », qui constitue la troisième phase, a des origines composites. Sa cause principale est sans doute le fait qu'après la première guerre, les nations dirigeantes ont voulu replacer leur monnaie (le dollar et la livre sterling) à leur niveau antérieur, ce qui postulait une baisse des prix, facteur de crise. La masse de moyens de paiement et de crédits étant trop considérable, exprimée en unités replacées à leur taux de 1914, le monde connut une inflation générale, qui causa le « boom » de 1926-1929 et prépara la crise. L'effondrement s'annonça par la chute des actions à New York, en octobre 1929. Ses premiers effets économiques apparurent au milieu de l'année 1930, qui cependant fut encore raisonnablement bonne pour les affaires. En Belgique, les fêtes du Centenaire, au cours desquelles on voit notamment l'Exposition jumelée de Liège et d'Anvers, se sont déroulées malgré tout dans une atmosphère optimiste. Le chômage était encore inexistant. Les choses changent d'aspect en 1931, plus exactement après le 21 septembre, lorsque l'Angleterre quitte l'étalon-or. A ce moment, un certain nombre d'autres pays suivent l'exemple de l'Angleterre, et ceux qui comme la Belgique veulent maintenir leur monnaie à la parité existante, traversent alors une crise qui ne peut cesser de s'aggraver. Nous avions, apparemment, de très bonnes raisons pour ne pas toucher à notre statut monétaire. Nous avions fait une opération d'assainissement et de dévaluation en 1926, et par conséquent il ne semblait pas que nous soyons encore aussi exposés que l'Angleterre, qui avait imprudemment remis la livre au pair au début de 1925. De fait, nous aurions pu demeurer à la parité ancienne, tant que la livre ne tombait pas au-dessous de 140 francs belges, ce qui lui faisait simplement perdre la surévaluation qui était la sienne au cours de 175 francs. Mais lorsqu'elle fléchit plus fortement, à la suite de la dévaluation du dollar en juin 1933, il aurait fallu dès alors dévaluer le franc belge, pour maintenir la livre au cours de 140 francs. Nous ne l'avons pas fait, et nous avons payé cela par une crise plus profonde qui alla en s'aggra-vant jusqu'en mars 1935, lorsque la livre tomba à près de 100 fr. A ce moment, les événements furent plus forts que nous et la Belgique fut obligée de dévaluer. Elle y était contrainte, non en raison d'une situation financière mauvaise ou d'une inflation, mais uniquement par suite de la situation intenable de son économie. Les prix belges étaient trop élevés, et ce qui est plus grave, ils étaient ce que l'on appelle « disloqués ». Les industries qui étaient directement en concurrence avec l'étranger voyaient leurs prix de vente baisser fortement, pendant que les industries « abritées », dont les débouchés étaient à l'intérieur, pouvaient maintenir leurs prix dans une mesure beaucoup plus forte. Cette « dislocation des prix » avait pour effet de créer des difficultés dans tous les secteurs. L'un de ces troubles affectait notre régime bancaire, qui était basé sur un niveau de prix déterminé, celui de 1926-1929, et qui avait fait des crédits gagés par des biens dont la valeur en francs ne cessait de diminuer, ce qui provoquait des vagues d'insolvabilité. Cette tension financière devait d'ailleurs provoquer la défaillance de l'Algemeene Bankvereeniging, qui dépendait de la grande institution agricole, le Boerenbond Belge, et celle de la Banque Belge du Travail, qui avait commis des imprudences, et dont le sort se trouvait fortement affecté par la crise de l'industrie textile. La quatrième phase commença le 1" avril 1935, lorsque la Bel^que eut dévalué sa monnaie de 28 pour cent; une nouvelle période de prospérité commençait. Celle-ci ne s'affirma pas dès le début, quoique cependant l'Exposition du Centenaire des Chemins de fer, qui se tint alors à Bruxelles, ait constitué un très grand succès. Mais bientôt, on put enregistrer une reprise des affaires, qui ne cessa de s'accentuer jusqu'en 1937. Cette renaissance économique fut facilitée et accentuée par le fait que le monde entier bénéficiait alors d'une conjoncture ascendante, situation qu'il perdit en 1938, qui fut une année de crise mineure. A partir d'alors, il est difficile de suivre la tendance exacte des affaires, étant donné que les prodromes de la guerre avaient déjà troublé les éléments fondamentaux de l'économie. On peut admettre cependant que 1939 ouvrait une phase d'amélioration, qui se serait accentuée si les événements politiques n'avaient pas pris la tournure que l'on connaît. LES FINANCES PUBLIQUES. — La Belgique de 1914 n'avait qu'un système financier assez rudimentaire. Les charges publiques étaient faibles, et la dette, tout en étant nominalement élevée, avait comme contre-partie un domaine productif particulièrement important (les chemins de fer). Son système fiscal était considéré comme léger; les recettes principales étaient fournies par les impôts indirects, et en particulier par l'accise sur l'alcool. On estimait qu'à la veille de la première guerre, le total de la fiscalité ne prélevait pas plus de 7 pour cent du revenu national, alors que les grands pays voisins allaient de 12 à 15 pour cent. Ce système était cependant périmé dès avant la première guerre; l'impôt foncier, qui constituait le principal des impôts directs, était perçu avec une inégalité qui choquait les observateurs attentifs, et notamment M. Ingenbleeck, qui par son livre fameux La Justice dans l'Impôt donna le branle aux réformes attendues. La refonte fiscale fut complète, en 1919. La Belgique décida alors de remplacer tout son système d'impôts directs, par une fiscalité basée sur l'Income Tax anglais, et sur ses impôts cédu-laires. En l'occurrence, il s'agissait d'une sorte d'aventure, car la Belgique n'était pas préparée à cette transformation brutale, qui était au surplus accomplie au moment où le pays sortait de la guerre. Il n'est donc pas étonnant que le rendement de l'impôt sur les revenus soit demeuré faible pendant longtemps. Quant aux impôts indirects, qui auraient dû être mis largement à contribution, le gouvernement se refusa à les employer comme il aurait fallu. Comme à peu près tout le monde, il attendait le retour du franc au pair, et la baisse des prix; il négligea d'adapter les impôts indirects, qui pendant très longtemps demeurèrent à des coefficients qui ne correspondaient pas à la hausse des prix. L'insuffisance des recettes d'impôts directs combinée avec celle des impôts indirects, eut comme résultat que pendant plusieurs années les recettes de l'Ktat furent déficientes, ce qui détermina le recours à l'inflation sur une échelle que l'on aurait pu éviter. Ceci joint à des dépenses inconsidérées, en matière de dommages de guerre notamment, provoqua des difficultés financières qui se traduisirent finalement par une amputation monétaire plus grande que ce qui eût été nécessaire. Les finances publiques furent cependant progressivement remises en état, notamment par la création, en 1921, de la taxe de transmission. On pouvait considérer que l'assainissement était atteint vers 1925. Mais choses curieuse, c'est alors que se déclencha une crise financière qui devait aboutir à une dépréciation plus profonde encore du franc. C'est que, si le budget était raisonnablement équilibré, la trésorerie (c'est-à-dire la caisse de l'Etat) était encore à la merci d'une tension, en raison de la place qu'avait prise le financement à court terme. Les dépenses de l'Etat que l'on pouvait couvrir par l'emprunt, l'avaient été par le procédé des Bons du Trésor remboursables dans les trois mois. Ces capitaux avaient été immobilisés dans la reconstruction et dans les travaux publics. Lorsque, sous l'empire d'une méfiance d'origine politique, le public s'abstint de souscrire ces Bons du Trésor, l'Etat fut forcé de recourir à la Banque Nationale, c'est-à-dire à l'inflation. C'est la raison pour laquelle la Belgique ne fut pas capable de maintenir sa monnaie en 1925, et pour laquelle M. A.-E. Janssen échoua dans sa tentative de stabilisation à cette époque. Cette crise fut conjurée par un ensemble de mesures heureusement conçues. Tout d'abord, la consolidation forcée du 1"' août 1926 débarrassa l'Etat du souci d'avoir à assurer ses échéances en ce qui concerne les Bons du Trésor. En même, temps, un Fonds d'Amortissement fut créé, en vue de résorber l'excès de dette flottante constituée par ces Bons du Trésor. Alimenté par des impôts spéciaux, ce Fonds disposa ainsi d'une somme de 1,500 millions par an, ce qui était considérable pour l'époque, et grâce à laquelle il put ainsi, au bout de quatre ans, amortir la dette flottante dans sa partie menaçante. Ceci, joint aux plus-values causées par la prospérité et aussi par la hausse des prix, donna à l'Etat Belge une situation qu'il n'avais jamais connue jusqu'alors. En 1930, au début de la grande crise économique, non seulement il avait pu amortir sa dette 180 160 HO lîO tSU=100 80 / "I / / (S^ i f .....M...... i (E) ■g im 1SZ8 152J 1330 1951 1332 1333 1S3t « 1935 Pouvoir d'achat extérieur et intérieur du franc belge entre 1927 et Graphique e.\trait de J.-L. Lambert : La Belgique devant la crise (Thèse Fac. p. 256. Paris, 1936, in-8°. La BANQUE D'OUTREMER accepte Ita souscription» sans frai»_ (Bruxelles, exemplaire des Archives de la Ville, fonds Keym, n» 141, document n" 1329.) (Cliché Bijtebier.) Vignette de l'emprunt de la Restauration Nationale émis en avril 1919. comme nous venons de le dire, mais il était en possession d'une sorte de trésor de guerre, qui atteignit les 4 milliards. Malheureusement, à partir de ce moment, la situation changeait, et la conjoncture était renversée. D'une part, les dépenses augmentaient en raison des lois antérieurement votées et aussi de l'extension prise par le chômage; d'autre part, la baisse des prix et la contraction de l'activité avaient comm.e conséquence une diminution des recettes. Progressivement, le Trésor belge se sentit à l'étroit, et la déflation aidant, il se trouva dans l'impossibilité notamment d'alimenter son budget de travaux publics, comme l'aurait exigé la lutte contre le chômage. Ici encore, la situation se détendit après la dévaluation méthodique de 1935. Les plus-values fiscales réapparurent, les dépenses de chômage diminuèrent, et au total la Belgique aborda la seconde guerre dans une situation qui sans être brillante, était néanmoins solide. Les budgets étaient équilibrés, les dépenses extraordinaires se trouvaient couvertes sinon facilement, du moins sans recours à l'inflation. Dans l'ensemble, la position financière était donc stable. Les véritables difficultés étaient d'ailleurs, à ce moment, indépendantes de la politique belge. En présence de l'orage qui commençait à gronder et de la menace qui pesait sur la Belgique, une partie notable des capitaux et des réserves prenait le chemin de l'étranger, ce qui s'est avéré à la fois justifié et fécond, puisque c'est de cela que la Belgique a en partie vécu après la libération. Mais au moment même, il en était résulté un climat de déflation qui était incontestablement nuisible à la marche des affaires, et à l'alimentation normale du Trésor. Lorsque l'entre-deux-guerres prit fin, la Belgique se trouvait au point de vue des finances publiques dans une situation assez différente de celle de 1914. Sans doute, le poids de la dette n'était-il pas apparemment plus lourd. En fait, cette dette était passée de 5 à 60 milliards, ce qui, compte tenu de la baisse du franc, ne représentait que le passage de 5 à 6 milliards de francs-or, soit un cinquième d'augmentation, partiellement neutralisé par l'accroissement de la population. Mais en 1914, la dette avait ____à peu près entièrement comme contre-partie un actif directement productif, principalement les chemins de fer, alors qu'en 1939, il en allait autrement, la dette étant entièrement à la charge du contribuable. D'un autre côté, il ne fallait pas oublier que si la dette ne s'était pas accrue, c'était en raison des dévaluations auxquelles il avait fallu procéder. Néanmoins, il n'est pas étonnant qu'après une épreuve comme celle de la première guerre, la Belgique se soit trouvée dans une situation financière obérée. Quant à la fiscalité, elle était aussi lourde en Belgique que dans la plupart des autres pays. Le temps n'était plus où l'Etat et les pouvoirs locaux ne prélevaient que 7 pour cent du revenu national. A cette époque, nous avons calculé que le prélèvement était de l'ordre de 20 pour cent. Apparemment, ce chiffre plaçait encore la Belgique parmi les nations privilégiées, puisque certains pays allaient à 25 ou à 27 pour cent. Mais il ne faut pas oublier qu'en Belgique la fortune était plus uniformément belge - Monnaies d'or en Belgique (i) -idem-'(E)nouveUe porilé belge (i) -idem- ' i 1. ( i 1935. Droit Bordeaux), répartie qu'ailleurs, ce qui rendait plus difficile l'instauration d'un système fiscal très productif. La charge était donc lourde, et elle n'était supportée que grâce à la grande activité qui régnait dès alors dans le pays. Afin de porter un jugement complet sur la gestion des finances belges, nous ajouterons qu'à part une exception minime mais regrettable (celle d'un emprunt congolais), la Belgique a toujours fait honneur à ses engagements. Notamment, elle a toujours respecté les clauses-or ou les clauses-devises qui avaient été fixées. C'est ainsi qu'elle a rémunéré et remboursé en livres sterling l'emprunt anglais de 1914, bien que la livre soit passée de 25 à 175 francs. Lors de la dévaluation du dollar, en 1933, la Belgique a maintenu la rémunération en dollars-or, à rencontre de la législation américaine elle-même, pour tous les porteurs qui prouvaient (par la rapidité de l'estampillage) qu'ils n'étaient pas domiciliés en Amérique. De même, la Belgique a rémunéré en dollars, les emprunts cependant extrêmement onéreux conclus en 1919 et en 1920, et dont la charge financière atteignait 9 ou 10 pour cent. Il y a peu de nations au monde qui sont capables de pouvoir se donner un tel satisfecit. LE PROBLEME MONETAIRE. — La Belgique aborda, au point de vue monétaire, le premier après-guerre avec une candeur et une impréparation intégrales. Pour tous les Belges, il n'était pas douteux que le franc, qui subissait alors une dépréciation de moitié, puis des trois quarts sur le marché des changes, devait finalement retourner à sa parité ancienne. Quiconque aurait pu en douter était non seulement un esprit faux, mais aussi un mauvais patriote. Cette conception, qui nous semble enfantine aujourd'hui, était partagée, nous le redisons, par de nombreux commentateurs qui n'hésitaient pas à penser que même le mark allemand devait retrouver sa parité. Il n'était pas possible, estimaient-ils, que la monnaie d'une grande nation, appelée à redevenir économiquement puissante, ne retourne pas au pair. Le début de l'entre-deux-guerres fut caractérisé par une décision prise déjà par le Gouvernement belge avant son retour à Bruxelles : on reprendrait à la parité officielle de 1 fr. 25 tous les marks présentés en Belgique, alors qu'ils ne valaient plus que la moitié de ce taux sur les marchés étrangers. Cette mesure fut vivement critiquée par la suite, mais on la trouvait toute naturelle au moment même; le gouvernement aurait pro- -- - -/tH (Bruxelles, exemplaire de la Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes, fonds Lefebvre.) Le chômage. Dessin satirique. Le patron : « Vous avez travaillé pour la Restauration Nationale, bravo I L Etat vous doit sa reconnaissance en secours-chômage. » — Dessin colorié, signé (E.) Lumor et daté de 1921. fondément déçu les Belges, qui auraient crié au défaitisme, s'il n'avait pas décrété cet échange. Aussi l'erreur ne fut pas dans le principe, mais dans l'exécution, qui se fit sans la moindre précaution. D'énormes quantités de marks purent être introduites frauduleusement dans le pays, et échangées au pair. Il en vint surtout de Hollande, qui était alors demeurée neutre, et qui possédait déjà à l'avance beaucoup de marks. La Belgique reprit tous ces billets, avec la certitude que le traité de paix attendu ne pouvait manquer d'imposer à l'Allemagne de rembourser les marks qu'elle avait mis en circulation dans le pays. On sait que ceci fut radicalement écarté et que les 6 milliards de marks (environ 7 milliards et demi de francs) demeurèrent dans les caves de la Banque Nationale, jusqu'au jour où en 1929, un accord fut conclu avec l'Allemagne. Celle-ci s'engagea à verser à la Belgique une annuité, d'ailleurs très faible et dont le service fut partiellement suspendu en 1931. C'est lors des premières négociations qui devaient aboutir au Traité de Versailles que la confiance de la Belgique dans une indemnisation complète pour ses marks fut ébranlée. Ses négociateurs firent savoir à Bruxelles que les grandes puissances n'entendaient pas imposer à l'Allemagne la reprise des marks en question. Ceci fut considéré par les Belges comme une grande injustice, mais on doit reconnaître que ces marks ne valaient plus 1 fr. 25 au moment où ils furent émis. Ils représentaient les produits enlevés à la Belgique pendant l'occupation, et payés à très haut prix. De plus, de grandes quantités, nous l'avons dit, avaient été frauduleusement importées. En mars 1919, l'Amérique cessa les avances qu'elle faisait à ses alliés ou associés, si bien que les monnaies européennes, et notamment le franc belge, commencèrent à se détacher du dollar. Celui-ci valait encore 6 fr. 50 en mars 1919, et il devait ensuite fluctuer entre 10 et 15 francs, jusqu'à une première crise, au début de 1923. A ce moment, on attendait toujours le retour du franc au pair, avec la même foi aveugle, lorsque les troupes franco-belges entrèrent dans la Ruhr, pour saisir les mines et les stocks de charbon, et ainsi sauvegarder les réparations, croyait-on. A ce moment, les capitaux étrangers placés tant en France qu'en Belgique furent retirés, et le franc connut une crise qui porta le dollar aux environs de 20 francs. Il y resta au cours des années 1923 et 1924, et il semble bien qu'à ce niveau, qui mettait le franc belge à la parité de 24 centimes-or, un équilibre raisonnable aurait pu être assuré. Mais au lieu de considérer cette situation comme un optimum, ou comme un résultat magnifique, on ne la regardait que comme première étape vers le retour au pair. En fait, la situation demeurait extrêmement précaire, et le franc belge demeurait à la merci soit d'une crise de confiance, soit d'un mouvement international des capitaux. Cette crise de confiance survint en 1925, à la suite d'élections oui donnèrent une victoire modeste, mais néanmoins significative, aux partis de gauche. A partir d'alors, on constata une contraction des dépôts bancaires, et ensuite une diminution des souscriptions aux Bons du Trésor, qui étaient nécessaires au financement des dépenses publiques. C'est alors que M. Albert-Edouard Janssen, directeur de la Banque Nationale, qui venait de prendre le portefeuille des Finances, tenta une stabilisation monétaire sur la base de la livre à 107 francs, correspondant à 22 francs pour un dollar. C'était la stabilisation au taux d'environ 24 centimes-or. Cette stabilisation fut maintenue, au prix d'une dépense de devises empruntées à l'étranger, entre octobre 1925 et la mi-mars 1926. A ce moment, l'hémorragie de devises continuait, et l'atmosphère politique n'était pas propice à la restauration de la. confiance en Belgique. Les banquiers étrangers déclarèrent qu'ils ne pouvaient pas accorder à notre pays l'emprunt dont il avait besoin pour assainir sa monnaie, et la stabilisation provisoire plaçant la livre à 107 francs fut abandonnée le 15 mars 1926. A ce moment s'ouvrit donc une crise monétaire extrêmement grave, qui certains jours porta la livre de 107 jusqu'à 215 francs. Ceci était d'ailleurs parallèle à ce qui se passait en France, les deux pays étant le jouet des mêmes forces politiques et des mêmes courants de capitaux. En Belgique cependant, la situation fut plus vite reprise en main, après la constitution d'un gouvernement d'union nationale, en mai 1926. La baisse des devises étrangères commença alors, et l'on put envisager une stabilisation sur la base de 175 francs pour une livre sterling, ce qui plaçait le franc-or au niveau de 7 francs-papier, et le franc-papier à 0,144 franc-or. Au début, dans le courant de l'été de 1926, ce taux fut considéré comme quelque peu hardi, mais par la suite, on reprocha au gouvernement d'avoir sacrifié une trop grande partie du franc. On aurait pu stabiliser celui-ci au taux de la livre à 140 ou à 150 francs; le choix de 175 francs fut un acte précipité, explicable par l'émotion causée par la crise monétaire dont on sortait. En tout cas, grâce à ce régime, la Belgique entrait dans une ère de prospérité assez dangereuse, qui fut partiellement à l'origine, nous l'avons dit, de la gravité de la crise qui devait éclater quelques années plus tard. Quoi qu'il en soit, à partir de ce moment, le problème monétaire fut résolu en Belgique, et le pays vécut sous le régime du franc-papier stable, représentant le septième du franc-or. Les prix se conformèrent à cette indication, avec cependant cette particularité, que conformément à ce qui se passait dans le monde entier, l'or demeura légèrement déprécié. En d'autres termes, la hausse des prix dépassa celle de l'or; la première atteignit le coefficient 9 que l'index des prix de détail frôla un moment, pendant que l'or était au coefficient 7. Le 21 septembre 1931, la livre sterling abandonnait l'étalon-or et devenait une monnaie flottante. Au point de vue comptable, la baisse de la livre sterling créa pour la Banque Nationale un problème particulièrement délicat, voire même pénible. Notre institut d'émission pratiquait alors le « Gold Exchange Standard », qui permettait de remplacer l'or par des placements étrangers dont le profit allait à l'Etat. La Banque Nationale perdit quelque 500 millions en 1931, lors de la chute de la livre. Finalement, cette somme fut amortie par la banque; l'Etat, qui cependant avait reçu le produit des placements, se borna à prêter ses bons offices pour la présentation du bilan. Il remit à la banque un Bon du Trésor sans intérêt qui lui permit de reconstituer l'actif de ce bilan par des prélèvements sur ses bénéfices futurs. La perte fut donc supportée par la Banque Nationale, sans la moindre intervention du budget ou du contribuable. La Belgique supporta assez facilement les conséquences économiques de la dépréciation de la livre sterling, tant que celle-ci ne tomba pas au-dessous de 140 francs belges. Jusqu'alors on pouvait considérer que la livre sterling corrigeait une surévaluation qui l'affectait depuis longtemps. Mais en 1933, le Président Roosevelt déprécia maladroitement le dollar, qui entraîna avec lui la livre sterling. Celle-ci tomba, à certains moments, à 105 francs, et même au-dessous, et l'économie belge fut soumise à une tension qui s'avéra bientôt intolérable, et qui eut son dénouement en 1935. A ce moment, le gouvernement Theunis dut céder la place au gouvernement van Zeeland, qui réalisa l'adaptation nécessaire en amputant le franc belge de 28 pour cent. Il restaurait ainsi un équilibre suffisant par rapport aux grandes monnaies dominantes; il le faisait en dévaluant méthodiquement le franc, dans une mesure qui était plus faible et beaucoup plus scientifiquement calculée que celle que l'on avait appliquée à la livre sterling et surtout au dollar. Les événements confirmèrent la correction de cette manœuvre; la hausse des prix fut légère, et en 1939, l'index des prix de détail était sensiblement inférieur à celui de 1929. La Belgique put donc ainsi se remettre au travail et son économie connut une prospérité, qui sans être aussi caractérisée que celle de 1929, la replaça néanmoins dans une situation enviable. Le franc adopté en 1935 ne représentait plus que le dixième de sa valeur d'avant-guerre, ce que l'on devait naturellement regretter. Mais néanmoins, la manœuvre avait été absolument méthodique, alors que celle de 1926 avait été, nous le répétons, entachée d'exagération. Le franc belge redevenait une monnaie solide, et bien adaptée aux besoins de l'économie. Ceci se traduisait notamment dans le crédit de notre balance des paiements et dans le niveau élevé des réserves monétaires. Certes, l'encaisse d'un pays ne s'identifie pas avec sa richesse, et il faut considérer que l'or est avant tout un instrument de travail. Néanmoins, on doit admettre que la Belgique de 1939 était forte. En 1914, l'encaisse métallique de la Banque Nationale ne représentait que 306 millions dont 259 millions seulement étaient représentés par de l'or. Ceci était l'équivalent de 2,500 millions de francs de 1935. Mais au 31 décembre 1938, l'encaisse-or de la Banque Nationale de Belgique s'élevait à 17,128 millions, soit sept fois davantage, en poids. Elle était plus considérable encore en mai 1940. Elle atteignait, en effet, 21 milliards de francs van Zeeland, soit 34 milliards de francs 1952. Cette encaisse avait été mise en sécurité lorsque l'invasion se produisit : la plus grande partie (9,893 millions) se trouvait en Angleterre, et aux Etats-Unis (5,985 millions). Une autre partie (environ 6 milliards), avait été confiée puis vendue à la France; ramenée d'Afrique et réquisitionnée par l'occupant, elle fut rendue par la Banque de France le 23 décembre 1944 — celle-ci gardant un droit de récupération sur ce qui serait retrouvé en Allemagne. L'ESSOR DE L'INDUSTRIE. — L'industrie belge avait subi des dommages énormes, et après 1918 elle ne put reprendre son activité que progressivement. On put alors constater que son expansion prenait de nouveaux développements. Le fait principal de la première période a été la mise en valeur du bassin houiller de la Campine. Celui-ci avait été découvert en 1901 par André Dumont, mais les premières concessions n'avaient été attribuées qu'en 1906. Le (Bruxelles, propriété A.-E. Janssen.) M. A.-E. Janssen, ministre des Finances de juin 1925 à mai 1928 et de décembre 1938 à février 1939. Photographie prise en 1938. creusement des puits commença plus tard, et l'on était arrivé à la mine « André Dumont », aux premières couches de charbon, lorsqu'éclata la guerre. Au cours de celle-ci, la situation fut extrêmement critique, et un seul des sièges fut continué avec énergie, ce fut Winterslag, qui atteignit le stade d'exploitation en 1917. Mais il ne produisit alors que de faibles quantités, et ce ne fut qu'à partir de 1919 que la production de la Campine fut portée à son maximum possible. Cette production atteignit et dépassa 1 million de tonnes en 1924, 3 millions de tonnes en 1929, et elle se situait à 7 millions de tonnes en 1939, ce qui représentait alors le quart de la production nationale. Ainsi qu'il fallait le prévoir, cette mise en valeur d'un bassin charbonnier plus riche que l'ancien, qui d'ailleurs manifestait des signes d'épuisement, a provoqué un déplacement du centre de gravité de la Belgique. La province de Limbourg était jusqu'alors purement agricole et l'aridité de son sol la rendait peu intéressante à cet égard. La mise en exploitation du nouveau bassin fit augmenter rapidement sa population; celle-ci était de 276,000 habitants en 1910, et elle atteignit 368,000 habitants en 1930, puis 421,000 habitants en 1939. En même temps, autour des charbonnages vinrent se grouper un certain nombre d'usines complémentaires, notamment des ateliers de construction; cependant, l'industrie sidérurgique ne fit aucun effort pour venir s'établir près du charbon. La raison en était tout d'abord qu'il fallait des moyens de transport appropriés, qui n'ont été disponibles que lors de la mise en service du canal Albert, c'est-à-dire en 1939. D'un autre côté, les usines métallurgiques nécessitent non seulement d'importants investissements, mais également une main-d'œuvre abondante et variée, que l'on ne déplace pas facilement. Enfin, il faut dire que les usines sidérurgiques belges, travaillant surtout avec du minerai français, n'avaient pas nettement avantage à se rapprocher du port d'Anvers, ni même des sources de charbon. En effet, la quantité de minerai à employer représente trois fois celle du charbon, si bien que l'économie de transport que l'on peut réaliser en s'établissant sur lè bassin houiller, est rapidement neutralisée par le supplément de frais occasionné par les minerais. Quant à l'industrie sidérurgique, elle reprit rapidement son (Cliché Hersleven.) Hauts fourneaux dans les environs de Liège. Vue prise d'avion. importance, et pendant tout l'entre-deux-guerres, elle s'efforça de maintenir sa place dans la sidérurgie mondiale. Elle resta cependant fidèle à l'acier Thomas, alors que la plupart des autres pays étrangers produisaient de l'acier Martin. Elle réalisa du reste dans cette technique des progrès tels que l'acier Thomas devenait recommandable pour la plupart des usages, et c'est ce qui fait que, jusqu'à présent, nous demeurons avant tout producteurs de ce dernier. Celui-ci convient parfaitement à la nature des minerais que nous employons, et il demeure pour la Belgique une spécialité qu'elle semble devoir garder. Parmi les branches qui durant l'entre-deux-guerres furent appelées à prendre un grand développement, l'industrie chimique est au premier plan. D'une part, la Belgique avait une matière première fort importante, les sous-produits de la houille, en particulier le goudron et le gaz venant des fours à coke. D'un autre côté, privée par l'isolement de l'Allemagne de certains produits chimiques au cours de la guerre et des premières années qui suivirent, la Belgique se préoccupa de couvrir par elle-même ses besoins. Enfin, les techniciens belges, désireux de perfectionner la qualité et d'étendre le caractère fini de leur production, s'adonnèrent avec une prédilection particulière aux recherches dans le domaine de la chimie. Ainsi naquit notamment une industrie pharmaceutique qui devait parvenir à couvrir en grande partie les besoins du pays. Avant la première guerre mondiale, l'économie chimique belge était importatrice. Elle réduisait cette dépendance en exportant des produits bruts, dont le principal était le sulfate d'ammoniaque. Cette situation fut renversée, et à la veille de la seconde guerre, l'industrie chimique belge était largement exportatrice. Lorsque la guerre éclata, en 1939, elle réussit encore, durant la période de neutrsdité armée, à augmenter sa spécialisation dans les produits chimiques finis. Elle s'était attaquée notamment à la technique naissante des plastiques; d'autre part, elle installait une distillerie de goudron, destinée à la fabrication des produits chimiques organiques les plus variés. L'industrie textile se heurta assez rapidement à des difficultés considérables dans le fait que les grands marchés d'exportation qu'elle desservait avant la première guerre, s'étaient habitués à se passer d'elle au cours du conflit. D'un autre côté, une évolution déjà en cours depuis la fin du dix-neuvième siècle s'accélérait : les pays neufs avaient résolu de couvrir eux-mêmes leurs besoins, et disposant d'une main-d'œuvre abondante et à bon marché, ils nous faisaient concurrence dans les qualités les plus courantes. L'industrie textile belge se trouva donc prospère jusqu'en 1929, lors du grand « boom », mais ensuite elle subit une crise redoutable qui réduisit au chômage une bonne partie de sa main-d'œuvre. Mais néanmoins, elle en profita pour s'affiner, et de nombreuses fabrications spéciales furent entreprises sous la nécessité de trouver des débouchés nouveaux. Dans le domaine des fabrications métalliques, l'événement le plus marquant fut l'installation à Anvers d'usines de montage d'autos, créées par deux grandes firmes américaines, qui furent ensuite suivies par d'autres de moindre importance. La Belgique devenait tout d'abord ainsi un centre de montage pour le pays même, et d'autre part, elle put desservir par ce moyen une grande partie du marché européen. Ceci était d'autant plus intéressant que les autos montées par ce procédé incorporaient non seulement de la main-d'œuvre et des frais généraux belges, mais aussi des quantités non négligeables de matières premières et d'accessoires. Ceci nous avait cependant amenés à renoncer dès 1931, et plus nettement en 1935, à une industrie automobile nationale. Le traité de commerce belgo-américain de 1935 consacrait cet état de choses, en renonçant donc à établir une protection sur les pièces détachées pour les automobiles. Ce fut la sagesse même, car l'expérience devait montrer de plus en plus que la production d'automobiles exige une fabrication en séries énormes, qui n'était pas à notre portée. Il fallait pour cela produire des voitures de même type, par centaines de milliers, avant de pouvoir faire quelque chose qui soit l'équivalent de ce que les Américains pouvaient nous offrir. D'un autre côté, grâce à la combinaison que nous avons pratiquée, notre pays s'est initié à des techniques nouvelles, et il a finalement exporté de grandes quantités de produits accessoires incorporés dans les véhicules montés comme nous venons de le dire. Le développement pris dans ce secteur compensa en partie le déclin d'une grande industrie traditionnellement belge, celle du matériel de chemin de fer. En raison du nationalisme étranger, nous n'avons pas pu continuer à approvisionner le monde entier en voitures, en wagons et en locomotives, mais néanmoins jusqu'en 1929 surtout, nous sommes demeurés de très importants fournisseurs. La Belgique passa en 1930 à la construction de voitures métalliques qui devaient doter son réseau du matériel le plus sûr et le plus confortable de toute l'Europe. Ainsi donc, l'industrie belge se développa largement au cours de l'entre-deux-guerres, et elle termina l'année 1939 dans une situation sensiblement meilleure qu'en 1914. Elle y avait beaucoup de mérite, car l'atmosphère générale avait été plus d'une fois troublée, et le pays avait traversé la grande crise dont nous avons parlé plus haut. LES BANQUES. — Les banques belges se réorganisèrent après la première guerre mondiale selon le type qui était classique dans ce pays. En effet, c'est en Belgique que les banques mixtes étaient nées, et qu'elles avaient été les plus actives et les plus prospères. La première banque mixte du monde avait été créée en Belgique : c'était la Société Générale, qui datait de 1822. Ces banques mixtes faisaient donc à la fois les dépôts et les affaires, c'est-à-dire qu'elles étaient non seulement fournisseurs de fonds de roulement, mais qu'elles participaient comme actionnaires et comme commanditaires à un certain nombre d'entreprises. Ceci avait été extrêmement fécond pendant tout le dix-neuvième siècle et pendant les premières années du vingtième siècle; la Belgique devait à ce système une bonne partie de son expansion interne et externe. On conçoit que des individus isolés n'auraient pu prendre des initiatives de ce genre, alors que celles-ci étaient sinon aisées, du moins réalisables, dans le cas d'institutions spécialisées, bien pourvues de moyens et riches d'expérience comme l'étaient les banques mixtes. Au moment où commence la période étudiée, le système bancaire belge, tout en n'étant pas fragmenté à l'extrême, n'était guère centralisé. Il existait une grande banque mixte, la Société Générale; à côté d'elle venaient la Banque de Bruxelles, le Crédit Général Liégeois, la Banque d'Outremer, le Crédit Anver-sois. En dehors de ceux-ci fonctionnaient des filiales de la Société Générale et de la Banque de Bruxelles et des banques locales de modeste envergure. Il existait enfin des banquiers privés, qui continuaient leur activité traditionnelle et qui alimentaient, par l'escompte surtout, les diverses affaires industrielles de province. Cette situation, sans être aussi compliquée que celle qui existait à l'époque aux Etats-Unis, n'était certainement pas adaptée au rôle que doivent actuellement jouer les banques. Une certaine concentration était nécessaire, et d'autre part de nouvelles méthodes devaient être instaurées. Cette concentration fut surtout réalisée en 1928, qui vit l'absorption de la Banque d'Outremer par la Société Générale, et l'absorption du Crédit Général Liégeois par la Banque de Bruxelles. En même temps, on observait que le Crédit Anversois se développait par le moyen des agences, selon la méthode des banques françaises. D'autre part, une nouvelle puissance financière était née : l'Algemeene Bank- vereeniging, constituée par les groupes apparentés au Boeren-bond Belge, qui prenait la suite d'un certain nombre de banques des classes moyennes qui jusqu'à ce moment avaient été les unes remarquablement et les autres moyennement prospères. Ainsi donc, vers 1929-1930, le système financier belge avait été raisonnablement unifié. Qu'étaient devenus, dans cette évolution, les banquiers privés ? Ils avaient en grande partie disparu, principalement après absorption par les banques qui créaient des agences en province. Leur situation était devenue particulièrement critique lorsque les 'chèques postaux s'étaient développés. En effet, ces banquiers privés vivaient en ordre principal du crédit fait à la clientèle, à prix nécessairement assez élevé, et ensuite, de l'encaissement des effets pour le compte des grandes banques de Bruxelles. Ces encaissements ont progressivement disparu, notamment parce que les chèques postaux ont offert à l'économie belge des possibilités fort appréciées. Rapidement donc, cette activité rémunératrice a disparu, si bien que les maisons qui ne se sont pas fermées purement et simplement, ont été heureuses de devenir l'amorce d'une agence de grande banque. Le système bancaire ainsi constitué était du type mixte, c'est-à-dire que ces banques faisaient à la fois des dépôts et des affaires. Elles avaient pratiquement toutes alors une clientèle de débiteurs commerciaux qui en partie dépendaient d'elles, et qui en partie étaient indépendants, ce qui est le propre de leur caractère mixte. Même le Crédit Anversois, qui était essentiellement une banque de dépôt, s'était laissé attirer par la formule et avait pris des participations. Le Boerenbond également, qui n'était pas une banque, mais une institution récoltant l'épargne des cultivateurs affiliés, avait évolué dans la même direction, en se constituant un portefeuille qu'il considérait comme une garantie contre les fluctuations monétaires, et aussi comme un moyen d'influencer l'économie au profit de ses affiliés. C'est dans ces conditions que le système bancaire belge aborda la crise en 1929-1930. Au début, celle-ci ne fut pas particulièrement dure. Les banques avaient, en effet, d'énormes réserves, constituées en particulier par la plus-value de leur portefeuille. D'un autre côté, elles n'avaient pas exagéré leurs avances à une clientèle industrielle et commerciale dont l'actif dépassait largement le passif. Mais progressivement, les cours de bourse et les prix des marchandises diminuèrent. Un moment vint où les valeurs boursières tombèrent au cinquième de leurs cours antérieurs, tandis que les grandes matières premières et les stocks baissaient de moitié. Un autre facteur agissait défavorablement sur la situation des banques : le climat de déflation qui devait être maintenu dans le pays. Ceci impliquait une contraction des crédits dans le but d'empêcher la monnaie de se déprécier, et déterminait une raréfaction des capitaux. Il en résulta des retraits dans les banques, qui dès lors devaient réaliser certains de leurs actifs. La situation se tendit surtout à partir de 1934, en dépit des efforts du gouvernement. L'une des mesures mises à exécution fut la mobilisation de 2 milliards de créances bancaires qui, tout en étant de bonne qualité, se trouvaient momentanément indisponibles. Il s'agissait des fameux « crédits gelés », qui furent dégagés par l'intermédiaire de la Société Nationale de Crédit à l'Industrie, l'Etat se portant garant de la bonne fin des opérations. En même temps, l'Etat se préoccupa de faire des avances à des entreprises jugées suffisamment dignes d'intérêt, et qui se trouvaient dépourvues de liquidités, tout en ayant un actif suffisant. Cet ensemble d'opérations ne suffit pas à rendre la liquidité au système bancaire belge, et la crise ne cessa de s'aggraver. A tout le moins, l'effort de l'Etat ne se solda pas par un désastre financier. Toutes ses opérations se dénouèrent normalement; les crédits furent remboursés et l'Etat ne subit aucune perte, grâce à la reprise des affaires qui se produisit après la dévaluation de 1935. Cette dévaluation constituait donc une nécessité, notamment au point de vue bancaire. La situation s'était dangereusement tendue à tout égard à la fin de 1934 et au début de 1935. Le gouvernement de l'époque, dirigé par M. Theu-nis, fut obligé d'instaurer le contrôle des changes, puis de démissionner, à la mi-mars de 1935. C'est alors que fut constitué un cabinet d'union nationale, sous la présidence de M. van Zeeland, qui opéra la dévaluation de 28 p. c. que requéraient les circonstances. Ceci était nécessaire et suffisant : une fois l'équilibre monétaire rétabli, les capitaux revinrent dans le pays, la déflation devint inutile, les prix montèrent raisonnablement et les actifs se revalorisèrent, ce qui rendit leur équilibre aux banques elles-mêmes et à leurs clients. Cependant, la gravité de la crise que celles-ci avaient subie et qui n'avait pas d'égale dans toute l'histoire financière de la Belgique, amena le gouvernement à décréter, en 1934, deux mesures radicales : la séparation de l'activité traditionnelle des banques belges et l'interdiction aux banques de dépôt de prendre des participations dans les affaires. C'était la fin du régime des banques mixtes. Cette disparition d'un type spécifiquement belge a été souvent regrettée. On a fait observer que si la crise avait atteint le degré aigu que nous avons dit, ce n'était nullement en raison de l'interpénétration des intérêts bancaires et des intérêts industriels. Il s'agissait d'une situation créée par une évolution générale dont personne n'aurait pu être maître. En présence de la baisse catastrophique des prix, c'était nécessairement au point le plus délicat que s'était trouvé le danger, c'est-à-dire dans les banques. Mais en dehors de cela, le système avait fait ses preuves, il avait largement contribué à la prospérité de la Belgique. Il n'y avait pas de raison de le condamner. Néanmoins, en partie dans le but de faire quelque chose de spectaculaire, et de lutter efficacement, au moins en apparence, contre la crise financière, la séparation des banques fut rendue effective, et elle fut consacrée en 1935 par l'arrêté n" 185, qui donna le statut définitif aux banques belges. Le même statut créa la Commission Bancaire, chargée de surveiller l'exécution des dispositions légales et aussi d'exercer un contrôle sur les opérations de crédit et sur les émissions de valeurs mobilières. Ainsi se termina la plus grande crise financière que la Belgique ait jamais connue. Celle-ci avait fait un certain nombre de victimes, bien que cependant d'une façon générale les déposants n'aient pratiquement rien perdu. Du moins ce fut le cas de l'Algemeene Bankvereeniging, qui disparut pour faire place à la Kredietbank, appelée à devenir prospère par la suite. En ce qui concerne la Banque Belge du Travail, créée par les socialistes gantois, elle disparut en infligeant certaines pertes à ses déposants, qui en ordre principal étaient les syndicats socialistes. Enfin, le Boerenbond, qui avait été à l'origine de l'Algemeene Bankvereeniging et qui s'était épuisé à soutenir cette dernière, dut faire un accord avec ses créanciers, et bloquer l'ensemble de leurs dépôts. Ceux-ci furent ensuite progressivement remboursés, ce qui fut rendu plus facile par la hausse des valeurs et des actifs consécutifs au déclenchement de la seconde guerre mondiale. Quant aux banques, elles eurent après leur scission, une existence exempte d'émotion, mais aussi de prospérité. On se demandait à l'époque si les banques de dépôt étaient viables en Belgique, étant donné qu'elles ne disposaient pas, à l'instar des banques anglaises, d'une clientèle s'étendant dans le monde entier. Elles vécurent honorablement, sans plus. Quant aux sociétés à portefeuille, ou holdings, issues de la séparation, elles consacrèrent les premières années à se réorganiser après la crise; et ensuite elles reprirent une activité qui, sans atteindre celle de jadis, demeurait néanmoins normale. Il s'avère en tout cas que ces holdings eurent la vie plus facile que les banques; celles-ci (Cliché Lammens.) Le canal Albert. (Bruxelles, Montagne du Parc.) (Cliché Jacobs.) Salon de la Société Générale de Belgique (siège de Bruxelles). Vue partielle. Au mur, portraits de Guillaume l®"-, fondateur de la Société Générale (voyez le texte t. 111, p. 468 et l'illustration t. 111, p. 471), Léopold l®' et Léopold II. — C'est dans ce salon que se réunissait le comité exécutif du Comité National de Secours et d'Alimentation pendant la guerre (voyez plus haut, p. 341). devenaient en grande partie des institutions quelque peu administratives, et elles se trouvaient dans l'impossibilité de réaliser encore des bénéfices comparables à ceux d'autrefois. LA POLITIQUE COMMERCIALE ET LE COMMERCE EXTERIEUR. — Traditionnellement, depuis le milieu du dix-neuvième siècle, la politique commerciale de la Belgique a été inspirée par le libre-échange. A la veille de la première guerre mondiale, son tarif était, peut-on dire, uniquement fiscal. La partie exonérée de tout droit de douane représentait 90 pour cent en poids, et 85 pour cent en valeur. C'est dans cette ligne que la Belgique a repris son activité en 1918, et c'est là qu'elle est demeurée jusqu'en 1930-31. Pendant cette période, l'agriculture était prospère et satisfaite, et elle ne fit valoir que de très légères revendications. Elle n'insista même pas pour obtenir la péréquation, c'est-à-dire l'adaptation à la dépréciation de la monnaie, des droits sur les quelques produits agricoles qui bénéficiaient autrefois d'une protection douanière, notamment sur le beurre et sur l'avoine. Quant à l'industrie, elle ne demanda pas non plus une protection véritable, si bien qu'on peut dire que jusqu'au début de la grande crise, en 1930, la Belgique était demeurée franchement libre-échangiste. Son attitude ne fut du reste pas foncièrement démentie jusqu'à la première guerre mondiale et ses infidélités au libre-échange furent dans l'ensemble peu marquées. Tout d'abord, lorsqu'en 1931 les prix agricoles s'effondrèrent à la suite de la dévaluation de la livre sterling, l'agriculture obtint, péniblement du reste, la péréquation de ses droits d'avant 1914. Le droit sur le beurre notamment fut multiplié par 7, ce qui correspondait à la dépréciation monétaire; il en fut de même pour le droit sur l'avoine. Cependant, au fur et à mesure que la crise s'aggravait, des mesures plus restrictives furent prises, notamment par l'instauration d'un système de contingentement, c'est-à-dire de restriction à l'importation. Pour éviter l'écrasement du marché intérieur, le gouvernement belge limita donc les quantités introduites. Il le fit avec une modération relative, si bien que l'on demeura malgré cela l'un des pays les plus libre-échangistes du monde. En même temps, le gouvernement établit des taxes de licence, qui avaient pour but d'attribuer au Trésor, pour les produits importés, la différence entre le prix des marchés étrangers et le prix pratiqué à l'intérieur. Bien que cette taxe ait atteint par moment des montants très élevés, par exemple près de 10 francs par kilo de beurre, on ne peut considérer qu'il s'agit là d'un protectionnisme véritable, mais d'une mesure antidumping. Cette politique put du reste être quelque peu allégée lorsqu'après notre dévaluation de 1935, l'ordre était rétabli dans nos affaires, et que notamment les denrées agricoles s'étaient quelque peu revalorisées. En fait, le protectionnisme était certes plus caractérisé en Belgique en 1939 qu'il ne l'était en 1914, mais dans l'ensemble le pays demeurait fidèle aux idées de libre-échange. En ce qui concerne la politique commerciale, un fait important est à noter : en vertu de la convention du 21 juillet 1921, La Belgique avait conclu avec le Grand-Duché de Luxembourg une union économique qui entra en vigueur le 8 mai 1922, pour une période de cinquante ans. Le Grand-Duché de Luxembourg avait adhéré au Zollverein en 1842, et il se trouva donc désorienté lors de l'écroulement de l'Allemagne en 1918. Il aurait préféré, pour des raisons de prestige ou sentimentales, se rattacher à la France, au point de vue douanier, mais celle-ci en aurait été assez gênée, car elle aurait dû ouvrir son marché aux produits sidérurgiques luxembourgeois. Aussi, pour cette raison, et aussi pour donner satisfaction à la Belgique, elle déclara se désintéresser de la chose, si bien que le Grand-Duché n'eut d'autre ressource que de se tourner vers la Belgique. C'est ce qu'il fit, et il n'eut pas à le regretter. Pendant près de vingt ans, de 1922 à 1940, le Grand-Duché fut prospère, et il participa grandement au développement de l'Union Economique belgo-luxembourgeoise. Cependant, diverses questions se posaient. Tout d'abord, l'agriculture grand-ducale avait été habituée, sous le régime du Zollverein, à une certaine protection. Celle-ci fut maintenue à un degré atténué, en vertu d'accords qui ne portèrent pas gravement préjudice au principe de l'union. D'un autre côté, la sidérurgie grand-ducale, dont la Belgique avait d'ailleurs également craint l'intervention dans son marché, fut favorisée par des tarifs préférentiels de transports, qui lui permettaient d'atteindre Anvers sans charges démesurées. C'était le gouvernement belge qui supportait cette charge. Enfin, la viticulture grand-ducale se trouva grandement avantagée par ce système. Elle avait perdu le marché allemand, où son vin était accueilli avec intérêt, mais comme produit de coupage. Grâce à l'amélioration de sa qualité, imposée par la concurrence, la viticulture luxembourgeoise redevint prospère, et écoula facilement sa production en Belgique; elle bénéficia d'une protection indirecte, le droit payé par les vins étrangers n'étant pas exigé des vins grand-ducaux. En présence des premières manifestations de la renaissance du protectionnisme, la Belgique prit part, en 1930, à la Conférence de Genève d'où devait sortir la « Trêve Douanière ». D'autre part, elle signait, en décembre 1930, la « Convention d'Oslo », avec la Suède, la Norvège, le Danemark et la Hollande, en vue de stabiliser les droits de douane. En juin 1932, la Belgique et la Hollande essayèrent de réaliser une réduction progressive des droits d'entrée, par la « Convention d'Ouchy ». Aucune de ces initiatives ne donna de résultat. En 1935, l'Union économique belgo-luxembourgeoise subit une crise, lors de la dévaluation monétaire de 28 pour cent. Pour des raisons politiques, et sans doute à tort, le Grand-Duché décida de ne pas suivre entièrement l'exemple de la Belgique, et il dévalua sa monnaie de 15 pour cent seulement. Il en résulta que pendant la période allant de 1935 à 1940, le franc grand-ducal valut 1,25 franc belge. Ceci constitua une gêne, le niveau des prix du Grand-Duché étant à l'avance plus élevé, mais au fond, le fonctionnement de l'union n'en fut pas sérieusement affecté. C'est donc sous ce régime que le commerce belgo-luxem-bourgeois prit son expansion, dès que la capacité de production des deux pays se rétablit. Bientôt, le commerce' prit un grand essor, grâce notamment à un niveau de prix de revient qui dans l'ensemble demeurait inférieur en Belgique à ce qu'il était au dehors. Le rôle transformateur de l'économie belgo-luxembour-geoise se maintint et s'affirma continuellement. Par ailleurs, le commerce extérieur de l'Union Economique ainsi créé était dominé par un certain nombre de constantes, notamment par l'importance acquise par certains produits. Tout d'abord, la Belgique, jointe au Grand-Duché de Luxembourg, devint (en valeur absolue, et non pas seulement proportionnellement à la population), le plus fort exportateur de produits sidérurgiques du monde entier. Ceci constituait pour l'Union Economique belgo-luxembourgeoise à la fois un avantage et une faiblesse. Un avantage en cas de prospérité générale, car alors nous pouvions profiter des prix élevés et de la forte demande des pays étrangers; une faiblesse, car en cas de conjoncture économique mondiale moins favorable, chacun de nos clients protégeait son marché, et le fermait aux exportateurs étrangers. Ceci exigeait de la part de l'Union belgo-luxembourgeoise une grande souplesse. Une autre caractéristique de l'économie belge était d'être à la fois importatrice et exportatrice de charbon. Apparemment, le commerce extérieur belgo-luxembourgeois devait être nul en ce qui concerne le charbon, puisque la consommation était pratiquement égale à la production. Mais la Belgique importait des quantités industrielles, en ordre principal des fines à coke, et elle exportait des charbons domestiques triés et classés, de haute qualité et de haut prix. Il y avait donc là un échange, conforme d'ailleurs à la pure théorie du commerce international, qui était profitable au pays. Notons d'ailleurs que l'intervention croissante de la Campine réduisait progressivement nos besoins de charbons industriels. Une troisième caractéristique était fournie par le rôle que jouait le diamant. Durant l'entre-deux-guerres, Anvers était le centre qui dans le monde entier taillait et vendait le plus de diamants; il possédait à lui seul plus de diamantaires que le reste du monde réuni. Il avait la spécialité de la taille des petites pierres, dont l'étranger ne parvenait pas à tirer profit, et qui étaient, au contraire, excellemment parachevées à Anvers. Le diamant est une industrie très ancienne à Anvers, mais son expansion avait été vraiment rapide pendant l'entre-deux-guerres. Il avait bénéficié de l'apport de spécialistes venant du centre et de l'est de l'Europe; ceux-ci ont conféré à Anvers le rôle extrêmement important que nous avons dit. Enfin, le commerce belge avait une autre caractéristique, celle-là plus récente : il importait des minerais et des métaux non-ferreux, qui étaient ensuite transformés et réexportés après raffinage. C'est là, sans doute, une industrie qui est traditionnelle en Belgique, berceau de l'industrie du zinc, ainsi qu'on le sait; déjà pendant tout le dix-neuvième siècle, nous avions joué un rôle considérable dans ce domaine. Mais grâce à l'intervention des métaux du Congo, ce rôle s'est fortement amplifié, et notamment les usines de Oolen et de Hoboken ont travaillé sur une large échelle les lingots de cuivre brut que la Colonie nous envoyait. Nous avons raffiné également de l'étain et surtout de l'or, pour le compte de la Colonie. C'était là une activité intéressante et rémunératrice. L'examen de notre commerce extérieur montre bien que la Belgique était demeurée un pays transformateur. Nous avions une balance de matières premières qui était généralement en notre défaveur. La dernière année normale, 1938, nous avait donné par exemple 12 milliards et demi d'importations de matières premières brutes ou préparées, et à peine 10 milliards d'exportations. Mais par contre, dans les derniers temps surtout, nos exportations de produits fabriqués représentaient le double de nos importations : en 1938 toujours, 5 milliards d'importations et 10 milliards d'exportations. C'est grâce à cela que nous payions non seulement les matières premières dont nous avions besoin, mais également les aliments dont la Belgique était largement importatrice. En valeur, la Belgique couvrait, en effet, à peu près les 75 pour cent de ses besoins alimentaires. Certaines années, elle allait même à 80 pour cent. Cela signifiait qu'en comptant en francs, nous n'étions débiteurs que d'un quart ou d'un cinquième de ce qu'il nous fallait pour vivre. Toutefois, ceci ne signifie pas que nous fussions proches de l'indépendance alimentaire. Si l'on se basait non plus sur le prix, mais sur la valeur nutritive, on arrivait à la conclusion que nous devions importer la moitié au moins de notre alimentation. Ceci confirme la réalité des profits que donne le commerce international : nous exportions des produits de haute valeur en argent, et nous importions des matières de faible valeur en argent, mais de haute valeur nutritive. Ainsi donc, l'agriculture belge était, elle aussi, transformatrice, et de fait elle importait des denrées plutôt grossières, comme des aliments pour le bétail, mais elle produisait, pour les exporter en partie, des aliments très recherchés. Durant l'entre-deux-guerres, l'agriculture belge évolua, en effet, dans un sens qui se dessinait déjà antérieurement : délaissant les produits de culture proprement dite, elle se tournait de plus en plus vers les produits d'élevage. Ceux-ci lui permettaient d'incorporer plus de main-d'œuvre, et d'obtenir un revenu plus considérable. Nous avons calculé, en effet, qu'à cette époque un hectare ensemencé de froment rapportait environ 3,000 francs, alors qu'un hectare consacré à l'élevage rapportait au minimum 7,000 francs. Il s'agissait donc d'une spécialisation hautement intéressante pour elle. A côté de l'élevage, l'agriculture belge avait comme spécialité la production de légumes. Elle était particulièrement bien placée pour cela, étant donné que son type d'exploitation, généralement familiale, résolvait le problème délicat de la main-d'œuvre; de plus, le pays était au centre d'une vaste région de consommation. C'est donc tout naturellement que la Belgique a produit de grandes quantités de raisins, de chicorées witloof, ces deux produits ayant cependant été un certain moment refoulés par le protectionnisme étranger. D'autre part, les conserves alimentaires étaient également une belle spécialité belge. A certains moments, nous avons également produit des œufs en grande quantité. Durant l'entre-deux-guerres, l'agriculture belge fut hautement progressive, et ses rendements dépassaient ceux de la plupart des pays étrangers. Ils étaient équivalents pour la culture à ceux des pays les plus avancés, comme le Danemark et la Hollande. Cependant, au point de vue de l'élevage, des progrès demeuraient encore à réaliser, et notamment la qualité de bétail, et surtout du lait, ne correspondait pas aux impératifs du temps. A quoi était due cette infériorité au moins relative ? A une rationalisation insuffisante qui était probablement en partie la conséquence de la protection dont avaient bénéficié les produits d'élevage, depuis cinquante ans. Comme il arrive souvent, cette protection avait abouti à réduire l'effort et la vigilance des producteurs. LES CONDITIONS GENERALES D'EXISTENCE EN BELGIQUE. — Durant l'entre-deux-guerres, la Belgique a bénéficié d'un niveau de prix remarquablement bas. Certes, ceci n'était pas une nouveauté, et existait déjà avant la première guerre mondiale, depuis le milieu du dix-neuvième siècle. Mais un changement important était intervenu durant la première guerre : à côté de prix bas, nous commencions à avoir des salaires élevés, si bien qu'au total, les salaires réels étaient en augmentation notable. Cette évolution, qui constituait évidemment un grand progrès, devait encore être précisée et accrue après la seconde guerre mondiale. A quoi était dû ce niveau relativement bas des prix ? Dans une notable mesure à l'absence de politique protectrice, qui évitait l'incorporation des droits de douane dans les prix intérieurs, et obligeait les producteurs et les intermédiaires à faire un gros effort, de façon à refouler la concurrence étrangère. Il s'agissait donc d'un résultat qui n'avait rien d'artificiel, et qui était au contraire la conséquence d'une politique énergique et appropriée. A cela s'ajoutait le fait que la position géographique de la Belgique et l'excellence de ses moyens de transport réduisaient les frais grevant tous les produits, et spécialement les marchandises pondéreuses. Notons enfin le fait que, si les impôts étaient devenus lourds, depuis l'avant-guerre, ils l'étaient cependant moins que dans beaucoup de pays étrangers, ce qui constituait également une cause de prix intérieurs plus réduits. Le niveau des prix et des salaires étant dans le rapport que nous avons dit, il en résultait un niveau de vie relativement élevé en Belgique. Les chiffres dont on peut disposer confirment bien qu'il en est ainsi. Si l'on considère que le standard de vie se juge ? ^ f. ^ f l r - m' m Le ministère van Zeeland (du 25 mars 1935 à mai 1936). De gauche à droite, assis : Hymans (lib.), Vandervelde (soc.), van Zeeland (cath.), Poullet (catli.), Devèze (lib.), Delattre (soc.), Soudan (soc.); debout : De Man (soc.), Van Isaciter (catli.), De Schryver (cath.), Rubbens (cath.), Spaal< (soc.), Bovesse (lib.), du Bus de War-naffe (cath.), Gérard (lib.). — Photographie reproduite dans Le Patriote Illustré du 7 avril 1935, p. 421. d'après la consommation de produits de luxe ou de demi-luxe, il était évident que la Belgique était à cet égard en notable avance sur la plupart des pays étrangers. Le niveau de vie était notamment plus élevé que celui de l'Allemagne et de la France, et il devenait comparable à celui de l'Angleterre. Par rapport à la Hollande, nous avions récupéré un retard séculaire et dès alors, le montant des salaires réels n'était pas plus élevé chez nos voisins du Nord que chez nous. Nominalement, il l'était, mais compte tenu des prix, nous arrivions pratiquement à la parité. En tout cas, de 1914 à 1939, les salaires réels avaient augmenté de 45 pour cent en Belgique. Le revenu national de la Belgique était élevé dès avant la seconde guerre. Nous avons fait, à cet égard, au cours des vingt-cinq années qui précédèrent ce nouveau conflit, des calculs montrant l'ampleur du succès que notre pays a remporté à cet égard. Voici, en effet, comment a évolué le revenu national, de 1934 à 1939 : REVENU NATIONAL DE LA BELGIQUE : (en millions de francs.) 1934 1937 1938 A. Revenus professionnels : 1. Salaires ..................... 21.000 26.000 26.000 2. Autres : Quant à la fortune nationale, nous l'avons également évaluée en 1939, et nous sommes arrivés au tableau que voici. Ainsi qu'on le verra, la plus grande partie de la fortune nationale était constituée par les immeubles, et en particulier par les bâtiments. Il est bien connu que la Belgique était équipée à cet égard comme peu de nations l'étaient, et que les Belges étaient probablement le peuple le mieux logé de l'Europe. Quelques pays possédaient un équipement ménager supérieur au nôtre, et d'autre part, un certain nombre de maisons de type ancien appelaient une modernisation. D'autre part, il existait encore des taudis en trop grand nombre. Mais néanmoins, la qualité moyenne du logement était certainement excellente, et si l'on avait pu calculer le nombre de mètres cubes mis à la disposition de chaque habitant, la Belgique serait arrivée en première place. ACTIF NATIONAL EN 1939 IMMEUBLES : Bâtiments ............... Terrains .................. Total des immeubles ... AUTRES BIENS APPARTENANT 137 milliards 62 » 199 milliards Exploitations industrielles et com- A DES PARTICULIERS : merciales .................. 5.000 9.500 9.000 Cheptel, outillage et stocks de Agriculture .................. 3.000 4.500 4.000 marchandises ............ 41 milliards Fonctionnaires et employés ...... 8.750 10.300 10.500 Mobilier, linge, bijoux, etc. 44 » Tantièmes .................. 450 600 650 Portefeuille belge et étranger... 81 » Professions libérales............ 500 800 800 Or de la Banque Nationale ... 21 » 38.700 51.700 50.950 Total des autres biens ... B. Fortune acquise : 1. Immeubles .................. 2. Dividendes et intérêts encaissés par des Belges .................. 3. Réserves des sociétés anonymes ... Totaux (en millions) 7.000 7.100 7.000 4.010 4.970 5.200 — 1.500 1.000 11.010 13.570 13.200 187 milliards ACTIF DE L'ETAT, DES PROVINCES ET DES COMMUNES ........................ 61 milliards Total général ... 447 milliards A DEDUIRE : Partie de la dette aux mains de l'étranger ... 4 milliards 49.710 65.270 64.150 Actif net ... 443 milliards '1 ! tH 1' i , (Cliché A.C.L.) Vietix moulin à Oost-Eekioo. 36 LE CONGO BELGE 1918-1940 par Gaston-D. PERIER Maître de conférences à l'Institut universitaire des Territoires d'outre-mer A TRADITION COLONIALE. — L'histoire des Belges se prolonge jusqu'au centre de l'Afrique, grâce à une dynastie qui, depuis 1830, se montre attentive à la colonisation outre-mer. A cet égard, les idées de Léopold I" se renforcent chez son fils, Léo-pold II, fondateur de l'Etat Indépendant du Congo, devenu, dès 1908, la Colonie du Congo Belge. Ainsi s'accuse une véritable tradition coloniale que le roi Albert et ses successeurs maintiennent et encouragent opiniâtrement. Il n'en faut pour preuves que les mesures énergiques prises lors de la première guerre mondiale de 1914 à 1918, pour défendre l'intégrité territoriale de nos possessions africaines menacée par un corps d'armée allemand, peu soucieux de respecter l'Acte de Berlin, qui en garantissait la neutralité. Par une juste compensation, le succès des armes congolaises, qui avaient délogé l'ennemi de ses positions de l'Est africain, fait accorder à la Belgique un mandat de tutelle sur une des parties conquises, comprenant la double province actuelle du Ruanda-Urundi. En acceptant cette mission aussi délicate que difficile, la Belgique s'engage à administrer un pays qui s'étend sur plus de 54,172 kilomètres carrés, où vivent 3,960,000 indigènes. Une disposition législative du 12 août 1925 prévoit les conditions du rattachement à la terre congolaise, d'une annexe orientale conservant son autonomie. Toutefois, les règlements d'administration et de police de la colonie du Congo Belge ne doivent pas être spécialement destinés au Ruanda-Urundi, pour être applicables à ces deux régions. Il suffit qu'ils soient sanctionnés par une ordonnance du gouverneur belge, sous l'autorité duquel toutes deux sont placées. Par la loi du 25 avril 1949, le Ruanda-Urundi connaît le régime international de la tutelle (trusteeship), qui ne change point les modalités du système des mandats. Telle quelle, l'administration indirecte donne d'excellents résultats, dont bénéficient deux peuples pacifiques et satisfaits des méthodes de leurs tuteurs belges. Le second conflit mondial, dès 1940, trouve nos compatriotes d'Afrique disposés à la même résistance qu'en 1914. Aussitôt, le gouverneur général Pierre Ryckmans résume les sentiments unanimes de la population, en déclarant à la radio de Léopoldville : «Nous sommes ici, au Congo Belge, sur cette grande terre belge que l'ennemi n'a pas violée et qu'il ne violera pas. La Belgique est meurtrie, mais elle reste vivante partout où flotte son drapeau... Le deuil qui est dans nos cœurs, laisse intact notre courage. Tuteurs des populations congolaises, responsables du Congo Belge devant (Cliché n« 11.114/16 du Centre d'Information et de Documentation du Congo Belge.) la Belgique de demain, nous remplirons ce double mandat, sans défaillance, jusqu'au bout ! » Bien que la rafale qui gronde sur l'Europe ne semble pas un danger immédiat pour la Colonie, celle-ci procède néanmoins progressivement à une mobilisation. Trois brigades de dix mille hommes chacune sont mises sur pied de guerre. La précaution n'est pas inutile. En effet, l'Italie, demeurée passive au début, va prendre l'offensive. Conséquemment, il s'agit d'envisager la défense des frontières congolaises et de soutenir, le cas échéant, nos alliés britanniques et français. Simultanément, les œuvres charitables, nées de la guerre, se voient attribuer de considérables sommes d'argent recueillies au Congo Belge et représentant plus de 230 millions de francs. Des colis de matières grasses, de café, de riz, de savon et de sucre, évalués à 40 millions de francs, sont envoyés à la population isolée sur le sol belge et privée, depuis plusieurs années, de ces denrées de quotidienne nécessité. De son côté, la Croix-Rouge du Congo, à laquelle sont versés 44 millions en espèces, utilise cette somme importante pour la confection de caissettes de vivres et autres dons, qui sont distribués aux prisonniers, à la Croix-Rouge de Russie, aux enfants nécessiteux, aux internés du camp de Miranda, etc. Dans le même temps, les besoins en matières premières exigeant des approvisionnements considérables et répétés, toutes les sociétés coloniales s'empressent de satisfaire aux demandes des Alliés. Dès le mois de novembre 1940, les activités économiques reprennent. La production du cuivre, durant les années de guerre, suit une progression constante, jusqu'à s'élever à 165,000 tonnes. Une ascension identique entraîne les autres produits. D'une part. L'embouchure du fleuve Congo. De .jauclie à droite : l'océan Atlantique, la presqu'île de Banana, le fleuve et les îles du delta. (Tervuren, Musée du Congo Belge.) (Cliché n» 48.702 du Musée.) Pavillon allemand conquis le 25 juin 191G pendant la Campagne d'Afrique. Conquis par le sous-officier belge A. Kock à Biaramulo, à l'ouest du lac Victoria. Dimensions : 1,45 X 2,25 m. dans la province du Katanga, l'extraction du cuivre, du cobalt, des minerais radioactifs est en plein rendement. D'autre part, en raison de la carence des Indes néerlandaises, de la Malaisie, de l'Indochine et du Japon, l'étain est exploité d'une manière plus intensive. Au surplus, des gisements de cassitérite, ceux du Ma-niéma entre autres, fournissent un étain dont la qualité égale celle des meilleurs types connus sur le marché. Dès lors, le Congo occupe le deuxième rang parmi les grands producteurs de ce métal dans le monde. Conséquemment à la situation militaire en Extrême-Orient, même ardeur dans le développement des plantations de caoutchouc et la récolte de la gomme sauvage. Non moins remarquable apparaît l'augmentation du tonnage des importations et des exportations congolaises, du fait de l'accroissement des échanges commerciaux avec l'Union Sud-Africaine, l'Amérique et la Grande-Bretagne. A l'intérieur du Congo, les diverses industries s'efforcent de combler les vides provoqués par la suspension des envois originaires de l'extérieur. Des exploitations inattendues s'organisent afin d'accroître les fournitures de pyrèthre, de quinine, de wolfram, de tantale, de niobium, de soie, nécessaires à l'immense économie de guerre des Alliés. Dans le domaine des voies aériennes, pareil essor prolonge les lignes jusqu'en Afrique australe, la Nigérie et l'Egypte. De 5,500 kilomètres en 1939, le réseau parcouru par les appareils d'aviation se déploie sur 32,000 kilomètres en 1944. Quant au nombre de passagers qui, en 1939, représentait 2,000 personnes, il s'élève, cinq ans plus tard, à 12,000 unités. Dans ce rayonnement progressif, qui englobe la vie indigène, il est veillé au respect des institutions traditionnelles tant que celles-ci ne blessent point les lois morales de l'humanité. L'organisation familiale est maintenue. La solidarité tribale, sous l'autorité des chefs naturels, est conservée; la justice indigène renforcée, en contrôlant son application impartiale. Le régime qui associe les chefferies à l'administration générale, donne des résultats satisfaisants. L'instruction publique pénètre la masse, dans les conditions les plus favorables, grâce, d'une part à l'enseignement professionnel et, d'autre part à la formation d'assistants médicaux noirs. Si par deux fois, le Congo Belge a été épargné par les rafales guerrières, dont le reste du monde a pâti, il le faut attribuer à la sagesse clairvoyante de ses dirigeants et à leur politique bienveillante à l'égard des populations autochtones. Succédant à Léopold II, souverain créateur de l'Etat Indépendant du Congo, le roi Albert déclare, en 1909, que pour un pays épris d'idéal, sa mission colonisatrice constitue une tâche de haute civilisation. Avant d'accéder au trône, le prince s'est rendu une première fois au Congo. Plus tard, alors qu'il exerce déjà les fonctions royales, le monarque, désireux d'étudier per- sonnellement les conditions d'existence dans la colonie, visite les différents districts et entre en contact direct avec les fonctionnaires, les magistrats, les missionnaires, les commerçants, les colons et les aborigènes vivant dans leurs villages coutumiers. Après la libération de la Belgique, le prince Charles, devenu Régent du pays, marquera la même active attention aux problèmes coloniaux, que ses prédécesseurs. Inspiré par la tradition dynastique, le Régent se rendra au Congo. Après avoir rendu hommage aux efforts des coloniaux dans le passé, l'hôte princier déclarera : « Le Congo a bien mérité de la patrie. Durant les longues et dures années de la guerre, sa fidélité à la cause des Alliés, son ardeur au travail, le courage de ses fils sur les champs de bataille constituèrent pour la Belgique une raison de fierté, de réconfort et d'espoir. Les indigènes ont fourni, sans relâche, un effort considérable dans des circonstances toujours difficiles. Dans la force publique comme dans le vaste arsenal que fut la Colonie pendant les hostilités, leur endurance, leur esprit de sacrifice ont été la condition du succès. Unis à la Belgique, dans la paix comme dans la guerre, ils ont renforcé les liens qui les attachent à la mère-patrie. Celle-ci n'oubliera jamais la générosité de leur attitude. » Des milliers d'Européens, pour la plupart séparés de leurs familles, ont monté, pendant quatre ans une garde sans relais. Beaucoup d'entre eux, anémiés par un trop long séjour sous les tropiques, et épuisés par un surmenage journalier, sont restés ici pour toujours. D'autres, sous les drapeaux, ont porté haut l'honneur de nos armes en Ethiopie ou ont aidé à protéger le continent africain, dans le corps expéditionnaire. D'autres encore ont porté, jusqu'en Birmanie, le secours de leur science médicale et leur dévouement. A tous ceux qui ont accompli leur devoir, aux vivants et aux morts, j'adresse l'hommage de la patrie. » L'intérêt de la dynastie pour l'œuvre coloniale ne s'est jamais relâché. Depuis le temps où le roi Léopold II ouvrait ces contrées à la civilisation, lui-même et ses successeurs ont considéré, comme un de leurs premiers devoirs, d'aider au développement moral et matériel de la Colonie. » Le roi Albert et, après lui, le roi Léopold, n'ont cessé de favoriser tous les moyens destinés à atteindre ce but. M'unissant à eux, par la même communauté d'inspiration, je suis heureux de pouvoir signer à Léopoldville un décret et quatre arrêtés, qui témoignent hautement de la volonté du gouvernement et de la mienne, de poursuivre le but qui est nôtre sur la terre d'Afrique. » Le premier réalise la réorganisation administrative et la décentralisation, qui ne doit pas se limiter à Léopoldville, mais étendre ses bienfaits jusque dans les provinces. (Cliché n» 11.139/7 du C.i.D.C.) Huttes du village de Watu. Watu : sur la Lukenie, village de la chefferie des Etwaoli (ceux-ci appartiennent à la peuplade des Bakutshu, qui fait partie du peuple Mongo); territoire d'Oshwe, district Lac Léopold II, province de Léopoldville. i> Le deuxième confère un nouveau statut aux agents de la Colonie. Le troisième, qui me paraît spécialement important, crée un fonds pour le bien-être indigène. Celui-ci sera doté de puissants moyens financiers et techniques. Par la création de ce fonds, nous entendons marquer, d'une manière solennelle, l'intérêt que nous témoignons aux populations noires, spécialement à celles qui vivent dans les villages coutumiers. » Le quatrième texte crée la société de crédit pour les colons dont le dur effort individuel augmente la prospérité des régions où ils sont établis. » Le cinquième, enfin, complète l'œuvre de l'I.N.E.A.C. » Aujourd'hui, toute action efficace dans le domaine humanitaire, aussi bien que dans le domaine économique, doit être précédé de l'étude des savants. Un institut de recherches scientifiques au Congo fournira cet effort méthodique de réflexion et de préparation. » Depuis quelques années, le progrès a transformé le visage de la Colonie. Ceux qui la retrouvent, après l'avoir quittée, témoignent de sa vitalité. Je me réjouis de pouvoir me rendre compte moi-même du résultat de vos labeurs et de vos efforts. Ceux-ci seront le plus sûr garant de la prospérité future, comme notre commune sagesse et notre fierté nationale resteront toujours nos meilleurs guides dans la disposition des immenses ressources de toute nature que contient le Congo. Certains domaines parmi d'autres doivent retenir notre constante attention. Il n'en est pas de plus important que le sort des indigènes. La Belgique, en signant la Charte des Nations Unies, a confirmé, une fois de plus, qu'elle reconnaissait la primauté de l'intérêt des populations dépendant d'elle. Elle ne faillira pas aux devoirs qu'elle s'est imposés. Parmi les tâches qui l'attendent, je citerai l'amélioration de l'alimentation des indigènes, l'extension du service médical, l'aménagement des sources d'eau potable, la mécanisation rationnelle des chantiers routiers et miniers et l'électrifi-cation hydraulique de certaines régions. » Il importe, en outre, de multiplier les établissements d'éducation et d'instruction pour nos deux millions d'enfants noirs et de commencer par fonder des écoles normales nombreuses. Je veux ici saisir l'occasion qui m'est offerte, de rendre hommage à l'œuvre civilisatrice des missions. Comme le déclarait mon père, il n'y a pas de colonisation sans évangélisation. » La partie du programme que je viens d'esquisser sera l'œuvre du nouveau Fonds de Bien-Etre Indigène. J'ai la grande satisfaction de l'inaugurer pratiquement aujourd'hui, en remettant, au nom de la Belgique, à M. le gouverneur général, la somme de cent millions. » Il y a soixante-dix ans à peine que Stanley abordait sur ces rives. Toute l'histoire de la civilisation dans cette partie de l'Afrique tient dans l'espace d'une vie humaine. Quand on considère ce qu'au cours de cette brève période la Belgique a réalisé au Congo, on doit reconnaître qu'elle y a raffermi sa souveraineté par une longue succession d'actes d'humanité et d'œu-vres de progrès. De nombreux efforts seront toujours nécessaires. Une tâche comme celle que nous avons entreprise n'est jamais terminée. C'est ce qui fait sa grandeur. Poursuivons-la sans relâche, dans l'effort commun des indigènes et des Européens de la Colonie et de la mère-patrie. » Pendant deux mois, le Prince-Régent a parcouru nos vastes domaines africains, depuis l'embouchure du fleuve jusqu'aux montagnes les plus éloignées et les plus élevées du Ruanda-Urundi. Ainsi, le royal voyageur a pu se convaincre des ressources abondantes de ces étendues, habitées par plus de dix millions de collaborateurs noirs, qui font que la Belgique n'est pas un petit pays de quelque dix millions d'habitants, mais une nation peuplée de vingt millions d'habitants, mais une nation peuplée de vingt millions d'âmes, vaillantes et ardentes au travail. Devant l'œuvre créée par le roi Léopold II et consacrée par ses augustes descendants, il convient de répéter avec l'historien américain Robert-Stanley Thomson : « Plus les Belges connaîtront les luttes que Léopold II a soutenues, d'abord pour développer son œuvre, puis pour lui assurer une place dans la famille des nations, plus ils apprécieront leur héritage. Chaque année, la dette qu'ils ont contractée envers leur second roi, leur apparaît plus inestimable; et chaque année met davantage en lumière la sagacité et le patriotisme de Léopold II. Si leur grande colonie africaine a beaucoup rehaussé la puissance de la métropole, elle continuera à augmenter, à l'avenir, la richesse du monde entier. » LA POPULATION ET LA VIE INDIGENE. — Après ce préambule, qui esquisse l'histoire coloniale belge de ces dernières années, il s'agit de montrer, plus en détail, les divers aspects de la situation actuelle du Congo Belge et de son annexe, le Ruanda-Urundi. Onze millions de gens de couleur peuplent la colonie proprement dite. Ils font face à 59,000 blancs, dont environ 44,000 Belges et 15,000 étrangers. D'autre part, 3,960,000 autochtones vivent dans les deux territoires de l'Est, où séjournent 3,735 Européens, (Cliché n» 21.142/6 du C.I.D.C.) Jeune femme Badinga (district du Ewango, prov. Léopoldvîlle). parmi lesquels 2,160 de nationalité belge. Près de 2,000 personnes de race asiatique : Hindous, Arabes, etc., complètent cette statistique de démographie. On range les natifs du Congo en quatre groupes principaux, qui se distinguent du point de vue linguistique. Au premier, appartiennent les pygmées, disséminés sur tout le territoire, prin-palement dans la grande forêt équatoriale, les zones de l'Ituri, de la Tshuapa, du Kivu, du lac Tanganika et du fleuve Luapula. Du second, dépendent les Bantous, constituant la masse populaire la plus dense du centre africain. Dans le troisième, se rassemblent les Soudanais de la partie septentrionale, s'étendant sur les districts du Congo-Ubangi, les Uele et l'Ituri. Au quatrième, se rattachent les Nilotiques, originaires du Nil et occupant le secteur environnant le lac Albert et la rivière Semliki. Les pygmées ou nains, dont la taille, chez les hommes, ne dépasse guère 1 m. 50, et, chez les femmes, 1 m. 35, semblent les descendants les plus anciens des premières peuplades locales. Chasseurs alertes et audacieux, les pygmées vivent surtout des produits de la traque et de la cueillette. Si peu d'agriculteurs se comptent parmi ces gens de la forêt, quelques rares tribus cultivent cependant le manioc, le maïs, la patate douce, le bananier, le palmier et le riz. Les Bantous forment des communautés patriarcales, réunissant des familles qui se reconnaissent un ancêtre commun. Multiples sont leurs subdivisions tribales. Comme il serait trop long de les énumérer toutes, on peut considérer, parmi les plus caractéristiques, les Bakongo et les Mayumbe du Bas-Congo; les Baboma et les Badia établis autour des lacs Léopold II et Tumba; les Mongo, entre le lac Léopold II et le fleuve; les Ngombe, au nord et au sud du fleuve Congo, de Coquilhatville à Basoko et entre le Congo et l'Ubangi; les Bangala du Haut-Congo; les Ababua, entre les rivières Uele et Aruwimi; les Topoke, de la région de Stanleyville; les Warega, à l'est du Lua-laba, et près des lacs Kivu et Tanganika; les Baluba peuplant la majeure partie du Katanga; les Bena-Lulua, au nord de Lulua-bourg; les Bakuba-Bushongo, entre le Sankuru et le Kasaï; les Basonge, de Kabinda et du Tanganika; les Bayeke, au nord du lac Moero, où subsiste le souvenir de Msiri, le fameux despote noir du Katanga, tué au début de la pénétration européenne; les Batetela, entre le Sankuru et le Lualaba; les Balunda, au sud-ouest du Katanga, composaient jadis un vaste royaume s'élargissant des rives du Kwango à la Rhodésie; les Batchoke, répandus du sud-ouest du Katanga et de Kasaï jusqu'à l'Angola portugais; les Bapende et les Bayaka, entre le Kwilu-Kwango et le long de la rivière Kwango. Quant aux habitants du Ruanda-Urundi, ce sont, dans l'ensemble, des Bantous. Toutelois, la classe des seigneurs Watutsi relève d'une origine nilotique ou éthiopienne. D'entre les Soudanais, on distingue, entre autres, les Bwaka les Azande et les Mangbetu. Les deux dernières tribus, par leur organisation guerrière et politique, leur intelligence commerciale, leur habileté artisanale et leurs dons artistiques remarquables, témoignent d'une culture ancienne, plus avancée que celle de leurs voisins. Les Nilotiques ou semi-Bantous comprennent, notamment, les Kakwa, les Lugware, les Alur, les Wahema et les Logo. Ils sont à rapprocher des Watutsi du Ruanda-Urundi, caste supéf-ieure à laquelle sont soumis les Bahutu et le Batwa composant la majorité paysanne des deux territoires mandatés. Chacune des peuplades congolaises possède ses caractères propres, d'où résultent leurs mœurs et usages particuliers. Du point de vue religieux, la croyance à un être suprême est pour ainsi dire générale. L'intervention de statuettes, supports-à-féti-ches et de sorciers ou de féticheurs, implique une propension, chez les noirs, à se ménager, à travers des représentations symboliques ou des intermédiaires initiés, l'aide de forces occultes émanant d'un créateur divin. L'idolâtrie n'est donc pas connue dans les sociétés négro-congolaises. En dehors de la chasse, de la pêche, de l'élevage, des cultures alimentaires, les indigènes confectionnent tous les ustensiles de première nécessité : huttes, pirogues, lances, flèches, arcs, hameçons, filets, houes, hermi-nettes, poteries, nattes, vêtements d'écorce, etc. A côté de vanniers, tisserands, forgerons, potiers ou potières, d'autres artisans excellent dans la glyptique, la ciselure de l'ivoire, la sculpture du bois, la broderie de raphia et même le batik. A défaut d'écriture. la civilisation muette, comme se pourrait donc désigner celle des Africains avant l'arrivée des Occidentaux, cette civilisation noire n'a pas manqué de moyens d'expression. On en reconnaît les qualités, au premier chef, dans les productions artisanales et celles que nous considérons d'allure artistique. L'écriture et la lecture, bases de l'instruction, ont été introduites par les colonisateurs. Dans les écoles primaires, moyennes, professionnelles et normales, les écoliers noirs reçoivent une éducation complète, de manière à pouvoir acquérir les connaissances dont disposent les Européens. Grâce aux progrès de l'enseignement, les autochtones instruits se multiplient au Congo, principalement dans les grandes agglomérations. Par l'évolution intellectuelle se constitue naturellement une catégorie d'indigènes, qualifiés d'« évolués » ou mieux d'« évoluants». Ce sont, pour la plupart, des éléments qui, ayant quitté (Cliché n» D.H. ll.IIl/B/2 du C.I.D.C.) Vue partielle de Léopoldville prise d'avion en 1930. A l'avant-plan, à droite, vue partielle du port fluvial. leur village ou leur tribu d'origine, se sont installés dans les villes, où ils adoptent progressivement les habitudes et les modes des Européens qu'ils côtoient. Consciencieusement guidée, cette génération nouvelle aidera sans nul doute à façonner le visage futur du Congo, sans nécessairement lui enlever ses traits originaux, la beauté africaine et le génie de la « négritude ». L'administration belge soutient d'ailleurs les manifestations de l'in-tellectualité noire. Sous les auspices de la première, la seconde fait paraître à Léopoldville, une revue mensuelle, La Voix du Congolais, entièrement rédigée en français et composée par des indigènes lettrés. Il est significatif de rencontrer sous la plume de tel de ses rédacteurs, des déclarations comme celle-ci : « L'un de nos premiers devoirs moraux vis-à-vis de la Belgique est et doit être celui de la reconnaissance... Nous devons donc penser à notre état primitif; nous devons souffrir qu'on en parle, le cas échéant, et cela dans le but de pouvoir faire un parallèle avec notre situation actuelle. Nous nous rendrons ainsi compte de la valeur des bienfaits de la civilisation. » Un autre chroniqueur écrit : « Il y a bien des façons d'être criminel : celle de laisser lâchement disparaître sa race en est une, mais que le bras de la justice humaine n'atteint pas. Il ne faut pas que tout ce que le noir apprend à l'école l'éloigné de l'africanisme et l'oriente vers l'européanisme... Il faut redonner de l'attrait à la vie traditionnelle indigène. » Un troisième n'hésite pas à affirmer : « Ce que nous ne devons pas oublier, c'est que, sans les Belges, le Congo ne serait pas ce qu'il est, et si l'on devait nous abandonner à notre sort, nous subirions un recul mortel. Voilà la vérité. » Des stations de radiodiffusion répandent des informations et organisent des émissions éducatives autant que récréatives pour les auditeurs indigènes, en divers idiomes congolais. Au Ruanda, le Mwami Mutara III a ouvert, en 1946, un concours littéraire auquel peuvent participer tous les habitants de couleur de l'Afrique belge, dans le but de stimuler l'élan intellectuel des « évolués ». En vue aussi de les inciter à se pencher davantage sur leur patrimoine ancestral et de provoquer des recherches méthodiques sur des sujets intéressants le monde noir. Orientés vers un travail personnel et ordonné, les natifs eux-mêmes peuvent donc constituer une bibliothèque belgo-congolaise; apporter au gouvernement, aux missionnaires, à tous les amis des noirs, de l'inédit sur la vie africaine, présenté par ceux qui la vivent et la comprennent le mieux; fournir, enfin, aux érudits, des monographies variées concernant le monde ménalique, tant du passé que du présent, en traitant des traditions, coutumes, histoire, proverbes, langues, poésie, etc. Un fonds Mutara III est destiné à récompenser les meilleurs travaux. L'abbé ruandais Alexis Kagame, auteur de Inganji Karinga (le tambour royal) en a déjà bénéficié. D'autres contributions indigènes ont suivi. Elles proposent, sous l'angle de la mentalité congolaise, des aperçus sur l'histoire du Congo et d'imprévues explications de certains usages régio-naux. L'ADMINISTRATION DES TERRITOIRES. — Depuis le 15 novembre 1908, date de la reprise de l'Etat Indépendant par la Belgique, celle-ci exerce son droit de souveraineté sur la Colonie, conformément à la Constitution belge et aux clauses de la Charte Coloniale. Toutefois, le Congo Belge conserve une personnalité distincte de la métropole. Il est donc régi par des lois particulières, son budget étant séparé de celui de la mère-patrie. Le ministère des Colonies, à Bruxelles, constitue le siège du gouvernement métropolitain, tandis que le gouvernement local, dirigé par un gouverneur général, est établi à Léopoldville. Il s'ensuit que l'adininistration des territoires d'outre-mer incombe à ce dernier, alors que le gouvernement de la colonie proprement dit relève du ministre des Colonies, membre du Conseil des ministres en Belgique. La superficie du Congo qui s'étend sur près de 2,344,000 kilomètres carrés, représentant quatre-vingts fois environ celle de la Belgique, se subdivise en six provinces : la province de Léopoldville, la province de l'Equateur, la province Orientale, la province du Kivu, la province du Katanga et la province du Kasaï. Celles-ci comprennent une vingtaine de districts, divisés à leur tour en cent vingt-cinq territoires et trois villes : Léopoldville, Elisabethville, Ja-dotville. Ces agglomérations forment de véritables districts urbains, administrés séparément par un commissaire, assisté d'un conseil choisi parmi les résidents belges de chacune de ces cités. Le service territorial, outre les commissaires de district, compte les administrateurs et agents territoriaux, répartis dans tous les territoires. Ces fonctionnaires composent, en quelque sorte, le front avancé de la Colonie. Ils se tiennent en rapport constant avec les indigènes et leurs chefs naturels, intervenant pour faire progresser les institutions autochtones et faciliter les contacts entre blancs et noirs. Les administrateurs et leurs assistants sont chargés de la construction des routes et de leur entretien, de manière à assurer les communications entre les services administratifs et la population. Leur activité tend à faire pénétrer partout la civilisation et le commerce, afin d'aider à la mise en valeur morale et matérielle de leur ressort. Enfin, ils exercent des fonctions judiciaires, étant juges du tribunal de police ressortissant au territoire (1). Chacune des subdivisions territoriales embrasse les communautés indigènes, placées sous l'autorité de leurs chefs respectifs. Répartie en circonscriptions, celles-ci réunissent les chefferies indigènes et les secteurs. Autour des agglomérations européennes, où sont venus se rassembler des travailleurs, d'anciens soldats de la force publique, des natifs ayant quitté définitivement leur village d'origine, le gouverneur général ou son représentant organisent ces groupements en « centres indigènes extra-coutumiers ». Dans les principales villes existent des cités indigènes. Un officier des cités africaines est chargé d'aménager les grands centres indigènes et d'y construire les logis adéquats. En édifiant les dizaines de milliers de logements nécessaires, les inconvénients de la surpopulation disparaîtront progressivement. L'administration de la justice relève des tribunaux de police, de district, du parquet, des tribunaux de première instance, des deux Cours d'appel siégeant en Afrique et de la Cour de cassation de Belgique. Des conseils de guerre connaissent des infractions militaires. Les tribunaux indigènes jugent les contestations survenues entre gens de race autochtone ou les infractions commises par ceux-ci aux lois coutumières. Dès l'organisation de l'Etat Indépendant du Congo, une armée a été constituée en groupant des indigènes recrutés dans les diverses tribus congolaises. Encadrées et commandées par des officiers et sous-officiers belges, ces troupes territoriales ou campées forment la force publique. Le temps de service militaire ne dépasse pas sept années. Des corps de volontaires européens, réunis dans les principaux centres, renforcent, le cas échéant, les unités de la police locale. Dans l'ensemble, le corps de la police indigène offre un effectif d'environ trente mille policiers veillant au maintien de l'ordre d'une part, dans les chefferies, secteurs et centres extra-coutumiers; d'autre part, dans les villes où ils sont dirigés par des commissaires de police belges. Une base militaire belge a été établie à Kamina par le ministère de la Défense nationale. Elle sert de point d'appui à l'armée métropolitaine pour l'entraînement de ses dispositifs blindés, aériens, parachutistes, etc. L'EQUIPEMENT ECONOMIQUE. — Dès 1898, le premier chemin de fer circulant en Afrique centrale a été construit par les Belges pour relier le port de Matadi à Léopoldville, nœud des communications avec l'intérieur. Depuis, plus de 4,990 kilomètres de voies ferrées sillonnent le Congo. Ce réseau ferroviaire assure le développement économique et contribue au bien-être des populations natives. Les moyens de transport, sous toutes les formes, s'affirment d'autant plus indispensables que, dans notre colonie, les vastes zones d'approvisionnements industriels et vé- (1) En Belgique, le personnel européen prévu pour les services du gouvernement en Afrique, est tenu de suivre les cours de l'Ecole Coloniale à Bruxelles. Les missionnaires étrangers y reçoivent certaines leçons de caractère général. A l'Institut Universitaire des Territoires d'Outre-Aler, à Anvers, sont admis, après un examen préalable, les candidats qui se préparent spécialement aux fonctions d'administrateurs territoriaux. (CUclié n» 11.109/1 du C.l.D.C.) Tshela. chef-lieu de territoire dans le Mayumbe. cœur d'une région riche en essences forestières et en cultures tropicales. Tshela : district du Bas-Congo, province de Léopoldville. gétaux sont très éloignés des issues d'évacuation vers l'océan Atlantique. Au cours de l'année 1928, accompagné de la reine Elisabeth, le roi Albert inaugurait le chemin de fer du Bas-Congo au Ka-tanga. Cette voie ferrée raccorde, notamment, la capitale de la province cuprifère à Port-Francqui, nœud des transports industriels. Ce n'est pas la seule ligne desservant les districts miniers. Le Benguella-Railwfay, qui s'amorce à Lobito, port de l'Angola portugais, s'embranche à la section Tenlce-Dilolo pour traverser le Congo Belge. Au moment de la pose du rail, les gouvernements belge et portugais ont conclu, à Saint-Paul-de-Loanda, en juillet 1927, plusieurs conventions concernant, outre le trafic du Katanga via Lobito, la protection sanitaire de leurs territoires respectifs, la politique économique dans le sens général et l'échange de parcelles territoriales. A l'autre bout de la colonie, l'amplification des transports a nécessité la transformation du chemin de fer de Matadi à Léopoldville. Sur ses 400 kilomètres, les trains ne pouvaient convoyer que 250,000 tonnes de marchandises annuellement. Réduite à une longueur de 365 kilomètres, la ligne possède à présent une capacité de transport de 2 millions de tonnes. Comme conséquence de cette modification effectuée en 1931, les ports des deux cités ont été élargis. Dans le Nord, le chemin de fer de rUele a été prolongé, de façon à toucher avantageusement un plus grand nombre de localités. A l'est, le rail Tanganika-Kivu-a été installé en vue d'aider à la mise en valeur de la région sous le contrôle du Comité National du Kivu. L'ensemble ferroviaire de la Colonie embrasse près de cinq mille kilomètres, soit environ la longueur des voies ferrées belges, vicinaux exclus, tandis que l'immense éventail navigable du fleuve Congo et ses affluents se déploie sur 12,000 kilomètres. Les routes se déroulent sur 112,000 kilomètres, c'est-à-dire plus du double du réseau routier de la Belgique. Ce plan de communications se complète par 21,000 kilomètres de lignes aériennes, la Colonie étant reliée à la métropole par un service d'aviation régulier. Les voies ferrées sont concédées à des sociétés, à l'exception toutefois des lignes du Mayumbe et de Matadi-Léopoldville, exploitées par l'Office d'exploitation des transports coloniaux (Otraco). Cet organisme centralise également les principaux services de transport et de manutention des marchandises au Congo Belge et au Ruanda-Urundi. L'exploitation des mines et minières du Katanga, du Kasaï, du Kivu et de la province Orientale est à la base des progrès industriels dans le territoire congolais. En ordre principal, le cuivre, l'étain, l'or et le diamant, puis successivement l'uranium, l'argent, le cobalt, le manganèse, le charbon, le zinc, le platine, le tantale, le tungstène, le niobium, le plomb et le palladium , ( favorisent l'économie générale, après avoir suscité la fondation de villes modernes comme Elisabethville. Deux grands organismes, le Comité Spécial du Katanga et le Comité National du Kivu gèrent, chacun, une partie importante du domaine colonial, ayant pouvoir d'accorder des concessions en matière foncière et minière. En 1960, le Comité Spécial (C.S.K.) célébrera le cinquantenaire de sa création par des cérémonies et des manifestations, au cours desquelles se tiendra un important congrès scientifique, dont une série de mémoires enregistreront les travaux instructifs. On pourra y suivre les résultats mémorables de la technique et de la pratique, guidées par les sciences et les recherches de laboratoires. La mise en valeur des diverses provinces a favorablement accru le nombre d'entreprises industrielles, autres que celles concernant les mines. Les centrales électriques sont parmi les plus importantes. Celles traitant les matériaux de construction : cimenteries, briqueteries, etc., fonctionnent parallèlement aux industries de l'alimentation et du froid, minoteries, brasseries, fabriques d'eaux gazeuses et de glace, boulangeries, boucheries, etc. Les industries mécaniques, celles aussi de produits chimiques et photographiques n'ont pas moins d'activité que les usines de textiles ou de matières grasses. Les établissements industriels et commerciaux emploient, dans l'ensemble de leurs activités, un personnel de plus de cinq mille six cent cinquante Européens et de cent soixante mille ouvriers et manœuvres indigènes. Un plan économique décennal a pour but d'attribuer au marché intérieur une plus large part de la production congolaise, d'assurer une participation plus étendue des communautés coutumières au développement de l'économie indigène, de perfectionner les routes, de multiplier les services sanitaires et hospitaliers, d'amplifier l'instruction publique, en bref, d'intensifier sans relâche le rayonnement de l'économie coloniale. L'AGRICULTURE ET L'ELEVAGE. — La forêt s'étend sur près de 50 pour cent de l'espace géographique du Congo et les essences exploitables offrent d'excellentes qualités, tant au point de vue de la beauté extérieure que de la solidité matérielle. Le bois est utilisé sur place, à la fois par les autochtones pour la construction de leurs huttes, pirogues, tam-tams, ustensiles de tous genres, et par les Européens pour tous les usages exigeant ce matériau. Les essences convenant le mieux à l'ébénisterie, tels le « limba », le « wenge » ou le « limbali » sont exportées soit en Afrique australe, soit en Europe. On remarque l'utilisation des bois précieux du Congo dans l'ameublement de certains édifices communaux, de banques, en Belgique, et dans l'aménagement luxueux de nos unités navales. Les palmiers à huile (élaeis) répartis sur presque toute la superficie du territoire, ont suscité de vastes plantations, dont les éléments oléagineux sont traités industriellement. Il en est fait une abondante utilisation dans les fabriques de margarine, de savon, de stéarine et de glycérine. Anvers et Liverpool constituent les principaux marchés, ouverts à l'huile de palme du Congo. Celle-ci, au surplus, fait l'objet d'un incessait trafic dans l'intérieur de la Colonie. Le coton, le ricin et le sésame fournissent également des huiles appréciées. Il en va de même de l'arachide, dont on extrait une bonne huile de table utilisée aussi pour la conservation des denrées alimentaires. On compte encore d'autres produits végétaux exportables, comme le caoutchouc, dont, jadis, l'Etat Indépendant du Congo tirait d'indispensables ressources, le cacao, le café, le copal, le coton, le thé, le quinquina, le pyrèthre, etc. Les produits maraîchers, légumes frais, fruits, etc., de consommation locale, font l'objet de cultures de plus en plus rémunératrices, grâce aux facilités d'expédition sur routes et par la voie des airs. Pour l'alimentation en viande fraîche, les élevages de bovidés (Cliché n» D.H. 51.1/503 du C.I.D.C.) Vue des installations industrielles de l'Union Minière du Haut- Kafanga à Lubumbashi 0922). Plan incliné vers les fours water-jackets. A droite, cheminée de l'ancienne chaufferie au bois. et de petit bétail revêtent une importance capitale. Le N.-E. de la colonie, le Kivu et le Ruanda-Urundi sont les zones des grands élevages indigènes. Dans les unes, le cheptel comporte près de trois cent mille têtes de bétail; dans les autres, au-delà de neuf cent mille. Les élevages, améliorés par les propriétaires européens, groupent au moins deux cent cinquante-cinq mille bovidés. Les autres animaux composant les troupeaux de ces éleveurs sont, par ordre d'importance numérique, les moutons, les porcs, les chèvres, les chevaux, les ânes et les volatiles de basse-cour. La double province du Ruanda-Urundi seule fournit, chaque année, environ cent mille bêtes de boucherie, dont une moitié pour sa propre consommation et l'autre pour l'approvisionnement du Congo Belge. Une forme d'élevage unique sur le continent africain consiste dans la domestication de l'éléphant. Celle-ci a été entreprise, il y a plus de cinquante ans, à l'initiative du roi Léopold II. Après leur capture, les éléphanteaux d'Afrique sont dressés à la station de Gangala-na-Bodio, dans la province Orientale, district de rUele. Ensuite, dirigés par leurs cornacs, ils aident aux transports, au dessouchage des arbres et à divers travaux agricoles. La plupart des jardins zoologiques du monde entier choisissent ces types de la grande faune africaine, à la ferme spéciale du Congo Belge. L'Institut National pour l'Etude Agronomique du Congo Belge (INEAC) a été créé par le gouvernement, dans le but d'améliorer et de développer l'agriculture par les méthodes scientifiques appropriées. Simultanément, le Service de l'agriculture veille à perfectionner les cultures européennes et indigènes, par l'enseignement. Il fait connaître et appliquer les résultats scientifiques recueillis par l'INEAC. Outre sa propagande agricole parmi la population blanche et noire, le service s'efforce de combattre toutes les maladies des plantes et du bétail. A ces activités se joignent celles du Centre Agronomique de l'Université catholique de Louvain (CADULAC) qui, dans ses écoles d'agriculture indigène, forment des assistants agricoles. Quelque trois mille moniteurs de l'espèce ont ainsi été préparés à leur tâche. LA POLITIQUE INDIGENE. — A la base de la politique coloniale belge, s'affirme la volonté d'une administration indirecte des communautés autochtones, à l'effet d'amener progressivement leurs membres à s'administrer eux-mêmes, en gérant leurs propres intérêts communautaires. Cette politique indigène est consacrée par l'instauration de chefferies, secteurs, centres extra-coutumiers et tribunaux indigènes. Le respect des institutions ancestrales guide toute intervention gouvernementale, de manière à ne point troubler l'évolution d'une vie publique, judiciaire, culturelle et économique, saine autant que normale. L'idéal humanitaire du gouvernement belge vise à rendre au noir la pleine conscience de sa valeur d'homme, pour lui permettre de défendre ses justes aspirations et celles de ses congénères. Les mandataires de ceux-ci siègent donc dans les assemblées délibérantes officielles, c'est-à-dire le Conseil de Gouvernement et les Conseils de Province. Ces représentants indigènes sont choisis parmi les bénéficiaires de la « carte du mérite civique ». Tout détenteur évolué jouit de places spéciales sur les moyens de transport en commun et dans les hôpitaux. Le décret préparé sur l'immatriculation des noirs évolués répondra au désir légitime de ceux qui, par l'éducation, la manière de vivre et la formation intellectuelle sont dignes d'être assimilés à la population européenne. Ainsi satisfaction sera donnée à l'élite du peuple congolais, désireuse d'être soustraite au régime coutumier et à la législation spéciale, applicables à la masse, en jouissant de la même situation juridique que les non-indigènes. Cet acte législatif important contribuera non seulement à élever le standing civil des gens de couleur, mais à consolider les liens de compréhension entre eux et les Européens, dans une commune volonté de progression sociale. Il n'y a d'ailleurs pas de discrimination raciale dans les relations entre blancs et noirs. Une « barrière de couleur » n'existe (Cliché n» 41.211 du Musée du Congo Belge à Tervuren.) Ecole normale des Jésuites à Kisantu (prov. Léopoldville). Photographie prise en 1925. pas en Afrique belge. C'est si vrai qu'un Groupement culturel belgo-congolais, composé d'intellectuels européens et négro-congo-lais, se réunit fréquemment à Léopoldville. D'autre part, depuis 1942, la radio pour indigènes, d'abord sous la désignation de « Congolia », qui émettait des nouvelles pour les troupes coloniales, établit désormais « un contact constant et amical », selon les paroles du gouverneur général, entre l'administration et les habitants des villages, des camps et des cités indigènes. La « Radio Congo-Belge-Emissions pour Congolais» est constituée au sein de la Radio Congo-Belge. Son personnel compte deux Européens, plusieurs rédacteurs-speakers congolais, une speakerine congolaise et un discothécaire noir. Les programmes comprennent des causeries éducatives, de la musique classique et folklorique, un bulletin hebdomadaire d'informations dans les quatre principales langues indigènes, un bulletin quotidien de nouvelles internationales, belges et congolaises en français, des airs de danse. Soixante-cinq publications diverses sont destinées aux lecteurs autochtones, parmi lesquelles La Voix du Congolais, entièrement rédigée et composée par des noirs, Nos Images, Bandaka, Nyota et autres feuilles du même genre. L'ENSEIGNEMENT ET LES CULTES. — Garantie au Congo comme en Belgique, la liberté de l'enseignement laisse à l'initiative privée la faculté de déterminer la langue, le programme et les méthodes applicables. Les écoles officielles ou subsidiées, ouvertes aux enfants et jeunes gens européens, sont au nombre de trente-huit, réparties en différentes localités. Les athénées mixtes de Léopoldville, Elisabethville, Stanleyville, Jadotville et Costermansville impartissent aux garçons et aux filles, l'instruction moyenne, en des sections d'humanités anciennes et modernes. A Léopoldville, Elisabethville, Costermansville et Jadotville, les institutions subsidiées sont fréquentées par les garçons. Dans les mêmes agglomérations et à Kolwezi, des écoles semblables accueillent les jeunes filles. L'internat complète l'organisation de ces établissements, dont certains comportent une division néerlandaise. Près de huit mille écoliers ou étudiants, des deux sexes, suivent les cours, dont les programmes sont identiques à ceux des institutions similaires de la métropole. Pour la jeunesse négro-congolaise, les nombreuses écoles moyennes et professionnelles ne sont pas moins bien aménagées. Outre les écoles gardiennes et préparatoires, l'enseignement primaire comporte des classes urbaines ou rurales du premier degré et des classes du deuxième degré, où les leçons sont données par un Européen (instituteur ou institutrice). Un enseignement postscolaire suit dans une ferme-école ou à l'école professionnelle agricole, à l'école de jardiniers, à celle des auxiliaires de circonscription indigène, à l'atelier d'apprentissage, au cours d'apprentissage pédagogique, accessibles aux jeunes gens. Quant à l'instruction postscolaire féminine, elle est donnée soit à l'école ménagère, durant trois années, soit à l'école d'aides-accoucheuses, soit encore au cours d'apprentissage pédagogique, ces deux derniers embrassant deux années de cours adéquats. Pour l'enseignement secondaire masculin, sont organisées des écoles moyennes, de moniteurs, de gardes sanitaires et de pratiques professionnelles. L'école secondaire spéciale réunit des sections et divisions : administrative et commerciale, normale, scientifique et de géomètres-arpenteurs. L'école secondaire générale, section latine ou moderne scientifique prépare à l'enseigne- ment supérieur que le centre universitaire congolais « Lovanium » répartit dans cinq instituts distincts : médecine, art vétérinaire, agronomie, sciences administratives et commerciales, pédagogie. L'enseignement secondaire féminin est organisé à l'école de monitrices et à l'école moyenne ménagère, que dirigent des religieuses de différents ordres. Six écoles officielles pour les adultes masculins sont ouvertes par l'Etat, à Léopoldville, Boma, Coquilhatville, Stanleyville, Lusambo et Costermansville. La force publique dispose d'écoles pour les gradés noirs, outre des ateliers artisanaux servant à la formation d'armuriers, de mécaniciens, de menuisiers, de tailleurs, etc. Les écoles libres, subsidiées sont desservies par le personnel des missions religieuses, tenu à suivre le programme soumis par le gouvernement, sous le contrôle de ses inspecteurs scolaires. En dehors de toute immixtion gouvernementale ou officielle, existent des écoles libres non subsidiées, qui ne sont donc pas astreintes à un contrôle d'Etat. Au Katanga et au Kasaï, des missionnaires entretiennent une institution scolaire pour mulâtres des deux sexes et un internat pour enfants mulâtres. Au Ruanda-Urundi est établie une école subsidiée pour mulâtres. Certains écoliers de cette catégorie peuvent suivre les cours de l'école européenne. Outre les séminaires et petits séminaires des missions chrétiennes, des écoles primaires et professionnelles, parfaitement organisées, dépendent de maintes sociétés industrielles. Des écoles officielles pour la formation d'assistants médicaux d'infirmiers, de gardes sanitaires et d'élèves infirmiers fonctionnent également. Hors leur participation à l'instruction publique, les missions religieuses de toutes confessions ont pour but principal de répandre la doctrine chrétienne parmi le peuple. La liberté de tous les cultes et le libre exercice de ceux-ci sont garantis par la charte coloniale. De même qu'en Belgique, au Congo, l'Etat est neutre en matière de religion. Il accorde gratuitement aux associations missionnaires, les terrains nécessaires à leurs offices et interventions charitables. En ce qui concerne le culte catholique, le territoire congolais se subdivise en une trentaine de circonscriptions ecclésiastiques, dont le Saint-Siège détermine librement les limites et nomme les vicaires ou préfets apostoliques de chacune d'elles. Le Pape est représenté au Congo Belge par un délégué apostolique résidant à Léopoldville. D'autres congrégations collaborent à l'œuvre d'évangélisation et secondent les missionnaires dans leurs tâches multiples, notamment pour le service des écoles, des hôpitaux, dispensaires, etc. Des frères enseignent et des religieuses hospitalières prêtent à cet égard, leur concours régulier. Plusieurs congrégations se composent de frères indigènes. Les œuvres missionnaires de confession protestante, baptiste, presbytérienne, méthodiste et autres, entretiennent des institutions d'enseignement pour enfants européens et indigènes aussi bien que des écoles professionnelles et des écoles spéciales, où sont instruits des assistants médicaux ou des théologiens. Parmi les missions protestantes, deux sont belges : les Adven-tistes du Septième Jour et l'Armée du Salut. Parallèlement à l'évangélisation, cette dernière dirige des écoles et des œuvres sociales à Léopoldville, Matadi et Stanleyville. L'islamisme est répandu parmi les populations noires qui ont été en contact avec les Arabes. On estime à un peu plus de soixante-dix mille, le nombre de mahométans au Congo. Quinze mille environ vivent au Ruanda-Urundi. (Cliché n» 23.322 du Musée du Congo Belge à Tervuren.) Mission catholique des chanoines Prémontrép à Buta (prov. Léopoldville). Photographie prise en 1925. (Cliché no 12.614/25 du C.I.D.C.) Le Parc National Albert. Sur cette ptiotographie, prise dans la plaine au sud du Lac Edouard, au pied des monts Alitumba, on aperçoit un troupeau d'antilopes Kob de Thomas (ou de l'Uganda), variété du Kob de Buffon. L'HYGIENE PUBLIQUE ET L'EQUIPEMENT MEDICAL. — En Belgique, au ministère des Colonies, le Conseil supérieur d'hygiène coloniale a pour objectif de stimuler les progrès de l'hygiène en Afrique. Dans cet ordre d'idées, il émet toutes propositions utiles et donne son avis sur les questions d'ordre sanitaire ou hygiénique, qui lui sont soumises par le chef du département. A l'Ecole de médecine tropicale d'Anvers, les médecins sont initiés à la pratique des affections particulières au climat du Congo et du Ruanda-Urundi, ainsi qu'aux recherches de laboratoire. Au Congo, la haute direction du service de l'hygiène est assurée par le médecin en chef. Celui-ci est encadré par des médecins provinciaux, des médecins hygiénistes, des médecins de laboratoire, des pharmaciens, des auxiliaires médicaux européens, des agents sanitaires, des assistants médicaux, des infirmiers, des moniteurs sanitaires, des infirmières religieuses et laïques, des gardes-couches indigènes. L'équipement médical se compose de laboratoires installés à Léopoldville, Coquilhatville, Elisabethville et Kitega, chef-lieu du territoire de l'Urundi, d'hôpitaux et de dispensaires pour Européens et aborigènes, dans les chefs-lieux et centres importants. En ces endroits ainsi que dans les grandes chefferies, l'administration a aménagé des infirmeries, sous la direction d'auxiliaires indigènes, placés sous la surveillance des médecins ou des missionnaires. Les régions particulièrement atteintes par certaines endémies sont parcourues régulièrement par les médecins itinérants. Les pharmacies provinciales fonctionnent à Léopoldville, Coquilhatville, Stanleyville, Elisabethville et Albertville. Un bateau-hôpital est utilisé pour l'isolement des cas suspects qui peuvent se présenter parmi les passagers des navires pénétrant dans le fleuve, par la voie de Banana. La Fondation Reine Elisabeth pour l'Assistance médicale aux Indigènes (Foréami) exerce dans le Bas et le Moyen Congo, notamment dans le district du Kwango, habité par plus d'un million d'autochtones, une activité efficace, dont la répercussion sociale se reflète dans l'accroissement de la population. Bientôt commencera une vaste enquête relative à la tuberculose, au moyen d'une caravane automobile permettant d'opérer la radiographie en plein milieu rural. Les sociétés et les missions collaborent sans relâche à l'assistance médicale. Y participent des organismes comme l'Aide médicale aux Missions, la Fondation Médicale universitaire (Fo-mulac) de Louvain, la Fondation médicale de l'Université de Bruxelles, l'Assistance aux dispensaires du Congo, la Croix-Rouge du Congo, etc. Grâce à ces efforts conjugués, aux mesures d'hygiène constante, aux précautions, aux meilleures conditions de confort et de logement, à l'emploi régulier et préventif de la quinine, l'action des moustiques et autres éléments pernicieux, les maladies ou leurs séquelles fatales diminuent considérablement, d'année en année, parmi la population blanche. LES INSTITUTIONS SCIENTIFIQUES. — Indépendamment de leur concours bienfaisant dans la lutte contre les maladies, plusieurs de ces institutions contribuent à l'essor économique, social et intellectuel de l'œuvre colonisatrice. Dans le domaine médical, le rôle de l'Institut de médecine tropicale « Prince Léo-pold», à Anvers, a déjà été souligné. Il vise, en outre, à la formation de médecins et d'auxiliaires médicaux. On y étudie tous les problèmes se rapportant à la thérapeuthique ou aux maladies exotiques, aussi bien qu'à l'organisation de laboratoires et de dispensaires spécialisés. L'hôpital Léopold II, joint à l'Institut, accepte les patients, dont l'état physique réclame des soins particuliers. Les marins, par exemple, souffrant d'une affection contractée aux colonies, y sont généreusement admis. Le Fonds Reine Elisabeth pour l'Assistance médicale aux Indigènes (Foréami) constitué par arrêté royal du 8 octobre 1930, a pour but d'améliorer les conditions sanitaires de tous les natifs, sans distinction, par l'assainissement le plus complet possible des régions habitées et autres. Les maladies contagieuses et épi-démiques sont combattues sans relâche. D'importantes missions médicales itinérantes aident à détruire les effets de la maladie du sommeil, si bien que celle-ci est en régression. Des arrangements intervenus avec les colonies voisines, telle la convention belgo-portugaise précédemment mentionnée, les ententes conclues avec l'Afrique équatoriale française et le Soudan facilitent l'application des règlements sanitaires dans la Colonie même. La protection de la faune et de la flore devait amener la réservation des zones naturelles, interdites à la chasse ou à la cueillette. L'idée avait pris naissance lorsque le roi Albert se rendit dans le Far-West, accompagné de l'ambassadeur de Belgique. D'où la création, en 1927, du Parc National Albert. A son administration ont participé, dès le début, des représentants de l'Académie des sciences de l'Institut Carnegie, de Washington, et du Musée National d'Histoire Naturelle, de New York. Le roi Albert a parcouru l'admirable sanctuaire de la nature primitive, pendant son dernier voyage au Congo en 1932. Deux ans après, l'Institut des Parcs Nationaux était instauré à Bruxelles. En 1935, la Belgique a ratifié la convention internationale de Londres, relative à la préservation de la faune et de la flore dans leur état naturel. Les mesures adoptées sont en vigueur sur tout le continent africain. L'Institut des Parcs Nationaux a pour but de protéger, dans les réserves naturelles, les animaux et les plantes, tout en favorisant la recherche scientifique. (Cliché n» D.H. 11.521/41 du C.I.I3.C.) L'avenue du Lomami à Elisabethville en 1918. De son côté, par ses abondantes collections, le Musée Royal du Congo Belge, à Tervueren-lez-Bruxelles, s'offre pour répandre et développer la connaissance de toutes les branches du savoir se rapportant à la colonisation nationale. Le laboratoire de recherches chimiques et onialogiques, qui lui est annexé, s'occupe de l'examen des problèmes d'ordre chimique en rapport avec les productions du Congo. L'Institut Royal Colonial Belge, établi à Bruxelles, est une institution exclusivement scientifique. Toutes les questions coloniales y sont examinées sous l'angle seul de la science. Il décerne des prix, organise des missions d'études et publie une Biographie coloniale suivant le type de la Biographie nationale. Dans la Colonie, le Centre d'études des problèmes sociaux indigènes, siégeant à Elisabethville, définit son programme par ce titre même. Le Centre d'études sociales africaines de Léopoldville a pour objectif de pénétrer davantage la compréhension de la vie cou-tumière. L'Institut de recherche scientifique en Afrique centrale se préoccupe d'installer des centres de recherche scientifique, notamment au Congo, et de subsidier les entreprises scientifiques s'intéressant à l'Afrique centrale ou plus spécialement au Congo Belge. LES ARTS ET LES LETTRES. — Dès que l'attention est attirée sur le panorama des arts congolais surgit aussitôt l'idée de l'art nègre, désignation trop générale, attendu qu'il n'y a pas plus un seul art nègre qu'il n'y a un seul « art blanc ». Mieux vaudrait préciser les divers genres de l'art négro-africain par le nom de chaque région d'origine : « négro-congolais », « négro-dahoméen », « négro-nigérien », « négro-soudanais », etc. Admettons, momentanément, l'appellation courante d'art nègre pour les formes plastiques du continent noir, existant avant les contacts occidentaux, à cause de l'anonymat des œuvres anciennes et de l'absence de renseignements sur leur provenance ou leur localisation tribale. Les nombreuses études publiées sur cet art nègre ancien, archéologique ou ethnographique, entre autres le magnifique album édité par la Commission pour la protection des arts et métiers indigènes, les expositions successives, consacrées aux arts classiques des colonies, toutes ces manifestations ont suffisamment souligné les vertus artistiques des ouvrages primitifs africains. Pour en sauver le style original dans son inéluctable évolution, mais non dans une stricte imitation, a été instaurée en 1935 la Commission ministérielle précitée. La même année était créé, à Léopoldville, par l'initiative privée, le Musée de la Vie indigène. Les Amis de l'Art indigène, qui en ont été les promoteurs, poursuivent, au Congo, sur le vif pourrait-on dire, l'action de la Commission pour la protection des arts et métiers indigènes fonctionnant au ministère des Colonies à Bruxelles Ce faisceau d'activités se voue aussi bien à encourager l'art négro-congolais vivant, moderne, « personnel ». D'aucuns, à tort, semblent négliger ce modernisme nègre, sous prétexte qu'il est entaché d'« européanisme ». On prône pourtant, dans les milieux autorisés, les peintures et les sculptures cubistes occidentales, nettement imprégnées de « négrisme ». Pourquoi, alors, reprocher aux artistes noirs de subir le choc européen ? N'ayant plus sous les yeux les chefs-d'œuvre de leur race (presque tous transférés dans les musées d'Europe et d'Amérique), les imagiers congolais peignent ou sculptent, fatalement d'après des modèles et au moyen d'un matériel importés. Aujourd'hui, des statuettes congolaises portent la griffe de Mayele, sculpteur noir du Katanga; des tableaux sont signés Mongita, du nom d'un artiste peintre et comédien de Léopoldville, par exemple. De même, sur les gracieux cartons tout animés d'ornementations florales et animalières, provenant de l'atelier d'art africain d'Elisabethville, s'inscrivent les signatures « autographes » de Bela, Pilipili, Ilunga et autres décorateurs aborigènes actuels. L'exposition artisanale annuelle, ouverte au parc De Bock, à Léopoldville, permet d'apprécier l'habileté manuelle des artisans autochtones; le goût dans la disposition des coloris, en peinture; l'audace de l'interprétation en sculpture, distinguent les artistes du cru. Des concours d'art oral et de rédaction suscités par les Amis de l'Art indigène ont réveillé une « littérature » folklorique. D'autre part, les compétitions littéraires réservées aux noirs lettrés vivant au Congo par le comité de la Foire Coloniale de Bruxelles, ont révélé des conteurs indigènes écrivant en français, entre autres Paul-Lomami-Tshibamba, du Bas-Congo, et Saverio Naigiziki, du Ruanda. A la dernière joute, des mentions honorables ont été décernées à MM. Roger-Antoine Bolamba, rédacteur en chef de la Voix du Congolais, Paul Kabasubabo, commis, et Dieudonné Mutombo. Ce dernier a décrit la vie d'un jeune homme noir de Léo... lecteur assidu de Molière ! Peu à peu, les lettrés noirs voient leurs conceptions natives se mêler à notre mouvement littéraire. Ngando (le crocodile), le roman primé de Lomami-Tshibamba, ainsi que Escapade ruandaise, journal (Tervuren, Alusée du Congo Belge.) (Cliché n° 51.606 du Musée.) Siège de chef à cariatides féminines. Bois. Région de Ba-Luba (Katanga). Hauteur : 45,5 cm. d'un clerc, par Saverio Naigiziki, ont été soigneusement imprimés et lancés en Belgique. L'homme d'Afrique ainsi reprend confiance dans la beauté de ses traditions lyriques, même en cédant aux infiltrations étrangères, tel que l'usage de la langue française qui constitue la plus caractéristique. Dans le domaine pictural, faire participer les noirs à la décoration des édifices officiels, des églises, etc., c'est suivre la bonne voie pour orienter, sauver et stimuler l'imagination inventive des Congolais. Dans cet ordre d'idées, des initiatives, comme celle de la Caisse d'Epargne du Congo Belge et du Ruanda-Urundi, sont bienfaisantes. Cet organisme a rendu accessible à tous les Africains, son concours d'affiches de propagande. Un premier prix de cinq mille francs a été enlevé par Albert Mubeka, élève d'une école professionnelle du Kasaï, tandis qu'un deuxième prix de deux mille cinq cents francs était attribué à Félix Ko-longa, artiste peintre de Léopoldville. Trois artistes belges, séjournant à l'époque dans la Colonie, ont fait partie du jury de cette compétition publicitaire, proposée, pour la première fois, au talent spontané des noirs. Quelques-uns de nos compatriotes, professionnels de la palette, se sont établis d'une manière permanente sous les latitudes équi-noxales. Leur atelier se situe, soit sur le plateau aéré d'Elisabeth-ville, soit sur les rives du lac Kivu, soit en d'autres endroits du territoire congolais. A ce propos, le vœu a été formulé de voir établir définitivement un salon d'art colonial dans un de nos musées métropolitains, où seraient exposées les principales œuvres, réalisées sous le ciel de nos provinces d'outre-mer. En attendant, le Musée Royal du Congo Belge est tout indiqué pour dérouler aux yeux du public le panorama du Congo, exécuté jadis par les maîtres Mathieu et Bastien. Sur pareil décor de palmes, de baobabs, de bananiers, des paillotes, vibre le cœur de nos lointains colons : Afrique, où le ciel est vivant — tout aussi vivant que la terre — les tornades sont sur les cimes de la forêt, vouée encore aux puissances élémentaires. Mes mains te cherchent et te retrouvent aux fibres des arbres géants. chante, gagné par la grandeur de la savane équatorlale, le poète belge Jules Minne, lauréat du Prix triennal de Littérature coloniale, institué en 1922, par le roi Albert, pour encourager les écrivains d'imagination s'inspirant du Congo et du Ruanda-Urundi. Pour entendre d'autres échos littéraires et artistiques, il suffit de parcourir les multiples périodiques paraissant dans la zone belge d'Afrique. Telles revues littéraires s'intitulant Jeune Afrique, organe de l'Union Africaine des Arts et des Lettres, éditée au Katanga, ou Raf, animée de l'esprit de Wallonie, et Band, l'abondant cahier flamand, l'une et l'autre publiées à Léo-poldville, tiennent en éveil l'activité des artistes et littérateurs coloniaux. Dès le renouveau de nos lettres, en 1880, suivant de peu le réveil expansionniste de notre peuple, se constate l'attrait exotique, dont une Petite Histoire des Lettres coloniales de Belgique trace les résultats expressifs dans le roman, le conte, la poésie, la nouvelle, la relation de voyage, l'histoire et le théâtre. Stanley, le découvreur du Congo, était un homme de lettres autant qu'un homme d'action. « He ivas a man of dreams, as wel as a man of deedsD, disaient de lui ses concitoyens. Son grand reportage transafricain et ses livres, autant que ses explorations, ont contribué à la naissance d'un Congo Belge et d'une littérature, qui n'a jamais cessé de promouvoir le sens colonial. LES CENTRES D'INFORMATION ET LE TOURISME. — Le gouvernement, par ses services d'information et les organes modernes de diffusion, entend répandre la connaissance de la Colonie sous tous ses aspects. A l'instar des grandes puissances colonisatrices, il a d'abord institué un office colonial, afin de favoriser principalement les rapports des gens d'affaires avec les marchés congolais. Après la guerre, cet organisme a été transformé en une association sans but lucratif, sous l'étiquette « Fonds colonial de propagande économique et sociale ». Cette fondation était chargée de faire connaître en Belgique et ailleurs tout ce qui se rapporte au Congo Belge et de créer ou de soutenir toute œuvre d'utilité générale intéressant les indigènes. Depuis, à ce Fonds s'est substitué le Centre d'information et de Documentation du Congo Belge et du Ruanda-Urundi (C.I.D.). En plus des activités qu'assumait l'association précédente, C.I.D. ajoute celles, dont les objectifs d'actualité se renouvellent par le cinéma, la photographie, les enquêtes commerciales et autres, les statistiques, les expositions permanentes, les collections itinérantes, la bibliothèque et la bibliographie, les affiches, les brochures, calendriers, etc. C.I.D. édite encore un recueil de langue anglaise The Belgian Congo To-Day dans lequel se trouvent résumés les nouvelles et les textes de toute nature, diffusés en français par les bureaux officiels d'information du ministère des Colonies, à Bruxelles, et du gouvernement général, à Léopold-ville. Cette espèce d'anthologie ou de digeste des rapports sur la vie en Afrique belge, reflète la complexité des problèmes issus de l'évolution du peuple noir vers de meilleures formes d'éducation et de civilisation. D'autre part, une Commission coloniale scolaire, établie selon les vues concordantes du ministère des Colonies et de celui de l'Instruction publique, s'entend à encourager l'éducation coloniale, en dépêchant des conférenciers qualifiés dans les institutions d'enseignement du pays. Après cet exposé, il ne reste plus qu'à prendre contact directement avec la terre du Congo Belge. Les moyens d'accès sont multiples. Les lignes régulières de navigation et d'aviation facilitent le grand tourisme. Ses circuits englobent les sites les plus lointains, dont les aspects contrastants se succèdent à la mesure d'un panorama unique, depuis la brousse aride, en passant par la végétation luxuriante de la forêt vierge jusqu'aux altitudes aériennes des volcans de l'Est congolais. Dès l'entrée par le Bas-Congo, le voyageur éprouve l'émotion imprévue que procure la sylve équatoriale. L'enchantement du Stanley-Pool le retient peu après. Lorsqu'il a quitté Léopoldville pour s'avancer vers Matadi ou inversement, il aperçoit les admirables cascades du fleuve. Qu'il poursuive son excursion, en empruntant même l'itinéraire classique, il goûtera toutes les surprises ressenties par les premiers explorateurs, sans subir les difficultés ni les dangers rencontrés par ceux-ci. L'Office du Tourisme du Congo Belge et du Ruanda-Urundi, à Bruxelles, qui n'est pas une agence de voyages proprement dite, fournit gratuitement, sur demande, toutes les indications utiles concernant les transports, le prix dans les hôtels et signale les meilleures routes pour se rendre aux endroits et points de vue les plus remarquables. L'Office conseille les voyageurs au sujet de toutes autres questions de nature à leur permettre des déplacements aussi confortables que possible. Le Guide du Voyageur au Congo et au Ruanda-Urundi est une des principales publications éditées sous les auspices de l'Office du Tourisme. La section de tourisme du gouvernement général agit en étroite relation avec l'Office susdit et dispose, sur le plan officiel, de bureaux du tourisme dans les principales provinces du Congo. Divers organismes privés prêtent leur concours au développement des voyages et tournées à travers la Colonie. Le Touring Club du Congo Belge, dont les comités régionaux sont établis à Léopoldville, Stanleyville, Coquilhatville, Lulua-bourg, Elisabethville et Costermansville, publie à Bruxelles un bulletin mensuel d'informations et de descriptions touristiques. Le Royal Automobile Club du Katanga, le Groupe de la Montagne du Kivu, le Syndicat d'Initiative de la province Orientale, interviennent obligeamment dans le même domaine. Grâce aux communications rapides, entretenues surtout par les services aériens, les provinces congolaises sont virtuellement rattachées aux provinces belges pour ne former qu'un seul complexe national, où se déploient favorablement les capacités entreprenantes des habitants blancs et noirs. (Cliché n» I1.124/B/5 du C.I.D.C.) La plage et les cocotiers de Banana, sur les bords de l'Atlantique. Vue prise au crépuscule, à contre-jour. LES LETTRES FRANÇAISES DE BELGIQUE DE 1918 A 1940 par Gustave VANWELKENHUYZEN Membre de l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises 'IL est vrai que l'histoire de la littérature nous fait voir la suite ininterrompue des générations, celles-ci — ne l'oublions pas — se succèdent en s'imbriquant, en s'interpénétrant sans cesse. Et la guerre, les deux grandes guerres ont eu beau suspendre durant plusieurs années à peu près toute activité littéraire, le fossé qu'elles ont ainsi creusé à deux reprises n'a pas suffi — heureusement — à rompre le contact, à séparer les écrivains d'avant des écrivains d'après. Qu'on songe à ces hommes de lettres nés entre 1880 et 1895 environ, dont les premiers débuts datent d'avant 1914, et qui, le deuxième conflit mondial apaisé, se sont retrouvés au premier rang. Franz Hellens, Robert Vivier, Charles Plisnier sont de ce groupe et il n'y a pas aujourd'hui d'écrivains plus actuels. Henry Carton de Wiart, Georges Virrès et Edmond Glesener, dont les disparitions sont récentes, étaient leurs aînés. Tous ont connu ou pu connaître Georges Eekhoud, voire Camille Lemonnier, qui appartiennent, eux, à l'âge héroïque de nos lettres. De Lemonnier à Hellens et aux derniers surréalistes, que de chemin parcouru ! Toutefois, en reniant aujourd'hui les anciens maîtres, Hellens, qui a rompu assez brusquement avec eux, ne prétend pas cacher qu'il les a tout d'abord admirés. A l'âge romantique, on n'avait conçu d'autre roman qu'inspiré de l'histoire. A partir de 1880, on le voulut régionaliste. On sait sous quelle forme il se développa : le paysage y constitue l'essentiel et les personnages, protagonistes ou comparses, appartiennent eux-mêmes au cadre par le pittoresque de l'allure, l'attrait du galbe et du costume, le particularisme des mœurs. L'action est simple, interrompue par des descriptions précises où se manifestent les qualités de peintres de ces romanciers volontiers lyriques. Mais si les tableaux abondent, en revanche l'étude des caractères, la discussion des idées sont rares et sommaires : le roman paysan, (Cliché le «Soir».) dont les héros sont communément des êtres élémentaires — qu'on songe au Cachaprès A'Un Mâle — n'offre guère matière à l'analyse. Après Lemonnier qui, à maintes reprises, a placé l'action dans la campagne brabançonne et Georges Eekhoud, dont la Campine anversoise était la « contrée de dilection », d'autres ont décrit les sites et les coutumes de leur terroir : Hubert Krains et Hubert Stiernet la haute plaine de Hesbaye, Georges Virrès la Campine limbourgeoise, Louis Delattre et Maurice des Ombiaux les bords de la Sambre ou le pays de Sambre-et-Meuse, Georges Garnir, le Condroz. Dès avant Le Pain noir (1904), qui reste la meilleure, la plus forte de ses œuvres, Krains (mort en 1934) avait fait preuve des qualités les plus solides d'observation et d'écriture. Après Mes Amis (1920), dont la conception apaisée et la philosophie souriante marquent comme un répit dans son inspiration pessimiste. Au Cœur des blés (1934) ramène à la peinture d'une vie paysanne âpre et douloureuse. Pour sobre et apparemment froid que soit le style, l'écrivain évoque des personnages qui vivent Réception de Colette à l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises (4 avril 1936). (Propriété de La Renaissance du Livre.) André Bâillon (1875-1932). Lavis d'Eric Wansart illustrant le séjour de Bâillon dans ses deux chambres situées en face du cimetière de Forest (1900-1902). Le romancier avait copié sur sa porte la « pensée » de Pascal. intensément. Leurs passions nous émeuvent; nous partageons la longue et silencieuse angoisse qui les étreint. La plus grande partie de l'œuvre de ces conteurs régionalistes a paru avant 1914. Les Dernières Kermesses (1920) et Le Terroir incarné (1932), de Georges Eekhoud (mort en 1927), non plus que Cet Adolescent si pur (1937), de Georges Virrès, son disciple (mort en 1946), n'ajoutent guère à leurs mérites d'écrivain. Entre-temps étaient venus la guerre, ses ruines, ses deuils, ses visions d'horreur et, dans la tranchée, l'insolite coudoiement d'hommes de classes et de nations différentes. Une vérité plus âpre, des pensées plus profondes et plus générales s'imposèrent aux esprits. Des écrivains, combattants ou civils, demeurèrent longtemps obsédés des spectacles que le fléau avait mis sous leurs yeux. A cette veine tragique appartiennent les récits émouvants, parfois caustiques, que nous offrent La Boue des Flandres et Dernières Fumées, de Max Deauville; Mes Cloîtres dans la tempête, du P. Martial Lekeux; Aux Lueurs du brasier, de Lucien Christophe; La Plaine étrange, de Robert Vivier; Les Désarmés, de Constant Burniaux; Le Chant des veuves et Les Dytiques, d'Edmond Glesener; Les Enfants bombardés, de Georges Linze; bien d'autres livres encore. Depuis la guerre, de nouvelles tendances ont apparu, sans qu'aient été relégués pour autant les anciens genres et les anciennes modes. Le roman historique, qui datait, nous l'avons vu, de l'ère romantique, se renouvelle dans les œuvres d'un Henri Carton de Wiart (mort en 1951. — Terres de débat, 1941); d'un Horace Van Offel (1) (La Passion mexicaine, le Gueux de mer, La Joute du Cygne d'argent, 1938), d'un Pierre Nothomb (.Fau-quebois. Les Dragons de Latour, 1934), d'un Michel de Ghelde-rode, d'un Max Deauville. Le conte et le roman régionalistes n'apparaissent pas à ce point démodés que leurs tenants ne puissent espérer en rajeunir les formules : il y a celle, par exemple, que nous propose l'abondant Maurice Gauchez dans la série de ses « romans-frontières » fCacao, Marées de Flandre, 1939, etc.); cette autre, plus déliée, d'Henri Davignon qui, tout en nous conduisant de la Flandre qu'il aime (Un Pénitent de Fûmes) à l'Ardenne qu'il préfère (Aimée Col-linet, Bérinzenne, 1934), découvre les aspirations diverses, nullement inconciliables — telle est la thèse —, des races flamande et wallonne. Ses préoccupations de psychologie, il les a pu affirmer dès ses premières œuvres où, à l'exemple d'un Bourget, il se vouait à l'étude des milieux de noblesse et de grande bourgeoisie. Bruxellois d'adoption, Edmond Glesener (mort en 1951) est demeuré attaché à Liège, sa ville natale, ainsi qu'aux paysages mosans et ardennais. Ses principaux romans, et notamment la poétique et émouvante histoire du Cœur de François Remy, datent d'avant 1914. Dans ces pages, tout comme dans celles à'XJne Jeunesse (2 vol., 1927), l'écrivain prouve qu'il ne s'intéresse pas qu'au décor et aux mœurs locales : tout en se révélant habile interprète de l'âme wallonne, il sait aussi conter une aventure qui demeure de bout en bout profondément humaine. C'est, de même, en s'élevant du particulier au général, en retrouvant l'homme dans la créature la plus humble, que Jean Tousseul et Marie Gevers ont su, eux aussi, rendre au roman régionaliste cette valeur d'universalité qui fait sa grandeur. Marie Gevers fut poète avant de se consacrer au récit en prose et l'on perçoit dans celui-ci la même émotion discrète et fine qui vibre dans ses vers. La plupart de ses romans, tels La Comtesse des digues. Madame Orpha ou la Sérénade de mai, Gulden-top (1935) se déroulent, comme ceux d'Eekhoud, au bord de l'Escaut, dans les plaines grasses des Polders ou les vastes étendues de la Campine. Un souffle de plein air, de saine et fraîche nature les traverse, en même temps qu'il vivifie et exalte les jeunes êtres que les hasards de la vie mettent en présence. Parfois aussi, l'atmosphère s'assombrit, les éléments se déchaînent, tandis qu'emportés par leurs passions, les héros ploient sous les coups d'une fatalité inexorable (La Ligne de vie, 1937). Plus de belles légendes; les superstitions, la crainte des maléfices hantent et terrifient les esprits. On songe, par instants, à Sarn, le roman de Mary Webb, où règne cette même angoisse tellurique. Car ici, comme dans ses autres œuvres, Marie Gevers ne conçoit pas ses personnages en dehors de la nature. Le ciel, la terre, l'eau, les plantes, l'enchantement des saisons et le Plaisir des météores (1938) constituent, à côté de l'action ou, disons mieux, intimement mêlés à elle, des thèmes familiers, sans cesse renouvelés, grâce sans doute à la magie d'une prose simple, directe, charnue et comme naturellement chargée de poésie. Jean Tousseul, mort en 1944, à l'âge de cinquante-trois ans, a laissé une œuvre importante : elle comporte une trentaine de volumes, tous ou à peu près tous consacrés à l'évocation de cette région mi-rurale, mi-industrielle, qui s'étend aux confins des provinces de Liège et de Namur. Parmi ses recueils de contes et ses romans, deux séries sont â classer hors de pair : la suite qui raconte la vie de Jean Clarambaux, sorte d'autobiographie en cinq volumes, et celle qui a pour héros un vieux maître d'école ££ tnu^ rrut. ", /TZitÙ m'eu^ ytt^ coin -'/'o^ ^ . mrif f eut^ JM Muicà^ li. C^L^ ^ éc't/»^ Ai-., tn*^ ^ ^éuÀêêa^ Ofiif lie la 'êendarmerie, Sb Q/lacAelen-lez-CUiloorde (ÇBrabani) S&n^ d'f^tJnt^e^ f^mt^, m'>» <£ 1 (1) En citant ici Van Offel et, plus loin, Robert Poulet, Pierre Hubermont, Paul Colin et quelques autres, nous rendons hommage à la qualité de leurs oeuvres, sans tenir compte de leur comportement civique. (Propriété de l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises [Bruxelles].) Carie de visite autographe de lean Tousseul. du siècle dernier, le sage François Stiénon, dont on nous confie le Livre de raison (1939) et qui rappelle, lui aussi, son auteur. Ecrivain réaliste, Tousseul décrit avec précision la vie quotidienne des petites gens, paysans du Plat-Pays, tisserands, tâcherons des carrières et des mines d'oligiste, dont nous apprenons, grâce à lui, les joies, les travaux et les peines. Mais il ne se contente pas des faits observés. Il sait aussi — et c'est là le secret de son art — découvrir un sens poétique au monde qui l'entoure. Car le conteur est poète et sous sa plume les plus humbles réalités, tout comme les paysages, se transfigurent et se chargent d'émotion. Combien de noms encore, à côté de ceux de Jules Destrée (mort en 1936), de Louis Piérard (mort en 1951), de D.-J. D'Or-baix (mort en 1943, La Campagne enchantée, 1929), d'Arsène Soreil (Dure Ardenne, 1933), de Pierre Hubermont {Hardi ! Mon-tarchain, 1932), il conviendrait de citer si, pour prouver la vitalité du genre à ce moment et sa diversité, nous nous proposions de dénombrer tous les conteurs du terroir. Il est plaisant — et sans doute significatif — qu'un historien français des lettres d'entre les deux guerres (1) range l'un de nos romanciers les plus opposés à cette inspiration régionaliste, Franz Hel-lens, dans l'imposante cohorte de ceux qui continuent à l'illustrer. Faut-il s'en étonner ? Les règles de ce roman se sont détendues, ses intentions élargies et diversifiées. Leur seule humeur flamande ou wallonne, très marquée, il est vrai — la flamande surtout —, suffit à faire de nos écrivains, aux yeux de nos voisins du Sud, des représentants d'une province déterminée — et non la moins riche — du domaine français. Il serait ambitieux de prétendre distinguer chacune des formes qu'a prises le roman belge au cours de ces années. Par ailleurs, les classifications sont forcément trop rigides au regard de la diversité des talents. Ainsi s'explique que, dans nos divisions, il arrive qu'un même écrivain, voire une même œuvre, aurait droit d'être cité plusieurs fois. Léon Chenoy ( Ut majeur, La Symphonie pendant l'orage, 1936); Madeleine Ley {OliviaJ ; Louis Du-brau (Louise, 1937); Marie-Thérèse Bodart (Les Roseaux noirs, 1938), se sont voués au roman psychologique; France Adine (Le Maître de l'aube, Eve et le Phénix, 1934, etc.), à la fiction romanesque. Le roman populiste et prolétarien a été interprété de manières très diverses par Neel Doff, Robert Vivier (Folle qui s'ennuie..., 1933), Madeleine Bourdouxhe (La Femme de Gilles, 1937), Pierre Hubermont (Treize hommes dans la mine, Marie des Pauvres, 1934), Hubert Chatelion (Maldagne, 1937). Si Constant Burniaux est ce « populiste sans le savoir » qu'un critique français a reconnu en lui, il est aussi un adepte du roman réaliste ou de mœurs, à tendances sociales plus ou moins marquées, tout comme un Max Deauville (La Tournée Alberoni, Le Crime d'Isidore, 1938) ou un Charles Plisnier. C'est au roman autobiographique ou à la confession romancée qu'appartient toute l'œuvre d'André Bâillon. Du réel au rêve, la transition est insensible dans le roman fantastique d'un Franz Hellens, d'un Robert Poulet, plus marquée dans Printemps chez les ombres (1939) d'Alexis Curvers. Le roman d'imagination a permis de nouvelles évasions grâce à la verve lyrique d'un Pierre Nothomb, aux fantaisies surréalistes d'un Eric de Haulleville (Voyage aux îles Galapagos, 1935) ou d'un Henri Michaux (Voyage en Grande-GarabagneJ. Pour contenter chez son lecteur la même soif de dépaysement, Horace Van Offel s'est fait l'habile spécialiste du roman d'aventures. C'est l'aventure encore qu'exalte O.-P. Gilbert dans ses romans exotiques ou d'atmosphère (Mollenard, Piste du Sud, (Bruxelles, Palais des Académies.) Iules Destrée (1863-1936). Buste par Armand Bonnetain. (1) Fernand Baldensperger, La Littérature française entre les deux guerres, 1919-1939, p. 61. Pilotes de ligne, 1938) ; c'est elle qui triomphe, bien entendu, dans les fictions policières de S.-A. Steeman (Monsieur Wens, détective; L'Assassin habite au 21, 1939) et de Georges Simenon. Bien d'autres écrivains se sont fait un nom dans le roman. Plutôt que de dresser leur liste, qu'on trouvera ailleurs, nous voudrions, à traits rapides, préciser la matière et la manière de quelques-uns des meilleurs ou des plus représentatifs parmi ceux que nous avons nommés. « Naturalisme pas mort », serait-on tenté de proclamer après lecture des récits cruellement exacts et précis de Neel Doff (morte en 1942). Celle-ci s'est faite la mémorialiste fidèle des Jours de famine et de détresse que de pitoyables créatures, victimes résignées de la société, vivent dans les quartiers sordides d'Amsterdam, de Bruxelles et d'Anvers. Point de tirades humanitaires, d'appels grandiloquents à la révolte. Le douloureux calvaire de Keetje Trottin (1930), sobrement et crûment conté, suffit à éveiller notre pitié et notre indignation. Folle qui s'ennuie... (1933), de Robert Vivier, évoque des existences non misérables, mais banales. La détresse n'en est peut-être pas moins grande dans l'âme de ces personnages voués à une médiocrité sans issue. L'héroïne, la romanesque Antonia, lasse du trantran quotidien, accueille la brève aventure qui s'offre à elle, puis déçue et guérie, oublie ses rêves dans l'accomplissement de son humble tâche d'épouse et de mère. Deux ans plus tôt déjà, en rapportant dans Non, sous une forme romancée, ses propres inquiétudes, ses déceptions et ses renoncements de jeune combattant rendu à la vie ordinaire, l'écrivain avait affirmé ses dons de narrateur et son sens de l'observation. Une prose frémissante et poétique, faite de touches menues et serrées, servait au mieux une sensibilité très vive et une pénétration psychologique apte à saisir les moindres nuances du sentiment. Les mêmes qualités se retrouvent dans Délivrez-nous du mal (1936), la curieuse histoire du Père Antoine, ce thaumaturge dont la prédication humanitaire, au siècle dernier, souleva d'un enthousiasme mystique les petites gens du pays de Liège. Constant Burniaux, qui fut instituteur, s'est penché sur les enfants anormaux et a essayé de comprendre l'énigme de leurs âmes douloureusement fermées. La Bêtise (1925) et Crânes tondus (1930), sont des livres d'une vérité cruelle, âpre-ment réaliste, comme leurs titres, et tout imprégnés d'une discrète, mais profonde pitié. Cette curiosité de l'inconscient, de l'inexprimé, Burniaux la manifeste dans maints autres livres, très différents de ton, mais dont le thème essentiel demeure le monde étrange et mystérieux de l'enfance et de l'adolescence. Rien de plus amer et de plus poignant à la fois que certaines pages de L'Aquarium (1933) où, à côté des souffrances secrètes des écoliers arriérés, se découvrent les misères et les tares de leurs parents. Par contre, la joie de vivre de l'enfant sain et choyé s'épanouit dans Un Pur (1932), la bonne humeur anime les prestes croquis de ce « dessin animé » intitulé La Quinzaine du plaisir (1933). La méditation, tantôt assombrie, tantôt amusée, de Burniaux s'est ainsi étendue de l'enfant à l'homme et à la femme (Rose et M. Sec, La Femme et l'Enfant, La Grotte, 1939). Cette évolution laissait prévoir l'étude plus vaste et plus profonde — celle de toute une génération — à laquelle l'écrivain devait s'attacher par la suite. D'abord poète, c'est toutefois comme conteur et comme romancier que Charles Plisnier (mort en 1952) a conquis — et très rapidement — la célébrité parisienne. Dès son premier recueil de nouvelles, Figures détruites (1934), apparaissaient l'originale vigueur de son tempérament et l'étonnante acuité de sa vision. Faux passeports (1935), qui évoque quelques sanglants épisodes de l'action communiste en Europe, confirmait ces fortes qualités. (Cliclié A.C.L.) recueils. Le titre qu'il a donné à l'un de ceux-ci, Les Réalités fantastiques (1923), convient, en somme, à presque tous ses écrits. Il indique les deux pôles de son inspiration et rattache ce Flamand aux peintres de sa race, un Breughel ou un Jérôme Bosch. Hellens est donc un visionnaire qui, à regarder les choses les plus ordinaires, y découvre de l'inquiétant, du tragique ou, à tout le moins, du mystérieux. Cette tendance explique qu'il apparaît parfois confus, incohérent ou énigmatique. On a pu dire que, dans cette partie de son œuvre, il a été un annonciateur de l'esthétique surréaliste (Mélusine, 1920), en même temps que de l'animisme poétique (Bass-Bassina-Boulou, 1922). Il y a plus de clarté et de simplicité dans le Naïf (1926), Les Filles du désir (1930) et Frédéric (1935), des livres où il a recueilli, ou mieux, poétiquement recréé ses souvenirs d'enfance et d'adolescence. Ses dons d'analyste, de portraitiste et d'évocateur se sont encore affermis dans des romans, naturalistes d'apparence, comme La Femme "partagée (1929), Le Magasin aux poudres (1936), où les données, parfois audacieuses, de la vie réelle ne servent que de support à la patiente et tâtonnante prospection du subconscient. C'est au même genre d'inspiration que se rattachent les romans fantastiques de Robert Poulet. Un monde irréel se superpose ici au monde de tous les jours; des personnages purement imaginaires vivent si intensément qu'ils dominent bientôt le destin de ceux qui les ont créés (.Handji, 1921) ou même les prolongent après leur mort (Ténèbres, 1933). Certaine production cinématographique n'est peut-être pas étrangère à l'essor de ce réalisme magique, non plus que les théories de Freud aux confidences de ces hallucinés. Les récits de cape et d'épée d'Horace Van Offel (mort en 1944) nous invitent à une autre sorte de dépaysement. Roman réaliste (Le Chemin de ronde, 1931), roman historique, roman d'aventures (Le Chevalier de Batavia, 1928; La Flûte corsaire, 1933), roman policier (Le Casse-tête malais, 1931), roman d'anticipation Charles Plisnier (1896-1952). Avec Mariages (1936), Plisnier abordait le roman et, du premier coup, s'y révélait un maître. L'œuvre décrit les compromissions et les hontes auxquelles entraînent le souci de respectabilité et l'égoïsme bourgeois, les conflits pathétiques que fait naître dans cette société l'opposition presque constante de ces deux passions : l'amour et la soif de l'argent. C'est encore la bourgeoisie provinciale, avec ses tares, ses vices, ses turpitudes et son hypocrisie, que l'écrivain dépeint dans Meurtres, vaste roman cyclique dont le dernier volume a paru en 1941. La légende n'a peut-être pas tout à fait tort qui fait d'André Bâillon « un bien pauvre homme ». Il fut incontestablement un bohème, un inadapté que ne cessèrent de rebuter les contraintes de la vie en société. Son œuvre est tout entière tirée de sa propre aventure et apparaît comme la confession, vingt fois reprise, d'un seul personnage : lui-même. Il a d'abord conté, dans En Sabots (1920, 1923), l"existence paysanne qu'il tenta de vivre à Westmalle, en Campine. Histoire d'une Marie (1921) évoque le passé de la fille très humble et très maternelle dont il fit sa compagne; Par Fil spécial (1924) rassemble ses authentiques souvenirs de journaliste bruxellois; Le Neveu de M^e Autorité (1930) détaille les souffrances et les révoltes de son enfance confiée à la tutelle d'une tante bigote et autoritaire; Chalet I (1926) et Délires (1927) forment les dernières et les plus douloureuses étapes de la névrose qui le conduisit au suicide (1932). Cet « homme si simple » — et si compliqué —, qu'une sensibilité suraiguë pousse à s'analyser jusqu'à la torture, rejoint les maîtres de l'introspection, ceux qui, de Montaigne à Rousseau, ont découvert dans eux-mêmes l'Homme, à la fois — et involontairement — ange et bête. Pour traduire ses impressions, ses hésitations, son trouble devant le réel et le quotidien, Bâillon s'est forgé, au moyen d'un vocabulaire bref et de moyens très simples, un style unique dans notre littérature : sobre et nerveux, puissant et suggestif. L'œuvre de Franz Hellens est plus variée et plus complexe; son art plus difficile à définir. L'écrivain a subi de multiples influences : le postsymbolisme et l'unanimisme firent plus que lui plaire; mais Edgar Poe, à l'en croire, retint surtout son attention. En recréant dans ses premiers livres la nostalgique atmosphère de Gand, déjà il s'essayait dans ce symbolisme hallucinant qui devait régner dans les Clartés latentes (1919) et tant d'autres Marie Gevers. Constant Burniaux. Buste par Janchelevici. (La Terreur fauve, 1922), tous ces aspects du genre ont tenté sa plume féconde et diverse. Le merveilleux auquel sa fantaisie maintes fois lâche la bride vient à point nommé grandir les héros. C'est à sa propre conviction de narrateur, non moins qu'à la vivacité et à la truculence de son style, que ses histoires doivent d'être à la fois si vivantes et si passionnantes. L'imagination règne en maîtresse aussi dans les romans de Pierre Nothomb, une imagination ample, débordante, hardie jusqu'à la témérité. Rien de moins attendu, de moins conventionnel que ses personnages, sinon peut-être les milieux où ils évoluent : la planète la plus proche de la nôtre dans La Rédemption de Mars (1922), l'Eden dans la Vie d'Adam (1930). Appétit de grandeur, mélange de sensualité et de mysticité, voilà sans doute les dominantes de ces récits que leur enthousiasme lyrique, leur rythme emporté et le perpétuel jaillissement des images rendent pareils à de vastes et tumultueux poèmes en prose. Parlant de Georges Simenon, un critique français — et non des moindres — n'a pas craint d'évoquer Balzac, déjà cité, il est vrai, par d'autres, à propos de Plisnier. C'est dire que Simenon, auteur prodigieusement fécond de romans policiers, ne doit pas son succès au seul gros public qui forme l'habituelle clientèle de ce genre décrié par les délicats. S'il obtient également le suffrage de ces derniers, il le doit sans aucun doute à ses dons de narrateur et de créateur d'atmosphère. Ces dons se révèlent surtout à partir de 1931, dans des livres comme Coup de lune et Monsieur Gallet décédé. Vers le même temps, le commissaire Maigret, à peine apparu, accédait à la célébrité avec la même tranquille rondeur qu'il mettait à découvrir chaque assassin. Pas d'intrigue compliquée, pas de longs récits; mais, à propos d'un banal fait-divers, la peinture sobre, souvent en grisaille, de tel milieu : la bourgeoisie provinciale, le monde des mariniers, des hommes d'affaire, de la pègre. Ainsi, sans qualités proprement littéraires — le style, assurément, manque de relief — des livres comme Les Pitard (1935), Le Testament Donadieu (1937), La Marie du port (1938) — mais combien d'autres il faudrait citer ! — ont élevé l'ordinaire fiction policière au rang du roman d'atmosphère. Originalité des talents, diversité des œuvres : le jugement s'applique aux romanciers. Il vaut aussi pour les poètes dont la phalange — à ne considérer que les meilleurs — est peut-être plus nombreuse encore. Ceux-ci aiment se réunir, former des cénacles, sinon des écoles. Ne serait-ce point d'aventure pour rompre avec la double solitude qui est la leur : celle où les maintient une muse exigeante, celle à laquelle les condamne un grand public indifférent ? Plus encore, dirons-nous, par souci de débattre les principes d'une esthétique que le goût et la mode remettent sans cesse en question. En dépit des années creuses qui avaient précédé la guerre et devaient accroître son hiatus, les générations littéraires d'avant et d'après 1914 ne refusèrent pas de se rencontrer. Certes, Iwan Gilkin et Albert Giraud (mort en 1929) demeuraient attachés à la doctrine parnassienne vaillamment défendue au temps de la Jeune Belgique. Albert Mockel et Maurice Maeterlinck, de leur côté, représentaient, aux yeux d'une jeunesse respectueuse, sinon toujours convaincue, le symbolisme à ses glorieux débuts. Quant à Georges Rodenbach, tôt disparu, sa grâce un peu mièvre déjà se démodait. En revanche, Emile Verhaeren, mort tragiquement en 1916, demeurait présent, plus honoré que tout autre, vivant ou mort, de sa génération. Son vers aux rudes accents, aux larges envolées, au rythme emporté, hantait les mémoires. Les sites et les gens du terroir, que tant de prosateurs avaient si complaisam-ment décrits, le chantre de Toute la Flandre avait été, parmi les poètes, à peu près le seul à les exalter. Ses pièces, il est vrai, ne sont guère descriptives à la manière des réalistes. Contemplé par ce visionnaire, le paysage s'amplifie et se charge de sens symbolique. Avec une ferveur plus retenue, sur le ton naïf et simple de la confidence ou de la prière, Max Elskamp (mort en 1931) détaillait le pittoresque vieillot de la rue Saint-Paul, à Anvers. Thomas Braun, dans des poèmes pleins de senteurs agrestes, comme cette Fumée d'Ardenne qui monte des gazons les soirs d'août, célébrait la sauvage beauté du pays qui s'étend de l'Ourthe à la Semois. Le régionalisme poétique devait encore inspirer quelques autres chants. Mais ceux qu'avait éveillés la guerre sont plus nombreux. De ces poètes qui veillèrent armés dans les boues de l'Yser, le plus pur — le plus émouvant, si l'on songe à son court destin — fut Louis Boumal, qui nous a laissé, outre ses Poèmes en deuil, le délicat et frémissant message posthume de son Jardin sans soleil (1919). A l'héroïque phalange qui fit vibrer la «corde d'airain» appartiennent aussi Lucien Christophe (La Rose à la lance nouée, 1919), Marcel Wyseur, H. Frenay-Cid, J.-J. Van Dooren, d'autres encore. Les nouvelles tendances, confusément apparues durant la guerre, se précisèrent, la tourmente passée, dans les œuvres des poètes « d'esprit nouveau ». Prêts à s'engager dans des chemins (Bibliothèque Royale, Bruxelles.) Reconstruction du cabinet de travail de Verhaeren à Saint-Cloud. Il /itit» tmt .• I y,- /n ^ f A "Ti/v/nBA^/ . ^a . y^tUjK -iWiS^ <4/ . ^ - ./■ t^f-^ fia.^, ' xt^i^ A »- «V. ^ A " y, A ./I A ^«wj A PM I"-».* 8» /MO», (•//, J ut^ r^AttJ- ït/Uf , Mv//" /.II/ A /t^ ftJIA.tUJt, ^ fUftfi'A,^ ^/r*/-. (Propriété de l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises [Bruxelles].) Autographe de Franz Hellens. inexplorés, ceux-ci ne prétendaient pas pour autant rompre avec le passé. Ils honoraient d'un commun respect Fernand Severin (mort en 1931), le chantre harmonieux et discret, à l'accent racinien, de La Source au fond des bois; Georges Marlow, le lyrique et mélodieux évocateur du mythe d'Hélène; Franz Anzel (mort en 1937), Thomas Braun, autant d'aînés dont ils étaient heureux de recevoir les encouragements. Dans la jeune cohorte, quelques-uns, plus âgés de peu d'années parfois, s'étaient fait entendre dès avant 1918, sans avoir pu toutefois donner leur mesure. Jean de Bosschère, Pierre Nothomb, Mélot du Dy, Robert Vivier, aux yeux des débutants jouissaient de ce prestige que confère le bagage d'un ou de plusieurs recueils de vers publiés. Partisans la plupart d'un renouvellement symboliste, ces jeunes poètes, d'instinct autant que par choix, se tournaient vers la France de qui, comme leurs aînés, ils attendaient suggestions et exemples. Nul d'entre eux n'eût songé à contester le prestige d'une poésie qu'avaient illustrée Mallarmé, Laforgue, Rimbaud, Apollinaire, que continuaient d'enrichir Paul Claudel et Francis Jammes, André Gide et Paul Valéry. C'est en se souvenant de ceux-là, en se pénétrant de leur leçon que chacun, selon ses préférences et ses tendances propres, se sentait capable de trouver sa voie et d'édifier son œuvre. Ainsi pensaient ceux qu'avait rassemblés La Lanterne Sourde, fondée en 1921 par Paul Van-derborght. Ces jeunes gens, dont beaucoup achevaient alors leurs études à l'Université de Bruxelles, formaient une équipe nombreuse et enthousiaste. Ils se nommaient Eric de Haulle-ville, Paul Desmeth, D.-J. D'Orbaix, Robert Goffin, Robert Guiette, Léon Kochnitsky, Marcel Lecomte, Georges Linze, Mélot du Dy, O.-J. Périer (mort en 1928), Charles Plisnier, J.-J. Van Dooren, Robert Vivier. Attentifs au mouvement poétique français, ils lisaient et commentaient, à l'heure même de leur publication, les recueils de Vildrac, Super- vielle, Cendrars, Romains, Cocteau, Max Jacob, Valéry Larbaud. De ces poètes d'outre-frontière, bon nombre furent accueillis et applaudis à leur tribune bruxelloise. Mais leur admiration et leurs sympathies demeuraient assez lucides, le souci d'être eux-mêmes assez vigilant, pour qu'ils évitassent de tomber dans le démarcage ou l'imitation. Leur porte-parole, Vanderborght, rappelait à ce propos, en demandant toutefois qu'on l'assouplît, l'ancien mot d'ordre de Lemonnier : « Etre nous-mêmes. » Et sagement, ajoutait : « Mieux vaut chez nous le moindre accent personnel que les plus brillantes paraphrases des gloires de Paris. » Cette question des rapports entre les littératures belge et française a beaucoup préoccupé les esprits durant l'entre-deux-guerres en raison même de l'influence grandissante de celle-ci sur celle-là. Fondée par Franz Hellens, dans le même temps que paraissaient les premiers numéros de La Lanterne Sourde, la revue Le Disque Vert se donna pour tâche, elle aussi, de provoquer la rencontre des poètes de France et de Belgique. C'est ainsi que voisinèrent à ses sommaires les noms d'André Gide, Valéry Larbaud, Jean Cocteau, Marcel Jouhandeau, Franz Hellens, Odi-lon-Jean Périer, Henri Michaux, Paul Desmeth, Eric de Haulle-ville et de maints autres encore. L'équipe du Disque Vert fraternisait avec celle de la Lanterne Sourde. Pourtant, le second groupe défendait un programme à la fois plus large et mieux défini. « La voie reste ouverte », tel est le sens que les fondateurs donnaient au titre de leur revue. Ils entendaient s'intéresser aux écrivains de tous les pays, dès l'instant où ils avaient du talent et apportaient du neuf. Ils se préoccupaient aussi de dégager une volonté littéraire et une manière de penser qui leur fussent communes à tous. Evoquant, en 1934, dix ans après sa disparition, l'activité de la publication, l'un de ses collaborateurs, le poète Mélot du Dy, déclarait : « C'est peut-être justement l'internationalisme bien compris de notre revue qui lui a valu ses meilleurs succès, et il n'était, je pense, point banal qu'une telle curiosité littéraire s'exprimât en Belgique, dans notre pays que Franz Hellens a nommé à cette occasion un balcon sur l'Europe, mais qui ne justifie pas toujours, dans l'ordre spirituel, une si heureuse définition. » A considérer à cette heure le nombre et la variété des talents poétiques, on serait tenté de croire que jamais le climat n'a été plus favorable à leur floraison. Qu'on se souvienne pourtant que si le poète est généralement sensible aux applaudissements, il ne les attend pas pour persévérer. En 1930, Pierre-Louis Flouquet fondait à Bruxelles le Journal des Poètes, qui devait connaître une longue et heureuse destinée. Sans songer à prôner une même doctrine, ceux qu'il rassemblait s'attribuaient du moins une commune mission : celle de « défendre l'authentique poésie». Accueillante à la nouveauté, exigeante par ailleurs, la formule convenait à une génération qui en était encore, selon son propre aveu, à se chercher une forme. «La poésie d'aujourd'hui, déclarait, peu avant 1940, l'un de ses tenants, Armand Bernier, ne nous suffit pas parce qu'elle est LE DISQUE VERT revue mensuelle de littérature «Novcmbrci Décvmbr» — NOËL \'H\ 2 fr. Uoiversité e» Sruxsllô/ X dans ce numéro : MARCEL ARLANO HCNRI BOURRAT ALCXANORC VILLATTK VAUL DKRMtC PIKRRK BOUROKOtS MAROCL «AUVADC I. HILLKL.>RI.ANaCR OAMILUK QOIMANS THtO PLCISOHMAN HINHIVANOePUTTC OUAUOC.ANORt PUOKT Ml 0«i4m«. : ■•Ml*. i omh RMm**. PMIIM OtHM ViMra*. / LAMPRS «un LC RAIL : Cfnému par R*k*H Oam» Rll. PfnM Octobre ib22. - i*" Année - N"6 PARIS-BRUXELLES Lanterne Sourde « La Lanterne sourde » et « Le Disque Vert », revues poétiques. encore au stade de l'expérience. Elle cherche, elle donne des coups de sonde. Elle est souvent dupe de ses découvertes. » Des deux côtés de la frontière, on l'a vu, les poètes se reconnaissaient les mêmes guides et s'inspiraient des mêmes exemples. Rien d'étonnant donc si l'on ne peut distinguer en Belgique un courant poétique autonome. Pourtant humeur flamande et humeur wallonne ne sont pas mots vides de sens. Au-delà des traits particuliers, des caractères idiosyncrasiques, apparaissent, chez plus d'un, des dispositions et des tendances plus générales qui sont l'apanage du groupe ethnique auquel il se rattache. N'a-t-on pas reconnu que si le ralliement des symbolistes belges s'était fait en terre wallonne, bon nombre de ceux-ci — et sans doute le plus grand nombre — étaient de souche flamande. L'attention que cette poésie accordait au mystère de l'âme et à sa secrète exaltation offrait peut-être quelque affinité avec les aspirations mystiques qu'en Flandre avaient exprimées déjà les toiles d'une nombreuse et brillante lignée de peintres. Peut-être aussi le goût inné des images, une inspiration étroitement liée au réel prédisposaient-ils ces poètes à user de l'expression symbolique. Le poème surréaliste, en revanche, semble les avoir séduits beaucoup moins. Sa fantaisie, son hermétisme, son incohérence voulue ont-ils heurté leur bon sens rigoureux, leur réalisme minutieux et strictement ordonné ? Il se peut. D'autres raisons, il est vrai, pourraient expliquer cet accueil réservé, où se trahit une désaffection plus générale alors, dans cette partie du pays, à l'égard de la nouveauté française, de quelque ordre qu'elle fût. Au florissant groupe liégeois, aux nombreux porte-lyre hen-nuyers, namurois, voire brabançons, la Belgique flamande n'oppose plus que quelques poètes de langue française. Ils se nomment, il est vrai, Franz Hellens, Marie Gevers, Camille Melloy, Robert Guiette. Plus pénétré et plus épris de latinité, plus attentif et plus ouvert à tous les courants littéraires, le Wallon devait accueillir sans effarouchement, sinon toujours sans surprise, les réalisations curieuses, inattendues, maintes fois brillantes, auxquelles donnait lieu, après les intempérances du dadaïsme, la formule surréaliste. Celle-ci trouva presque aussitôt des interprètes originaux parmi la jeune génération poétique. Si, négligeant les écoles et les doctrines, nous ne voulons plus voir — un instant — que les influences particulières, que de rapprochements à faire, que de parentés spirituelles, sinon de parrainages, à signaler. C'est de Verhaeren, évocateur de la plaine flamande, que pourraient se réclamer Marie Gevers et Camille Melloy; c'est du même maître, chantre des « forces tumultueuses » et de l'activité du monde moderne, que Marcel Thiry apparaît dans quelque mesure le continuateur. Thomas Braun et Marie Gevers encore ont retrouvé, à la suite de Max Elskamp, le charme naïf et simple de la chanson populaire. La manière et l'inspiration d'Armand Bernier fait songer, ici à la chatoyante irréalité des « entrevisions » de Van Lerberghe, là à l'intimisme mélancolique de Severin. S'il est arrivé que des Belges aient montré la voie aux Français — qu'on se souvienne de Franz Hellens et de Jean de Bos-schère, précurseurs du surréalisme —, que de Français, des minores aux plus grands, ont éveillé ou éclairé la vocation des nôtres. Dans les poèmes de Thomas Braun, de Pierre Nothomb, de Camille Melloy se retrouvent, à des degrés divers, mêlés aux traits de leurs tempéraments propres, la ferveur et la robuste simplicité de Francis Jammes. Vivier et Thiry n'ont pas désavoué leur culte de Baudelaire et de Verlaine; Plisnier reconnaîtrait ce qu'il doit à Cendrars; Michaux demeure fidèle à Rimbaud, qu'aimaient de même de Haulleville et Périer. Tandis que Mélot du Dy relit Laforgue, Vandercammen refeuillette Supervielle, prisé aussi par Auguste Marin (mort en 1940). « Entrant en poésie », Robert Goffin n'est pas seul à chanter le los d'Apollinaire. Les maîtres, au reste, n'ont été que des éveilleurs. Chacun a suivi sa propre inclination, attentif surtout à transmettre le message qu'il portait en soi. D'authentiques poètes se sont ainsi révélés. On ne peut ici qu'en saluer quelques-uns. Jean de Bosschère unit en lui les contradictions : tantôt cruel et tantôt tendre, il use du sarcasme aussi bien que de l'humour le plus léger. Son vers hermétique, où s'exerce sa subtile recherche d'alchimiste du verbe et de chasseur d'images, ne déconcerte pas moins que la densité et la véhémence de son lyrisme. Il est vrai que pour lui, comme pour Baudelaire, le poète est un isolé, un incompris, qui vit en dehors du temps et ne se soucie ni des éthiques, ni des morales. (Job le pauvre, Ulysse bâtit son lit, 1935.) Mélot du Dy, désinvolte, railleur et savamment naïf, fait entendre, en se jouant, plus qu'il ne dit. On devine, sous la verve du jongleur de rimes et de mots, un homme discret et sage, qui sait le bref plaisir et la longue peine que la vie peut donner. Sa frivolité impertinente et sa préciosité un peu obscure cachent mal, à vrai dire, une amertume profonde et qui se voudrait stoïque. {L'Idole portative, Hommeries, Jeu d'ombres, 1938.) Tendresse et mélancolie sont les sentiments qui dominent dans la poésie en demi-teinte, confidentielle, intensément persuasive, de Robert Vivier. Rien en lui pourtant de l'élégiaque au sens romantique du mot. Son amour de la vie — fût-elle, comme souvent, humble et grise — a pour contrepartie la tristesse ou la répulsion qu'elle lui inspire, chaque fois qu'elle se découvre à lui grossière ou cruelle. Intellectuel hypersensible, esprit curieux et chercheur, il a accueilli tour à tour, mais sans jamais s'engager, Parnasse, symbolisme et surréalisme. Tant d'expériences ne l'ont fait renoncer complètement ni à la rime, ni à l'alexandrin. Un vers harmonieux, en dépit de volontaires dissonances, de neuves et denses images, une subtile entente de la magie des mots lui permettent de rendre en ses chatoiements les plus nuancés une pensée sinueuse, nonchalante et diverse. (Le Ménétrier, Déchirures, Au bord du temps, le Miracle enfermé, 1939.) Le lyrisme de Franz Hellens est plus complexe, plus ouvert encore aux multiples courants — littéraires et artistiques •— de l'heure. Il s'intéresse, lui aussi, au quotidien. L'apparence des êtres et des choses toutefois ne le contente pas. Les uns et les autres, il les observe longuement, les scrute, les sonde jusqu'en d'obscures profondeurs, avide de découvrir en eux un nouvel univers. Aussi la poésie est-elle chez lui, au sens littéral des mots, une transfiguration du réel. L'homme se multiplie sous le regard qui le pénètre et de surprenantes analogies naissent entre les jeux de l'âme et les faits de la vie extérieure. Grâce à la démarche patiente du magicien, Camille Melloy (1891-1941). Marcel Thiry. Hobert Vivier. (Cliché Pix.) Maurice Maeterlinck (1862-1949). le monde que nous voyons n'est bientôt plus qu'un vaste magasin d'images dont chacune vient nous livrer son sens profond. (La Femme au prisme, Eclairages, Poésie de la veille et du lendemain, 1932.) C'est assurément une note toute différente que fait entendre, en sa sérénité païenne, la poésie lumineuse et chaude de Marie Gevers. Qu'elle vante la beauté des saisons dans son jardin de Missembourg, célèbre Les Arbres et le Vent, savoure les joies de la maternité {Antoinettej ou détaille les bonheurs du foyer (Brabançonnes à travers les arbres), un hymne fervent à la vie, à la vie mystérieuse et bienfaisante, s'élève de ces strophes gracieuses et légères, où une délicate émotion s'allie à la fraîcheur d'impression et au naturel de la chanson populaire. Ce sont aussi les jardins parfumés de la Flandre, ses villages ensoleillés, ses vastes campagnes et sur elles le retour fastueux des saisons que fait revivre, mais comme discrètement évoqués par le souvenir, le prêtre poète Camille Melloy. Ici sans doute le visible appelle l'invisible et la nature s'éclaire de la présence de Dieu. Pourtant le regret de l'enfance, la tristesse de la solitude, l'obsession de la souffrance universelle et la hantise de la mort s'apaisent mal dans l'espoir d'une rédemption. Une harmonieuse mélancolie se dégage de ces chants, qui sont comme autant de prières, où la piété le dispute à la plainte et à l'humaine inquiétude (Le Parfum des buis, Le Miserere du trouvère, 1937). Marcel Thiry, qui a connu l'aventure du voyage, a exprimé ce qu'elle offre de mélancolique et d'exaltant : désir de l'évasion, ivresse des départs, attrait de l'inconnu, « deuil de l'absence », nostalgie des retours. (Toi qui pâlis au nom de Vancouver, Plongeantes proues.) Une autre aventure, dont il eut ensuite l'expérience, celle des gens d'affaires, le ramène à la ville et au banal quotidien (L'Enfant prodigue). Mais en évoquant la vie trépidante et fiévreuse des Marchands et des banquiers, leur luxe insolent, c'est la condition même de l'homme d'aujourd'hui, voire de tous les temps, qu'il vient à considérer. Des réalités les plus concrètes, les plus prosaïques en apparence, il s'élève à la philosophie du bonheur et à la méditation métaphysique (Statue de la fatigue, La Mer de la tranquillité, 1939). Avec l'objectivité de l'agnostique, mais aussi la discrète émotion et la fine ironie d'un cœur viril et fier, Thiry nous découvre le tragique en même temps que la grandeur de notre destinée. Pour avoir le don, le poète ne se croit pas libéré des contraintes qu'imposent les lois profondes de la poésie. Aussi sa technique est-elle à la fois souple et rigoureuse. Il connaît le pouvoir d'incantation des mots et use des ressources du langage poétique le plus neuf. Mais ce ne sont point là libertés qu'il s'accorde. Son art est le plus conscient, le plus réfléchi qui soit. Les thèmes limités que traite Maurice Carême sont vieux comme le monde, dira-t-on. Mais le lyrisme ne s'est-il pas toujours nourri de lieux communs ? Chanson pour Caprine, Mère, Petite Flore (1937) : titres simples, manière simple. Qu'importe encore si cette naïveté est plus ou moins cherchée, dès lors que son charme agit. Qu'il nous parle de sa femme, de sa mère, des fleurs des champs et des jardins, Carême le fait avec une vérité, une émotion et une grâce telles que, sans songer au métier, habile certes, nous nous abandonnons à l'enchantement. Epris de grands sujets, au contraire, et inquiet du mystère qui nous entoure, Edmond Vandercammen s'est plu à écouter la rumeur universelle et à se perdre dans l'immensité des mondes. Mais il est aussi hanté du désir d'étreindre la terre, l'éternelle et apaisante mère nourricière, qu'il divinise et prie dans sa joie retrouvée. Poussé par ses dons de poète bucolique, il a chanté les vastes horizons, la solitude et le silence des champs. C'est là surtout qu'il nous émeut, car il nous y ramène à l'homme et aux vérités premières. Il doit à son amour de la nature ses plus belles et plus sapides images, ses vers les plus harmonieux, ses accents les plus humains (Le Sommeil du laboureur, Naissatice du sang. Tu marches dans ma nuit, 1938). Armand Bernier, lui aussi, aime et comprend la nature. Il l'aime jusqu'à vouloir se confondre, se dissoudre en elle. Les hommes l'ont déçu; l'univers et les dieux lui apparaissent hostiles. Dès lors, c'est dans la glorification de la terre, de l'eau et du ciel, dans la contemplation émue de l'insecte, des fleurs et des oiseaux, dans l'extase panthéiste que Le Voyageur égaré retrouvera le paradis perdu. Or, voici qu'une nouvelle angoisse étreint l'homme que sa condition même accable et désespère (Le Sorcier triste). Après avoir en esprit détruit un monde sans recours, il ne lui reste qu'à demander au songe de le changer en arbre (Quatre songes pour détruire le monde, 1938). Poésie intime et fervente, mélodieuse aussi, d'un art très surveillé en dépit des libertés, à mesure plus grandes, du vers, et qui révèle un cœur nostalgique, éperdument épris d'idéal. Dernier venu parmi ces poètes, Roger Bodart dit ses regrets, ses inquiétudes et ses peines. Mais il n'oublie pas pour autant l'effort et la souffrance des hommes dans leur marche incertaine et lente vers la Lumière. Au ton de la confidence mélancolique et fraternelle des Mains tendues succède l'accent grave et sourdement angoissé de l'Office des ténèbres (1937). Si la poésie coule de source et appelle naturellement les images, son art demeure retenu et discret. Etranger aux modes et aux écoles, Bodart accepte sans gêne — du moins il paraît ainsi — la stricte discipline du vers régulier. Durant ces années, on le voit, la source poétique ne menaçait pas de tarir, ni l'originalité du talent de se perdre. D'aucuns pourtant, devant certaines extravagances surréalistes, ont crié à la faillite de la poésie formelle et annoncé — trop tôt — qu'il ne restait au lyrisme qu'à se réfugier dans la prose. La prose poétique, il est vrai, a été un mode d'expression apprécié. De ceux qui l'ont adopté, la plupart se sont fait un nom aussi, tantôt comme romancier, tantôt comme poète en vers, tantôt encore comme prosateur et poète à la fois. Les Poèmes en prose, réalistes et émouvants, de Constant Burniaux; les proses véhémentes et fortement rythmées de Charles Plisnier (L'Enfant aux stigmates. Fertilité du désert); les minutieuses et pénétrantes Notes prises d'une lucarne par Franz Hellens; les pages d'une invention si plaisamment saugrenue, mais aussi parfois d'une vérité si pathétique, d'Henri Michaux (Ecuador, La Nuit remue) ; celles où sè donnent carrière la fantaisie et la goguenardise d'Eric de Haulleville (Le Genre épique) ; celles où un Marcel Lecomte, un peu solennel, dénonce le mystère des choses quotidiennes et cherche à nous donner le Vertige du réel; celles enfin où un Paul Desmeth, analyste rigoureux et grand abstracteur de quintessence, nous conduit à douter avec lui de l'évidence, autant d'essais qui attestent la faveur à ce moment de cette forme un peu bâtarde de la poésie traditionnelle. A considérer dans son ensemble la floraison poétique de ces deux décades, on demeure surpris qu'en un si court espace elle ait pu s'offrir si abondante, si variée, si riche en promesses et en réalisations. De nombreux, d'authentiques poètes s'y sont, en effet, révélés, grâce à qui l'apport belge, dans la vaste production française du moment, n'apparaît ni moins important, ni moins original que ceux des périodes précédentes. Faut-il s'étonner si, dans beaucoup d'œuvres qui voient alors le jour, s'exprime l'inquiétude de cette époque fiévreuse et bouleversée à quoi deux guerres ont assigné ses limites ? C'est même cette inquiétude qui, sous les cent aspects qu'elle peut prendre, imprime sa marque propre à l'inspiration du moment et confère à cette poésie sa haute valeur de témoignage. Elle se décèle aussi bien dans le désir d'évasion des amateurs de féerie ou d'exotisme que dans les anxieux sondages des psychanalystes ou le tourment métaphysique des chercheurs d'absolu. Le temps n'est plus où l'artiste ne songeait qu'à s'isoler dans sa tour d'ivoire, à poursuivre, les yeux fermés au réel, une sereine et gratuite rêverie, à ciseler une forme à qui son propre éclat semblait parfois pouvoir suffire. Au paysage intérieur, à la songerie pure, au simple jeu des mots et des images, s'est substituée chez la plupart une conception poétique, chargée d'un plus noble souci : celui de considérer, par delà les vicissitudes d'une destinée particulière, les grands problèmes de la condition humaine. Le vrai talent a su, d'autre part, éviter les fautes et les exagérations où a pu conduire parfois la doctrine surréaliste. Le désordre concerté, toutes les cocasseries et les extravagances qu'a suscitées la révolution poétique à ses débuts, n'ont retenu que les médiocres, avides d'une originalité à tout prix. Pour courte qu'elle ait pu être, l'ère des tâtonnements ne fut pas inutile : les meilleurs, séduits, eux aussi, par les ressources qu'offrait la nouveauté, trouvèrent, dans les efforts que leur coûta leur attachement raisonné à une métrique et à une prosodie exigeantes, l'occasion d'assurer leur art et d'assouplir leur métier. Enrichie par tant d'expériences, la poésie, en vérité, n'a pas fait retour au passé. En adaptant les règles traditionnelles au goût et à l'esprit du temps présent, elle a prouvé qu'elle tendait vers un équilibre, lui-même — on veut le croire — annonciateur d'un nouveau classicisme. L'auteur dramatique — c'est là une vérité que nul ne songe à contester — n'a chance de se faire connaître que si un entrepreneur de spectacles consent à le jouer, à risquer, pour monter la pièce qu'on lui propose, son argent et la réputation de sa maison. Même dans les théâtres subventionnés — peut-être surtout dans ceux-là — le directeur évaluera, avant d'accepter une œuvre, les chances qu'elle a de plaire au public. Or, le public belge est un public à certains égards difficile à contenter. S'il fait volontiers bon accueil aux auteurs et aux comédiens français, il est beaucoup plus sévère vis-à-vis de ses compatriotes, à moins que ceux-ci aient réussi d'abord à se faire applaudir à Paris. Quelques petites scènes cependant, à Bruxelles même, se sont montrées accueillantes aux débutants qui apportaient du neuf : ce fut le cas du Groupe Libre, de Raymond Rouleau; du Théâtre du Marais, créé et dirigé par Jules Delacre; du Rataillon, ce « laboratoire du théâtre » où l'entreprenant Albert Lepage tenta d'intéressantes expériences. La méfiance du spectateur belge à l'égard de son propre théâtre, Maeterlinck lui-même a commencé par en connaître les décevants effets. Déjà illustre à l'étranger, il était resté, durant un temps, ignoré des uns, méconnu des autres dans son pays. En 1921, au Théâtre du Parc, Le Bourgmestre de Stilmonde remporta un succès dû pour une part, sans doute, à l'actualité du sujet, mais non moins au prestige, dès lors bien établi, de l'auteur. Toutefois, ses pièces suivantes : Berniquel, Marie-Victoire, Judas de Kerioth, Princesse Isabelle (1935) ne furent guère représentées en Belgique. Il est juste d'ajouter qu'elles n'apportaient rien de neuf au théâtre en général, ni à celui de Maeterlinck en particulier. Gustave Vanzype avait déjà, de L'Enfant (1893) aux Liens (1912), exposé des idées générales et des opinions généreuses. La même noblesse d'idées, la même élévation de sentiments l'inspirent quand il montre la préparation de l'avenir par les générations présentes dans Les Semailles (1919), l'opposition des Forces, matérielle et spirituelle, ou la nécessité pour un honnête homme de refuser la popularité, s'il veut agir pour le bien de tous et non pour son intérêt à lui Seul (1935). Paul Spaak (mort en 1936) ne retrouve pas le succès d'estime que la grâce un peu mièvre de Kaatje lui avait valu en 1908, en dépit de l'interprétation brillante de Malgré ceux qui tombent (1919). Pourtant ce drame historique, qui évoque les persécutions religieuses sous la domination espagnole aurait pu bénéficier d'une ferveur patriotique encore toute chaude. Mais ces alexandrins consciencieux et ces licences métriques préméditées ne séduisirent pas plus le public que les drames touffus d'Albert du Bois. Après le Cycle des douze génies (1913-1920), d'un trop vaste dessein, d'une trop haute ambition, du Bois a tenté dans Notre Déesse de réhabiliter, en cinq actes et en prose, Richelieu et Louis XIII, vilipendés jadis par Alfred de Vigny. Samouramât s'efforce, en quatre « visions » et en vers, d'opposer l'attique et tendre amour d'Hippolyte pour Myrtho à l'assyrienne frénésie de Sémiramis. Des écrivains nés entre 1880 et 1885, dont les tout premiers essais dramatiques datent d'avant 1914, ont connu l'époque où le théâtre travaillait encore à se libérer des impedimenta naturalistes et où Becque n'était pas encore passé au rang des classiques. Entre vingt et trente ans, ils avaient pu assister à la « première » d'une pièce de Curel ou de Bataille et tout de même leur préférer Pelléas. Si Max Deauville, Marguerite Duterme, Paul Demasy et Fernand Crommelynck avaient dès ce moment quelque essai à leur actif, leur œuvre, toutefois, est bien d'« entredeux-guerres ». Deauville, dans Bien qu'un homme (1925), s'inquiète du destin de l'individu quelconque, de l'être anonyme, qui a pourtant ses douleurs et ses tourments, ses remords aussi, ou son destin à accomplir parmi l'indifférence de la foule. Ecce homo s'inspire de la vie du Christ. Dans un décor, dans un langage volontairement anachroniques, sur un ton de désinvolture destiné à faire ressortir l'idée qu'il soutient, l'auteur fait se succéder sept tableaux qui montrent en quelque sorte l'envers de la Passion, telle qu'on nous la montre traditionnellement. Après la Crucifixion, la vie ayant repris son cours, le mot de la fin est prononcé par un agent de la sûreté romaine : « Ce n'est tout de même pas parce qu'un prophète est mort qu'on va s'arrêter de rigoler. » Les autres pièces de Deauville (Tamerlan, La Courbe d'une étoile, 1938) défient de même les préjugés et les croyances et soulignent volontiers le tragique isolement de l'homme parmi ses semblables. Les débuts de Marguerite Duterme remontent à 1903. Mais il faut se garder de la juger sur La Journée des Dupes, cet écrit de la vingtième année. Ce sont les Eaux-Mortes (1919) ou Les Egarés qui représentent ses intentions et son talent. Marguerite Duterme expose avec précision, dans une langue simple, aussi directe, aussi peu didactique qu'il est possible dans le théâtre d'idées, des « cas » psycho-pathologiques : inimitié fraternelle fondée sur les rancunes et les refoulements de l'enfance, liens redoutables et odieux qui enchaînent un jeune poète trop beau à un douteux protecteur. Tout comme Marguerite Duterme, Paul Demasy a affronté le public et les critiques parisiens. Jésus de Nazareth (1924), La Tragédie d'Alexandre, où se manifeste l'audacieux et noble dessein de rénover de grands thèmes, lui valurent l'estime d'un juge aussi sourcilleux que Paul Léautaud, d'un homme de théâtre aussi connaisseur que Lugné-Poë. Milmort, créé en 1933 au Théâtre de l'Œuvre, interprété par Marguerite Jamois dans le rôle de Béatrice, la fille tentée et révoltée du satanique Milmort, provoqua des réactions vives parmi les spectateurs et la critique. Le sujet scabreux — mais le scabreux était fort à la mode — indignait les uns, séduisait les autres. L'interprétation remarquablement intelligente emportait tous les suffrages et servait à merveille le dialogue, rapide, net et violent. L'œuvre, au surplus, ne permettait plus qu'on discutât les qualités du dramaturge, la valeur de l'écrivain. La signification profondément humaine des personnages, en dépit de l'anomalie du cas, l'intensité dramatique de l'action, le pathétique des situations, la sobre éloquence et la haute tenue du style, tout contribuait à faire de cette pièce cruelle et noire un drame d'une forte et âpre beauté. L'Homme de Nuit (1939), représenté par le Théâtre de l'Œuvre, à Bruxelles, puis à Paris, à quelques jours d'intervalle, agite un problème moins trouble que celui de l'inceste, mais l'action et le ton du dialogue montent également au paroxysme avant de se briser dans une chute inattendue. Le Théâtre Royal du Paie à Bruxelles. (Cliché Jacobs.) Gustave Vanzype. Portrait peint par Opsomer. On ne saurait comparer l'accueil très favorable fait aux pièces de Demasy par certain public composé d'intellectuels, d'amateurs de théâtre, de spécialistes ou de curieux des problèmes freudiens, au succès retentissant remporté par Fernand Crom-melynck. Succès mélangé, de scandale et d'enthousiasme à la fois, mais précisément à cause de cela, signe de l'adhésion durable et féconde du spectateur. La première salve d'applaudissements éclata le 20 décembre 1920 à la représentation, avec Lugné-Poë, du Cocu Magnifique. Bruno, le cocu — qui ne l'est pas —, mérite une place d'honneur entre Don Garcia de Navarre et le Barbouillé, en face du panneau des dupes où se suivent Alceste, Boubouroche et l'amant de La Parisienne. Si Le Cocu magnifique est la pièce la plus célèbre de Crom-melynck, Carine nous semble la plus riche de sens, la plus poignante et la plus déliée de forme. Cette «jeune fille folle de son âme », comme l'indique le sous-titre, en réalité ivre de pureté, voit s'offrir à elle avec une ignoble impudeur toutes les turpitudes qui s'étaient dérobées à ses regards jusqu'à la veille de ses noces. Amies, parents, serviteurs, et son jeune époux lui-même, confondant ignorance et innocence, croient pouvoir désormais lui révéler impunément toutes les tristes fureurs du corps. Mais Carine qui, par la puissance de sa pure tendresse, a triomphé de sa timidité et accepté avec joie les meurtrissures et la lassitude de la possession, ne pourra supporter le spectacle du Mal, de la passion égoïste et jouisseuse : elle en mourra. A cette tragédie, de ton soutenu, s'oppose Tripes d'or, comme Le Cocu, drame, farce ou tragédie burlesque, on ne saurait dire. Après la passion de la jalousie, Crommelynck rend celle de l'avarice, à la fois grotesque et pitoyable, dans une série de scènes grouillantes de vie, hautes en couleurs, truculentes de style. Une Femme qui a le cœur trop petit et Chaud et froid (1936) reprennent, avec des variantes qui font le caractère particulier de chacune de ces pièces, le ton et l'élan de Tripes d'or. Au total, théâtre hardi par l'ampleur et l'universalité de ses thèmes ainsi que par la forme puissamment originale où ils sont exprimés. Chose curieuse, on peut en dire autant d'une œuvre diamétralement opposée à celle-ci par le ton et l'objet : celle de Maurice Tumerelle. L'écrivain n'aborde le théâtre qu'après 1920 et, en moins de vingt ans, accomplit une des plus remarquables explorations psychologiques de notre littérature. En 1924, Compagne de mes jours sonne le « la » pour cette suite de thèmes en mineur dont Tumerelle n'a pas fini de développer les subtiles variations. Cet acte, riche de substance, sobre de personnages, de péripéties et de dialogue, résume ce qui sera l'essentiel de ce théâtre : l'insatisfaction de l'être qui se cherche une raison de vivre, qui, au besoin, l'inventerait dans le malheur et le crime, et ne se trouve finalement qu'un vain et humiliant désir d'exister. Marie se plaint de n'être pour son mari que « le banal ange gardien du foyer ». Elle voudrait vivre les émotions sentimentales que son compagnon se contente de découvrir dans ses livres favoris. Elle rêve d'une existence héroïque, passionnante... Dépitée par le bon sens narquois de son mari, elle quitte la maison — pour y revenir bientôt, vaincue par la morne et implacable réalité. Ce thème s'éploie dans L'Empire de Darius (1926) en un rythme plus large et plus mouvementé. Trois actes nous montrent successivement les rêveries ardentes et périlleuses d'An-nette, la fille de l'éclusier, sa fuite manquée avec le joyeux pilote de r« Empire de Darius », un chaland qui transporte des ardoises, du Nord vers l'hallucinant Paris, et sa désillusion lorsque la femme de Pierre le Pilote, à un nouveau passage de la péniche, lui révèle la duperie à la fois de l'homme qui ment et de la vie qui déçoit. Tandis que dans Prospérité et Sensorium limited la verve de l'auteur éclate en gerbes d'étincelles moins brûlantes que brillantes, son ironie imprègne La Paix des champs d'une amertume corrosive. Le drame se joue ici entre six personnages, êtres vivants, de chair et de sang, puissamment modelés chacun par ses passions et sa condition, et jetés par les circonstances les plus banales les uns sur les autres, en postures de défi et de haine. Les épisodes cocasses et les inventions les plus hardies s'entent fermement sur un solide fond de vérité humaine, tandis que les personnages ne cessent de s'exprimer dans un langage naturel et sobre. Les répliques sifflent comme lanières de fouet dans Musique de Chambre (1938); elles se répondent avec une grâce plaisante dans Desdémone; elles sonnent, claquent ou grincent, sautant d'un ton à l'autre, dans un dialogue sans cesse rebondissant —• mais c'est le spectateur qui halète — dans La Femme d'Olivier. Le théâtre de Tumerelle a ceci de commun avec celui de Becque duquel on l'a parfois rapproché : c'est qu'il ne ménage ni les préjugés du public, ni les habitudes des critiques patentés. Attitude de l'écrivain sûr de lui et de ce qu'il a à dire, mais que la longue et dure épreuve du temps, seule, rend victorieux. Parmi les écrivains, dont même les tout premiers essais datent d'après 1918, on ne saurait établir de rangs sans tomber dans une risible présomption. Cinq auteurs, en tout cas, nous paraissent, à des titres divers, sortir de pair. Henri Soumagne (mort en 1951) semble s'être amusé ferme en inventant l'intrigue et le dialogue d'une farce comme Bas-Noyard (1924), ou même d'un drame comme Terminus, ou même encore d'un « mystère » comme Madame Marie. Et le secret de cet amusement est sans doute le scepticisme foncier de l'auteur devant toutes les illusions dont se bercent les hommes, la plus grande, la plus efficace, mais aussi la plus déconcertante pour sa raison lucide étant la Foi. C'est elle qu'il poursuit de son ironie spirituelle et désinvolte dans Madame Marie. Il y représente la Passion. Son but a été, non d'écrire un ouvrage historique, mais, comme il le dit dans sa préface, « de mettre à la scène ce qui a pu se passer là-bas, voici deux mille ans bientôt ». Cette pièce curieuse, non par le choix du sujet — celui-ci a tenté plusieurs de nos auteurs — mais par les Maurice Tumerelle. observations psychologiques dont elle est roccaslon, dépasse aussi, par la force et l'harmonie de la langue, Bas-Noyard et Termintis, les autres pièces de l'auteur. La première fait la caricature des mœurs et des méthodes électorales. La seconde développe, au cours d'une action schématique, le thème inépuisable de la « folle espérance humaine ». Arrivé, après d'épuisantes angoisses, tout près du «terminus» fatal, le personnage principal aspire encore à ne rien perdre de sa «délicieuse souffrance d'exister...». Fixé à Paris, Léon Ruth écrivit des pièces généralement inspirées de l'esprit boulevardier. En 1925, il commença, avec Inquiétude, à exposer, dans un dialogue sans façon, des sujets plaisants et assez minces. Vinrent ensuite Tennis, C'est jeune et surtout L'Homicide, la meilleure, semble-t-il, la plus habile de ses œuvres. De dix ans plus jeunes que Soumagne et que Ruth, Odilon-Jean Périer et Herman Closson débutent au théâtre vers 1925, au même moment que ces aînés. O.-J. Périer, mort trop tôt pour avoir pu donner sa mesure (1901-1928), laisse supposer pourtant, par Les Indifférents ou On s'amuse comme on peut, que sa verve malicieuse et drue devait s'épanouir en un talent robuste et caustique. Herman Closson dirige les pointes de ses flèches spirituellement barbelées vers la fausse vertu, le faux honneur, la fausse grandeur dans La Farce des deux nues et Godefroid de Bouillon (1935). Dans la première de ces pièces, le dialogue, sans être obscène, est cru. Dans la seconde, il est plus dense, plus incisif, aussi moins naturel. Cela viendrait-il de ce que l'auteur, moins soucieux des faits psychologiques, veut y démontrer surtout un principe philosophique : la nécessité à laquelle obéit un personnage historique de demeurer fidèle à son rôle ? L'homme toutefois reste l'homme, même lorsqu'il est hanté par la grandeur. Mais si, en dépit de l'apparence, il échoue dans l'action, il arrive qu'il triomphe dans la création. C'est ce que tend à montrer William ou la Comédie de l'aventure (1938) où, pour Shakespeare, comme pour le spectateur, se confondent les jeux du théâtre et ceux de la vie. Firmin Van den Bosch (1865-1949). Maurice Wilmotte (1861-1942). Dans les pièces de Closson, comme dans celles de Soumagne, des thèmes clairs, des idées nettes sont le motif ou l'occasion de discussions précises, voire subtiles, en un langage brillant jusqu'à la virtuosité. Tranchant nettement sur ces deux œuvres, celle de Michel de Ghelderode nous transporte dans un univers surnaturel, parmi des personnages de légende, des héros, des saints ou des fantoches. Ceux-ci expriment, avec un lyrisme magnifique ou une crudité brutale, leurs élans mystiques, leurs haines frénétiques ou leurs violents appétits. Cette œuvre qui porte, profondément imprimée, sa marque flamande et reflète, de bout en bout, la puissante personnalité de son auteur, déconcerta d'abord. Il fallut que Ghelderode attendît la cinquantaine sonnée pour que le public tolérât sa forme si personnelle et reconnût dans son théâtre des sujets d'intérêt universel. Pourtant La Mort du docteur Faust, Chris-_ tophe Colomb et surtout l'impressionnant Barabbas eussent dû tenter des metteurs en scène curieux ou hardis. Ce fut le cas d'ailleurs... mais ces novateurs étaient flamands. Et c'est dans la version néerlandaise que Barabbas par exemple fut créé, en 1929, sous la régie de Johann de Meester et dans les décors de Jespers. Des Vieillards (1924) à Hop Signor ! (1938), l'œuvre dramatique de Ghelderode est d'une abondance qui défie l'analyse. De toutes ces pièces, qu'elles s'appellent tragédie, drame, farce pour le music-hall, mystère burlesque, comédie ou féerie dramatique, la plus ghelderodienne est sans doute Barabbas. Cette autre histoire de la Passion est surtout prétexte à camper un personnage patibulaire — celui que le peuple préféra à Jésus — et à le faire apparaître, d'acte en acte, comme l'Homme de bonne foi parmi les fourbes et les lâches de toutes espèces : celui qui laisse commettre l'iniquité et s'en lave les mains, celui qui y assiste en sceptique railleur et cruel, celui qui persécute l'innocent pour flatter le pouvoir, enfin la foule aveugle, imbécile et brutale, qui délivre le criminel avéré et condamne celui qu'elle a acclamé la veille. L'intérêt du drame est multiple : psychologie individuelle, psychologie de la foule, atmosphère envoûtante, évocatrice de Gustave Charlier. Portrait peint en 1952 par Claude Lyr. malheur et de crime, démonstration puissamment dramatique et persuasive d'une idée morale grande et simple. Au dernier acte de la « tragédie », tandis que Jésus expire, que les ténèbres s'étendent sur la terre et que les apôtres s'affaissent terrifiés, Barabbas appelle les gueux aux armes pour aller venger le Christ, « égorger les prêtres, les juges, les riches, les exploiteurs... » Il n'en a pas le temps : le pitre qu'il a tout à l'heure brutalisé, le frappe d'un coup de couteau dans le dos. Barabbas meurt, content de saigner comme Jésus, «la justice... elle, se fera... Mais Jésus est mort pour quelque chose... et lui pour rien du tout » . Est-il nécessaire d'insister, au terme de cette rapide esquisse du théâtre belge d'entre les deux guerres, sur l'opposition nette qu'on y découvre des tempéraments flamand et wallon ? Un Ghelderode déploie dans Barabbas le même faste verbal, la même exubérance lyrique que Crommelynck dans Le Cocu ou Tripes d'or. Un Soumagne, un Closson s'apparentent à un Demasy et à un Tumerelle par le style nerveux, la réplique prompte et incisive, l'humour satirique ou léger. Les uns et les autres s'attachent aussi à des objets différents. Ghelderode ou Crommelynck montrent les passions qui possèdent l'homme et le font agir irrésistiblement, les fatalités qui l'emportent et le perdent. Les Wallons analysent, avec une curiosité tantôt narquoise, tantôt émue, les mouvements de la mécanique humaine et s'efforcent d'y démêler les complexes réactions des sentiments, des instincts et de la raison, les uns sur les autres. Pour l'ample spectacle de leurs monstres déchaînés, les Flamands préfèrent des intrigues touffues, aux épisodes enchevêtrés. Et ils les situent volontiers dans un décor auquel l'éloignement du temps et des lieux prête une poétique irréalité. Un Soumagne, comme un Tumerelle, choisissent de préférence la conjoncture quotidienne, et même la plus ordinaire, la plus quelconque, pour y faire jouer d'autant plus clairement, plus visiblement les ressorts de l'âme humaine. Tous nos meilleurs dramaturges, par des moyens très différents — et très personnels chez chacun — réussissent à exprimer, sans s'astreindre à un réalisme caduc et périmé, de fortes et prenantes vérités. Pour que soit complet ce panorama des lettres belges d'entre les deux guerres, il convient d'accorder ici une place aux ouvrages très nombreux et très divers qu'on a coutume de grouper sous le titre d'essais. Chacune des variétés du genre a eu ses représentants. L'histoire de la littérature a surtout recruté les siens parmi les professeurs d'université. A Maurice Wilmotte (mort en 1942), initiateur à Liège des études de philologie romane (L'Epopée française, 1939); aux frères Auguste et Georges Doutrepont (morts en 1929 et en 1941) qui dispensèrent leur enseignement, le premier à Liège, l'autre à Louvain; à Albert Counson (mort en 1933), qui occupa une chaire de littérature à Gand, ont succédé à Bruxelles, Gustave Charlier (De Ronsard à Victor Hugo, Aspects de Lamartine, Les Lettres françaises de Belgique, 1937) ; L.-P. Thomas (mort en 1948) et E. Carner-Noulet (Paul Valéry, 1927) ; à Liège, Robert Vivier (L'Originalité de Baudelaire, 1927) et Fernand Desonay (Villon, 1933); à Louvain, Joseph Hanse (Charles De Coster, 1928). A côté d'eux, d'autres fervents de la recherche se sont également consacrés aux études d'histoire littéraire. Retenons, parmi beaucoup d'autres, les noms de Maurice Gauchez (Histoire des Lettres françaises de Belgique, 1921), Camille Poupeye (Les Dramaturges exotiques, 1928), Henri Liebrecht (Les Comédiens français d'autrefois à Bruxelles, 1933), Paul Champagne (O. Pir-mez, sa vie et son œuvre, 1925), Hubert Colleye (Idées du temps, 3 vol., 1941), Maurice Kunel, Léopold Levaux. La critique littéraire est voisine de l'histoire littéraire, au point de se confondre maintes fois avec elle. Au premier rang de ceux qui l'ont illustrée chez nous, voici Firmin Van den Bosch (mort en 1949. Sur l'Ecran du passé, 1939) ; Georges Rency (mort en 1951. Souvenirs de ma vie littéraire, 1939) ; Gaston Pulings, Edward Ewbank, d'autres encore. Les œuvres de nos grands peintres, récents ou anciens, ont trouvé des historiens bien informés et de pénétrants commentateurs en Ernest Verlant Cmort en 1924), H. Fierens-Gevaert (mort en 1926) et son fils Paul Fierens; Arnold Goffin (mort en 1934), les frères Olivier-Georges et Jules Destrée (morts en 1919 et en 1936), Gustave Vanzype, Charles Bernard, Paul Gaston Colle (1881-1946). Lambotte (mort en 1940), Paul Colin (mort en 1943), Louis Piérard (mort en 1951), Paul Haesaerts, Franz Hellens et Jean de Bosschère. Notre compétence en matière de critique artistique s'appuie sur notre goût traditionnel des belles formes et de la couleur. Ne nous étonnons pas si l'essai philosophique, en revanche, a tenté moins d'écrivains. Sa lecture est généralement peu recherchée et, de la part de celui qui le traite, le genre exige des dispositions qui ne sont point communes chez nous. On sait pourtant quel vaste public Maurice Maeterlinck a su très tôt lui conquérir à travers le monde. Les angoissants problèmes que pose notre destinée en deçà et au-delà de la mort n'ont pas cessé d'occuper sa pensée (Le Grand Secret, La Grande Porte). Non content d'avoir cherché à pénétrer le mystère de la vie des abeilles, il s'est penché avec la même ferveur curieuse, le même souci de haute vulgarisation, sur la Vie des Termites et celle des Fourmis. La solution d'une autre énigme, celle qui embrasse les lois universelles et l'avenir de la création, ne l'a pas moins passionné (La Vie de l'espace, La Grande Féerie). Proche ou lointaine, toujours la préoccupation du bonheur de l'homme inspire ces méditations. Ne serait-ce pas là, en même temps que dans la langue harmonieuse et limpide qui leur sert de truchement, qu'il faudrait chercher les causes d'un succès demeuré grand ? C'est moins la nature de l'homme que l'homme dans ses rapports avec la société et la civilisation qui intéresse Louis Dumont-Wilden, soit qu'il se fasse le biographe de ces représentants d'une même lignée spirituelle : le prince Charles-Joseph de Ligne et Benjamin Constant, soit qu'il suive à travers les siècles L'Evolution de l'Esprit européen (1936). Autant d'essayistes : autant de matières et de manières. Avec l'exactitude de l'historien, le lyrisme et le don d'évocation du poète, Eugène Baie a fait revivre dans son Siècle des Gueux (III, Le Rameau en fleurs, 1938) les multiples aspects de la vie flamande à l'époque de la Renaissance. Humaniste distingué et idéaliste ardent, Gaston Colle (mort en 1948) nous fait mieux comprendre dans Les Eternels la beauté et la noblesse des grands penseurs de son choix, de Platon à Bossuet. Si Euripide, Eschyle et Périclès (1940) ont longuement retenu l'attention de Marie Delcourt, c'est l'homme qu'elle a cherché avant tout à retrouver dans chacune des figures à l'évocation desquelles elle a voué sa science, son intelligence et ses dons de parfait écrivain. Charles d'Ydewalle a consacré ses alertes et verveux reportages aux faits menus ou grands, plaisants ou sévères, d'hier et d'aujourd'hui {Vingt ans d'Europe, Enfances en Flandre). C'est à la petite histoire aussi qu'a commencé par s'intéresser Carlo Bronne, l'auteur de ces précises, vivantes et délicates monographies, à la manière de Lenôtre, que rassemblent La Porte d'exil et Les Abeilles du manteau (1939). D'autres se sont fait connaître comme les témoins diversement curieux de leur époque, encore que cette curiosité les ait poussés plus d'une fois tantôt à remonter les siècles, tantôt à pénétrer au fond d'eux-mêmes. Tels nous apparaissent, dans la variété de leurs enquêtes et la bigarrure de leurs talents, Louis De-lattre (mort en 1938. Essais d'intimisme), Louis Hannaert (.Essais et documents, 1939), Albert Guislain (Après Inventaire, 1930), Luc Hommel (Les Etapes constitutionnelles du Grand-Duché de Luxembourg, 1938), Richard Dupierreux, Paul Dresse, Marcel Lobet. Quand il ne nous mène pas par les Routes de la gourmandise, Robert Goffin se plaît à nous conter le Roman des anguilles ou celui des rats. Histoire, musique, littérature, tout l'intéresse et il nous intéresse à tout. Ce sont aussi des Histoires de bêtes que nous rapportent ces deux amis de la nature : Abel Lurkin et Adrien de Prémorel. Comment ne pas citer, enfin, dans cette rapide revue des essayistes belges de la période 1918-1940, quelques-uns de ces écrivains qui, attirés vers d'autres contrées, nous ont entraînés par la magie du style dans leurs pérégrinations proches ou lointaines ? Parmi les meilleurs récits et impressions de voyages, on aimera relire Quinze âmes et un mousse (1927), d'Isi Collin (mort en 1931); Soleils de minuit (1932), de Pierre Goemaere; la Bretagne (1934), d'Hubert Colleye; Vues d'Amérique (1927 et 1938), de Gustave Charlier; les Visages de New York (1933), de René Golstein; Arc-en-ciel sur l'Amérique (1937), d'Alex Pasquier. (Bruxelles, Palais des Académies.) Salon de l'Académie Royale de Belgique. (Cliché A.C.L.) Terre familière déjà à bien des Belges, le Congo ne pouvait manquer d'avoir sa littérature. Les livres de J.-M. Jadot, Gaston-Denys Périer et Pierre Daye ont notamment contribué à faire connaître l'histoire, les sites, les mœurs et l'art congolais. D'autres écrivains ont borné leurs courses à nos frontières et peint les paysages de Flandre et de Wallonie, la physionomie de telle région, le climat de telle ville : tandis que Pierre No-thomb dégageait Le Sens du pays en visitant ses cités et en contemplant ses sites, Jean Lurkin et Pierre Demeuse s'arrêtaient longuement devant les paysages de l'Ardenne, Louis Piérard et Paul Champagne devant ceux du Hainaut. Albert Guislain s'est chargé de nous conduire à la Découverte de Bruxelles (1930) ; Roger Avermaete a réussi une exacte et vivante Synthèse d'Anvers (1932); Charles Delchevalerie, amoureux de Liège, a flâné agréablement Autour du Perron (1932). Que d'autres ont célébré, avec l'accent d'un amour profond, les beautés multiples et changeantes de leur terre natale. La brève période de nos lettres que nous avons tenté d'évoquer, offre-t-elle des caractères suffisamment tranchés pour permettre de lui découvrir quelque unité, quelque originalité propre ? Trop rapprochés, les sanglants hiatus des deux guerres n'ont pu, nous l'avons vu, disjoindre le lien des générations. La relève s'est faite continûment, sinon toujours sans heurt. Il serait trop simple, par ailleurs, de prétendre ne voir en ces vingt années que le passage d'un âge à un autre. Toute époque littéraire n'est-elle pas, dans quelque mesure, de transition ? Celle que nous vivons cherche la formule qui triomphera demain; elle n'en a pas, pour autant, rompu avec le passé d'hier. Il apparaît toutefois que, de l'une à l'autre tourmente, la littérature belge a, comme maintes autres et pour d'identiques raisons, commencé une évolution dont il serait pour le moins téméraire d'affirmer qu'elle est aujourd'hui révolue. Avec plus ou moins d'acuité, romanciers, poètes, auteurs dramatiques ont senti, après 1918, la nécessité d'une inspiration renouvelée, basée sur une observation plus générale du monde en même temps que sur une connaissance plus profonde et plus étendue de l'homme. Les variétés du roman français, nos écrivains, attentifs aux courants de l'heure et mêlés souvent à la vie littéraire de Paris, ne les ont pas ignorées. Comparées aux productions de leurs aînés, leurs œuvres, même celles qui continuent à creuser la veine régionaliste, développent une intrigue plus complexe, s'étayent sur une psychologie plus fouillée, s'inquiètent davantage du rôle de l'individu. Même préoccupation chez les poètes de maintenir le contact avec les poètes français, voire de participer à un plus ample mouvement poétique. Même souci, chez eux, d'un retour à l'humain et aux vérités éternelles. Le théâtre, jusqu'alors plus attaché chez nous que nul autre genre à une forme et à des desseins traditionnels a, lui aussi, élargi les perspectives, découvert de nouvelles voies, animé des personnages plus variés et plus chargés de sens. La facilité des relations et la multiplicité des échanges intellectuels et artistiques ont, de manière générale, modifié les goûts, étendu les curiosités, permis de plus amples confrontations. Le particularisme littéraire, précédemment florissant, a cessé d'avoir cours. Les lettres belges — c'est là une conséquence de l'internationalisme d'après-guerre — ont adhéré plus étroitement au vaste ensemble des lettres de langue française, où elles occupent une place non moins honorable que par le passé. Est-ce à dire qu'elles ont perdu tout accent propre, tout cachet d'origine ? Nous ne le pensons pas. L'artiste, le créateur, outre qu'il subit l'influence des idées de son temps, obéit à des tendances et à des goûts dont quelques-uns dérivent d'aspirations plus profondes et plus lointaines. Parmi nos écrivains, il en est qui, parfois fort différents au premier abord, trahissent des affinités qu'explique leur commune origine, ou flamande, ou wallonne. C'est ainsi que Maurice Maeterlinck, Franz Hel- lens, Marie Gevers, Fernand Crommelynck demeurent, en dépit de la langue dont ils se servent, des représentants de l'humeur et du tempérament flamands. Sans plus de préméditation, Edmond Glesener, Jean Tousseul, Robert Vivier, Marcel Thiry, Maurice Tumerelle, plus proches par l'esprit de leurs confrères français, n'en gardent pas moins certains traits qui font d'eux les interprètes de la sensibilité wallonne. Il convient, au surplus, de reconnaître que tous les écrivains belges ne se laissent pas ainsi ranger — il s'en faut — dans l'un ou l'autre groupe ethnique. Il en est plus d'un qui, d'ascendance à la fois flamande et wallonne, mêle en lui les caractères, plus ou moins marqués, de sa double lignée d'ancêtres. Il en est chez qui ces caractères n'apparaissent d'aucune façon. Quoi qu'il en soit, s'il est souhaitable — comme d'aucuns le croient — que notre littérature garde, dans le vaste empire spirituel auquel elle se rattache, une originalité propre, c'est par l'instinctive fidélité aux génies de nos deux peuples qu'elle aura chance de la maintenir. (Bruxelles, avenue F. Roosevelt.) Façade de l'Université Libre de Bruxelles. (Cliché A.C.L.) LA LITTERATURE NEERLANDAISE DE BELGIQUE DE 1918 A 1940 par MatW RUTTEN Professeur à l'Université de Liège ORSQUE prit fin la première guerre mondiale, la génération née de la revue et du mouvement littéraire Van Nu en Straks (D'aujourd'hui et de demain, 1893-1901) n'avait pas cessé de produire. Au contraire, c'est à partir de ce moment seulement que les représentants les plus jeunes du groupe se préparaient à consolider les positions acquises et à achever, dans un monde traversé de courants artistiques divers, même contradictoires, une œuvre déjà élaborée en partie avant 1914. Ce fut le cas du romancier de la terre west-flamande Stijn Streuvels (1871), du styliste par excellence Fernand-Victor-Toussaint Van Boelaere (1875-1947), du poète et prosateur fin-de-siècle Karel van de Woestijne (1878-1929) et de ce créateur d'hommes qu'est Herman Teirlinck (1879). Il suffit de songer respectivement à De Teïeurgang van de Waterhoek (La fin du Waterhoek, 1927), De Dode die zich niet verhing (Le mort qui ne se pendit pas, 1937), Wiekslag om de Kim (Coup d'aile à l'horizon, 1920-28), Maria Speermalie (1940) de ces auteurs, pour constater que c'est pendant l'entre-deux-guerres qu'ils sont parvenus à donner le meilleur d'eux-mêmes. Teirlinck, en outre, se rallia après 1918, comme auteur dramatique, à la formule du théâtre expressionniste; il inventa des mythes nouveaux et de nouvelles techniques, tandis que August Vermeylen (1872-1945), lui qui avait été le fondateur et le chef incontesté du mouvement fit paraître, peu après 1940, un remarquable recueil d'essais, Beschouwingen (Considérations, 1942), et un roman très discuté, Twee Vrienden (Deux amis, 1943). Ainsi le mouvement Van Nu en Straks au sens le plus large forma la toile de fond des lettres néerlandaises de Belgique, pendant la première moitié de ce siècle. Après 1914 d'ailleurs, avant que le renouveau expressionniste s'y fît sentir, une nouvelle génération, ayant fait ses débuts dans les revues Vlaanderen (Flandre, 1903-07), Vlaamse Arbeid (Œuvre flamande, 1905-30), et De Boomgaard (Le Verger, 1909-11), s'inspira des idées maîtresses de Van Nu en Straks, la recherche de l'homme, le respect des liens qui l'unissent à la nature et à la société, la défense de l'œuvre d'art en tant que « forme de vie », le désir d'être des Flamands pour devenir des Européens, d'après l'adage bien connu de Vermeylen. Elle donna raison à celle qui l'avait précédée, renforça le bien-fondé de celle-ci et fit en sorte que, pendant l'entre-deux-guerres, quelques nouveaux venus purent s'imposer à l'attention, comme poètes ou romanciers. Parmi les poètes citons le stoïque Firmin Van Hecke (1884), le sage Jan Van Nijlen (1884), le pieux August Van Cauwelaert (1885-1945); parmi les romanciers Maurits Sabbe (1873-1938), l'évoca-teur délicieux de Bruges-la-Morte, auteur de cet ouvrage anachronique 't Kwartet der Jacobijnen (Cliché A.C.L.) Panorama de Gand. De gauche à droite, tours de Saint-Bavon, du Beffroi, de Saint-Nicolas et du bâtiment de la poste. (Le quatuor des Jacobins, 1920, — Lode Baekelmans (1879), qui nous fit connaître avec sa verve coutumière, dans Elck wat wils (A chacun selon sa volonté, 1925), l'esprit des concitoyens de Op-Sinjoorken, — Ernest Claes (1885), le père de cet inoubliable sauvageon De Witte (Filasse, 1920), — Félix Timmermans (1886-1947) qui sut attirer sur lui et son rejeton Pallieter (1916), bien avant la fin de la guerre, toutes les sympathies du lecteur flamand et même hollandais; l'œuvre fut traduite après la guerre en français (trad. B. Claessens, 1923), de sorte que la renommée de ce chantre en prose de la terre de Bruegel ne fit que s'accroître, depuis H et Kindeken Jésus in Vlaanderen (Le petit enfant Jésus en Flandre, 1918) à Boerenpsalm (Psaume paysan, 1935), en passant par une série de romans et de contes, aussi savoureux que truculents, bien que parfois par trop empâtés. Le groupe qui avait le mieux compris les leçons de Van Nu en Straks fut De Boomgaard. Bien que ne disposant pas de l'inspiration ni du souffle nécessaires à toute œuvre de valeur, les collaborateurs de la revue, — parmi eux, avant tout, Paul Kenis (1885-1934), Paul-Gustave Van Hecke (1885) et André De Ridder (1888), — essayèrent de créer cette littérature « de demain » dont avaient rêvé les amis de Vermeylen, et qui devait être cosmopolite quant à l'esprit, moderniste quant à la forme. Les positions battues en brèche par ces rénovateurs furent le roman régionaliste flamand, l'esprit d'obédience confessionnelle, le traditionalisme thiois dont ils ne savaient que faire. Ils furent, comme les adhérents de la revue H et Roode Zeil (La voile rouge, 1920) qui succéda à De Boomgaard, fantaisistes, libertins, hardis à tout point de vue. C'est dans ce milieu que parurent, sous la plume de Van Hecke (ps. Johan Meylander), le plus avant-garde de ses amis, une apologie trop oubliée de l'esprit décadent sans le situer au niveau de l'état d'esprit esthétique, né de la première guerre mondiale. La poésie surtout, — c'est aussi le cas en Allemagne, en France, en Italie, — se propose deux choses : chez d'aucuns tendre à un idéal de messianisme humanita-riste et unanimiste, d'essence plutôt mystique que positive, chez d'autres réaliser, après toutes les défaillances d'un symbolisme décadent, cette « poésie pure », fruit du verbe sensibilisé à l'extrême et de l'expression directe. Les premiers se souvenaient de l'œuvre prophétique de Rabindranath Tagore, de Walt Whit-man, plus près de nous de La vie unanime de Jules Romains, les autres soit des expressionnistes allemands tels que Johannes Becher, Alfred Dôblin, Casimir Edschmid, Else Lasker-Schiiler, August Stramm et Franz Werfel, soit des « poètes purs » français tels que Guillaume Apollinaire, Biaise Cendrars et Jean Cocteau. Van Ostaijen, entre autres, le plus doué et le plus intelligent de tous, ne perdit toutefois pas le contact avec la tradition flamande; il s'inspira des techniques multiples de Guido Gezelle, le « poète pur » par excellence chez nous, et se souvint même de la poésie moyenâgeuse de Hadewijch. Il alla plus loin encore, et définit la poésie comme étant une expérience mystique, par le truchement du verbe. Ce qui caractérise les poètes expressionnistes flamands, c'est le fait que les plus en vue ont débuté suivant la tendance de l'expressionnisme romantique (la formule est de Van Ostaijen lui-même) ou humanitariste, pour évoluer finalement vers l'expressionnisme organique (Van Ostaijen), ou purement formel. C'est de toute évidence, le cas de Van Ostaijen, de Burssens et de Gijsen. Mussche resta quelque peu égal à lui-même. Quant à Moens, il débuta comme poète biblique de la jeunesse flamande pacifiste et nationaliste, et sombra dans la poésie de combat. Si nous faisons le compte de ce que cette jeunesse, à la recherche de l'homme nouveau et de la poésie nouvelle, nous a légué de vraiment transcendant, la moisson n'est sans doute pas (Cliché Arcliief en Muséum voor het Vlaamse Cultuurleven [Anvers].) Paul Van Ostaijen. (Fashion, 1920), une étude de la tendance «dada» (Dada, 1920), ainsi que les premiers commentaires, en Flandre, de l'œuvre de Marcel Proust et d'André Salmon. Par contre. De Ridder y fit connaître au moyen de traductions, et ceci en collaboration avec un ami, des poèmes de Rainer Maria Rillîe, Hugo von Hoff-mannsthal et Stefan Zweig. Ceci eut lieu en 1910 déjà, de sorte que c'est dans ce groupe même que, de 1910 à 1920, se prépara, du moins tacitement, l'esprit du modernisme intégral de l'après-guerre. De Ridder, ne nous avoue-t-il pas lui-même, en renversant la formule bien connue de Vermeylen : « Les jeunes du Boomgaard n'ont pas été loin de croire qu'il importait d'être européen avant tout, flamand par la même occasion» (1) ? Quoi qu'il en soit, ce ne sont cependant pas les jeunes du Boomgaard qui sont parvenus à réaliser, après 1920, un programme complet de rénovation moderniste, d'esprit européen. Ce fut, en partie, la tâche d'une génération, plus jeune encore. Celle des groupes Ruimte (Espace, 1920-24), Ter Waarheid (Vers la vérité, 1921-24), Pogen (Essais, 1923-25), et Avontuur (Aventure, 1928). A ceux-ci s'était joint le périodique déjà existant Vlaamse Arbeid, rénové vers 1919 en tant que porte-parole de l'expressionnisme européen, et dans lequel Paul Van Ostaijen (1896-1928), le défenseur du modernisme intégral, put faire paraître ses remarquables essais sur l'art nouveau et ce qu'il considérait comme étant la « poésie pure » de l'époque. L'expressionnisme flamand, auquel se rallièrent, — outre Van Ostaijen, — Gaston Burssens (1896), son ami fidèle et meilleur élève, Achille Mussche (1896), Wies Moens (1898) et Marnix Gijsen (ps. du D"- J.-A. Goris, 1899), se manifesta avant tout dans le domaine de la poésie et du théâtre. Nous avons déjà cité Teirlinck pour ce qui est de l'art dramatique à cette époque, — à lui s'ajoutent Anton Van de Velde (1895) et autres dramaturges qui, sous l'impulsion de metteurs en scène russes tels que Meyerhold et Taïroff, ainsi que du Vlaamse Volkstoneel (Le théâtre populaire flamand, 1920-39), s'inspirèrent de la technique théâtrale rythmique, dynamique et constructiviste. D'une façon générale, on ne peut comprendre cet art nouveau t' JAARGASO, S- I HetRoode KUNST - LETTEREN - LEVEN IN DIT NVMMEtt ! Arthur Contëllt — Victor O* Mtfrt — André d* Ridd»r Jo/mt Mtflandtr — rabHc* Poldtrmmn — Mumah — nrmiH tHtn Hëek* — KartI Pan d* ff^Mâlgnt. (1) A. De Ridder, La littérature flamande contemporaine, 1890-1923, Anvers-Paris, 1923, p. 173. UitgaVen " HET ROODE 2EIL " 46, Kardinaaistraat, Vrussel- Voor HoUand: VALKHOfF 6 Co, AMERSFOORT « Hol Roode Zeil » (La Voile rouge), revue littéraire llamande. Page de titre du n» 1 (15 mars 1920). fort riche. Elle fut trop turbulente à pouvoir se concentrer sur des œuvres fouillées et pleines de souffle; elle se dépensa en d'interminables polémiques critiques avec les aînés de Van Nu en Straks d'une part, d'autre part avec le groupe de la revue 't Fonteintje (La petite fontaine, 1921-23), dont les critères esthétiques ne furent autres que ceux de la génération de 1890; par contre, profitant du bénéfice exceptionnel de la jeunesse, — de plus, nous dit Van Ostaijen, la poésie a toujours raison, — elle nous laissa quelques poèmes, quelques recueils d'une inestimable valeur, fût-ce à cause de l'expression imagée, de l'écriture incisive et dépouillée de tout relent symboliste, du culte du verbe pur. — La poésie = l'art du mot, — nous dit encore Van Ostaijen. La poésie n'est pas : idée, esprit, de belles phrases, elle n'est ni doctorale, ni dada. Elle est simplement un jeu au moyen de mots, ancré dans ce qui est métaphysique. » C'est ce jeu que la génération de Buimte a compris, ce respect du verbe simple, symbole de la confrontation du sens et du son, qui nous valut quelques œuvres de premier plan, telles que Eerste Boék van Schmoll (Premier livre de Schmoll, 1928) de Van Ostaijen, Klemmen voor Zangvogels (Attrapes pour oiseaux-chanteurs, 1930) de Burssens, De Boodschap (Le message, 1920) et cette prose poétique des Cel-brieven (Lettres de cellule, 1920) de Moens; enfin, l'œuvre d'un petit maître, Het Huis (La maison, 1952) de Gijsen. Et j'en passe, — il faudrait encore citer Victor Brunclair (1899-1945), Maurice Gilliams (1900), le délicat Paul Verbruggen (1891) surtout, qui tous ont contribué, vers la même époque, à la recherche d'une expression poétique sobre et suggestive, et d'une rare beauté. Nous venons de nommer la revue en miniature 't Fonteintje. Quatre noms s'inscrivent au palmarès de ce groupe qui, bien que fort peu nombreux, batailla passionnément dans les rangs mêmes des modernistes et prit sur lui la défense d'une poésie plus modérément évolutionniste, voire traditionnelle au bon sens classique. Ce sont Richard Minne (1891), Maurice Roelants (1895), Karel Leroux (1895) et Raymond Herreman (1896). Dans leur entourage immédiat, le critique et poète d'inspiration cosmique Urbain Van de Voorde (1893) les soutint de toutes ses forces dans le combat pour ce qu'ils considéraient comme étant les seules normes de l'art des vers. En effet, les « passéistes », comme on les a appelés, ne se souciaient guère de dada, du dandisme et du surréalisme naissant; ils virent en van de Woestijne un modèle parfait à la suite et selon la technique duquel ils pouvaient donner libre cours à ce qui les tourmentait, sur le plan de l'humain avant tout. Quoique van de Woestijne ait été leur prototype, du point de vue général de leur art poétique, il ne s'agit cependant pas de surestimer, dans ce cas, son influence immédiate. De même, ne peut-on exagérer outre mesure l'importance qu'auraient eue dans le groupe les fantaisistes français tels que Derème et Tou-let, Carco, Pellerin et Salmon. Ils se sont astreints à se rechercher eux-mêmes, par les moyens propres d'une expression verbale, adaptée à leur tempérament et à leur regard sur le monde. L'exemple le plus typique de cette façon de faire est celui de Minne, un de nos grands poètes, au sens plein du mot. Il est l'auteur d'une œuvre fort réduite — un seul volume de vers, In den zoeten Inval (Au bon accueil, 1927), un choix de vers inédits, de missives et de petits récits, Wolfijzers en Schietge-weren (Pièges à loups et armes à feu, 1942), quelques contes, — mais elle témoigne d'une inspiration primesautière, profondément humaine et même philosophique, qui n'a pas son égale en Flandre. Ce qui caractérise l'art de Minne, tellement peu littéraire, par là fort original dans les lettres néerlandaises de cette époque, c'est la façon inattendue de voir et de dire les choses, son engagement à en même temps son détachement de la nature et de la vie, son ironie sentimentale, occupée à percer les mystères de l'existence. Il lui suffit de très peu de chose, un parterre de salade, une source, un vieil hôtel, pour que son imagination fluide et attentive l'emporte au cœur même du drame intérieur d'un état d'âme combattif, d'une vision fantaisiste, mais apitoyée de l'existence. Et tout cela est dit dans un langage, en même temps nu et lourd de sens, qu'aucun de ses nombreux épigones n'a pu imiter, sans verser dans le ridicule. Si 't Fonteintje continue à avoir quelque importance pour nous, c'est en premier lieu à cause de la forte personnalité de Minne qui, sans faire de la littérature, a atteint une perfection exceptionnelle, en un temps où la poésie se hasarda trop loin dans la voie du modernisme, ou continua à suivre des sentiers trop battus. Ce fut le cas pour Herreman et Roelants; le premier nous habitua à une poésie moraliste d'un rythme cependant dé- Salon de la « Koninklijke Vlaamsche Academie voor Taal- en Letterkunde » à Gand. La façade de l'hôtel occupé par l'Académie a été reproduite ci-dessus, p. 218. gagé; le second se fit l'interprète de l'amour, suivant la conception pour une part platonicienne des poètes de la Renaissance. Nous verrons tout à l'heure comment il se distingua en même temps, comme romancier de l'introspection psychologique. La réaction qui se dessina, au sein de 't Fonteintje, contre la formule expressionniste de Van Ostaijen et de ses compagnons de combat, devait porter ses fruits. Quelques individualistes et formalistes qui se groupèrent dans De Tijdstroom (Au fil du temps, 1930-34), Vormen (Formes, 1936-40) et De Bladen voor de Poëzie (Les feuilles de la poésie, 1937-44), et parmi lesquels il faut nommer Pieter G. Buckinx (1903), René Verbeeck (1904) et Paul De Vree (1909), continuèrent à s'insurger contre la désintégration du vers classique, l'abandon de la cadence fortement rythmée, le manque de tradition de leurs devanciers. Ils ne condamnèrent pas à priori le renouveau de la poésie, depuis trop longtemps déjà sous la coupe de van de Woestijne; ils n'hésitèrent même pas à intégrer dans leurs poèmes une espèce de langage imagé, de caractère post-expressionniste; cependant, bien qu'ils se fussent montrés assez souples quant à l'adoption de ce qui venait de révolutionner la poésie en Europe pendant l'entre-deux-guerres, ils se raidirent, se cramponnèrent à ce qui fut le passé, et freinèrent, en quelque sorte, leur propre évolution. Ce n'est que péniblement, en effet, qu'ils parvinrent à réaliser leur programme, et à élaborer leur œuvre. Le seul qui affirma assez de personnalité pour ne pas sombrer dans de nouveaux poncifs et une poésie, faite de redites, fut Buckinx, dont certains poèmes témoignent d'une sensibilité, fine et noble. Quoique n'étant pas engagé directement au groupe, ce fut aussi le cas de Luc Indestege (1901), le fervent défenseur en Flandre de «la belle cordière » (Louise Labé), en même temps celui qui repensa délicatement, dans Orpheus en Eurudike (1941), le thème bien connu, fort à la mode vers 1940. Faut-il y voir un retour au mythe de l'amour tragiquement mis à l'épreuve, en cette période troublée de l'esprit ? C'est le moment d'esquisser l'évolution du roman flamand à partir de l'époque où plusieurs prosateurs se sont libérés des influences, dues à l'emprise de Van Nu en Straks. Nous avons pu constater que c'est parmi les écrivains, affiliés à De Boomgaard et à Het Roode Zeil — les modernistes de la première heure — que se manifestèrent les signes de la réaction antirégionaliste. Ce fut surtout le cas quant au genre de roman, conçu par les initiés des groupes. Celui qui, suivant la tendance d'un néo-romantisme toujours doucereux, se détacha d'abord du « style artiste », cher à Van Nu en Straks, fut Kenis. A cet égard. De Roman van een Jeugd (Le roman d'une jeunesse, 1914) fut d'emblée une œuvre révélatrice, bien avant la fin de la première guerre mondiale. Ce fut une œuvre de transition, symptomatique au plus haut degré, dans laquelle une jeunesse, plus ouverte à l'évolution de l'esprit pendant le premier quart de siècle, se tourna résolument vers l'avenir et désira vivre la vie du citadin, ainsi que celle du poète, que Paris écraserait de ses foudres. Ce roman-témoignage fut suivi d'un conte, également parisien. De schone Juffrouw Cérisette (La jolie demoiselle Cérisette, 1921), traitant à peu près le thème du même poète bohémien, mais plutôt dans le ton sentimental. Pour sortir de l'ornière d'un traditionalisme désuet, Kenis continua à écrire des biographies d'amoureuses du XVIIIe siècle, très romantiques et très libertines, et nous donna, en outre, Het Leven van Meester (Cliché Van Zeebroeck.) Willem Elsschot (né en 1882). François Villon (La vie de Maître François Villon, 1928), un programme esthétique avant la lettre pour cette génération de décadents. Secondé dans cette tentative de rénovation romanesque par De Ridder qui lui aussi, avec son roman dandy, Gesprekken met den wijzen Jongeling (Entretiens avec le jeune homme sage, 1912), et ses biographies romancées de Ninon de Lenclos (1915) et Jean de la Fontaine (1918), tenta de créer le style de la nouvelle génération, ce ne fut cependant pas Kenis qui réussit à atteindre, après la guerre 1914-18, toute la maîtrise comme romancier de son temps. Ceci fut, au contraire, le cas de Willem Elsschot (1882), l'écrivain le plus narrateur que nous ayons connu depuis Van Nu en Straks, et qui, par son écriture sobrement humaine, s'imposa à nous pendant l'entre-deux-guerres comme l'interprète accompli de l'homme moyen moderne, en même temps que de l'âme dans toute sa plénitude. Tout comme le poète Van Nijlen, le romancier Elsschot évolua pratiquement en dehors des périodiques et des cercles littéraires. Dès ses débuts, ce fut un conteur né qui, déjà dans Villa des Roses (1913), un roman parisien comme ceux de Kenis, affirma tout de suite son art de camper ses personnages, de sonder, au moyen de traits rares et justes, les profondeurs inavouées de vies héroï-comiques, dans une pension de famille. D'une façon moins traditionnelle que tel ou tel roman de Kenis, mais d'autant plus révélatrice quant à la manière de voir les hommes et leurs comportements, l'œuvre de jeunesse de cet observateur à froid de la vie héroïque en son inutilité, marque le tournant décisif du roman flamand contemporain, au moment où le monde devait sombrer dans un premier chaos. C'est dans la voie de Villa des Roses que l'auteur continua à créer, pour son propre plaisir et le nôtre, une lignée d'hommes, de soushommes ou surhommes bourgeois, qu'il put ou combler de son amour, ou couvrir de ses flèches acerbes et de son cynisme, cependant compatissant. On a beaucoup disserté à ce sujet, depuis la parution de romans, ou plutôt de longues nouvelles comme Lijmen (Engluer, 1924) et Het Been (La jambe, 1938), Tsjip CPierrot, 1934) et De Leeuwentemmer (Le dompteur de lions, 1940), Kaas (Fromage, 1933), Pensioen (Pension, 1937) et Het Tankschip (Le pétrolier, 1942). On a, d'une part, minimisé l'aspect humain de cette œuvre, certes, facile à lire, peu touffue à certains points de vue, sans complications romanesques; d'autre part, on a exagéré l'aspect cynique, tragique qui s'en dégage. Quoi qu'il en soit, plus l'on se penche sur ce monde de petites vies et de petits sentiments, de petits bourgeois tels que Laarmans et Boorman, tels que nous-mêmes en fin de compte, plus nous admirons sans restrictions chez ce grand écrivain cette intuition de voir ce qui est éternel dans ce qui est éphémère (le contraire également est vrai), cet art de dire les choses comme nous ne cessons de les dire, au jour le jour. Et s'il y a ironie et cynisme tragique dans cette « comédie humaine » en miniature, elle ne résulte pas tellement de l'impassibilité, à première vue désenchantée, de la part de l'auteur, mais au contraire d'une tendresse, quasi maternelle, dont il sait envelopper, envoûter pères et mères, fils et filles, enfants de son imagination créatrice. Après tout, c'est un grand lyrique, mais qui peut se dévoiler — de là cet art parfait du style narratif, cette économie de moyens dans le seul but d'évoquer l'homme tout court; de là l'utilisation de la pointe sèche, de l'impitoyable coup de sonde, de l'ironie amère, mais combien fine. On a dit de l'œuvre d'Elsschot qu'elle est cynique; d'aucuns pensent qu'elle décèle plus d'une tendance sociale. Elle ne peut être ni l'une ni l'autre; pour cela, elle est trop ancrée dans les mobiles de l'humanité agissante et sensible, telle qu'elle se découvre à nous dans une parole, un regard. Tout s'y passe, comme si le silence seul devait rendre compte du peu de loquacité des hommes, du manque d'événements, ou plutôt d'importance des faits et gestes auxquels les humains sont mêlés d'habitude. Bien que Elsschot ait libéré le roman flamand d'entraves régio-nalistes, du « style artiste », et lui ait donné ce qu'il lui faut pour se développer librement, selon la formule de la narration pure et simple, ce ne fut que la génération d'entre-deux-guerres qui réussit à nous procurer une œuvre romanesque plus abondante, digne des grands devanciers de Van Nu en Straks. Parmi ceux qui en firent partie, nous citerons, en premier lieu, Gérard Wal-schap (1893), Maurice Roelants (1895) et Lode Zielens (1901). Walschap débuta par une trilogie Adelaïde-Eric-Carla (1930-32), — parue ultérieurement sous le titre De Familie Roothooft (la famille Roothooft, 1939), — qui fit sensation dans nos lettres. Il y traita d'un cas de névropathie au sein d'une et même grande famille et de la guérison qui en suivit, et cela dans un style aussi dépouillé que celui d'Elsschot, cependant plus alerte, et même dynamique. Ce fut un genre qui eut sa prédilection pendant longtemps, dans Trouwen (Mariage, 1933) et Celibaat, (Célibat, 1934), Een Mens van goede Wil (Un homme de bonne volonté, 1936) et Sybille (1938), Het Kind (L'enfant, 1939) et Denise (1940) ; il s'y montra un maître de l'analyse psychologique, non plus selon la technique confuse du XIXe siècle, mais d'une manière claire et nette, en allant droit au but, ne se souciant pas du lecteur, embarrassé parfois de le suivre. Puis vint Houtekiet (1940), une création mythique, comparable à Pallieter de Timmermans — il s'agit de la fondation d'un village, par la seule volonté d'une espèce de surhomme, fameux et mal famé, — et qui valut à l'auteur un autre grand succès. Il en connaîtra bien d'autres, plus tard encore, avec Zuster Virgilia (Sœur Vir-gilia, 1951) et certains contes, bien construits et écrits de cette même plume alerte et vigilante, par lesquels il rivalisa en maîtrise avec son aîné Elsschot. On peut préférer l'un ou l'autre, selon que l'on se sent plutôt attiré par la concision acerbe du premier, le dynamisme instinctif du second, — il n'en reste pas moins que tous deux ont, par leur talent plus qu'ordinaire, fait culminer le roman flamand à un niveau qu'il avait à peine atteint avant la première guerre mondiale. Contrairement à Elsschot et Walschap qui s'efforcèrent à atteindre, chacun selon ses moyens, le style narratif en ce qu'il a de plus simple, Roelants se fit le promoteur du roman psychologique moderne, rénové tant par le fond que par la forme. Il attira sur lui l'attention de la critique dès la publication de Komen en gaan (La visiteuse, 1927), suivi de la nouvelle De Jazzspeler (Le joueur de jazz, 1928). Aussitôt, il apparut que ses intentions étaient celles-ci, — doubler l'analyse psychologique d'évocations suggestives d'atmosphères, de moments poétiques si l'on veut dans le cadre du processus intérieur, en même temps mettre le style au service de l'étude de l'âme. Ce ne fut pas chose facile : le roman flamand, même celui de Van Nu en Straks, s'était confiné d'une façon générale sur le plan du témoignage psychologique, du compte rendu dépoétisé, voire du récit impressionniste, sans profondeur et résonance, — ce fut van de Woestijne qui tenta de le tirer de là avec De Boer die sterft (Le paysan qui meurt, 1918), — de sorte que, à son tour, Roelants fut astreint à se créer une forme de roman, une manière d'écrire et de présenter les drames entre humains, inspirée en quelque sorte par certaine tendance du roman français contemporain. En effet, on a souvent cité à son sujet les noms de Mauriac, Duhamel et autres; cependant, en lisant les ouvrages qu'il publia par la suite, Het Leven dat wij droomden (La vie dont nous rêvions, 1931), Ailes komt terecht (Tout s'arrange, 1937), Gebed om een goed Einde (Prière pour une bonne fin, 1944), il faut bien admettre que sa « manière » est autre que celle des Français, moins vériste, plus intuitive que celle de Mauriac, par exemple. Est-ce une force, est-ce un manque de clarté et de perspicacité intelligente, face aux choses de l'âme ? Peut-être, mais Roelants n'est pas français; on ne peut pas lui demander ce qu'il n'a pas pu donner; il reste toutefois que, dans l'évolution du roman flamand depuis 1918, il a su puiser aux sources d'inspiration et de style dont plus d'un romancier ne peut se passer sans tomber en un réalisme de mauvais goût, ou le pire des lieux communs. Il nous faut dire un mot de Zielens qui, vers la même époque, essaya de retrouver le fil perdu du roman social d'avant-guerre, — songeons à l'œuvre de Loveling, Stijns, Teirlinck père, Ver-meersch, Zetternam, et le rénova en l'adaptant à certaine classe de tarés sexuels. Lui aussi, dans Het duistere Bloed (Le sang sourd, 1930) et Moeder, waarom leven wij ? (Mère, pourquoi vivons-nous ? 1932), dut se faire un style nouveau pour exprimer ce dont il avait à témoigner; il n'y réussit sans doute pas dans la même mesure que ses amis; toutefois, son œuvre est là qui dit et redit que nous avons perdu en lui un grand cœur d'homme, un fervent défenseur par le roman du prolétariat anversois. En même temps que les auteurs que nous venons de faire connaître, quelques romanciers, d'importance moins grande sans doute, mais accusant, dans certains cas, une personnalité toute particulière, se mettaient à élaborer leur œuvre à cette époque. Parfois, c'est un ouvrage de choix que les lettres flamandes se font honneur d'ajouter à leur patrimoine littéraire. Un des plus anciens en âge, mais des plus jeunes quant à l'esprit, fut Georges Vriamont (1896), l'ami de Vermeylen; il nous donna cette nouvelle succulente, quelque peu grivoise, mais écrite de main de maître. De Exploten van Tabarijn (Les exploits de Tabarin, 1927), qui, certes, fait penser à De Wandelende Jood (Le Juif errant, 1906) du chef de Van Nu en Straks, mais qui, par son intelligence et son style, nous révéla un grand écrivain; celui-ci n'eut qu'un défaut, c'est d'en rester là, abstraction faite de quelques contes d'importance inégale. Parmi les anciens qui, bien que possédant assez d'originalité pour se différencier de la commune mesure des romanciers de l'époque, ne peuvent cependant se prévaloir de la verve de Vriamont, il faut citer Raymond Brûlez (1895). Lui aussi est un styliste de classe; il fut formé à l'école de Voltaire, de Laforgue, de France, de l'esprit français dans ce qu'il possède de libre et de libertin, de caustique enfin. Il commença par nous surprendre par André Terval (1930) une autobiographie de jeunesse romancée, continua à nous divertir par Sheherazade of de Literatuur als Losprijs (Shéhérazade ou la littérature en tant que rançon, 1932), un recueil de contes aussi originaux que sceptiques et sages, et nous combla, il y a peu longtemps, Mijn Woningen (Mes maisons, 1950-52) qui, dans l'esprit de l'auteur, nous donnent, sous forme d'une tétralogie, les mémoires d'une vie et d'une époque, en particulier celle qui nous occupe pour l'instant. Quelques noms d'auteurs plus jeunes s'ajoutent à ces romanciers qui contribuèrent, vers 1935, à donner un nouvel essor à la prose flamande. Il y a Maurice Gilliams (1900) qui, dans l'esprit d'Alain Fournier et de Rilke, nous fit connaître ses impressions d'enfance dans Elias of het Gevecht met de Nachte-galen (Elie ou le combat avec les rossignols, 1936), — Filip De Pillecijn (1901) qui, avec Monsieur Hawarden (1934), Hans van Malmédy (1935) et Schaduwen (Ombres, 1937), nous révéla son don de créateur d'atmosphères, — Albert Van Hoogenbemt (1901) qui, dans De Stille Man (L'homme silencieux, 1938), sut faire usage d'une espèce de réalisme magique, bien senti, mais moins bien stylisé. Il y en a d'autres, René Berghen (1901), F.-N. Fonteyne (1904-38), André Demedts (1906), qui, — avant qu'une génération plus jeune encore, née peu avant ou pendant 1914-18, se fit valoir à la veille de la deuxième guerre mondiale, — secondèrent leurs aînés et leurs amis à faire du roman flamand, à l'instar de ce qui se fit à l'étranger, l'image de l'homme de raison, resté un romantique quand même et qui ne veut pas avouer son nom, du milieu de ce demi-siècle maudit et magnifique. C'est, en effet, vers 1935, que la jeunesse qui allait connaître les affres d'un deuxième conflit, sans pareil à tout point de vue, commença à s'organiser littérairement. Du moins, elle essaya de le faire, d'ailleurs sans résultats probants, vu que les aînés de Vormen avaient déjà échoué en partie dans cette voie. A l'ombre de l'Université de Gand se groupèrent quelques poètes surtout qui, dans les Cahiers van de Waterkluis (Cahiers de l'Ermitage, 1934-37) sous la direction de Paul De Ryck (1913), ensuite dans les cahiers de poésie Klaverdrie (Trois de trèfle, 1937-48) sous l'œil vigilant de Johan Daisne (ps. de Herman Thiery, 1912), s'évertuèrent à rapprocher la littérature de la vie. La formule de Daisne, — « poésie de et pour la vie », — prévalut en ce temps et dans ce milieu, et il s'en fallut de peu que ces jeunes gens ne réussissent à dominer, un moment, toute vie littéraire en Flandre. Ce fut, d'ailleurs, encore Daisne qui, avec son ami Jan Schepens (1906), et cela après que le groupe flamando-hollandais de la revue Forum (1932-39) se fut désagrégé, mit sur pied un nouveau périodique, Werk (Œuvre, 1939), également avec la collaboration de confrères hollandais. Cette entreprise aussi fut sans lendemain, — elle avait eu, toutefois, comme résultat d'imposer à l'attention publique, sinon un programme esthétique bien défini, du moins quelques noms de nouveaux venus qui allaient jouer sans tarder un rôle de premier plan, dans l'arène littéraire. Le premier fut Daisne lui-même, comme esthéticien d'abord, comme poète ensuite; nous verrons tout à l'heure que, par après, il devint un des romanciers les plus en vue de ce qu'il a appelé le réalisme magique. Selon lui, il n'existe pas ce que l'on peut appeler une seule espèce de poésie sacro-sainte, celle de la Poésie tout court. Elle est multiforme, présente des possibilités contradictoires, des genres de valeur égale, du moins en principe. Le poète est sans cesse un expérimentateur dans ce domaine de la magie qui consiste à faire appel au rêve pour évoquer la réalité, à la réalité pour aller au-devant de nos rêves. Il ne s'agit pas, nous dit-il, de fonder une nouvelle école, de proclamer un nouveau schisme esthétique, seulement de considérer l'art littéraire en tant qu'un art de vie, la vie étant la cause et la fin en soi de tout acte créateur, par le verbe. Ceci implique, de la part du poète et du romancier, une disposition totale au service de la vie comme principe de toute création, aussi la littérature considérée comme un sport et un jeu, plutôt que comme une tâche à accomplir. Même et surtout d'un point de vue artistique, ce qui compte ce n'est pas le résultat atteint, mais la fonction, l'acte. Il n'est pas question de niveler cet acte littéraire au niveau d'un acte gratuit, de le vulgariser, voire populariser, au contraire, de lui donner ce à quoi il est destiné, l'évasion de l'esprit dans ce royaume entre la réalité et le rêve, la terre et le ciel, ce que Daisne a appelé, — ce fut le titre de son premier roman. — « l'escalier de pierres » et « l'escalier de nuages ». De là, sa formule du réalisme magique qu'il découvrit dans mainte œuvre littéraire de notre époque, dans l'art cinématographique aussi (Cliché De Backer.) Gérard Walschap (né en 1893). (Cliché Arch. en Mus. voor het VI. Cultuurl. [Anvers].) Maurice Roelants (né en 1895). (Cliché De Backer.) Louis-Paul Boon (né en 1912). dont il fut, depuis toujours, un fervent admirateur, enfin, dans l'art d'être et de rester enfant. Tout comme l'enfant, il faudrait que le poète ait sans cesse raison. C'est dans cet ordre d'idées que Daisne a commencé, vers 1935, à produire une œuvre fort variée, fort inégale, cependant toujours attrayante. Ses vers se sont succédé aux vers, ses recueils aux recueils, et il n'est pas un thème qu'il n'ait touché de sa baguette magique. Pour, enfin, devenir un de nos romanciers dont nous pouvons encore espérer des belles choses. Il suffit de lire De Trap van Steen en Wolken (L'escalier de pierres et de nuages, 1942), suivi, — il est malaisé, dans ces lignes, de ne pas poursuivre l'évolution de nos auteurs, même loin au-delà de 1940, — de la nouvelle ravissante, bien qu'un peu délayée. De Man die zijn Haar kort liet knippen (L'homme qui fit couper court ses cheveux, 1947), pour s'en convaincre. Ceci est vrai également pour son œuvre dramatique qui, elle aussi, participe de cette conception du réalisme magique, inspirée de prime abord par la technique et l'esprit du film. Parmi les amis de Daisne, il faut citer, comme poètes, Marcel Coole (1913), le chantre de l'amour éternellement désabusé, Luc Van Brabant (1909), aussi sensible, mais plus acerbe que le premier. Quoique n'appartenant pas au groupe de Klaverdrie, un romantique qui, dès ses débuts fulgurants sous le signe de Rimbaud, attira sur lui toutes les attentions, fut Bert Decorte (1915) ; il fut salué comme une personnalité d'exception et nous fascina par les vers fantasmagoriques de Germinal (1937); il rallia cependant, du moins d'un point de vue formel, la poésie du sonnet, de la ballade et autres genres classiques, sans toutefois abandonner l'expression d'un sentiment villonesque bien à lui. Il se fit, d'ailleurs, le traducteur en Flandre des ballades de Villon, ainsi que des Fleurs du mal (De bloemen van den Boze, 1947) de Baudelaire, — ce fut une entreprise osée, non sans beaux résultats. Le poète qui, à partir de 1937, — il est devenu en même temps, de par sa personnalité bien équilibrée, un auteur dramatique de premier plan, — devait emporter bien des suffrages de la part d'une élite férue de poésie, problématique quant au fond, classique quant à l'expression, fut Herwig Hensen (ps. de Flor Mie-lants, 1917). Mathématicien de formation, s'intéressant par pur goût spéculatif aux problèmes de la vie et de la mort, du bien et du mal, de l'amour et du désir de vaincre les multiples obstacles qui se dressent sur le chemin de l'homme, esprit cartésien et rêveur en même temps, il choisit la poésie comme un moyen de réaliser son existence. Il se libéra d'influences plutôt formelles, venues de la lecture de van de Woestijne, Rilke et autres, et découvrit la philosophie de Nietzsche. Dès lors, il abandonna cette attitude d'un narcissisme improductif, pour confronter sa personnalité aux réalités existantes, se déclarer prêt à connaître le pis et le mieux, à se mettre à la disposition de l'homme tout entier, et de ses vicissitudes. Partant de ses premiers recueils, De vroege Schaduw (L'ombre précoce, 1937) et De Cirkel tôt Narki^sos (Le cercle et Narcisse, 1938), jusque Ailes is Ver-band (Tout est engagement, 1951), sa poésie est une longue confession, sans cesse répétée, d'un esprit épris de clarté, de vérité, de beauté, qui s'interroge, désespère, reprend courage, et parvient à découvrir la vie dans la mort, le bien dans le mal, l'amour dans l'indifférence du cœur. Et ce faisant, son œuvre put, non sans difficulté, être comparée à cette autre confession, celle de van de Woestijne, que les lettres flamandes connurent au début de ce siècle. Les thèmes en sont autres; l'accent, le rythme, la voix en sont différents; il reste, cependant, que Hensen, tout comme van de Woestijne, a su prouver une fois de plus qu'il n'est pas besoin d'expérimenter en poésie, de s'adonner aux pires extravagances, pour réussir à construire une œuvre, digne de l'esprit, fût-il moderne, et du beau vers, fût-il classique au sens propre du mot. Il l'a dit lui-même, dans un essai Over de Dichtkunst (De la poésie, 1947), un des rares écrits critiques que nous ayons eus depuis ceux de van de Woestijne, et dans lequel il s'avance en défenseur du poème difficile : « J'écris donc poème difficile, comme si j'écrivais joie difficile, amour difficile, existence difficile; non pas que je pense qu'un poème moins difficile, une joie, un amour, une existence moins difficiles devraient être reniés; mais seulement en vue d'un désir d'ennoblissement, d'une préférence, d'une direction, d'une volonté de vaincre». N'est-ce pas là le secret de tout classicisme, conscient de lui-même ? De plus, d'une tournure d'esprit qui ne doit nous étonner de ce poète, trempé aux sciences exactes, et qui, dans son œuvre dramatique aussi, s'est inspiré des motifs de tous les temps, d'Agamemnon comme de Don Juan, d'Alceste comme de Lady Godiva, en passant par certains thèmes, chers à Shakespeare. Nous avons déjà parlé de Daisne en tant que romancier, de sa façon de concevoir le roman, comme expression de notre époque. A la veille de la deuxième guerre mondiale, il fut épaulé dans cette tâche par quelques prosateurs qui eux aussi ont, chacun à sa manière, entrepris un effort des plus louables pour faire du roman flamand un roman d'importance plus vaste, au moins européenne. Ceci, en grande partie, sous l'influence de tendances, venues des pays anglo-saxons. C'est le moment de nommer Louis-Paul Boon (1912), Hubert Lampo (1920) et Piet Van Aken (1920), les plus en vue entre beaucoup d'autres. Bien que n'ayant pas, comme Daisne d'ailleurs, produit le meilleur d'eux-mêmes immédiatement avant 1940, il est nécessaire de traiter d'eux dans ces lignes, car leur formation, en tant qu'écrivains, appartient à l'entre-deux-guerres. Le plus écrivain, dès lors le plus artiste des trois, est incontestablement Boon. Boon, l'enfant terrible de la jeune prose flamande, le boute-en-train, l'iconoclaste qui cassa, dès ses débuts, les cadres de l'écriture facile, filandreuse, maniérée, et qui aussitôt fut acclamé comme un rénovateur de valeur exceptionnelle. Il va plus loin que le dynamique Walschap; c'est un tempérament instinctif, apocalyptique, s'intéressant avant tout aux réactions psychiques des plus déshérités de la société, d'êtres de chair et de sexe, et qui, dans des fresques enlevées de main de maître, sait faire vivre, grouiller tout un monde de perversion et de bonté. Sa phrase, elle a le don de suivre ces existences jusqu'au plus profond de leurs refoulements obscurs, malsains, mais combien humains, — une phrase coulant à flot, se rapprochant du langage parlé, sans ponctuation, sans majuscules parfois, même quand il s'agit de noms propres, des fautes d'orthographe, des lapsus linguae, des calembours, et tout cela à dessein, pour communier le plus possible avec ce qui se passe chez ses personnages, ces êtres de mystère. Dans De Voorstad groeit (La banlieue prospère, 1942) comme dans Vergeten Straat (Rue oubliée, 1944), dans Mijn kleine Oorlog (Ma petite guerre à moi, 1945) comme dans ses contes d'enfants surtout, dans lesquels il aime à se pencher sur les instincts et les rêves de jeunes filles du peuple, il se montre un écrivain de race qui peut-être, quand il se sera assagi, prendra place parmi les classiques de la prose flamande contemporaine. Contrairement à Boon, Lampo ne s'est pas hasardé aux extra- vagances, stylistiques du moins, que peut avoir comme résultat un désir profond de renouvellement de la prose. Au contraire, dès qu'il se mit à écrire, il a emboîté le pas de l'analyse psychologique traditionnelle, en veillant à rénover le genre par le fond; il se souvint de l'exigence de Vermeylen qui voulut que le romancier flamand fasse un effort dans la voie de la conception intelligente, bien pensée, et tienne compte des aspirations métaphysiques de l'homme, malgré le nivellement par le bas qui le guette à chaque croisée de chemins. Il fit sienne cette opinion, tâcha de ne pas couper les ponts avec le romantisme intellectuel qui lui est propre, et fit appel, dans certaines de ses nouvelles, tout comme son ami Daisne, au réalisme magique. Ceci nous valut un roman psychologique de premier plan, Hélène Défrayé (1945), un recueil de contes, Triptiek van de onvervulde Liefde (Triptyque de l'amour irréalisé, 1947), d'une facture sans doute quelque peu maniérée, mais empreinte d'un besoin sincère de connaître l'homme. Celui qui, vers 1940 et après, apprit à se faire une conception bien nette du roman moderne, ceci en prenant exemple à la littérature anglo-saxonne plutôt que française, — Lampo, le défenseur en Flandre de la gloire d'Alain Fournier, se trouve encore près de cette dernière, — fut Van Aken. A le lire d'une façon superficielle, il continue la tradition du roman régiona-liste flamand (la plupart de ses récits se situent, en effet, le long du Rupel, et ont trait à la briqueterie de l'endroit), mais combien autrement conçu, construit, et écrit. Il y a d'abord cette atmosphère lourde de fatalité, de rêve, de résonance subconsciente dans laquelle se meuvent, naissent, aiment, s'épient, et meurent des êtres démoniaques et des anges de pureté qui se succèdent de génération en génération; il y a l'architecture de ses romans, bien agencée et dont le développement se poursuit sur un rythme souple et, en même temps, suffisamment rigide; il y a, enfin, ce style direct, tout juste enjolivé d'une épithète rare, d'un tour de phrase bien trouvé, d'un effet rythmique, pour ne pas laisser au hasard ce qui, — vu la conception spéciale que l'auteur s'est faite du roman, le roman de la prédestination intérieure, — ne peut être laissé au hasard. Ce fut en Van Aken que Vermeylen, avec son jugement sûr, eut le plus de confiance quand il lui arriva d'émettre une opinion au (Cliché Grobet.) L'église Notre-Dame à Anvers. l'Escaut et la rive gauche du fleuve. Le Théâtre Royal Flamond de Gand. sujet de l'évolution future du roman flamand; il sut louer tout de suite les qualités exceptionnelles du récit De falende God (Le dieu qui se trompe, 1942), du roman Het Hart en de Klok (Le cœur et l'horloge, 1944); il aurait maintenu son point de vue, après la lecture de cette œuvre âpre, De Duivel vaart in ons (Le diable au corps, 1947), et peut-être d'autres ouvrages encore. En même temps que Boon, le plus naturellement doué du jeune trio. Van Aken s'est montré, de par sa vision mythique du monde, un de ceux sur qui l'on peut compter pour le développement heureux de la prose flamande à notre époque. Il nous reste à terminer cet aperçu, par trop succinct, de la littérature néerlandaise en Belgique à partir de 1918, en fixant l'attention sur le passage, assez inattendu, de Gijsen de la poésie au roman. Quoique la publication de Joachim van Babyîon (Joa-chim de Babylone, 1948) se soit faite tardivement, — ce fut le premier signe extérieur de ce passage, — celui-ci fut rendu possible après le départ de l'auteur pour New York en 1940, où il commença à écrire cette œuvre forte. C'est, en même temps, moins et plus qu'un roman; c'est un récit biblique si l'on veut, assez simple quant à sa conception, mais dans lequel l'auteur est parvenu avec une habileté peu courante à mêler le réel et l'irréel, l'anecdotique et l'éternel, la vérité et l'invention, et cela en partant du thème de l'amour stérile chez Suzanne, altière et insupportablement confinée dans sa vertu, — une aberration vivante de la nature. En partant du point de vue de Joachim, son mari, le cas sert à l'auteur à lancer, par le moyen d'une espèce de traité moralisant et romancé, ses foudres sur toute attitude contre-nature, l'hypocrisie de tout égotisme humain, la vertu publique, considérée comme un bien suprême. L'ouvrage est une confession et une prise de position, courageuse et audacieuse dans ce monde de demi-dieux, émaillé de traits ironiques et de pointes sarcastiques, mais surtout un message de bonté et de sagesse. « Recommence, — nous dit Joachim, — apprends par tes propres sottises, mais ne pense jamais que tu possèdes la vérité. C'est chaque fois un nouveau mensonge. Pour ma part, choisis-en le plus beau, le plus riche, le plus complet, et tiens-toi à cela. Et pour le reste, cherche la plante la plus précieuse qui croît ici sur terre : le courage. Où que tu puisses la trouver, cueille-la. Adieu. » C'est, en somme, cette même leçon de haute sagesse que l'auteur, à la suite de nombreux romanciers contemporains de grande renommée, continue à nous donner, chaque fois d'une manière nuancée, dans chacun de ses nouveaux récits. Ils se succèdent régulièrement; il est, dès lors, à présumer qu'à ce rythme et à ce niveau, nous posséderons un jour en Gijsen un auteur de valeur plus que nationale. Comme nous venons de constater dans ce qui précède, la littérature néerlandaise de Belgique a, depuis 1918 jusque vers 1940, connu les courants et tendances des lettres étrangères, dont elle a été redevable, tout en maintenant son caractère propre. Il y a lieu de préciser cet aspect, pour le moins intéressant, du problème. Situées à la croisée de trois grandes littératures étrangères, en outre indissolublement liées par la langue, la culture, jusqu'à un certain point l'esprit à la littérature hollandaise, on aurait pu croire que les lettres flamandes eussent été, plutôt que de première main, des lettres d'emprunt, sans trop d'originalité, ni surtout de génie créateur. D'autant plus que, depuis la première guerre mondiale, les relations culturelles et artistiques s'étaient multipliées de telle façon que les interpénétrations, les osmoses mutuelles dans le domaine de l'esprit s'étaient montrées plus qu'inévitables, voire nécessaires. A vrai dire, cette emprise de l'étranger sur ce qui nous est propre n'a pas eu lieu, d'une manière générale; là où, cependant, ce fut le cas, elle ne fut pas décisive et ne put entacher le caractère autochtone de certains phénomènes, même là où, par exemple, l'ascendance du prestige hollandais eût pu se faire valoir de façon prépondérante. En somme, ce fut plutôt le contraire qui eut lieu, notamment lors de l'influence exercée par l'expressionnisme flamand, par la poésie de Van Ostaijen et de ses amis, sur le vers hollandais, plus tard par le théâtre d'avant-garde sur la scène néerlandaise. Ne vit-on pas aussi Teirlinck fournir des textes de mise en scène au théâtre de nos voisins du Nord (p.e. Het A-Z-Spel te Leiden, 1925), mieux que cela, un des brillants metteurs en scène hollandais, Johan de Mees-ter Jr., mettre ses services à la disposition de l'art dramatique du Vlaamse Volkstoneel (1924-1929) ? Et plus tard, encore, ne put-on déceler, chez l'un ou l'autre romancier du Nord, certaine technique, empruntée au discours direct, cher à Walschap ? La collaboration flamando-hollandaise au sein du groupe Forum, de durée trop éphémère, hélas ! y fut pour quelque chose, bien que la contrepartie, l'influence d'auteurs hollandais, du vitaliste Herman Marsman (1899-1940) sur la poésie lyrique flamande, du parapsychologue Simon Vestdijk (1898) sur l'œuvre de Daisne, — je ne cite que ces exemples typiques, — se fit sentir, à son tour. Cela n'empêche que, d'une façon générale, les lettres de chez nous se sont plutôt développées suivant un rythme bien à elles, obéissant à des sources d'inspiration jaillies de dispositions propres, et prenant même, dans certains cas, le devant sur ce qui se fit en Hollande entre les deux guerres. L'on peut se demander jusqu'à quel point la littérature flamande contemporaine et les lettres belges d'expression française se sont réciproquement influencées, entre 1918 et 1940. Il est admis que, vers la fin du siècle dernier, sans La Jeune Belgique le mouvement de Van Nu en Straks ne serait pas devenu ce qu'il a été, en fait, aussi est-il temps que l'on délimite suffisamment les liens de parenté qui ont existé entre le symbolisme français en Belgique et, pour ne citer qu'un cas, l'œuvre de van de Woes-tijne; peut-être sera-t-il nécessaire de comparer le roman régio-naliste d'expression française et" néerlandaise chez nous, fût-ce pour des questions de forme. Il est d'ailleurs impossible que là où deux littératures se côtoient, s'entremêlent comme c'est le cas en Belgique, — le mythe de la « littérature belge », de langue française et d'inspiration flamande, fut, il y a peu de temps encore, évoqué par Suzanne Lilar dans son livre Soixante années de théâtre en Belgique (1952), — des interférences subtiles, des croisements n'aient pas eu lieu. Faut-il en conclure que les emprunts aient été tels que, dans chaque zone d'influence, toute évolution propre ait été neutralisée, voire annihilée ? Non certes, il reste que pendant l'entre-deux-guerres également, ces emprunts ont continué à exister, — je songe au théâtre de Michel de Ghelderode, d'inspiration flamande, à l'esprit et aux vers français de Daisne, — non sans laisser le génie, propre à l'esprit flamand ou français dans notre pays, suivre sa destinée et mener à bonne fin la tâche esthétique, qui fut sienne. Si nous examinons, finalement, en quoi les lettres néerlandaises de Belgique ont pu exceller pendant ce dernier quart de siècle, il n'est pas malaisé de constater certaines lignes de force, intéressantes à retenir pour l'évolution future de celles-ci. Bien qu'il y ait eu, au niveau universitaire comme dans le domaine de la critique littéraire, un progrès appréciable depuis Van Nu en Straks, ce n'est cependant toujours pas ici que réside la force de notre littérature contemporaine. C'est symptomatique, malgré l'espoir que des noms comme ceux de Van Ostaijen, Gijsen et Van de Voorde, Gilliams, Herreman et Lissens, Westerlinck enfin, peuvent faire naître; l'écrivain flamand ne s'est toujours pas suffisamment penché sur ce qu'est la chose littéraire et l'acte d'écrire, ce qui suppose chez lui un manque de discernement quand il s'agit d'apprécier à sa juste valeur, voire une valeur subjective, l'œuvre en tant que résultat de l'acte créateur. Au point de vue de la poésie non plus, il n'y a eu, depuis van de Woestijne, ce désir de la création humaine et universelle, qui fait taire toute critique de détail; un poète de classe, cependant, comme Hensen fait en sorte que la tradition du grand souffle lyrique n'est pas tout à fait éteinte; ici, du moins, nous pouvons entrevoir l'avenir avec confiance, et renouer la tradition qui, par delà van de Woestijne, nous relie à Gezelle. Peut-on affirmer chose semblable pour le théâtre ? Peut-être, bien que dans ce cas, la tradition, une tradition solide et autochtone, fasse défaut; il y a, plus près de nous, l'exemple de Teirlinck, pour l'instant celui de Daisne et de Hensen, — nous faisons abstraction de l'art dramatique, en tant que mise en scène et jeu scé-nique, du Vlaamse Volkstoneel, — toutefois, il faudra à l'écrivain flamand une plus grande expérience encore quant à l'art d'écrire une pièce de théâtre, avant que, dans ce domaine aussi, il puisse nous satisfaire complètement. Reste le roman depuis la première guerre mondiale. C'est, sans aucun doute, le genre où l'écrivain flamand a donné le meilleur de lui-même. Depuis Van Nu en Straks déjà, où nous comptons pour un grand poète (van de Woestijne), une petite douzaine de romanciers de première valeur, réputés à l'étranger en traductions (Buysse, Streuvels, Teirlinck, 'Timmermans, van de Woestijne lui-même, Vermeylen), les bons prosateurs des nouvelles générations se sont succédés sans relâche, — les noms d'Elsschot, Walschap et Roelants, Boon, Daisne et Van Aken, sans omettre ceux des moralistes mémorialisants, tels que Brûlez et Gijsen, sont aussi solides que ceux de leurs devanciers. Ce qui prouve que l'écrivain flamand de notre temps est un romancier né. L'art de conter lui était d'ailleurs propre, depuis Conscience; il s'est fait sien son métier durant le XIXe siècle, il l'a approfondi d'une façon étonnante pendant la période de Van Nu en Straks, en s'attaquant résolument à des problèmes de style; en dernier lieu, une fois compris ce que telle ou telle manière d'écrire pouvait avoir d'importance comme moyen d'investigation, il s'est approprié assez de maîtrise pour pousser à fond l'étude de l'homme. C'est ainsi que le romancier flamand a pu conquérir, vers 1940, pour la littérature néerlandaise de Belgique une place enviable, vue sous l'angle, sans doute relatif, des valeurs esthétiques, et dans la perspective des grands courants artistiques à l'étranger. Le vœu de Vermeylen, de voir les lettres flamandes participer un jour à la vie littéraire de l'Europe, s'est réalisé en partie. (Cliché Barbaix.) Le petit béguinage de Gand. 68 LES ARTS PLASTIQUES (1918-1940) par Paul FIERENS Conservateur en Clief des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique ORSQUE d'Angleterre et de Hollande, où ils avaient passé les années de guerre 1914-1918, revinrent Per-meke, Tytgat, Gustave De Smet et Frits Van den Berghe, la peinture belge changea d'orientation, de visage. Elle entra dans sa phase expressionniste. D'Amsterdam ne revenait pas, hélas ! Rik Wouters, et avec lui s'était, en 1916, éteinte une flamme qui prolongeait et intensifiait le rayonnement de l'impressionnisme. James Ensor (1860-1949), qui n'avait pas quitté Ostende, qui restait le dieu et quelque chose comme la mascotte des jeunes artistes, ne jouissait pas encore du renom qu'allaient lui assurer les expositions de Bruxelles 1929, Paris 1932 et 1939. Après la première de ces manifestations, en 1930, il devait être, presque en même temps que Georges Minne, créé baron par le roi Albert. Le public est lent à s'apercevoir des modifications que subissent la vision, la conception, le langage et la vie de l'art. Il les admet quand il n'y a plus moyen de faire autrement. Il découvre Ensor lorsque ses chefs-d'œuvre ont un demi-siècle, lorsqu'ils sont recherchés par les Musées d'Anvers et de Bruxelles. Il y a lieu toutefois de remarquer que l'expressionnisme connut une victoire assez rapide et relativement aisée. Cette forme d'art répondait sans doute foncièrement au tempérament, aux aspirations du pays; nous montrerons, d'ailleurs, qu'elle fut assez autochtone. Quoi qu'il en soit, l'expressionnisme a dominé la période « entre les deux guerres », lui conférant sa physionomie propre et son importance particulière. En quelque vingt ou vingt-cinq ans, l'expressionnisme de chez nous naît, se fortifie, se diversifie, puis décline. Il affecte principalement la peinture et subsi-diairement la sculpture et certains arts décoratifs. Et puisque la peinture, aujourd'hui comme hier, comme autrefois, est par excellence l'art national des Flamands, des Belges, celui par quoi ils s'imposent à l'attention, à l'admiration du monde, on peut placer « sous le signe » de l'expressionnisme et sous l'invocation de Constant Permeke, son plus puissant représentant, l'époque qui suit immédiatement l'ère impressionniste, laquelle doit sa grandeur et son charme à Ensor, à Evenepoel et à Rik Wouters. On serait tenté d'aller droit, comme à l'essentiel, aux maîtres de l'expressionnisme. Il importe, pourtant, avant d'aborder leurs personnes et leurs ouvrages, de dire quelques mots de l'architecture, art « régulateur », qui ne l'est plus guère, mais dont la primauté, théoriquement, n'est pas contestable. Avons-nous un style, en architecture ? Il n'y paraît point, mais deux éminents architectes, deux « modernes » d'hier à qui rendent hommage tous les moder- (Cllché Malevez.) Grande salle du Palais des Beaux-Arts (Bruxelles), dite salle Henri Le Boeuf. Architecte : Victor Horta. nés d'aujourd'hui, ont imprimé à la vie artistique de leur pays, entre 1918 et 1940, des plis profonds, des impulsions fécondes : Victor Horta, en édifiant le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, et Henry van de Velde, en fondant l'Institut supérieur d'Architecture et des Arts décoratifs, en l'installant dans la vieille abbaye de la Cambre. TENDANCES ET REALISATIONS DE L'ARCHITECTURE. — Grâce à Horta, à Henry van de Velde, à deux ou trois autres, la Belgique avait joué un rôle de tout premier plan dans le renouveau des années 1890-1900. Une architecture loyale et originale s'était substituée à l'architecture du mensonge, du pastiche, de la mascarade historique. Les novateurs de l'époque léopoldienne se virent malheureusement préférer les habiles tenants du style de parade dont le Palais Royal de Bruxelles et le Musée colonial de Tervuren offrent assez d'affligeants témoignages. Victor Horta, auteur de la Maison du Peuple de Bruxelles, devait trouver dans la construction du Palais des Beaux-Arts de la capitale l'occasion de donner la pleine mesure de son talent. Le monument est d'envergure; ses éléments décoratifs accusent quelque pesanteur et ne répondent plus à notre goût, mais il faut admirer sans réserve la maîtrise dont l'architecte a fait preuve dans la composition de l'espace et les aménagements intérieurs. Aux trois quarts souterrain, en contrebas de la Place des Palais, l'édifice comprend une quarantaine de salles de toutes dimensions, depuis la très ample et harmonieuse salle de concerts jusqu'aux petites salles de musique de chambre, de cinéma, de conférences et aux galeries d'expositions. Les problèmes d'éclairage et de circulation ont été résolus de la façon la plus heureuse. L'homme qui a conçu et exécuté ce « complexe », si bien approprié à ses fonctions, est un bâtisseur remarquable. Le Palais des Beaux-Arts, issu de l'imagination du grand mécène Henri Le Bœuf, a puissamment contribué à l'éducation du public : sous l'impulsion que lui ont donnée notamment MM. Marcel Cuvelier et Robert Giron, les manifestations musicales et picturales s'y succèdent à un rythme accéléré; il n'est guère en Europe de centre plus actif pour les échanges internationaux. C'est le 4 mai 1928 que fut inauguré le Palais des Beaux-Arts. La même année, le 16 juin, ouvrait ses portes le Musée de Tournai, autre œuvre de Victor Horta, qui se distingue par une disposition en éventail, ingénieuse et du meilleur effet. Et c'est aussi vers la fin de sa carrière qu'Henry van de Velde, rival d'Horta, devint un peu prophète en son propre pays. Jusqu'à 1914, il avait vécu et travaillé en Allemagne, à l'avant-garde d'un « modernisme » dont il devait répudier certains excès pour définir un style rigoureux, simple et puissant. C'est pour lui, par lui, dans la ligne de son action et de son esprit, que fut créé l'Institut de la Cambre, autour duquel gravite désormais tout ce qui compte en Belgique, dans le domaine des arts décoratifs, et que nous détaillerons brièvement plus loin. Quant au testament de van de Velde architecte, il est constitué par ce beffroi aux allures de gratte-ciel qu'est la Bibliothèque de l'Univevrsité de Gand. L'influence d'Henry van de Velde s'est exercée sur les architectes flamands d'une génération à laquelle appartiennent des hommes comme Huibrecht Hoste et J.-J. Eggerickx. Leurs ouvrages portent la marque de personnalités tranchées, encore que leur virtuosité dans le traitement de la brique ait pu être acquise au contact des constructeurs hollandais. D'une façon générale, on observera que les architectes flamands manifestent une prédilection caractéristique pour les masses amples, le jeu des volumes expressifs, et pour la brique. Parmi les réalisations lés plus valables, il convient de citer l'Ecole Normale et d'Application d'Anvers (Emile Van Averbeke), qui accueillit, en 1930, la mémorable exposition de l'Art flamand; l'Ecole de Navigation d'Anvers (Josse van Kriekinge) et celle d'Ostende (Pierre Verbruggen); la Centrale électrique de Gand (Albert De Bondt); les blocs d'appartements et hôtels particuliers de Léon Stynen et de .Van Steenbergen à Anvers, de Richard Acke à Courtrai, de Jules Lippens et d'André Claessen à Gand. Une mention toute spéciale doit être accordée à la cité « Floréal » Bibliothèque de l'Université de Gond. Architecte : Henry van de Velde. (Cliché A.C.L.) de Boitsfort, construite, comme beaucoup d'autres cités-jardins, sur les plans de Louis van der Swaelmen, mais construite par J.-J. Eggerickx. En regard du groupe que nous venons d'évoquer et qui pourrait se réclamer de van de Velde ou des exemples hollandais, le groupe des adeptes du béton, des sévères « fonctionnalistes » — les principaux sont des Wallons, pas tous — apparaît plus ou moins soumis à la tutelle d'un des plus grands poètes et prophètes de l'architecture : Le Corbusier. Victor Bourgeois, qui poussa le rationalisme à ses extrêmes conséquences, a prononcé un jour cette forte parole : « Le salut de l'architecture, c'est la dèche. » Il fit donc vœu de pauvreté. Il multiplia les expériences dans sa Cité Moderne de Berchem, près de Bruxelles. Le problème du « logement minimum » retint longtemps son attention; mais il eut ensuite à construire, dans le pays de Char-leroi, de grandes usines, des bâtiments industriels auxquels il donna de la dignité, de la tenue. On lui doit, au cœur de Bruxelles, le clair édifice, bien proportionné, des Chèques Postaux. Les meilleurs des « fonctionnalistes » — Victor Bourgeois et Le Corbusier lui-même — se relâchent de leur ascétisme et se font forts d'« humaniser » l'architecture. Un Gaston Eyselinck, l'un des plus intransigeants calculateurs « d'esprit nouveau », s'est vu décerner, en 1937, le prix Van de Ven pour une maison d'habitation dont la façade est une sorte de chef-d'œuvre de modestie, de courtoisie, de tact. Réussites exquises aussi, certains hôtels particuliers de Charles Van Nueten, Jacques Obozinski, L.-H. De Koninck, Charles Colassin, Sta Jasinski. A Liège, Joseph Moutschen fut le précurseur, l'animateur, le constructeur le plus fécond. Pierre Rouch se fit connaître surtout comme l'auteur de la Justice de Paix de Seraing, l'un des plus honnêtes de nos édifices officiels. Le groupe « L'Equerre », défenseur et illustrateur des meilleurs principes, donna la mesure de son invention et de son goût dans l'aménagement de l'Exposition de l'Eau (1939) et dans la construction des divers pavillons qui la constituaient. L'ensemble du « Lido » fut une perfection, hélas ! éphémère. Rarement, chez nous, le rationalisme architectural conduisit à une création mieux équilibrée, plus vivante, plus aérée. Au bilan de l'architecture religieuse, après la Basilique Nationale de Koekelberg, commencée par Albert Van Huffel et continuée sur ses plans, s'inscrivent quelques ouvrages d'excellent aloi, de belle venue : l'ensemble des bâtiments abbatiaux de Cordemois (Henry Vaes), les églises de Dieghem-Loo (Julien De Ridder), de Deschel-Witgoor (Stan Leurs), de Grand-Manil (Victor Marrès), et la Chapelle royale de l'Exposition de Bruxelles 1935, par Marcel Schmitz. Les énumérations qui précèdent — qui ne sont nullement limitatives — donneront l'idée d'un foisonnement de talents, d'une véritable richesse architecturale... Il faut, malgré cela, avoir le courage de reconnaître que la Belgique, comparée à d'autres pays et notamment à la Hollande, offre le spectacle d'un affreux désordre, d'une désolante anarchie. Victoires individuelles, mais carence de l'esprit public : cette formule résume notre pensée. Nos villes, nos communes ignorent tout ou feignent de tout ignorer de l'urbanisme... L'avenue des Nations, à Bruxelles (aujourd'hui l'avenue Franklin D. Roosevelt), constitue l'exemple flagrant de ce qu'il faudrait condamner. Le tracé en est magnifique, apparenté aux conceptions « léopoldiennes » de l'avenue de Ter-vuren et des boulevards de grande ceinture; la réalisation architecturale trahit l'absence complète, de coordination, de plan d'ensemble. Des hôtels d'Henry van de Velde, De Blomme, d'Obo-zinski, de Taelemans sont là pour rappeler que la Belgique a des artistes de valeur et que ceux-ci ont de rares clients. Mais les façades de bon style sont coincées entre de risibles pastiches Louis XV ou écrasées par des blocs d'appartements. Cette foire d'échantillons est malheureusement à l'image de notre époque. Notre pays manque de cette « conscience architecturale » en vertu de laquelle il faudrait que chacun de nous ressentît comme une offense, comme une insulte, tout non-sens, toute fausse note en matière de construction et d'urbanisme, tout attentat — il s'en perpètre aujourd'hui encore de monstrueux — contre lé caractère et l'harmonie de nos cités et de nos sites. Ferons-nous le procès de notre individualisme ? Pourquoi ne s'accommoderait-il pas des disciplines qui conditionnent nécessairement toute expression monumentale, tout style, si vivant soit-il ? LES PRECURSEURS DE L'EXPRESSIONNISME. — Dès avant 1914, la tendance qui allait triompher dans la peinture et la sculpture d'après-guerre s'était fait jour dans l'œuvre des artistes qui, groupés à Laethem-Saint-Martin autour de George Minne et de Valérius de Saedeleer, réagissaient contre l'impressionnisme d'Emile Claus, se détournaient un peu du spectacle de la nature et projetaient dans leurs ouvrages leur subjectivité, leur religiosité, leur rêve. Dans un répertoire de formes extraites de la réalité mais traitées avec une certaine désinvolture, Minne faisait tenir la substance de sa vision personnelle : il sculptait ses adolescents nerveux, ses Agenouillés frémissants. Valérius de Saedeleer, à travers Bruegel, retrouvait de la Flandre une nation synthétique et la traduisait avec des scrupules de « primitif ». En 1918, revenant du Pays de Galles, Minne illustrait, en une suite de dessins grandioses, dépouillés de tout pittoresque comme de toute sentimentalité conventionnelle, les thèmes éternels de la Madone, du Christ eucharistique et de la Pietà. Puis, se remettant à sculpter, il reprenait possession pleine et entière de son style dans un Monument à la Paix, qu'il transformait à peine pour en faire le Monument à la Reine Astrid, érigé à Anvers. Les dernières œuvres de George Minne (Gand, 1866-Lae-them, 1940) sont de tendres Maternités ou des nus féminins, aux inflexions discrètes, réservées, pudiques. L'âme existe d'abord, pour ce sculpteur qu'on a qualifié de « gothique », et le corps ne se manifeste qu'en fonction de la spiritualité qui le transfigure. Tandis que Valérius de Saedeleer (1867-1941), à Etichove, près d'Audenaerde, poursuivait sa tâche de paysagiste appliqué, exact, un peu froid, — surtout excellent dans ses neiges, — mais réussissant à purifier, en quelque manière, les motifs auxquels il conférait une sorte de vérité générale et de stylisation serrée, Gustave van de Woestyne (1881-1947), qui avait exécuté en Angleterre quelques grands tableaux symboliques de fière allure, s'engageait dans des voies diverses et sacrifiait parfois à un maniérisme assez « littéraire ». Il restait, d'ailleurs, un dessinateur d'une exceptionnelle virtuosité; de nobles préoccupations intellectuelles ne cessaient de le hanter, et il cultivait, dans ses œuvres tant profanes que religieuses, un souci de composition qui l'appa-rentait aux fresquistes italiens, dont quelquefois il imitait le coloris. Son œuvre, peu à peu, se dépouillait de tout caractère d'imagerie; ses portraits et ses natures mortes, simplifiées et géométrisées, valaient surtout par l'harmonieux balancement des (Bruxelles, Musée Royal d'Art moderne.) Q Les Fiancés ». de Constcxnt Permeke. (Bruxelles, Musée Royal d'Art moderne.) , d'Edgard Tytgat. très, parvint aux antipodes de l'art qu'il pratiquait à ses débuts. Autant ses œuvres d'il y a trente ans possédaient d'éclat, de rayonnement, autant ses ouvrages récents paraissent secs, tendus, d'une rigueur qui rejoint celle de Valérius de Saedeleer. De Kat, à son tour, passa du clair au sombre, gardant toutefois la spontanéité de sa période la plus fauve. Philibert Cockx (1879-1949), avec une grande générosité de tempérament, traduisit en tons chauds, dans une pâte matériellement savoureuse, ses impressions de plein air; il accusa le caractère de ses modèles paysans. Il fut sans doute, dans l'esprit du régionalisme, le plus « brabançon » de tous. Souvent l'influence d'Auguste Oleffe vint opportunément se combiner avec celle d'Ensor et de Rik Wouters. Le luminisme d'Oleffe servit de point de départ à un Jehan Frison, un A.-F. Mathys, un Rodolphe Strebelle. Ce dernier, aussi bien, obéit à des notions de style qui l'apparentent à une sorte de néoclassicisme « latinisant ». C'est du fauvisme aussi qu'est issu Creten-George, qui, renonçant de bonne heure aux facilités de l'improvisation, au charme superficiel de la tache de couleur, a modelé, avec une énergie tranquille, des figures de fière allure, sensuelles d'intention, mais d'une correction quasi classique. Le virtuose Ramah (Bruxelles, 1887-1947) fit un instant cause commune avec les fauves. Il sacrifia, plus tard, à certaines modes françaises, et s'affirma surtout un dessinateur incisif et pur. Un peu à l'écart du groupe brabançon et en marge de toute chapelle, Louis Thévenet (Bruges, 1874-Hal, 1930), qui avait l'ingénuité d'un peintre populaire, d'un peintre du dimanche », et l'œil le plus juste, se développa dans l'isolement, créant une série d'intérieurs où les moindres choses ont leur éloquence et qui semblent parfois d'un De Braekeleer moins habile, mais non moins ému. PROLONGEMENTS DE L'EXPRESSIONNISME ET DU FAUVISME : TYTGAT, DAEYE, BRUSSELMANS, ETC. — L'expressionnisme ayant, comme nous l'avons vu, défini, formulé son style, celui-ci put être adopté par des artistes venus de tous les points de l'horizon, notamment par certains fauves. Quelle étiquette choisir pour l'œuvre exquise, narquoise, si originale d'Edgard Tytgat (né à Bruxelles en 1879) ? Tytgat ne vient pas de Laethem, mais du côté de chez son camarade Rik Wou- (Bruxelles, Musée Royal d'Art moderne.) « Jeune iille en bleu », de Gustave De Smet. ters. Il débuta comme un imagier d'Epinal et créa une « imagerie de Watermael » dont la grâce égale la savante gaucherie. Exilé en Angleterre durant la guerre de 1914-18, il pratiqua durant cette « période » — aujourd'hui très recherchée par les amateurs et collectionneurs •— un impressionnisme de la qualité ?a plus rare. Il remonta ensuite à certaines sources que n'ont pas ignorées les expressionnistes flamands, et il put emprunter à ces derniers certaines façons de dessiner, de synthétiser les figures. L'art de Tytgat se rattache au passé et surtout à la tradition populaire. Il puise dans l'immense trésor du folklore, de la décoration foraine, du théâtre pour marionnettes. Tytgat demeure cependant un aristocrate de la couleur, de la nuance. Il est un peu, par là, le Max Elskamp de notre peinture, simplet et précieux à la fois, balbutiant avec une distinction inimitable. On l'a traité de « petit maître », ce qui n'est point le déprécier, ce qui sous-entend beaucoup de finesse et quelque rouerie, une certaine communauté de sentiment avec les anciens spécialistes du « genre » et de la peinture de mœurs. Tytgat est un narrateur naïf et malin, qui a le « don d'enfance » et la verve la plus légère, la plus malicieuse, sous les dehors de l'ingénuité. Il est coloriste par-dessus tout, avec une subtilité exceptionnelle, dont il est assez intelligent pour ne faire jamais qu'un usage très légitime. Son respect du sujet qu'il traite, de la composition, de l'harmonie, son ironie grave, son amour dvi concret et du quotidien : autant d'obstacles à la dispersion de l'intérêt et autant de rappels à l'ordre. Si Tytgat est conteur aussi naturellement qu'il est peintre et s'il évite les pièges de la littérature, c'est que sa conception de l'art et le mouvement de son esprit sont analogues à ceux de tous les « primitifs », du maître qui peignit l'Annonciation de Mérode à Henri Rousseau. Par ses accords très doux, toujours un peu en sourdine, l'œuvre d'Hippolyte Daeye (Gand, 1873-Anvers, 1952) s'apparente à celle de Tytgat, dont elle n'a point, par ailleurs, la variété. Comme Amadeo Modigliani, dont il subit assez vivement l'ascendant, Daeye a voué une attention passionnée à la seule figure humaine. Il se regarde, il regarde les siens, les fillettes de son quartier, les nouveaux-nés. Il ne nous propose point des portraits, à proprement parler, mais des sortes de spiritualisations des seuls motifs qui soient à la mesure de son amour et de son rêve. Dans un œil, dans l'ovale d'un visage, dans l'inclinaison d'un cou, il sait mettre l'aveu d'une âme. Son art n'est pas plus monotone que ne le sont les sentiments qui dictent à Hippolyte Daeye ses poèmes de la jeunesse et de l'enfance. L'expressionnisme, ici, se prolonge en un humanisme très spécialement antiacadémique et très profondément senti. C'est du fauvisme brabançon que Jean Brussel-mans (né à Bruxelles en 1884) est venu à une manière d'expressionnisme où sa personnalité a trouvé son plein épanouissement. Par la simplification des plans et l'épaississement, le durcissement des contours, le peintre accuse la puissance des formes. La rudesse de la construction s'accompagne d'une délicatesse de coloris où l'émotion partout se fait jour. La robuste plasticité de Brusselmans s'exprime de la façon la plus adéquate et la plus originale dans des paysages dépouillés « jusqu'à l'os » et dans des natures mortes où chaque objet agit par lui-même avec force. Des tons francs et toute une gamme de gris chantent sur la palette de Brusselmans, qui ne ressemble à aucune autre mais dont les reflets se perçoivent dans les œuvres de plusieurs « jeunes », en réaction contre les jus bruns de Per-meke et les effets stéréotypés de clair-obscur. De Flandre, l'expressionnisme a rayonné sur la Belgique entière. Des Wallons comme le Liégeois Auguste Mambour s'y sont ralliés. Mambour commença par peintre, dans des décors de nature aux larges ondulations, des figures dont les arabesques répondaient aux courbes des fleuves et des collines. Ayant obtenu le Prix de Rome, au lieu de partir pour l'Italie, il se rendit au Congo belge, et c'est là, ou à son retour, qu'il accéda au style le plus large et le plus pur. Aux corps de ses négresses, aux sombres végétations sur lesquelles il sut les « enlever » comme sur le champ décoré d'un bas-relief, il conféra une vigueur souple, élastique, et un saisissant caractère. L'œuvre de Mambour reste la seule œuvre de réelle valeur que la Colonie ait inspirée à un peintre belge. N'oublions pas cependant les harmonieuses stylisations de Pierre de Vau-cleroy, les figures de René Lesuisse, fermement établies dans leur vérité ethnographique, les pages hautes en couleurs d'Allard l'Olivier et les nerveuses sculptures de Dupagne. Mais, comme envoûté par les Noirs et par la forêt tropicale, Mambour, qui craignait de se répéter, chercha le renouvellement de son inspiration du côté du surréalisme. Avec son extraordinaire habileté de dessinateur, il réussit à donner un relief hallucinant à des formes quasi organiques, biologiques, et à des fantômes. Aspirait-il à se mystifier lui-même ? On put le croire. Ayant touché le fond d'une sorte de désespoir, ayant persévéré jusqu'au bout dans la négation, dans le nihilisme, dans la révolte contre l'ordre naturel, il ne restait à Mambour qu'à s'apercevoir qu'il s'était engagé dans une impasse et à faire machine arrière. Ainsi fit-il, peu avant 1940, retrouvant, toujours loin des sentiers battus, les voies d'une peinture plus humaine et créant pour le Lycée de Jeunes filles du Boulevard d'Avroy, à Liège, la plus belle fresque qu'on ait exécutée en Belgique depuis longtemps. GROUPES WALLONS. — QUELQUES ISOLES. — TENDANCES NOUVELLES. — D'autres Liégeois se distinguèrent par des hardiesses moins déconcertantes. Tel fut le cas notamment d'Edgar Scauflaire et de Marcel Caron. Tout ce qu'invente et exprime Scauflaire est naturellement poétique. Les grandes œuvres murales qu'il exécuta en 1939 pour l'Exposition de l'Eau, à Liège, montrèrent excellemment la fraîcheur et la fermeté de son imagination. Marcel Caron, impressionné par Gustave De Smet et Frits Van den Berghe, mais doué d'une sensibilité fine et délicate, abandonna la peinture pour la sculpture et s'occupa de décoration. Il devait, plus tard, surprendre ses camarades et ses cadets par un « réveil » qui nous vaut des toiles tendant à l'abstraction et se justifiant par des qualités picturales à la hauteur de leurs visées spirituelles. I.iège possède en Jacques Ochs le plus populaire des caricaturistes et un peintre qui, après s'être fié et apparenté à Forain, s'est renouvelé en laissant parler librement sa verve et sa vigueur de coloriste. Robert Crommelynck s'est surtout distingué comme évocateur d'une Fagne austère, pleine de grandeur, et d'une Espagne moins brillante, moins extérieurement pittoresque que celle d'Adrien Dupagne. Charles Counhaye, qui enseigna longtemps la peinture murale à l'Ecole supérieure de la Cambre — où il imposa un style vigoureusement expressif et un peu « carré » — fut, lui aussi, envoûté par l'Espagne. Remarquable dessinateur, il distribue magistralement les noirs veloutés et les accents lumineux. Son œuvre est toujours dramatique, toujours sentie. Le groupe « Nervia », fondé en 1928 à La Lou-vière, réunit neuf peintres, tous originaires du Hai-naut. A l'exception de Pierre Paulus (né à Châtelet en 1881) qui, dans une pâte sombre et savoureuse, brosse des vues du Pays Noir où la vérité de l'observation atteint au tragique le plus sobre et le plus direct, les « Nerviens » sont foncièrement des dessinateurs. Louis Buisseret l'est avec élégance et sécheresse dans ses portraits quasi photographiques et ses compositions italianisantes. L'éclectisme d'Anto Carte, qui va de Bruegel à Van de Woestyne, incline vers le symbolisme, soutenu par une imagination un peu littéraire et un métier des plus habiles. Léon Navez, Franz Depooter et Jean Winance s'expriment avec correction, avec loyauté, par la ligne et le modelé suggestifs. Taf Wallet est un virtuose de la nature morte. Deux des artistes les plus importants du groupe sont Rodolphe Stre-belle, déjà cité, et Léon Devos. Ce dernier a mis le meilleur de son talent dans de grands nus d'une animalité un peu provocante, d'un coloris vif et transparent, d'une écriture impeccable et coulante. On aime aussi la légèreté de ses marines, de ses paysages ardennais, et la solidité de ses natures mortes. Si nombreuses que soient de nos jours les « écoles » et les chapelles, il est de vrais indépendants, des inclassables. Nous ne pourrons ici les mentionner tous. Rendons hommage aux allures capricieuses de Léon Spilliaert (Ostende, 1881-Bruxelles, 1946), artiste inégal, dont les réussites ont quelque chose de miraculeux. En quelques traits, quelques tons d'aquarelle ou de gouache, Spilliaert exprime tantôt le poignant mystère, tantôt le côté burlesque d'un objet, d'un paysage, d'une situation. Il a quelque chose d'un visionnaire, mais d'un visionnaire ironique; il ne travaillait bien que d'inspiration, saisissant d'un coup l'esprit d'un motif qui se transfigurait ou se décantait dans sa mémoire. De pareilles transmutations s'opérèrent parfois dans l'œuvre de Georges Latinis, par ailleurs aussi appliquée que celle de Spilliaert est libre. L'abstraction, du moins avant 1940, a peu tenté les peintres (Oand, Musée des Beaux-Arts.) « Femme accoudée »/ de Jean Brusgelmans. (Cliché A.C.L.) belges. Autour de Pierre-Louis Flouquet, animateur de Sept Arts et du Journal des Poètes, se groupèrent toutefois quelques admirateurs ou épigones de Fernand Léger, dont Victor Servranckx (né à Dieghem en 1897). Vers 1920, les compositions de Servranckx sur le thème de la machine et dans l'esprit d'un géo-métrisme rigoureux, issu du cubisme, apparurent comme des manifestations révolutionnaires. Elles n'avaient aussi bien rien d'anarchique. Leur auteur, aujourd'hui que le vent a tourné, fait figure de précurseur, et ses hardiesses peuvent passer pour prophétiques. Le plus intelligent importateur du cubisme en Flandre fut sans conteste René Guiette (né à Anvers en 1893), capable de créer des monstres, cousins de ceux de Picasso, mais surgissant dans une ambiance constituée de toutes pièces par le peintre, au moyen des plus délicats rapports de tons. La présente étude ayant pour objet la période d'« entre deux guerres », nous devons nous interdire de suivre dans leurs développements les plus récents, aussi remarquables qu'imprévus, l'art d'un René Guiette et celui de plusieurs autres parmi nos peintres, tels Paul Delvaux, René Magritte, Louis Van Lint, etc. Dès avant 1940 toutefois, la personnalité de Paul Delvaux s'était affirmée. L'artiste avait produit son univers, à mi-chemin entre le plan concret et celui du songe. Il retrouvait des valeurs humaines et spéculait sur des effets qui n'étaient pas uniquement des effets picturaux ou plastiques, mais bien des relations ou antagonismes entre des êtres, entre des personnages doués de leur existence propre, au-delà du plan esthétique, et placés dans des situations dramatiques aux ressorts étranges, secrets. Une angoisse particulière étreint les acteurs de ces tragédies muettes et nous étreint. Quand le sujet demeure suffisamment indéterminé, quand l'anecdote s'élimine entièrement, quand il n'y a plus devant nous que des mannequins curieusement pourvus d'une âme et d'une vie intérieure, et qui nous semblent impliqués (Anvers, Musée Royal des Beaux-Arts.) R. Strebelle ; portrait de l'artiste. (Cliché A.C.L.) dans une action que la fatalité conduit, nous sommes subjugués, fascinés, par ces étonnantes matérialisations de l'invisible. Le vocabulaire de Delvaux est parfois très proche de celui de René Magritte et des surréalistes orthodoxes; sa poétique est différente et absolument personnelle. Ces dernières années, il a acquis au plus haut point ce par quoi son art s'impose au respect : le sentiment de la grandeur. Magritte, au contraire, s'est plutôt amenuisé, s'est trop répété, et c'est peut-être avant 1940 qu'il a connu ses moments les meilleurs. A la manière de maint écrivain d'avant-garde, Magritte use du coq-à-l'âne et en abuse. Certaines de ses inventions frisent la mauvaise plaisanterie, le mauvais goût, tandis que d'autres sont charmantes. Une fenêtre s'ouvrant sur un intérieur alors qu'on attendait un paysage; un paysage placé sur un chevalet et dont les nuages se répandent dans un intérieur; un bouquet dont les fleurs ont la forme de mains : autant de tours de passe-passe qui n'ont point le don de nous irriter, au contraire ! Jérôme Bosch en a fait d'autres ! Magritte prestidigitateur, jonglant avec les éléments de ses tableaux, qui sont des objets, des choses bien concrètes, des fragments de nature et de nature morte, leur communique une existence sui generis, absolument neuve, et nous oblige à les considérer comme si nous les apercevions pour la première fois. Nous prenons une conscience plus vive de leur forme et de leur essence. Une partie de l'œuvre de Magritte est assurément trop sophistiquée pour que nous y goûtions un plaisir sans mélange; une autre est toute de fraîcheur, de vivacité spirituelle, et nous séduit sans le moins du monde nous indisposer. En 1942, dans un petit livre intitulé Retour à l'humain, M. Paul Haesaerts exposait les intentions d'une dizaine de peintres et sculpteurs qui, d'une façon générale, s'ôpposaient à l'expressionnisme ou s'en détachaient et qu'il croyait pouvoir qualifier d'« animistes ». Il avait bien compris qu'une époque était révolue, dont il avait été l'un des premiers à reconnaître la grandeur; il croyait à un renouveau des valeurs psychologiques dans les arts plastiques, mais sur ce point, il dut bientôt confesser qu'il s'était trompé... Car la plupart des «animistes», peu après 1942, se firent des pionniers d'une peinture plus ou moins « abstraite », et l'on vit un Van Lint, un Gaston Bertrand, un Marc Mendelson, pratiquer un art en qui nous avons mis notre espoir et notre confiance, mais que ce n'est pas ici le lieu de définir. Demeurèrent plus fidèles à r« animisme », ou du moins à un « intimisme » qui répond à leur goût de la demi-teinte et de la mesure, Albert Dasnoy, Albert Van Dyck, War Van Overstrae-ten et Mayou Iserentant. Dasnoy portraitiste d'enfants et de jeunes femmes, semble avoir reçu en partage, en héritage, la réserve, la distinction, le parfait naturel d'Henri Evenepoel; on peut voir en lui l'antithèse des peintres romantiques, Wiertz, Wappers et autres ténors, auxquels il consacra des études critiques qui comptent, elles aussi, parmi ses meilleurs portraits. Albert Van Dyck (Turnhout, 1902-1950), peintre de la Campine et des petits paysans campinois, avait pris en quelque manière, la succession de Jacob Smits; il secouait, d'ailleurs, la tutelle de ce dernier et réussissait à donner à certaines de ses figures, une densité et une profondeur exceptionnelles. War Van Overstrae-ten, au terme d'une évolution qui lui fit épouser successivement les modes du « fauvisme » et de !'« humanisme » français, aboutit à un art de confidence murmurée, de raffinement, d'émotion en sourdine. Dans le gentil bataillon des femmes-peintres, Mayou Iserentant est celle dont la sensibilité nous paraît la plus authentique, l'originalité la plus charmante. Tantôt elle décrit, tantôt elle raconte, et le plus souvent elle invente d'après ses souvenirs (à moins qu'elle n'invente ses souvenirs même). Le récit, d'ailleurs, compte peu, mais l'esprit du récit — ou du paysage, de l'intérieur, de la scène — se traduit en modulations d'une grâce ingénue, mélancolique et tendre. Alice Frey, dans ses « enfantines » et ses printanières fêtes galantes, laisse parler un sentiment qui va s'épuisant, à force de redites. Marie Howet et Suzanne Van Damme sont des techniciennes plus accomplies et, si l'on peut dire, plus « viriles ». La première a deux manières, la manière forte, où elle s'applique à construire, à composer, à pousser l'effort jusqu'à ses limites, et une manière qui nous préférons plus souple et plus libre, où la suggestion est plus efficace, si l'affirmation est moins nette. Dans l'art de Suzanne Van Damme, qui a débuté sous les influences conjuguées de Renoir et d'Ensor, il s'est produit plusieurs ruptures ou cassures : après s'être mise à l'école du grand art italien du Quattrocento et avoir dessiné, avec une rigueur à la Mantegna, des figures d'une incontestable noblesse, elle s'est tournée vers le surréalisme, puis vers l'abstraction, en répudiant, d'ailleurs, leurs formules et en créant ses propres conventions, son propre langage plastique. Embrigadé momentanément dans le groupe « animiste », Henri-Victor Wolvens (né à Bruxelles en 1896) est un tempérament de belle trempe, un instinct, un œil, une main de peintre. Gourmand de pâtes savoureuses, croustillantes, et gourmet de nuances fines, il s'apparente tantôt à l'Ensor de la Dame sombre et du Carnaval sur la plage, tantôt au Van Gogh d'Arles, à l'Utrillo de Montmagny, bref à ce que la peinture post-impressionniste (Anvers, Musée Royal des Beaux-Arts.) « La fenêtre », de Henri Wolvens. a produit de plus vigoureux, de plus mâle, de plus expressif. Il affectionne les sujets ingrats, les plus quotidiens, les plus pauvres; il décèle un certain tragique dans le banal, dans l'ordinaire et le « petit bourgeois ». Il est le chantre inspiré des banlieues, mais aussi de la Mer du Nord. Si l'écorce de sa peinture est rude, rugueuse, la substance en est parfumée, la chair juteuse. Fixé à Bruges, Wolvens a exercé, concurremment avec Permeke, une salutaire influence sur le développement de jeunes artistes flamands comme Luc Peire et Rik Slabbinck, parvenus à maturité après 1940. Mais c'est, à notre avis, du côté de certains transfuges de r« animisme » : Van Lint, Bertrand, Mendelson, Anne Bonnet, Jean Milo, etc., que se précise actuellement non seulement l'espoir, mais le nouvel état de la peinture belge. Et peut-être que, plus les apparences se modifient, plus les qualités essentielles attestent leur présence, leur permanence. LA SCULPTURE. — D'une part, l'impressionnisme de Rik Wouters; d'autre part, le symbolisme de Minne : tels sont les deux pôles de la sculpture belge au vingtième siècle. A Rik Wouters se rattachent, par leurs débuts, un Ernest Wynants et un Oscar Jespers, mais ils s'en éloignent à grands pas. Wynants s'applique à l'étude des Egyptiens, des Assyriens et des Grecs. Son art y perd la délicieuse spontanéité qui faisait son charme; il devient plus monumental mais aussi plus décoratif, moins près du style que de la stylisation. Jespers, lui, traduit en sculpture les expériences de l'expressionnisme pictural. Il prend de plus en plus de libertés avec le modèle et traite la figure dans un esprit apparenté à celui de Gustave De Smet. Il confère à ses torses et à ses têtes une densité, une pesanteur et une sorte d'hébétude sacrée qui contribuent à les situer, loin des contingences, dans le plan de leur existence fatale et en quelque façon surhumaine. Durant une grande partie de sa carrière, Oscar Jespers a témoigné d'un dynamisme tout intérieur : il hésitait, semblait-il, à déranger le sommeil de la matière, ses figures rêvaient de gestes qu'elles ne devaient jamais accomplir et, devant certaines d'entre elles, on éprouvait le même sentiment que devant les fétiches du Congo belge. Les vrais ancêtres du Jespers expressionniste sont à chercher dans les musées ethnographiques et non dans les salles de moulages des Académies. Jespers a le sens de la grande plastique : on le vit notamment à l'Exposition de Paris 1937, où l'immense dinanderie qui ornait le salon d'honneur du Pavillion belge nous apparut le chef-d'œuvre de cette technique et l'une des prouesses de son auteur. (Anvers, Musée Royal des Beaux-Arts.) (Cliché A.C.L.) « Ma maison/ le Doyenné », de Mayou Iserentant. « La Flamande ». de Charles Leplae. Terre-cuite dont il existe plusieurs exemplaires, notamment au Musée Royal des Beaux-Arts d'Anvers et dans la collection E. van Zuylen à Liège. Mais l'évolution ultérieure du sculpteur devait l'orienter vers une conception plus humaine — pour ne pas dire plus « classique » — de la statuaire et spécialement du nu. Il se peut que l'exemple de maîtres italiens comme Martini et Marini ait été pour quelque chose dans le retour du Flamand à la ligne souple, au volume plein, moins géométrisé, et à l'expression de la grâce féminine. Il faut ajouter que Jespers — et surtout ce Jespers définitivement épanoui, apaisé — a formé, à l'Ecole de la Cambre, plus d'un sculpteur qui fait grand honneur à son enseignement. A l'expressionnisme flamand se rattachent également Joseph Cantré — qui est l'un de nos plus remarquables graveurs sur bois — Oscar De Clercq, féru de géométrie, de larges arabesques, et, dans une certaine mesure Henri Puvrez. Celui-ci, par son style lié, continu, unit l'élégance à la force. On lui doit une belle série de bustes d'artistes : Permeke, Tytgat, etc. Les derniers ouvrages de Dolf Ledel sont faits de contours harmonieux et de masses bien réparties. Un isolé, d'une sensibilité frémissante, Gustave Fontaine, a modelé des portraits, des têtes idéales et quelques nus féminins où se combinent les ressources de l'impressionnisme et les inspirations d'un « humanisme » franchement latin. De particulières qualités d'intelligence marquent les figures de Jules Berchmans, de Robert Massart, de Vriens, de Kreitz. Adolphe Wansart est un portraitiste qui sait comme personne résumer une physionomie, lui donner son vrai caractère. Parmi les plus jeunes, il convient de citer Charles Leplae, Fernand Debonnaires, Aebly et Georges Grard. Ce dernier, à égale distance de l'académisme et du modernisme, était en train, vers 1940, de trouver le terrain sur lequel il allait édifier une œuvre saine et robuste, sans vaine gesticulation, sans maniérisme, — une œuvre qu'eût aimée Maillol. Quant à Charles Leplae, il avait déjà, vers la même époque, reçu les encouragements de Charles Despiau. Il s'appliquait non point à imiter, mais à suivre respectueusement et librement le grand « bustier » qu'il avouait pour son initiateur et pour son maître. Tout ce que Leplae a produit depuis porte la marque d'une indiscutable authenticité plastique et d'une pureté qui n'a rien d'inhumain. Répudiant la froideur de la forme géométrique, le scuplteur restitue à la vie — esprit et chair — ce qui lui est dû par l'art et par le métier. Dans une observation pénétrante, comme affectueuse, il trouve le principe d'une renaissance où se rétablit la hiérarchie des éléments matériels et spirituels dont l'harmonie a la belle forme pour signe. Certains des portraits de Charles Leplae, surtout de ses portraits de femmes, sont des chefs-d'œuvre dont la « ressemblance » est principalement morale, et où l'on voit, des profondeurs de l'être, jaillir une lumière comme intemporelle, perçue avec les yeux de l'âme, recueillie dans le sanctuaire du cœur. LES ARTS DECORATIFS. — On sait quel rôle important la Belgique, dans les toutes dernières années du dix-neuvième siècle, a joué dans la création du modem style et dans la rénovation des arts appliqués. Les expositions de Turin (1902) et de Milan (1906) consacrèrent les talents de nos décorateurs, tenus alors pour les novateurs les plus avancés. Mais longtemps les pouvoirs publics se désintéressèrent d'une question qui se pouvait difficilement résoudre sans leur concours, et le pays se laissa distancer par ses voisins, surtout par ses voisins de l'Est et du Nord. Après la guerre de 1914-18, le retour d'Henry van de Velde en Belgique, la création de l'Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, dont le grand pionnier fut nommé directeur, et l'Exposition internationale des Arts décoratifs de Paris 1925 suscitèrent une émulation nouvelle, cette fois approuvée et encouragée en haut lieu. Le succès mérité que la Belgique a remporté en 1937, à l'Exposition de Paris, a permis de faire le point et d'affirmer que notre pays se plaçait à nouveau à un rang des plus honorables, presque à l'avant-garde, sur le terrain des « Arts et Techniques », des industries d'art. Le pavillon édifié au bord de la Seine par les architectes Henry van de Velde, Eggerickx et Verwilghen, avec la collaboration de Marcel Schmitz (art religieux et tourisme), Moulaert (décoration générale) et René Pechère (jardins), reste présent à l'esprit de chacun. Que de progrès depuis les expositions belges de 1930 (Anvers et Liège) et de 1935 (Bruxelles) ! Artistes et industriels ont enfin compris, semble-t-il, la nécessité de leur union, de leur collaboration confiante. Dans le hall d'honneur du Pavillon belge, à Paris, on voyait se développer un espalier, sur fond de marbre noir, l'œuvre étonnante d'Oscar Jespers, un moderne arbre de Jessé symbolisant La Belgique au travail. Les gestes du semeur, du faucheur, du laboureur, etc., atteignaient à un style elliptique, expressif et pour tout dire « expressionniste » qui ne scandalisa personne. La vieille technique de la dinanderie, du cuivre battu, retrouvait une singulière éloquence du seul fait qu'un authentique inventeur de formes en utilisait les ressources. Et le même miracle, au même endroit, se produisait pour la tapisserie, grâce à Floris Jespers, Sander Wynants et Rodolphe Strebelle, qui avaient fourni les cartons des grandes tentures folkloriques. Les décors muraux de Julien Van Vlasselaer, les vitraux de Servaes, les meubles de Marcel Baugniet, la cheminée en carreaux de terre cuite de Charles Leplae, les céramiques de Pierre Caille (« découvert » par Henry van de Velde et lancé dans une carrière où il allait, après 1940, faire merveille), certaines verreries du Val-Saint-Lambert, certaines poteries de Saint-Ghislain : autant de réussites exemplaires. Cette victoire — que la Belgique a remportée d'abord sur elle-même — n'a pas été sans lendemain. En 1939, on refit à New York un effort semblable. Depuis, nous avons eu l'œuvre de Pierre Caille, les expériences céramiques de la Maîtrise de Nimy, la rénovation de la tapisserie de Tournai par le trio Du-brunfaut-Deltour-Somville. Et de l'Ecole de la Cambre sortent chaque année des décorateurs capables de rajeunir, de réformer un goût public, — dont il faut malheureusement constater qu'il demeure paralysé par la routine et prisonnier des pires préjugés. a La Belgique au travail», d'Oscar Jespers (détail). Œuvre exposée dans le hall d'honneur du pavillon belge à l'exposition de Paris (1937). LE MOUVEMENT SCIENTIFIQUE par Jokn BARTIER Chargé de Cours à l'Université Litre de Bruxelles ANS le domaine de la recherche scientifique, comme dans tant d'autres, le monde contemporain s'est montré moins propice à l'action isolée, à l'individualisme, que le dix-neuvième siècle. Le prodigieux développement des sciences et des techniques a rendu l'équipement des laboratoires si coûteux qu'il ne peut plus être assuré par la fortune privée. Au surplus, en Europe occidentale les bouleversements monétaires et les lois fiscales ont détruit, après 1914, la classe des rentiers. Or, l'importance du mécénat était jadis en Belgique capitale : n'assurait-il pas la vie de deux des quatre universités ? Au lendemain de la guerre, elles allaient toutes deux connaître des jours pénibles. L'université catholique avait été la victime de l'incendie de Louvain, celle de Bruxelles avait également besoin de nouveaux bâtiments. Bien que la situation de Gand et de Liège fût moins malheureuse, leur équipement méritait assurément d'être amélioré. Les pouvoirs publics ne se désintéressèrent pas de l'enseignement supérieur. A partir de 1919, l'Etat accorda même des subventions annuelles aux universités libres. En outre, les quatre universités se partagèrent, avec l'Ecole des Mines de Mons et l'Université coloniale d'Anvers, 95 millions de francs provenant du Comité National de Secours et d'Alimentation et de la Commission for Relief in Belgium. Le surplus du reliquat laissé par ces institutions, soit 55 millions de francs, servit de fonds de premier établissement à la Fondation Universitaire. Cet organisme, grand dispensateur de prêts d'études et de bourses de voyages, devint vite un des rouages essentiels du haut enseignement belge. Mais il restait beaucoup à faire. Ce sera le mérite inmpérissable du roi Albert de l'avoir compris. Ce liseur infatigable avait toujours manifesté un goût très vif pour les sciences. Par ses lectures, par des contacts personnels, il savait les périls qui menaçaient la recherche scientifique en Belgique. Il intervint publiquement en 1927, peut-être sous l'influence d'une étude que Robert-J. Lemoine avait consacrée à La Détresse de l'enseignement supérieur. Le l" octobre, à Seraing où il assistait aux fêtes du cent dixième anniversaire des Etablissements Cockerill, le Roi prononça un discours, où, après avoir rappelé que l'industrie était tributaire de la science, il déclarait : «... on ne peut se défendre de quelque inquiétude lorsque l'on constate la pénurie des moyens matériels dont les hommes de science disposent aujourd'hui chez nous, pour poursuivre leurs études et leurs travaux. Il y a en Belgique une véritable crise des institutions scientifiques et des la- (Cliché A.C.L.) La nouvelle bihliothèquo de l'Université de Louvcdn. boratoires, et les difficultés économiques issues de la guerre et de l'après-guerre, ont mis les pouvoirs publics hors d'état de prendre par leurs seuls efforts les mesures décisives et radicales. » Et il ajoutait: «Je suis persuadé que l'élite industrielle qui m'écoute le comprend parfaitement; je demande à tous ceux qui forment cette élite de penser souvent à nos universités, à nos écoles spéciales, à nos laboratoires. Le champ est largement ouvert dans ce domaine à l'initiative privée. » Le discours royal eut un profond retentissement et marqua le début d'une campagne de propagande qui allait très vite porter fruit. Le 26 novembre, les Universités de Louvain et de Bruxelles s'associaient pour organiser, au Palais des Académies, une séance solennelle où, en présence du Roi, Henri Pirenne; Albert Brachet et M. van Zeeland plaidèrent à nouveau la cause de la science. Le 30, Emile Francqui créait un comité qui recueillit, en trois mois, plus de 100 millions de francs. Une commission, qui groupait les principaux souscripteurs et des représentants des universités, des institutions scientifiques, etc., consacra le produit de la souscription à la création d'un « Fonds National de la Recherche Scientifique » et en rédigea le règlement organique. Le 2 juin 1928, un arrêté-loi reconnaissait la nouvelle institution. Sous la présidence d'Emile Francqui et sous la direction de M. J. Willems, le Fonds National encouragea, par ses subsides, la publication de travaux et la recherche expérimentale. Il subventionna, pour ne citer que deux cas particulièrement célèbres, les fouilles entreprises à Apamée par M. Mayence et l'ascension dans la stratosphère du professeur Piccard. Mais en même temps, le Fonds National favorisa des expériences dont l'industrie et l'agriculture purent utiliser immédiatement les résultats. Enfin, la Fondation Universitaire et le Fonds National ont encore fait œuvre utile en multipliant les rapprochements et les contacts entre les diverses institutions scientifiques du royaume. Etablissant le bilan de cinquante ans d'indépendance, Henri Pirenne signalait le rôle joué au dix-neuvième siècle par l'Académie Royale de Belgique et la Commission Royale d'Histoire. Ces deux compagnies savantes ont continué à tenir une place importante dans notre vie intellectuelle en publiant des documents inédits et des mémoires d'érudition ou de science. On notera également la belle tenue des collections de travaux universitaires. Pour ne citer qu'un cas, la « Bibliothèque de la Faculté de Philosophie et Lettres » de Liège s'est enrichie de 1920 à 1940 de plus de soixante titres ! Au surplus, si dès la fin du dix-neuvième siècle, sous l'influence d'hommes comme Henri Pirenne ou Godefroid Kurth, les universités belges avaient amélioré leurs méthodes et s'étaient élevées au niveau des grandes écoles étrangères, leur organisation s'est encore perfectionnée après la Grande Guerre. La loi de 1929, créant de nouveaux diplômes et réformant le programme des études a eu incontestablement d'excellents résultats. On signalera également que si dans le domaine de la philologie et de l'histoire de l'Antiquité, l'école belge s'est particulièrement distinguée, elle ne le doit pas seulement à des savants tels que les Emile Boisacq, les Franz Cumont, les Joseph Bidez et les Henri Grégoire, mais aussi au rayonnement exercé par r« Institut Historique Belge de Rome » et la « Fondation Egyptologique Reine Elisabeth ». On notera aussi que les travaux des Bollan-distes continuent à faire autorité en matière d'hagiographie. Enfin, il serait injuste d'oublier que c'est au lendemain de la Grande Guerre qu'apparut la Revue belge de Philologie et d'Histoire, périodique dont la réputation dépasse largement nos frontières. On ne peut songer à dresser ici la liste des savants qui illustrèrent la Belgique pendant l'entre-deux-guerres. On se bornera à énumérer quelques noms particulièrement représentatifs. Jules Bordet et Corneille Heymans valurent à notre pays deux Prix Nobel de médecine. Les travaux qu'ils consacrèrent (Bruxelles, propriété comte J. Pirenne.) (Cliché Jacobs.) Henri Pirenne (Venriers, 1862-Uccle, 1935). Moulage du buste de la statue inaugurée en 1938 à Bruxelles, avenue des Nations (avenue F. Roosevelt). C'est en 1938 également que fut publié le livre commémoratif Henri Pirenne - Hommages et souvenirs (Bruxelles, 2 vol. in-8»). respectivement à la physiologie et à l'embryologie expérimentale valurent à Léon Frédéricq et à A. Brachet une juste réputation. Le chirurgien Antoine Depage, l'hygiéniste Malvoz et le docteur Pierre Nolf honorèrent également nos facultés de médecine. On retiendra les noms des mathématiciens Théophile De Donder, Charles de La Vallée Poussin et du chanoine Lemaître, ainsi que celui du chimiste Fr. Swarts. Dans le domaine des sciences naturelles, on citera le botaniste Jean Massart et le zoologiste Auguste Lameere. On mentionnera parmi les économistes Ernest Mahaim et Maurice Anciaux et, parmi les juristes, Henri De Page. On relèvera également la part prise par la Belgique à la renaissance du Thomisme grâce au cardinal Mercier et à l'historien de la philosophie, Maurice de Wulf. On nous pardonnera de nous arrêter un peu plus longtemps sur l'œuvre d'Henri Pirenne. Si son Histoire de Belgique renouvela toutes les conceptions qu'on se faisait du passé de notre pays, son apport à la science ne se borna pourtant pas là. Trois des théories qu'il défendit n'ont cessé depuis qu'il les formula, de retenir l'attention des historiens, sinon leur assentiment : l'hypothèse selon laquelle la disparition de la civilisation antique ne serait pas l'effet de la conquête germanique, mais celle des invasions musulmanes; ses vues sur l'origine des villes et, enfin, son schéma de l'évolution sociale du capitalisme. Plus de quinze ans se sont écoulés depuis la mort d'Henri Pirenne, mais son œuvre n'a rien perdu de son influence et c'est dans le cadre qu'il avait tracé que s'effectuent les nouvelles recherches. Est-il plus belle réussite pour un érudit ? (1) (Rome, Valle Giulia.) L'.,■■■ nVf.•>•••■■• ■ ' vi. t msmm^im^s^^mm'MmmMmMmmmmi •:••>.r:/./.Sv.'?•.•r,».:-../V.vt-var-f .'J 'V- f,''><■"■'■.',■'■■■•'. . ■:.:, '